• La vérité sur la hausse des prix alimentaires

    L'Observatoire des prix et des marges agricoles pointe la responsabilité de la distribution

    Philippe Chalmin, expert des matières premières agricoles, présente aujourd'hui son rapport final sur l'évolution des prix et des marges dans l'alimentation. Il met en lumière l'importance et la constance des marges de la distribution sur dix ans quels que soient les prix payés aux agriculteurs.

     Parti Communiste Français

    Philippe Chalmin, professeur d'économie à Dauphine, expert des matières premières, présente aujourd'hui le rapport final très attendu de l'Observatoire des prix et des marges alimentaires, du champ à la fourchette au cours des dix dernières années. Le fruit d'un travail complexe et considérable de 250 pages effectué avec le concours de l'Insee, d'Agrimer et du service statistique du ministère. L'objectif de cette enquête était de voir si les industriels et les distributeurs répercutaient les chutes de prix à la production. En d'autres termes, à qui les crises agricoles bénéficient, même si la loi de modernisation agricole élaborée par Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation ne le dit pas dans ces termes. Officiellement la mission assignée à l'Observatoire est de mieux informer les parlementaires sur le sujet. Et de clarifier un débat extrêmement polémique entre les acteurs de la filière, qui a souvent conduit à l'exaspération de part et d'autre, le tout finissant par des actions violentes des agriculteurs dans les supermarchés.  « Il y a peu de pays où les relations entre fournisseurs et clients sont l'objet de tant de tensions, de tant de dissensions sur les prix, mais aussi sur les conditions et les délais de paiement », écrit le rapporteur.  «  Peu de pays où l'accumulation de textes soit arrivée à un tel niveau de contrôle administratif et d'infantilisation des partenaires commerciaux. » Des références aux multiples rencontres entre fournisseurs et industriels n'ayant pas réglé les problèmes, malgré les interventions de l'Etat au plus haut niveau. Si bien que chacun rejette la balle dans le camp de l'autre et l'accuse d'empocher les gains, entretenant ainsi une méfiance extrême dans la relation commerciale entre des acteurs qui gagneraient tous à oeuvrer dans le même sens.

    Le rapport fait la lumière pour la première fois sur les marges brutes des uns et des autres. On découvre ainsi au fil des pages, en suivant les produits de l'exploitation à l'étal que les marges brutes de la distribution sur dix ans sont à la fois très confortables et peu influencées par l'effondrement des prix aux producteurs. Dans certains cas, l'écart entre la rémunération de l'expéditeur et l'étiquette en magasin est renversant. Ainsi le bigarreau a été facturé jusqu'à 5 fois plus cher au consommateur qu'il n'a été payé par le distributeur.

    Plus le produit a subi de transformations, plus il est compliqué de suivre l'évolution de son prix jusqu'au linéaire. La viande bovine est sans aucun doute l'exemple illustrant le mieux ce constat. Comment en effet comprendre le rapport entre le prix d'une vache sur pied et celui du filet de boeuf, le morceau le plus noble de l'animal, entre le prix de départ de l'élevage et celui de morceaux de viande à bouillir. Les intermédiaires sont multiples, les transformations et les services apportés aussi.

    Un certain flou demeure sur les facteurs entrant dans la composition de la marge brute, notamment celle distributeurs, qui n'a pas transmis les éléments d'information nécessaires. En revanche les choses semblent plus claires côté industriels et producteurs sur ce point. Les enquêteurs ne désespèrent pas de faire mieux à l'avenir. Leur travail va se poursuivre, afin de dresser chaque année «  un état des lieux » sur les prix et les marges destiné à éclairer les parlementaires sur les relations commerciales dans l'alimentation.

    MARIE-JOSÉE COUGARD
     
    L'observatoire des prix et des marges
    Réclamé à cor et à cri par les agriculteurs depuis des années, l'observatoire des prix et des marges a été créé en 2010 par la loi de modernisation agricole de Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation. Il a vocation à suivre l'évolution des prix et des marges alimentaires, afin d'introduire une transparence qui n'existe pas aujourd'hui. Chaque année, il présentera son rapport au Parlement, qu'il doit éclairer dans ses réflexions et ses débats sur les relations commerciales, ainsi que sur le partage de la valeur ajoutée des produits entre agriculteurs industriels et distributeurs.
     

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