• Les Français vont-ils se laisser « piéger » par la « carte d'identité biométrique » ? 

    La France bientôt à l'heure biométrique 

    L'Assemblée nationale a adopté, en première lecture, la création d'une carte d'identité biométrique et d'un fichier regroupant des données personnelles sur les porteurs. A terme, une très large partie de la population devrait figurer dans ce fichier. Une menace pour les libertés publiques?

     

     

    LIRE, APRES L'INFORMATION,

    LE COMMENTAIRE

    DE « canempechepasnicolas »

     

     

     

    Par DOMINIQUE ALBERTINI, VALENTINE PASQUESOONE

     

     Moyen Orient

     

     

    Vérification d'empreintes digitales lors d'un contrôle dans un aéroport américain en 2008.

     

     

    (© AFP Paul J. Richards)

     

     

     

    Ils étaient onze députés, jeudi soir dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, pour voter en première lecture la création du plus grand fichier de données personnelles de France. Un «fichier des gens honnêtes», pour reprendre l'expression du rapporteur de la proposition de loi, le sénateur UMP François Pillet.

     

    Objectif affiché: lutter contre l'usurpation d'identité, qui concernerait 14000 personnes chaque année selon l'Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale.

     

     

    Pour cela, la carte d'identité deviendra, comme le passeport avant elle, « biométrique ».

     

     

    Délivrée au moment du renouvellement, cette carte comprendra deux puces électroniques. La première, dite «régalienne» portera l'état civil de son propriétaire, sa taille, la couleur de ses yeux, ses empreintes digitales et sa photographie.

     

     

    A terme, la reconnaissance faciale pourrait également être activée. La deuxième puce, optionnelle, sera dédiée aux actes commerciaux et aux démarches administratives en ligne, faisant office de signature électronique.

     

     

    « C'est la première fois que l'on introduit une dimension commerciale sur un titre d'Etat », dénonce Delphine Batho, députée PS à l'origine d'un rapport sur les fichiers de police en 2009.

     

     

    Corollaire de cette évolution, la création d'un fichier centralisant les mêmes informations pour les 45 millions de porteurs de cartes d'identité.

     

     

    Selon le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, ce fichier représentera « une garantie contre les falsifications de titres, puisqu'il sera possible de vérifier la concordance des données inscrites sur le titre avec celles enregistrées sur la base, contre la délivrance de plusieurs cartes différentes à une même personne et contre l'usurpation d'identité, puisque les vérifications opérées rendront impossible l'enregistrement de la demande du fraudeur ».

     

    « La traçabilité sera totale »

     

    Louables intentions. Mais l'idée d'un fichier de tous les Français ne va pas sans susciter quelques visions orwelliennes de contrôle permanent et de recul des libertés publiques.

     

     

    « Nous sommes tout à fait opposés à ce projet, déclare Jean-Claude Vitran, responsable du groupe de travail Libertés et technologie de l'information à la Ligue des Droits de l'Homme. D'abord parce qu'une carte d'identité n'a pas à mélanger finalités régaliennes et économiques. Ensuite, à cause de la création de ce très grand fichier qui regroupera toute la population. Enfin, parce que la technologie RFID de ces puces n'est pas sécurisée: il suffit de chercher sur Internet pour trouver comme les pirater à distance! Nous irons jusqu'à la justice européenne pour lutter contre ce projet! »

     

     

    Du côté des promoteurs du projet, on énumère les garde-fous visant à garantir les libertés des citoyens fichés:

     

     

    « L'accès au fichier sera très limité, promet le député UMP Philippe Goujon, l'un des rapporteurs du projet. Les policiers et gendarmes ne pourront pas y accéder pour un contrôle d'identité; seuls les agents de l'Agence nationale des titres de sécurité pourront y accéder à partir d'une carte d'accès spécifique et sécurisée. La traçabilité sera totale, avec la possibilité de connaître le nom de l'agent et le motif de la consultation ».

     

     

    « Les deux puces, la régalienne et la commerciale, seront complètement indépendantes l'une de l'autre, assure de son côté le député UMP Sébastien Huygues. La première fonctionnera sans contact, alors que la seconde pourra être insérée dans le lecteur de notre ordinateur personnel. Aucune donnée ne passera de l'une à l'autre

     

     

    Ce député membre de la CNIL assure par ailleurs que la commission sera « très vigilante. Il y aura des relations régulières entre l'administration et la CNIL sur le contrôle de ce fichier. Tout est verrouillé pour faire en sorte qu'il ne soit pas détourné de son but ».

     

    Un cadenas de sécurité en moins

     

     

    Mais en fait de verrouillage, un cadenas de sécurité a bel et bien sauté entre le travail en commission et le vote de l'Assemblée. Au départ, le système retenu était dit de «lien faible»: avec lui, il n'est pas possible d'associer directement une empreinte digitale à une identité, mais seulement de s'assurer de sa présence dans un «tiroir» regroupant un grand nombre d'empreintes. Un choix technique irréversible, qui empêche l'utilisation du fichier à des fins de recherches individuelles.

     

    A la différence du système de  «lien fort», qui, lui, associe directement une empreinte à une identité.

     

     

    Or, c'est bien ce dernier qu'a choisi l'Assemblée en première lecture.

     

     

    Si les choses restaient en l'état, il ne tiendrait qu'à une prochaine majorité, plus soucieuse de sécurité que des libertés publiques, d'attribuer par la loi d'autres finalités à ce fichier. «Cela veut dire que sur le curseur sécurité-liberté, l'Assemblée va plus près de la sécurité, explique le sénateur UMP Jean-René Lecerf, l'un des auteurs du texte. Potentiellement, elle permet pour ce fichier d'autres usages que la lutte contre l'usurpation d'identité. C'est vrai que c'est un pari sur la démocratie. Mais honnêtement, je ne pense pas que les Allemands soient de nouveau à nos portes, ni que Marine Le Pen sera présidente demain

     

    Le temps des fichiers

     

    Spécialiste des questions de sécurité et de libertés publiques, le journaliste Jean-Marc Manach n'est pas de cet avis:

     

     

    « 45 millions de personnes, c'est du jamais vu, il s'agit d'une véritable atteinte à la présomption d'innocence. Ce n'est qu'une question d'année avant que la France ne soit condamnée par la Cour européenne des Droits de l'Homme ».

     

     

    Selon les chiffres du journaliste, basés sur les publications au Journal Officiel, on dénombre aujourd'hui pas moins de 70 fichiers policiers en France.

     

    Dont 44 sont nés depuis que Nicolas Sarkozy a pris la tête de la Place Beauveau, puis de l'Elysée.

     

     

    En moins de dix ans, le nombre de fichiers de police aurait ainsi augmenté de près de 170% du nombre de fichiers. En 2008, le plus connu d'entre eux, le STIC (Système de Traitement des Infractions Constatées) – qui concerne plus de la moitié des Français – comptait 83% d'erreurs, selon la Commission Nationale Informatiques et Libertés (Cnil).

     

     

    Un an plus tard, un quart des 58 fichiers policiers existants n'avait aucune base légale, affirme Jean-Marc Manach: ils étaient en expérimentation, ou non déclarés à la Cnil.

     

     

    De plus, depuis la révision de la loi informatique et libertés en 2004, le gouvernement n'a plus à tenir compte de l'avis de la Cnil pour créer un nouveau fichier, même si l'Etat doit toujours la saisir.

     

     

    Soutenir l'industrie française

     

    Redouté par certains, le projet de carte biométrique pourrait représente rune belle opportunité pour d'autres. Comme les entreprises susceptibles de les produire, alléchées par l'énorme marché des ces millions de cartes électroniques à fabriquer. « Il y a sur ce secteur une bataille industrielle, confirme Philippe Goujon. Si ce ne sont pas les Français qui l'emportent, ce seront les Allemands, très en pointe mais plus contraignants pour les libertés, ou les Américains, encore plus intrusifs. Dans cette bataille de normes, il vaut mieux avoir le système français ».

     

     

    Certaines entreprises ont d'ailleurs été auditionnées par la commission en charge de la proposition de loi, comme le Français Morpho, « numéro un mondial des documents d'identité biométriques ».

     

     

    Occasion de faire un peu de lobbying en coulisses?

     

     

    «Des industriels m'ont proposé des rendez-vous privés que j'ai refusés», lâche sans plus de détail Philippe Goujon. Pour Jean-Marc Manach, «ministres et sénateurs écrivent noir sur blanc qu'il faut soutenir ces industries françaises, et que leur développement dans notre pays permettra d'améliorer leur visibilité internationale».

     

     

    Quitte à augmenter la visibilité des Français sur les fichiers de l'Etat.

     


     

     

    COMMENTAIRE DE « canempechepasnicolas » :

     

     

    Imaginons, un instant, que ce fichier biométrique ait existé durant l'Occupation allemande !

     

    Combien de résistants seraient tombés dans cette toile, combien en seraient morts !

     

     

    Mais, à cette époque, les papiers d'identité n'étaient qu'un petit carton toilé, sur lequel étaient inscrits les nom, prénom, adresse et le lieu de naissance du porteur.

     

     

    Et le tout, inscrit à l'encre, et seulement tamponné par la Mairie de délivrance !

     

     

    Ce qui permis de s'emparer, dans de nombreuses mairies, les fameux cartons vierges, assortis du cachet municipal, pour en faire de faux papiers qui sauvèrent des milliers et des milliers de résistants de la police "française" et de la Gestapo.

     

     

    Aucun fichier central n'existait, sauf celui concernant la population d'origine juive, fichier constitué en octobre 1940 par le gouvernement de l'Etat français de Philippe Pétain.

     

     

    Convoqués au commissariat de quartier, les « intéressés » se voyaient mettre le cchet « JUIF » sur leur carte d'identité. Ainsi désignés et répertoriés, les JUIFS devinrent une proie facile à identifier à chaque rafle.

     

     

    C'est ainsi que s'emplirent les camps de Beaume-la Rolande, de Drancy et, ultérieurement, des camps de la mort.

     

     

    Et qu'ont bien en tête Sarkozy et le pouvoir UMP, en voulant instituer un fichier central des citoyens français, à partir de papiers d'identité BIOMETRIQUES, contrôlable sur le champ par informatique par toute autorité, sans possibilité d'y couper  ?

     

     

    Poser la question, c'est y répondre : le pouvoir veut mettre en place un système ultra perfectionné de détection des « mauvais esprits », pour se protéger d'une éventuelle résistance et réduire les moyens et la capacité de celle-ci à agir matériellement.

     

     

    C'est dire ce qu'il faut faire aujourd'hui pour réduire à néant ces sinistres projets.

     

     

    Jean LEVY

     

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  • Pour avoir récupéré six melons et deux salades dans la benne à ordures du supermarché, un salarié de Monoprix a été mis à pied à titre conservatoire, avant un possible licenciement.

     L'employé mis à pied travaille au Monoprix de Marseille
    L'employé mis à pied travaille au Monoprix de Marseille SIPA

    Le règlement de la célèbre enseigne Monoprix est très sévère. Un employé du magasin situé à Marseille a été mis à pied à titre conservatoire pour avoir pris six melons et deux salades dans la benne à ordure. Les faits se sont déroulés lundi et l'information a été dévoilée par le journal La Provence ce jeudi matin. « Quand je suis passé devant la poubelle du magasin, j'ai vu ces fruits qui allaient être jetés. Je les ai trouvés en bon état. J'ai décidé de les rapporter pour la maison. C'était juste pour les manger », raconte Kader, le salarié de 59 ans poursuivi par ses supérieurs. Le règlement intérieur interdit cependant de se servir dans les bennes. « Je ne savais pas », affirme Kader, qui précise : « Je n'ai pas volé. Jamais ».

    Employé à moins de 1.100 euros par mois

    L'homme travaille depuis 8 ans pour le Monoprix de Marseille, en tant que réassortisseur (il met les produits en rayon). Alors qu'il gagne moins de 1.100 euros par mois, il risque d'être licencié pour avoir simplement voulu rapporter chez lui des aliments destinés à être jetés. Kader bénéficie du soutien de ses collègues et de la CGT, qui se sont réunis devant le magasin mercredi pour protester contre la décision de leurs patrons. Après un entretien préalable à un licenciement, la direction se prononcera dans deux jours. Vu le caractère disproportionné de la possible sanction et la mobilisation de tous les salariés, espérons qu'elle fera preuve de mansuétude et qu'elle reverra les termes de son règlement intérieur.

    http://www.francesoir.fr/actualite/societe/un-salarie-monoprix-suspendu-pour-avoir-recupere-des-aliments-116474.html


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  • Gonesse-Val-d-Oise.jpg

    Le logement et l'école sont devenus les terrains d'un nouveau conflit de classes où l'évitement a remplacé l'affrontement.

     

    La crise économique et financière actuelle aura peut-être pour vertu de ramener les milieux populaires sur le devant de la scène politique et    intellectuelle. Massivement abstentionnistes, caricaturés comme des «beaufs», ils ne semblaient plus intéresser personne, alors même qu’ils représentent plus de la moitié de la population    française… Par Eric Dupin
        On aurait pu imaginer un heureux effet de dévoilement : avec la crise, la nocivité du système économique en vigueur apparaît désormais en pleine lumière. Difficile de faire croire que l’immigré    ou le délinquant sont à l’origine de la récession et de son cortège de drames sociaux. Pourtant, ses véritables responsables ne sont guère mis en cause. "Tout en haut, il y a la sphère    financière, celle des traders et des grosses entreprises, mais tout cela est assez abstrait, on ne va pas manifester contre les sphères d’en haut", explique le sociologue Alain Mergier . Une    seconde sphère serait constituée des "gens de tous les jours", dans leur diversité. Et une troisième regrouperait les damnés de l’ "enfer" de l’exclusion et de la pauvreté. Or    cette dernière présente un visage autrement plus concret que celui des puissants de ce monde. D’où la persistance des réactions de peur, voire d’hostilité, envers les plus démunis .
    « Prolophobie » des élites françaises Ancienne membre du bureau confédéral de la Confédération    générale du travail (CGT), Mme Maryse Dumas observe : "La sensibilité aux inégalités qui séparent chacun de son voisin a progressé au détriment de l’ancienne solidarité entre ceux qui    n’avaient que leur travail pour vivre". Ajoutant : "On éprouve sans cesse plus de difficultés à créer du commun", elle s’inquiète de la situation des salariés qui luttent le dos au    mur dans les entreprises menacées de fermeture. Ils ne se battent parfois même plus pour garder leur emploi, mais seulement pour arracher des indemnités de départ décentes. Un désespoir qui peut    se traduire par de radicales «fuites en avant». Après avoir parcouru l’Hexagone à la rencontre des salariés, M. Marcel Grignard, secrétaire général adjoint de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), observe lui aussi que    "les gens sont plutôt amers et désabusés ; ils ont le sentiment d’être grugés, même si les expressions de révolte ne sont pas très nombreuses». Il a perçu une "indignation    rentrée" mêlée à une grande perplexité face à ce "système qui est fou, qui n’a pas de sens". Le dirigeant cédétiste regrette la grande difficulté à fédérer les actions syndicales. 

    "Les milieux populaires et la partie basse des classes moyennes n'ont guère les moyens de faire face à la précarisation des rapports sociaux", constate Mergier.    certaines modifications du droit du travail, comme l'instauration du revenu de solidarité (RSA), ont aussi pour effet d' "institionnaliser la coupure entre la partie précaire du salariat, où    les milieux populaires sont surreprésentés, et ce qu'il y a au-dessus". Une insécurité génératrices de réflexes individualistes. 

        Qu'entend-on au juste par "classes populaires"? La question n'est pas étrangère à leurs difficultés à se considérer comme telles. Statistiquement, les choses pourraient sembler limpides.    On regroupe dans cette catégorie le "salariat d'exécution" composé des ouvriers (23,2% de la population active au recensement de l'Institut national de la statistique et des études    économique (Insee) de 2006) et des employés (28,6%). Ainsi définies, les classes populaires demeurent majoritaires en France et représentent 51,8% de ceux qui travaillent. 

        Cet agrégat n'est pas purement formel. Le sociologue Olivier Schwartz définit les catégories populaires à partir de trois critères : petitesse du statut social et professionnel, étroitesse des    ressources économiques et enfin éloignement par rapport au capital culturel (3). pourtant les réalités vécues fragmentent ces catégories statistiques. la relation à l'emploi, à temps plein ou    partiel, précaire ou non, introduit déjà de singulières différences. Les qualifications paraissent de plus en plus variées au sein des couches populaires. Les ouvriers non qualifiés souffrent    prioritairement de ce que le sociologue Serge Paugam nomme une "intégration disqualifiante", alliant insatisfaction dans le travail et instabilité de l'emploi (4). Prise dans des    secteurs  en déclin particulièrement menacés par la mondialisation, une fraction de l'ancienne classe ouvrière vit douloureusement l' "image de la décadence" qui lui est renvoyée.    Dans ces milieux, observe Paugam, "l'intériorisation d'une identité négative est très forte"

    logement social 2-2D'une tout autre manière,    l'habitat segmente les couches populaires. Il n'est pas indifférent d'habiter un HLM des centres-villes ou bien une cité de banlieue, un pavillon de la proche périphérie d'une métropole ou bien    une zone rurale plus reculée. Les géographes Christophe Guilluy et Christophe Noyé ont mis en lumière la "migration des couches populaires vers les grandes périphéries urbaines et    rurales", un "choix contraint" qui n'est pas guidé par un désir d'accession à la propriété (5). C'est plutôt la pénurie des logements sociaux en ville et les redoutables logiques    foncières qui expliquent ce nouvel "exode urbain", facteur de relégation spatiale des plus modestes. 

        Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin insistent, à juste titre, sur l'invisibilité et la méconnaissance produites par cet éloignement du nouveau prolétariat : "Un étrange cocktail fait de    stigmatisation et de bien-pensance renvoie invariablement ces espaces aux clichés les plus éculés : arriration, racisme, alcollisme, rejet de la modernité, conservatisme et conformisme. Il y a    derrière ces clichés une forme de prolophobie d'une partie des élites françaises (6)". L'éclatement spatial des couches populaires renvoie à des dynamiques sociales : une    "France pavillonnaire" s'étend en opposition aux "cités" dans un effort de promotion sociale parfois désespéré. 

    On aurait tord de caricaturer trop rapidement cette population de "petits-moyens" en "petits-Blancs" allergiques à l'altérité. Car des familles d'origine    immigrée s'installent également en pavillon après avoir fui des grands ensemble qui concentrent de plsu en plus de précarité et, pour certains d'entre eux, de populations étrangères (7). "En    accédant à la propriété individuelle ou en accordant une grande importance à l'éducation scolaire de leurs enfants, les "petits- moyens" expriment avant tout le souhait de vivre comme tout le    monde (8)." S'ils ne se prennent en aucun cas pour des "bourgeois", ils ont une vive conscience de ce qui les oppose au bas de l'échelle sociale. 

        On retrouve ici la "conscience triangulaire" évoquée par Schwartz : "C'est l'idée qu'il y a le haut, le bas et nous, coincés entre les deux. Le haut, ce sont les dirigeants, les    gouvernants, les puissants. Le bas, ce sont les familles pauvres qui profitent de l'assistance, les immigrés qui ne veulent pas s'intégrer, les jeunes qui font partie de la racaille (9)."    Schwartz a étudié les attitudes des conducteurs de bus de la TATP. Leur emploi protégé et leurs salaires les rapprochent des professions intermédiaires, alors que leur niveau d'éducation est    celui des couches populaires. "Ils se sentent piégés par le haut et le bas, mais avec un rejet très fort du bas de l'échelle sociale." Il est vrai que ce bas monte plus fréquemment dans    leurs bus que le haut... 

        La représentation dominante d'un univers composé d'une multitude de strates hiérarchisées aiguise l'obsession du "déclassement". Camille Peugny a observé le phénomène de mobilité "descendante"    qui concernerait aujourd'hui 25% de la tranche d'âge des 35-39 ans, contre 18% il y a vingt ans :  "Beaucoup de jeunes vivent moins bien que leurs parents, ils n'ont plus les moyens de    se conformer au modèle de consommation dominant", explique-t-il évoquant une "génération sacrifiée" qui n'a "jamais été aussi diplômée et qui ne s'est jamais aussi mal intégrée dans le    monde du travail" (10). Le déclassement peut être ici aussi bien un décrochage d'avec la position sociale des parents qu'un écart par rapport à ce que son propre niveau d'éducation aurait pu    laisser espérer. 

        Tous les chercheurs ne partagent pas ce diagnostic. "Le succès du thème des classes moyennes à la dérive s'explique par l'angoisse de certains milieux intellectuels, corrige la    sociologue  Stéphanie Vermeersch. Cela concerne une petite minorité." Une étude du Centre d'analyse stratégique (11) relativise également le déclassement intergénérationnel. En    2003, les mobiles "ascendants" (39,4%) restaient près de deux fois plus nombreux que les mobiles "descendants" (21,9%) chez les personnes âgées de 30 à 59 ans. 

          

    Evitement plutôt qu'affrontement

        Quel que soit son degré de réalité, l'impact du phénomène dans le débat public est symptomatique d'un rang à maintenir. Il semble bien que nos sociétés, tout en niant le conflit de classes, aient    un sens de plus en plus aigu de la position de chacun. "Les différentes catégories sociales se mélangent de moins en moins", constate Mme Dumas, fille d'un chauffeur mécanicien et d'une    femme de ménage devenue cadre aux PTT. Les couches favorisées sont les premières à déployer une débordante énergie pour protéger leur entre-soi. "Les familles les plus riches et les plus    diplômées n'ont jamais été aussi actives sur les marchés scolaires et résidentiel : elles n'int jamais fui avec autant de diligence la proximité des classes populaires", remarque    l'économiste Eric Maurin . Le logement et l'école sont devenus les terrains d'un nouveau conflit de classes où l'évitement a remplacé l'affrontement. des logiques séparatistes dont les classes    supérieures n'ont pas l'exclusivité tant elles se diffusent dans l'ensemble du corps social. "Les gens déménagent, c'est un acte plus fort que de voter Front national !", estime Guilluy,    faisant allusion à ces familles qui quittent les cités de la Seine-Saint-Denis pour s'installer dans des pavillons en seine-et-Marne. 

    L'école est l'autre grand front de la distinction sociale. La hausse générale du niveau d'éducation a certes produit, selon l'expression de Schwartz, une "déségrégation"    partielle des couches populaires. Mais la compétition scolaire n'a jamais été aussi vive. Vermeersch parle de "surinvestissement de l'école" par des parents anxieux. l'idée que tout se    joue dans les années de formation initiale s'est renforcée à mesure que les entreprises abandonnaient leurs politiques de promotion interne. D'où la hantise de l'échec scolaire qui pousse    certaines familles à adopter les stratégies éducatives qu'elles considèrent comme les plus payantes, au détriment de la mixité sociale. 

        Les choix en matière de logement et d'école s'influencent mutuellement pour réduire cette fameuse mixité, d'autant plus célébrée qu'elle est peu souhaitée. La suppression de la carte scolaire a    encore aggravé ces logiques ségrégatives, comme le montrent le sociologue Franck Poupeau et le géographe Jean-Christophe François à partir d'une enquête en région parisienne (12). "Le    traumatisme des milieux populaires à l'égard de la gauche s'inscrit dans le long terme", tranche Guilluy. "Le parti socialiste est dirigé par des élites branchées sur la mondialisation,    la globalisation financière, et donc coupées du petit salariat du secteur privé", renvoie en écho Brustier, par ailleurs militant socialiste (13) . 

    Avec l'élection présidentielle de 2007 a été mis en évidence un éclatement politique des couches populaires entre des cités mobilisées par un vote lié au rejet de M. Nicolas    Sarkozy et des pavillons acquis au candidat de l'Union pour un mouvement populaire (UMP). Une enquête approfondie dans un quartier pavillonnaire de Gonesse (Val d'Oise) (14) a montré la    droitisation des "petits-moyens", même si des solidarités locales assurent toujours une présence de la gauche. Le quartier des Peupliers a accordé des scores importants au front national (FN)    dans les années 1980 et 1990 avant de basculer nettement en faveur de M. Sarkozy lors de la dernière élection présidentielle. 

        Le sociologue Olivier Masclet souligne l'importance de l'enjeu scolaire dans cette droitisation : "La gauche est représentée par les profs, des enseignants considérés comme inaccessibles et    qui ne s'iccupent que des meilleurs." La gauche, pour certains "petits moyens", c'est aussi les syndicats des transports publics accusés de faire grève... aussi souvent que les enseignants.    Schwartz a toutefois rencontré des chauffeurs de bus qui ont "voté Sarko", même si beaucoup se refusent à l'avouer à un enquêteur. "Ces catégories pourraient se reconnaître dans une gauche    d'ordre", estime néanmoins Masclet. Aux municipales de 2008, le quartier des Peupliers a voté en faveur d'un maire socialiste aux options "sécuritaires". la déception provoquée par la politique    de M. Sarkozy, qui vient de se traduire par la déroute de l'UMP aux dernières élections régionales, ne semble pas devoir se traduire par une réconciliation entre la gauche et les couches    populaires. Le FN demeure en embuscade. Ses succès inattendus aux régionales montrent qu'il peut retrouver la fonction tribunitienne qui fut la sienne dans la période antérieure. Les électeurs    lepénistes qui s'étaient reportés en 2007 sur le candidat de l'UMP, au nom du principe d'efficacité, ne peuvent que constater amèrement l'échec de leur calcul. En avivant les difficultés, la    crise constitue toujours un terreau favorable à l'extrême droite, comme l'indiquent ses bons scores dans la France du Nord-Est, particulièrement touchée par la désindustrialisation. 

          

    Impasse des stratégies individualistes

        Les urnes ont été boudées comme jamais, et cette grève du vote a été particulièrement suivie dans les quartiers populaires. On assiste à un "détachement de la sphère publique", selon    l'expression de Guilluy. Vermeersch parle d'une tendance au "retrait" et Schwartz d'un "risque de marginalisation". "la crise va renforcer le sentiment d'abandon et    d'impuissance des classes populaires", ajoute ce dernier. la sociologue Annie Collovald rappelle toutefois à raison, que ces couches expriment toujours potentiellement de "fortes attentes de    prises en charge des intérêts sociaux par les hommes politiques (15)". On peut aussi penser que l'impasse des stratégies de salut individualistes créera un jour les conditions d'un retour aux    aspirations collectives. En attendant, les classes populaires souffrent, comme le remarque Collovald, d'une "relative absence d'entreprises politiques cherchant à les représenter, à parler en    leur nom, et ainsi à leur donner au moins symboliquement une unité et une homogénéité". Jamais la "classe en soi" n'a été aussi éloignée de la "classe pour soi". 

          

    Notes :

    1. Coauteur, avec Philippe Guibert, du livre Le descendeur social. Enquête sur les milieux populaires. Plon, Paris, 2006. L'ensemble des citations sans    référence sony issues d'entretiens avec l'auteur.

    2. C. Stéphane Beaud et Michel Pialoux, Retour sur la condition ouvrière, Enquête aux usines Peugeot de Sochaux-Montbéliard, Fayard, Paris, 1999, et Gérard    Mauger, "Les transformatios des classes populaires en France depuis trente ans", dans Jean Lojkine, Pierre Cours-Salies et Michel Vakaloulis ( sous la dir. de) Nouvelles luttes de    classes, Presses universitaires de france, paris, 2006.

    3. "Haut, bas, fragile : sociologies du populaire" entretien avec Annie Collovald et Olivier Schwartz, Vacarme, n°37, Paris, automne 2006.

    4. Serge Paugam, "la condition ouvrière : de l'intégration laborieuse à l'intégration disqualifiante", Cités, n°35, Paris, 2008.

    5. Christophe Guilluy et Christophe Noyé, Atlas des nouvelles fractures sociales en France, Autrement, Paris, 2006.

    6. Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin, Recherche le peuple désespérément, Bourin, Paris, 2009.

    7. Le sociologue Edmond Ptéteceille montre toutefois que la grande majorité des immigrés et de leurs enfants résident dans des quartiers où ils sont minoritaires.    Cf. "La ségrégation ethno-raciale a-t-elle augmenté das la m&tropole parisienne ?", Revue française de sociologie, vol 50, Paris, 2009/3.

    8. Marie Cartier, Isabelle Coutant, Olivier Masclet et Yasmine Siblot, La France des "petits-moyens". Enquête sur la banlieue pavillonnaire, la Découverte,    Paris, 2008.

    9. "Haut, bas, fragile...", op.cit

    10. Camille Peugny, Le déclassement, Grasset, Paris, 2009

    11. Marine Boisson, Catherine Collombet, Julien Damon, Bertille Delaveau, Jérôme Tournadre et benoît Verrier, "La mesure du déclassement, Informer et agir sur les    nouvelles réalités sociales", Centre d'abalyse stratégique, paris, Juillet 2009.

    12. Franck Poupeau et Jean-Christophe François, Le sens du placement, Ségrégation résidentielle et ségrégation scolaire, Raisons d'agir, paris, 2008.

    13. "Le PS a gardé ses lunettes des années 1970" Le parisien, 28 août 2009.

    14. La France des "petits moyens"..., op. cit

    15. "Haut, bas, fragile...", op. cit.

    http://pcfbalaruc.over-blog.com/pages/des-milieux-populaires-entre-deception-et-defection-2857060.html

     

     

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  • Esprit es-tu là  ?

    voyance.jpgDu plus loin que remonte la pratique divinatoire, les décideurs politiques et chefs d'état ont toujours eu recours à l'ésotérisme pour conforter ou prendre des décisions.

    Grecques et Romains  consultaient les oracles .

    Ce fut l'apogée des haruspices, prétendant lire l'avenir dans le comportement ou les entrailles des animaux. Cette méthode de "prédiction" était d'un usage courant pour juger les crimes dans la Rome antique. L'auteur latin Cicéron, dans de divinatione, brosse autour de -44 avant J.-C. un tableau très complet des pratiques de son époque (augures, aruspices, astrologie prophétie, oniromancie...) et se livre à une critique méthodique des arguments en faveur de la divination, sous forme d'un dialogue entre son frère Quintus et lui.

    En France ,  Catherine de Médicis , Napoléon  III et de nos jours , François Mitterrand , Jacques Chirac et bien d'autres encore  ont fait appel à des asrologues voyants ou médiums pour les conseiller.

    Une pratique au plus haut niveau des instances de l'état qui s'est introduite dans les entreprises.

    Ce n'est pas un phénomène marginal, mais une pratique courante....

    En effet de plus en plus de chefs d'entreprise font appel à ces coachs un peu particuliers pour les aider à prendre des décisions stratégiques comme la faisabilité d'un projet ou recruter.

    Les voyants et autres médiums qui mettent leur boule de cristal, tarot, oracle de Belline ,  flash et autres  au service des entreprises se propagent comme  mauvaise herbe au printemps !

    Il est vrai que le filon est rémunérateur sachant que bon nombre de prix des ces prestations de voyance  ne sont fixés  que sur devis en fonction notamment de la complexité du dossier !

    Nous pouvons lire, comme accroche commercial, d'un site d'un de ces cabinets de voyance :

    Nos domaines d’expertise:

    Accompagner les managers et leurs équipes dans les projets et les changements-Repérer et développer les talents-Conseiller sur les choix stratégiques

    En voici un autre .

    Que beaucoup d'entre nous consultent des voyants à titre privé  ne me dérange nullement.

    En revanche  , dès lors  que ces consultations , dont le sérieux et l'exactitude n'ont JAMAIS été prouvés,  puissent déterminer le sort de plusieurs dizaines voir de centaines de salariés ( lorsqu'il s'agit de la faisabilité d'un projet par exemple) est pour le moins  scandaleux !

    Quant à faire appel à un voyant pour confirmer ou infirmer une embauche  ou un licenciement surfe avec l'illégalité

    Ce cabinet  fait un prix  dégressif par candidat .

    La plaisanterie ,non pardon , l'étude astrologique , numérologie et travail en voyance coûtent  335 € pour deux candidats et 180 € par candidat supplémentaire !

    Tout ceci ressemble  à une  roulette russe  payée  sur le budget des entreprises et quelquefois sur le budget formation des entreprises !

    Un Laboratoire de Zététiquea été créé en 1998 à l'Université de Nice en lutte contre la « pensée irrationnelle » dans le but de former chez l'individu « une capacité d'appropriation critique du savoir humain »

    Une expérience réalisée en 2001 et publiée dans la prestigieuse revue Science révèle que le taux de chance pour un « voyant » de deviner la ou les main(s) (gauche ou droite, aucune ou les deux) que le témoin va poser est égal voire inférieur au hasard (une chance sur 4).

    Toutefois, il n'existe pas d'étude statistique à grande échelle permettant de juger de la fiabilité de tous les types de voyance même si, pour l'instant, toutes les études scientifiques sur tel ou tel point de la voyance ont toujours démontré l'absence d'effet voyance.

    Enfin, l'activité de voyance ne faisant l'objet d'aucun enseignement organisé, ni d'un contrôle réglementaire, elle peut faciliter les agissements malhonnêtes de certains escrocs dénués de toute faculté extra-sensorielle.

    Esprit es-tu là ?    si vous entendez frapper  ce ne sera pas l'esprit critique  !

    Une note d'humour dans ce flot de stupidités.....

     

     

     Ecrit par Artémis


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  • Chaque matin je me souviens d’Aragon. Alors, je commence par une lecture soigneuse de la presse, avant d’écouter la radio et parfois je regarde même la télévision. La plupart du temps ça me met en colère, mais ça me réveille. Ainsi, avant la-chambre-à-2000-euros-la-nuit, les médias ne parlaient que de DSK, après la-chambre-à-2000-euros-la-nuit, les médias ne parlent que de DSK. Il ne se serait donc passé rien d’autre ?

    En réalité, les mêmes gensdelettres, les mêmes gensdetélé, les mêmes gensderadio sont encore là, pour dire les mêmes choses avec les mêmes moyens, les mêmes arguments et les mêmes promesses, aux mêmes heures, sans même s’interroger sur leur perte d’innocence, sans même une excuse, les mêmes qui se prononçaient à plus de 90% pour le oui au référendum sur la Constitution européenne. Les mêmes qui au lendemain de ce référendum, non remis de la vague du non, annonçaient la défaite de l’intelligence et la victoire d’une horde de va nu pieds, certes majoritaire, mais non majeure disaient-ils : Si le peuple est souverain, il n’est pas infaillible. En démocratie, l’ingratitude, l’immaturité font partie des privilèges inaliénables des citoyens (Editorial, Libération 03.05.05). C’était la voix de la haine, du mépris, de l’arrogance, attentatoire au respect le plus élémentaire des personnes. C’est connu, la démocratie c’est bien, à la condition que le peuple vote comme on le lui demande.

    Cette tyrannie du consensus, qui ne laisse plus de place pour le sujet qui veut dire non, a la vie dure et ne rate jamais l’occasion de nous le rappeler. En effet, c’était reparti de plus belle pour la présidentielle, avec un homme providentiel, puisqu’ils nous le disaient à longueur de journée, le plus compétent, le plus rayonnant, bref le plus-plus, au point de se demander s’il était vraiment nécessaire de voter, puisqu’il était le champion déclaré avant le combat, le citoyen au dessus de tout soupçon. Lorsque, patatras ! Une histoire américaine vient tout enrayer dans laquelle une femme de chambre peut avoir de la dignité et être entendue quand elle accuse l’un des hommes les plus puissants du monde d’être un prédateur sexuel.

    C’est un fait, personne ne sait vraiment ce qui s’est passé, dans la-chambre-à-2000-euros-la-nuit. Pour le moment, ce qui est sûr, c’est qu’il y a une plaignante et un présumé coupable. Alors, pourquoi d’emblée, un tel déchaînement partisan, une pareille vague de témoignages aventureux, où la femme de ménage n’a pas pesé lourd : il n’y a pas mort d’homme ; troussage de domestique ; elle l’a bien cherché. Quelle troublante levée de boucliers. Ne s’agirait-il pas là d’une étrange et durable déférence envers les hommes puissants ?

    En tout cas, il y a dans ce tohu-bohu, une représentation pathologique de l’agression sexuelle et c’est une attitude malheureusement courante que de blâmer la victime dans une affaire de viol. Il est même fréquent de plaider la relation consentante.

    Marcel Pagnol le résume autrement lorsque Manon des Sources comparait devant un tribunal populaire pour une agression qu’elle se défend d’avoir commise. Le maire s’adresse à l’homme agressé, quels gros mots avez-vous choisi pour exprimer votre dépit amoureux ? lui ne répond pas, mais Manon le fait à sa place, il m’a dit salope ! Alors le maire triomphe, j’en été sûr, un mâle dépité appelle toujours salope une fille qui refuse précisément de l’être. Pour Jean-François Kahn il y a un malentendu, lui qui n’a jamais mâché ses mots pour défendre une certaine idée du progrès. Alors, droit de réponse ou liberté d’expression, il est tout de suite invité par les médias pour tenter d’expliquer que nous n’avons pas bien compris ce qu’il voulait dire et qu’il aurait dit une chose qu’il n’a pas dite, mais que nous aurions rêvé qu’il ait dite. S’agit-il là de la liberté d’expression ? Pourquoi pas, mais de celle qui est offerte aux mêmes, toujours les mêmes qui reviennent tour à tour ronronner, plastronner, ne rien dire tout en le faisant savoir.

    La démocratie n’est pas la liberté d’expression, mais plutôt la liberté des expressions, l’ouverture aux débats contradictoires. Car, la liberté n’est pas une propriété individuelle et la démocratie n’est rien d’autre que l’institutionnalisation du conflit et de son dépassement éventuel par la négociation où chacun peut mettre à l’épreuve ses raisons. Alors, osons ne pas refuser la conflictualité comme une donnée irréductible, car dès l’instant où une société veut en finir avec la conflictualité, avec tout débat, l’émergence d’un totalitarisme est à craindre ; c’est un fait, si l’espace public meurt, la liberté aussi.

    Mais de tout ça point de traces médiatiques, que des lamentations, des spéculations, des proclamations, car c’est bien connu, un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Or, de quel être s’agit-il ? De quelle autorité ? De quelles qualités ? En réalité, DSK, hommedegauche, n’a jamais rien prouvé en matière de redistribution des richesses, c’est même celui qui aura le plus privatisé au cours de la 5ème République, soucieux d’être à la mesure du très contraignant pacte de stabilité européen afin de réduire tout simplement la dette publique, contrairement au programme de la gauche plurielle qui refusait la privatisation des services publics et leur transformation en objet de profits.

    Au fond, c’est un homme préoccupé par la seule inflation et non par l’emploi qui propose comme réponse à la crise financière privée une solution publique de plans d’austérité.

    En revanche, toutes les stock-options, même celles des patrons du CAC 40 seront imposées à 26 % et non plus à 40 %, alors que, paradoxalement, c’est Alain Juppé, deux ans plus tôt, qui avait relevé le taux d’imposition de 26 % à 40 %. Et, cerise sur le gâteau, la promesse de mettre en place un grand pôle financier public est tout simplement transformée en son contraire, puisque le secteur financier public sera tout bonnement supprimé. Un geste qui surprendra même le quotidien patronal Les Echos qui salue la réduction spectaculaire de l’emprise du public.

    N’en jetez plus la coupe est pleine, alors que la liste est loin d’être exhaustive des prouesses de l’homme providentiel que le Parti Socialiste s’apprêtait à nous vendre via son agence de marketing politique, avec une overdose de sondages et un dispositif de propagande suffisamment pénétrant pour ne pas en délibérer démocratiquement. Bref, une strauskanisation des consciences était à l’œuvre, non une clarté des propositions, ni des engagements, mais une sorte de conspiration réactionnaire pour imposer une autorité qui soulagerait de l’angoisse, qui viendrait enfin dire à nouveau ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas faire, ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. En un mot une violation de la démocratie. Cet homme providentiel n’était vraiment pas au niveau d’une recherche pour le bonheur des humbles.

    Aussi, il est urgent de ne pas abandonner sa part de souveraineté et de ne pas obéir aux injonctions de ceux qui savent. La connaissance ne peut être une affaire d’initiés qui gardent jalousement leur secrets, mais elle doit être divulguée grâce à la parole délibérante et à la décision collective qu’elle fonde. Alors, Que font les médias ? Que cherchent-ils ? Que veulent-ils ? Qui sont-ils ?

    Pour Patrick Le Lay c’était clair, mon métier consiste à vendre du temps de cerveau disponible à Coca-Cola et pour Lord Thomson, le magnat de la presse écrite anglo-saxonne, aussi, je ne lis jamais les articles de mes journalistes. Le seul intérêt de ces articles est de constituer un fond de grisaille qui fait ressortir et met en valeur les publicités.

    En vérité, en République, la seule morale d’un journal ne peut être que la connaissance universelle. Tout journal qui n’élargit pas la connaissance du monde est un journal immoral.

    Aussi, en attendant que le jugement de New York soit rendu, pour dire les choses un peu plus vraies, j’en appelle à la sagacité de nos gendelettres pour qu’ils s’interrogent quelque peu sur d’autres sujets, notamment sur la grossièreté de certains chiffres où la richesse des 250 personnes les plus fortunées au monde est supérieure à celle de 2,5 milliards d’individus et où l’Europe du marché compte 12 millions de chômeurs.

    Ces écarts sont les symptômes d’une vie politique désertique où il n’y a plus la moindre conception idéologique ou même utopique, ni programme. La plupart des hommes et des femmes politiques se transforment en gestionnaires du seul marché, fondé sur une marchandise de moins en moins soucieuse de la rémunération du travail, soutenus largement pas les gensdelettres qui ne s’émeuvent pas trop de la dureté du programme de stabilité et de croissance européen pour la période 2011-2014. Et que dire de l’attaque abjecte menée contre les allocataires du RSA cancer de la société conduite au pas de charge par ceux qui ne connaissent pas l’angoisse des fins de mois. Allons, encore un effort, les évènements singuliers ne manquent pas, il suffit simplement de tourner la tête de leur côté, par exemple, là où Christine Lagarde se pourvoit en cassation contre un jugement de la cour d’appel de Versailles qui a reconnu l’illégalité des licenciements de 17 mineurs pour fait de grève pendant la "bataille du charbon" en 1948 ! Après 63 ans, la haine et le mépris n’ont pas pris une ride, la lutte des classes non plus. Mais là où croît le danger, croît aussi l’espoir, si on en croit une certaine météo.

    En effet, la France n’aura jamais connu des étés aussi beaux que ceux des cinq ou six années qui précèdent la Révolution. Leur lumière est dans tous les écrits du temps. Ce que confirment les paléoclimatologues qui relèvent un recul manifeste des glaciers et la précocité des vendanges, au cours de la décennie d’avant 1789.

    Le mystère de la-chambre-à-2000-euros-la-nuit n’est toujours pas éclairci, mais il y a là de quoi rêver !

    Anatole Bernard

    URL de cette brève 1883 http://www.legrandsoir.info/+ce-que-cache-le-mystere-de-la-chambre-a-2000-euros-la-nu+.html

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  • Moyen Orient

    Notre pétition explose! Plus de 90 000 signatures en trois jours! Allons à présent jusqu'à 200 000 pour stopper le décret. Signez ci-dessous et faites suivre ce    message à tous


    Chers amis en France,

    Le gouvernement Sarkozy veut censurer internet par un décret qui pourrait bloquer des sites et pages de recherche que nous utilisons tous les    jours. Mais un tollé national peut stopper cet assaut contre la liberté d'expression.
    Ce nouveau décret permettrait aux ministres de retirer tout contenu internet menaçant selon eux "l'ordre public", sans passer par un juge. C'est pourquoi un Conseil    en charge de l'Internet créé par Sarkozy a condamné cette mesure comme étant inconstitutionnelle, et les experts internationaux sont en état d'alerte. Mais le décret pourrait malgré tout    être adopté dans les prochains jours.
    Le Président Sarkozy a montré au sommet du G8 qu'il soigne son image de dirigeant moderne et de partisan d'internet. Ainsi, si nous sommes suffisamment nombreux à    exiger qu'il enterre ce projet de censure, nous pourrons faire pencher la balance et empêcher qu'il ne mette la main sur internet. Lançons un gigantesque appel national demandant    à Sarkozy de protéger la liberté d'internet. Cliquez dès maintenant pour signer la pétition urgente et faites suivre ce message à tous:
    http://www.avaaz.org/fr/france_sauvons_internet/?vl
    Dans le droit français, les contenus dit "manifestement illicites" comme la pédopornographie peuvent déjà être retirés sans contrôle judiciaire.    Mais si nous n'agissons pas, le nouveau décret donnerait à quelques ministres des pouvoirs excessifs de censure arbitraire sur n'importe quel contenu en ligne. Il obligerait les    hébergeurs et les fournisseurs d'accès internet à retirer ou filtrer tout contenu qualifié notamment d'"atteinte à l'ordre public et à la protection des personnes", une définition très large    menaçant l'expression libre.
    L'ONU estime que les mesures de filtrage sont excessives et inefficaces et vient de condamner les lois françaises sur l'internet. Et Reporters Sans Frontières a    placé la France dans la liste des "pays sous surveillance" qui recense les violations de la liberté d'expression autour du monde. Enfin le Conseil National du Numérique récemment installé par    Sarkozy a indiqué que le blocage de sites violait la liberté d'expression protégée par la Constitution française et ignorait l'intérêt du public.
    Nous savons que le Président Sarkozy souhaite apparaître comme un ami de l'internet. Il a récemment créé le Conseil National du Numérique et organisé le premier    Sommet du G8 de l'internet. Mais il ne peut pas gagner sur les deux tableaux. Ensemble, nous pouvons lui montrer ce que signifie être un réel défenseur de la liberté d'internet et de la    libre expression. Appelons-le à retirer ce décret instaurant la censure d'internet et à protéger nos droits -- signez la pétition et diffusez-la à tous vos amis:
    http://www.avaaz.org/fr/france_sauvons_internet/?vl
    Dans le monde entier, des gouvernements tentent de censurer l’internet, outil vital pour les soulèvements arabes pro-démocratie et permettant d’exposer au grand    jour les abus de pouvoir et la corruption dans tous les pays de la planète. Cependant, de Italie à la Syrie et de l'Inde à la Turquie, les membres d’Avaaz se mobilisent pour défendre cet espace    crucial de liberté et de communication mondiale. Rejoignons-les et protégeons l'internet en France.
    Avec espoir et détermination,
    Alex, Benjamin, Stephanie, Emma, Mohammad, Ricken et le reste de l'équipe d'Avaaz
    PLUS D'INFORMATIONS:
    Levée de boucliers contre un projet gouvernemental pour filtrer internet, AFP: http://avaaz.org/afp_filtrage_internet
    Décret LCEN fustigé : le gouvernement suivra-t-il l'avis du CNN?, Numérama: http://avaaz.org/numerama_cnn
    La France, “pays sous surveillance” selon Reporters sans Frontières: http://fr.rsf.org/surveillance-france,39712.html
    L'ONU fustige la France et son Hadopi, Maxisciences: http://avaaz.org/maxisciences_onu_hadopi
    Nouveau rapport parlementaire dénonçant les mesures de blocage d’internet, OWNI: http://avaaz.org/owni_filtrage
    Le filtrage d'Internet, une mesure contestée en Europe, Le Figaro: http://avaaz.org/lefigaro_filtrage_internet_europe
    eG8, le coup de com' numérique de Nicolas Sarkozy, NouvelObs: http://avaaz.org/nouvelobs_eg8
    Communiqué du Conseil National du Numérique présentant son avis négatif: http://j.mp/iMsj8K
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  • Marion fait son show quel que soit les aléas de la vie ma contribution n'aura pas été vaine.

    Marion fait son show quel que soit les aléas de la vie ma contribution n’aura pas été vaine.
     
     
      
    Je tire la chasse d'eau et j'arrive.
    Ma foi et pas qu'une fois . han
     
     
    Alors voilà ...
     
    on peut plus vous respirer
    Voilà 3 mois les journalistes des grands médias nationaux nous annoncent que les jours de KHADAFI son comptés. Seulement voilà , 3 mois plus tard KHADAFI est toujours là.
    Quand il y a une véritable volonté populaire de virer son dirigeant, il ne tient pas longtemps, or KHADAFI est toujours là. Le peuple libyen majoritairement n'est prêt à virer KHADAFI les médias nous racontent des sornettes ou nous trompent.  Voilà 2 mois la horde médiatique nous bassinait avec l'affaire STRAUSS KHAN, c'était des heures et des heures d'émissions, d'équipes de télé déplacées à grands frais.  Le simple citoyen apprenait que DSK était un violeur un pervers un puissant ayant abusé de son pouvoir , tout y passait, au crible au scanner jusqu'à fouiller les fonds de poubelle.
    Aujourd'hui comme si de rien n'était on nous annonce que STRAUSS KHAN serait blanchi, traîné injustement dans la boue. han.
    A l'occasion les médias nous apprenaient que la justice américaine était un modèle de classe, qu'elle n'hésitait pas a trainer un puissant menottés traîne devant les caméras et les tribunaux menotté contre une pauvre femme de ménage.
    Entre parenthèse, que la justice américaine rende justice aux peuples irakiens , afgan , indiens , afro et justice  aux ROSENBERG a Léonard PELETIER à MUMIA ABUJAMAL. On pourra ensuite nous faire la leçon. Que cette justice américaine commence par elle même han.
    On nous a passé en boucle Marie LE PEN clouant au pilori DSK. Aujourd'hui ces plumitifs versicolores et américanistes sont obligés de nous dire le contraire.
    Entre temps ils ont amusé le peuple avec le mariage de Kate et William pour nous convaincre que notre société est belle comme on endormait les enfants et les neuneus avec Sissi.
    Une flottille humanitaire est en route pour gaza, pour 1 million et demi d'êtres humains vivant dans une prison à ciel ouvert. Pas un mot.  Les commandos israéliens vont ils encore arraisonner les bateaux et tirer dans le tas ?
    L'ONU et la communauté internationale ne dit rien ou fait de l'esbroufe, et les médias sont silencieux. Bizarre l' ONU on dirai un recueillement mondial pour donner son feu vert de guerre .
    Les médias nous informent des initiatives pour Gilad SHALIT et sont délibérément silencieux pour Salah HAMOURI.
    Mais au fait, CHAVEZ ou CASTRO ne sont plus des dictateurs sanguinaires ? Rouges, bien entendu. Un super sarko qui fera tout pour repasser en 2012 , l'islamophobie comme un enjeu électoral même si tout les problèmes du pays on rien avoir avec une religion. On va encore tomber sur un fascisme suivit d'une nouvelle guerre mondial .
    Actuellement il y a le mariage de Charlène et d'Albert, dont personne n'a que faire ou révolte avec leur débauche de luxe.
    On ne compte pas les heures de soit disante info sur le chinkungounia ou de la grippe aviaire ou de la grippeA. Rien sur la gestion calamiteuse de la Ministre Roseline BACHELOT.
    Rien sur les pontes de la santé publique qui démissionnent parce qu'ils n'ont plus les moyens d'assurer leur mission.  On peut aligner des dizaines d'exemples de ce genre, quotidiennement nous sommes désinformés, manipulés,intoxiqués.  Ce qui est rassurant, est que cette constatation devient limpide pour le peuple et peut reprendre la chanson de DUTRONC .
    on vous a écoutés on vous a regardés on vous a supportés on vous a clamés on vous a acclamés on vous a réclamés on peut plus vous respirer
    De l'air sans merde , cela existe t-il ?
    Liberté . Marion Journaliste de Limoges

     


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  • Au 1er juillet, tout augmente sauf le SMIC 

    Hausse des prix de l'énergie, des transports, de la poste... Et aussi, mise en application de la réforme des retraites, stagnation du Smic. Joyeux 1er juillet !

    C'est peut être le début des vacances scolaires, mais ce 1er juillet va être pour beaucoup bien sombre. Les hausses de prix sont nombreuses. Mais le SMIC, lui, ne bouge pas. Sûrement qu'au 1er août il augmentera de manière automatique, puisque l'inflation aura dépassé les 2% depuis sa dernière réévaluation.

    Ce qui va augmenter en revanche, c’est les prix de l’électricité : + 2,9% pour les particuliers. La hausse du prix du gaz touche dans un premier temps les entreprises, +3,2%, mais atteindra les ménages le 1er octobre. Le prix du timbre postal passe lui à 60 centimes, au lieu de 58.

    Les transports en commun suivent le mouvement. La SNCF cette année augmente les prix des trains Intercités et trains express régionaux (TER), de 10 centimes à 2,70 euros en fonction des destinations. A la RATP, la hausse est plus générale : 2,7% sur les forfaits mensuels : de 60,40 euros à 62 euros pour les zones 1 et 2, 80,30 euros pour les zones 1 à 3, 98,10 euros pour la zone 4.  A l’inverse, bonne nouvelle pour les habitants de banlieue lointaine, les zones 5 et 6 fusionnent en un abonnement unique à 109,90 par mois. Chose étrange, si à l’unité, le ticket de métro parisien ne bouge pas et reste à 1,70 euro, il augmente pour les bus, à 1,90 euro. Le carnet de 10 tickets atteindra lui les 12,50 euros.

    En parallèle, on a appris ce jeudi que la consommation des ménages français a de nouveau nettement diminué en mai, frein à la croissance globale de l'économie. Etonnant, non ?

    Enfin pour parfaire l'entrée dans l'été, la réforme des retraites, qui a mobilisé contre elle des millions de manifestants l'automne dernier, entre en vigueur ce 1er juillet. A savoir le passage de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans. La transition se fera graduellement, à raison de quatre mois supplémentaires par an. Les premières personnes concernées sont celles nées après le 1er juillet 1951.

    17 700 chômeurs de plus au mois de mai

    La croissance attendue à 2,1% en 2011

    Flambée de la précarité

     

     

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  • L'Observatoire des prix et des marges agricoles pointe la responsabilité de la distribution

    Philippe Chalmin, expert des matières premières agricoles, présente aujourd'hui son rapport final sur l'évolution des prix et des marges dans l'alimentation. Il met en lumière l'importance et la constance des marges de la distribution sur dix ans quels que soient les prix payés aux agriculteurs.

     Parti Communiste Français

    Philippe Chalmin, professeur d'économie à Dauphine, expert des matières premières, présente aujourd'hui le rapport final très attendu de l'Observatoire des prix et des marges alimentaires, du champ à la fourchette au cours des dix dernières années. Le fruit d'un travail complexe et considérable de 250 pages effectué avec le concours de l'Insee, d'Agrimer et du service statistique du ministère. L'objectif de cette enquête était de voir si les industriels et les distributeurs répercutaient les chutes de prix à la production. En d'autres termes, à qui les crises agricoles bénéficient, même si la loi de modernisation agricole élaborée par Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation ne le dit pas dans ces termes. Officiellement la mission assignée à l'Observatoire est de mieux informer les parlementaires sur le sujet. Et de clarifier un débat extrêmement polémique entre les acteurs de la filière, qui a souvent conduit à l'exaspération de part et d'autre, le tout finissant par des actions violentes des agriculteurs dans les supermarchés.  « Il y a peu de pays où les relations entre fournisseurs et clients sont l'objet de tant de tensions, de tant de dissensions sur les prix, mais aussi sur les conditions et les délais de paiement », écrit le rapporteur.  «  Peu de pays où l'accumulation de textes soit arrivée à un tel niveau de contrôle administratif et d'infantilisation des partenaires commerciaux. » Des références aux multiples rencontres entre fournisseurs et industriels n'ayant pas réglé les problèmes, malgré les interventions de l'Etat au plus haut niveau. Si bien que chacun rejette la balle dans le camp de l'autre et l'accuse d'empocher les gains, entretenant ainsi une méfiance extrême dans la relation commerciale entre des acteurs qui gagneraient tous à oeuvrer dans le même sens.

    Le rapport fait la lumière pour la première fois sur les marges brutes des uns et des autres. On découvre ainsi au fil des pages, en suivant les produits de l'exploitation à l'étal que les marges brutes de la distribution sur dix ans sont à la fois très confortables et peu influencées par l'effondrement des prix aux producteurs. Dans certains cas, l'écart entre la rémunération de l'expéditeur et l'étiquette en magasin est renversant. Ainsi le bigarreau a été facturé jusqu'à 5 fois plus cher au consommateur qu'il n'a été payé par le distributeur.

    Plus le produit a subi de transformations, plus il est compliqué de suivre l'évolution de son prix jusqu'au linéaire. La viande bovine est sans aucun doute l'exemple illustrant le mieux ce constat. Comment en effet comprendre le rapport entre le prix d'une vache sur pied et celui du filet de boeuf, le morceau le plus noble de l'animal, entre le prix de départ de l'élevage et celui de morceaux de viande à bouillir. Les intermédiaires sont multiples, les transformations et les services apportés aussi.

    Un certain flou demeure sur les facteurs entrant dans la composition de la marge brute, notamment celle distributeurs, qui n'a pas transmis les éléments d'information nécessaires. En revanche les choses semblent plus claires côté industriels et producteurs sur ce point. Les enquêteurs ne désespèrent pas de faire mieux à l'avenir. Leur travail va se poursuivre, afin de dresser chaque année «  un état des lieux » sur les prix et les marges destiné à éclairer les parlementaires sur les relations commerciales dans l'alimentation.

    MARIE-JOSÉE COUGARD
     
    L'observatoire des prix et des marges
    Réclamé à cor et à cri par les agriculteurs depuis des années, l'observatoire des prix et des marges a été créé en 2010 par la loi de modernisation agricole de Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation. Il a vocation à suivre l'évolution des prix et des marges alimentaires, afin d'introduire une transparence qui n'existe pas aujourd'hui. Chaque année, il présentera son rapport au Parlement, qu'il doit éclairer dans ses réflexions et ses débats sur les relations commerciales, ainsi que sur le partage de la valeur ajoutée des produits entre agriculteurs industriels et distributeurs.
     

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  • Parti Communiste Français

    Parti Communiste Français


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