• Par le Mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP).

    Loi Marche

     

    Résumé

    Depuis trente ans, les libéraux de droite et de « gauche » ont pris prétexte de « l’intégration européenne » pour affaiblir les États. Non pas pour remplacer les puissances publiques nationales par une puissance publique européenne, mais au contraire pour tuer le principe-même de la puissance publique – comme expression de la souveraineté populaire et nationale -, en particulier dans le secteur des services (énergie, eau, transports, santé, éducation, banque, assurances, etc.).

     

    Le M’PEP se livre dans ce texte à une analyse approfondie de la stratégie de l’Union européenne à propos de la Directive « Services », de l’Organisation mondiale du commerce avec l’AGCS, du gouvernement français avec la RGPP notamment, des collectivités locales françaises sommées de mettre en œuvre cette Directive.

     

    Un panorama des stratégies perdantes à gauche depuis trente ans est effectué, accompagné de quelques propositions visant à redresser la barre.

     

    Texte complet

     

    Pulvériser le cadre libéral européen

    Depuis trente ans, les libéraux de droite et de « gauche » ont pris prétexte de « l’intégration européenne » pour affaiblir les États. Non pas pour remplacer les puissances publiques nationales par une puissance publique européenne, mais au contraire pour tuer le principe-même de la puissance publique – comme expression de la souveraineté populaire et nationale -, en particulier dans le secteur des services (énergie, eau, transports, santé, éducation, banque, assurances, etc.).

     

    Le rôle de l’Union européenne dans l’affaiblissement des puissances publiques nationales

    La puissance publique ayant un rôle régulateur dans l’économie, ils l’ont affaiblie en invoquant un principe qui se trouve dans le traité de Rome (1957) : la libre-circulation des services et des capitaux. Le Traité de Nice (2001), autre traité européen, indique dans son article 56 que « toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites ». Et qui dit « libre-circulation », dit « libre-concurrence » ! A partir de ce principe, toute intervention publique, qu’elle soit financière ou à travers des lois (des règles sociales ou environnementales), devient une « entrave à la concurrence » !

     

    Ce principe a surtout été activé à partir de 1986, quand Jacques Delors a proposé « l’Acte unique européen » dont le principe a consisté à passer du « Marché commun » au « Marché unique ». Principe ensuite consolidé par le traité de Maastricht (1992) dont l’objectif était de mettre en concurrence toutes les activités économiques... et même toutes les activités humaines.

     

    Au moment même où se négociait le traité de Maastricht, se négociaient également les statuts de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Depuis 1994, cette puissante organisation – qui n’a aucune légitimité démocratique - est chargée de faire appliquer l’Accord général sur le commerce des services (AGCS). Il s’agit d’un programme à l’échelle internationale visant le démantèlement des services publics en faveur des entreprises privées, et de privatisation des services publics existants.

     

    Un jeu de poupées russes

     

    Au niveau international, l’OMC agit pour mettre en œuvre l’AGCS, un accord de libéralisation à l’échelle planétaire.

    Au niveau européen, l’Union européenne ne reconnaît pas les services publics car elle considère qu’ils sont incompatibles avec le principe de la « concurrence libre et non-faussée » ! Elle utilise le traité de Maastricht et le traité de Lisbonne pour élaborer et mettre en œuvre des directives – comme la Directive « services » (anciennement « directive Bolkestein ») portant sur la libre-circulation des services, au même titre que celle des hommes, des marchandises et des capitaux.

     

    Au niveau national, le gouvernement a élaboré la RGPP (Révision générale des politiques publiques), qui va dans le sens des traités européens. En ce qui concerne le système hospitalier, la loi HPST (Hôpital, patient, santé, territoire) découle de la RGPP. Les « partenariats » public-privé (PPP), forme déguisée de privatisation, sont inscrits dans ces lois. C’est normal ! Car en inscrivant le traité de Lisbonne dans la Constitution française en 2007, le Congrès, à la demande de Sarkozy (et avec la complicité du Parti socialiste et d’Europe écologie/Les Verts), a rendu illégal en France le principe des services publics !

     

    Au niveau local, les élus des collectivités (mairies, SAN, conseils généraux, conseils régionaux, etc.), qu’ils soient de droite ou de gauche, sont mis en demeure de respecter les traités européens et d’appliquer les directives européennes. Qu’ils le fassent de bon gré ou pas, tous le font, tous mettent en œuvre des directives libérales, la plupart du temps sans piper mot, sans alerter la population, sans créer de conflit...

     

    Connaissez-vous la Directive « services » ?

    L’Union européenne n’ayant pas retenu « public » dans « Service public », elle l’a remplacé par « intérêt général ». Elle s’est concentrée sur « Service » en ne laissant au mot que la dimension économique, le Service étant conçu comme une forme de produit.

     

    Généralités

    La Directive « services » adoptée en 2006 a pour objectif de faciliter « la liberté d’établissement des prestataires » et de faciliter la libre-circulation des services. Son objectif ultime est la mise en concurrence de tous les « prestataires », et tout particulièrement du public avec le privé. Il s’agit bien de sacrifier les services publics sur l’autel de la libre-concurrence. Cette directive s’appuie sur plusieurs articles du traité de Lisbonne : l’article 49 et les articles 56 à 62. Partant du prétexte d’assurer la libre-circulation des personnes, l’Union européenne impose d’un même coup la libre-création d’entreprise et l’accès aux services.

     

    La notion de service est établie dans l’article 57 : « Au sens des traités, sont considérés comme services les prestations fournies normalement contre rémunération, dans la mesure où elles ne sont pas régies par les dispositions relatives à la libre-circulation des marchandises, des capitaux et des personnes. Les services comprennent notamment : des activités de caractère industriel, des activités de caractère commercial, des activités artisanales, les activités des professions libérales. » Le terme le plus important dans ces lignes est le mot « notamment », qui indique clairement que la liste n’est pas close.

     

    Le « secteur par secteur »

    Fin 2011, la Commission européenne fera un rapport complet sur la Directive accompagné de propositions de modifications concernant les domaines exclus du champ d’application. C’est-à-dire qu’elle se réserve la possibilité d’intégrer après 2011 de nouveaux secteurs qu’elle n’avait pu imposer dans un premier temps : toujours la stratégie lancinante du « secteur par secteur ».

     

    A ce sujet, lisons ce qu’écrit le SGAE (Secrétariat général des affaires européennes) : « Compte-tenu du débat provoqué par la mise en pratique de la Directive « services », la France a privilégié une transposition secteur par secteur à une transposition globale. [...] La loi de modernisation de l’économie (4 août 2008), la loi de développement et de modernisation des services touristiques (22 juillet 2009), ou encore la loi HPST (21 juillet 2009) ont permis d’avancer dans la transposition de la directive. Il reste cependant un certain nombre de chantiers en cours. »

     

    Petit panorama des stratégies perdantes à gauche depuis trente ans

    Des collectifs par centaines en France se battent pour la défense des services publics. Ils remportent quelques victoires ponctuelles mais ne parviennent pas encore à faire reculer le mouvement général de libéralisation. Pour le M’PEP, les raisons se trouvent dans le mauvais choix stratégique des organisations syndicales et politiques de gauche très impliquées dans cette lutte.

     

    Agir contre le gouvernement et seulement contre le gouvernement ?

    Il faut lutter contre la politique libérale du gouvernement et donc contre la mise en œuvre de la RGPP et de la loi HPST. Mais la politique de casse et de privatisation des services publics à commencé bien avant l’actuel gouvernement ! En effet, depuis longtemps, une part importante de l’activité parlementaire dans notre pays consiste à traduire les directives européennes en droit français. Que les assemblées et les gouvernements soient de la gauche-libérale ou de la droite-libérale, le libéralisme avance dans notre pays depuis trente ans.

     

    Changer l’Union européenne de l’intérieur ?

    Il ne faut pas s’y tromper : le couple Sarkozy-Merkel semble parfois pouvoir modifier le pilotage de l’Union européenne à lui tout seul. Mais les quelques modifications qu’il entreprend rentrent parfaitement dans le cadre libéral des traités ! Aucune rupture par l’Union européenne d’avec la logique libérale n’est envisageable sans l’accord unanime des 27 États membres (règle fixée dans les statuts de l’UE). A quelle échéance peut-on espérer une telle conjoncture politique ?

     

    Changer la couleur politique du Parlement européen ?

    L’assemblée qui représente les peuples au niveau européen ne possède aucune compétence sur les traités communautaires et les accords internationaux. Or, ces traités et ces accords sont les véritables fondements des politiques européennes. C’est la Commission européenne (non-élue) qui a l’exclusivité en matière de propositions législatives. Le Parlement est donc cantonné à vérifier la conformité des directives que la Commission émet par rapport au droit européen (un peu comme le Conseil Constitutionnel en France).

     

    Construire un grand mouvement social européen ?

    Certes, il faut organiser les travailleurs à l’échelle européenne et coordonner les luttes. Mais il faut aussi être réaliste : lorsqu’on voit les difficultés à coordonner les luttes (et à construire l’unité) en France, on comprend bien qu’une telle perspective ne se réalisera pas à court terme au niveau européen. Que fait-on en attendant ? Depuis plusieurs années des résistances s’organisent pour sauver les services publics. Un certain nombre de syndicats agissent, mais ils le font toujours secteur par secteur. Pourquoi ? Pourquoi ne nomment-ils jamais la Directive services ? Le résultat est qu’ils n’interviennent que sur les effets et jamais sur les causes.

     

    Porter au pouvoir un gouvernement vraiment à gauche ?

    La quasi-totalité des mesures proposées par les organisations politiques de la gauche « de gauche », si elles parvenaient au pouvoir, sont incompatibles avec le droit européen. Or, refuser d’appliquer les directives et les lois européennes expose la France à de lourdes sanctions économiques. Comment ces organisations comptent-elles faire si elles parviennent effectivement au pouvoir ? A moins de se renier gravement, tout montre qu’elles n’auraient pas le choix : il leur faudrait désobéir et refuser de payer, c’est-à-dire construire un droit national socialement juste et protecteur - même si ce droit est incompatible avec les textes européens. Pour le moment, aucune de ces organisations n’a inscrit ces options dans son programme, ce qui les rend peu crédibles aux yeux des électeurs.

     

    Revendiquer une loi-cadre au niveau national ?

    Certains pays ont décidé de se protéger, en partie tout du moins. Les Parlements de 26 pays sur 27 ont promulgué une « loi-cadre » pour définir « l’intérêt général » sur leur territoire et ont listé les services qui devaient échapper aux contraintes de la Directive services. Ainsi, par le principe de subsidiarité, ils ont établi une sécurité juridique pour toutes les collectivités territoriales redevables à la population de services qui ne soient pas basés sur la rentabilité. Le seul pays à ne pas l’avoir fait, c’est la France… Le gouvernement français est en effet le plus zélé des gouvernements européens en matière de libéralisation.

     

    Il existe un collectif national (le collectif SSIG) qui revendique l’exclusion d’une série de services sociaux de la mise en œuvre de la directive services en France. Des parlementaires socialistes ont déposé un amendement dans ce sens qui n’a pas été voté. Cependant, cette sécurité juridique a ses limites. Les textes nationaux et les textes européens ne délimitent pas le même ensemble de "services sociaux". Ainsi, il est tout à fait possible d’être exclu de l’application de la Directive « services »... tout en restant soumis aux règles dégagées par le juge européen de la cour de justice de l’UE. Et ce, même après transposition complète de la directive (ce qui n’est pas encore le cas en France).

     

    En réalité, il n’a jamais été question de permettre aux États de soustraire des services sociaux du champ de la Directive « services » : en vertu de la jurisprudence, on sait à présent que tous les services publics sont soumis au droit de la concurrence.

     

    On le voit, l’Union européenne crée massivement du droit. Mais elle crée aussi une véritable insécurité juridique autour de la notion de service public

    Dans les traités et les directives, le flou de certains alinéas lui offre en effet d’importantes marges de manœuvre pour étendre sans cesse le champ d’application des libéralisations, notamment par effet de jurisprudence. Par exemple, l’article 2 de la Directive « services » exclut explicitement douze types de services de son champ d’application dont « les services d’intérêt général non-économique ». Le nœud du problème se trouve dans cette appellation. Puisque la plupart des « opérateurs sociaux » interviennent dans des secteurs ouverts à la concurrence ou susceptibles de l’être, le « service d’intérêt général non-économique » pourrait être finalement une catégorie vide.

     

    Alors que faire ? La gauche doit sortir de sa torpeur européiste et faire preuve de courage

    Il faut sortir de l’impuissance politique et tout mettre en œuvre pour affranchir la France du cadre libéral. Pour cela, il faut que notre pays agisse de manière unilatérale et s’oppose de manière frontale à toutes les institutions néolibérales, à commencer par l’Union européenne.

     

    Il faut que les élus désobéissent à la Directive « services » et qu’ils exigent le retour de la primauté du droit national sur le droit communautaire

    Depuis janvier 2010, toutes les collectivités locales se doivent de mettre en concurrence toutes les entreprises désireuses de « prester ». Elles doivent respecter le principe de concurrence libre et non faussée : soit liberté d’établissement et de prestation de service et égalité de traitement entre entreprise publique et entreprise privée. Si une association à but non lucratif à qui on a délivré une délégation de service public (comme par exemple certains centres médicaux-sociaux) perçoit de l’argent public, la Commission estime que cela « tord » le marché, aux dépens d’une entreprise privée qui proposerait la même prestation.

     

    Par conséquent, qu’ils soient de gauche ou de droite, tous les élus doivent faire face à l’injonction juridique d’appliquer les directives européennes, c’est-à-dire des directives de droite !

    Alors que font les élus de gauche face à cette directive scandaleuse ? Dans un rapport parlementaire intitulé « Aides d’État et services sociaux », une sénatrice socialiste (Annie Jarraud-Vergnolle), associée à deux sénateurs UMP (André Lardeux et Paul Blanc) se demande « si la réglementation européenne relative aux aides d’État est compatible avec le financement par subvention. » En définitive, elle écrit au Premier ministre pour lui demander comment appliquer la Directive « services » en prenant le moins de risque juridique possible ! Quel courage politique !

     

    Pour le M’PEP, les collectivités locales doivent revendiquer et pratiquer la désobéissance européenne

    Il ne s’agit pas de bricoler discrètement de petits arrangements locaux pour passer au travers des mailles du filet, mais bien d’en faire un combat politique. Ainsi, en continuant à soutenir des opérateurs sociaux contre des prestataires privés, en créant ou en conservant des pôles publics, elles peuvent freiner, voire bloquer la libéralisation des services prévue dans les traités et organisée par la directive services. Les contentieux créés par le préfet ou le secteur privé se multiplieront certainement, mais ils permettront de porter le débat devant les citoyens et de montrer que la paternité de la casse des droits sociaux et des services publics au niveau national revient à la politique communautaire. Si ce travail de décryptage est mené, la désobéissance européenne ne sera plus un tabou, mais elle deviendra très vite une revendication portée par l’opinion publique.

     

    La France doit refuser de payer la Dette qui étrangle l’État

    Celle-ci a été sciemment construite par les gouvernements libéraux de droite et de « gauche » pour affaiblir la puissance publique. Le but visé était de lever ainsi tous les obstacles aux privatisations. Aujourd’hui cet endettement sert à justifier le diktat des marchés financiers qui se met peu-à-peu en place dans toute l’Europe et qui contraint les États à privatiser à tour de bras. L’arme de la dette et des déficits est d’ailleurs utilisée à tous les niveaux.

     

    Monsieur Valletoux sur France 2 : en tant que président de la Fédération hospitalière de France, M. Valletoux est intervenu à la télé pour expliquer que le déficit des hôpitaux ne permet pas de payer les heures de RTT non-prises par les infirmières - et donc, sous-entendu - qu’il ne permet pas non-plus de recruter du personnel. Le « déficit » en question est bien sûr celui créé de toute pièce par la T2A (la tarification à l’acte, principe de gestion privée appliquée à un service public) ! M. Valletoux, en bon libéral, se présente donc comme un gestionnaire responsable : il faudra bien trouver une « solution » pour régler ce problème de manque chronique de personnel... C’est ainsi que le recours au privé est présenté comme étant incontournable.

     

    Pourquoi aucun candidat à l’élection présidentielle ne songe-t-il sérieusement à refuser de payer la dette que l’État a contractée auprès des banques privées ? Il y a là un véritable problème dans le choix politique proposé aux citoyens ! Car même si certains d’entre eux songent bien à remplir les caisses de l’État en modifiant la fiscalité (ce qui serait une bonne chose), mais cet argent n’ira pas dans les services publics : il ira dans le trou sans fond de la dette, c’est-à-dire directement dans la poche des banquiers ! Au M’PEP nous pensons que cette dette est largement indue puisque essentiellement constituée d’intérêts. En tant que débitrice, la France peut obliger les marchés financiers à négocier en menaçant de ne rien rembourser du tout. D’un problème, nous pouvons faire une arme.

     

    Il faut sortir de l’Euro

     

    Pour que l’État puisse emprunter de l’argent sans dépendre des marchés financiers, il doit pouvoir émettre de la monnaie. La BCE ne prêtera jamais de l’argent directement, c’est contraire à ses statuts. Cependant, même si c’était le cas, cette monnaie serait non-viable en raison de l’absence d’un gouvernement européen. Or, son l’existence marquerait clairement la fin de la souveraineté des nations...

     

    Sortir le traité de Lisbonne de la Constitution française et sortir de l’Union européenne


     

    Une rupture avec l’Union européenne ne nous conduira pas à l’apocalypse, mais à une véritable révolution progressiste par les urnes, ouvrant une brèche dans laquelle les mouvements sociaux pourront s’engouffrer. En France, mais aussi partout en Europe.

     

    Sources :

     

    • « Directive 2006/123/CE » du Parlement européen et du Conseil du 12 décembre 2006.
    • « Désobéissons à l’Union européenne », Aurélien Bernier, 2011, éditions mille et une nuits.
    • « Le piège européen : SSIG, SIEG, SIG et directive services », Michèle Dessenne, 2010.
    • « Aides d’État et services sociaux », rapport parlementaire, juin 2011.
    • « Alerte Générale Capture Services publics », CCC-OMC, 2000.
    • « La construction européenne s’apparente essentiellement à une destruction sociale. » Pierre Bourdieu.

    URL article : http://www.m-pep.org/spip.php?article2528


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  • Au même titre que la fête des travailleurs, la journée de la femme est d'abord une journée de lutte !  

    Premier mai ou huit mars, l'institutionnalisation des grandes dates du mouvement ouvrier finit par rendre "capitalist friendly" (compatible au capitalisme) des journées de lutte historiquement révolutionnaires.

    Qui se souvient que c'est Philippe Pétain, en pleine Occupation, qui a rendu férié le premier mai ? Jusque là, il s'agissait d'une journée de lutte et de grèves organisée mondialement par les syndicats ouvriers et les partis communistes sous le nom de "fête des travailleurs" avant que le pétainisme ne transforme cette journée en "fête du travail". Un glissement sémantique qui traduit une évolution de contenu pour tenter de briser l'élan des luttes ouvrières et intégrer les travailleurs à un corporatisme qui tentait de faire croire que patrons et ouvriers avaient les mêmes intérêts.

    Cette journée du 8 mars suit le même chemin, celui de l'institutionnalisation, de l'embourgeoisement.

    On voit fleurir les initiatives apolitiques ici ou là avec cadeaux ou fleurs aux collègues femmes dans les entreprises, comme ci désormais le combat pour l'émancipation de la femme se limitait à une attention de la part de son patron ou de son compagnon une fois par an ?

    Le sens du 8 mars et le combat pour l'émancipation de la femme dépassent largement ce cadre consensuel !

    J'ai récemment publié ici une pique contre ces mouvements féministes qui venaient de décrocher la suppression des cases "mademoiselle" et "nom de jeune fille" des documents administratifs comme s'il s'agissait d'une immense victoire pour les femmes françaises. Là aussi, s'il s'agissait du plus gros souci des femmes d'aujourd'hui, la société française serait presque parfaite ! (relire : Grande victoire féministe : on ne pourra plus dire "mademoiselle" ! )

    C'est que la journée du 8 mars est d'abord un rappel. Celui d'une société où les femmes sont aujourd'hui maltraités socialement et servent, parmi les travailleurs, de laboratoire de la précarité, au même titre que les immigrés sans papiers, serais-je tenté de dire.

    Aujourd'hui, les femmes représentent 80 % des contrats précaires et 85 % des temps partiels imposés. Avec les salaires et les conditions de vie qui en découlent, notamment dans le commerce.

    Aujourd'hui, à qualification égale, une femme gagne toujours moins qu'un homme. Pour un temps plein, l'écart de salaire est encore de 20 % !

    Aujourd'hui, les femmes à responsabilité sont moins nombreuses que les hommes. On parle beaucoup de la parité en politique mais il faut aussi noter que seulement 2 % des grands patrons français sont des femmes !

    Et nous pourrions aborder les questions de l'avortement, de l'accès à la contraception, droits qui reculent sous les coups idéologiques et les reculs de la prévention et de la protection sociale. C'est ce que veulent accentuer le Front National et Marine Le Pen en déremboursant l'IVG.

    Nous pourrions parler aussi des reculs sociaux avec la montée des intolérances religieuses, qui renvoient certaines femmes au Moyen-Âge, avec les violences conjugales, toujours présentes, ou avec les charges familiales, toujours supportées en grande partie par les femmes.

    Dans ce déséquilibre hommes - femmes, il y a une part de mentalité, de poids culturel, oui ! Mais pas seulement.

    Les écarts de salaire, les déqualifications ou la précarité majoritairement féminine sont d'abord des sujets économiques. Il s'agit d'exploiter d'avantage les femmes que les hommes comme sont exploités désormais plus les jeunes qui arrivent sur le marché du travail ou comme sont exploités depuis toujours les immigrés qui entrent en France, belges, espagnols ou polonais autrefois, maghrébins, nord africains ou asiatiques aujourd'hui.

    Cela ne date pas d'hier. Karl Marx disait déjà au sujet de l'exploitation accrue des femmes que "la femme est le prolétaire de l'homme". Elle l'est toujours.

    C'est pourquoi, depuis toujours, les communistes se sont battus pour l'égalité réelle entre hommes et femmes. Dès 1925, alors que les femmes n'avaient pas le droit de vote (il faudra attendre 1945 !), le PCF présentait des femmes aux élections municipales. L'élection était de fait invalidée puisque les femmes ne pouvaient exercer de mandats électifs, n'ayant pas le droit de vote ! Ce sera le cas de Augustine Variot à Malakoff. Et c'est en Union Soviétique que siègera pour la première fois une femme dans un gouvernement : il s'agit d'Alexandra Kollontaï, en 1917.

    Russie---23-fevrier-1917---8-mars---marche-des-femmes.jpgAujourd'hui encore, le PCF avec le Front de Gauche considèrent qu'il ne peut y avoir de progrès social sans progrès des droits des femmes, qu'il ne peut y avoir de progrès des libertés et de l'égalité en France sans que progressent les libertés des femmes et l'égalité des sexes. C'est ce qu'a rappelé en meeting Jean-Luc Mélenchon à Rouen mardi soir.

    Car, en bons révolutionnaires, nous n'oublions pas que ce sont des manifestations de femmes qui sont à l'origine des grands mouvements sociaux dont nous nous revendiquons. C'est le cas de la marche de milliers de femmes sur Versailles, les 5 et 6 octobre 1789, qui ramena Louis XVI à Paris et l'obligea à signer l'abolition des privilèges décidée par l'assemblée le 4 août. C'est aussi le cas de la Révolution russe lorsque le 8 mars 1917 (23 février dans le calendrier russe), des milliers de femmes défilent à Saint Pétersbourg pour exiger du pain, le retour de leur mari du Front (on est en pleine guerre mondiale) , la paix et .. la république ! En cinq jours, on passe à la grève générale puis à l'insurrection et, enfin, à la chute du tsar Nicolas II. 

    Et nous n'oublions pas que, quand il y a progrès, il peut y avoir un retour en arrière, préjudiciable à tous. Ainsi, l'extrême-droite allemande, avec Adolf Hitler, retirera dès 1936 le droit de vote des femmes et la possibilité à des femmes d'accéder à des postes à reponsabilités dans la justice et les hôpitaux.

    Droit des femmes et droits des travailleurs sont liés.

    La bataille pour l'égalité des sexes est partie prenante de la lutte des classes entre travailleurs et capitalistes.

    Le 8 mars, comme le 1er mai, sont des jours de lutte ouvrière avant d'être des journées consensuelles.

    Le 8 mars, pourquoi pas ? Mais le combat pour l'égalité des sexes, ce n'est pas qu'une fleur ou une pensée une fois par an, mais un combat quotidien, lié intégralement au combat pour l'émancipation humaine.

    http://andree-oger-pour-deputee.over-blog.com


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  • apeis001.jpg

         Oui, selon la police, cela s'est passé hier, exactement au Fouquet's, sur les Champs-Elysées à Paris. Crime horrible de lèse-majesté, la direction de ce prestigieux restaurant parisien les conservait précieusement, en souvenir de la nuit mémorable que Nicolas Sarkozy passa ici, pour fêter son élection à l'Elysée, en compagnie de ses potes du CAC 40.

         Ce fut ainsi qu'avait débuté le quinquennat bling-bling du président des privilégiés. La suite, le peuple honnête de France la subit encore de plein fouet: pouvoir d'achat en berne, explosion du chômage et de la précarité, recul de l'âge de la retraite, asphyxie de l'Ecole et de la Santé et bien d'autres poisons encore. Durant ces cinq années d'un pouvoir sans partage, les riches et le patronat, eux seuls, ont bénéficié des largesses de l'Etat. Le pire a été la stigmatisation des chômeurs et des assistés sociaux par les croisés au service des grandes fortunes françaises.

         Alors, mercredi, une soixantaine de militants d'associations de chômeurs s'est invitée au Fouquet's. Pas pour y casser la moindre croûte ou se désaltérer d'une eau plate, leurs porte-monnaies n'auraient jamais tenu le choc. Non, ils ont simplement égrené des slogans comme "le capitalisme nous affame et nous bouffe", ou bien "nous avons faim de droits". Face à cette fronde somme toute pacifique, les valets employés par le Fouquet's leur ont vociféré dessus. Les maîtres ont toujours besoin de supplétifs pour conserver leur posture.

         Et puis, tranquillement, les indignés s'en sont allés après leur coup d'éclat. Somme toute, ils n'étaient pas de ce clos. Ils se dispersaient donc pacifiquement dans la rue, hors d'un air vicié par le fric et l'injustice.

         Mardi soir, à la télé, la larme à l'oeil, le président-candidat disait regretter d'avoir fêté de la sorte sa victoire au Fouquet's. Mais les valeurs de Nicolas Sarkozy sont restées à l'identique. Dans les rues de Paris, sa capitale, la police de Guéant veillait au grain. Les policiers ont embarqué illico presto les intrus à l'ordre établi, sous le prétexte d'avoir dérobé des petites cuillères. "Mais ils sont emmerdés, ils ne trouvent rien sur nous", signale Corinne Siergé de l'APEIS.

     

         "Si je suis réélu", a pleurniché Nicolas Sarkozy, toujours à la télé, lundi soir, je dédierai ma victoire "aux braves gens". Ne le croyez surtout pas, femmes et hommes de France! Avec ces arrestations, la vérité est accourue plus vite que son mensonge.

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com


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  • 8 mars, Journée Internationale de la Femme


    8marsURSS


    Lénine à propos de la Journée internationale des travailleuses en 1921



    Texte repris par http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     


    La journée internationale des travailleuses


     

    Le trait essentiel, fondamental du bolchévisme et de la Révolution d’Octobre, c’est d’amener à la politique ceux qui étaient les plus opprimés sous le régime capitaliste. Les capitalistes les étouffaient, les dupaient et les pillaient aussi bien sous la monarchie que dans les républiques bourgeoises démocratiques. Cette oppression, cette duperie, ce pillage du labeur populaire étaient inévitables tant que subsistait la propriété privée de la terre, des fabriques et usines.


    L’essence du bolchévisme, du pouvoir soviétique est de remettre tout le pouvoir d’Etat entre les mains des masses laborieuses exploitées, en dévoilant la duperie et l’hypocrisie de la démocratie bourgeoise, en abolissant la propriété de la terre, des fabriques et des usines. Ce sont ces masses qui prennent en main la politique, c'est-à-dire l’édification de la société nouvelle. C’est une œuvre difficile, les masses sont abruties et accablées par le capitalisme, mais il n’existe pas, il ne peut exister d’autre issue à l’esclavage salarié, à l’esclavage capitaliste.


    On ne saurait amener les masses à la vie politique sans y attirer les femmes. Car en régime capitaliste, les femmes, la moitié de l’espèce humaine, sont doublement exploitées. L’ouvrière et la paysanne sont opprimées par le capital, et par surcroît, mêmes dans les républiques bourgeoises les plus démocratiques, premièrement elles ne jouissent pas de tous les droits, car la loi ne leur confère pas l’égalité avec les hommes ; deuxièmement, et c’est là l’essentiel, elles restent confinées dans « l’esclavage domestique », elles sont les « esclaves du foyer » accablés par les travaux ménagers, les plus mesquins, ingrats, durs et abrutissants, et en général par les tâches domestiques et familiales individuelles.


    La révolution bolchévique, soviétique, coupe les racines de l’oppression et de l’inégalité des femmes de façon extrêmement profonde, comme aucun parti et aucune révolution au monde n’ont osé les couper. Chez nous, en Russie soviétique, il n’existe pas trace de l’inégalité des femmes par rapport aux hommes au regard de la loi. Le régime des soviets a totalement aboli l’inégalité odieuse, basse, hypocrite dans le droit matrimonial et familial, l’inégalité touchant l’enfant.


    Ce n’est là que le premier pas vers l’émancipation de la femme. Aucun des pays bourgeois, même parmi les républiques les plus démocratiques n’a osé faire ce premier pas. On n’a pas osé, par crainte de la « sacro-sainte propriété privée ».


    Le deuxième pas et le principal a été l’abolition de la propriété privée de la terre, des fabriques et des usines. C’est cela et cela seul qui fraye la voie de l’émancipation complète et véritable de la femme, l’abolition de « l’esclavage domestique » grâce à la substitution de la grande économie collective à l’économie domestique individuelle.


    Cette transition est difficile ; il s’agit de refondre « l’ordre des choses » le plus enraciné, coutumier, routinier, endurci ( à la vérité, c’est plutôt une monstruosité, une barbarie). Mais cette transition est entreprise, l’impulsion est donnée, nous sommes engagés dans la nouvelle voie.


    En cette journée internationale des ouvrières, on entendra dans les innombrables réunions des ouvrières de tous les pays du monde, saluer la Russie soviétique qui a amorcé une œuvre incroyablement dure et difficile, une grande œuvre universelle de libération véritable. Des appels galvanisants inciteront à ne pas perdre courage face à la réaction bourgeoise furieuse, souvent même sauvage. Plus un pays bourgeois est « libre » ou « démocratique », et plus les bandes capitalistes sévissent avec fureur et sauvagerie contre la révolution des ouvriers ; c’est le cas pour la république démocratique des Etats-Unis d’Amérique. Mais la masse ouvrière s’est déjà réveillée. La guerre impérialiste a définitivement éveillé les masses endormies, somnolentes, inertes de l’Amérique, de l’Europe et de l’Asie arriérée.


    La glace est brisée dans toutes les parties du monde.


    L’affranchissement des peuples du joug impérialiste, l’affranchissement des ouvriers et des ouvrières du joug capitaliste avance irrésistiblement. Des dizaines et des centaines de millions d’ouvriers et de paysans, d’ouvrières et de paysannes ont fait progresser cette œuvre. Voilà pourquoi l’affranchissement du travail délivré de la servitude capitaliste triomphera dans le monde entier.


    4 mars 1921. Publié dans la Pravda du 8 mars 1921.


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  • Marcelle jeune princesse de 25 ans...


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  • Un salarié d’EDF refuse de couper le courant, il risque le licenciement

    Un compteur électrique
    Un compteur électrique
    Un compteur électrique Mychèle Daniau AFP/Archives

    Jeff Duval, un salarié de 23 ans technicien d’ERDF/GDF risque d’être licencié prochainement pour avoir refusé de limiter la consommation d’énergie d’une dizaine d’usagers en situation d'impayés à Arcueil, dans le Val-de-Marne.

    Convoqué à un conseil de discipline le 17 février, le jeune homme s’est vu notifier son licenciement qui devrait être effectif dans le mois, selon la CGT.

    La tâche de ce technicien était d’obtenir le paiement des factures ou, à défaut, de "couper" le courant, en limitant la consommation d’énergie.

    Le jeune homme, confronté à des situations très difficiles, n’a pas pu se résoudre à effectuer sa tâche et ce, à plusieurs reprises.

    Service minimum insuffisant

    En effet, selon lui, le service minimum prévu en cas de non paiement est de 1kW, ce qui est bien trop insuffisant pour pouvoir se chauffer.

    Pour la direction, le technicien n’a pas "respecté ses objectifs" et souhaite donc le licencier.

    Selon Frédéric Probel, secrétaire général du syndicat CGT-énergies de Bagneux  qui s’est confié à l’AFP, "tous les agents chargés des coupures de courant se retrouvent un jour ou un autre devant des cas dramatiques et des dilemmes. On refuse que la direction se serve de ce cas-là pour faire un exemple".

    NON au licenciement de Jef

    Pétition de soutien NON au licenciement de Jef

    Comme tous les agents techniques clientèle, il effectue régulièrement des tournées de coupure non paiement (1245 coupures non paiement ont été programmées entre le 1er Juin et le 31 Août 2011 sur la seule Agence d'Arcueil).

    En Août 2011, les services de l'UCF IDF Ouest effectuent (au hasard, bien entendu...) un contrôle sur sa tournée et constatent qu'il n'aurait pas fait de SMI comme il l'avait indiqué lors de son passage...

     

    Apportez votre soutien à Jef dès à présent en signant la pétition


    Je suis solidaire avec la lutte engagée pour empêcher le licenciement de Jef.

    Je demande à Mr BERAUD-DUPALIS, employeur de Jef, de ne pas le licencier.


    > Téléchargez aussi :

    Tract du Syndicat CGT Energie Bagneux


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  • ArcelorMittal: la direction reprend possession de ses bureaux à Florange

    La direction de l'aciérie ArcelorMittal de Florange (Moselle) accompagnée d'une trentaine de vigiles a repris possession jeudi de ses bureaux, investis par des métallurgistes le 20 février aux cris de "Mittal, on veut du travail", a-t-on appris de source syndicale.

    La direction de l'aciérie ArcelorMittal de Florange (Moselle) accompagnée d'une trentaine de vigiles a repris possession jeudi de ses bureaux, investis par des métallurgistes le 20 février aux cris de "Mittal, on veut du travail", a-t-on appris de source syndicale.

    La direction de l'aciérie ArcelorMittal de Florange (Moselle) accompagnée d'une trentaine de vigiles a repris possession jeudi de ses bureaux, investis par des métallurgistes le 20 février aux cris de "Mittal, on veut du travail", a-t-on appris de source syndicale.

    Le directeur du site, Thierry Renaudin, et ses principaux collaborateurs sont revenus vers 07H00 dans les "grands bureaux", a précisé cette source.

    Mercredi, le tribunal de grande instance de Thionville (Moselle) a autorisé l'intervention de la force publique pour faire lever les piquets de grève paralysant partiellement depuis lundi les approvisionnements et les expéditions de l'usine.

    Lors d'une réunion tenue dans la soirée à Maizières-lès-Metz (Moselle), la direction a informé les syndicats qu'elle était déterminée à faire exécuter cette décision par le préfet de la Moselle, Christian Galliard de Lavernée.

    Dans sa requête introduite en urgence, le numéro un mondial de la sidérurgie avait argué que les blocages dressés par la CFDT, la CGT et FO --la CFE/CGC n'y participe pas-- étaient illégaux et qu'ils lui portaient un grave préjudice économique et commercial.

    Un huissier de justice pourrait demander dans la matinée aux métallurgistes de lever leurs barrages. S'ils refusent, la direction, qui considère ces blocages comme le fait d'une "minorité", sera en droit d'exiger du préfet une intervention des forces de l'ordre. Celui-ci garde toutefois la possibilité de ne pas exécuter la décision du TGI de Thionville mais dans ce cas il expose l'Etat à être assigné en responsabilité par ArcelorMittal pour les pertes d'exploitation que ce refus entraînerait.

    Les métallos perturbent depuis le 20 février l'activité de l'aciérie mosellane pour obtenir le redémarrage de deux hauts fourneaux en sommeil depuis plusieurs mois.

    La direction assure que cette mise en veille n'est que temporaire et qu'elle est rendue nécessaire par une baisse conjoncturelle de la demande mondiale d'acier. Environ 300 camions et une vingtaine de trains de marchandises sortent habituellement chaque jour de l'usine chargés de bobines d'acier destinées, principalement, aux industriels de l'automobile.

    http://www.lepoint.fr

    Arcelor Florange - Médiation à 14h30

     

    Léo Tissier   Notre fil info dans cette fiche vous fait vivre en direct la situation à Florange.

     

    Jeudi 8 mars :

    Sur les barrages, les manifestants, emmenés par la CGT et la CFDT, restent décidés à ne pas bouger.

     

    11h :Sur son compte Twitter la CFE-CGC Sidérurgie annonce son retrait définitif de l'intersyndical ArcelorMittal Florange.

     

    10h30 : annonce d'une réunion de médiation à 14h30 à la sous-préfecture de Thionville. Le Préfet évite pour l'instant l'envoi des forces de l'ordre pour dégager les accès. Les salariés qui le souhaitent peuvent entrer et sortir mais pas les camions.

     

    9h45 :Accompagné d'un commissaire de police, l'huissier vient demander aux manifestants la levée des points de blocage du site de Florange. Refus des manifestants.

     

    7h :Le directeur du site, Thierry Renaudin, et ses principaux collaborateurs, accompagnés d'une trentaine de vigiles ont repris possession de leurs bureaux, qui avait été investis par des métallurgistes le 20 février aux cris de "Mittal, on veut du travail".

     

    Toute l'actualité du mouvement à suivre ci-dessous en temps réel :


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  • Les gouvernements d’Europe, avec l’appui du FMI, ont pris prétexte de la crise de la dette publique pour démanteler ou tenter de démanteler les acquis sociaux obtenus par les salarié.es et les chômeurs depuis plusieurs décennies.

    Si les politiques d’austérité concernent à des degrés divers tous les pays de l’Union européenne, elles touchent pour l’instant, sous leurs formes les plus violentes, des pays où le droit à l’emploi des femmes est, encore moins qu’ailleurs, reconnu comme une évidence, et toujours considéré comme subordonné à leur rôle familial. C’est le cas des pays d’Europe du Sud, la Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, mais aussi de l’Irlande ou de la Grande-Bretagne. À l’autre extrémité des modèles économiques européens, c’est aussi le cas en Allemagne, pays non endetté mais où une politique très brutale d’austérité salariale et de précarisation de l’emploi a été menée depuis plusieurs années par les différents gouvernements, fragilisant encore plus la situation des femmes dans une société où l’absence de services publics de la petite enfance et l’idéologie patriarcale les empêchent d’accéder à l’autonomie.

    Aujourd’hui, les politiques néolibérales menées en Europe ont des conséquences plus dures pour les femmes, à différents titres. Elles sont majoritaires parmi les travailleurs qui touchent le salaire minimum – quand il en existe un – et donc la diminution de celui-ci, de 22 % en Grèce, les pénalise tout particulièrement. Leur situation est encore pire quand elles sont à temps partiel : les emplois à temps partiel ont vu leur nombre exploser en Allemagne au cours de la dernière période, et une disposition du dernier plan d’austérité adopté en Grèce prévoit pour tous les emplois la possibilité de passage à temps partiel sur décision de l’employeur. Si, au début de la crise en 2008, le chômage a frappé davantage les hommes en raison des licenciements dans des secteurs majoritairement masculins (bâtiment, automobile, finance), ce n’est plus le cas aujourd’hui : le taux de chômage des femmes dans la plupart des pays tend à redevenir supérieur à celui des hommes : elles sont non seulement victimes des licenciements et des délocalisations dans différents secteurs mais aussi des effets directs de la précarité comme le non-renouvellement des CDD. Elles sont spécifiquement exposées à la remise en cause des systèmes d’indemnisation du chômage (seule la moitié des femmes au chômage y a accès en Allemagne) et à la diminution des pensions de retraite, alors que dans tous les pays d’Europe elles touchent déjà des retraites largement inférieures à celles des hommes.

    Enfin, les femmes sont particulièrement touchées par les coupures dans les dépenses publiques et le démantèlement des services publics. Elles le sont comme salariées – majoritaires dans les emplois, surtout du bas de l’échelle, de l’éducation, de la santé, des administrations : tous ces secteurs connaissent des suppressions d’emplois massives comme en Grèce, des diminutions de salaires parfois avec augmentation du temps de travail comme en Espagne.

    Elles le sont comme usagères, en raison de la division sexuelle et sociale du travail qui fait peser sur elles la quasi-totalité des tâches et des responsabilités familiales : elles payent ces dégradations des services publics d’une augmentation de leur charge domestique et parentale et d’une dégradation du partage des tâches.

    Pourtant des résistances existent. À l’initiative de militantes du réseau grec de la Marche mondiale des femmes, l’« Initiative des Femmes contre la Dette et les Mesures d’Austérité » à Thessalonique, capitale de la Grèce du Nord, a inauguré sa première apparition publique en organisant une manifestation pour le 8 mars 2011. En Italie, des mouvements féministes sont passés de la révolte contre les gouvernements Berlusconi et l’image des femmes dans les médias, à la mobilisation contre les politiques d’austérité du gouvernement Monti. En Espagne, en Grande-Bretagne, au Portugal, les femmes sont massivement de toutes les grèves et les manifestations contre l’austérité. Reste à fédérer ces résistances…

    Licencions Sarkozy et restons vigilantes… !

    Ce n’est pas le retrait de la mention Mademoiselle dans les formulaires administratifs, mesure symbolique qui ne peut que satisfaire les féministes, qui pourra exonérer Nicolas Sarkozy de sa politique sociale et économique, néfaste pour l’ensemble des travailleurs, particulièrement pour les femmes.

    Les femmes, toujours les premières exposées...

    On peut résumer la politique économique des gouvernements Sarkozy en peu de mots : rigueur et austérité pour les salarié.es, cadeaux aux riches, aux banques et au patronat.

    Les principales attaques se sont concentrées sur les services publics : en 2007 le plan HPST (hôpital, patients, santé et territoires), en 2008 la RGPP (révision générale des politiques publiques). Résultats : diminution massive des postes de travail, transferts de pans entiers de services au privé, restriction et dégradation de l’offre de services publics.

    • Faut-il rappeler que l’État est un des plus importants employeurs de personnel féminin (éducation, santé, services sociaux, administrations) ? Toute détérioration dans ce domaine nuit en priorité aux femmes.
    • Les femmes qui sont encore majoritairement chargées des soins à la famille (enfants, parents, conjoint) sont particulièrement sensibles au maintien des services collectifs. Toute disparition de ces derniers risque de les éloigner de l’emploi et/ou de dégrader fortement leurs conditions de vie. En dix ans, le nombre d’enfants de 2 ans scolarisés dans le secteur public a été divisé par deux au profit souvent de « jardins d’éveil » payants ou d’une prise en charge familiale.

    Ces dix dernières années plus de 150 CIVG ont été supprimés et combien d’autres sont menacés ; parallèlement le statut même des médecins contractuels pratiquant des IVG est dévalorisé. Les nombreuses et récentes luttes locales pour maintenir ici une école ou un poste d’institutrice, là un CIVG ou une maternité, révèlent l’ampleur des destructions mais aussi la demande et les résistances à ces disparitions.

    Les dernières mesures de la réforme des retraites (dont l’allongement de la durée de cotisation et le recul des bornes d’âge) ne peuvent que renforcer les inégalités hommesfemmes.

    Rappelons que l’écart entre les retraites des hommes et des femmes est de 40 %. Compte tenu des carrières plus courtes des femmes et du travail à temps partiel massivement féminisé, ces nouveaux dispositifs ne peuvent que renforcer les inégalités de genre.

    La gestion de la précarité est tout aussi problématique. Le RSA (2009) remplaçant le RMI et l’API (allocation de parent isolé, majoritairement attribuée aux femmes) incite à prendre des emplois de mauvaise qualité, à temps partiel contraint et non qualifié, le plus souvent occupés par des femmes, tout particulièrement dans les services à la personne.

    Par ailleurs le RSA est une prestation attribuée au couple qui ne peut qu’encourager les femmes à travailler moins, voire à se retirer du marché du travail, pour éviter de perdre le bénéfice de l’allocation à la famille.

    L’obsession du pouvoir a été de supprimer la loi des 35 heures. D’assouplissement en défiscalisation et exonérations de cotisations sociales des heures supplémentaires, il y est quasiment arrivé. Les entreprises peuvent même s’affranchir des accords de branche. In fine, la France compte désormais près de trois millions de précaires, trois millions de salarié.es à temps partiel dont une majorité de femmes, cinq millions de chômeurs.

    Les nombreuses autres décisions vont dans le même sens « libéral » et discriminatoire : signature du traité de Lisbonne, renforcement des liens avec l’Église catholique et le Vatican, lois sur l’immigration, TVA sociale… Quelles que soient ses promesses (même l’égalité salariale entre hommes et femmes en 2014 !), Sarkozy est disqualifié et ne mérite qu’une chose : le licenciement !

    Les femmes doivent se mobiliser…

    Mais la « gauche », qui devrait arriver au pouvoir, répondra-t-elle aux attentes et aux besoins des femmes ? Le collectif Féministes en mouvement qui rassemble de nombreuses associations sous l’égide d’Osez le féminisme a lancé un appel avec dix mesures prioritaires pour atteindre l’égalité, avec lesquelles nous ne pouvons qu’être d’accord. Il semble cependant que ce collectif se soit limité dans ses ambitions.

    Peut-être pour ne pas trop heurter le PS qui, comme Hollande l’a promis, s’apprête à faire de l’austérité son maître mot. Pourtant, l’expérience de 1981 a montré que sans notre mobilisation, nos revendications essentielles seront sacrifiées.

    Pour une réelle égalité entre hommes et femmes, nous devons nous orienter vers une rupture avec la logique des marchés et du profit. Il faut revoir tous les dispositifs sur la santé et pas simplement augmenter le nombre de CIVG.

    Il faut des embauches massives pour enrayer le chômage et pour répondre aux besoins de la population en services publics de santé, d’éducation, de transports, de logements… Il faut une réduction massive du temps de travail, sans annualisation, avec des contrats à temps complet. C’est la seule façon d’imposer une réelle répartition des tâches ménagères et familiales, d’avancer vers une société plus redistributive, plus égalitaire, où chacun.e puisse s’épanouir.

    Ces choix de société devront être imposés, nous le savons. Et pour cela, nous avons besoin d’un mouvement féministe unitaire et pluraliste, indépendant de l’État, des partis politiques, des syndicats et des pouvoirs religieux et dont la priorité sera de défendre les intérêts des femmes qui veulent remettre en cause l’oppression patriarcale ; et, parmi elles, tout particulièrement celles qui subissent à la fois l’oppression de classe, de genre et le racisme.

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article24491


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  • Le sort des SDF dans une civilisation « supérieure " En janvier 2012, par grand froid, Eric Hensperger s’était construit un abri protégé du froid dans le Bois de Vincennes, comme beaucoup d’autres SDF. Eric est un des membres fondateurs des Enfants du Canal, une association gérant un centre d’hébergement et un accueil de jour, créée pendant l’occupation des rives du canal Saint-Martin par les Enfants de Don Quichotte en 2007. Le 24 janvier, au petit matin, la mairie de Paris (merci à Monsieur le Maire de Paris Bertrand Delanoë qui se dit… « socialiste » ) aidée de la police nationale et de la BAC se présentent devant l’abri d’Eric et lui demandent de déguerpir. Puis ils se livrent sous ses yeux à la destruction systématique de sa cabane, et jettent ses affaires personnelles, dont ses vêtements chauds, dans une benne. Eric veut s’interposer, puis le ton monte. L’un des responsables de la mairie de Paris se jette alors sur lui, l’immobilise ; il est d’abord placé en garde à vue pendant 23 heures, puis transféré au Palais de Justice et inculpé de menaces ou violences à personnes dépositaires de l’ordre public.

    Son jugement a lieu le 16 MARS à 9H au Tribunal de Grande instance de Paris, île de la Cité.

    Cette affaire est emblématique de la façon dont sont traités sous nos yeux, dans une civilisation qualifiée de « supérieure » par notre ministre de l’Intérieur Monsieur Claude Guéant, les personnes en manque de ressources pour se loger, appelées SDF. Derrière les belles paroles et les généreuses déclarations, derrière les discours officiels, que se passe-t-il en effet ?

    Non seulement la pénurie de moyens, la diminution drastique de tous les budgets alloués à l’hébergement des personnes à la rue,

    Non seulement la fermeture d’une bonne partie des structures d’accueil

    Mais pire :

    Le harcèlement policier, la stigmatisation, les mauvais procès

    La destruction des abris de fortune (squatts, cabanes bricolées ici et là dans les bois ou sous les ponts autoroutiers…) sans proposition de relogement, et y compris par grand froid, et même en l’absence de tout « trouble à l’ordre public » (notion qui arrange bien les élus et la police…Ou comment la misère devient une atteinte à l’ordre…)

    Or ceci constitue une MISE EN DANGER DE LA VIE D’AUTRUI. Ou encore, NON ASSISTANCE À PERSONNE EN DANGER. Deux délits purs et simples. Cette mise en danger va jusqu’à l’atteinte à la vie d’autrui, lorsque l’on sait qu’il y a eu en France l’an dernier près de 200 morts parmi les SDF…

    Où sont aujourd’hui, dans notre « civilisation supérieure », les DROITS de l’HOMME ? Droit au logement, au revenu, à la santé… inscrits dans la Constitution de ce que l’on appelle la République, tout comme dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme rédigée en son temps par les révolutionnaires français de 1789… L’obligation d’hospitalité et de solidarité ? Le respect de la liberté et de la santé de citoyens ?

    Les élus, la police, peuvent-elles tout se permettre ?

    Pouvons-nous tolérer que de victimes de l’exclusion - créée par les politiques mises en place (n’est-ce pas la politique d’austérité et de suppression des emplois publics qui alimente le chômage de masse et par là même jette à la rue des milliers de nos concitoyens ?), ces personnes se voient transformées en délinquants ? Devraient-elles payer de fortes amendes et faire des mois de prison parce qu’elles sont à la rue ?

    Soyons solidaires d’Eric lors de son procès. Venons témoigner. Venons l’appuyer en nous rassemblant devant le TGI entre 9H et 12H.

    Faisons de ce procès injustifiable le PROCES DE L’ÉTAT, de la MAIRIE DE PARIS, incapables d’assurer le couvert à des personnes exclues de l’emploi et de leur logement.

    Un Collectif de précaires, de SDF et de citoyens solidaires, mars 2012 Pour tout contact : 06 79 72 11 24


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  • Un spectre hante le monde du droit social : le retour de l’homme au couteau entre les dents. À lire le Figaro, les «DRH» du pays ont des «sueurs froides». Une association prétendument réputée d’avocats en «droit social» alerte les candidats à l’élection présidentielle face au danger imminent d’«une immense insécurité pour les employeurs, PME ou grands groupes, français ou étrangers». En cause, une double impudence : de Vivéo à Sodimedical, des salariés osent demander raison aux patrons voyous aux profits florissants, qui bradent leur savoir-faire en recourant à des plans de licenciement pour «motifs économiques» ; et des juges qui, de première en seconde instance, osent à leur tour leur donner raison. Avec une célérité qu’on ne lui connaissait guère, la Cour de cassation aura mis moins d’un an pour instruire le dossier. On a là, sur le terrain judiciaire, l’exemple même de la «lutte des classes» que le président des riches feint de croire disparue et dont il agite l’autre spectre du retour si jamais la gauche l’emportait le 6 mai prochain.

    En vérité, la lutte des classes n’a jamais été aussi impitoyable que depuis 2002 et, pis, avec l’avènement au pouvoir de la bande du Fouquet’s. Mais, en 2010 avec les mobilisations contre les retraites, et plus encore chaque mois – dont l’affaire en cours sur le plan juridique est un témoin –, quelque chose a commencé à changer. Ses premières victimes relèvent la tête, celles et ceux dont le travail, vivant ou sacrifié, des uns fait les profits et l’insolente richesse des autres – qui ne cesse de croître en dépit de la crise. Plus dur encore pour cette droite ultra-réactionnaire toute au service des intérêts de sa classe, leurs luttes n’acceptent pas de parenthèse électorale et leurs exigences font irruption dans le débat politique. Ceux qui, à gauche, sauront porter ces voix, y répondre avec le plus de précision, de crédibilité et d’efficacité contribueront de façon décisive, non seulement à changer de pouvoir, mais à ancrer dans la vie et la durée le changement nécessaire.

    De Marine Le Pen à Nicolas Sarkozy, contraints et forcés, on a cru pouvoir teinter son discours d’une soi-disant prise en compte de ces profondes aspirations populaires et sociales. Ravaler la façade xénophobe, raciste du FN, faire oublier, pour le second, la politique menée durant cinq ans et qui se conclut sur le vote à marche forcée de la TVA «sociale». Jean-Luc Mélenchon avait déjà réussi, lors de sa prestation télévisée, à faire se lézarder le masque de la première. Celui du candidat à sa propre succession, déjà las de poser au «candidat du peuple», est tombé ce week-end. Dans un cas comme dans l’autre, chassez le naturel, il revient au galop. À Marseille, Le Pen tente de faire diversion sur le terrain de l’immigration et de l’insécurité. À Bordeaux, la veille, en lieu et place des accents «gaulliens» annoncés, on a eu droit à la même musique de la haine et de la division. Des hérauts du CAC 40 à la tête du Medef, on parie sur cet air-là. La crise peut le porter. Il n’en demeure pas moins que, par dizaines de milliers, singulièrement avec la campagne collective du Front de gauche, des hommes et des femmes, de leurs luttes à leurs bulletins, commencent à faire l’effet d’un coup de pistolet dans le concert d’une campagne des plus inédites.

    Par Michel Guilloux


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