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    TOTAL, GDF, EDF, NOS FACTURES SONT LEURS PROFITS !


    TOTAL : 12,3 milliards d’euros de profits pour 2011 (5,1 milliards d’euros de dividendes donnés à ses actionnaires tout en fermant les sites français de raffinerie). Les prix du fioul et de l’essence flambent.

     

    GDF-SUEZ : 3,5 milliards d’euros de profits pour 2011. Hausse des tarifs du gaz: + 66,8% entre 2005 et 2012

    Le gouvernement a réussi le tour de passe-passe de promettre un gel des prix en 2011 avant de les augmenter de 4,4% au 1er janvier 2012 en reportant la responsabilité sur…  le Conseil d’Etat !

    Rien dans l’évolution des contrats d’approvisionnement, tous à long terme, ne saurait justifier les hausses. Au contraire, GDF-Suez a annoncé en janvier 2012 les avoir « renégociés » pour  déconnecter les prix des cours du pétrole et prévoit « une baisse significative des coûts d’importation ». Encore pour la poche des actionnaires ?

    Les 3 milliards d’euros de dividendes versés aux actionnaires en 2011 représentent 600 euros par foyer abonné se chauffant au gaz !

     

    EDF : 5 milliards d’euros de profits en 2011 sans compter le coût, le gâchis, de ses rachats d’entreprises à l’étranger. 

    Hausse des tarifs de l’électricité : + 20% depuis 2005. + 30% annoncé d’ici 2015!


    Le pouvoir et l’UE préparent de nouvelles hausses aussi vertigineuses qu’injustifiées. Ils conditionnent l’opinion dans ce sens.

    La Commission de régulation de l’énergie (CRE) est une instance créée en 2000 (par la gauche plurielle) pour organiser en France la libéralisation du marché de l’électricité et du gaz, suivant les directives européennes. Ni « neutre », ni « indépendante », mais directement liée aux trusts du secteur, la voilà qui affirme que les tarifs devraient augmenter de 30% d’ici 2016 ! Rien de moins.

    Dans le même objectif d’intoxication, le pouvoir et ses relais (qu’ils s’affichent pro comme anti-nucléaires) exploitent cyniquement le séisme de Fukushima.

    Les estimations avancées du coût des nouvelles mesures de sûreté et de la prolongation de l’exploitation des centrales leur donnent l’occasion d’agiter des montants énormes. Ils prennent gardent de ne jamais les replacer dans le temps (des décennies) et de ne pas les confronter aux coûts des autres modes de production. La Cour des comptes s’est, entre autres, livrée à cette opération fin janvier.

    Fukushima permet aussi d’accélérer le développement du marché qui s’annonce juteux des énergies renouvelables pour lesquelles on prépare aussi l’opinion à accepter des surcoûts.

    La question de fond, après Fukushima, est soigneusement évitée : la nécessité d’une renationalisation intégrale de la filière nucléaire et de la production d’électricité à partir des énergies renouvelables.

    Qu’est-ce qui justifie réellement cette augmentation voulue des tarifs ? Réponse : la recherche du profit et rien d’autre !

    Les bénéfices et les dividendes d’EDF ont été multipliés par 10 depuis 2004. Pour 2010, 2,1 milliards d’euros a été distribués en dividendes, dont 1,7 milliard pour l’Etat, ce qui constitue – pour l’instant - un impôt déguisé particulièrement injuste. 5 milliards d’euros de bénéfices ont été annoncés pour 2011.

    Le gâchis financier est aggravé par les opérations financières « capitalistiques » engagées par EDF pour racheter des concurrents dans le monde entier.

    Tout cet argent devrait servir à l’investissement et il n’est nul besoin d’augmenter les tarifs !

    La logique de la loi « Nouvelle organisation du marché de l’électricité » (NOME), votée l’an dernier, à la suite d’une directive européenne soutenue par la droite et la gauche, prépare l’inverse. Les marchands privés pourront acheter au prix quasi-coûtant de l’exploitation l’électricité nucléaire d’EDF. Ils pourront la revendre plus cher et profiter des lourds investissements passés sans être contraints d’investir pour l’avenir. Les prix réglementés monteront d’autant pour faire payer à nouveau les usagers. 

    Depuis que la privatisation d’EDF a commencé, jamais les services n’ont coûté aussi cher, jamais les conditions de travail des électriciens (et gaziers) n’ont été aussi dégradées, jamais les coupures n’ont été aussi fréquentes. La Bretagne et la Provence toutes entières sont sous la menace d’un black-out complet comme ce qu’ont connu des millions de Californiens encore en 2011.

    C’est ça le progrès ?

    http://pcf-paris15.over-blog.com/


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  • Le PCF dénonce la condamnation de 2 jeunes communistes

    C'est avec stupeur et indignation  que nous venons d'apprendre la condamnation de deux camarades membres du Mouvement Jeunes Communistes de France à 3 mois de prison avec sursis. 

     

    Mercredi soir dans Paris, les deux étudiants se sont retrouvés au milieu d'une course poursuite entre des policiers et une personne dans le métro. Ils se sont alors  retrouvés pris pour cible par la police, victimes de violences et  emmenés au poste : sans comprendre les raisons d'une telle garde à vue, ils passent 48 heures au commissariat puis la nuit de vendredi à samedi au dépôt.Jugé ce samedi, ils viennent d’être condamnés à 3 mois de prison avec sursis pour outrage à agent. 


      Le Parti Communiste Français  apporte tout son  soutien à ces deux jeunes étudiants et  dénonce les violences policières et la condamnation judiciaire qui permet la mise sous silence de la bavure. Il exige que l’appel de cette condamnation soit entendu et que toute condamnation soit levée, que les deux jeunes soient rétablis dans leur droit. Il n’est pas tolérable que des jeunes, dans notre pays, soient à la merci de telles pratiques de coups et d’insultes policières, dont certaines à caractère raciste.

     

    Il exprime sa solidarité avec le Mouvement de la jeunesse communiste dont les deux jeunes étaient membres et amplifiera son action avec toutes celles et ceux qui le souhaitent pour le respect des droits et de l’égalité, foulés aujourd’hui au pied quotidiennement par le pouvoir en place.


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  • Grosse surprise hier à l’annonce d’un é-norme projet en Moselle : un “pôle d’affaires” franco-chinois (ou sino-français, si on préfère) qui prendra la place d’une zone verte à Illange, près de Thionville en Moselle. On parle de 3000 emplois.

    Le projet a été annoncé triomphalement par Patrick Weiten, président du Conseil Général de Moselle, et si j’ai bien tout compris “apparenté UMP”.

    Bien évidemment, l’annonce a été quasi-unanimement saluée. Dès qu’il s’agit d’emplois, tout sens critique tombe. Et tout particulièrement dans une région de ce point de vue complètement sinistrée, dont l’économie ne survit que sous perfusion de l’économie du Luxembourg tout proche (100 000 lorrains, dont votre esclave, traversent ici la frontière tous les jours). Et puisque la fermeture probable du dernier haut-fourneau Lorrain à Florange, à quelques kilomètres de là, fait en ce moment l’actualité, l’enthousiasme est obligatoire.

    Selon une image que j’ai déjà servie plusieurs fois, les emplois concerneraient un abattoir de petits enfants qu’ils trouveraient le moyen de se réjouir quand même…

    Bon, je ne sais pas vous, mais quand un type de l’UMP, même seulement apparenté, se réjouit, tous les clignotants s’allument. Et le fait que le monteur de l’affaire soit l’ancien maire “socialiste” d’Agde, devenu avocat d’affaires, ne me rassure pas vraiment.

    On a bien connu en Lorraine il y a quelques années les implantations asiatiques annoncées à grand coup de clairon (notamment par le sinistre Longuet) de sociétés qui ont pompé jusqu’au dernier centime d’argent public avant de s’envoler pour des cieux plus cléments, laissant des Lorrains dans la merde et dégoûtés. Daewoo, JVC, Panasonic…

    Personnellement, ça ne me fait pas plaisir de voir une zone de verdure irrémédiablement bétonnée. D’ici quelques années, toute la bande entre Nancy et Luxembourg, le long de l’A31, ne sera plus qu’une immense zone bétonnée, une agglomération hideuse alternant échangeurs, zones industrielles et zones commerciales…

    Autre point noir : la zone se trouve sur le trajet des frontaliers qui se rendent au Luxembourg. Cette zone est déjà très encombrée, et on y compte de nombreux accidents. Il y a fort à parier que le bouchon quasi total matin et soir entre Thionville et Luxembourg va donc s’allonger de plusieurs kilomètres, au moins jusqu’à la patte d’oie entre A31 et A30.

    Mieux, le fameux pont de Richemont, qui est dégradé par le passage à flux continu (et grossissant) de millions de poids lourds de toute l’Europe, va en encaisser encore davantage. Tous les frontaliers ont en mémoire la coupure de ce pont pour travaux il y a quelques années, qui avait entraîné pendant plusieurs mois un allongement d’une bonne demi-heure du temps de trajet vers le Luxembourg.

    Mais tout cela n’est que roulette de Samsonite, ronchonnement de blogueur en mal d’inspiration. Relisons plutôt le communiqué de presse :

    Quelque 2.000 entreprises technologiques chinoises s’implanteront d’ici 2014 à Illange (Moselle) sur un pôle d’affaires, où elles devraient créer 3.000 emplois en partenariat avec des sociétés européennes, a annoncé lundi le président (DVD) du conseil général de la Moselle, Patrick Weitten

    J’ai bien lu, il s’agit de 2000 entreprises chinoises ! Et ces entreprises viennent s’exposer en France. Pour quelle raison, à votre avis ?
    Réfléchissez un peu… Pourquoi les garagistes construisent-ils des “show rooms” ? Pour acheter des pièces détachées ? Ben non, évidemment : pour vendre ! Si Peugeot veut vendre des bagnoles en Chine, il construit un espace pour montrer ses bagnoles en Chine, pas à Illange…

    D’ailleurs c’est écrit un peu plus bas. “La construction des 230.000 m2 du centre doit débuter à l’automne pour offrir aux entreprises chinoises les infrastructures nécessaires à leur marketing et à leurs gestions financière, administrative et comptable ainsi que leur service après-vente”
    Lapalisse n’aurait pas dit mieux, mais le marketing et le SAV sont des préoccupations de vendeurs, pas d’acheteurs…

    Le magnifique projet créateur de 3 000 emplois ne serait-il pas une version moderne du cheval de Troie ? Les 3000 emplois ne seraient-ils pas la bien maigre contrepartie de nouvelles délocalisations massives ?

    Encore une dernière chose. Le financement du projet est assuré par une société… luxembourgeoise ! Certes le Luxembourg n’est distant que d’une vingtaine de kilomètres, mais on peut légitimement s’étonner, non ? Le pognon est rassemblé par un fonds d’investissement (les zinvestisseurs seraient paraît-il européens et non chinois, mais vous pourrez toujours vous brosser pour connaître les véritables bénéficiaires économiques…) dans ce que les spécialistes appellent un “véhicule d’investissement”. Une SICAR, ça s’appelle. Fiscalement, c’est évidemment très intéressant. Voilà ce qu’en dit une fiduciaire du cru :

    Les apports en capital faits aux SICAR ne sont pas soumis au régime général du droit d’apport proportionnel de 0,5% (à partir du 1/01/2008) mais à un droit fixe de 1 250 EUR.

    La SICAR constituée sous forme de société de capitaux est exemptée d’impôt sur la Fortune.

    Par contre, elle est totalement soumise à l’impôt des sociétés sur le revenu et l’impôt commercial communal. Toutefois, la SICAR est exonérée d’impôt sur les revenus provenant des valeurs mobilières précitées ainsi que pour les revenus provenant des cessions, d’apports ou de liquidation de ces actifs (y compris les fonds qui sont en attente d’être placés en capital à risque - maximum de 12 mois) . Il en résulte donc une base imposable minimale pour les SICAR. A noter que les moins-values sur valeurs mobilières ne sont pas déductibles.

    Les distributions de dividendes aux investisseurs sont totalement exemptées de retenue à la source au Luxembourg (qu’elles soient résidentes ou non résidentes, personnes physiques ou personnes morales, résidentes dans un pays de l’U.E. ou non, avec ou sans convention fiscale).

    La SICAR est exempte d’Impôt sur la Fortune.

    La SICAR, en tant que société imposable, est admise au bénéfice de la directive Mère Filiale, de la Directive Intérêts-royalties (Directive 2003/49/CE) et au bénéfice des conventions préventives de double imposition.

    A noter, qu’aucune retenue à la source n’est due sur les intérêts et royalties versés à des tiers.

    Un fiscaliste nous expliquerait ça mieux que moi, mais il n’y a pas besoin d’être un grand juriste pour comprendre qu’il s’agit d’un régime fiscal plus avantageux que celui promis par Flanby aux millionnaires… Et que ce machin risque davantage de détruire des milliers d’emplois industriels que de rapporter un fifrelin à l’Etat…

     

    On va encore m’objecter que je suis un Cassandre, qu’on ne connaît pas encore suffisamment les détails pour juger définitivement. C’est vrai. On me dira que rien n’est tout blanc, ni tout noir (tout jaune, en l’occurrence), que c’est sûrement un accord win-win entre la France et la Chine. ..

    Mais outre l’indispensable sens critique dont il faut systématiquement faire preuve — ce que la plupart oublient systématiquement avant de s’étonner, mais un peu tard, qu’ils se sont fait enfumer —, je me demande comment dans les conditions actuelles on peut prétendre faire des affaires profitables avec la Chine. Avec une différence de salaire qui reste abyssale, un code du travail et des “prestations sociales” inexistantes, une monnaie artificiellement basse et des accords de libre échange qui sont dans ces conditions absolument délirants, comment peut-on croire au final que le salarié français puisse avoir une chance ?

    Alors qu’une poignée d’affairistes européens s’en mette plein les fouilles, c’est possible. Que cela crée des zemplois locaux, on peut y croire (encore que j’aimerais bien pouvoir compter les 3000…). Mais à l’heure où tous les politiciens brodent autour de la nécessité d’imiter l’Allemagne et de construire un tissu de PME françaises, que penser de l’idée de dérouler le tapis rouge à 2000 PME… chinoises venues narguer leur concurrentes françaises ?  C’est totalement surréaliste…

    Timeo Danaos et dona ferentes

    http://www.superno.com/blog/


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  • Allez, rions un peu !

    Une petite vidéo amusante : la vérité est parfois dans la saucisse...

    Vu sur http://www.bahbycc.com/


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  • http://www.dutoitfreeblog.com/.a/6a00d83451935369e20162ff83bb8d970d-800wi

     

    La meilleure taxe sur le capital reste le salaire

    A propos de la taxation des transactions financières annoncée par Nicolas Sarkozy

     

    Avec la proposition de Nicolas Sarkozy d’instaurer une taxe sur les transactions financières dite "Taxe Tobin", l’idée du Président de la république, futur candidat, est de se montrer comme le défenseur de l’intérêt général face à l’hyper puissance financière. Le Président remet de plus sur le devant de la scène, une idée à laquelle le voisin allemand, assez impopulaire dans l’opinion française, ne semble pas vouloir se rallier rapidement. Nicolas Sarkozy veut aussi mieux faire passer la pilule de la "TVA sociale" qui coince, y compris dans une partie de son propre électorat. La taxe sur les transactions financières a vocation à être un marqueur dans la campagne du futur candidat.
     

    Dépassant le simple effet d’annonce et la stratégie purement politicienne du Président candidat, nous proposons de réfléchir aux fondamentaux de ladite taxe. Pour cela, nous reviendrons sur le pourquoi de l’hypertrophie financière, sur la caractérisation des échanges en milieu financier pour ensuite traiter des questions relatives à la mise en œuvre de la taxe.


    1. Pourquoi la finance est-elle aujourd’hui hypertrophiée ?

    1ère idée fondamentale : la bonne santé de la finance dépend du taux d’exploitation du travail productif dans l’économie réelle.

    L’idée répandue est que la finance est toute puissante dans ce monde. Tout le monde en dépendrait, entreprises, États et collectivités, consommateurs/emprunteurs, salariés et elle dicterait la politique à suivre.

    Mais la question légitime à se poser est pourquoi et comment la finance a pris une telle importance ?

    La finance est la forme monétaire de l’accumulation du capital. La finance représente donc une partie du capital. De fait, si on distingue souvent les capitalistes industriels des capitalistes financiers, sur un plan global, le capital financier et le capital industriel forment un tout : il s’agit de deux facettes du capital.

    Si l’une des formes du capital s’hypertrophie, c’est-à-dire croît de manière rapide, c’est bien que le système capitaliste fonctionne. C’est-à-dire que le rapport social de production désormais mondialisé, assis sur le salariat généralisé, permet à une frange très limitée de la population mondiale de pomper la valeur produite par le travail du plus grand nombre. Nous nous limiterons ici à rappeler que seul le travail crée de la valeur (c’est-à-dire de la richesse économique sous forme de biens et de services). Le capitaliste exploite, au sens économique du terme, le travail et prend sa part de richesse.

    De l’intensité de l’exploitation du travail productif va donc dépendre la bonne santé du capital. Et plus le taux d’exploitation du travail productif sera important dans l’économie et plus le capital financier pourra croître et s’hypertrophier. La finance n’est donc absolument pas autonome. Sa « pérennité », sa « bonne santé » dépendent, sur longue période, du taux d’exploitation du travail productif dans l’économie réelle. Fondamentalement, la finance se nourrit de l’augmentation de la plus-value produite. Elle la capte en détournant à son avantage les gains de productivité au détriment du travail.

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    Par exemple, le graphique ci-dessus [1] montre qu’en France et d’après les chiffres de l’INSEE, la baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée (échelle de gauche) a été concomitante avec une hausse des profits distribués sous forme de dividende (en pourcentage de la masse salariale, échelle de droite).

    La finance se nourrit de la faiblesse du salaire. Cependant, le capital pour assurer son accumulation doit faire face à deux contraintes : reproduire la force de travail, sinon la richesse ne se crée plus, et trouver des débouchés pour les biens et services produits. Dans les deux cas, il faut suffisamment de salaire ! Concernant les débouchés, on peut dire que jusqu’à la crise de 2008, la consommation des rentiers et le recours massif au crédit pour les ménages ont permis de « faire avec » la faiblesse du salaire et de maintenir la croissance de la consommation. Depuis la crise du crédit [2], la situation est beaucoup plus tendue. D’un côté, relancer la consommation demanderait d’augmenter les salaires, mais de l’autre cela signifierait à courte vue, la baisse du taux de marge des entreprises et la diminution des revenus du capital.

    La situation actuelle fait ressortir les contradictions inhérentes au système.

    Elles sont aujourd’hui exacerbées et la classe des capitalistes se crispe sur ses acquis en ne voulant rien lâcher. Le choix assumé par l’actuel gouvernement est par exemple de continuer à baisser le salaire que ce soit en remettant en cause la cotisation sociale via la TVA sociale ou en généralisant les « accords salaire contre emploi ».

    2de idée fondamentale : la mondialisation capitaliste et la financiarisation qui en résulte, émanent de politiques économiques et sociales coordonnées entre les grands États.

    Le monde économique dans lequel nous vivons n’est pas devenu ce qu’il est par hasard et fatalité. Il est le résultat d’une politique. On a tort de dire que la politique est désormais absente du débat. Le système n’est pas mal conçu. Il permet à un petit nombre d’individus de retirer d’énormes bénéfices de l’exploitation du travail productif. Il est donc conçu pour générer des inégalités économiques, sous couvert d’une doctrine libérale très marquée.

    Le mouvement est double puisqu’il comprend à la fois une dimension d’extension et d’intensification du degré d’exploitation : 
    - La mondialisation capitaliste a permis d’étendre l’exploitation à de nouveaux territoires comme la Chine, l’Inde… dont certains ont la taille de continents. Jamais, le capital n’a disposé d’un tel prolétariat [3] ! Cette mondialisation permet aussi d’ouvrir de nouveaux champs d’exploitation via les privatisations et la marche forcée vers la marchandisation des services publiques et de la protection sociale dans tous les pays. Le processus d’extension est donc double : il est géographique et sectoriel
    - La mondialisation capitaliste permet d’intensifier l’exploitation dans l’ensemble des pays et en particulier les pays développés de l’OCDE : la période est à la régression sociale, de plus en plus assumée politiquement via la mise en œuvre de politiques de rigueur. Dans un contexte qui lui est favorable, le capital a exigé et a obtenu des politiques la suppression de tous les obstacles à sa libre circulation : dérégulation, désintermédiation et décloisonnement font que les contraintes imposées aux acteurs de la finance ont considérablement été réduites. Ces acteurs peuvent ainsi se lancer dans une chasse à la plus-value au niveau mondial.

    Et le capital est allé jusqu’à obtenir aussi la privatisation du service de création monétaire au profit des banques commerciales. La création de monnaie devient un pur outil lucratif et orientable vers la spéculation sur les devises, les titres de dette publique, les titres d’entreprises, les matières premières, l’immobilier… La mondialisation capitaliste s’est aussi caractérisée par une défiscalisation des revenus du capital : une véritable « machine à défiscaliser » à été mise en place, selon l’expression de Vito Tanzi lorsqu’il était Directeur du département des affaires fiscales au FMI. On peut par exemple l’observer au travers de l’évolution du taux d’imposition des sociétés dans le monde et en particulier dans l’Union Européenne de 1993 à 2010 [4].

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    Aujourd’hui, les États semblent se trouver désarmés face à la finance. Cette situation n’est pourtant pas une fatalité qui se serait abattue sur eux et sur les peuples. Déréglementer, c’est aussi une politique ! Quand on dit que les grands dirigeants de la planète ont toujours du mal à se mettre d’accord, c’est faux ! Ils ont su mettre en place et coordonner une politique économique cohérente du point de vue du capital.

    Ce constat doit nous amener d’une certaine manière à l’optimisme puisqu’une politique économique coordonnée a donc déjà existé et à été mise en œuvre. Reste maintenant à en imposer une plus favorable aux travailleurs !

    2. Caractéristiques des échanges en milieu financier

    Les échanges monétaires dans l’économie réelle valident la valeur de marchandises et de services produits par le travail. Je paie un kilo de tomate, je paie une table, une coupe de cheveux… autant de richesses produites par le travail et dont la valeur est validée par un échange monétaire. Sur un territoire, lorsqu’on fait la somme de cette richesse économique produite on obtient le Produit Intérieur Brut (PIB). Ce même Produit fait l’objet d’une répartition entre le travail et le capital.

    Au bout du bout, les conditions de vie d’une personne vont dépendre de sa possibilité d’avoir accès aux richesses produites. La plupart d’entre nous accède plus ou moins bien à cette richesse selon le niveau du salaire perçu ; d’autres y accèdent par la rente, l’intérêt, le dividende… revenus du capital. Une petite part d’entre nous accède à cette richesse produite en accumulant du capital financier, c’est-à-dire un portefeuille de droits sur la valeur produite.

    Les échanges sur les marchés financiers portent sur ces droits qui prennent la forme d’actions, d’obligations, de SICAV, de produits financiers dérivés, de« droits à polluer », de titres de dette, de devises [5]…

    Les institutions financières qui gèrent les portefeuilles s’échangent ces droits entre elles. Elles « spéculent » sur la valeur future des droits et des devises : cette valeur future est in fine appréciée en fonction de la capacité estimée d’un « droit » à s’exercer sur l’économie réelle, c’est-à-dire à en extraire de la valeur. Par exemple, les actions d’une société qui promet le versement durable d’importants dividendes vont être très recherchées par les agents financiers.

    Chaque acteur de la finance vise à accumuler « les meilleurs droits sur la valeur », ceux à plus fort potentiel, ceux qui auront le meilleur rendement, ceux qui rapporteront le plus de dividendes, le plus d’intérêts… et ceux pour lesquels la spéculation est la plus juteuse. Chacun tente d’anticiper les baisses comme les hausses…

    La finance multiplie les échanges entre ses institutions : banques, fonds de couverture, fonds de pension, assurances, etc. jusqu’à créer des bulles spéculatives. Ces échanges sur du capital fictif, des droits sur la valeur, provoquent des gains et des pertes, qui globalement aux bornes de l’ensemble des agents financiers sont nuls. En permanence certains gagnent quand d’autres perdent dans un monde où l’objectif de tous est d’obtenir un rendement supérieur à la moyenne du marché ! Ce qui est logiquement impossible ! Tout le monde ne peut pas être satisfait.

    Ainsi, la finance peut croire qu’elle assure elle-même sa propre liquidité mais en réalité tout cela est fictif. Tant que l’échange de titres est possible, tant qu’un vendeur trouve un acheteur alors les plus-values sont réalisables. La spéculation en enrichit certains, sans pour autant produire de valeur. Tout cela fait oublier que, pour qu’au global et sur une longue période la finance croisse, il faut qu’elle soit en mesure de tirer toujours plus de valeur de l’économie réelle : par exemple en soutirant 50 milliards d’intérêts des titres de dette publique de l’Etat français en 2012 ou en recevant 35,6 milliards d’euros de dividendes et 10 milliards d’euros de rachats d’actions des groupes du CAC40 en 2011 [6], etc. La finance reste dépendante de l’économie réelle. Elle dépend du rapport d’exploitation. Gardons en tête notre première idée fondamentale.


    Les transactions financières sont les échanges monétaires de droits (devises, actions, obligations…) entre agents financiers. Le niveau des transactions financières est largement supérieur à celui des transactions réalisées dans l’économie réelle. Plus de 70 fois supérieur ! Les agents de la finance ne cessent de s’échanger des « droits » et de spéculer sur leur valeur future. Le nombre d’opérations donne donc le tournis ! De ce point de vue, la finance semble prendre le pas sur l’économie réelle. Mais c’est un mirage ! En réalité, une bataille de chien sévit entre financiers pour acheter au bon moment les meilleurs droits de tirage sur la valeur. Si la finance est frénétique et exaltée (que d’énergie en effet dépensée par ses agents dans les salles de marché !), c’est avant toute chose parce qu’elle estime que l’économie réelle va continuer à l’alimenter, c’est-à-dire que le taux de profit dans l’économie va rester élevé. Autrement dit, que l’exploitation du travail productif va continuer de s’étendre et de s’intensifier.


    3. Des échanges de plus en plus rapides et dématérialisés

    Une partie de plus en plus importante des échanges financiers échappe au contrôle des autorités de régulation. Si la City de Londres ou la bourse de Singapour concentrent autant d’échanges financiers, c’est parce que les contraintes et le contrôle y sont moins importants qu’à Paris ou à Francfort par exemple. Mais la finance pratique aussi de manière croissante des opérations qualifiées d’off-shore c’est-à-dire hors des grandes places financières. L’ingénierie financière crée des parades pour échapper aux contrôles.

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    Les échanges financiers sont réalisés sur des marchés dits régulés (bourse de Paris, New York…) mais aussi de plus en plus sur des marchés non régulés : paradis fiscaux, chambres privées de compensation comme le désormais célèbre Clearstream, échanges de gré à gré, etc. La finance a aussi créé des plateformes complètement dématérialisées pour réaliser des échanges qui concentreraient maintenant la majeure partie des transactions financières. Fragmentés, dématérialisés, les échanges seraient de moins en moins contrôlables.


    La finance est High-tech et utilise les outils les plus sophistiqués. Les ordres d’échanges sont gérés par des logarithmes informatiques afin d’arbitrer dans la milliseconde sur des titres. On achète à terme, on achète sur la base de plus-values non encore effectives… on achète avec de l’argent que l’on n’a encore pas… que d’innovations, que d’imagination, que de matière grise utilisées à des tâches sans réelle valeur ajoutée ! Mais si le développement de l’ingénierie financière est débridé c’est surtout parce que le législateur a décidé de lâcher la bride, d’abolir la plupart des contraintes réglementaires.

    4. Une taxe sur les transactions financières pour quoi faire ?

    C’est dans ce contexte que Nicolas Sarkozy reprend à son compte l’idée générale de taxer les transactions financières.

    Cette idée n’est pas nouvelle. On l’attribue souvent à James Tobin, prix Nobel d’économie, suite à ses propositions formulées en 1972. Il est important de souligner que Tobin n’est pas un anticapitaliste. Sa proposition avait un simple objectif de régulation des échanges de devises suite à la montée en puissance de la spéculation au début des années 70. Rien de révolutionnaire donc. Tobin a même tenu à distinguer sa proposition d’origine de celles formulées par ceux qui ensuite ont repris à leur compte l’idée d’une telle taxe ; en France par exemple l’Association Attac.

    4.1. L’objectif de la Taxe

    Quel est l’objectif que l’on fixe à une telle taxe ?

     

    Première chose, la taxe sur les transactions financières porte sur les dites transactions et n’a pas pour objectif d’interférer sur le niveau fondamental du partage des richesses entre salaire et profit dans l’économie réelle. Ainsi, la taxe sur les transactions financières ne remonte pas à la source du problème. Nous y reviendrons en conclusion. C’est pourquoi d’ailleurs, de notre point de vue, elle peut être prônée par Nicolas Sarkozy. D’une certaine manière, on prend acte du partage des richesses favorable au capital (au détriment du salaire) et on propose d’apporter quelques corrections. On laisse ainsi intact le niveau d’exploitation du travail productif et pour le capital il s’agit bien là d’un acquis essentiel.

    Cette précision étant faite, deux points de vue sont à distinguer concernant l’objectif de la taxe : 
    - Une taxe sur les transactions financières aurait pour but de réguler les dites transactions. C’est la théorie du « grain de sable ». Comme la fréquence des transactions financières est très grande et que les plus-values réalisées par chaque agent à chaque transaction sont très faibles, il suffirait d’appliquer un taux très bas sur chaque transaction réalisée pour en réguler le nombre. Se faisant, les agents de la finance auraient moins d’intérêt à spéculer à court terme. Dans ce cas, la mise en œuvre de la taxe aurait pour conséquence de baisser le nombre des transactions et donc progressivement de limiter les montants levés via cette taxe.

    - Pour d’autres spécialistes, il serait illusoire de penser qu’on va réguler le rythme des échanges via une telle taxe : « Il existe d’autres instruments plus efficaces pour cela (renforcer les normes prudentielles, limiter l’accès à certains marchés et/ou à certains intervenants, scinder les activités, etc.). L’objectif de la taxe est aujourd’hui ramené à sa plus simple expression : collecter des fonds » [7]. Si ce n’est pas pour réguler les échanges financiers, la taxe aurait donc pour objectif de générer et de pérenniser de nouvelles ressources fiscales. C’est comme cela qu’elle est présentée au niveau de la Communauté Européenne.

    4.2. Ce sur quoi porte la taxe (« L’assiette »)

    L’autre point qui est en débat porte sur l’assiette de la taxe, c’est-à-dire la nature des transactions financières qui seraient imposées. Tobin limitait sa proposition à la spéculation sur les devises.

    Mais le champ de la finance et la nature des produits échangés sont immenses. Surtout, la faiblesse de la réglementation permet à la finance de limiter les traces laissées par la plupart des transactions réalisées. La mise en œuvre d’une taxe sur les transactions financières portant sur l’ensemble des produits financiers échangés nécessite d’abord la mise en œuvre de règles et de contraintes de traçabilité. Dans l’absolu, il faudrait contraindre les opérateurs financiers à réaliser tous leurs échanges sur des marchés réglementés ce qui n’est absolument pas le cas aujourd’hui.

    Il y a donc fort à parier que l’assiette de la taxe ne sera pas déterminée ex-ante par le législateur mais ex-post, en portant seulement sur les transactions qu’il est possible de tracer et d’identifier. Le problème est alors que la majeure partie des transactions spéculatives en serait ainsi protégée.

    4.3. Quel taux ?

    Généralement, ceux qui prônent l’instauration d’une taxe sur les transactions partent du principe de l’application d’un taux faible d’imposition compris entre 0,05% et 1% au grand maximum. Au-delà, le taux aurait un effet contreproductif en ne limitant pas seulement les échanges spéculatifs mais également les échanges financiers considérés comme étant indispensables au bon fonctionnement de l’économie [8]. D’autres proposent la mise en œuvre de taux différenciés : très élevés pour les opérations purement spéculatives, très faibles pour les autres.Fondamentalement le présupposé est alors de pouvoir faire une distinction claire entre les transactions spéculatives et les autres. Pas facile !

    4.4. Qui taxe, qui collecte, qui profite de la taxe ? Le processus engagé au niveau européen

    Le modèle idéal présenté par les supporters d’une taxe sur les transactions financières serait celui d’une taxe mondialisée, c’est-à-dire appliquée de la même manière partout. Elle serait collectée par les États pour ensuite être affectée à des projets de développement internationaux.

    Plus modestement, le projet pourrait concerner une zone économique comme l’Union Européenne. Mais alors, outre que les partenaires de la zone Euro ont déjà du mal à se mettre d’accord, il faudrait surtout convaincre la Grande Bretagne de l’appliquer. En effet, la City de Londres concentre la majeure partie des échanges financiers en Europe. Cela pour une bonne raison : la finance y est plus tranquille qu’ailleurs.

    Un pays peut-il mettre en œuvre seul une telle taxe ? « oui ». Mais alors sa portée serait encore plus limitée. La Suède a essayé sans grand succès et s’est résignée à l’abandonner.

    4.5. Le processus engagé au niveau européen

    En juin 2011, la Commission avançait l’idée d’un taux compris entre 0,01 et 0,001% de la valeur des transactions rapportant entre 30 et 50 milliards d’euros par an au budget de l’Europe. Une résolution du parlement de Strasbourg fixe un objectif de recettes à terme de 200 milliards d’euros avec un taux passant à 0,05% [9]. L’Assemblée Nationale en France a approuvé la résolution européenne le 14 juin 2011 en précisant ses ambitions concernant l’assiette de la taxe : toutes les transactions boursières et non boursières, titres, obligations, et produits dérivés, de même que toutes les transactions sur le marché des changes.

    4.6. La taxation des transactions financières en France : retour sur l’annonce de Nicolas Sarkozy

    Dans son allocution du dimanche 29 janvier, Nicolas Sarkozy a annoncé la mise en place d’une « taxe boursière » à compter du 1er août 2012. Le taux serait plus important que les préconisations communautaires puisqu’il serait de 0,1%. La taxation concernerait les transactions sur les actions, celles sur les dérivés (comme les CDS) et le « trading haute fréquence » (les échanges automatisés à la microseconde). La taxe serait acquittée par les acheteurs.

    Le gouvernement espère que cette taxe rapportera 1 milliard d’euros. Ces recettes seraient affectées à la réduction des déficits publics et non à compenser la baisse des cotisations sociales patronales comme cela a été dit au départ [10].

    Pour un taux plutôt haut (par rapport à d’autres préconisations) la recette attendue est plutôt faible. C’est que l’assiette est réduite puisqu’il est précisé que la taxe porterait sur « les acquisitions à titre onéreux de titres admis sur les marchés réglementés d’entreprises dont le siège social est en France ». Ne seraient taxés que les échanges portant sur des titres de sociétés dont le siège est en France. L’argument est qu’il ne faut pas dissuader les sociétés étrangères de venir se faire coter sur le marché parisien.

    De plus, la taxation sur le « trading haute fréquence », sans réglementation et action coordonnée avec le Royaume Uni reste un vœu pieux ! En effet, en Europe, comme nous l’avons dit, c’est la City de Londres qui concentre la majeure partie des échanges. Et David Cameron a réaffirmé sa farouche opposition à une taxation de ce type sur le territoire du Royaume-Uni. On remarquera que la spéculation sur les devises et sur les obligations d’Etat ou d’entreprises ne seraient pas soumise à la taxe.

    Concernant les devises, on peut s’interroger sur le pourquoi de cette restriction. En fait, le 13 décembre 2001, à l’initiative du gouvernement de Lionel Jospin, une loi sur les transactions sur les devises avait été votée par le parlement. Faisant partie du Code Général des Impôts, elle n’a pourtant jamais été appliquée. Son dernier alinéa prévoit en effet que : « Le décret mentionné ci-dessus prend effet à la date à laquelle les Etats membres de la Communauté Européenne auront dû achever l’intégration dans leur droit interne des mesures arrêtées par le Conseil prévoyant l’instauration, dans l’ensemble des Etats membres, d’une taxe sur les transactions sur devises ».

    Ça n’a jamais été fait !

    5. En guise de conclusion

    La politique économique menée par les gouvernements successifs depuis le début des années 70 a mené à contenir les salaires par une politique de rigueur et au contraire à lâcher les brides du capital. La finance s’est développée sur ce rapport d’exploitation. Les gouvernements ont délibérément déréglementé la finance et défiscalisé les revenus du capital. La finance, grenier à grain du capital, se porte bien d’abord parce que le flux de richesse nourrit de mieux en mieux le capital au détriment du travail. L’État, comme gouverné actuellement, n’a pas l’intention de reprendre de la main gauche ce qu’il a donné de la main droite. Il le laissera penser par des mesures comme celles annoncées par Nicolas Sarkozy le 29 janvier. Mais ne soyons pas dupes !

    La finance n’est pas hypertrophiée parce qu’elle spécule. Elle spécule parce qu’elle est hypertrophiée. Pourquoi l’est-elle ? Parce que le taux d’exploitation du travail productif est historiquement haut depuis les années 80.

    Aujourd’hui, le monde est en train de supporter un trop plein de profit et un trop peu de salaire mais, au lieu de prendre le taureau par les cornes, on tente de lui planter quelques banderilles qui au mieux ressemblent à des aiguilles à tricoter. La proposition de Nicolas Sarkozy ne va pas plus loin. Et quand le taureau de la finance a découvert son torero, il n’a pas dû être impressionné. Il s’est notamment rappelé que le courageux avait un moment promis la fin des paradis fiscaux !

    Plus sérieusement, une taxe sur les transactions financières devrait au minimum faire partie d’un « train de mesures ». Elle n’a de sens que si elle s’insère dans un ensemble cohérent de mesures de politique économique et fiscale. C’est d’ailleurs de la sorte qu’une association comme Attac la conçoit sans aller aussi loin que nous pourrions l’envisager.

    De notre point de vue, s’il faut passer par une telle taxe pour inverser un processus trop favorable au capital, la perspective est autrement plus intéressante. Mais alors, par cohérence, il faut intégrer d’autres éléments qui demandent de rentrer en conflit ouvert avec la partie adverse : pouvoir de contrôle et transparence fiscale obligent.

    Pour le moins : 
    - Revenir sur la déréglementation de la finance ; réinstaurer des règles, monter des cloisons entre les différentes institutions et mettre à bas la doctrine libérale de « libre circulation » qui n’est qu’un fardeau pour le travail. 
    - Interdire aux institutions financières qui ont pignon sur rue et à leurs filiales de réaliser des transactions dans des paradis fiscaux, des chambres de compensation privées ou des plateformes virtuelles non réglementées. 
    - Engager un processus de socialisation de la création monétaire pour qu’elle ne soit plus un instrument lucratif au service des banques commerciales. 
    - Refiscaliser les revenus du capital. 
    - Et surtout, tarir le flux à la source en menant une politique favorable au salaire. Remettre ainsi en cause le rapport d’exploitation tel qu’il est.

    Via des propositions comme la taxation des transactions financières, on cherche à corriger un peu les inégalités générées par le système. Mais si l’on veut être efficace, alors il convient de rappeler que la meilleure taxe sur le capital est encore le salaire !

    Lilian Brissaud, directeur de CIDECOS 

      mercredi 29 février 2012

     

    Droit d’Alerte n°15


    [1] Tiré de Michel Husson : « compression salariale et inégalités de revenus », octobre 2010.

    [2] Qui masque en réalité la crise du salaire.

    [3] La notion de prolétariat regroupe l’ensemble des individus qui n’ont pas d’autre choix pour vivre que de vendre leur force travail.

    [4] Tiré de Michel Husson : « Où va le capitalisme ? ».

    [5] Détenir la monnaie d’un pays c’est avoir accès à la valeur économique que ses agents produisent.

    [6] Source : la lettre Vernimmem.net, n°104, janvier 2012.

    [7] « Taxer les activités financières : un débat qui rebondit », la Lettre du Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales (CEPII) n°304 – 23 décembre 2010.

    [8] Notre point de vue est qu’on doit surtout distinguer le financement de l’économie de « la finance ». Autrement dit, on peut très bien financer l’économie réelle en se passant de ce qu’on appelle aujourd’hui « la finance ». Nous développons ce point dans d’autres écrits.

    [9] Le taux de 0,05% a aussi été proposé par Attac estimant que cela pourrait rapporter entre 400 à 1000 milliards d’euros au niveau mondial.

    [10] Article du journal Les Echos, du lundi 30 janvier 2012.


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  • Les fils de la terre : une vérité que l'on crient depuis des années ; une vérité qui arrive à l'écran sous les formes d'un documentaires

    Les fils de la terre : une vérité que l'on crient depuis des années

    Au Salon de l'agriculture, il y a de vraies gens, de vrais agriculteurs, de vraies vaches. Les candidats à la présidentielle ont une semaine pour s'y montrer et les téléspectateurs, pour s'y croire, quelques images de tapes dans le dos, sur les croupes, les groins et les museaux. Mais la vraie vie des agriculteurs et de leurs vaches se trouve évidemment ailleurs, loin des cohues de la porte de Versailles et le documentaire "Les Fils de la terre", en a montré, mardi 28 février sur France 2, une tranche particulièrement amère.

    Sébastien Itard, 38 ans, élève des vaches dans le Lot. A perte, car le prix du lait ne cesse de baisser depuis plusieurs années. On s'attend à être éclaboussé de chiffres : prix de revient, taux de rentabilité, marges arrières… Mais non, il n'y en a qu'un à retenir : chaque année de 400 à 800 agriculteurs français se suicident.
    Le père de l'auteur du film, Edouard Bergeon, est entré dans cette sinistre statistique en 1999. Au fur et à mesure que les images racontent, sur plusieurs mois, l'histoire de Sébastien, les photos- souvenirs de la famille Bergeon retracent l'itinéraire d'un éleveur sombrant peu à peu dans la dépression qui finit par s'empoisonner avec des pesticides.
    Alors, même quand le ciel est bleu et les nuages légers, l'atmosphère reste lourde. On s'attend à un drame à chaque tournant de la route que prend Sébastien pouraller travailler dans l'exploitation où ses parents, retraités, vivent toujours. Ecrasé par les dettes et la fatigue, il confie ses angoisses, à fleur de peau, souvent au bord des larmes. Très vite, on se retrouve au milieu d'un conflit entre le fils et le père. "Je me bats pour garder ce que mon père a fait, est-ce que ça vaut une vie ?", demande Sébastien. "Je me crève le cul pour faire tourner une exploitation qui est morte. Lui, il branle rien, tu le vois faire quelque chose depuis que tu viens ?", lance Jean-Claude. Du coup, chaque fois que le fils croise le père, on craint l'affrontement, l'avoinée, les cris. Même les vaches ont l'air triste.
    Après une dispute de trop, Sébastien s'arrête de travailler. Les saisons passent, les tracteurs rouillent, les hommes aussi. Nous, on a fini par prendre nos repères : à la ferme des parents, le coin du feu et les lourds meubles en bois comme cette table où le père se tape le front quand il réalise que la vente devient inéluctable ; dans la maison de ville où Sébastien vit avec sa compagne, la nappe en toile cirée et l'horloge qui égrène les heures durant lesquelles il reste cloîtré dans sa chambre.
    Pendant ce temps, Edouard Bergeon a retrouvé le journal de bord où sa propre mère écrivait : "Christian au lit toute la journée…" Les histoires se rejoignent quand Sébastien se pend dans sa cave. Puis elles s'éloignent quand il en réchappe. Au printemps, il reprend espoir grâce à un réseau de vente directe du lait. La ferme n'est plus à vendre, il se réconcilie avec son père mais reste prudent : "Tu sais pas ce qui va se passer dans trois-quatre ans. Tu sais même pas l'année prochaine..."L'année prochaine, quand on verra à la télévision les cohues du Salon de l'agriculture, on se souviendra de la solitude de Sébastien.

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  • Toujours rien de concret quant au redémarrage de la filière liquide et de l’étamage 2 !

     

    Le président de la république a fait par l’intermédiaire d’un communiqué de presse des annonces concernant des investissements et le redémarrage de la filière liquide au 2ème semestre. Tout d’abord, ces annonces sont le résultat de la mobilisation des salariés et des Organisations Syndicales et bien sur d’une opération électoraliste. La CGT tient à rappeler qu’une partie de ces investissements étaient déjà prévus dans le cadre de l’acceptation du chômage partiel (APLD) par les pouvoirs publics. De plus les investissements sur la cokerie étaient déjà à l’étude, ceux-ci sont indispensables pour continuer à alimenter le site de Dunkerque et assurer la sécurité du site sachant que cette installation est classée Seveso 2.

    Pour mémoire, cette installation fonctionne normalement et n’est pas liée à l’arrêt de la filière liquide. Nous avons toujours en mémoire les promesses non tenues du président de la république à Gandrange avec à la clé, la fermeture de l’aciérie de ce site. Les sidérurgistes n’ont pas seulement besoin d’annonces mais surtout d’actes. L’avenir de Florange passe par le redémarrage immédiat de notre filière liquide et de l’Etamage. Ce ne sont pas les commandes qui manquent puisque le groupe reconnaît refuser celles qu’il juge insuffisamment rentables. De plus il a annoncé qu’il allait acheter 60 000T de brames à Seversthal pour alimenter Brême et Gand. Ce dont nous avons besoin, ce sont des investissements aussi bien sur la recherche et développement que sur l’ensemble de nos installations des HFX aux Usines à Froid.

    Les profits existent au sein d’Arcelor Mittal (2,3MDS) la priorité doit être investie pour l’avenir avec au cœur de l’économie, l’humain d’abord. Alors que Mittal va verser aux actionnaires 53% des bénéfices nets en 2011 au lieu des 46% en 2010 en dividendes.

    La CGT ne laissera pas le débat sur la politique industrielle exclusivement au patronat et au gouvernement. Les salariés qui contribuent à la création de richesses doivent avoir leurs mots à dire et être force de proposition. C’est dans cet esprit que la CGT va organiser une journée d’action sur l’industrie le 22 mars 2012 à Florange avec à l’ordre du jour la défense de la sidérurgie en France et en Lorraine. Pour la CGT, la défense de l’industrie s’inscrit dans le cadre de la défense de la filière Sidérurgie automobile.


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  • Face à la couverture biaisée de ces guerres par les médias «officiels», le public occidental se reporte sur des sites d’information alternative.


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    Il est des termes que notre partie du monde réserve uniquement aux pays moins démocratiques, ou totalitaires. Comme «corruption». Ou «propagande». Chez nous, point de telles barbaries. La propagande, c’est dans le camp adverse. Vraiment? Depuis les années 2000, les Etats-Unis ont, en réalité, poussé l’art de la propagande plus loin que jamais dans l’histoire. La crédibilité des médias occidentaux de masse en est passablement affectée, car ils n’ont développé aucun esprit critique face à ce contrôle pernicieux. A l’heure actuelle, la presse occidentale s’épuise sur les «massacres de Bachar» en Syrie, condamnant les crimes contre l’humanité de ce nouveau «dictateur fou». Mais aucun journal n’enquête sur les ingérences occidentales en Syrie: se pourrait-il, comme le suggère la Russie et certains médias chinois, que l’opposition syrienne soit instrumentalisée par l’alliance occidentale? Qu’elle soit armée, financée, entraînée par les services de renseignement américains?  Dans quelle mesure l’opposition en Libye, elle aussi authentique au départ, n’a pas été infiltrée d’éléments pro-occidentaux? Dans quelle mesure la CIA fabrique-t-elle de toutes pièces, comme l’écrit le penseur américain Noam Chomsky, des oppositions dans les pays hostiles à ses intérêts? Fait inquiétant, il n’est plus possible de soulever ces questions évidentes sans être taxé de «complotiste», «idéologue», «propagandiste», ou «anti-américain». Or une partie du public européen (principalement jeune et de classes inférieures, mais aussi une certaine élite désabusée) est en rupture avec les médias resservant la ligne officielle des Etats. Se méfiant de la couverture systématiquement biaisée de ces guerres, ce public croissant se reporte massivement sur les sites d’information alternative qui triomphent sur la blogosphère.


    Tout comme le président Wilson avait fait appel en 1914 à un organe de propagande (les «Comités pour l’information du public») pour faire basculer une opinion américaine isolationniste vers l’interventionnisme, George W. Bush a créé en 2001 un «Ministère de l’influence stratégique» pour fabriquer un soutien international à l’invasion de l’Irak. C’est ainsi que le mensonge au sujet des armes de destruction massive devint vérité officielle. Des journaux parlaient de stocks d’armes chimiques qui n’existaient pas, comme s’il s’agissant du fait le plus certain. En 2005, l’administration Bush admit avoir entièrement fabriqué de faux reportages, qu’elle avait transmis à des télévisions afin qu’elles les diffusent comme étant de l’information indépendante et objective. Mais la guerre d’Irak avait eu lieu. Aujourd’hui, la petite fiole de poudre blanche agitée par Colin Powell devant le Conseil de sécurité en 2003 reste dans les mémoires. Dans un cas stupéfiant d’absence d’autocritique, un journaliste du Monde.fr a accusé le 24 février les lecteurs, qui postaient des commentaires au sujet de la Syrie, d’être complotistes, manipulés par la propagande syrienne, parce qu’ils n’adhéraient pas à la ligne éditoriale. «Les réactions à nos articles abondent notamment dans les théories du complot et accusations de manipulation», écrit-il, se plaignant d’un «flot de publications versant dans une lecture idéologique et propagandiste des faits». D’humilité, il n’en a aucune en s’irritant du «refus de l’information présentée dans les médias dits «dominants». A  l’introspection sur son métier, il préfère qualifier d’«impostures», de «profusion de contre-vérités» et de «rumeurs invérifiables» les réactions des internautes, qu’il hésite, mais se refuse bravement, à censurer «à tout va». Comment a-t-on pu en arriver là? Bien entendu, les internautes ont massivement réagi à son article. Je reprendrai ici une de ces réponses, mais vous invite à lire le tout*: «Encore un article sur les «complotistes», et toujours la même méthode: stigmatisation morale («vous n’avez pas honte!») et amalgames (mettre sur le même plan ceux qui s’interrogent, et ceux qui sont persuadés de détenir toute la vérité). Les journalistes feraient bien de prendre conscience d’un fait: en quelques années, ils ont perdu la confiance d’une partie de la jeunesse des banlieues ou des milieux populaires. Visiblement, cela ne les incite pas à renouveler leur méthode.» Le lecteur est le client de la presse. S’il devient plus intelligent qu’elle...

     

    Par Myret Zaki



    Source: www.bilan.ch/editoriaux/mz/la-propagande-occidentale-est-la-pire

    *http://rezonances.blog.lemonde.fr/2012/02/24/sur-la-syrie-la-propagande-a-longueur-de-commentaires/


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  • Gérard Rinaldi vient de décéder... Et ça me rend bien triste. Les Charlots, c'est un peu de l'enfance de beaucoup non ?

    Allez, un bon moment à passer que je dédie à M. Hugues-Arnaud Mayer parce que le mauvais esprit, c'est vraiment pas mon truc !


     Par Bruno Roume

     


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    Syrie : quatre vérités

    Beaucoup de gens de gauche regardent trop la télévision et sont sous l’influence de ce qu’ils y voient depuis un an. C'est pourquoi ils restent fermés à la critique de l’impérialisme et de ses agressions contre la Syrie, et qu’ils disent avec des trémolos dans la voix « qu’on ne peut tout de même pas rester les bras croisés face à de telles atrocités ». Les arguments qui s’appuient sur la nécessité du respect du droit international ne sont pas compris, ou sont écartés avec mépris, car ils sont considérés comme négligeables face à la charge émotionnelle produite par les images savamment offertes en spectacle manichéen à l’opinion mondiale.


    Il faudrait inlassablement leur rappeler quatre vérités ! Quatre points à ne jamais oublier dans cette affaire:


    La vérité sur les faits qui se produisent en Syrie depuis une année n'est pas du tout établie, et contrairement à ce qu'affirment les participants au bourrage de crâne médiatique universel, la responsabilité du pouvoir est rien moins qu'évidente dans la majorité des violences qui se sont produites. Médias, presse, journalistes trahissent complètement leur mission d’informer et atteignent les sommets de la tartufferie. Cette campagne est particulièrement forte et efficace parce que des médias d’habitude plus ou moins opposés sur la question palestinienne y contribuent de concert, ce qui reflète au niveau de la communication l’alliance nouvelle contractée sous l’influence de l’administration Obama, entre intégristes musulmans et Occidentaux.


    La victoire de l'opposition syrienne telle qu'elle est serait la pire des choses, sur le terrain elle est prise en main par les salafistes et d’autres obscurantistes violents, et son succès serait bien plus dommageable à la démocratie et aux droits de l'homme, et encore davantage aux droits des femmes, que la victoire du gouvernement, sans parler du fait qu'elle plongerait la Syrie dans le même chaos sanglant qui règne en Afghanistan, en Irak ou en Libye. A titre de comparaison, il faut savoir que la guerre américaine en Irak a causé la mort de 120 000 irakiens nommément identifiés, et une surmortalité globale dans le pays de l'ordre d'un million de personnes depuis 2003 qui s'ajoute au million causé par l'embargo de 1991 à 2003, tout cela dans un pays de 20 millions d'habitants à l'époque.


    Il s'agit en fait d'une guerre internationale classique, d'une agression impérialiste qui utilise des moyens subversifs modernes mais pas si nouveaux pour qu'on s'y laisse prendre si facilement. L'opposition qui est soutenue de l'étranger et par le consensus médiatique est illégitime, elle représente bien davantage les pétromonarchies intégristes et les services secrets occidentaux que les Syriens eux mêmes. Ne pas s'y opposer, ne pas la dénoncer est impensable pour des militants un peu cohérents avec leurs principes et créerait un précédent très dangereux pouvant s’appliquer à n’importe quel pays indépendant déplaisant à l’Empire (Cuba, Venezuela, voire la Russie ou la Chine).


    Le devoir de tout militant communiste digne de ce nom est de lutter concrètement pour la paix en s'opposant aux menées interventionnistes et néocolonialistes de son propre gouvernement, quelque soit le prétexte mis en avant par des gouvernants qui n'ont aucune crédibilité sur le plan des droits de l'homme.


    Alors à ceux qui disent qu'on ne peut tout de même pas rester les bras ballants sans rien faire il faut répondre « en effet, il faut certainement agir contre l'agression occidentale en cours contre la Syrie, et pour empêcher celle qui est programmée contre l'Iran ».

    http://reveilcommuniste.over-blog.fr


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