• "Combattre les suppressions de poste est un enjeu de société"

    Ecole: "Combattre les suppressions de poste est un enjeu de société"

     

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    Cette semaine, les académies ont mis en œuvre la suppression de milliers de postes dans les écoles primaires alors que le nombre d’élèves augmente partout. Enfants, parents, professeur des écoles se mobilisent partout dans le pays pendant que les comités techniques paritaires entérinent, cette semaine, cette lamentable opération (Lutte des classes, témoignez ici!).

    Après la Seine-Saint-Denis, jeudi, des actions multiformes ont lieu dans le Val-de-Marne ce vendredi et dans des dizaines de départements. Sébastien Sirh, secrétaire national du Snuipp-FSU revient sur cette réaction citoyenne et salutaire.

    Comment les écoles primaires sont-elles impactées par les 16 000 suppressions de postes au sein de l’Education nationale? 

    Sébastien Sirh. 8967 postes sont supprimées dans l’école primaire. Différents leviers sont utilisés : dans certains départements, la scolarisation des élèves de moins de trois ans est remise en cause, dans d’autres, on diminue le nombre d’enseignants Rased, qui aident les enfants en difficulté. Ailleurs, les seuils d’ouverture sont relevés, des conseillers pédagogiques et des maitres formateurs sont enlevés. Enfin, le nombre de remplaçants est diminué, comme dans l’Orne.

    Qui sont les plus touchés?

    Sébastien Sirh. Aujourd’hui, ce sont principalement les postes Rased qui font les frais des suppressions de postes. Il s’agit d’un retour en arrière catastrophique. Xavier Darcos, quand il était ministre de l’Education nationale, projetait d’en supprimer 3000. A force de mobilisation, nous avions réussi à en sauver 1500 à l’époque. L’autre tendance forte, c’est de jouer sur le relèvement des seuils d’ouverture. L’académie calcule la moyenne des élèves par classe dans une école, souvent autour de 28, et, dès que ce seuil est dépassé, ouvre une classe supplémentaire. Or, dans certains endroits, ce chiffre a été relevé à 29 élèves pour ne pas procéder à une ouverture de classe. En Haute-Garonne, ils sont allés jusqu’à 32 ! Mécaniquement, cela entraînera plus d’élèves par classe.

    Avez-vous des retours sur cette mobilisation?

    Sébastien Sirh. Il est difficile d’en faire déjà un bilan. Seule certitude, une mobilisation est en train de se construire, entre les enseignants qui sont en première ligne, les élus, et les parents d’élèves qui commencent à réaliser les effets dévastateurs d’une telle politique. Les actions menées composent une mosaïque très large. Les commissions entérinant les suppressions de postes sont boycottées, quand elles ne se tiennent pas avec le bruit de manifestations. Des opérations écoles fermées sont menées dans le Val-de-Marne aujourd’hui. Des appels à la grève ont aussi été lancés. Nous allons continuer ce mouvement unitaire, le plus large possible. Dans les prochains jours, un collectif des 25 organisations va se réunir pour préparer la suite.

    Comment analysez-vous la participation des parents d’élèves?

    Sébastien Sirh. C’est très important. Il est normal que l’ensemble de la communauté éducative se mobilise aujourd’hui pour éviter que les conditions d’apprentissage ne se dégradent, et pour se battre pour un « mieux d’école ». Il s’agit d’un enjeu de société. Les enquêtes internationales comme Pisa ont montré qu’en France l’école primaire était sous dotée en France. Il faut qu’elle revienne l’une des priorités de notre système éducatif, car elle est la première étape de la réussite des élèves. 15 % à 20 % des élèves sont en difficulté dès qu’ils entrent au collège. Répondre à l’inégalité scolaire est la première des urgences. En Seine-Saint-Denis, 0.8 % des enfants de moins de trois ans sont scolarisés, contre 15 % dans le reste de l’Hexagone. La scolarisation précoce est pourtant la meilleure aide aux élèves vivant dans des zones d’éducation prioritaire. Un cri d’alerte est aussi lancé pour interpeller le gouvernement sur le non-remplacement d’un enseignant sur deux partants à la retraite. Georges Tron, ministre de la Fonction publique, a déclaré hier matin que cette règle intangible devait arrêter en 2012. Nous, nous disons que ce dogme doit prendre fin dès maintenant. Nous allons dans le mur si nous continuons cette logique aveugle et dévastatrice.

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    "Il y a de vrais dysfonctionnements. Sur les 15 derniers jours, mon fils qui est en CP a raté quatre jours d'école à cause des non-remplacements, a déclaré Cécile Flament, mère de deux enfants scolarisés à Saint-Denis. "Les investissements ne sont pas du tout à la hauteur des besoins", a-t-elle ajouté. "On a l'impression que dans le 93, on n'a pas les mêmes chances de réussite, a estimé Nour Chakhchoukh, élève de terminale à Saint-Denis. On pense à nos petits frères et soeurs, on est inquiets pour le devenir de leur éducation". Lire la suite...

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    Entretien réalisé par Pierre Duquesne


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