• A. — Le capitalisme prémonopoliste

    Chapitre 15 — Le revenu national

    15.1. Le produit social total et le revenu national.

    Toute la masse des biens matériels produits dans la société dans une période déterminée, par exemple en l’espace d’un an, forme le produit social total (ou produit global). Une partie de ce produit, équivalente à la valeur du capital constant consommé, sert dans le processus de reproduction à compenser les moyens de production dépensés. Le coton transformé à la fabrique est compensé par des lots de coton provenant de la récolte de l’année en cours. À la place du combustible brûlé sont livrées de nouvelles quantités de charbon et de pétrole. Les machines mises hors d’usage sont remplacées par d’autres. La partie restante du produit social total constitue la valeur nouvelle créée par la classe ouvrière dans le cours de la production.

    La partie du produit social total dans laquelle se trouve incarnée la valeur nouvellement créée, est le revenu national. Le revenu national dans la société capitaliste est équivalent par conséquent à la valeur du produit social total moins la valeur des moyens de production dépensés dans l’année, ou, en d’autres termes, il est égal à la somme du capital variable et de la plus-value. Sous sa forme matérielle, le revenu national est constitué par toute la masse des objets de consommation personnelle et par la partie des moyens de production qui sert à l’élargissement de la production. Ainsi, le revenu national se présente comme la somme de la valeur nouvellement créée en l’espace d’un an ; comme la masse des biens matériels de toute sorte, la partie du produit social total dans laquelle est incarnée la valeur nouvellement créée.

    Si, par exemple, dans un pays, il a été produit au cours d’un an pour 90 milliards de dollars ou de marks de marchandises, dont 60 milliards servent à compenser les moyens de production dépensés au cours de l’année, le revenu national créé en l’espace d’un an équivaudra à 30 milliards. Il existe en régime capitaliste une masse de petits producteurs, paysans et artisans, dont le travail crée également une partie déterminée du produit social total. Le revenu national du pays comprend donc aussi la valeur nouvellement créée durant la période donnée par les paysans et les artisans.

    Le produit social total et, par suite, le revenu national, sont créés par les travailleurs occupés dans les branches de la production matérielle. Ce sont toutes les branches dans lesquelles sont produits les biens matériels : industrie, agriculture, construction, transports, etc. Dans les branches non productives, qui comprennent l’appareil d’État, le crédit, le commerce (à l’exception des opérations qui prolongent le processus de production dans la sphère de la circulation), les services médicaux, les spectacles, etc., il n’est pas créé de revenu national.

    Dans les pays capitalistes, une partie très importante de la population apte au travail, non seulement ne crée pas de produit social et de revenu national, mais ne participe à aucun travail socialement utile. Ce sont avant tout les classes exploiteuses et leur cortège de parasites, le gigantesque appareil bureaucratique et policier, militariste, etc., qui assure la garde du système de l’esclavage salarié capitaliste. Une grande partie de la force de travail est dépensée sans aucune utilité pour la société. Ainsi, des dépenses improductives énormes sont liées à la concurrence, à une spéculation effrénée, à une publicité démesurément gonflée.

    L’anarchie de la production capitaliste, les crises économiques dévastatrices, le sous-emploi important de l’appareil de production réduisent considérablement l’utilisation de la main-d’œuvre. Des masses énormes de travailleurs, en régime capitaliste, n’ont pas la possibilité de travailler. Dans les pays bourgeois, le nombre de chômeurs totaux inscrits dans les villes, dans la période de 1930 à 1938, n’a jamais été inférieur à 14 millions. Au fur et à mesure que le capitalisme se développe, l’appareil d’État s’hypertrophie, le nombre de personnes au service de la bourgeoisie augmente, la part de la population occupée dans la sphère de la production matérielle diminue, et l’on voit augmenter considérablement la proportion des gens qui sont occupés dans la sphère de la circulation. L’armée des chômeurs grandit, la surpopulation agraire s’accentue. Tout cela a pour effet de limiter à l’extrême l’accroissement du produit social total et du revenu national dans la société bourgeoise.

    Aux États-Unis, les branches de la production matérielle occupaient en 1910 43,9 % du total de la population apte au travail ; en 1930, 35,5 % ; en 1950, environ 34 %.

    Aux États-Unis, le rythme d’accroissement annuel du revenu national, durant les trente dernières années du siècle dernier, était en moyenne de 4,7 % ; dans la période comprise entre 1900 et 1919, de 2,8 % ; de 1920 à 1938, de 1 %, et dans les années qui suivirent la deuxième guerre mondiale (de 1945 à 1954), de 0,7 %.

    15.2. La répartition du revenu national.

    À chaque mode de production correspondent des formes de répartition historiquement définies. La répartition du revenu national en régime capitaliste est déterminée par le fait que la propriété des moyens de production est concentrée entre les mains des capitalistes et des propriétaires fonciers qui exploitent le prolétariat et la paysannerie. Dès lors, la répartition du revenu national s’opère non pas dans l’intérêt des travailleurs, mais dans celui des classes exploiteuses.

    En régime capitaliste, le revenu national créé par le travail des ouvriers va d’abord aux capitalistes exploitants (y compris les entrepreneurs capitalistes dans l’agriculture). Les capitalistes industriels, en réalisant les marchandises produites, perçoivent toute la somme de leur valeur, y compris la somme du capital variable et de la plus-value. Le capital variable se transforme en salaire, que les capitalistes industriels paient aux ouvriers occupés dans la production. La plus-value reste aux mains des capitalistes industriels ; c’est elle qui est la source des revenus de tous les groupes des classes exploiteuses. Une partie de la plus-value se transforme en profit des capitalistes industriels. Ils cèdent une partie de la plus-value aux capitalistes commerçants sous la forme du profit commercial et aux banquiers sous la forme de l’intérêt. Ils remettent une partie de la plus-value aux propriétaires terriens, sous la forme de la rente foncière. Cette répartition du revenu national, entre les diverses classes de la société capitaliste, peut être représentée schématiquement de la façon suivante (en milliards de dollars ou de francs) :

     

      Produit social total 90 Revenu national 30 Compensation du capital constant consommé 60 Capital variable 10 Plus-value 20 Salaire des ouviers dans la production 10 Profit des capitalistes industriels 10 Profit commercial 3 Intérêts 2 Rente 5

    La répartition comprend également la part du revenu national, qui a été créée dans la période considérée par le travail des paysans et des artisans : une partie reste aux paysans et aux artisans ; une autre va aux capitalistes (paysans riches, revendeurs, marchands, banquiers, etc.) ; la troisième, aux propriétaires terriens.

    Les revenus des travailleurs reposent sur leur travail personnel et représentent les revenus du travail. La source des revenus des classes exploiteuses est le travail des ouvriers, et aussi des paysans et des artisans. Les revenus des capitalistes et des propriétaires fonciers reposent sur l’exploitation du travail d’autrui et constituent des revenus parasites.

    Dans le cours de la répartition ultérieure du revenu national, les revenus parasites des classes exploiteuses augmentent. Une partie des revenus de la population — en premier lieu des classes laborieuses — est redistribuée par l’intermédiaire du budget d’État et utilisée dans l’intérêt des classes exploiteuses. Ainsi, une part des revenus des ouvriers et des paysans, qui sous forme d’impôts entre dans le budget d’État, se transforme ensuite en revenus additionnels des capitalistes et en revenu des fonctionnaires. Les charges fiscales, imposées par les classes exploiteuses aux travailleurs, augmentent rapidement.

    En Angleterre, à la fin du 19e siècle, les impôts représentaient de 6 à 7 % du revenu national ; en 1913, 11 % ; en 1924, 23 % ; en 1950,38 % ; en France, à la fin du 19e siècle, 10 % ; en 1913, 13 % ; en 1924, 21 % ; en 1950, 29 % du revenu national.

    De plus, une part du revenu national est transmise, par voie de paiement de ce qu’on appelle les services, dans les branches non productives (par exemple, pour les services médicaux, les spectacles, les établissements d’entretien domestique, etc.) Comme on l’a déjà indiqué, il n’est pas créé de produit social dans ces branches, et, par suite, pas de revenu national ; mais les capitalistes, en exploitant les ouvriers salariés occupés dans ces secteurs, reçoivent une partie du revenu national créé dans les branches de la production matérielle. Avec ce revenu, les capitalistes, propriétaires d’entreprises des branches non productives, paient les salaires des travailleurs salariés, couvrent les dépenses matérielles (locaux, outillage, chauffage, etc.) et obtiennent un profit.

    Ainsi, la rémunération des services doit compenser les frais de ces entreprises et assurer le taux moyen du profit, sinon les capitalistes cesseraient de placer leurs capitaux dans ces branches. Dans leur course au profit élevé, les capitalistes s’efforcent de faire monter le prix des services, ce qui aboutit à la baisse du salaire réel des ouvriers et des revenus réels des paysans.

    La redistribution du revenu national par l’intermédiaire du budget et par les prix élevés des services a pour effet d’aggraver la paupérisation des travailleurs.

    À l’issue de la répartition du revenu national, ce dernier se décompose en deux parties : 1o le revenu des classes exploiteuses et 2o le revenu des travailleurs occupés tant dans les branches de la production matérielle que dans les branches non productives.

    La part des ouvriers et des autres travailleurs de la ville et des campagnes, qui n’exploitent pas le travail d’autrui, dans le revenu national était égale aux États-Unis (en 1923) à 54 %, et la part des capitalistes, à 46 % ; en Angleterre (en 1924) la part des travailleurs était de 45 % ; celle des capitalistes, de 55 % ; en Allemagne (en 1929) la part des travailleurs était de 55 %, la part des capitalistes, de 45 %. À l’heure actuelle, dans les pays capitalistes, les travailleurs, qui forment les 9/10 de la population, reçoivent sensiblement moins de la moitié du revenu national ; tandis que les classes exploiteuses en reçoivent sensiblement plus.

    La part des classes travailleuses dans le revenu national décroît sans cesse ; celle des classes exploiteuses augmente. Aux États-Unis, par exemple, la part des travailleurs dans le revenu national était en 1870, de 58 % ; en 1890, de 56 % ; en 1923, de 54 % ; en 1951, à peu près de 40 %.

    Le revenu national est utilisé en définitive à la consommation et à l’accumulation. L’utilisation du revenu national dans les pays bourgeois est déterminée par le caractère de classe du capitalisme et reflète le parasitisme sans cesse accentué des classes exploiteuses.

    La part du revenu national destinée à la consommation personnelle des travailleurs, qui sont la principale force productive de la société, est si faible qu’elle n’assure en règle générale même pas le minimum vital. Une masse énorme d’ouvriers et de paysans travailleurs est obligée de se priver personnellement et de priver leurs familles du strict nécessaire, de s’entasser dans des masures, de priver leurs enfants d’instruction.

    Une partie très importante du revenu national est destinée à la consommation parasite des capitalistes et des propriétaires terriens. Ils dépensent des sommes colossales pour l’achat d’objets de luxe et pour l’entretien d’une nombreuse domesticité.

    En régime capitaliste, la part du revenu national destinée à élargir la production est très faible par rapport aux possibilités et aux besoins de la société. Ainsi, aux États-Unis, la part du revenu national destinée à l’accumulation, était entre 1919 et 1928, d’environ 10 % ; pour la période comprise entre 1929 et 1938, l’accumulation n’a été en moyenne que de 2 % du revenu national des États-Unis, et dans les années de crise le capital fixe était entamé.

    Le volume relativement faible de l’accumulation en régime capitaliste est déterminé par le fait qu’une partie considérable du revenu national va à la consommation parasite des capitalistes, à des dépenses improductives. Ainsi les frais de circulation atteignent des dimensions considérables : entretien de l’appareil commercial et de l’appareil de crédit, stockage des marchandises excédentaires, frais de publicité, de spéculation boursière, etc. Aux États-Unis, dans l’entre-deux-guerres, les frais de circulation proprement dits absorbaient de 17 à 19 % du revenu national. Une part toujours croissante du revenu national en régime capitaliste va aux dépenses militaires, à la course aux armements, à l’entretien de l’appareil d’État.

    À la surface des phénomènes de la société capitaliste les revenus et leurs sources se présentent sous une forme défigurée, fétichiste. On a l’impression que le capital engendre par lui-même le profit ; la terre — la rente, et que les ouvriers ne créent qu’une valeur égale à leur salaire.

    Ces représentations fétichistes sont à la base des théories bourgeoises du revenu national. À l’aide des théories de ce genre, les économistes bourgeois cherchent à embrouiller la question du revenu national au profit de la bourgeoisie. Ils s’efforcent de prouver qu’à l’égal des ouvriers et des paysans, le revenu national est créé par les capitalistes et les propriétaires terriens, ainsi que par les fonctionnaires, les policiers, les spéculateurs en bourse, le clergé, etc.

    Ensuite, les économistes bourgeois présentent sous un faux jour la répartition du revenu national. Ils minimisent la part du revenu perçu par les capitalistes et les propriétaires terriens. Ainsi, par exemple, les revenus des classes exploiteuses sont déterminés sur la base des renseignements très inférieurs à la réalité que fournissent les contribuables eux-mêmes ; on ne tient pas compte des appointements énormes que beaucoup de capitalistes touchent comme dirigeants de sociétés par actions: on ne tient pas compte des revenus de la bourgeoisie rurale, etc. En même temps, les revenus des travailleurs sont gonflés de façon artificielle en rangeant parmi eux les hauts fonctionnaires, les directeurs d’entreprises, de banques, de maisons commerciales, etc., grassement payés.

    Enfin, les économistes bourgeois dénaturent la répartition réelle du revenu national, en ne tenant pas un compte à part des dépenses de consommation des classes exploiteuses, des frais proprement dits de circulation, en minimisant la part des dépenses militaires, en camouflant de mille manières le gaspillage improductif d’une énorme partie du revenu national.

    15.3. Le budget de l’État.

    L’État bourgeois est l’organe des classes exploiteuses qui a pour but de maintenir en sujétion la majorité exploitée de la société et de sauvegarder les intérêts de la minorité exploiteuse dans l’ensemble de la politique intérieure et extérieure.

    Pour accomplir sa mission, l’État bourgeois dispose de tout un appareil : armée, police, organismes punitifs et judiciaires, service de renseignements, différents organes d’administration et d’action idéologique sur les masses. Cet appareil est entretenu aux frais du budget de l’État. Les impôts et les emprunts sont la source qui alimente le budget de l’État.

    Le budget de l’État est un instrument de redistribution d’une partie du revenu national dans l’intérêt des classes exploiteuses. Il est établi sous la forme d’un devis annuel des recettes et des dépenses de l’État. Marx écrivait que le budget de l’État capitaliste « n’était pas autre chose qu’un budget de classe, qu’un budget pour la bourgeoisie ». (K. Marx, « Livres, shillings, pence, ou un budget de classe et à qui il profite », dans K. Marx et F. Engels, Œuvres, t. 9, p. 146 (éd. russe).)

    Les dépenses de l’État capitaliste pour la plus grande part sont improductives. Une part importante des ressources du budget de l’État en régime capitaliste va à la préparation et à la conduite des guerres. Il faut également y rattacher les dépenses nécessitées par les recherches scientifiques dans le domaine de la production et du perfectionnement des nouveaux engins de destruction massive des êtres humains, les dépenses pour les activités de sabotage à l’étranger.

    Une autre part importante des dépenses de l’État capitaliste va à l’entretien de l’appareil d’oppression des travailleurs.

    Le militarisme moderne est le résultat du capitalisme. En tant que force armée utilisée par les États capitalistes dans les conflits extérieurs […] et en tant que moyen employé par les classes dominantes pour réprimer toute espèce de mouvement prolétarien, qu’il soit politique ou économique […], le militarisme constitue, sous ces deux formes, une « manifestation vitale » du capitalisme.

    V. Lénine, « Le militarisme militant et la tactique antimilitariste de la social-démocratie », Œuvres, t. 15, p. 205.

    L’État dépense des sommes fort importantes, notamment pendant les crises et les guerres, pour soutenir directement les entreprises capitalistes et leur assurer des profits élevés. Souvent les subventions accordées aux banques et aux industriels ont pour but de les sauver de la faillite pendant les crises. Au moyen de commandes d’État, réalisées aux dépens du budget, des milliards de profits supplémentaires vont dans les poches des gros capitalistes.

    Les dépenses consacrées à la culture et à la science, à l’instruction et à la santé publiques représentent une part infime des budgets d’État des pays capitalistes. Aux États-Unis, par exemple, dans les budgets fédéraux de ces dernières années, plus des deux tiers de la somme totale des ressources ont été utilisés à des fins militaires ; moins de 4 % à la santé, à l’instruction publique et à la construction de logements, la part de l’instruction publique étant inférieure à 1 %.

    La masse essentielle des revenus de l’État capitaliste est constituée par les impôts. En Angleterre, par exemple, les impôts constituaient, en 1938, 89 % de la somme totale des revenus du budget de l’État.

    Les impôts, en régime capitaliste, sont une forme d’exploitation supplémentaire des travailleurs par la redistribution budgétaire d’une partie de leurs revenus au profit de la bourgeoisie. Les impôts sont appelés directs s’ils grèvent les revenus des particuliers, et indirects s’ils grèvent les marchandises mises en vente (principalement les objets de consommation courante) ou bien les services (par exemple, les billets de cinéma et de théâtre, les tickets distribués aux usagers des transports urbains, etc.) Les impôts indirects élèvent le prix des marchandises et des services. En fait, les impôts indirects sont payés par les acheteurs. Les capitalistes font retomber aussi sur les acheteurs une partie de leurs contributions directes, s’ils parviennent à faire monter le prix des marchandises ou des services.

    La politique de l’État bourgeois tend à réduire par tous les moyens les charges fiscales qui pèsent sur les classes exploiteuses. Les capitalistes se dérobent au paiement des impôts, en dissimulant l’ampleur réelle de leurs revenus. La politique des impôts indirects est particulièrement profitable aux classes possédantes.

    […] les contributions indirectes, qui portent sur les objets de première nécessité, sont très injustes. Elles pèsent de tout leur poids sur les pauvres, créant un privilège pour les riches. Plus un homme est pauvre, plus est grande la part de son revenu qu’il abandonne à l’État au titre des contributions indirectes. La masse des gens pauvres et de médiocre aisance forme les 9/10 de toute la population, consomme les 9/10 de tous les produits imposés et paie les 9/10 de tous les impôts indirects, tandis que de tout le revenu national elle ne reçoit que 2 ou 3/10.

    V. Lénine, « À propos du budget », Œuvres, t. 5, p. 342.

    Par conséquent, le poids principal des impôts pèse sur les masses laborieuses : ouvriers, paysans, employés. Comme nous l’avons déjà indiqué, à l’heure actuelle, dans les pays bourgeois, près d’un tiers des salaires des ouvriers et des employés est transféré sous forme d’impôts au budget de l’État. De lourds impôts pèsent sur les paysans et ont pour effet d’accroître leur misère.

    Outre les impôts, les emprunts constituent un important chapitre des recettes de l’État capitaliste. L’État bourgeois recourt le plus souvent aux emprunts pour couvrir les dépenses exceptionnelles, en premier lieu les dépenses militaires. Une grande partie des ressources recueillies au moyen des emprunts, sert à l’État à payer des fournitures d’armement et d’équipement militaires qui rapportent des profits énormes aux industriels. En définitive, les emprunts amènent un nouvel accroissement des impôts frappant les travailleurs, afin d’acquitter les intérêts des emprunts et d’amortir les emprunts eux-mêmes. Le montant de la dette publique dans les pays bourgeois augmente rapidement.

    Le montant total de la dette publique dans le monde entier est passé de 38 milliards de francs en 1825 à 250 milliards de francs en 1900 ; il a donc été multiplié par 6,6. La dette publique a augmenté encore plus rapidement au 20e siècle. Aux États-Unis, en 1914, le montant de la dette publique était de 1,2 milliard de dollars ; en 1938, de 37,2 milliards ; elle a donc été multipliée par 31. En Angleterre, en 1890, il a été payé à titre d’intérêt des emprunts 24,1 millions de livres sterling ; en 1953-1954, 570,4 millions ; aux États-Unis, en 1940, il a été payé à titre d’intérêt des emprunts 1 milliard de dollars, en 1953-1954, 6,5 milliards de dollars.

    Une des sources des revenus du budget de l’État capitaliste est l’émission de papier-monnaie. Provoquant l’inflation et la hausse des prix, elle fait passer à l’État bourgeois une partie du revenu national en abaissant le niveau de vie des masses populaires.

    Ainsi, le budget de l’État en régime capitaliste est, entre les mains de l’État bourgeois, un instrument de dépossession supplémentaire des travailleurs et d’enrichissement de la classe capitaliste ; il accentue le caractère improductif et parasitaire de l’utilisation du revenu national.

    Résumé du chapitre 15

    1. Le revenu national dans la société capitaliste est la partie du produit social total, dans laquelle est incarnée la valeur nouvellement créée. Il se forme dans les branches de la production matérielle par le travail de la classe ouvrière et aussi par celui des paysans et des artisans. Sous sa forme matérielle, le revenu national représente l’ensemble des objets de consommation produits et la partie des moyens de production qui est destinée à élargir la production. En régime capitaliste, une partie considérable de la population apte au travail non seulement ne crée pas de revenu national, mais ne participe pas à un travail socialement utile.

    2. La répartition du revenu national en régime capitaliste se fait en vue d’enrichir les classes exploiteuses. La part des classes laborieuses dans le revenu national diminue, tandis que celle des classes exploiteuses augmente.

    3. En régime capitaliste, le revenu national créé par la classe ouvrière est réparti sous forme de salaire des ouvriers, de profit des capitalistes (industriels, commerçants et propriétaires de capitaux de prêt) et de rente foncière prélevée par les propriétaires terriens. Une grande partie des produits du travail fourni par les paysans et les artisans est également accaparée par les capitalistes et les propriétaires terriens. Par le budget de l’État et au moyen du prix élevé des services, s’effectue la redistribution du revenu national, qui accentue encore la paupérisation des travailleurs.

    4. Une part immense et sans cesse accrue du revenu national en régime capitaliste est utilisée de façon improductive : pour la consommation parasite de la bourgeoisie, pour couvrir des frais de circulation excessivement gonflés, pour entretenir l’appareil d’État en vue de l’oppression des masses, pour préparer et conduire des guerres de conquête.


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  • A. — Le capitalisme prémonopoliste

    Chapitre 16 — La reproduction du capital social

    16.1. Le capital social. La composition du produit social total.

    La reproduction capitaliste comprend le processus immédiat de production ainsi que le processus de circulation. Pour que la reproduction se réalise, le capital doit avoir la possibilité d’accomplir sans entrave son cycle, c’est-à-dire de passer de la forme argent à la forme productive, de celle-ci à la forme marchandise, de la forme marchandise à la forme argent, etc. Cela ne concerne pas seulement chaque capital pris à part, mais tous les capitaux existant dans la société.

    Les cycles des capitaux individuels s’entrelacent, se supposent et se conditionnent les uns les autres et c’est précisément cet enchevêtrement qui constitue le mouvement de l’ensemble du capital social.

    K. Marx, Le Capital, livre 2, t. 2, p. 9.

    Le capital social est l’ensemble des capitaux individuels dans leurs liens et dépendances réciproques. Il existe des liens multiples entre les différentes entreprises capitalistes : les unes procurent aux autres des machines, des matières premières et d’autres moyens de production ; les autres produisent les moyens de subsistance achetés par les ouvriers, ainsi que les objets de consommation et de luxe achetés par les capitalistes. Chacun des capitaux individuels est indépendant des autres, et cependant tous les capitaux individuels sont liés entre eux et dépendent l’un de l’autre. Cette contradiction se manifeste dans le cours de la reproduction et de la circulation du capital social tout entier. Les multiples rapports de liaison et de dépendance réciproques qui existent entre les différents capitalistes se manifestent spontanément par suite de l’anarchie de la production propre au capitalisme.

    En examinant le processus de reproduction et de circulation de l’ensemble du capital social, afin de ne pas compliquer les choses, nous supposons que toute l’économie du pays est gérée sur des bases capitalistes (c’est-à-dire que la société n’est composée que de capitalistes et d’ouvriers), que tout le capital constant est consommé dans l’année et que sa valeur est entièrement transférée au produit annuel. Dans cette hypothèse, le produit social total n’est pas autre chose que le capital social (avec addition de la plus-value), sorti du processus de production sous forme marchandise.

    Pour que la production puisse continuer, le produit social doit passer par le processus de la circulation. Dans le processus de circulation, chaque partie du produit social transforme d’abord sa forme marchandise en forme argent, puis sa forme argent en la forme marchandise qui est nécessaire pour la poursuite de la production. La réalisation du produit social est la succession de ces formes : transformation marchandise-argent, puis transformation argent-nouvelle marchandise.

    Comme il a été montré précédemment, par sa valeur tout le produit social se décompose en trois parties : la première compense le capital constant ; la seconde compense le capital variable ; la troisième représente la plus-value. Ainsi la valeur du produit social est égale à c + v + p. Ces différentes parties du produit social jouent un rôle différent dans le cours de la reproduction. Le capital constant doit continuer à servir dans le processus de production. Le capital variable se transforme en salaire que les ouvriers dépensent pour leur consommation. La plus-value, dans la reproduction simple, est entièrement consommée par les capitalistes ; dans la reproduction élargie, elle est partiellement consommée par les capitalistes et va partiellement à l’achat de moyens supplémentaires de production et à l’embauchage d’une main-d’œuvre supplémentaire.

    Par sa forme matérielle, tout le produit social est composé de moyens de production et d’objets de consommation. De ce point de vue toute la production sociale est divisée en deux grandes sections : la première (section I) est la production des moyens de production et la seconde (section II), la production des objets de consommation. Les objets de consommation se divisent à leur tour en moyens de subsistance nécessaires qui servent à satisfaire les besoins de la classe ouvrière, des masses travailleuses, et en objets de luxe qui ne sont accessibles qu’aux classes exploiteuses. Par suite de l’abaissement de leur niveau de vie les travailleurs sont contraints de plus en plus d’acheter, au lieu d’objets de consommation de bonne qualité, des marchandises de qualité inférieure et des succédanés. En même temps augmentent le luxe et le gaspillage des classes Parasites.

    La division du produit social sous sa forme matérielle assigne à son tour un rôle différent à ses diverses parties au cours de la reproduction. Ainsi, par exemple, les machines à tisser sont destinées à servir à la fabrication des tissus et ne peuvent être utilisées à rien d’autre ; les vêtements doivent servir à la consommation personnelle.

    Quand on examine le cycle et la rotation du capital individuel, il importe peu de savoir quelles marchandises précises sous leur forme naturelle (valeurs d’usage) sont produites dans une entreprise donnée. Lorsqu’on examine la reproduction et la circulation du capital social total, la forme matérielle des marchandises produites dans la société prend une importance particulière : pour qu’il y ait renouvellement incessant du processus de production, il faut qu’il y ait en présence des moyens de production appropriés, mais aussi des objets de consommation.

    Une question se pose alors : comment, dans les conditions de l’anarchie de la production capitaliste, se réalise le produit social ? Lénine disait que

    la question de la réalisation se ramène précisément à l’analyse de la compensation de toutes les parties du produit social quant à la valeur et à la forme matérielle.
    V. Lénine, « Pour caractériser le romantisme économique », Œuvres, t. 2, p. 39.

    Il s’agit donc de savoir comment, pour chaque partie du produit social quant à sa valeur (capital constant, capital variable et plus-value) et quant à sa forme matérielle (moyens de production, objets de consommation), trouver une autre partie du produit qui la remplace sur le marché.

    À l’examen de la reproduction élargie, il faut joindre la question de savoir comment s’opère la transformation de la plus-value en capital, c’est-à-dire d’où viennent les moyens de production et les objets de consommation supplémentaires pour le supplément d’ouvriers nécessaires à l’élargissement de la production.

    16.2. Les conditions de la réalisation dans la reproduction capitaliste simple.

    Examinons tout d’abord les conditions nécessaires à la réalisation du produit social dans la reproduction capitaliste simple, lorsque toute la plus-value va à la consommation individuelle des capitalistes. Ces conditions peuvent être illustrées par l’exemple suivant.

    Admettons que dans la section I, c’est-à-dire dans la production des moyens de production, la valeur du capital constant, exprimée, par exemple, en millions de livres sterling, soit égale à 4 000 unités, celle du capital variable à 1 000, celle de la plus-value à 1 000. Admettons que dans la section II, c’est-à-dire dans la production des objets de consommation, la valeur du capital constant soit égale à 2 000 unités, celle du capital variable à 500, la plus-value à 500. Dans cette hypothèse le produit social annuel comportera les éléments suivants :

    I. 4 000 c + 1 000 v + 1 000 p = 6 000.
    II. 2 000 c + 500 v + 500 p = 3 000.

    La valeur du produit total confectionné dans la section I et existant sous la forme de machines, matières premières, matériaux, etc., est donc de 6 000 unités. Pour que le processus de production puisse se renouveler, une partie de ce produit, égale à 4 000 unités, doit être vendue à des entreprises de cette même section I pour le renouvellement du capital constant. Le reste du produit de la section I, qui représente la valeur reproduite du capital variable (1 000 unités) et la plus-value nouvellement produite (1 000 unités) et qui existe sous la forme de moyens de production, est vendue à des entreprises de la section II en échange des objets de consommation qui servent à la consommation personnelle des ouvriers et des capitalistes de la section I. De leur côté, les capitalistes de la section II ont besoin de moyens de production pour une somme de 2 000 unités afin de renouveler leur capital constant.

    La valeur du produit total confectionné dans la section II et existant sous la forme d’objets de consommation (pain, viande, vêtements, chaussures, etc., ainsi que les objets de luxe) s’élève à 3 000 unités. Une partie des objets de consommation produits dans la section II, soit 2 000 unités, est échangée contre les salaires et la plus-value de la section I ; ainsi s’effectue la compensation du capital constant de la section II Le reste du produit de la section II qui comprend la valeur reproduite du capital variable (500 unités) et la plus-value nouvellement produite (500 unités) est réalisé à l’intérieur même de la section II et sert à la consommation personnelle des ouvriers et des capitalistes de cette section.

    Par conséquent, dans les conditions de la reproduction simple l’échange entre les deux sections comporte : 1o le capital variable et la plus-value de la section I, qui doivent être échangés contre les objets de consommation produits dans la section II et 2o le capital constant de la section II, qui doit être échangé contre les moyens de production produits dans la section I. La condition de la réalisation, dans la reproduction capitaliste simple, est l’égalité suivante : le capital variable et la plus-value de la section I doivent égaler le capital constant de la section II, c’est-à-dire I (v + p) = II c.

    Cette condition de la reproduction simple peut être exprimée encore comme suit. Toute la masse de marchandises, produites pendant un an dans la section I — par les entreprises fabriquant les moyens de production — doit être égale en valeur à la masse de moyens de production consommée en l’espace d’un an dans les entreprises des deux sections. Toute la masse de marchandises produites en l’espace d’un an dans la section II — par les entreprises fabriquant les objets de consommation — doit être égale en valeur à la somme des revenus des ouvriers et des capitalistes des deux sections.

    16.3. Les conditions de la réalisation dans la reproduction capitaliste élargie.

    La reproduction capitaliste élargie suppose l’accumulation du capital. Comme le capital de chaque section est composé de deux parties — capital constant et capital variable, la partie accumulée de la plus-value se décompose à son tour en ces deux parties : une partie va à l’achat de moyens de production supplémentaires ; l’autre à l’embauchage d’un supplément de main-d’œuvre. Il s’ensuit que le produit annuel de la section I doit comporter un certain excédent par rapport à la quantité de moyens de production nécessaire à la reproduction simple. Autrement dit, le montant du capital variable et de la plus-value de la section I doit être supérieur au capital constant de la section II ; I (v + p) doit être supérieur à II c. Telle est la condition essentielle de la reproduction capitaliste élargie.

    Examinons d’un peu plus près les conditions de la réalisation dans la reproduction capitaliste élargie.

    Admettons que dans la section I la valeur du capital constant soit égale à 4 000 unités ; celle du capital variable à 1 000, la plus-value à 1 000 ; admettons que dans la section II la valeur du capital constant soit égale à 1 500 unités, celle du capital variable à 750, la plus-value à 750. Dans cette hypothèse, le produit social annuel comportera les éléments suivants :

    I. 4 000 c + 1 000 v + 1 000 p = 6 000.
    II. 1 500 c + 750 v + 750 p = 3 000.

    Admettons que dans la première section, sur une plus-value équivalente à 1 000 unités, on accumule 500 unités. Conformément à la composition organique du capital de la section I (4 : 1) la partie accumulée de la plus-value se décompose comme suit : 400 unités pour l’augmentation du capital constant et 100 pour l’augmentation du capital variable. Le capital constant additionnel (400 unités) se trouve incorporé dans le produit même de la section I sous forme de moyens de production ; quant au capital variable additionnel (100 unités), il doit être obtenu par échange avec la section II qui, par conséquent, doit également accumuler. Les capitalistes de la section II échangent une partie de leur plus-value égale à 100 unités contre des moyens de production et transforment ces moyens de production en capital constant additionnel. Alors, conformément à la composition organique du capital de la section II (2 : 1) le capital variable de celle-ci doit s’accroître de 50 unités. Par conséquent, dans la section II, avec une plus-value égale à 750 unités, l’accumulation doit en comprendre 150.

    De même que dans la reproduction simple, la section II doit échanger avec la section I son capital constant égal à 1 500 unités, et la section I doit échanger avec la section II son capital variable égal à 1 000 unités, ainsi que la partie de la plus-value consommée par les capitalistes, égale à 500 unités.

    Ainsi, la section I doit échanger :

    La partie du produit reproduisant la valeur du capital variable 1 000
    La partie de la plus-value accumulée, qui s’ajoute au capital variable 100
    La partie de la plus-value consommée par les capitalistes 500
    TOTAL 1 600

    La section II doit échanger :

    Le capital constant 1 500
    La partie de la plus-value accumulée, qui s’ajoute au capital constant 100
    TOTAL 1 600

    L’échange entre les deux sections ne peut avoir lieu qu’en cas d’égalité de ces deux grandeurs. Ainsi dans la reproduction capitaliste élargie, la condition de la réalisation est l’égalité suivante : la valeur du capital variable plus la partie de la plus-value destinée à la consommation personnelle des capitalistes, plus la partie de la plus-value accumulée, ajoutée au capital variable, de la section I doivent être égales à la valeur du capital constant plus la partie de la plus-value accumulée, ajoutée au capital constant, de la section II.

    Dans la reproduction élargie, le montant du capital variable et de la plus-value de la section I doit croître plus vite que le capital constant de la section II, et le capital constant de la section I doit croître encore plus vite que le capital constant de la section II.

    Quel que soit le régime social, le développement des forces productives se traduit par l’augmentation de la part du travail social allant à la production des moyens de production par rapport à la part consacrée à la production des objets de consommation. La priorité de l’accroissement de la production des moyens de production sur la production des objets de consommation est une loi de la reproduction élargie. En régime capitaliste, l’accroissement plus rapide de la production des moyens de production par rapport à la production des objets de consommation s’exprime dans un progrès plus rapide du capital constant par rapport au capital variable, c’est-à-dire dans une élévation de la composition organique du capital.

    Étudiant les conditions de la réalisation dans la reproduction capitaliste simple et élargie, afin de simplifier l’analyse, Marx avait laissé de côté l’élévation de la composition organique du capital. Les schémas de la reproduction donnés par Marx dans Le Capital supposent une composition organique du capital invariable. Lénine a poussé plus loin le développement de la théorie de la reproduction de Marx et a mis au point le schéma de la reproduction élargie en tenant compte de l’élévation de la composition organique du capital. Ce schéma montre que

    ce qui croît avec le plus de rapidité, c’est la production des moyens de production pour les moyens de production, puis la production des moyens de production pour les moyens de consommation ; l’accroissement le plus lent est celui de la production des moyens de consommation.
    V. Lénine, « À propos de la question dite des marchés », Œuvres, t. 1, p. 99.

    Le schéma de Lénine est l’illustration concrète de l’action de la loi de la priorité de l’accroissement de la production des moyens de production au cours de la reproduction capitaliste élargie. Cette action s’exprime dans la rupture anarchique des proportions établies entre les branches de la production, dans l’inégalité de développement des diverses branches, dans le retard considérable de la consommation des masses populaires sur l’augmentation de la production, l’élévation de la composition organique du capital amenant inéluctablement une augmentation du chômage et un abaissement du niveau de vie de la classe ouvrière.

    16.4. Le problème du marché. Les contradictions de la reproduction capitaliste.

    Comme il ressort de ce qui précède, pour réaliser le produit social, il faut qu’il y ait des proportions déterminées entre ses diverses parties et, par suite, entre les branches et les éléments de la production. En régime capitaliste, où la production est assurée par des producteurs privés, qui se laissent guider par la course au profit et travaillent pour un marché qu’ils ne connaissent pas, ces proportions sont forcément sujettes à de perpétuelles perturbations. L’élargissement de la production s’effectue inégalement, ce qui fait que les proportions anciennes entre les branches sont constamment perturbées et que de nouvelles proportions s’établissent spontanément, au moyen du passage des capitaux de certaines branches à d’autres. C’est pourquoi l’équilibre entre les diverses branches constitue un hasard, et les perturbations constantes de l’équilibre la règle générale de la reproduction capitaliste. Analysant les conditions du cours normal de la reproduction capitaliste simple et élargie, Marx dit qu’elles

    se convertissent en autant de conditions d’un développement anormal, en possibilités de crises, puisque l’équilibre — étant donnée la forme naturelle de cette production — est lui-même fortuit.
    K. Marx, Le Capital, livre 2, t. 2, p. 111.

    Avec l’anarchie de la production capitaliste, la réalisation du produit social ne s’opère qu’au milieu de difficultés et de fluctuations incessantes qui se multiplient à mesure que le capitalisme se développe.

    Une importance particulière s’attache dès lors au fait que l’élargissement de la production capitaliste et, par suite, la formation du marché intérieur se font moins au profit des objets de consommation qu’au profit des moyens de production. Mais la production des moyens de production ne peut se développer de façon absolument indépendante de la production des objets de consommation et sans aucun lien avec elle, car les entreprises qui utilisent ces moyens de production jettent sur le marché des masses sans cesse accrues de marchandises qui servent à la consommation. Ainsi, la consommation productive, la consommation des moyens de production, est constamment liée, en dernière analyse, à la consommation individuelle, dont elle dépend toujours. Mais le volume de la consommation individuelle des larges masses de la population dans la société capitaliste est extrêmement limité en raison de l’action des lois économiques du capitalisme, lois qui déterminent la paupérisation de la classe ouvrière et la ruine de la paysannerie. De ce fait, la formation et l’élargissement du marché intérieur en régime capitaliste, loin de signifier un élargissement de la consommation des masses populaires, sont liés au contraire à l’accroissement de la misère de l’immense majorité des travailleurs.

    Le caractère de la reproduction capitaliste est déterminé par la loi économique fondamentale du capitalisme ; en vertu de celle-ci, le but de la production est le profit toujours accru et le moyen de parvenir à ce but l’élargissement de la production, qui se heurte inéluctablement aux cadres étroits des rapports capitalistes. C’est en ce sens que Marx parlait de « la production pour la production », de « l’accumulation pour l’accumulation », si caractéristiques du capitalisme. Mais les marchandises sont produites en définitive non pour la production, mais pour la satisfaction des besoins des hommes. Par conséquent, une contradiction profondément antagoniste entre la production et la consommation est inhérente au capitalisme.

    Cette contradiction consiste en ce que la richesse nationale grandit en même temps que la misère populaire ; en ce que les forces productives de la société se développent sans augmentation correspondante de la consommation du peuple. C’est là une des manifestations de la contradiction fondamentale du capitalisme, — entre le caractère social de la production et la forme capitaliste, privée de l’appropriation.

    Dénonçant les valets de la bourgeoisie, qui cherchent à escamoter les contradictions profondes de la réalisation capitaliste, Lénine a souligné que

    même si la reproduction et la circulation de l’ensemble du capital social sont idéalement régulières et proportionnelles, la contradiction n’en est pas moins inévitable entre l’essor de la production et les limites restreintes de la consommation. En outre, pratiquement, le procès de la réalisation ne se déroule pas selon une proportionnalité idéalement régulière, mais seulement au milieu de « difficultés », de « fluctuations », de « crises », etc.
    V. Lénine, « Nouvelles remarques sur la théorie de la réalisation », Œuvres, t. 4, p. 88. Publié aussi dans K. Marx, Le Capital, livre 2, t. 2, Annexes, p. 193.

    Il convient de distinguer entre le marché intérieur (écoulement des marchandises à l’intérieur d’un pays donné) et le marché extérieur (écoulement des marchandises à l’étranger).

    Le marché intérieur apparaît et s’étend en même temps que la production marchande, notamment avec le développement du capitalisme qui approfondit la division sociale du travail et différencie les producteurs directs en capitalistes et en ouvriers. La division sociale du travail multiplie les branches particulières de la production. Le développement de certaines branches d’industrie élargit le marché pour les marchandises fabriquées par d’autres branches d’industrie, avant tout pour les matières premières, les machines et autres moyens de production. Ensuite, la différenciation de classe des petits producteurs, le nombre croissant des ouvriers, l’augmentation des profits capitalistes aboutissent à un accroissement de la vente des objets de consommation. Le degré de développement du marché intérieur est le degré de développement du capitalisme dans un pays.

    La socialisation du travail par le capitalisme se manifeste avant tout en ce que le morcellement antérieur des petites unités économiques est détruit et que l’on assiste à la fusion des petits marchés locaux en un immense marché national, puis mondial.

    Dans l’analyse du processus de reproduction et de circulation du capital social total, on laisse de côté le rôle du marché extérieur, dont les données ne changent pas le fond de la question. La participation du commerce extérieur ne fait que déplacer la question d’un pays sur plusieurs pays, mais le fond du processus de réalisation n’est nullement modifié. Cela ne veut cependant pas dire que le marché extérieur n’a pas une importance essentielle pour les pays capitalistes. Dans leur course au profit, les capitalistes élargissent systématiquement la production et cherchent les marchés les plus avantageux, qui sont souvent les marchés extérieurs.

    Les contradictions de la réalisation capitaliste s’affirment avec force dans les crises économiques périodiques de surproduction.

    Résumé du chapitre 16

    1. Les cycles des capitaux individuels dans leur ensemble constituent le mouvement du capital social. Celui-ci représente l’ensemble de tous les capitaux individuels dans leurs rapports réciproques.

    2. Le produit total de la société capitaliste se divise quant à sa valeur en capital constant, capital variable et plus-value, et, quant à sa forme matérielle, en moyens de production et objets de consommation. L’ensemble de la production sociale comporte deux sections : la section I, production des moyens de production ; la section II, production des objets de consommation. Le problème de la réalisation consiste à savoir de quelle manière on peut trouver pour chaque partie du produit social, quant à sa valeur et à sa forme matérielle, une autre partie du produit capable de la remplacer sur le marché.

    3. Dans la reproduction capitaliste simple la condition de la réalisation est que le capital variable plus la plus-value de la section I doivent être égaux au capital constant de la section II. Dans la reproduction capitaliste élargie, la condition de la réalisation est que la somme du capital variable et de la plus-value de la section I doit être supérieure au capital constant de la section II. Dans tout régime social, quel qu’il soit, l’accroissement prioritaire (plus rapide) de la production des moyens de production par rapport à la production des objets de consommation est la loi de la reproduction élargie.

    4. Au cours de son évolution, le capitalisme crée le marché intérieur. L’accroissement de la production et du marché intérieur en régime capitaliste se fait, la plupart du temps, grâce aux moyens de production plutôt que grâce aux objets de consommation. Dans le cours de la reproduction capitaliste apparaissent les disproportions dans la production et la contradiction entre production et consommation, inhérentes au capitalisme, cette dernière contradiction découlant de la contradiction fondamentale du tre le caractère social de la production et la forme capitaliste, privée de l’appropriation. C’est dans les crises économiques périodiques de surproduction que les contradictions de la reproduction capitaliste se manifestent avec le plus d’éclat.


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  • Moi, Gérard, 52 ans, chômeur Français et qui se fiche de l'islam en France !

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    Depuis plusieurs mois, pour ne pas dire des années, notre pays se croirait en guerre de civilisation.


    Le président Sarkozy a pris le pouvoir en parlant des travailleurs, des pauvres, des ouvriers des usines en leur promettant plus d’euros contre plus de sueurs. Je vous avoue, et n’étant pas feignant pour un sou, que sa promesse ma séduite. Et c’est donc sans hésiter que je lui ai offert ma voix afin de voir mon quotidien s’améliorer.

    Puis, près de 4 ans se sont écoulés depuis l’arrivée de ce président dont il n’a de talent que le mensonge et la trahison et dans ma vie, rien n’a changé. J’ai perdu mon emploi il y a 3 ans ; j’étais ouvrier depuis 32 ans dans la même usine ; elle a fermé ses portes en fermant celle de ma vie avec.

    Certes, l’on me dira que c’est aussi le président d’une crise, imprévue et soudaine mais justement, c’est en ces temps difficiles qu’il faut protéger les plus vulnérables, les plus fragiles, sachant que les autres ont de quoi vivre décemment. Mais il a jugé bon de dresser une digue financière, morale et idéologique pour protéger les plus riches pour ne pas prendre le risque de voir ne serait-ce qu’un euro fondre de leur patrimoine.

    Tandis que moi, je suis resté sur ses bonnes paroles comme un idiot de Français qui a cru que la bonne heure des ouvriers, des pauvres était enfin arrivée.

    Le président a commencé sa campagne en traversant ma vie pour porter mes préoccupations ; mais il n’a fait qu’une traversée et comme un éclair, n’a fait que passer dans mon quotidien et celui de millions de gens pour, au final, bifurquer rapidement sur une autre route, estimant que nous, pauvres ouvriers ou chômeurs, ne pouvions plus lui assurer le matelas électoral indispensable à son maintien à l’Élysée.

    Mais "chômeur" ou "ouvrier" n’est pas le synonyme "d’illettré" ou encore "d’électeur abruti" incapable d’avoir une opinion politique ou de participer à la vie de la cité. Et je me dois de rappeler que la culture, la connaissance, les savoirs ne sont pas le monopole de Parisiens qui penseraient les gens des campagnes sans cerveau et juste bon à braire comme des moutons.

    Je suis donc passé aux oubliettes, sauf pour tous les organismes sociaux où je me rends très fréquemment pour y quémander quelques sparadraps afin de colmater les fissures de ma vie et éviter ainsi à ma famille de voir l’effondrement probable de notre foyer.

    Et voilà que d’autres citoyens viennent détrôner ma misère au profit de l’exercice d’une pratique dont je me fiche comme de l’an quarante. Me voici donc seul, face à mon caddie de bouffe hard discount, de services sociaux qui me demandent dix fois les mêmes papiers, ou de la tronche d’un Coluche qui me regarde à chaque fois que je vais remplir mon sac de papier recyclable.

    Le président nous a uni, moi et des milliers d’autres Français, puis nous a quittés aussitôt, et très vite, nous a remplacés dans son agenda. Du 1er janvier au 31 décembre, il fête la laïcité, les musulmans, les Roms, la sécurité, la racaille des cités, les banlieues. Et tout le monde suit son calendrier ; des médias, jusqu’aux partis politiques, tout le monde marche à pas cadencé, guettant les évènements de toutes ces festivités politiques que le président a décidé de partager, contre vents et marées, avec les Français et le pays tout entier.

    Dans mon village de l’Est de la France, moi, Gérard, je ne vois pas beaucoup d’étrangers, encore moins de femmes déguisées ou de grandes tours de béton peuplées de gosses les capuches arrimées sur leur tête. Par contre, j’entends le clocher de l’église qui sonne les heures interminables de mes journées de chômeurs et me rappellent que Dieu, lui aussi m’a oublié.

    Je me fiche de savoir si des Français peuvent prier 5 fois par jour et où ils doivent le faire, manger du porc ou s’en passer parce que dans mon village, c’est manger trois fois par jour convenablement qui nous intéresse

    Il y a plus de cent ans, l’histoire s’est prononcée et c’est pour cela que personne ne me lapide lorsque je ne me rends pas à l’église de mon village tous les dimanches avec une partie de mes voisins qui eux, s’y rendent régulièrement. Alors, si certains veulent mettre des robes, et partir pied nu vers leur lieu de culte à un jour précis, grand bien leur fasse et je ne vois pas en quoi cet exode hebdomadaire ébranlerait ce que d’autres ont inscrit dans notre république.
    Certains me diront que mon village ignore toute la dangerosité de ces nouveaux citoyens et nous ne pouvons donc pas comprendre à quel point la république est en danger !
    Sauf que la révolte a plus de chances d’arriver quand on a le ventre vide que la spiritualité affamée et quelques pays pas très loin de chez nous viennent de nous le rappeler.

    Débattez donc Monsieur le Président, vous et vos amis de l’UMP d’un sujet dont vous seul avez décidé qu’il devait occuper notre nation, son peuple, sa démocratie, son petit écran car pendant ce temps, des milliers de gens débattent aussi pour savoir comment nous allons mettre fin à la diversion que vous avez orchestré et faite pour nous oublier.

    Vous avez fait vos débuts comme apprenti de la France d’en bas ;
    Et vous m’avez eu, ainsi que des milliers d’autres comme moi, comme compagnon ;
    Votre entêtement à nous ignorer ne devrait pas tarder à vous gratifier du titre de Maître du Grand Front national de France.


    Et c’est vous qui l’aurez voulu !...

     http://www.lepost.fr

     


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  • Un Pamphlet à retrouver parmi d'autres sur Le Blog de la Section Satirique et Humoristique du PCF 

    Il l’a dit tout haut, Claude Guéant : « Les Français, à force d'immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux ». On l’a critiqué un peu, le pauvre homme. Il s’en est attristé, et c’est bien dommage. Et tout ça parce qu’on ne l’a pas compris. 

    Les français vivaient peinards au début des années quatre-vingt. Attachés à leurs coutumes ancestrales, ils se disaient tous citoyens, égaux devant la loi et les services publics. L’Etat soutenait la mixité sociale, mais pas beaucoup. Et il y avait des ministres communistes, mais pas assez. Puis vinrent trois déferlantes migratoires. Et les citoyens français commencèrent à ne plus se sentir chez eux.

     

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    La première vague d’immigration incontrôlée commença dès le milieu des années quatre-vingt, avec le débarquement massif de milliers de frontistes nationalistes sur notre sol. Ils avaient les cheveux rasés, et habitaient dans des paquebots chauffés aux flammes tricolores. Bref, impossibles à intégrer ! Aveuglés par d’obscures superstitions qu’ils voulaient imposer en France, les lepénistes s’accouplaient comme des forcenés dans de vastes bénitiers. Résultat : avec leur démographie de léporidés NDR : mammifères à grandes oreill..., ils constitueraient aujourd’hui au bas mot 15-20% de la population générale. Et ils continuent de forniquer.

    La deuxième vague s’abattit au tournant des années 1999-2000. D’abord peu nombreux, les sarkozistes se propagèrent en France à coups de regroupements familiaux abusifs (par la technique des mariages en cascade) et d’entrées clandestines dans les corps de l’Etat.

     

    Venus de toutes parts, et à force de reproductions accélérées, ils atteignirent le pic effrayant des 30% de la population française lors du grand recensement de mai 2007. Aujourd’hui, la communauté sarkozyque a tendance à décroître, mais elle reste encombrante, bruyante et remuante. Dans certaines banlieues, comme à Neuilly, elle a pratiquement supplanté la population française traditionnelle.

    Et on n’est qu’au début de la troisième vague, qui s’annonce encore plus redoutable que les précédentes. Elle est le résultat d’une politique de croisements systématiques entre les descendants des deux vagues précédentes. Sarkozystes et lepénistes, en effet, copulent comme des diables à l’arrivée de chaque échéance électorale. La déferlante est telle que certaines populations écologistes, pourtant de tradition française, ne dédaignent pas leurs soutiens, surtout quand il s’agit de faire la peau aux communistes.

    Et alors quoi ? Il a raison sur toute la ligne le camarade Guéant. On n’est plus chez nous en France. Et la seule solution, c’est de foutre dehors toute cette racaille réactionnaire qui nous a envahis. L’expulsion par les urnes, voilà qui est déjà mieux.

     

    Glop le rouge
    Secrétaire de section


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  • Inégales répartitions des médecins, dépeçage des hôpitaux, menaces sur les pharmacies et les laboratoires d’analyses… C’est toute la santé de proximité qui se délite. Une centaine d'organisations nationales et au moins autant régionales, appellent à manifester ce samedi 2 avril pour la défense du système de santé. 

     

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    Le petit dernier a de la fièvre ?
    Un coup de téléphone et, si vous avez la chance de ne pas habiter dans un désert médical, vous aurez un rendez-vous le jour même avec votre médecin. Et un petit saut à la pharmacie du quartier vous permettra d’acheter rapidement vos médicaments. Une prise de sang à faire en urgence ? Pas de problème, le laboratoire d’analyses n’est qu’à quelques kilomètres de chez vous.

    Profitez-en bien, car ce temps pourrait bientôt être révolu.

     

    Outre les services hospitaliers qui ferment à tour de bras, les transferts d’activités à des cliniques privées et les médecins qui partent sans relève, la santé de proximité en France se délite à vitesse grand V. L’avancée des déserts médicaux, observée l’an dernier par l’Insee dans les zones rurales comme urbaines, ne s’est pas tarie. Les différentes solutions qui ont été mises en place se soldent quasiment toutes par des échecs, à commencer par l’aide à l’installation de médecins entérinée par la loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires) de 2009.

    Force est de constater que le système du bâton et de la carotte pour faire revenir les médecins dans les campagnes et les banlieues défavorisées ne marche pas.

     

    Quant au regroupement de professionnels de santé dans des maisons médicales, il se heurte souvent à des problèmes de financement et administratifs. Reste le salariat. La solution semble plébiscitée par les jeunes praticiens. Tout ce qu’offrent les centres de santé (mutualistes, associatifs ou municipaux). Ces structures répondent en effet aux besoins des populations, en termes d’accès aux soins et de prévention, mais aussi aux aspirations des jeunes médecins. Sauf qu’elles sont pratiquement toutes dans le rouge. Mais l’érosion ne s’arrête pas là.

    Confrontées à une situation économique qui se détériore, les pharmacies sont à leur tour menacées et tirent le rideau les unes après les autres. Le nombre de dépôts de bilan a ainsi été multiplié par trois entre 2006 et 2009. Le conseil de l’ordre des pharmaciens a listé 126 disparitions en 2010 et 101 avaient déjà mis la clé sous la porte en 2009.
    Le conseil de l’ordre pointe du doigt les déremboursements qui se multiplient, la baisse de marges des prix des génériques et la concurrence des parapharmacies. À quoi s’ajoute la flambée du prix des fonds de commerce. Et ce n’est pas la menace d’une ouverture du secteur à la concurrence voulue par de grands distributeurs comme Leclerc qui va changer la donne. C’est un gros problème, sur le plan social, car, quand le pharmacien ferme dans un quartier, c’est le lien social qui se délite.
    Le tableau ne serait pas complet si on omettait de parler des laboratoires d’analyses médicales, qui participent eux aussi au maillage du système de soins en France.

    La récente réforme de la biologie médicale risque, en imposant aux biologistes des mises aux normes drastiques et onéreuses, d’entraîner la fermeture de centaines de laboratoires d’analyses.
    Au détriment, une fois de plus, des patients, mais pour le plus grand profit de grands labos détenus par des financiers.

     

    • A lire enfin: La privatisation, c'est mauvais pour la santé

    Partenariat public-privé, regroupement d’activités, externalisation de services… Atteint du syndrome de la rentabilité, le système de santé public est en voie de privatisation. Samedi 2 avril, mobilisation dans toute la France. Lire la suite...


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    Combattre les idées du FN ? Sans hésitation et énergiquement. Lesquelles ? Toutes les siennes, les réelles, où que celles de son discours ?

    Vieille pratique des fascistes de tout poil : utiliser le vocabulaire progressiste pour en discréditer ceux qui portent ses idées. C'est ainsi qu'Hitler se déclarait "national socialiste" (nazi), avait mis le mot socialiste dans son sigle le S –sozialistische- et le A-Arbeiter-de NSDAP Nationalsozialistische deutsche Arbeiterpartei, avec déjà cette préference nationale des travailleurs certes mais qu'allemand (D de Deutsche).

    Un NSDAP qui était aussi socialiste que le balles qui assassinaient Rosa Luxembourg et liquidait physiquement les organisations ouvrières dont les syndicats à pleines fournées de camps de concentration inaugurés pour la circonstance.

    Idem Mussolini en Italie qui inspira Déat venant de la SFIO et Doriot de la SFIC comme Belin et d'autres issus de la direction de la CGT. Les trajectoires à la Besson ou celle du syndiqué de Nilvange ne sont pas des nouveautés historiques. Ce qui est nouveau c'est la complaisance appuyée et publique de la droite gouvernementale avec les idées et ses poissons pilotes de ce courant historique de la réaction française.

    Cette confusion voulue par les fascistes jusque dans la reprise des graphismes et couleurs de propagande qui permet ensuite 75 ans plus tard à ceux qui s'accommodèrent sans trop d'état d'âme d'un voisin de plus en plus envahissant de manipuler la putride idée de la confusion des rouges et des bruns. Venant de ceux qui laissèrent assassiner la république espagnole sous les bombes fascistes et qui applaudirent les accords de Munich c'est pour le moins plus qu'osé.

    Durant des années le noir et rouge sombre de la propa nasillonnes cherchera à semer et entretenir le doute. Le bleu d'aujourd'hui adossé au souvenir de la milice (voir les chemises de nombre des plus jeunes du FN le 1er mai aux pieds de J D'arc) pointant d'autres ambitions plus grandes au 21ème siècle.

    La méthode perdure ; aujourd'hui le vocabulaire du FN se prolétarise et se gauchise pour draguer l'électorat populaire. Combattre le FN conduit à devoir taper sur toutes les idées portées par le parti de la branche armée du capital (même et surtout si elles paraissent si dresser contre le capital) sinon vous êtes au mieux complice au pire un fasciste rentrée :

    Principe du billard à trois bandes avec la première blanche "droite-autre" taper finement sur la seconde (droite-FN) pour cogner la rouge pleine bille.

    http://www.clubs-billard.com/Annonces/Robert.jpg

    C'est ainsi que le parti qui en 95 comme en 2010 éructait contre les grèves, contre les nantis, contre les "émeutiers à trainer devant les tribunaux", annonce défendre les services publics. Comme maintenant Le Pen le dit, défendre les services publics c'est faire le jeu du FN donc on ne défend plus les services publics ? Bingo coup double pour le MEDEF et ses droites et quel coup de main à tous les eurocrates de l'UE.

    Si le FN dit non à l'UE, maintenant dire non à l'UE c'est faire le jeu du FN et ceux qui ont voté NON des complices des fascistes, la forfaiture de Versailles devenant un acte de courage. Si demain pour gagner des voix le FN dit il faut démocratiser la sécu, exiger la démocratisation de la sécu sera faire le jeu du parti des héritiers des cimenteries et des importateurs de travailleurs clandestins, être complice des réhabiliteurs de tout ces patrons collabos qui redressent la tête dans la période?

    La mise en place de l'euro a été une catastrophe pour les économies des pays qui ont du s'y plier ainsi que pour le pouvoir d'achat de leurs travailleurs. Tous les économistes sérieux annoncent pour un délai très court une implosion de l'euro. Seules des mesures du type de celles imposées aux grecs, aux portugais ou aux irlandais peut retarder (pas supprimer) l'échéance. Vite ! Chœur des patrons du cac40 : "au secours le FN" et le chevalier brun déboule avec ses bannières "non à l'Euro". Et hop, ici vouloir dire non , vouloir la fin de la monnaie unique, revendiquer une souveraineté populaire et nationale est assimilé à un soutien aux idées du FN et à son nationalisme chauvin. A qui cela profite-t-il ?

    Vu de très loin, collés sur les murs, les slogans du FN ressemblent comme deux gouttes d'eau à des revendications syndicales : on à même pu y lire "échelle mobile des salaires" (avec en tout petit –toujours- son ignominieuse préférence nationale). Le FN le dit donc on le sort des cahiers revendicatif pour que les patrons qui sont son principal bailleur de fonds et souvent les têtes de liste des fascistes aux élections ne soit plus gênés et continuent de s'opposer farouchement aux indispensables et urgentes augmentations de salaires ?

    Si demain pour gagner les astrophysiciens au vote FN celui-ci annonce que le big-bang est la base de la création de l'univers faudra-t-il pour le combattre dire que l'école créationniste de Bush Palin et, dans l'UE, Fa# et tous le ramassis des obscurantistes de la droite institutionnelle sont dans le vrai pour donner des gages de démarcation du FN ?

    Moins utilisé mais présente cette escroquerie intellectuelle fonctionne aussi de la "boule FN" vers la "boule autres droite" pour encore cogner la rouge : Rappelez vous comment l'organisation qui cultive le racisme anti arabe le plus forcené et l'antisémitisme le plus insidieux se présente comme le chantre d'Israël et de l'Arabie saoudite. Défendre les droits du peuple palestinien ferait de ceux qui y concourent des antisémites et des dénonciateurs de Riyad des suppôts d'Al-Qaïda ? Tiens donc c'est exactement ce que dit la droite, BHL et la très officielle association de soutien à l'armée israélienne.

    L'union sacrée des droites se fait.

    http://abbillard.wifeo.com/images/image-3-billes.jpg

    Les passerelles entre le parti de la boule "droite-autre" et la "boule FN" se renforce au grand jour. Le FN, dans ses congrès, ses textes, ses déclarations, son programme que pour cela il a retiré de son site et de ses écrits, a toujours une ligne, un temps, un orateur pour évoquer le souvenir de Pétain. Pétain qui pour réprimer le syndicalisme de lutte avait promulgué la charte du travail (base du corporatisme social du FN) et décidé du mariage obligatoire des intérêts patronaux et ceux du travail portant la soumission des travailleurs. Cette année en octobre, on commémorera le 70ème anniversaire des premiers assassinats de ceux qui s'y opposèrent, les syndicalistes communistes désignés par le représentant du comité des forges ministre de Pétain idole du FN (et pas que de lui, le spectre est large).

    La droite y compris en piétinant la mémoire des fusillés de Châteaubriant (dont Guy Moquet et ces syndicalistes évoqués ci-dessus) liquide les acquis sociaux avec aux manettes une kyrielle d'anciens du FN dont la brochette historique de ses fondateurs les Novelli, Longuet Devedjian, Madelin et combien d'autres (ministres anciens, actuels ou futurs), servant les interets et les choix politiques des dynasties des premiers cercles de l'UMP qui ont su et savent aussi ne pas oublier l'extrême droite moins officielle.

    On voit mieux maintenant la stratégie des deux boules blanches et l'urgence de jouer avec la rouge pour sortir les deux autres de la table.

    A quand la carambole finale ? 

     


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  • Où va l'argent du Sidaction ? 

    Combien pour la recherche ? Combien pour l'aide aux malades ? Au bout de combien de temps les dons sont-ils utilisés ? Alors que le week-end du Sidaction a débuté ce vendredi, le directeur général de l'association, Bertrand Audoin, nous explique où va l'argent des dons.

    Sidaction aurait permis de verser 4,6 millions d'euros à 120 associations d'aide aux malades en France en 2010.
    Sidaction aurait permis de verser 4,6 millions d'euros à 120 associations d'aide aux malades en France en 2010. SIPA

    France-Soir. Lorsque vous recevez un don, comment est-il reversé ? À quoi sert-il ?
    Bertrand Audoin. La première chose à savoir est que les frais de fonctionnement chez Sidaction représente 7% d'un don. C'est-à-dire du temps et de l'argent pour trouver le programme de recherche le plus efficace contre le Sida, choisir encore celui qui pourra être le mieux géré ou aussi pour savoir à qui donner en priorité parmi notre réseau de 120 associations d'aide aux malades dans toute la France... Les 93% restants sont alors divisés en deux : une partie pour la recherche et pour les soins médicaux, puis une autre partie pour la prévention et les aides aux personnes. En 2010, nous avons pu verser 4,6 millions d'euros aux associations qui font tout le travail de prévention et d'aide sur le terrain en France, 4,8 millions d'euros à la recherche scientifique pour soutenir nos 60 à 80 chercheurs en poste dans les laboratoires publiques, et 4,8 millions d'euros pour l'aide en Afrique.

    F.S.  Quel est le délai entre la collecte d'un don et son utilisation ?
    B.A. L'argent de dons privés que nous allons collecter ce week-end sera utilisé sur le terrain avant cet été. De manière générale, nous nous sommes engagés pour qu'un don soit distribué au bout de quatre mois.

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    F.S. Un grand plan Sida 2010-2014 a été lancé par Roselyne Bachelot. En parallèle, certaines associations dénoncent une baisse du financement de l'Etat. Le remarquez-vous également ?
    B.A. Sidaction ne reçoit pas de financement de l'Etat. Mais les associations moins connues du grand public que nous aidons et avec qui nous travaillons en réseau nous ont confirmé cette baisse de subventions l'année dernière. Selon nos calculs, nous l'estimons à 15 % de moins. Et pour 2011, nous attendons une baisse similaire. L'attitude du ministère de la Santé est complétement paradoxale, d'un côté on nous explique ce grand projet et d'un autre côté on apprend qu'il n'y aura pas plus d'argent. Le gouvernement évoque pour raisons la crise économique ou alors des changements de ministres qui ne partagent plus les mêmes engagements que les anciens...Leurs priorités devraient être de ne pas faire de coupes bugétaires dans l'éducation et la santé.

    F.S. Il paraît qu'il est de plus en plus difficile de trouver des traitements de trithérapie dans les pharmacies françaises. Est-ce vrai ?
    B.A. Oui, malheureusement certaines officines ne vendent plus de trithérapie car le traitement coûte trop cher et ont peur de ne pas écouler leurs stocks. Cependant ceci n'est pas un phénomène de masse même si c'est un signe très inquiétant pour nous. Et nous avons tiré la sonnette d'alarme au ministère de la Santé. Il est de son ressort de s'occuper de l'approvisionnement des traitements en France.

    Pour faire un don composer le 110 ou se rendre sur www.sidaction.org

    Par Stéphanie Villeroy 


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  • Ecole: "Combattre les suppressions de poste est un enjeu de société"

     

    Portail de l'action des Elus et de la vie citoyenne

    Cette semaine, les académies ont mis en œuvre la suppression de milliers de postes dans les écoles primaires alors que le nombre d’élèves augmente partout. Enfants, parents, professeur des écoles se mobilisent partout dans le pays pendant que les comités techniques paritaires entérinent, cette semaine, cette lamentable opération (Lutte des classes, témoignez ici!).

    Après la Seine-Saint-Denis, jeudi, des actions multiformes ont lieu dans le Val-de-Marne ce vendredi et dans des dizaines de départements. Sébastien Sirh, secrétaire national du Snuipp-FSU revient sur cette réaction citoyenne et salutaire.

    Comment les écoles primaires sont-elles impactées par les 16 000 suppressions de postes au sein de l’Education nationale? 

    Sébastien Sirh. 8967 postes sont supprimées dans l’école primaire. Différents leviers sont utilisés : dans certains départements, la scolarisation des élèves de moins de trois ans est remise en cause, dans d’autres, on diminue le nombre d’enseignants Rased, qui aident les enfants en difficulté. Ailleurs, les seuils d’ouverture sont relevés, des conseillers pédagogiques et des maitres formateurs sont enlevés. Enfin, le nombre de remplaçants est diminué, comme dans l’Orne.

    Qui sont les plus touchés?

    Sébastien Sirh. Aujourd’hui, ce sont principalement les postes Rased qui font les frais des suppressions de postes. Il s’agit d’un retour en arrière catastrophique. Xavier Darcos, quand il était ministre de l’Education nationale, projetait d’en supprimer 3000. A force de mobilisation, nous avions réussi à en sauver 1500 à l’époque. L’autre tendance forte, c’est de jouer sur le relèvement des seuils d’ouverture. L’académie calcule la moyenne des élèves par classe dans une école, souvent autour de 28, et, dès que ce seuil est dépassé, ouvre une classe supplémentaire. Or, dans certains endroits, ce chiffre a été relevé à 29 élèves pour ne pas procéder à une ouverture de classe. En Haute-Garonne, ils sont allés jusqu’à 32 ! Mécaniquement, cela entraînera plus d’élèves par classe.

    Avez-vous des retours sur cette mobilisation?

    Sébastien Sirh. Il est difficile d’en faire déjà un bilan. Seule certitude, une mobilisation est en train de se construire, entre les enseignants qui sont en première ligne, les élus, et les parents d’élèves qui commencent à réaliser les effets dévastateurs d’une telle politique. Les actions menées composent une mosaïque très large. Les commissions entérinant les suppressions de postes sont boycottées, quand elles ne se tiennent pas avec le bruit de manifestations. Des opérations écoles fermées sont menées dans le Val-de-Marne aujourd’hui. Des appels à la grève ont aussi été lancés. Nous allons continuer ce mouvement unitaire, le plus large possible. Dans les prochains jours, un collectif des 25 organisations va se réunir pour préparer la suite.

    Comment analysez-vous la participation des parents d’élèves?

    Sébastien Sirh. C’est très important. Il est normal que l’ensemble de la communauté éducative se mobilise aujourd’hui pour éviter que les conditions d’apprentissage ne se dégradent, et pour se battre pour un « mieux d’école ». Il s’agit d’un enjeu de société. Les enquêtes internationales comme Pisa ont montré qu’en France l’école primaire était sous dotée en France. Il faut qu’elle revienne l’une des priorités de notre système éducatif, car elle est la première étape de la réussite des élèves. 15 % à 20 % des élèves sont en difficulté dès qu’ils entrent au collège. Répondre à l’inégalité scolaire est la première des urgences. En Seine-Saint-Denis, 0.8 % des enfants de moins de trois ans sont scolarisés, contre 15 % dans le reste de l’Hexagone. La scolarisation précoce est pourtant la meilleure aide aux élèves vivant dans des zones d’éducation prioritaire. Un cri d’alerte est aussi lancé pour interpeller le gouvernement sur le non-remplacement d’un enseignant sur deux partants à la retraite. Georges Tron, ministre de la Fonction publique, a déclaré hier matin que cette règle intangible devait arrêter en 2012. Nous, nous disons que ce dogme doit prendre fin dès maintenant. Nous allons dans le mur si nous continuons cette logique aveugle et dévastatrice.

    • A lire:

    Profs non-remplacés, le "93" se mobilise

    Des parents d'élèves et enseignants de Seine-Saint-Denis étaient mobilisés jeudi pour dénoncer le manque de moyens, s'estimant victimes de "discrimination territoriale" notamment pour le non-remplacement de professeurs.

    "Il y a de vrais dysfonctionnements. Sur les 15 derniers jours, mon fils qui est en CP a raté quatre jours d'école à cause des non-remplacements, a déclaré Cécile Flament, mère de deux enfants scolarisés à Saint-Denis. "Les investissements ne sont pas du tout à la hauteur des besoins", a-t-elle ajouté. "On a l'impression que dans le 93, on n'a pas les mêmes chances de réussite, a estimé Nour Chakhchoukh, élève de terminale à Saint-Denis. On pense à nos petits frères et soeurs, on est inquiets pour le devenir de leur éducation". Lire la suite...

    • A lire aussi:

    Les infirmières scolaires défilent

    À l’appel de leurs deux principaux syndicats (Snics-FSU et Snies- Unsa), près de 1 500 infirmières scolaires ont manifesté hier à Paris, entre le carrefour de l’Odéon et le ministère de l’Éducation nationale, pour demander une revalorisation statutaire et salariale. Lire la suite...

    • A lire enfin:

    La commune fait de la publicité pour sauver son école

    «Et si ce n’était plus qu’une carte postale ? » Le cliché représente un élève de dos, faisant face à un bâtiment, avec un triangle sur le cartable. C’est l’image qu’a diffusée par un encart publicitaire dans le journal régional l’Est Républicain la commune pour tenter de sauver son école. La légende de l’Est Républicain est explicite : « Chapelle-des-Bois : 464 habitants, 23 élèves, 1 école ». Lire la suite...

    Entretien réalisé par Pierre Duquesne


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  • Portail de l'action des Elus et de la vie citoyenne

    Il y a quelques jours, j’ai reçu en cadeau un petit livre magnifique. Et je tiens d’abord à dire merci. Un grand, un énooooorme merci à celui qui me l’a offert. Quels moments de pur bonheur je vis grâce à celui, qui, au moment de nous séparer, m’a glissé dans la main ce petit bijou. Un bijou oui, une perle littéraire, en forme de petit dictionnaire, intitulé "La femme d’affaires de A à Z". On se dit à la lecture du sous-titre (Promouvoir la présence des femmes dans les conseils d’administration et les hauts lieux de décision), qu’on trouvera dans ces pages, quelques adresses et conseils utiles pour ces dames en quête de pouvoir ou pour celles qui, discriminées parce qu’elles sont femmes, n’arrivent pas à progresser dans leur carrière et souhaitent faire prévaloir leurs droits.

    Que nenni les copines !!! Accrochez-vous les filles, ça déménage !!!

    J’ouvre au hasard et je découvre que ce livre, sur un mode abécédaire, définit les Qualités et la Nature de Lafâme (pardon d’avance Mademoiselle, si j’emprunte ce mot à ton vocabulaire). Intriguée, je pioche au hasard des lettres de l’alphabet.

    La pioche est bonne. Lettre T. Mon œil est d’abord attiré par la photo. Tout le monde sait ça, les images ça compte pour convaincre Lafâme. Je découvre une belle Lafâme, la cinquantaine épanouie, le corps moulé dans une robe-fourreau couleur …. canapé…

    Oui, vous avez bien lu et moi j’ai bien vu. Je vérifie quand même que mes lunettes sont bien posées sur mon nez. Cette Lafâme est assortie au canapé sur lequel elle a une fesse posée. Je pense alors être à la lettre O ou P (je vous laisse deviner les filles …), mais non, c’est bien la lettre T.

    Cette Lafâme là a tout compris de la vie. Elle doit d’abord et avant tout, pour être crédible, faire preuve de son bon goût. Elle ne doit pas dépareiller. Au contraire elle doit se fondre dans le décor si elle veut s’intégrer au sein de l’équipe de direction de son entreprise.

    Après cette belle leçon esthétique, je me concentre sur cette fameuse lettre T et je lis : TEMPS.
    Aïe, ça commence mal. Vu les rapports tumultueux que j’entretiens avec le temps qui passe, je me dis déjà que je ne serai jamais une vraie Lafâme.

    Je cite : « Sa vie familiale, sa vie de mère, sa vie de femme, sa vie professionnelle. Elle doit gérer le stress de l’enfant fiévreux juste avant son départ au travail, l’intendance de la maison, les rendez-vous et les vacances scolaires, son apparence physique, sa disponibilité (sortir, recevoir, sourire, ne pas faire la gueule, faire l’amour) envers son époux ».

    Et ben dis donc !!!! Quelle Lafâme !!! Faire tout ça tous les jours et vouloir en plus être une bonne Lafâme d’affaires, elle est gonflée non ? Comment elle fait pour avoir une mine aussi lumineuse et réjouie la Lafâme couleur canapé, après une journée pareille ? Surtout, comment elle fait pour ne pas faire la gueule à son mec et faire l’amour avec lui tous les jours. Sérieusement j’y crois pas.

    Moi, un mec qui me laisserait faire tout ce qu’accomplit cette Lafâme avec tant de dévouement et d’abnégation, sans bouger ses fesses pour me donner un coup de main avec les gosses, les courses et le ménage, c’est soupe à la grimace assurée et grève du sexe illimitée !!! Ceinture, quedalle, débrouille toi tout seul, mon gars, t’es pas manchot !!!
    Bon, mais moi c’est vrai que je ne suis pas une vraie Lafâme. J’ai pas envie de ressembler à mon canapé ni mourir étouffée dans une robe taille 34. Et puis franchement, les conseils d’administration c’est pas mon truc. Dans ma petite boîte j’y participe, comme syndicaliste et j’y ouvre ma gueule pour les salaires, les conditions de travail et les horaires. Rien que pour ça, je me rends compte que je ne suis pas une Lafâme d’affaires et ne le serai jamais. Sur ce, je vais m’atteler à méditer sur chaque lettre de l’alphabet de Lafâme.

    Le site de Lafâme d’affaires :
    http://www.actiondefemme.fr/Nos-etudes—nos-actions-Nos-ouvrages-LA-FEMME-D-AFFAIRES-de-A-a-Z-327.html

    De : s@brina
    vendredi 1er avril 2011

    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article115673 


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  • B — Le capitalisme monopoliste ou impérialisme

    Chapitre 18 — L’impérialisme, stade suprême du capitalisme — La loi économique fondamentale du capitalisme monopoliste

    18.1. Le passage à l’impérialisme.

    Le capitalisme prémonopoliste avec la domination de la libre concurrence a atteint le point culminant de son développement vers les années 1860-1870. Au cours du dernier tiers du 19e siècle s’est opéré le passage du capitalisme prémonopoliste au capitalisme monopoliste. À la fin du 19e et au début du 20e siècle, le capitalisme monopoliste s’est définitivement constitué.

    Le capitalisme monopoliste ou impérialisme est le stade suprême et ultime du capitalisme, dont le trait distinctif essentiel est que la libre concurrence fait place à la domination des monopoles.

    Le passage du capitalisme prémonopoliste au capitalisme monopoliste — à l’impérialisme — a été préparé par tout le processus de développement des forces productives et des rapports de production de la société bourgeoise.

    Le dernier tiers du 19e siècle a été marqué par de grandes transformations techniques, le progrès de l’industrie et sa concentration. Dans la métallurgie se sont répandues largement de nouvelles méthodes de production de l’acier (procédés Bessemer, Thomas, Martin). La diffusion rapide des nouveaux types de moteurs — moteurs à combustion interne, turbines à vapeur, moteurs électriques — a accéléré le développement de l’industrie et des transports. Les acquisitions de la science et de la technique ont permis de produire l’énergie électrique en grande quantité dans des centrales thermiques, puis dans des centrales hydroélectriques de grande puissance. L’utilisation de l’énergie électrique a amené la création d’une série de nouvelles branches de l’industrie chimique et de la métallurgie. L’emploi des procédés chimiques s’est étendu dans de nombreuses branches et processus de production. Le perfectionnement des moteurs à combustion interne a contribué à l’apparition et à l’extension des transports automobiles, et ensuite de l’aviation.

    Vers le milieu du 19e siècle, l’industrie légère tient encore une place prédominante dans l’industrie des pays capitalistes. De nombreuses entreprises d’importance relativement faible appartenaient à des propriétaires individuels, la part des sociétés par actions était relativement peu importante. La crise économique de 1873 a frappé à mort beaucoup de ces entreprises et donne une impulsion vigoureuse à la concentration et à la centralisation du capital. Le rôle primordial dans l’industrie des principaux pays capitalistes passa alors à l’industrie lourde, avant tout à la métallurgie et aux constructions mécaniques, de même qu’à l’industrie minière extractive, dont le développement nécessitait d’immenses capitaux. La grande extension des sociétés par actions a augmenté encore la centralisation du capital.

    Le volume de la production industrielle mondiale a triplé de 1870 à 1900. La production mondiale de l’acier est passée de 0,5 million de tonnes en 1870 à 28 millions de tonnes en 1900, et la production mondiale de fonte de 12,2 millions de tonnes à 40,7 millions. Le développement de la production d’énergie, de la métallurgie et de la chimie a déterminé l’augmentation de l’extraction mondiale de charbon (de 218 millions de tonnes en 1870 à 769 millions de tonnes en 1900) et du pétrole (de 0,8 million de tonnes à 20 millions de tonnes). Le progrès de la production industrielle était étroitement lié au développement des transports ferroviaires. En 1835, dix ans après la construction de la première voie ferrée, il y avait dans le monde entier 2 400 kilomètres de voies ferrées ; en 1870, on en comptait plus de 200 000 et en 1900, 790 000. De grands navires propulsés par des machines à vapeur et des moteurs à combustion interne furent mis en service sur les voies maritimes.

    Au cours du 19e siècle, le mode de production capitaliste s’est rapidement étendu à tout le globe. Vers 1870, le plus vieux pays bourgeois — l’Angleterre — produisait encore plus de tissus, de fonte et de charbon que les États-Unis d’Amérique, l’Allemagne, la France, l’Italie, la Russie et le Japon réunis. C’est l’Angleterre qui se classait première dans la production industrielle mondiale et détenait un monopole absolu sur le marché mondial. À la fin du 19e siècle, la situation change radicalement. Les pays capitalistes neufs ont leur grande industrie. Cela a fait perdre à l’Angleterre la primauté industrielle et sa situation de monopole sur le marché mondial. Pour le volume de la production industrielle, les États-Unis tiennent le premier rang dans le monde, et l’Allemagne en Europe. La Russie a avancé rapidement sur la voie du développement industriel malgré les obstacles dressés par les nombreuses survivances du servage dans le régime économique et social du pays et par le régime tsariste totalement pourri.

    Au fur et à mesure que l’on passe à l’impérialisme, les contradictions entre les forces productives et les rapports de production du capitalisme prennent des formes de plus en plus aiguës. La subordination de la production à la course des capitalistes au profit maximum dresse de nombreuses barrières sur le chemin du développement des forces productives. Les crises économiques de surproduction deviennent plus fréquentes, leur force destructrice augmente, l’armée des chômeurs grandit. Avec l’accroissement de la misère et du dénuement des masses travailleuses des villes et des campagnes, la richesse, accumulée entre les mains d’une poignée d’exploiteurs, augmente comme jamais auparavant. L’aggravation des contradictions de classes inconciliables entre la bourgeoisie et le prolétariat aboutit au renforcement de la lutte économique et politique de la classe ouvrière.

    Lors du passage à l’impérialisme, les plus grandes puissances capitalistes se sont emparées, par la violence et la duperie, de vastes possessions coloniales. Les cercles dirigeants des pays capitalistes développés ont transformé la majorité de la population du globe en esclaves coloniaux, qui haïssent leurs oppresseurs et se dressent pour lutter contre eux. Les conquêtes coloniales ont élargi considérablement le champ de l’exploitation capitaliste ; en même temps le degré d’exploitation des masses laborieuses ne cesse d’augmenter. L’aggravation extrême des contradictions du capitalisme trouve son expression dans les guerres impérialistes dévastatrices, qui emportent des multitudes de vies humaines et détruisent d’immenses richesses matérielles.

    Le mérite historique de l’analyse marxiste de l’impérialisme, comme stade suprême et ultime du développement du capitalisme et comme prélude à la révolution socialiste du prolétariat, appartient à Lénine. Dans son ouvrage classique L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme et dans plusieurs autres écrits datant surtout des années de la première guerre mondiale, Lénine a fait le point du développement du capitalisme mondial au cours du demi-siècle écoulé depuis la parution du Capital de Marx. S’appuyant sur les lois découvertes par Marx et Engels sur la naissance, le développement et la décadence du capitalisme, Lénine a fait une analyse scientifique exhaustive de la nature économique et politique de l’impérialisme, de ses lois et de ses contradictions insolubles.

    Suivant la définition classique de Lénine les caractères économiques fondamentaux de l’impérialisme sont :

    1) concentration de la production et du capital parvenue à un degré de développement si élevé qu’elle a créé les monopoles, dont le rôle est décisif dans la vie économique ;

    2) fusion du capital bancaire et du capital industriel, et création, sur la base de ce «capital financier», d’une oligarchie financière ;

    3) l’exportation des capitaux, à la différence de l’exportation des marchandises, prend une importance toute particulière ;

    4) formation d’unions internationales monopolistes de capitalistes se partageant le monde,

    et 5) fin du partage territorial du globe entre les plus grandes puissances capitalistes.

    V. Lénine, « L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme », Œuvres, t. 22, p. 287.

    18.2. La concentration de la production et les monopoles. Les monopoles et la concurrence.

    La libre concurrence qui régnait au stade prémonopoliste du capitalisme avait déterminé un processus rapide de concentration de la production dans des entreprises de plus en plus grandes. L’action de la loi de la concentration et de la centralisation du capital a amené infailliblement la victoire des grandes et des très grandes entreprises, à côté desquelles les entreprises petites et moyennes jouent un rôle de plus en plus subalterne. À son tour la concentration de la production a préparé le passage du règne de la libre concurrence à la domination des monopoles, qui anéantissent la liberté de la concurrence et en même temps rendent la lutte pour la concurrence dans le monde capitaliste particulièrement acharnée et dévastatrice.

    En Allemagne, les entreprises occupant plus de 50 travailleurs groupaient, en 1882, 22 % de la totalité des ouvriers et des employés ; en 1895, 30 % ; en 1907, 37 % ; en 1925, 47,2 % et en 1939, 49,9 %. La part des très grandes entreprises (occupant plus de 1 000 travailleurs) dans l’ensemble de l’industrie est passée de 1907 à 1925, pour le nombre des ouvriers occupés, de 9,6 à 13,3 %, pour la puissance des moteurs, de 32 à 41,1 %. En 1952, en Allemagne Occidentale, dans les entreprises employant 50 ouvriers et plus étaient concentrés 84,6 % de l’ensemble des ouvriers et employés, et dans les plus grandes entreprises (employant 1 000 ouvriers et plus) 34,1 %.

    Aux États-Unis d’Amérique, en 1904, les plus grandes entreprises dont la production dépasse un million de dollars représentaient 0,9 % du nombre total des entreprises ; ces entreprises occupaient 25,6 % de l’ensemble des ouvriers, et elles fournissaient 38 % de la production globale de l’industrie. En 1909, les plus grandes entreprises, représentant 1,1 % de la totalité des entreprises, comptaient 30,5 % de tous les ouvriers occupés et fournissaient 43,8 % de la production globale. En 1939, les plus grandes entreprises, formant 5,2 % de la totalité des entreprises, concentraient 55 % de tous les ouvriers occupés et 67,5 % de la production globale de l’industrie. Un groupe encore plus restreint de sociétés industrielles géantes, au capital de plus de 100 millions de dollars chacune, produisait en 1954 47 % de la production industrielle totale et obtenait 63 % de la masse générale des profits.

    En France, en 1952, plus de 48 % des salaires étaient payés par de grandes entreprises qui ne représentaient que 0,5 % du nombre total des entreprises.

    L’industrie de la Russie se distinguait par un haut degré de concentration. En 1879, les grandes entreprises (occupant plus de 100 ouvriers ; formaient 4,4 % de toutes les entreprises et concentraient 54,8 % de la production totale. En 1903, les grandes entreprises concentraient déjà 76,6 £ ; des ouvriers industriels et fournissaient la plus grande partie de la production industrielle.

    La concentration de la production est plus rapide dans l’industrie lourde et dans les nouvelles branches d’industrie (produits chimiques, électrotechnique, automobile, etc.) ; elle est plus lente dans l’industrie légère qui, dans tous les pays capitalistes, compte de nombreuses entreprises petites et moyennes.

    Une des formes de la concentration de la production est la forme combinée, c’est-à-dire la réunion dans une seule entreprise de plusieurs branches de la production, qui ou bien constituent des stades successifs de la transformation de la matière brute (par exemple, les combinats métallurgiques comprenant l’extraction des minerais, la coulée de la fonte et de l’acier, le laminage), ou bien jouent un rôle auxiliaire les unes par rapport aux autres (par exemple, l’utilisationdes déchets de la production). La forme combinée donne aux grandes entreprises un avantage encore plus important dans la concurrence.

    À un certain degré de son développement, la concentration de la production conduit tout droit au monopole. Il est plus facile à quelques dizaines d’entreprises géantes de parvenir à un accord entre elles qu’à des centaines et des milliers de petites entreprises. D’autre part, dans la lutte pour la concurrence entre les plus grandes entreprises, celles qui l’emportent sont les entreprises géantes qui disposent de masses énormes de profit, et c’est le monopole qui assure le profit élevé. Ainsi, la libre concurrence fait place au monopole. C’est l’essence économique de l’impérialisme. La formation du monopole qu’entraîne la concentration de la production est une loi au stade actuel du développement du capitalisme.

    Le monopole est une entente ou une union de capitalistes qui concentrent entre leurs mains la production et l’écoulement d’une partie considérable de la production d’une ou de plusieurs branches d’industrie, en vue de fixer des prix élevés sur les marchandises et de s’attribuer un profit élevé de monopole. Les monopoles peuvent être constitués parfois par certaines très grandes firmes particulières qui occupent une position dominante dans une branche particulière de la production.

    Les accords à court terme sur les prix de vente sont les formes les plus simples du monopole. Ils ont des appellations différentes : conventions, corners, rings, etc. Les formes plus développées du monopole sont les cartels, les syndicats, les trusts et les consortiums. Le cartel est une union monopoliste dont les membres se concertent sur les conditions de vente, les délais de paiement, se partagent les débouchés, déterminent la quantité de marchandises à produire, fixent les prix. La quantité de marchandises que chacun des participants d’un cartel est eu droit de produire et de vendre, s’appelle la quote-part ; en cas de non-observation de la quote-part, une amende est versée à la caisse du cartel. Le syndicat est une organisation monopoliste dans laquelle la vente des marchandises, et parfois aussi l’achat des matières premières s’effectuent par un comptoir commun. Le trust est un monopole dans lequel la propriété de toutes les entreprises est réunie, et leurs propriétaires sont devenus des actionnaires percevant un dividende au prorata du nombre des parts ou des actions qui leur appartiennent. À la tête du trust, se trouve un conseil d’administration qui dirige l’ensemble de la production, l’écoulement des articles fabriqués et les finances des entreprises antérieurement indépendantes. Les trusts font souvent partie de groupements plus vastes, dits consortiums. Le consortium groupe plusieurs entreprises de diverses branches d’industrie. des firmes commerciales, des banques, des compagnies de transports et d’assurances, sur la base d’une dépendance financière commune par rapport à un groupe déterminé de gros capitalistes.

    Les monopoles occupent les postes de commande de l’économie des pays capitalistes. Ils englobent l’industrie lourde, ainsi que de nombreuses branches de l’industrie légère, les transports par fer et par eau, les assurances, le commerce intérieur et extérieur, les banques ; ils exercent leur domination sur l’agriculture.

    Dans la sidérurgie des États-Unis d’Amérique dominent huit monopoles sous le contrôle desquels, en 1963, se trouvaient 83 % du potentiel de production d’acier du pays ; les deux plus puissants d’entre eux, la U.S. Steel Corporation et la Bethleem Steel Corporation disposaient de 49 % de tout le potentiel de production. Le monopole le plus ancien des États-Unis est la Standard Oil. Dans l’industrie automobile trois firmes jouent un rôle déterminant : la General Motors, Ford et Chrysler. Dans l’industrie électrotechnique le rôle dominant appartient à deux firmes : la General Electric et Westinghouse. L’industrie chimique est contrôlée par le consortium Dupont de Nemours, l’industrie de l’aluminium par le consortium Mellon.

    En Angleterre, le rôle des groupements monopolistes a particulièrement grandi après la première guerre mondiale, où des cartels firent leur apparition dans l’industrie du textile et celle du charbon, dans la sidérurgie et dans une série de nouvelles branches d’industrie. Le trust Impérial chemical Industries contrôle près des 9/10e des produits chimiques essentiels, près des 2/5e de la production des colorants et presque toute la production de l’azote du pays. Il est étroitement lié aux principales branches de l’industrie anglaise et, notamment, aux consortiums militaires.

    En Allemagne, les cartels sont largement répandus depuis la fin du siècle dernier. Dans l’entre-deux-guerres, l’économie du pays est dominée par le trust de l’acier (Vereinigte Stahlwerke) qui occupe près de 200 000 ouvriers et employés, le trust des produits chimiques (Interessen-Gemein-schaft Farbenindustrie) avec 100 000 ouvriers et employés, les monopoles de l’industrie houillère, le consortium des canons Krupp, les consortiums électrotechniques, la Société générale d’électricité (A.E.G.) et Siemens. En Allemagne Occidentale, les grandes compagnies par actions (au capital de plus de 10 millions de marks) possédaient en 1952 74 % de la totalité du capital des compagnies par actions. En 1955, elles totalisaient 80 % de ce capital. Dans l’industrie minière, les grandes entreprises possèdent 90 % du capital par actions, 81 % dans la sidérurgie, 99 % dans l’industrie du pétrole. Les capitaux des trois compagnies qui ont hérité de l’I.G. Farbenindustrie sont trois fois plus élevés que ceux de toutes les autres compagnies chimiques de l’Allemagne Occidentale. Dans l’industrie électrotechnique, huit grandes compagnies possèdent 82 % du capital par actions. Les deux plus importantes, la Société générale d’électricité (A.E.G.) et Siemens, avec les firmes qu’elles contrôlent, détiennent 75 % du capital par actions de l’industrie chimique.

    En France, à l’heure actuelle, la totalité de la production d’aluminium est concentrée dans les mains d’un seul groupe. Une seule firme contrôle 80 % de la production des colorants. Deux sociétés possèdent 75 % des chantiers navals. Trois sociétés contrôlent 72 % de l’industrie des ciments ; trois autres 90 % des pneumatiques ; trois autres 65 % de l’industrie du sucre. 96 % de la production des automobiles sont concentrés entre les entreprises de quatre sociétés. Cinq grandes sociétés détiennent 70 à 75 % de la production de l’acier ; cinq autres 90 % de l’industrie du raffinage du pétrole ; cinq autres 50 % de l’industrie cotonnière.

    En Italie, au Japon et môme dans de petits pays tels que la Belgique, la Suède, la Suisse, les organisations monopolistes occupent les postes de commande de l’industrie.

    En Russie, avant la Révolution, les grands monopoles englobèrent tout d’abord les branches maîtresses de l’industrie lourde. Le syndicat Prodamet (groupement pour la vente de la production des entreprises métallurgiques), formé en 1902, dirigeait l’écoulement de plus des 4/5e des métaux ferreux. En 1904 a été fondé le syndicat Prodwagon, qui monopolisait presque entièrement la fabrication et la vente des wagons. Un syndicat analogue groupait les usines de construction de locomotives. Le syndicat Prodougol, créé en 1904 par les plus grandes entreprises houillères du bassin du Donetz, qui appartenaient au capital franco-belge, contrôlait les trois quarts de toutes les extractions de charbon de ce bassin.

    Les économistes bourgeois, désireux de présenter le capitalisme actuel sous un jour favorable, prétendent que l’extension des monopoles aboutit à guérir le régime bourgeois de maux tels que la concurrence, l’anarchie de la production, les crises. En réalité, l’impérialisme est non seulement impuissant à supprimer la concurrence, l’anarchie de la production et les crises, mais il aggrave encore davantage toutes les contradictions du capitalisme.

    Lénine disait que l’impérialisme ne peut réformer le capitalisme de fond en comble. Malgré le rôle dominant des monopoles, il subsiste de nombreuses entreprises moyennes et petites, ainsi qu’une masse de petits producteurs, paysans et artisans, dans tous les pays capitalistes. Le monopole, qui se crée dans une série de branches de l’industrie, accentue le chaos propre à l’ensemble de l’économie capitaliste.

    […] les monopoles n’éliminent pas la libre concurrence dont ils sont issus ; ils existent au-dessus et à côté d’elle, engendrant ainsi des contradictions, des frictions, des conflits particulièrement aigus et violents.

    V. Lénine, « L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme », Œuvres, t. 22, p. 286-287.

    Premièrement, la concurrence subsiste à l’intérieur des monopoles. Les membres des syndicats et des cartels luttent entre eux pour des débouchés plus avantageux, pour une plus grande quote-part dans la production et la vente. Dans les trusts et les consortiums, la lutte se poursuit pour les postes de direction, pour le contrôle de l’affaire, pour la répartition des profits.

    Deuxièmement, la concurrence a lieu entre les monopoles : tant entre les monopoles d’une même branche d’industrie qu’entre ceux des différentes branches qui s’approvisionnent en marchandises les unes les autres (par exemple, les trusts de l’acier et de l’automobile) ou qui produisent des marchandises susceptibles de se remplacer les unes les autres (charbon, pétrole, énergie électrique). Étant donné la capacité restreinte du marché intérieur, les monopoles produisant les objets de consommation, se font une guerre à outrance pour l’écoulement de leurs marchandises.

    Troisièmement, la concurrence a lieu entre les monopoles et les entreprises non monopolisées. Les branches d’industrie monopolisées se trouvent dans une situation privilégiée par rapport aux autres branches. Les monopoles prennent toutes mesures utiles pour étouffer les entreprises « en marge », les « outsiders », qui ne font pas partie des groupements monopolistes.

    La domination des monopoles confère à la concurrence un caractère particulièrement destructeur et rapace. Les monopoles pour étouffer l’adversaire mettent en jeu tous les procédés possibles de violence directe, de corruption et de chantage ; ils recourent aux machinations financières les plus compliquées et utilisent largement l’appareil d’État.

    La domination des monopoles entraîne une socialisation plus poussée de la production. Mais les fruits de cette socialisation reviennent à un petit nombre de monopoles, dont le joug sur le reste de la population devient particulièrement lourd. C’est ’aggravation continue de la contradiction fondamentale du capitalisme — celle qui existe entre le caractère social de la production et la forme privée de l’appropriation capitaliste ; aussi les crises deviennent-elles encore plus dévastatrices.

    18.3. La concentration et les monopoles dans les banques. Le nouveau rôle des banques.

    On ne saurait avoir une idée suffisamment complète de la puissance et de l’importance réelles des monopoles actuels, si l’on ne tient pas compte du rôle que jouent les banques. Là, de même que dans l’industrie, il y a concentration du capital et passage de la libre concurrence au monopole.

    Au début, les banques servaient principalement d’intermédiaire dans les paiements. Avec le développement du capitalisme, s’accroît l’activité des banques en tant que marchands de capitaux. L’accumulation du capital et la concentration de la production dans l’industrie ont amené la concentration dans les banques d’énormes fonds disponibles qui cherchent un emploi lucratif. La part des grandes banques dans la masse globale des chiffres d’affaires bancaires n’a cessé de croître.

    Dans le système bancaire, de même que dans l’industrie, la concentration conduit au monopole. Les plus grandes banques, en accaparant les actions, en consentant des crédits, etc. mettent la main sur les petites. Détenant une situation de monopole, les grosses banques passent entre elles des accords pour le partage des zones d’influence. Il se crée des unions monopolistes de banques. Chacune de ces unions contrôle des dizaines et parfois des centaines de banques moins importantes qui deviennent, de fait, leurs filiales. Un réseau serré de succursales permet aux grandes banques de réunir dans leurs caisses les fonds d’un grand nombre d’entreprises. Presque tout le capital-argent de la classe capitaliste et les épargnes des autres couches de la population sont à la disposition de petits groupes de brasseurs d’affaires des banques.

    Au cours des trente-trois années qui précédèrent la première guerre mondiale (1880-1913), le seul accroissement des dépôts dans les systèmes bancaires des quatre plus grands États capitalistes — États-Unis d’Amérique, Allemagne, Angleterre et France — a atteint 127 milliards de marks. Depuis, l’accroissement des dépôts a été encore plus rapide ; dans une période deux fois plus courte — de 1913 à 1928 — les dépôts dans ces pays se sont accrus de 183 milliards de marks.

    Aux États-Unis, la part des 20 plus grandes banques était en 1900, de 15 % ; en 1929, de 19 % ; en 1939, de 27 % et en 1952 de 29 % de la totalité des dépôts dans toutes les banques des États-Unis. Le nombre total des banques commerciales aux États-Unis est passé de 30 100 en 1920 à 14 400 a la fin de 1954. En Angleterre, la somme des bilans des cinq plus grandes banques était en 1900, de 28 % ; en 1916, de 37 % ; en 1929, de 73 % et en 1952, de 79 % de la somme globale des bilans de toutes les banques de dépôt britanniques. En France, la part de six banques de dépôt, en 1952, était de 66 % de la somme globale des dépôts dans toutes les banques françaises. En Allemagne, à la veille de la première guerre mondiale, les grandes banques de Berlin concentraient près de la moitié des dépôts existant dans toutes les banques allemandes ; en 1929-1932, les deux tiers.

    La concentration de l’industrie et la constitution des monopoles bancaires amènent une modification radicale des rapports entre les banques et l’industrie. Avec l’agrandissement des entreprises, une importance sans cesse accrue s’attache aux gros crédits à long terme que les banques consentent aux capitalistes industriels. L’accroissement de la masse des dépôts dont disposent les banques ouvre de larges possibilités pour le placement à long terme des fonds bancaires dans l’industrie.

    La forme la plus répandue de l’investissement des fonds bancaires dans l’industrie est l’achat d’actions de telles ou telles entreprises. Les banques contribuent à la formation d’entreprises par actions en se chargeant de la réorganisation des entreprises capitalistes isolées en sociétés par actions, ainsi que de la création de nouvelles sociétés par actions. La vente et l’achat des actions se font de plus en plus par l’intermédiaire des banques.

    Les intérêts des banques et des entreprises industrielles s’entremêlent de plus en plus étroitement. Lorsqu’une banque consent des avances à plusieurs grandes entreprises d’une branche d’industrie donnée, elle a intérêt à une entente monopoliste entre elles et elle y contribue. C’est ainsi que les banques renforcent et accélèrent le processus de concentration du capital et la formation des monopoles.

    La transformation des banques, de modestes intermédiaires en une poignée de monopoles tout-puissants, constitue l’un des processus fondamentaux de la transformation du capitalisme de l’époque de la libre concurrence en capitalisme monopoliste.

    18.4. Le capital financier et l’oligarchie financière.

    Lorsque les banques deviennent copropriétaires d’entreprises industrielles, commerciales et de transport, en achetant leurs actions et obligations, et que les monopoles industriels possèdent, de leur côté, des actions des banques qui sont liées aux entreprises en question, cette interpénétration de capitaux bancaires monopolistes et de capitaux industriels monopolistes donne naissance à une nouvelle forme de capital, le capital financier. Le capital financier est le capital fusionné des monopoles bancaires et industriels. L’époque de l’impérialisme est celle du capital financier.

    Définissant le capital financier, Lénine en a souligné trois aspects importants :

    Concentration de la production avec, comme conséquence, les monopoles ; fusion ou interpénétration des banques et de l’industrie, voilà l’histoire de la formation du capital financier et le contenu de cette notion.

    V. Lénine, « L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme », Œuvres, t. 22, p. 245.

    La fusion du capital bancaire et du capital industriel apparaît nettement dans l’union personnelle des dirigeants des monopoles bancaires et industriels. Les mêmes personnes sont à la tête des plus grands groupements monopolistes du système bancaire, de l’industrie, du commerce et des autres branches de l’économie capitaliste.

    En Allemagne, à la veille de la première guerre mondiale, les six plus grandes banques berlinoises avaient leurs représentants aux postes de directeurs dans 344 entreprises industrielles et comme membres des conseils d’administration, dans 407 autres entreprises, au total 751 sociétés. D’autre part, faisaient partie des organismes de direction de ces six banques, 51 gros industriels. Plus tard, cette union personnelle a pris un développement encore plus grand. En 1932, faisaient partie des organismes de direction des trois principales banques de Berlin 70 grands représentants de l’industrie. Aux États-Unis, en 1950, un petit groupe comptant 400 industriels et banquiers occupait un tiers des 3 705 postes de directeurs dans les 250 plus grandes sociétés par actions, qui possédaient 42 % de tous les capitaux du pays.

    Dans chaque pays capitaliste, des groupes peu nombreux de grands banquiers et d’industriels monopolistes détiennent toutes les branches vitales de l’économie, disposant à leur gré de l’immense masse des richesses sociales. L’activité des monopoles capitalistes devient inéluctablement la domination d’une oligarchie financière (le mot oligarchie signifie littéralement « domination d’un petit nombre »). L’impérialisme est caractérisé par la toute-puissance des trusts et des syndicats monopolistes, des banques et de l’oligarchie financière dans les pays capitalistes développés.

    La domination de l’oligarchie financière dans le domaine économique s’exerce tout d’abord par ce qu’on appelle le « système de participation ». Il consiste en ce qu’un grand financier ou un groupe de brasseurs d’affaires a en main la principale société par actions (la « société-mère » ), qui est à la tête du consortium ; cette société, grâce aux actions qu’elle possède (participation de contrôle), exerce à son tour sa domination sur les « sociétés filiales » qui en dépendent ; celles-ci font la loi à leur tour dans leurs « sociétés-filiales », etc. Au moyen de ce système, les brasseurs d’affaires de la finance ont la possibilité de disposer d’immenses sommes de capitaux appartenant à d’autres personnes.

    Au moyen d’un système de participation largement ramifié, les huit plus puissants groupes financiers des États-Unis — Morgan, Rockefeller, Kuhn-Loebe, Mellon, Dupont, les groupes de Chicago, de Cleveland et de Boston — occupent une position prédominante dans l’ensemble de l’économie nationale. La zone d’influence de Morgan embrassait, vers 1948, des banques et des sociétés au capital de 55 milliards de dollars ; celle des Rockefeller, 26,7 milliards ; celle des Dupont, 6,5 milliards et celle des Mellon, 6 milliards de dollars. En 1952 aux États-Unis les sociétés étaient an nombre de 660 000. Plus de 75 % de la somme des capitaux de ces sociétés étaient contrôlées, grâce à un système de participation, par 66 sociétés milliardaires (c’est-à-dire avec un capital de 1 milliard de dollars au moins), qui disposaient directement de 28,3 % de la somme totale des capitaux.

    L’oligarchie financière, qui jouit d’un monopole de fait, réalise des profits exorbitants provenant de la fondation de sociétés par actions, de l’émission d’actions et d’obligations, du placement des emprunts d’État, de commandes avantageuses de l’État. Le capital financier, concentré entre les mains d’un petit nombre, lève un tribut toujours croissant sur la société.

    L’oligarchie financière a également la haute main sur le domaine politique. La politique intérieure et extérieure des États bourgeois est subordonnée aux intérêts cupides des plus grands monopoles.

    18.5. L’exportation des capitaux.

    L’exportation des marchandises était caractéristique du capitalisme prémonopoliste, sous le règne de la libre concurrence. Le capitalisme impérialiste, sous le règne des monopoles, est caractérisé par l’exportation des capitaux.

    L’exportation des capitaux à l’étranger se fait en vue d’obtenir le profit maximum. Elle présente deux formes essentielles : ou bien consentement d’emprunts aux gouvernements, villes ou banques d’autres pays, ou bien création à l’étranger d’entreprises industrielles, commerciales ou bancaires, concessions, construction de voies ferrées, et aussi le rachat à vil prix d’entreprises existantes dans des pays affaiblis (par exemple à la suite d’une guerre).

    L’exportation des capitaux est déterminée, premièrement, par la domination des monopoles dans tous les pays capitalistes développés et, deuxièmement, par la situation de monopole qu’occupe le petit nombre des pays les plus riches, où l’accumulation des capitaux est immense. Dans ces pays, au seuil du 20e siècle, il s’est formé un vaste « excédent de capitaux ».

    L’ « excédent de capitaux » dans les pays capitalistes développés a un caractère relatif, car dans ces pays le bas niveau de vie des masses dresse des obstacles au développement de la production, accentue le retard de l’agriculture sur l’industrie et, d’une façon générale, l’inégalité du développement des différentes branches de l’économie. Si le capitalisme pouvait relever l’agriculture, améliorer le niveau de vie des masses travailleuses, il ne saurait être question d’ « excédent de capitaux». Mais alors le capitalisme ne serait point le capitalisme, car l’inégalité de développement et la sous-alimentation des masses de la population sont les conditions essentielles et préalables de ce mode de production.

    La nécessité de l’exportation des capitaux est due à la « maturité excessive » du capitalisme dans certains pays où (l’agriculture étant arriérée et les masses misérables) les placements « avantageux » font défaut au capital.

    V. Lénine, « L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme », Œuvres, t. 22, p. 261.

    Dans sa course au profit maximum, le capital « excédentaire » se déverse à l’étranger. Il est exporté principalement vers les pays retardataires, dans lesquels les capitaux sont peu nombreux, les salaires bas, les matières premières bon marché, le prix de la terre relativement peu élevé. Dans ces pays, la possibilité s’offre au capital monopoliste de toucher, et il les touche effectivement, des profits énormes. L’exportation des capitaux est étroitement rattachée au développement de l’exportation des marchandises : les monopoles qui exportent des capitaux ont l’habitude d’imposer au pays débiteur leurs marchandises à des conditions avantageuses pour eux. Les monopoles étrangers s’emparent des débouchés et des sources de matières premières dans les pays débiteurs.

    Outre les pays retardataires, le capital est exporté aussi dans les pays industriels développés. Cela a lieu pendant les périodes de développement rapide de ces pays, qui exigent un afflux de capitaux venant du dehors (par exemple, aux États-Unis avant la première guerre mondiale), ou bien dans une période d’affaiblissement dû à la guerre (l’Allemagne après la première guerre mondiale, les pays capitalistes d’Europe occidentale après la deuxième guerre mondiale).

    Les économistes et les hommes politiques bourgeois présentent l’exportation des capitaux comme une « aide » et un « bienfait » qu’apporteraient les pays capitalistes développés aux peuples retardataires. En réalité, l’exportation des capitaux, tout en accélérant le développement des rapports capitalistes dans les pays retardataires, conduit en même temps à l’asservissement et au pillage systématique de ces pays par les monopoles étrangers. L’exportation des capitaux constitue une des bases du système de l’oppression impérialiste, dans lequel de riches pays-usuriers exploitent une grande partie du globe. Par suite de l’exportation des capitaux, le monde est partagé en une poignée d’États-usuriers et une immense majorité d’États-débiteurs.

    L’exportation des capitaux a de graves conséquences pour les pays. D’une part, les pays en question multiplient leurs-richesses et renforcent leur position sur le marché mondial. Il leur arrive du dehors un afflux constant de plus-value sous forme d’intérêts sur les emprunts ou de profit provenant de leurs entreprises à l’étranger. D’autre part, il se produit souvent une stagnation de l’industrie du pays exportateur de capitaux. Un des résultats les plus importants de l’exportation des capitaux est l’accentuation de la rivalité entre les puissances, la lutte pour les sphères d’investissement des capitaux les plus avantageuses.

    Avant la première guerre mondiale, les principaux pays exportateurs de capitaux étaient l’Angleterre, la France et l’Allemagne. Leurs investissements à l’étranger s’élevaient de 175 à 200 milliards de francs : 75 à 100 milliards pour l’Angleterre, 60 milliards pour la France, 44 milliards pour l’Allemagne. L’exportation des capitaux des États-Unis ne jouait pas encore un grand rôle, et elle s’élevait à moins de 10 milliards de francs.

    Après la guerre de 1914-1918, des changements radicaux se sont produits dans l’exportation mondiale des capitaux. L’Allemagne avait perdu ses capitaux à l’étranger. Les investissements à l’étranger avaient notablement diminué pour l’Angleterre et la France, et l’exportation de capitaux des États-Unis avait fortement augmenté. En 1929, les États-Unis atteignent à peu près au même niveau que l’Angleterre pour l’étendue de leurs investissements à l’étranger.

    Après la deuxième guerre mondiale, l’exportation des capitaux des États-Unis s’est encore accrue. À la fin de 1949, les investissements de capitaux américains à l’étranger dépassaient la somme des investissements à l’étranger de tous les autres États capitalistes réunis. La somme totale des capitaux américains investis à l’étranger est passée de 11,4 milliards de dollars en 1939 à 39,5 milliards à la fin de 1953. La somme totale des investissements de capitaux anglais à l’étranger est passée de 3,5 milliards de livres sterlings en 1938 à 2 milliards en 1951.

    18.6. Le partage économique du monde entre les unions de capitalistes. Les monopoles internationaux.

    À mesure que se développe l’exportation des capitaux et que s’étendent les liens et les « zones d’influence » des plus grands monopoles, des conditions favorables se créent pour le partage du marché mondial entre eux. Il se constitue des monopoles internationaux.

    Les monopoles internationaux sont des ententes entre les plus gros monopoles des différents pays pour le partage des marchés, la politique des prix, le volume de la production. La formation des monopoles internationaux marque un degré nouveau, infiniment plus élevé que les précédents, de la concentration de la production et du capital. Beaucoup de monopoles internationaux sont créés avec la participation effective des États capitalistes, et ils sont l’un des moyens essentiels de leur expansion économique.

    Les défenseurs des monopoles internationaux s’attachent à les présenter comme un instrument de paix, en prétendant que les ententes internationales des monopolistes peuvent par des moyens pacifiques régler les contradictions qui surgissent entre les groupes et les pays impérialistes. Ces affirmations sont tout à fait contraires à la réalité. En effet, le partage économique du monde par les monopoles internationaux se fait en fonction de la puissance des parties engagées ; or la puissance des différents groupes monopolistes varie. Chacun d’eux poursuit une lutte incessante pour l’augmentation de sa part, pour l’élargissement de sa sphère d’exploitation monopoliste. Les changements dans le rapport des forces entraînent inévitablement l’accentuation de la lutte pour un nouveau partage des marchés, l’aggravation des contradictions entre les divers groupes et les États qui les soutiennent. Les ententes monopolistes internationales se distinguent par leur fragilité et recèlent une source de conflits inéluctables.

    Les monopoles internationaux ont fait leur apparition vers 1860-1880. À la fin du siècle dernier, leur nombre total ne dépassait pas 40. À la veille de la première guerre mondiale, on comptait dans le monde entier environ 100 cartels internationaux, et avant la deuxième guerre mondiale, leur nombre dépassait 300.

    Dès avant la première guerre mondiale, le marché du pétrole était pratiquement partagé entre la Standard Oil américaine de Rockefeller et la Royal Dutch Shell, où le capital anglais exerçait une influence prépondérante. Le marché des articles électrotechniques était partagé entre deux firmes monopolistes: la Société générale d’électricité (A.E.G.) allemande et la Generai Electric américaine, contrôlée par le groupe Morgan.

    Les ententes monopolistes internationales se sont même étendues à des domaines tels que la fabrication des armements. Les plus grandes firmes, qui fabriquaient les armements — Vickers-Armstrong Ltd., en Angleterre, Schneider-Creusot en France, Krupp en Allemagne, Bofors en Suède, — sont de longue date unies entre elles par une multitude de liens.

    Les monopoles internationaux ont joué un grand rôle dans la préparation de la deuxième guerre mondiale. Les plus grands monopoles des États-Unis, de l’Angleterre et de la France, liés par des conventions avec les trusts allemands, ont animé et orienté la politique des milieux dirigeants de ces pays, politique d’encouragement et d’excitation à l’agression hitlérienne, qui a entraîné la guerre.

    Après la deuxième guerre mondiale a été créée une série de monopoles internationaux, qui garantissent les intérêts économiques et militaires de l’impérialisme américain. C’est le rôle que joue en particulier « la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier » (CECA) qui englobe l’Allemagne Occidentale, la France, l’Italie, la Belgique, la Hollande et le Luxembourg.

    18.7. L’achèvement du partage territorial du globe entre les grandes puissances et la lutte pour un nouveau partage.

    Parallèlement au partage économique du monde entre les groupements de capitalistes et en liaison avec ce partage, on assiste au partage territorial du globe entre les États bourgeois, à la lutte pour la mainmise sur les terres d’autrui et pour les colonies et les semi-colonies.

    Les colonies sont des pays dépourvus d’indépendance nationale ; elles sont les possessions d’États-métropoles impérialistes. On appelle semi-colonies des pays sous-développés, en butte à l’exploitation coloniale de puissances impérialistes, sous la dépendance économique et politique desquelles ils se trouvent, tout en conservant une indépendance formelle. À côté des colonies et des semi-colonies, il existe à l’époque de l’impérialisme divers types de pays dépendants, dont le degré de dépendance est différent et est sujet à toutes sortes de variations.

    Cette époque n’est pas seulement caractérisée par les deux groupes principaux de pays : possesseurs de colonies et pays coloniaux, mais encore les formes variées de pays dépendants qui, nominalement, jouissent de l’indépendance politique, mais qui, en réalité, sont pris dans les filets d’une dépendance financière et diplomatique.

    V. Lénine, « L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme », Œuvres, t. 22, p. 284.

    Les défenseurs de la bourgeoisie présentent la domination impérialiste sur les colonies comme une « mission civilisatrice », ayant soi-disant pour objet d’amener les peuples retardataires sur la voie du progrès et d’un développement autonome. En réalité, l’impérialisme voue les pays coloniaux et dépendants au retard économique, et les centaines de millions d’habitants de ces pays à une oppression et à une servitude sans nom, à la privation de droits et à la misère, à la famine et à l’ignorance. La mainmise des impérialistes sur les colonies entraîne un accroissement sans précédent de l’oppression nationale et de la discrimination raciale. Selon la définition de Lénine, le capitalisme, de libérateur des nations qu’il était dans la période de lutte contre le féodalisme, est devenu, au stade de l’impérialisme, un monstrueux oppresseur des nations.

    Dès le milieu du 18e siècle, l’Angleterre a asservi l’Inde, pays aux très riches ressources naturelles et dont la population, numériquement, est de plusieurs fois supérieure à celle de la métropole. Au milieu du 19e siècle, les États-Unis d’Amérique se sont emparés de vastes territoires appartenant à leur voisin le Mexique, et, au cours des décennies suivantes, ils ont établi leur domination sur plusieurs pays de l’Amérique latine.

    Vers 1860-1870, les possessions coloniales des pays européens n’occupaient encore qu’une partie relativement faible des territoires d’outre-mer.

    Au cours du dernier quart du 19e siècle, pendant la période du passage au stade monopoliste du capitalisme, la carte du monde a subi des modifications radicales. À la suite de l’ancienne puissance coloniale — l’Angleterre — tous les pays capitalistes développés s’engagent dans la voie des annexions territoriales. La France devient, vers la fin du 19e siècle, une grande puissance coloniale dont les possessions s’étendent sur 3,7 millions de milles carrés. L’Allemagne s’est annexé un million de milles carrés de territoire avec une population de 14,7 millions d’habitants ; la Belgique, 900 000 milles carrés avec 30 millions d’habitants ; les États-Unis se sont emparés d’un point d’appui très important dans le Pacifique, les Philippines, ainsi que de Cuba, de Porto-Rico, de Guam, des îles Hawaï, de Samoa et ils ont établi leur domination de fait sur plusieurs pays de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud.

    De 1876 à 1914, les « grandes puissances » se sont emparées de près de 25 millions de kilomètres carrés de territoire, soit une superficie une fois et demie supérieure à celle des métropoles. Plusieurs pays se trouvaient placés dans une dépendance semi-coloniale vis-à-vis des États impérialistes : la Chine dont la population forme à peu près le quart de celle de l’humanité, ainsi que la Turquie et la Perse (Iran). Vers le début de la première guerre mondiale, plus de la moitié du genre humain était sous la domination des puissances coloniales.

    Les impérialistes établissent et maintiennent leur pouvoir sur les colonies en recourant aux mensonges et à la violence, en utilisant la supériorité de leur matériel de guerre. L’histoire de la politique coloniale présente une chaîne ininterrompue de guerres de conquête et d’expéditions punitives contre les peuples asservis, ainsi que de conflits sanglants entre les pays possesseurs de colonies. Lénine qualifiait la guerre des États-Unis contre l’Espagne en 1898 de première guerre de type impérialiste, marquant le début de l’époque des guerres impérialistes. L’insurrection du peuple philippin contre l’envahisseur a été férocement écrasée par les troupes américaines.

    Au début du 20e siècle, le partage du globe était achevé. La politique coloniale des pays capitalistes avait amené la conquête de toutes les terres qui n’étaient pas encore occupées par les impérialistes. Il ne restait plus de terres « vacantes », et la situation était telle que chaque nouvelle conquête supposait que le possesseur était dépouillé de son territoire. L’achèvement du partage du monde a mis à Tordre du jour la lutte pour un nouveau partage. La lutte pour un nouveau partage du inonde déjà entièrement partagé est l’un des principaux traits distinctifs du capitalisme monopoliste. Cette lutte dégénère en définitive en une lutte pour la domination mondiale et entraîne infailliblement des guerres impérialistes à l’échelle mondiale.

    Les guerres impérialistes et la course aux armements causent aux peuples des pays capitalistes d’énormes privations et coûtent des millions de vies humaines. En même temps, les guerres et la militarisation de l’économie constituent pour les monopoles une source de profits particulièrement élevés.

    18.8. La loi économique fondamentale du capitalisme monopoliste.

    Comme on l’a déjà dit, l’essence économique de l’impérialisme consiste à substituer la domination des monopoles à la libre concurrence. Les monopoles qui fixent des prix de monopole se proposent, selon la définition de Lénine, d’obtenir des profits élevés de monopole qui dépassent sensiblement le profit moyen. L’obtention de ces profits par les monopoles découle de la nature même de l’impérialisme ; elle résulte d’une exploitation inouïe de la classe ouvrière par les monopoles, du dépouillement de la paysannerie et des autres petits producteurs, de l’exportation des capitaux vers les pays retardataires qui sont saignés à blanc, des conquêtes coloniales et des guerres impérialistes, véritable mine d’or pour les monopoles. Dans ceux de ses ouvrages où Lénine s’attache à analyser l’essence économique et politique de l’impérialisme, sont exposées les thèses initiales de la loi économique fondamentale du capitalisme monopoliste. Partant de ces thèses fondamentales de Lénine, Staline a formulé la loi économique fondamentale du capitalisme actuel. Les principaux traits et exigences de la loi économique fondamentale du capitalisme monopoliste consistent en ceci :
    assurer le profit capitaliste maximum par l’exploitation, la ruine et l’appauvrissement de la majorité de la population d’un pays donné, par l’asservissement et le pillage systématique des peuples des autres pays, surtout des pays arriérés, et enfin par les guerres et la militarisation de l’économie nationale utilisées pour assurer les profits les plus élevés.
    J. Staline, « Les problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S. », Derniers écrits, p. 128, Éditions sociales, Paris, 1953.

    Ainsi, la loi économique fondamentale du capitalisme — la loi de la plus-value — poursuit sous l’impérialisme son développement et sa concrétisation. Sous le régime du capitalisme prémonopoliste, la libre concurrence aboutissait à une égalisation du taux de profit des capitalistes ; c’était le règne de la loi du taux moyen du profit. Dans le cadre de l’impérialisme, les monopoles s’assurent un profit élevé de monopole, le profit maximum. C’est lui le moteur du capitalisme monopoliste. Au stade du capitalisme monopoliste aussi il y a transfert de capitaux de certaines branches dans d’autres et tendance à l’égalisation des profits. Mais cette tendance se heurte à l’action de la loi économique fondamentale du capitalisme monopoliste, la loi du profit capitaliste maximum. À l’époque de l’impérialisme, dans les branches monopolisées, les marchandises sont vendues essentiellement à des prix de monopole, qui sont supérieurs aux prix de production et qui assurent le profit élevé de monopole, tandis que dans les branches non monopolisées, les marchandises sont souvent vendues à des prix inférieurs aux prix de production, ce qui ne procure même pas aux entrepreneurs le profit moyen.

    Les conditions objectives pour réaliser le profit maximum sont créées par l’établissement de la domination des monopoles dans telles ou telles branches de la production. Au stade de l’impérialisme, la concentration et la centralisation des capitaux atteignent le plus haut degré. De ce fait, l’élargissement de la production nécessite d’immenses investissements de capitaux. D’autre part, en période de capitalisme monopoliste, la concurrence se poursuit avec acharnement entre des entreprises géantes. De cette lutte sortent victorieux les monopoles les plus forts qui disposent d’immenses capitaux et touchent le profit maximum.

    Grâce à ces immenses profits, la possibilité s’offre aux monopoles d’assurer leur domination dans le monde capitaliste. La course des monopoles au profit maximum accentue à l’extrême toutes les contradictions du capitalisme.

    La base générale du profit maximum des monopoles capitalistes, comme de tout profit capitaliste, est la plus-value extorquée aux ouvriers exploités dans le cours de la production. Les monopoles poussent à l’extrême l’exploitation de la classe ouvrière. En appliquant des systèmes de surmenage de toute sorte dans l’organisation et la rémunération du travail, ils arrivent à une intensification du travail exténuante, qui a pour effet tout d’abord d’augmenter énormément le taux et la masse de la plus-value extorquée aux ouvriers. Ensuite, l’intensification du travail a pour résultat qu’un nombre considérable d’ouvriers excédentaires va grossir l’armée des chômeurs et n’a plus aucun espoir de retrouver un emploi dans la production. Les entreprises jettent dehors aussi tous les ouvriers qui ne peuvent résister à l’accélération excessive des procédés de fabrication.

    Aux États-Unis, le taux de la plus-value dans l’industrie minière et dans l’industrie de transformation, calculé sur la base des chiffres officiels, était en 1889, de 145 % ; en 1919, de 165 % ; en 1929, de 210 % ; en 1939, de 220 % ; en 1947, d’environ 260 %.

    Ainsi, en moins de soixante ans, le taux de la plus-value a été multiplié par 1,8.

    D’autre part, le salaire réel est en baisse par suite du renchérissement de la vie et du poids croissant des charges fiscales. À l’époque de l’impérialisme, l’écart entre le salaire de l’ouvrier et le prix de sa force de travail s’élargit encore davantage. Cela signifie que la loi générale de l’accumulation capitaliste, qui détermine la paupérisation relative et absolue du prolétariat, renforce son action. L’exploitation accrue de la classe ouvrière au cours de la production se double de la spoliation des travailleurs en tant que consommateurs ; les ouvriers sont forcés de payer en supplément des sommes importantes aux monopoles qui fixent des prix de monopole élevés sur les marchandises qu’ils produisent et vendent.

    Dans le cadre du capitalisme monopoliste, les marchandises fabriquées par les monopoles ne sont plus vendues au prix de production, mais à des prix sensiblement plus élevés, à des prix de monopole.

    Le prix de monopole est égal aux frais de production plus le profit maximum qui dépasse sensiblement le profit moyen ; le prix de monopole est supérieur au prix de production et, en règle générale, dépasse la valeur des marchandises. Cependant le prix de monopole, comme Marx l’indiquait déjà, ne peut supprimer les limites déterminées par la valeur des marchandises. Le niveau élevé des prix de monopole ne modifie pas la somme totale de la valeur et de la plus-value produites dans l’économie capitaliste mondiale. Une des sources du profit maximum, que touchent les monopoles, est la redistribution de la plus-value, qui a pour résultat une baisse sensible du niveau du profit des entreprises non monopolisées. En maintenant les prix à un niveau plus élevé que celui de la valeur des marchandises, les monopoles s’approprient le fruit de la productivité croissante du travail et de la baisse des frais de production. Ce qui est un gain pour les monopoles est une perte pour les ouvriers, les petits producteurs, la population des pays dépendants.

    Un instrument important du gonflement des prix de monopole est la politique douanière des États bourgeois. À l’époque de la libre concurrence, c’étaient surtout les pays faibles, dont l’industrie avait besoin de se préserver de la concurrence étrangère, qui recouraient aux droits de douane élevés. À l’époque de l’impérialisme, au contraire, les droits élevés sont pour les monopoles un moyen d’attaque, de lutte pour s’emparer de nouveaux débouchés. Les droits de douane élevés permettent de maintenir les prix de monopole à l’intérieur du pays.

    Afin de conquérir de nouveaux marchés extérieurs, les monopoles pratiquent largement le dumping, c’est-à-dire la vente des marchandises à l’étranger à vil prix, sensiblement au-dessous des prix du marché intérieur, souvent même au-dessous des frais de production. L’extension de la vente à l’étranger, grâce au dumping, permet de maintenir les prix élevés à l’intérieur du pays sans réduire la production, et les pertes causées par l’exportation de dumping sont couvertes en augmentant les prix sur le marché intérieur. Après avoir conquis un marché extérieur donné les monopoles y procèdent à la vente des marchandises à des prix de monopole.

    L’exploitation des masses essentielles de la paysannerie par les monopoles se traduit tout d’abord par le fait que la domination de ces derniers engendre un écart croissant entre les prix des denrées agricoles et ceux des marchandises industrielles ; c’est ce qu’on appelle les « ciseaux » des prix : tout en écoulant leurs marchandises à des prix gonflés, les monopoles accaparent les produits des paysans à des prix réduits (bas prix d’achat de monopole). Instrument servant à extorquer les ressources financières de l’économie rurale, les prix de monopole en entravent le développement. Un des leviers les plus puissants, destiné à ruiner les exploitations paysannes, est le crédit hypothécaire. Les monopoles accablent les paysans de dettes pour, ensuite, s’approprier à vil prix leur terre et leurs biens.

    Par les hypothèques, les escroqueries des forbans de la finance, par les hauts impôts et les taxes, par le prix élevé des baux, et surtout par la concurrence des grandes exploitations foncières capitalistes, la bourgeoisie ruine les moyens et les petits paysans.

    Maurice Thorez, « La politique du Parti communiste à la campagne », Œuvres, t. 3, p. 201, Éditions sociales, Paris, 1951.

    L’achat par les monopoles des produits des exploitations paysannes à des prix très bas, ne signifie nullement que le consommateur des villes bénéficie de vivres à bon marché. Entre le paysan et le consommateur urbain se trouvent des intermédiaires, marchands groupés dans des organisations monopolistes, qui ruinent les paysans et écorchent les consommateurs de la ville.

    Ensuite, une source du profit maximum pour les monopoles est l’asservissement et le pillage des pays économiquement retardataires et dépendants par la bourgeoisie des États impérialistes. Le pillage systématique des colonies et des autres pays retardataires, la transformation d’une série de pays indépendants en pays dépendants constitue un trait inaliénable du capitalisme monopoliste. L’impérialisme ne peut vivre ni se développer sans l’afflux ininterrompu du tribut prélevé sur les pays étrangers.

    Les monopoles tirent des revenus considérables tout d’abord de leurs investissements de capitaux dans les pays coloniaux et dépendants. Ces revenus sont le résultat de l’exploitation la plus féroce et la plus inhumaine des masses laborieuses du monde colonial. Les monopoles s’enrichissent grâce à des échanges non équivalents, c’est-à-dire par la vente dans les pays coloniaux et dépendants de leurs marchandises à des prix qui dépassent notablement leur valeur, et par achat des marchandises produites dans ces pays à des prix excessivement bas, qui ne couvrent pas leur valeur. Parallèlement, les monopoles touchent dans les colonies des profits élevés sur les opérations de transport, d’assurance et de banque.

    Enfin, les guerres et la militarisation de l’économie sont un des moyens de garantir les profits maximums des monopoles. Les guerres enrichissent démesurément les magnats du capital financier, qui, dans les intervalles entre les guerres, s’attachent à maintenir le niveau élevé de leurs profits grâce à une course effrénée aux armements. Les guerres et la militarisation de l’économie apportent aux monopolistes de riches commandes militaires, payées par le Trésor à des prix exorbitants, une abondance de prêts et de subventions prélevés sur le budget de l’État. En temps de guerre toutes les lois sur le travail sont abolies, les ouvriers sont déclarés mobilisés, les grèves sont interdites. Tout cela permet aux capitalistes d’élever le degré d’exploitation en intensifiant systématiquement le travail. En même temps, le niveau de vie des masses laborieuses décroît par suite de l’accroissement des impôts et de la vie chère.

    Ainsi, la militarisation de l’économie capitaliste, en temps de guerre comme en temps de paix, se traduit par l’exploitation accrue des masses laborieuses dans l’intérêt de l’accroissement du profit maximum des monopoles.

    La loi économique fondamentale du capitalisme actuel, qui détermine tout le cours du développement du capitalisme à son stade impérialiste, permet de comprendre et d’expliquer l’inéluctabilité de la montée et de l’aggravation des contradictions insolubles qui lui sont inhérentes.

    Résumé du chapitre 18

    1. L’impérialisme, ou capitalisme monopoliste, est le stade suprême et ultime du développement du mode de production capitaliste. Le passage du capitalisme prémonopoliste au capitalisme monopoliste s’est opéré au cours du dernier tiers du 19e siècle. L’impérialisme s’est définitivement constitué au début du 20e siècle.

    2. Les principaux indices économiques de l’impérialisme sont : 
      1o la concentration de la production et du capital, parvenue à un degré de développement si élevé qu’elle engendre les monopoles dont le rôle est décisif dans la vie économique ; 

      2o la fusion du capital bancaire et du capital industriel et la formation, sur cette base, du capital financier, de l’oligarchie financière ;

      3o l’exportation des capitaux, qui, contrairement à l’exportation des marchandises, prend une importance particulière ; 

      4o la formation d’unions monopolistes internationales de capitalistes qui se partagent le monde ; 

      5o l’achèvement du partage territorial du globe par les plus grandes puissances impérialistes. L’achèvement du partage territorial du monde aboutit à la lutte pour un nouveau partage, lutte qui engendre infailliblement des guerres impérialistes à l’échelle mondiale.

    3. La loi économique fondamentale du capitalisme monopoliste consiste à assurer le profit capitaliste maximum par l’exploitation, la ruine et l’appauvrissement de la majeure partie de la population d’un pays donné ; par l’asservissement et le pillage systématiquees peuples des autres pays, notamment des pays retardataires ; enfin, par les guerres et la militarisation de l’économie nationale.


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