• Canaille 200

     

    Sauf que là, ce n'est pas de cinéma qu'il est question:


     

    Cela circule sur la toile et aucune confirmation encore moins de démenti. Des soldats français auraient été faits prisonniers par l'armée syrienne au cœur de la Syrie.

     

    L'information partie du réseau Voltaire n'aurait pas été reprise ici, La Canaille ayant quelques interrogations sur la validité du dit réseau et certaines info conspirationistes qui grèvent pour le moins sa crédibilité, si le silence de la rue St Dominique et du quai d'Orsay devenait assourdissant.

     

    Mais au fur et à mesure que les sources se diversifient, des précisions s'accumulent alors que le gouvernement français s'enfonce dans un mutisme inaccoutumés dans ce genre de situation : aucun démenti de la part des deux ministères concernés : celui des armées, concernant les militaires celui des affaires étrangères concernant les relations diplomatiques avec un pays avec lequel si on en croit le journal officiel et la constitution nous ne sommes pas en guerre.

     

    Selon des dépêches un officier supérieur serait parmi ces prisonniers. La question aurait été évoquée entre le ministre des affaires étrangères et un des despotes au pouvoir en Arabie Saoudite.

     

    Démentis ou pas ?

    Deux hypothèses : ou bien les faits sont réel et le gouvernement doit s'expliquer ou ils sont faux, et il doit démentir avec le risque d'être convaincu d'une nouvelle forfaiture si des éléments démontraient à postériori que le pouvoir a menti.

     

    Cette question intervient en plein débat sur l'élection présidentielle.

    le 1er mars ( et dont seule dans leur second courrier la référence au réseau Voltaire limite le partage de leur avis et que sur ce point (leur lettre est en fin de p@ges), la question est de première grandeur.

     

    Voici ce qu'ils disent à l'affirmatif quand La Canaille reste au conditionnel sur la première ligne mais est, si les faits sont avérés, totalement partagés par La Canaille :

     

    « Des militaires français ont été faits prisonniers en Syrie, prouvant incontestablement que la France est entrée en guerre contre ce pays. L'article 35 de la Constitution indique : « La déclaration de guerre est autorisée par le Parlement. Le Gouvernement informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger, au plus tard trois jours après le début de l’intervention. »

     

    De 2 choses l'une :


    - ou le gouvernement a informé le parlement ; auquel cas il faut que les partis, les candidats, les médias nous expliquent pourquoi ils l'ont caché au peuple de France ;

    - ou le gouvernement n'a pas informé le parlement ; dans ce cas, tous les candidats et les partis qui veulent en finir avec le « sarkozysme » vont se saisir de ce viol de la Constitution pour demander la destitution !


     Pourquoi la commission des Affaires Etrangères de l'Assemblée Nationale  ne se saisie-t-elle pas en urgence tout comme celle de la Défense Nationale. Leurs membres attendent-ils avec impatience les vacances parlementaires pour cause d'élection leur interdisant cette auto saisine ? Les deux députés de droite et du PS qui viennent de cosigner un rapport proposant la privatisation des activités militaires de défense, que disent-ils ?

     

    Compte tenu de la période et des enjeux intérieurs, quelle saisine du conseil constitutionnel pour vérifier que la constitution de la République est bien et en tous points respectée.


     Le sénat dont on a pu penser un instant que son changement de composition avait pu agir sur un changement d'orientation, que dit-il ?

    Que fait-il ?

    Où est-il pendant que des loups en treillis se promènent peut-être dans les bois de Syrie ?

     


     Lundi 5 mars 2012 1 05 /03 /Mars /2012 09:58

     

    Jean-François Autier et Michel Peyret : chats et... Fripons ?

     

    (Suite à : abstention ? Non : boycott ! )

     

    Jean-François AUTIER

    Michel PEYRET

    Chat et... fripons ?

     

    Deux phrases de notre déclaration « Abstention ? Non : BOYCOTT ! » ont provoqué de multiples protestations : « Passant outre le vote du peuple de France, la « classe politique » a imposé le Traité constitutionnel européen (Traité de Lisbonne). Sauf erreur, non seulement ce coup d’État - il faut appeler un chat, un chat - n’a été dénoncé par aucun des candidats et partis politiques présents au prochain scrutin, mais la plupart d’entre eux osent encore nous vendre « l’Europe sociale ». » Selon les protestations, qui manquent hélas de précision, nous ferions erreur.

     

    Notons d'abord que personne ne conteste que la plupart des candidats osent encore nous vendre l'« Europe sociale ».

     

    Ce qui frappe, c'est l'incapacité des protestataires à appeler un chat un chat : quel candidat, quel parti politique a-t-il appelé « coup d'État » -« coup d'État »-, le viol de la souveraineté du peuple de France ?


    Qui, quand, où ? Parce que les mots ont un sens : selon la Constitution de la République française, la destitution du président peut être demandée s'il commet un coup d'État...

     

    Que celles et ceux qui pourraient regretter cette occasion perdue de renvoyer Sarkozy se rassurent et se réjouissent : depuis quelques jours, il existe une nouvelle opportunité de demander la destitution du président pour manquement à son devoir constitutionnel. Les candidats, les partis qui les soutiennent, et qui n'ont pas encore saisi cette aubaine, vont enfin pouvoir le faire.

     

    Voici le fait : 19 militaires français ont été faits prisonniers en Syrie, prouvant incontestablement que la France est entrée en guerre contre ce pays. L'article 35 de la Constitution indique : « La déclaration de guerre est autorisée par le Parlement. Le Gouvernement informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger, au plus tard trois jours après le début de l’intervention. »

     

    De 2 choses l'une :

    - ou le gouvernement a informé le parlement ; auquel cas il faut que les partis, les candidats, les médias nous expliquent pourquoi ils l'ont caché au peuple de France ;

    - ou le gouvernement n'a pas informé le parlement ; dans ce cas, tous les candidats et les partis qui veulent en finir avec le « sarkozysme » vont se saisir de ce viol de la Constitution pour demander la destitution !

    Le pied du mur n'a-t-il pas été inventé pour qu'on y voie le maçon ?

     

    4 mars 2012,

    Jean-François Autier, ajusteur mécanicien retraité, communiste

    Michel Peyret, instituteur retraité, ancien député de Gironde, communiste

     

    Reçu de mon camarade Michel PEYRET

    URL article : http://jacques.tourtaux.over-blog.com.over-blog.com/article-jean-francois-autier-et-michel-peyret-chats-et-fripons-suite-a-abstention-non-boycott-100779083.html


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  • Grece 48


    Berlin exige la démolition du Parthénon. Le coût de l’entretien du site serait trop élevé et menacerait l’équilibre des finances publiques grecques. Non entretenu, le temple menacerait de s’effondrer et pourrait blesser des touristes visitant le site. Le consulat allemand à Athènes rappelle que des milliers de touristes allemands visitent le site chaque année.


     

    Seule capitale en Europe à protester, Rome a condamné les déclarations du gouvernement allemand. Paris se tait, à l’instar des autres capitales européennes.

    Le gouvernement allemand a répondu qu’il était prêt à envisager la déconstruction du Parthénon et son transfert puis remontage dans un musée allemand. Le monument, chef d’œuvre de l’humanité, serait ainsi mieux préservé que s’il restait sur le sol grec.

     

    La baisse des dépenses publiques a entraîné des coupes très importantes dans tous les services publics. En janvier, le célèbre cinéaste grec Theo Angelopoulos serait décédé en raison du mauvais fonctionnement des services ambulanciers dont les véhicules n’ont pas fonctionné, laissant l’artiste sans soin pendant près d’une heure. Les écoles manquent de tout.

     

    En février, une soixantaine de pièces anciennes en céramique, bronze et or ont été dérobées un matin dans un musée d’Olympie (Grèce), berceau des Jeux Olympiques, poussant le ministre de la Culture à présenter sa démission.

     

    Ce cambriolage intervient quelques semaines après le vol de trois œuvres, dont un tableau de Picasso et un de Mondrian, intervenu à la pinacothèque nationale d’Athènes où les voleurs s’étaient introduits en exploitant l’insuffisante surveillance du bâtiment, situé en plein centre de la capitale.

     

    Des responsables allemands ont, de nouveau (1), évoqué récemment la vente par la Grèce de certaines de ses îles. Plus précisément, les Grecs pourraient faire un geste symbolique en vendant des îles à l’écart, inhabitées. « Cela aurait comme conséquence d’améliorer l’humeur des Européens envers Athènes » (2).

     

    « Le sort de la Grèce entre les mains de l’Allemagne »

    Le titre d’un article publié par Le Monde (3) a de quoi inquiéter les Grecs. Ceux-ci ne devraient cependant pas être les seuls à s’interroger…

     

    En novembre 2011, on se souvient que le précédent premier ministre grec, Georges Papandreou, ayant envisagé de donner la parole au peuple grec par referendum, avait été « convoqué » par les deux dirigeants allemand et français, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, et sommé de s’expliquer sur la pertinence d’une telle démarche.

     

    En février 2012, suite à une proposition allemande appuyée par la France et la « Troïka » (BCE, Commission européenne, FMI), le gouvernement grec, en échange d’un nouveau plan « d’aide », a accepté la création d’un compte destiné au service de la dette: les montants dus devront être financés, trimestre après trimestre, par les bailleurs de fonds publics mais aussi grâce aux recettes fiscales nationales. Conformément à ce qui était demandé par l’Allemagne, le gouvernement grec s’est engagé à modifier dans les deux mois la Constitution du pays afin que le privilège du remboursement de la dette soit institutionnalisé. Athènes n’aurait ainsi le droit d’engager aucune dépense avec les recettes fiscales et l’argent emprunté tant que la Grèce n’aurait pas honoré ses dettes.

     

    La convention signée par le gouvernement grec stipule que toute nouvelle obligation émise dans son cadre sera régie par le droit anglais, qui engage des garanties matérielles. En d’autres termes, des créanciers étrangers non payés pourraient saisir des biens grecs. Les différends seront jugés par les tribunaux du Luxembourg, la Grèce ayant renoncé d’avance à tout droit de recours contre une saisie décidée par ses créanciers.

     

    C’est peu dire que le pays est ainsi, de facto, sous tutelle et que la souveraineté nationale est menacée.

     

    Dans la dernière période, le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, s’est déclaré à plusieurs reprises «exaspéré», traitant la Grèce de « puits sans fond », suggérant d’installer un gouvernement technocratique (4) comme en Italie, et de reporter une nouvelle fois les élections législatives annoncées pour avril 2012.

     

    Les institutions internationales et certains pays créanciers, l’Allemagne en particulier, semblent donc bien vouloir dicter à la Grèce sa conduite et se comportent, en effet, comme s’ils tenaient le destin fragile du pays en leurs mains. Mais le tiennent-ils vraiment ?

     

    La réponse ne dépend pas tant des Allemands que des Grecs eux-mêmes, comme à tous les moments-clés de leur histoire.

     

    Sous la pression des marchés financiers et de leurs relais politiques, des sociétés européennes commencent à se disloquer (5). Le cas de la Grèce pourrait illustrer ce funeste processus. Le pire n’est jamais sûr cependant et nous montrerons qu’une voie alternative peut être explorée, dont on entrevoit déjà les contours. Avant d’évoquer cette voie, nous souhaitons faire un détour par l’histoire de la Grèce afin de montrer que le peuple grec, s’il décide d’explorer des solutions alternatives, devra pour ce faire se rappeler que la dette a toujours été un moyen qui lui a été opposé lorsqu’il a cherché à affirmer son indépendance et sa souveraineté.

     

    L’histoire grecque : une indépendance et une souveraineté toujours menacées

     Sans remonter à l’Antiquité où l’existence même de la Grèce a, comme on le sait, plusieurs fois été menacée par le puissant voisin perse, il convient de rappeler que le jeune État grec issu de la guerre d’indépendance contre les Turcs a tout de suite été mis sous tutelle. En 1833, Othon 1er de Bavière débarque en Grèce et est placé à la tête du pays par les grandes puissances. Comme l’écrit Jacques Bersani (6), « l’Europe du congrès de Vienne se méfie par-dessus tout de la démocratie. Elle a appris à se méfier des Grecs, dont elle a eu tout loisir de mesurer la propension aux luttes intestines ».

     

    Sautant plus d’un siècle d’histoire pour arriver à la fin de la seconde guerre mondiale, observons que les Grecs, une fois encore, s’ils sortent la tête haute du conflit grâce à une résistance acharnée aux Italiens d’abord et aux Allemands ensuite, ne vont pas pouvoir décider seuls de leur avenir. La guerre civile va déchirer les Grecs. Mais dans le conflit entre, d’un côté, l’EDES, alliance des républicains (droite «légitimiste») associée aux forces gouvernementales, et de l’autre, l’EAM et son bras armé, l’ELAS (à forte composante communiste), les premiers vont bénéficier du solide appui des Anglais. Il est vraisemblable que sans cet appui et hors partage des Balkans décidé avec Staline quelque temps plus tôt, la Grèce serait devenu une démocratie populaire.

     

    Un fil court ainsi toujours dans l’histoire ancienne et plus récente de la Grèce. La Grèce semble condamnée à se laisser imposer son destin par des puissances étrangères. Cette observation, cependant, est partielle. Car il convient de souligner que les dites puissances étrangères sont toujours intervenues lors de conflits opposant les Grecs entre eux. Cela était vrai pendant la guerre d’indépendance au XIXe siècle. Ceci l’a été, plus tard, entre 1946 et 1949. Cela reste vrai aujourd’hui.

     

    La dette comme moyen d’asservissement

    Rapportée au Pib, la dette grecque est assurément aujourd’hui une dette les plus élevée de la zone euro. Surtout, elle est très largement détenue par des non-résidents, c’est-à-dire par des banques étrangères ainsi que, dans une moindre mesure, par la BCE.

     

    Là encore, l’histoire est riche d’enseignement. Nicolas Bloudanis (7) –dont nous ne suivons pas toutes les thèses– nous enseigne que le jeune État grec d’Othon est d’emblée endetté. La Grèce de l’époque ne peut subsister sans une aide pécuniaire permanente des puissances « protectrices », sous la forme de prêts qui finissent par gonfler de manière démesurée la dette du pays.

     

    Un siècle plus tard, en 1931, dans un contexte politique marqué par la catastrophe d’Asie Mineure, une agence de notation, Moody’s, dégrade la note de la Grèce avec des conséquences catastrophiques: dévaluation de la drachme, explosion de la dette en dollars… défaut de paiement… puis chute du gouvernement Venizelos, suivie d’une brève restauration de la monarchie et du coup d’État, en 1936, de Metaxas.

     

    En 1936, Moody’s exprimera ses regrets… et annoncera qu’elle ne notera plus les dettes publiques (8). Fitch fait de même et annonce qu’elle ne notera plus les dettes de l’État… allemand.

     

    La dette comme le déficit signifient souvent des situations de servitude. Rappelons que Solon (9) entreprit de réduire ou annuler la dette publique comme privée. Solon, qui avait bien compris que la dette est susceptible d’entraîner une situation de servitude, entreprit d’abolir l’esclavage pour dettes et d’affranchir ceux qui étaient tombés en servitude pour cette raison.

     

    Nous suivons Alain Joxe (10) lorsque celui-ci, s’appuyant sur Aristote, rappelle que « l’extrémisme de la gestion « chrématistique » de la richesse a été pressenti dès l’antiquité, quand la monnaie est considérée non plus comme moyen d’échange mais comme outil de mesure de l’usure. L’enrichissement devient en soi illimité. Une dette infinie suppose alors une soumission totale: l’esclavage. Mais c’est bien, aujourd’hui, la globalisation réelle de « l’œconomie » (en même temps que la révolution électronique) qui permet la création de ces dettes opaques, les produits obligataires complexes, qui rendent la chrématistique capable d’aller jusqu’à l’extrême de sa définition, en tant que prédation infinie de la richesse, ne pouvant être modérée que par la force de la loi, en démocratie ».

     

    Ce point de vue est aussi celui de François Chesnais (11) qui estime qu’un audit citoyen de la dette est aujourd’hui indispensable et constitue avant tout un acte politique: faire pénétrer le peuple là où il n’est pas convié, c’est-à-dire dans le monde de la finance. Pour Chesnais, la crise de la dette publique et ses chantages offrent un levier politique qu’il faut saisir. Un retour de la démocratie passe notamment par la constitution de comités locaux (nationaux) contre la dette destinés à réunir et débattre les preuves de l’illégitimité de la dette.

     

    Si la question de la dette est assurément une question centrale et ne peut donc être ignorée dans la recherche d’une voie de sortie de crise (voir plus loin), nous pensons que davantage que la dette elle-même, ce sont ses déterminants qui importent. Formulé autrement, nous estimons que déficits et dette sont non la cause mais le symptôme actif d’une profonde crise économique, sociale et politique.

     

    La chose publique négligée et un déficit de démocratie

    L’État grec ne semble ni avoir été particulièrement bien administré, ni bien géré.

     

    Le clientélisme a souvent, sans doute à juste titre, été dénoncé. D’importantes recettes fiscales ont eu tendance à s’évanouir dans ce qui peut apparaître comme de la corruption généralisée.

     

    Généralisée, la corruption ne représente cependant pas les mêmes masses financières pour ses différents «bénéficiaires» et il y a quelque hypocrisie à considérer que «gros» et «petits» ont également profité du laxisme ou de la corruption.

     

    Si une part des Grecs s’est enrichie dans la dernière période, la chose publique a été négligée.

     

    Comment ne pas voir les routes inutiles, construites en dépit du bon sens, la spéculation immobilière généralisée, le développement touristique anarchique et dangereux pour certains sites et la nature?

     

    Comment aussi ignorer l’immigration exploitée d’abord par les grands mais aussi, dans une moindre mesure certes, les plus « petits »?

     

    Comment ne pas voir l’état de délabrement dans lequel se trouvent certains services publics où règnent le système des « enveloppes » et, par conséquent, l’inégal accès aux soins comme à l’éducation?

     

    Ce dont la Grèce souffre, c’est bien d’avoir négligé la «chose publique», la RES PUBLICA. Le moindre des paradoxes n’est-il pas qu’en grec, le mot «République» se confond avec celui de «Démocratie»?


     Déficit de la chose publique et déficit de la démocratie sont, en effet, synonymes.


     Le système politique grec est aujourd’hui malade (le rôle des grandes familles, celui du clientélisme, la rémunération élevée des députés grecs sont souvent critiqués). Mais, plus encore, c’est la considération de la chose publique qui, aujourd’hui, pose problème.

     

    Une des illustrations les plus caricaturales de la négligence du bien public est la relation à la nature. La nature en Grèce est assurément une des plus belles du monde. Mais les Grecs la protègent-ils? Est-il normal que la production de déchets de chaque grec soit de 371 kilos par an, soit le double de la moyenne européenne? Est-il normal que les décharges illégales, particulièrement nombreuses, aient valu à la Grèce d’être condamnée par la Cour de justice de l’Union européenne (Luxembourg)? Est-il normal que le lac Koronia, non loin de Thessalonique, se meure, sa profondeur étant passée de cinq à un mètre en trente ans? La Grèce, pour ces cas et bien d’autres, est l’objet de plaintes déposées par la Commission européenne devant la Cour de Strasbourg pour sanctionner l’inaction du gouvernement (des gouvernements).

     

    Négligeant la chose publique, la protection de son patrimoine naturel en particulier, la société grecque fonctionne, depuis très longtemps, selon un schéma très éloigné de la démocratie directe athénienne, laquelle était caractérisée par le refus de la représentation, le refus de l’expertise politique, le refus d’un État compris comme instance séparée de la Société. La société grecque ne semble pas non plus être autonome (12): elle a perdu son indépendance et sa souveraineté. C’est la loi de l’autre, l’hétéronomie, qui règne, l’autre étant davantage les marchés financiers que d’autres pays, marchés qui prétendent imposer une nouvelle servitude en s’appuyant pour cela sur les déficits et la dette de l’État. C’est dans l’attention trop faible accordée à la chose publique et dans le déficit de démocratie que se situent, en grande partie, les problèmes les plus profonds de la Grèce plutôt que dans le montant des déficits. Avant de revenir plus loin sur ces questions, nous voudrions à présent compléter l’analyse des problèmes de la Grèce aujourd’hui par une réflexion sur ses activités économiques.

     

    Une crise économique liée au sous-développement des activités productives

     Dans la grande majorité des pays développés, les activités de production ont, depuis deux, voire trois décennies, reculé (13). Le mirage d’une société de services a partout (ou presque) produit des ravages. En Grèce, l’industrie ne pèse même plus 10% de l’emploi total.

     

    La Grèce ne peut cependant baser son développement sur les services ou le tourisme.

    Elle a laissé péricliter de nombreux secteurs comme le textile ou l’habillement, le travail du bois. Elle n’a pas su développer sa construction navale alors que les armateurs grecs restent puissants. Elle n’a pas su développer une agriculture de qualité basée sur les appellations contrôlées et la traçabilité des produits. À quelques exceptions près, elle n’a pas su développer une industrie agro-alimentaire efficace valorisant les produits agricoles et les ressources du terroir grec. Enfin, la Grèce n’a pas non plus su ou voulu développer des activités de moyenne ou haute technologie alors que les étudiants grecs sont parmi les plus diplômés d’Europe (ils recherchent désormais du travail souvent à l’étranger comme l’ont fait leurs aïeux moins qualifiés).

     

    En d’autres termes, un des principaux défis que la Grèce doit relever est celui de la dynamisation de ses activités productives car il n’y a pas de richesse possible à distribuer sans que celle-ci ait été produite. La question posée est donc comment (re)dynamiser les activités productives grecques.

     

    A l’instar de ce que l’on peut lire ou entendre à propos d’autres pays, un « déficit de compétitivité » et la nécessité d’exporter davantage sont désormais évoqués.

     

    La réponse, inadaptée, à ce «déficit de compétitivité» réside –dit-on souvent– en une diminution des salaires, jugés trop élevés. S’il est exact que les salaires en Grèce ont évolué plus vite que dans certains pays européens depuis le début des années 2000, ils ont cependant progressé à la même vitesse que la moyenne européenne. En 2010, le coût horaire de la main d’œuvre dans l’industrie est de 16,6 euros en Grèce contre 33,1 euros en Allemagne (source : Natixis), soit un niveau deux fois inférieur. Depuis 2010, le coût horaire en Grèce a baissé de près de 15% et va encore baisser de plus de 20% avec la baisse du salaire minimum annoncée en février.

     

    Retour sur la dette et la question de la sortie de la zone euro

    Dès 2008, nous avions écrit que la crise n’était pas centralement financière mais bien économique et sociale. Ce que l’on a fini par admettre aujourd’hui lorsqu’est évoqué le «problème» de la «compétitivité» de l’économie. Ce «problème» reste cependant mal posé, la réduction des coûts du travail et celle des dépenses publiques étant, a minima, un message réducteur.

     

    Plutôt qu’un énième plan d’austérité qui entraîne la Grèce vers l’abîme et désespère son peuple, ce dont la Grèce a besoin, c’est d’un projet national de développement.

     

    Quelles sont les conditions d’un tel projet? Comme nous le montrons plus loin, la condition essentielle est le patient travail de construction ou de reconstruction des institutions. Mais plusieurs interrogations économiques surgissent immédiatement. Au premier plan deux questions: celle de la dette et celle du maintien dans la zone euro.


     On entend souvent dire en Grèce que la difficulté est que, cette fois-ci, le travail de construction ou de reconstruction du pays est difficile à conduire car les dégâts de la crise ne sont pas ceux d’une guerre «classique». Ils sont inscrits dans des vies brisées, le chômage, et non dans des morts physiques ou des blessés que l’on pourrait dénombrer. Aucune troupe étrangère n’occupe la Grèce ni ne menace de le faire dans un terme prévisible. L’ennemi est invisible…

     

    Les Allemands, les pays du triple A plus généralement (Allemagne, Pays-Bas, Finlande, Luxembourg), la «Troïka» imposent cependant à la Grèce non seulement des sacrifices matériels considérables et aussi moultes offenses et humiliations. Les Grecs seraient donc en droit de considérer que les ennemis de la Grèce sont désormais ceux-là mais qu’ils utilisent des armes financières et économiques. L’arme qui résume toutes les autres –en réalité, l’arme des marchés financiers, c’est-à-dire des banques, des assurances, des fonds de toutes sortes et des spéculateurs de toutes les espèces– est cependant identifiable: la dette.

     

    La Grèce doit-elle ainsi continuer d’honorer ses dettes? Doit-elle, peut-elle rester dans la zone euro et quelles sont les conséquences sur la balance commerciale d’une sortie de l’euro?

     

    Rappelons que l’effacement de la dette dont il a été question très récemment (février 2012) doit permettre théoriquement de ramener la dette du pays à 120% en 2020… c’est-à-dire à son niveau de 2009 avant que le jeu de massacre ne commence avec le premier plan d’austérité. Comme cela était prévisible, les mesures d’austérité amplifiées d’un plan à l’autre ont eu pour effet d’enfoncer le pays dans la récession puis la dépression, privant l’État des recettes fiscales liées, pour l’essentiel, à l’activité économique

     

    Rappelons aussi que les privatisations –qui sont supposées se faire afin de réduire la dette– devaient rapporter 50 milliards d’euros jusqu’en 2015. Elles n’en rapporteraient plus aujourd’hui que moins de 20, voire aux alentours de 10 milliards seulement, si l’on en croit l’institut allemand IFO (14).

     

    Ne pas honorer sa dette, en d’autres termes, se déclarer en défaut de paiement est une hypothèse qui ne peut être indéfiniment écartée. Doit-elle pour autant être considérée comme faisant partie d’une perspective de sortie de crise? Nous pensons que oui mais à la condition que le défaut (cessation) de paiement ne concerne que les seuls non-résidents (les banques et institutions internationales, en particulier) et les Grecs résidents en Grèce dont les revenus et le patrimoine sont élevés (selon un seuil à définir). En d’autres termes, il convient de ne pas appauvrir davantage les petits porteurs grecs qui ont acheté des obligations d’État. La dette grecque doit être nationalisée, ce qui signifie que la Banque de Grèce doit –si besoin– se porter acquéreur des titres détenus par les petits porteurs et, surtout, devra à l’avenir subvenir aux besoins de financement de l’État grec. Il ne fait nul doute que le système bancaire grec doit aussi être nationalisé. Mais le défaut de paiement, comme le protectionnisme, ne constitue pas à lui tout seul une politique de sortie de crise et de reconstruction du pays. Il en est une condition et un moyen nécessaire d’affirmation de la souveraineté. La question de la sortie de la zone euro se pose dans les mêmes termes.


     Le lien entre, d’une part, le maintien dans ou la sortie de la zone euro et, d’autre part, la question de l’équilibre de la balance commerciale nous semble constituer un enjeu central.

     

    De façon quelque peu ambiguë, le journal Le Monde titre «La cure d’austérité ne sera pas suffisante faute d’industrialisation» (15).


     Aucun pays ne peut durablement vivre au-dessus de ses moyens et il n’est pas durablement possible de consommer davantage qu’il n’est produit. C’est ce qu’exprime le déficit très important de la balance commerciale grecque.

     

    L’issue pour la Grèce ne passe cependant pas par le maintien dans la zone euro et un accroissement des exportations via une baisse des salaires. Cet objectif est irréaliste en raison de la faiblesse du secteur exportateur, qui est quasi-inexistant hors quelques productions agro-alimentaires, les matériaux de construction, le textile-habillement. Mais, surtout, cet objectif n’est en rien souhaitable car il transforme la Grèce en pays de bas coûts alors que sa population est une des mieux formée d’Europe. Le paradoxe est qu’en dépit d’un haut niveau de formation, la productivité du travail est très faible en Grèce. Ce paradoxe tient non aux compétences de ceux qui travaillent mais des conditions dans lesquelles ils travaillent (insuffisance des investissements, modes d’organisation archaïques…).

     

    Une sortie de l’euro, en dépit des mesures qui devront être prises pour assurer le financement de l’économie et sauvegarder l’épargne populaire, en dépit aussi de l’avantage-prix dont peuvent bénéficier le tourisme et les exportations grecques, sera synonyme d’un abaissement du niveau de vie d’une part importante de la population. Nous pensons que cet abaissement s’est déjà en très grande partie produit avec les baisses de revenus et la hausse des taxes depuis le premier plan du gouvernement élu en 2009. Cette contraction était peut-être inévitable en raison du grave déficit des comptes courants de la Grèce lié à celui de sa balance commerciale. En d’autres termes, la forte dernière baisse des revenus (-22% du salaire minimum) peut être considérée comme ayant eu comme objet la résorption non pas du déficit budgétaire (16) mais bien celui de la balance commerciale.

     

    Mais il nous semble que la question doit se poser aujourd’hui en des termes différents. La sortie de la zone euro est souhaitable parce qu’elle est synonyme du nécessaire arrêt du processus de dévaluation intérieure auquel a correspondu la baisse, drastique, des salaires. Il est vraisemblable que la drachme nouvelle se déprécie fortement, de 40% au moins, voire davantage. Il est exact de considérer que la sortie de la zone euro renchérit le coût des importations. Classiquement, il convient ici de distinguer trois types d’importations: 1) les importations pour lesquelles la consommation est quasi-incompressible à court terme et qui ne peut être satisfaite par une production nationale car celle-ci n’existe pas ; 2) les importations pour lesquelles la hausse du prix provoque une baisse de la demande ; 3) les importations pour lesquelles la consommation est quasi-incompressible à court terme et qui peut être satisfaite par une production nationale, celle-ci existant ou étant susceptible d’exister rapidement (17). Seul le premier cas est vraiment problématique. Il concerne des produits comme les automobiles, les ordinateurs, les équipements électroniques en général. La hausse du prix de ces produits peut cependant conduire à une certaine baisse de la demande, l’effet prix étant compensé en partie par un effet négatif en volume. Nous pensons que le troisième cas est le plus intéressant en ce qu’il concerne les besoins fondamentaux de la population. Qu’il s’agisse de nutrition, de logements économes, d’habillement, de transports autres que les transports individuels, la production grecque peut rapidement se substituer aux importations aujourd’hui massives. Les transports collectifs peuvent aussi être privilégiés grâce à l’amélioration du réseau ferroviaire en état de sous-développement. Notons également que les chantiers navals grecs, aujourd’hui en rupture de commande du fait des conditions d’achat proposées aux armateurs grecs par les chantiers chinois, peuvent être réactivés grâce à des financements sélectifs et conditionnels.

     

    Une sortie de crise par un maintien dans la zone euro, la poursuite sans fin de la baisse des dépenses publiques et celle des salaires, et une relance de ses exportations est non seulement hypothétique, mais elle fait perdre un temps précieux à la Grèce et anémie davantage encore son tissu productif. C’est ce que le patronat grec a compris en refusant, comme l’ont fait les organisations syndicales, le dernier plan d’austérité (18).

     

    La Grèce ne peut retrouver le chemin de la croissance et du développement qu’en mobilisant l’intelligence et le haut degré de formation de sa population, et en assurant une hausse de sa production orientée vers ses besoins intérieurs (voir supra). Cette orientation est à même de produire une contraction significative du déficit de la balance commerciale (par une diminution des importations) sans aggraver –au contraire– les pressions sur le marché du travail, l’emploi et les salaires.

     

    Un projet national de développement passe par la (re)construction des institutions

    Nombre de Grecs oscillent bien naturellement entre l’illusion d’une crise qu’ils souhaiteraient passagère et l’angoisse liée à la perspective d’un « Moyen Âge social ».

     

    Le «marché» qui est proposé aux Grecs aujourd’hui est formulé de façon particulièrement perverse: accepter un sauvetage contre une perte de souveraineté. Ce «marché» est, en réalité, un marché de dupes. En contrepartie d’une perte certaine de souveraineté, la Grèce n’est en rien sauvée par le dernier plan «d’aide». Le terme d’«aide» à la Grèce, repris sans recul par les médias et l’ensemble des commentateurs, est, en effet, inapproprié. La participation de la BCE au plan d’aide est un simple renoncement à des plus-values (10 à 15 milliards d’euros) sur des titres de l’État grec acquis à un prix inférieur à leur valeur. Le plan d’aide proprement dit, de 130 milliards d’euros, n’est pas définitivement acquis pour ce montant. 30 milliards seront utilisés sous forme de garantie aux créanciers privés pour les encourager à restructurer la dette et 30 milliards seront destinés à la recapitalisation des banques. Les créanciers privés, essentiellement des banques, des assurances et des fonds réunis dans le cadre d’un Private sector involvement (PSI), acceptent de renoncer à un peu plus de 50% de leurs créances, mais vont être les bénéficiaires du plan d’aide. Le taux d’intérêt annuel auquel ces créanciers vont recycler leur dette auprès de l’État grec a été fixé, après de laborieuses négociations, à 3,65 %. Rappelons que le taux de refinancement des établissements bancaires en Europe ou aux États-Unis se situe entre 1 et 2 %.

     

    Les Grecs ne doivent donc pas accepter le marché qui leur est proposé. Ce dont la Grèce a besoin, c’est d’un projet de développement évitant de répéter les erreurs des trois décennies passées. Depuis l’entrée du pays dans l’Union européenne au début des années 1980, le niveau de vie des Grecs s’est sensiblement amélioré mais sans que cette amélioration corresponde à la mise en œuvre d’un véritable projet de développement. L’industrie grecque a largement périclité tandis que la faiblesse des institutions s’est accentuée.


     La Grèce ne peut se développer sans repenser ses institutions, ce qui inscrit la sortie de crise, mais aussi le renouveau, dans le temps long. Ce temps sera marqué par des étapes qui seront autant de pas vers l’amélioration progressive des conditions de vie matérielles et sociales.

     

    Les institutions sont les moyens par lesquels une société définit et met en œuvre les normes qu’elle a choisies. La chose publique, comme nous l’avons vu, a été négligée en même temps que la démocratie s’affaiblissait. L’État de droit ne s’est jamais véritablement constitué. Dans cette configuration, l’État est apparu à la fois faible et autoritaire, ne protégeant ni le citoyen ni l’intérêt collectif.

     

    Aujourd’hui, sont confondus les biens appartenant à l’État et ceux appartenant à la Nation : les «communs». Sous la pression des marchés financiers et de leurs relais internationaux (la «Troïka»), le gouvernement grec s’apprête à privatiser des biens qui ne lui appartiennent pas. Les créanciers internationaux de la Grèce veulent imposer à celle-ci que ce soit le droit anglais qui régisse les dettes du pays. Ces mêmes créanciers ignorent sans doute l’existence de la notion de « bien commun ».

     

    Cette notion, comme l’analyse très bien Ugo Mattei (19), a pourtant été forgée dans le monde anglo-saxon. La confusion entre bien appartenant à la collectivité et bien d’État susceptible d’être transféré au privé relève d’un anachronisme juridique et politique, et constitue, selon Mattei, une « irresponsabilité constitutionnelle ». Pareille irresponsabilité « autorise » les gouvernements en place à vendre impunément le bien de tous. Elle nous fait oublier, nous rappelle Mattei, que les pouvoirs politiques devraient se placer au service du peuple souverain, et non l’inverse.

     

    Les institutions grecques doivent être pensées et définies de manière à établir les fondements d’un État de droit qui se caractérise d’abord par une claire délimitation de ce que l’État, au nom de l’intérêt général, a le droit de faire… ou non.

     

    A l’opposé de la décodification actuelle en cours, les institutions relevant du droit du travail, en particulier, doivent être consolidées. Une concurrence généralisée sur le marché du travail, comme celle que veut instaurer le FMI pour la Grèce avec l’appui du gouvernement grec actuel, ne peut que détruire le lien social, lien qu’il convient tout au contraire de renforcer.

     

    Les services publics (écoles hôpitaux, etc.) doivent non seulement être dotés de moyens supplémentaires mais leurs missions doivent être redéfinies. Pour cela, ils doivent être démocratisés, les bénéficiaires de ces services devant participer à leur administration.

     

    La corruption de l’État a pu expliquer que de nombreux citoyens refusent l’impôt ou ne le considèrent que comme un sacrifice. Pire, certains ont pu penser que l’impôt n’est acquitté que par ceux qui ne peuvent s’y soustraire. Plutôt donc qu’une simple réforme de l’administration fiscale, le principe de l’impôt doit donc être réhabilité. Sans système fiscal, il ne peut y avoir de services publics répondant aux besoins dans les termes appropriés, ni de justice sociale assurant l’équité par le truchement d’une redistribution effectuée grâce à la modulation de l’impôt.

     

    La nature, enfin, si belle en Grèce, doit être protégée. Les restrictions budgétaires de plus en plus fortes ont aussi eu des conséquences affectant le patrimoine naturel: diminution de personnel dans les services s’occupant de l’environnement, légalisation des constructions sans permis, coupes sauvages dans les bois (compréhensibles cependant par temps de grand froid), relâchement des règles environnementales afin… de ne pas dissuader d’éventuels investisseurs. Comme ceci a bien été pensé et formulé, il convient de ne pas céder à la tentation de remplacer une dette (financière) par une autre (écologique) (20). Il ne peut y avoir de développement qui compromette le patrimoine naturel, lequel doit également être considéré comme un bien commun.

     

    Conclusion : une certaine Grèce semble en risque de disparaître mais sera sauvée d’abord par les Grecs eux-mêmes

    La Grèce, à l’évidence, comme espace géographique, ne peut disparaître. Comme espace politique, il est peu probable qu’elle disparaisse formellement, ses frontières n’étant réellement menacées par personne dans le contexte actuel.

     

    Contrairement à la fiction du début de ce texte, le Parthénon, pour l’heure, n’est pas visé par un ordre de démolition ni ne devrait être transféré sur le sol allemand pour mieux le protéger.

     

    Mais une certaine Grèce pourrait disparaître. Celle qui a été le berceau de notre démocratie. Celle qui a su jeter ses forces dans le combat contre la barbarie nazie et qui en a payé le prix. Celle que l’on a voulu assassiner peu avant que le régime des colonels ne s’installe avec le soutien de la puissance hégémonique. Celle qui a cependant survécu avec pour lettre symbole « Z » (21).

     

    D’autres hégémon se sont institués, plus pervers, mieux dissimulés, qui prétendent aujourd’hui surveiller la Grèce de manière renforcée. Surveiller et punir… Chronique d’une histoire annoncée comme inéluctable. Insupportable.

     

    Mais les Grecs ne l’accepteront pas. Passé le temps de la résignation puis celui de la révolte, ils reprendront l’écriture de leur destin. Ils en ont la volonté et la force. Comme le dit Manolis Glezos (22), si « la colère (des Grecs) ne se transforme pas en acte politique, ils seront perdus » (23).

     

    Ce qui leur a manqué est une perspective d’ensemble. Celle-ci se dessine aujourd’hui.

     

    La compréhension de la situation de la Grèce est chose complexe, mêlant des responsabilités qui sont celles des Grecs eux-mêmes (celles de leurs dirigeants tout d’abord) à d’autres facteurs et mécanismes (celui de la dette, en particulier) qui relèvent du fonctionnement d’un système global qui oppose les intérêts de la finance à la liberté des peuples. Les enjeux se clarifient cependant progressivement ainsi que les issues.

     

    Ce sont les Grecs qui sauveront leur pays et non ceux qui prétendent aujourd’hui vouloir les aider et qui ne pensent qu’à préserver leurs intérêts, ceux de leurs banques tout spécifiquement. Il est, en effet, probable que les dirigeants européens, tout occupés qu’ils sont à sauver les intérêts de leurs banques, voire les faire prospérer, ne sauront se départir d’un discours coercitif. Il est vraisemblable qu’ils ne sauront pas davantage trouver la sagesse de prendre une autre voie, celle qui s’est esquissée bien tardivement et très timidement d’un soutien à la réindustrialisation (24). Ces dirigeants ne semblent pas non plus voir que la tentation peut exister chez certains Grecs de voir dans les investissements chinois (ou russes) une (triste) porte de sortie (25).

     

    Il en va de l’intérêt des Grecs qu’ils s’engagent dans la voie du renouveau, à l’opposé de l’impasse dans laquelle certains voudraient les enfermer définitivement. Mais il en va aussi de l’intérêt de l’Europe et de la France, en particulier.

     

    Comme toujours, ce sont les peuples qui expriment et exprimeront leur solidarité. Non par simple altruisme, mais parce qu’ils prennent conscience, comme l’ont exprimé avec force Manolis Glezos et Mikis Theodorakis (26), que la Grèce est un laboratoire expérimental. Si les peuples européens devaient accepter le sacrifice des sociétés grecques, espagnoles, portugaise, irlandaise, sur l’autel de la dette et des banques, alors le tour des peuples suivants ne tarderait pas à arriver. Sauvons le peuple grec de ses sauveurs, comme nous y invite un collectif d’intellectuels et d’artistes européens (27) !

    • • • • •


    (1) En mars 2010, des députés allemands avaient appelé la Grèce à vendre des îles pour aider à financer sa dette. Le quotidien populaire allemand Bild avait alors résumé l’idée en ces termes: «On vous donne du fric, vous nous donnez Corfou»«L’État grec doit renoncer à sa participation dans des sociétés, et vendre des propriétés foncières, comme par exemple des îles inhabitées», avait affirmé au journal le député libéral Frank Schäffler.

    Interrogé par la suite par la chaîne de télévision N24, Frank Schäffler avait indiqué que financer la Grèce revenait à donner de l’alcool à un alcoolique. «Les Grecs doivent économiser. Depuis des années ils dépensent trop (…)Toute autre solution reviendrait à donner encore une bouteille de schnaps à un alcoolique. Cela ne change rien au problème de la dépendance», avait conclu Frank Schäffler. Peu en reste, un député du parti CDU d’Angela Merkel, Marco Wanderwitz, à la même époque, avait déclaré que «si l’Union européenne et donc l’Allemagne venaient à aider financièrement la Grèce, il faudrait qu’elle consente des garanties en échange»«Quelques îles pourraient ainsi faire l’affaire», avait-il estimé.

    (2) Déclarations de Christoph Leitl, Président de la Chambre économique, DiePresse.com, 14 février 2012

    (3) Le Monde, 18 février 2012

    (4) Le gouvernement grec actuel est déjà dirigé par un premier ministre, Lucas Papademos, ne disposant d’aucun mandat électif, ancien banquier central.

    (5) De la rigueur à la récession, Le Monde diplomatique, décembre 2011

    (6) Jacques Bersani, Histoire d’Athènes des origines à nos jours, Tallandier, 2011 ; lire aussi Georges Castellan, Histoire des Balkans, Fayard, 1991 ou encore Georges Contogeorgis, Histoire de la Grèce, Hatier, 1992

    (7) Nicolas Bloudanis, Faillites grecques: une fatalité historique?, Éditions Xérolas, 2011

    (8) Les agences ont recommencé à noter les États depuis 1975. L’État grec, en particulier, en fait de nouveau les frais aujourd’hui.

    (9) Philosophe et législateur né en 640 et mort en 558 avant J.C.

    (10) Alain Joxe, Le peuple grec acculé à l’esclavage pour dette ou à la démocratie ?, Mediapart, 5 novembre 2011

    (11) François Chesnais, Quand les banques font main basse sur les politiques publiques, Raisons d’Agir, 2011

    (12) En référence aux enseignements que tire Cornelius Castoriadis de la démocratie athénienne

    (13) Gabriel Colletis, L’urgence industrielle !, Éditions Le bord de l’eau, 2012

    (14) A.-G. Pascual et P. Ghezzi, «The Greek Crisis: Causes and Consequences», CESifo Working Paper, n°3663, novembre 2011

    (15) Le Monde, 14 février 2012

    (16) Le déficit budgétaire primaire (avant paiement des intérêts) est passé de 10.6% du PIB en 2009 à 2.4% en 2011, proche du point où la Grèce n’aura à emprunter que pour reconduire et honorer le service de sa dette.

    (17) Les importations d’armes constituent un quatrième cas, à part des trois autres. Comme on le sait, la Grèce est un très important acheteur d’armes (le quatrième au monde, devant la Turquie). La baisse des achats d’armes s’est toujours heurtée aux impératifs de protection du territoire liés à la proximité du puissant voisin turc. On peut cependant se demander si d’autres motifs ne pèsent pas également très lourd, comme par exemple, les commissions et autres «pots de vin» qu’encaissent ceux qui assurent le commerce de ces armes.

    (18) Ainsi en a convenu le ministre allemand de l’intérieur, H.-P. Friedrich. Celui-ci a récemment déclaré auSpiegel que «les chances de la Grèce de se redresser et de redevenir compétitives étaient évidemment plus grandes en sortant de la monnaie unique qu’en restant dans la zone euro» (citation reprise dans Le Monde du 29 février 2012, «Les Allemands votent le plan d’aide à la Grèce, mais la majorité se divise»).

    (19) Ugo Mattei, «Rendre inaliénables les biens communs», Le Monde Diplomatique, décembre 2011.

    (20) «O Zeus, retiens-les!», Hervé Kempf, Le Monde, 23 janvier 2012.

    (21) «Z» comme Zoe, la vie ou, plus précisément, «il vit».

    (22) Manolis Glezos est très connu et respecté pour avoir décroché le drapeau nazi de l’Acropole dans la nuit du 30 au 31 mai 1941.

    (23) «L’oracle de Naxos», Le Monde, 29 février 2012.

    (24) En septembre 2011, une mission de l’Union européenne destinée à relancer l’économie s’est rendue en Grèce, dotée de 15 milliards d’euros. Cette mission ne semble pas avoir beaucoup progressé du fait des procédures et des difficultés à satisfaire les conditions d’éligibilité «standards», notamment un cofinancement local.

    (25) http://www.lepoint.fr/monde/grece-le-piree-port-chinois-sur-la-mediterranee-20-02-2012-1433069_24.php

    (26) http://www.mleray.info/article-grece-resistance-elada-manolis-glezos-et-miki-theodorakis-99399142.html

    (27) «Sauvons le peuple grec de ses sauveurs!», tribune par un collectif d’intellectuels et d’artistes européens, Libération, 21 février 2012.


    URL article : http://histoireetsociete.wordpress.com/2012/03/04/la-grece-peut-elle-disparaitre-par-gabriel-colletis/


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  • La télévision publique syrienne a confirmé, samedi 3 mars 2012 à la mi-journée, les informations publiées deux semaines plus tôt par le Réseau Voltaire : l’Armée nationale syrienne a fait prisonniers 18 agents français à Homs et un 19e à Azouz.

    Cette confirmation indique que les négociations engagées entre Paris et Damas se sont soldées par un échec et que la Syrie a décidé d’augmenter la pression sur la France en portant l’affaire sur la place publique.

    Depuis le 14 février, nos informations ont été abondamment citées et commentées dans la presse internationale, sauf en France. Cela peut s’expliquer par la difficulté des médias français de vérifier des faits aussi sensibles.

    La presse turque a confirmé l’arrestation du 19e agent français en expliquant que 4 agents turcs avaient été arrêtés avec lui, ceci alors même qu’Ankara s’était engagé le 7 février à retirer tous ses agents en échange de la restitution de 49 prisonniers.

    À la télévision libanaise Al-Manar, Mohammad Dirar Jamo a rapporté un échange entre le ministre français des Affaires étrangères et son homologue saoudien en marge de la conférence de Tunis. Le prince Saud al-Faysal bin Abd al-Aziz Al Saud déplorait que la France n’ait pas reconnu le Conseil national syrien comme seul représentant légitime de la Syrie. Alain Juppé lui aurait alors répondu : « Si je fais, qui nous rendra nos soldats ? »

    Ci-dessous un exemple de traitement en anglais par Russia Today :


    Quoi qu’il en soit, la presse française de ce matin reste silencieuse alors que ces informations sont maintenant publiques. Cette attitude atteste du rétablissement de la censure militaire en France. Ce dispositif, qui était la norme durant la guerre d’Algérie, il y a un demi-siècle, avait permis au courant impérialiste de cacher à la population des événements historiques qui ne furent intégrés dans la conscience nationale que des décennies plus tard (par exemple le massacre des Algériens dans Paris, le 17 octobre 1961).

    La question qui se pose est de savoir si le président Sarkozy a rétabli la censure militaire pour des motifs d’intérêt national ou pour des raisons personnelles, c’est-à-dire pour éviter de devoir rendre compte à ses concitoyens de la guerre secrète qu’il conduit contre la Syrie en violation de la Constitution.

    Les Français éliront un nouveau président lors d’un scrutin à deux tours, les 22 avril et 6 mai 2012.

    http://www.voltairenet.org/La-France-retablit-la-censure


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  • Présidentielles en Russie : le candidat du Parti communiste, plus que jamais leader de l'opposition au régime des oligarques avec 17% des voix, dénonce des fraudes massives

    zioug


     

     

     

     

     

     

    Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

    On aurait pu écrire le résultat de cette élection avant même son déroulement, Vladimir Poutine revient à la tête de l'Etat russe, pour un mandat de six ans cette fois. Le candidat communiste Guennadi Ziouganov reste plus que jamais le premier représentant de l'opposition au régime des oligarques.

    Après le décompte de plus de 55% des bulletins, il n'y a plus de suspense, le candidat du pouvoir et du parti de l'ordre Vladimir Poutine est élu président de la Fédération de Russie avec 64% des voix.

     

    Derrière, le candidat du Parti communiste (KPRF), avec 17,1% des voix, devance plus que jamais l'opposant officiel, le leader d'extrême-droite Vladimir Jirinovski (6,7%), et les « oppositions de sa Majesté », les vieux amis de Poutine, le vieux politicien de centre-droit Serguei Mironov (3,7%) et le milliardaire Mikhail Prokhorov (6,9%).

     

    Tout semblait écrit à l'avance dans un contexte de fraudes massives commises dans la plus totale impunité, à tel point que le président Dmitry Medvedev pouvait se permettre à quelques jours du scrutin de lancer à une série d'opposants « officiels » du régime que le « scrutin présidentiel de 1996 n'avait pas été remporté par Eltsine »et que la fraude avait alors empêché Ziouganov de devenir président !

     

    Un triomphe d'autant plus surprenant en apparence que la colère gronde depuis plusieurs semaines en Russie. Contrairement aux allégations des médias occidentaux et du pouvoir poutinien, ce ne sont pas une poignée d'agitateurs libéraux qui la mènent. Dans l'immense majorité des cas, les communistes avaient pris la tête des manifestations d'opposition au régime.

    L'excellent score réalisé aux législatives (20%, soit une progression de 90%) masquait sans nulle doute un résultat bien meilleur, sans doute égal ou supérieur à celui de Russie Unie, selon plusieurs centres d'estimation indépendants. Le pouvoir a eu peur d'un deuxième tour face au candidat communiste comme en 1996, si ce n'est indécis, en tout qui aurait remis en cause la légitimité supposée incontestable du président Poutine.

     

    Les raisons de la colère populaire, des conditions de vie qui ne soutiennent pas la comparaison avec l'époque soviétique

    Les origines du mécontentement populaire massif au sein de la population russe remontent à loin, ils ne sont pas le simple produit de la crise capitaliste actuelle. Ils remontent à 1991, la liquidation de l'Union soviétique et du modèle social égalitaire qu'il portait, avec toutes ces imperfections.

     

    La décennie 1990 reste une « decennis horibilis » pour les Russes, la privatisation de la moitié des entreprises d’État, bradées à une poignée d'oligarques conduit à la chute de la production, de moitié, et à l’appauvrissement général. Les conséquences sociales sont dramatiques.

     

    Cinq millions de russes « disparaissent » entre 1991 et 2001, un déficit qui ne peut s'expliquer seulement par des raisons naturelles. Selon la revue médicale britannique Lancet, au moins un million d'hommes russes en âge de travailler seraient morts depuis 1991en conséquence directe de la privatisation du système de santé. Mais les chercheurs, très prudents, émettent l'hypothèse que le chiffre réel était bien supérieur.

     

    L'ère Poutine a conduit à un rétablissement de l'ordre politique nécessaire au développement capitaliste, alors que le « capitalisme sauvage » d'Elstine conduisait à une impasse pour les « nouveaux riches » même. Néanmoins, Poutine a poursuivi sur la même voie, celle des privatisations mais encadrées, celle d'un modèle de croissance basé sur la rente pétrolière et gazière et la casse de l'appareil industriel national, celle de la compétitivité internationale par la compression du coût du travail.

     

    Les indicateurs sociaux ne peuvent masquer une misère réelle dans la population russe.Le pays compterait 24,5 millions de pauvres(18% de la population) mais 40% des Russes s'estiment pauvres. Derrière les 6 millions de chômeurs reconnus selon les critères du BIT, une pratique du sous-emploi et des bas salaires généralisée.

     

    Enfin, le salarié russe moyen est aujourd'hui plus pauvre que le salarié moyen soviétique en 1991. Le salaire moyen réel en Russie (500 euros par mois) est encore en 2001 selon les chiffres du Rosstat (INSEE russe) inférieur à 5% à celui de 1991.

     

    Et derrière ce salaire réel se cachent des profondes inégalités.Le salaire minimum, que touchent 30% des salariés russes, s'élève à 100 euros par mois, au moins 25% en-dessous du minimum vital pour survivre.

     

    Le différentiel entre les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres est de 1 à 60.Le pays compte en 2011 101 milliardairessoit deux fois plus qu'en 2008. Les milliardaires ne connaissent pas la crise ! En 2008, 16 d'entre eux étaient députés de Russie Unie. On est jamais aussi mieux servi que par soi-même.

     

    Des fraudes massives, du « tour de manège » aux « âmes mortes » !

    On comprend mieux la nécessité pour le pouvoir d'orchestrer cette grand-messe électorale comme une forme de légitimation d'un pouvoir de plus en plus illégitime, de frauder un résultat censé apporter une caution au régime de la corruption et de la fraude.

     

    Néanmoins, les fraudes ont atteint des niveaux inédits, que les commissions d'observateurs du Parti communiste dénonçaient heure par heure aux quatre coins du pays. Ivan Melnikov, numéro 2 du Parti communiste russe, souligne des cas risibles où le nombre de votants a excédé le nombre d'inscrits. En voici un petit aperçu édifiant :

     

    • Le refus sans raison valable des observateurs du Parti communiste ; à Volgograd, deux observateurs ont été interdits d'entrer dans un bureau de vote sous prétexte qu'ils n'étaient pas à jour... du vaccin contre la rougeole ! A Tula, le véhicule des observateurs communistes a malencontreusement trouvé ses roues crevées avant le départ. A Krasnodar et à Tambov, les observateurs se sont trouvés emmurés chez eux, incapables de sortir le jour du scrutin ;

     

    • Le vote organisé par les entreprises privées, massif et « légal », le scrutin était alors organisé dans des urnes portatives entreposées sur le lieu de travail et rapportées ensuite au bureau de vote le plus proche. Les observateurs étaient absents de ces entreprises, et les travailleurs ont alors voté sous la supervision de leurs patrons ;

     

    • L'emploi de « nouvelles technologies » frauduleuses ; Melnikov donne l'exemple du vote à Dzerjinsk avec une nouvelle technologie de décompte du vote dite « KAIB » sauf que les bulletins comptaient déjà une imperceptible encoche en face du nom de Poutine. Chaque bulletin blanc passait dans la machine comme un vote pour Poutine, chaque vote pour un autre candidat passait pour un vote nul ;

     

    • le « tour de manège » ; sans doute la fraude la plus massive, rendue possible aussi par l’éventualité légale de voter ailleurs que dans son bureau de vote de référence. Les commissions d'observation du Parti communiste ont repéré des dizaines de ces cars dans toute la Russie composés à leur tour de plusieurs dizaines de personnes qui font ainsi le tour de Russie en votant dans chacun des bureaux compris dans le « Tour ». Une pratique dénoncée par le Parti notamment à Orenburg, ou encore à Novossibirsk, bien qu'elle fut la plus signalée à Moscou naturellement ;

     

    • les « âmes mortes » ; telle est la référence littéraire privilégie par l'observateur local du Parti communiste d'Orel. Alors que le Tchitchikov de Gogol achetait les propriétés des « âmes mortes » des serfs pour réaliser de petits profits, les agents du pouvoir achète les voix des « âmes mortes », c'est-à-dire de personnes décédées mais encore présentes sur les listes électorales. A Orel, le nombre de personnes désirant voter par correspondance avait explosé avant le scrutin, et il s'est avéré qu'un certain nombre d'entre eux avait passé la date de péremption ;

     

    Les communistes refusent de reconnaître ce scrutin illégitime et construiront la lutte contre ce régime corrompu

     

    Ivan Melnikov, vice-secrétaire du Parti communiste et responsable de la vigilance par rapport aux fraudes électorales, est clair sur le sens à donner à cette farce électorale « Nous regrettons de devoir dire que nous pouvons considérer ces élections ni comme justes ni comme libres. Ce n'est que la confirmation d'une campagne où s'est manifesté un contrôle dictatorial total sur les moyens médiatiques ».

     

    Le candidat communiste Guennadi Ziouganov a osé dresser le parallèle avec le scrutin douteux de 1996 qui avait vu la victoire de Boris Eltsine et annonce avec résolution :« Nous ne pouvons reconnaître ces élections, nous les considérons comme injustes, illégitimes et frauduleuses ! ».

     

    Le secrétaire du Parti communiste a annoncé sa détermination à continuer la lutte contre la fraude électorale, sans illusions tout en indiquant que la lutte à venir serait à mener sur un autre terrain, l'organisation de la colère :

     

    « Nous avons toute une organisation prête à se battre pour les idées que nous avons défendu pendant la campagne. Nous allons tout faire pour le faire de façon pacifique et démocratique, mais nous allons intensifier la pression dans la rue, et pour continuer la bataille des idées, à partir de l'organisation ».


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  • Journée Internationale des Femmes 2012

    Déclaration de la Marche Mondiale des Femmes

     par Marche mondiale des femmes

     

    Ce 8 mars, nous, les femmes de la Marche Mondiale des Femmes, continuons à marcher, à résister et à construire un monde pour nous, les autres, les peuples, les êtres vivants et la nature. Ces actions affrontent toujours les revers du paradigme mortel du capitalisme – avec ses fausses solutions aux crises – et d’une idéologie fondamentaliste conservatrice.

    On traverse une crise du système capitaliste, raciste et patriarcal qui impose, pour se supporter, des « mesures d’austérité » terribles qui nous obligent à nous, les peuples, à payer pour une crise que nous n’avons pas provoquée : ces sont des coupes budgétaires de tous les services sociaux, réductions des salaires et des pensions de retraite, encouragement de la guerre et avancée de la commercialisation de tous les domaines de la vie. Nous, les femmes, nous payons le prix le plus élevé : nous sommes les premières à être licenciées et, en plus des tâches domestiques les plus courantes, nous sommes obligées d’ assumer les fonctions couvertes auparavant par les services sociaux. Ce type de mesures supportent le poids de l’idéologie patriarcale, capitaliste et raciste et sont l’expression des politiques qui suscitent notre retour à la maison, qui stimulent également le développement de la prostitution et la vente des femmes, la recrudescence de la violence envers les femmes, le trafic et les migrations.

    Nous dénonçons l’imposition continue d’accords de libre échange qui essaient de transformer les biens communs tels que la santé, l’éducation et l’eau en marchandises et entraîner ainsi un marché d’exploitation de la main d’œuvre bon marché dans les pays du sud. Nous rejetons la culture de la consommation qui appauvrit les communautés, générant de la dépendance et dévastant les productions locales.
    Nous nous solidarisons avec les femmes en lutte de l’Europe, spécialement de la Grèce, mais aussi du Portugal, la Galice, l’État Espagnol, l’Italie et la Macédoine, qui s’organisent pour résister à l’offensive néolibérale et rétrograde promue par les institutions financières et politiques et par leurs propres gouvernements, qui sont au service des intérêts des compagnies transnationales. Nous nous solidarisons aussi avec toutes les femmes du sud qui affrontent des famines, des appauvrissements, de l’esclavage au travail et de la violence, mais qui continuent à construire leur résistance.

    Nous dénonçons l’avancée de la militarisation partout dans le monde, comme stratégie de contrôle de nos corps, nos vies, nos mouvements et nos territoires, et comme garantie pour le néocolonialisme, pour le nouveau pillage et l’appropriation du capital de ressources naturelles, ainsi que pour entretenir l’enrichissement de l’industrie de l’armement face à la crise. Nous constatons avec crainte la menace du retour du militarisme et l’autoritarisme comme valeurs de la société dans différents pays du monde, tels que : la Tunisie, la Libye et l’Égypte au Proche-Orient, où les femmes et les peuples sont toujours en lutte contre toute forme de dictature intégriste et pour obtenir une démocratie réelle ; en Palestine où les femmes luttent contre le colonialisme et le sionisme ; dans différents pays africains – tels que le Sénégal, où le gouvernement se sert de la force de l’armée pour des intérêts électoraux, ou le Mali, où les groupes armés terrorisent la population civile avec la lutte pour le contrôle de la région du nord ; au Honduras, Mexique, Guatemala et en Colombie, où il existe des processus de ré-militarisation ; et dans des divers pays de l’Asie et l’Océanie, où la présence des militaires des États-Unis est renforcée.

    Nous nous solidarisons avec les femmes et les peuples en résistance et en lutte de tous les territoires qui sont en guerre, sous le contrôle militaire ou qui risquent de l’être, ou qui subissent l’impact néfaste d’une présence militaire étrangère. Malgré tout cela, nous, les femmes, continuons à défendre nos territoires, nos corps et notre terre de l’exploitation des armées régulières et irrégulières, étatiques ou privées.

    Nous dénonçons la stratégie conjointe des médias globalisés, qui cherchent à revitaliser les dogmes et les valeurs conservatrices et qui mettent en danger les acquis et les progrès des femmes dans le monde. Les espaces de participation sont clôturés, la protestation est criminalisée et notre droit de décider de nos corps est miné. Notre autodétermination reproductive est menacée là où on l’avait déjà conquise, comme par exemple dans des divers pays de l’Europe (tels que le Portugal et l’Espagne) et de l’Amérique du Nord, où l’avortement est légalisé, mais où ce droit se voit attaqué dans la pratique par des coupures des budgets publics qui visent les hôpitaux et les services d’interruption de grossesse. Dans beaucoup d’autres pays de l’Amérique Latine et l’Asie-Océanie, les femmes qui avortent sont toujours criminalisées, tels qu’au Brésil, au Japon et à Vanuatu. Au Mexique, l’avortement est légalisé dans le District Fédéral, mais criminalisé dans le reste du pays. Au Honduras, la pilule du lendemain a été interdite. Au Nicaragua, l’avortement est devenu un délit même dans des situations de risque pour la vie de la mère ou de viol, à partir d’une réforme constitutionnelle. La Russie suit l’exemple, avec la femme du président en tête des campagnes pour interdire l’avortement en toute situation. Des groupes auto-surnommés « pro-vie » défendent en réalité la mort des femmes, nous insultent et insultent les professionnelles de santé de l’Amérique du Nord, font pression sur le parlement pour réviser la loi en Afrique du Sud et empêchent tout débat au Pakistan.

    Nous nous solidarisons avec toutes les femmes qui continuent à lutter et à affronter les revers de la police, des services publics et de la justice injuste, ainsi qu’avec celles qui subissent des violences.

    Face à ces situations, nous sommes dans les rues, nous avons des alternatives et nous les vivons. Nous réitérons que nous allons continuer à nous renforcer, à partir de nos corps et nos territoires, en résistance et en défense des mêmes, tout en soulignant nos rêves de transformation structurelle de nos vies et en marchant tant que toutes les femmes ne seront pas libres !

    Nous lançons un appel à l’articulation de nos mouvements et à l’alliance avec les autres mouvements, puisque c’est la seule forme pour construire un monde libre.

    Dans le Monde, 8 mars 2012

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  • De quoi je me mêle madame merkel ? On feint de s’étonner…

    1. D’après le “Spiegel”, dont les propos sont répercutés par le Nouvel Observateur, un pacte anti-Hollande aurait été scellé à l’initiative d’Angela Merkel pour que le candidat socialiste ne soit pas reçu au cours de sa campagne

     

    François Hollande en meeting à Lyon, le 1er mars. (Laurent Cipriani/AP/SIPA)

     Soyons honnête, s’il s’agissait seulement du candidat socialiste ma souffrance aurait des limites. certains seront même tenté de  ricaner puisque la nouvelle est venue d’Allemagne, ce qui ne relève d’aucun hasard… On pourrait même dans un esprit particulièrment mesquin considérer que leader du PS ne l’a pas volé. Doublement  mérité :d’abord  depuis le temps qu’il  se la joue candidat officiel de la République, les autres étant des figurants,il s’est pris un rateau… Ensuite et surtout parce qu’on pourrait avec un optimisme inébralanble considérer qu’il en tirera quelques enseignements sur sa chère Europe.   Parce que remarquez, il n’a pas paru compatir d’une manière excessive, ni lui, ni l’ensemble du PS quand le vote majoritaire NON des Français à la Constitution européenne a été complétement méprisée à Lisbonne et ailleurs.   Pourtant quand je lis qu’un  véritable boycott contre François Hollande, d’après les informations du ” Spiegel” à paraître lundi 5 mars, a été organisée par la chancelière allemande Angela Merkel (CDU) et ses principaux partenaires européens, l’envie de rire du rateau de François Hollande cède rapidement le pas à la colère.  Donc toute cette fine fleur de l’incapacité à nous sortir du marasme, toute cette aristocratie arrogante se serait entendue pour ne pas recevoir le candidat socialiste à la présidentielle française, On peut s’interroger :de quoi ces gens là se croient-ils autorisés de se mêler et de qui ont-ils reçus mandat pour le faire?     La chancelière Merkel se croit-elle si populaire en France qu’elle puisse agir à l’égard du suffrage des Français comme du temps de la poignée de Montoire ? On me dira que j’exagère, je le reconnais volontiers mais l’image me paraît pertinente si l’on veut d’abord désigner ce qui surgit immanquablement dans l’esprit de Français devant une telle ingérence.   Je ne le souhaite pas parce que nous n’avons rien à gagner, ni les uns, ni les autres à des prurits de nationalisme extrême. Pourtant c’est ce à quoi on aboutit quand on viole systématiquement la souveraineté des peuples.   Ensuite, comme la poignée de Montoire avait un sens (plutôt Hitler que le Front Populaire), cette entente a aussi un sens, il ne s’agit pas d’un clan de bons copains refusant de se séparer après d’agréables vacances. Cet accord secret entre Merkel, le Premier ministre italien Mario Monti et le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a été rejoint par le Premier ministre britannique David Cameron, toujours selon le “Spiegel”. Tous se seraient “engagés verbalement” à ne pas recevoir le candidat socialiste. Devons-nous rire de cet accès d’amour de la chancellière? Que nenni,  François Hollande a provoqué le courroux de cette “élite” par le souhait qu’il a manifesté de renégocier le pacte fiscal conclu entre les membres de l’UE. Ce à quoi madame Merkel tient plus que ses supposées sympathies pour Sarkozy.   La chancelière allemande avait annoncé le 6 mai son soutien actif à Nicolas Sarkozy, candidat à sa réélection. “Je soutiens Nicolas Sarkozy sur tous les plans car nous appartenons à des partis amis”, avait-elle déclaré. François Hollande, en tête dans les sondages, avait pour sa part demandé à être reçu par la chancelière, en vain jusque-là. Une rencontre en mai a cependant été évoquée, sans être confirmée ni infirmée. Oui mais si la chancelière le reçoit c’est qu’elle aura reçu  des preuves d’allégeance à sa politique s’austérité.

    Si les propos du Spiegel devaient être confirmés, cela serait gravissime parce que c’est ce qui reste de la souveraineté française et du droit de ses citoyens à peser sur la politique qui serait mise en cause par ce boycott. C’est à juste raison que le PS souligne que Angela Merkel ne manifeste pas les mêmes sautes d’humeur pour monsieur Orban qui non seulement est un fasciste mais taille en pièce justice et finance européennes pour son propre compte. Le cas est clair, plutôt Orban que le Front populaire. Il ne s’agit même pas de Front Populaire, François Hollande est allé rassurer la City sur ses bons sentiments financiers. La discipline exigée du futur président français va au-delà d’une inquiétude sur un quelconque Front Populaire.  

     La remarque du porte parole du PS sur la tolérance à l’égard d’orban serait juste si le PS n’avait pas jusqu’ici contribué à ce que l’Europe soit ce qu’elle est: entre le fascisme qui monte et les peuples empêchés d’agir, l’entente des monopoles, le bellicisme et la mise en concurrence de tous. S’ils avaient réellement mené un combat contre cette folie austéritaire qui mènent les politiques européens . Si dès le début le ton de la campagne de François Hollande s’était démarqué de cet appel à une austérité qui ne peut que produire de la récession.

    Je ne cesse de dire tout le mal que je pense de cette campagne, de ses aspects de leurre. Ainsi, il est des sujets que l’on ne veut pas aborder et que l’on préfère laisser à l’extrême-droite, l’Europe mais aussi la non intervention en Syrie, le rôle des expéditions otanesques. La meilleure manière à la fois de donner du crédit au fascisme et de déshonorer les questions de fond qui devraient pourtant être posées si l’on veut que la démocratie ait un sens.

    Non le boycott de madame Merkel et des autres n’est pas une anecdote de plus dans les papotages de la campagne, il s’agit d’un sujet grave : oui ou non est-ce que cette élection présidentielle a un sens ou est-ce qu’on nous amuse? Si on ne peut pas changer ce qui contraint totalement notre politique intérieure, si dans le même temps la question de la guerre et de la paix est devenu un tel domaine réservé qu’il n’est plus question qu’il y ait un débat citoyen, pouvez-vous me dire quels sont les enjeux réels de cette élection.

    Danielle Bleitrach


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  • Syrie, tentons d'y voir clair. [ toujours au coeur du réel : ♫ ♫]  

    Un pays de longue civilisation toujours objet de convoitise et de despotisme

     

    Entre la guerre idéologique chargée d'assurer un balisage autorisant les tentatives de renversement du régime syrien et le fait de persister à refuser de soutenir un régime qui n'est pas plus mais pas moins autoritaire que quand son chef était l'invité d'honneur de l'Elysée, la marge est étroite. Faut-il pour autant se taire ?

    Non bien sur.

    La Canaille reçoit deux types de messages tout aussi comminatoires les uns que les autres :

    Les premiers disant que devant l'agression impérialiste et la nécessité de soutenir la légitimité du droit international, il faut taire ses critiques (les uns ajoutant fussent-elles fondées d'autre les qualifiant de calomnieuses), au regard d'une agression aussi impérialiste qu'incontestable.

    Les autres au nom de la violence de la répression contre un peuple légitimant le droit d'ingérence.

    Désolé mais ici on ne fonctionne pas comme cela.

     

    Dire que la légitimité du droit est du côté du régime syrien ne fait pas de La Canaille un soutien d'Assad. Franco ou Pinochet étaient illégitimes, Kadhafi ou  Assad non, la preuve par les 14 juillet à l'Elysée.

     

    Le droit international est un droit fragile qui repose sur un double postulat : les peuples et pas les régimes sont souverains, les peuples choisissent leur régime dans leurs propres conditions historiques.

     

    Quiconque tente par la force d'en modifier le court est agresseur (cela vaut aussi pour l'Allemagne et la France de l'ex Yougoslavie à l'Afrique équatoriale).

     

    Une donnée permanente : l'impérialisme ne reconnait la souveraineté éventuelle des peuples que si elle peut les opposer à des régimes dont l'intérêt des impérialistes demande la subversion. Sinon il soutien d'autant plus les régimes en place que ceux-ci sont clients des marchands de canons…ceux-ci étant les commanditaires des pouvoirs impérialistes. S'ils ont envies, besoins, moyens de commander à un impérialisme rival haro sur l'ex ami.

     

    C'est ainsi que la coalition qui soutient et arme Israël contre le droit des palestiniens, au mépris du droit international et contre les décisions de l'ONU, donne des leçons officielles de morale tandis que ses forces spéciales interviennent sur le sol syrien. Les armes et nombres de ceux qui s'en servent, saisies par l'armée syrienne, en témoignent et seul un blackout médiatique bien organisé limite la publicité de ces faits. De même que l'épisode de l'exfiltration des journalistes bloqués en Syrie montre comment les moyens d'infiltration vers la Syrie ont été mis en œuvre : les tunnels servant à sortir ont d'abord été creusés pour y entrer,  et la zone "neutralisée" que l'Otan a mise en place au nord de la Syrie ressemble à un espace démilitarisé autant qu'Angéla Merkel et Nicolas Sarkozy ressemble à un couple de patineur au JO d'hiver.

     

    Poussons d'un cran la réflexion. Si le droit d'ingérence devait être la norme (que La Canaille refuse à tous au nom du droit international issue de deux conflits mondiaux majeurs qui encadrent ce droit), en quoi serait-il plus légitime de renverser le régime syrien que celui qui colonise au nom d'une famille de despotes sanguinaires la péninsule arabique ou ceux qui au travers de petits potentats VRP des pétroliers mondiaux massacrent la part des peuples qu'ils n'arrivent pas à maintenir en esclavage ?  Au nom du droit international à quand un débarquement des forces spéciales en Israël pour imposer le respect des droits et des frontière du peuples palestinien. La situation à Gaza est-elle meilleure qu'à Damas ?

     

    En quoi la France aurait elle droit à déployer des forces contre des régimes légitimes même s'ils sont haïssables alors qu'elle maintient des régimes tout autant haïssables et beaucoup plus illégitimes au sein de son ex empire colonial redevenu réserves à profits pour les monopoles à base française ?

     

    Imaginons (alors que le droit serait pour eux) que les cubains fassent entrer des armes à Guantanamo pour réussir à expulser les USA d'une partie annexée de leur territoire. Que dirait le basset de l'Elysée pour venir en aide au démocrate de pacotille de la Maison Blanche ?

     

    La Canaille a souvenir d'avoir participé à la sécurité de démocrates syriens en but au régime des Assad quand ces démocrates venaient dire la réalité de la Syrie à ce qui était le rendez vous annuel des antis impérialistes d'Europe à la fête de l'Humanité. La sécurité devait s'organiser contre les hommes de mains de Damas mais aussi parfois contre les services spéciaux français qui leur prêtaient main forte, voire certaines années des sbires du Mossad. Seul un rapport de force international autour de la question palestinienne (dont Assad père puis fils ont usé et abusé pour masquer la réalité de la répression du régime) tenait tout ces gens à distance.

     

    La question est donc claire : il faut condamner l'agression contre la Syrie qui n'a pour but que de doter l'impérialisme d'une tête de pont pour aller agresser l'Iran et participer ainsi à l'encerclement géopolitique de la Chine. Le rôle des USA et ses relais au Tibet autour de la maitrise des sources des grands fleuves d'Asie est là pour le démontrer.

     

    Syrie, tentons d'y voir clair. [ toujours au coeur du réel : ♫ ♫]


    Dire cela n'est pas soutenir le régime syrien. C'est s'inscrire dans la tradition de Jaurès assassiné pour avoir de refusé de soutenir l'impérialisme français contre l'impérialisme prussien.

     

    Regardez qui soutien qui, qui subit.

     

    Le positionnement "à gauche" reproduit, Huma compris, ce vieux débat qui fera en 1914 des Jouhaux et Guesde les soutiens de l'union sacrée, le même débat qui conduira un quart de siècle plus tard des Belin et Déat (n'oublions pas Doriot) à s'aligner au point d'en devenir des acteurs majeurs et sanglants de la compromission d'une partie du camp qui dès lors n'était plus progressiste mais complice et acteur des impérialismes. (Nous parlions ici-même il y a peu de jours, concernant de MES, du 10 juillet 40. Regardez qui a voté quoi).

     

    Juste une interrogation de bon sens. Quand l'Humanité envoyait clandestinement des journalistes sur des théâtres d'opération au cœur des maquis populaires, on savait pourquoi. Quand c'est le Figaro, par quelle mystère la logique aurait elle changée ? A-t-on déjà vu un(e) envoyé(e) du journal de Dassault allez soutenir la résistance au marchand de canons en Birmanie aujourd'hui, hier au Vietnam, en Amérique du sud ou contre l'apartheid en Afrique du Sud ? Répondre à la question devrait déjà bien déblayer la réponse.

    Par canaille le rouge


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  • Indignés, ils agissent. Carté au PCF et donc pas franchement adepte de la politique actuelle, Michel Ascher, chef d'établissement à la retraite a, fin décembre, littéralement explosé. ... 

     "Quand j'ai su que les recteurs se verront attribuer une prime de 15  000 à 22 000 E par an s'ils atteignent leurs objectifs, c'est-à-dire, vu le contexte, s'ils parviennent à supprimer le plus de postes possible, un sentiment de colère m'a envahi. Je me suis dit : Que faire ? Déchirer mes palmes académiques (1) dans la rue ? J'ai préféré expédier le 22 décembre au ministre un courrier dans lequel je lui renvoyais mes palmes."
    En l'occurrence, le diplôme. "Je n'ai jamais eu la médaille, car il faut la payer." Précisant que l'idée lui était déjà venue en début d'année "suite à la réforme qui envoie des professeurs devant des classes sans les former". Concluant sa missive ainsi : "Je ne peux, Monsieur le ministre, que vous transmettre l'expression de ma profonde tristesse."
    Également chef d'établissement à la retraite, Michèle Lequarré, "jamais cartée, pas politisée", va faire de même. "C'est une souffrance de voir comment on défait l'Éducation nationale." 

    Appel aux collègues

    Concernant le cas de la prime aux recteurs, Michel Ascher estime que c'est "leur agiter des louis d'or pour qu'ils suivent la ligne".
    "On a connu des recteurs qui résistaient un peu. Et on pouvait débattre. Je me souviens avoir pris ma voiture pour aller justifier à l'inspecteur qu'il fallait me maintenir une classe. On a discuté toute la matinée et à la fin il m'a dit que j'avais raison."
    Ils appellent leurs collègues chefs d'établissement à suivre leur démarche. "Au moins les retraités, Et même des collègues en activité, s'ils en ont le courage." Car selon eux, l'heure est grave. Citant Abraham Lincoln : "Si vous pensez que l'éducation coûte trop cher, tentez l'ignorance."

    (1) Une décoration que les chefs d'établissement obtiennent souvent, plus rarement les professeurs.


    Source : la Voix du Nord

     

    L'appel des 47

    Monsieur le Ministre,

    Nous, proviseurs, principaux, directeurs d’école, inspecteurs, conseillers pédagogiques, formateurs, conseillers d’orientation, professeurs des écoles, en collèges, lycées et universités, enseignants chercheurs, documentalistes, sommes fiers et heureux de servir ou d’avoir servi l’école de la République française. Le ministère de l’Éducation nationale a reconnu notre engagement, notre compétence et notre dévouement dans cette tâche en nous honorant d’une distinction dans l’ordre des Palmes académiques.
    Mais nous constatons aujourd’hui, avec une infinie tristesse, que l’Éducation nationale souffre de plus en plus d’une politique où la logique comptable et la notion de rendement ont pris le pas sur toute réflexion pédagogique et sociale : depuis quelques années, l’école que nous avons aimée et construite est progressivement désorganisée, dégradée, et disparaît. Nous n’y retrouvons plus les idéaux et les valeurs que nous y avons portés.
    La liste des mesures qui vont contre l’école, les enfants, les étudiants et les enseignants est déjà bien longue : suppression, cette année encore, de 16 000 postes qui s’ajoutent aux 50 000 de ces trois dernières années ; suppression de la formation des enseignants (IUFM); suppression de la carte scolaire ; remise en cause de la scolarisation des moins de trois ans ; prime aux recteurs, etc.
    Accepter les Palmes académiques, c’est aussi cautionner une orientation politique : nous récusons énergiquement celle que vous mettez en place. Et aujourd’hui, notre désaccord avec la nouvelle institution devient si grand que, pour ne pas être identifiés à elle, pour ne pas nous renier, notre conscience nous conduit à accomplir le geste symbolique de vous rendre nos Palmes académiques.

    Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, nos salutations attristées.


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  • 2

       L'un de ses cadres vient de se suicider dans ses locaux. Il s'est défénestré mercredi 29 février, dans le centre-ville de Rennes, à 28 ans. Une lettre a été laissée sur les lieux du drame. Dans un premier communiqué, la direction de la poste a qualifié ce drame "d'incompréhensible".

     

         Le journal Ouest-France a écrit cet article, suite à une seconde lettre, laissée à son domicile et que sa compagne a rendu publique:

      "Ce vendredi après-midi, dans les locaux du syndicat CFDT, Elodie, la compagne du jeune cadre à la direction du courrier de la Poste Haute-Bretagne, qui s’est défenestré mardi midi d’une fenêtre d’une salle de réunion du bâtiment de la Poste de Rennes a décidé de raconter la souffrance au travail de son compagnon. « Pour qu’un geste comme celui que Jerémy a fait ne se reproduise plus ».

    « Cela devenait insupportable »

      On savait que Jérémy Buan, originaire de Combourg, au nord de Rennes, avait laissé une lettre sur une table de la salle d’où il a sauté. Mais le postier a laissé une seconde lettre qu’il a écrite chez lui et qu’il a laissée à sa compagne. Élodie a souhaité lire un passage de cette lettre, d’une quarantaine de lignes, dans lequel il explique son geste.

      « Jamais eu aucun retour positif »

      « Cette vie me devenait trop insupportable. Le travail que j’effectue chaque jour ne semble pas être apprécié. Je suis remis en cause en permanence sur toutes mes actions. Depuis que je suis passé cadre à La Poste, j’ai cherché en vain à réussir, me former, écouter mais rien ne semble y faire, je n’ai jamais eu de retour positif ».

      Du coup, Jérémy, jeune père, explique sur le papier, qu’il a perdu confiance en lui, « avec une anxiété permanente.   

      Les reproches sont soutenus par toute la hiérarchie. On fait ce que l’on peut avec les connaissances que l’on a. Toute cette anxiété professionnelle a réussi à prendre le pas sur ma vie privée ».

      Vers un accident du travail ?

      Le syndicat CFDT, auquel le jeune cadre était adhérent, ne sait pas encore les suites judiciaires qu’il va donner à cette affaire. « Nous avons demandé à ce que la victime fasse l’objet d’une déclaration d’accident du travail. Nous pointons une responsabilité individuelle et collective de la direction de La Poste dans ce drame ».

      Trois enquêtes lancées

      Jeudi, une réunion a eu lieu entre des représentants de la direction, des syndicats, de l’inspection du travail et le médecin de prévention. Décision a été prise de lancer une double enquête, en plus de l’enquête judiciaire : une enquête de l’inspection du travail débutera la semaine prochaine.

     La direction de la Poste s'est exprimée dans un deuxième communiqué: « Comprenant la douleur et l’émotion de la famille, la direction du Courrier Haute Bretagne rappelle qu’une triple enquête va être menée : celle de la police judiciaire, celle de l’Inspection du Travail et celle des membres du CHSCT. Comme elle s’y est engagée, elle mettra tout en œuvre pour que ces enquêtes puissent aboutir au plus tôt et dans les meilleures conditions »."

     

     

         Alors que les patrons du secteur public (pour ce qu'il en reste) et des entreprises privées ont le regard fixé sur les sautes d'humeur du marché, le stress au travail de leurs salariés n'est pas leur préoccupation majeure (si elle l'avait été auparavant).

         Pourtant, un pic de suicides est à craindre. il n'y a qu'à regarder la Grèce pour s'en convaincre: augmentation de 40% des suicides au premier semestre 2011, comparé au deuxième semestre 2010.

         En France, Philippe Rodet, ex-médecin urgentiste et spécialiste du stress se dit assez inquiet. Il précise que les suicides ne sont que "la partie émergée de l'iceberg" des problèmes de souffrances au travail. "Si l'on compte le nombre d'infarctus dans les entreprises où il a beaucoup de suicides, les entreprises sont mal parties". 

         Comme France Télécom, la Poste, elle, ne comprend toujours pas.

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com


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  •       Ceci est une image ancienne concernant les carrières de Voutré, dans le département de la Mayenne.

       Depuis le 1er janvier 2012, les matériaux extraits de ces carrières ne sont plus acheminés en trains, mais en camions. Quand il faut 250 trains pour acheminer les 410 00 tonnes produites annuellement, il faut 16 400 camions pour palier au train et 22 000 passages.
         Cette décision est non seulement anti-écologique, car elle renforce un mode de transport bien plus polluant que le train, mais elle représente aussi un problème de sécurité routière dans la mesure ou elle provoque l'intensification du trafic: 16 400 camions par an, cela représente 47 camions par jour en comptant les week-end.

     

         On est à des années-lumières du Grenelle de l'Environnement, dans lequel Nicolas Sarkozy avait nommé deux étoiles montantes de l'UMP, Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet, façon de berner les gentils coeurs qui croyaient à des promesses en faveur de l'écologie et des hommes dans une société entièrement vouée au capital.

         La suppression des 250 trains qui acheminaient toutes ces pierres, par la seule volonté de la SNCF (société 100% publique), qui a rompu le contrat existant, montre le miroir aux alouettes qu'a été le Grenelle de l'Environnement.

     

         Dès l'annonce du transfert des 410 000 tonnes de matériaux du rail à la route, le syndicat CGT des cheminots du Mans est intervenu auprès des populations concernées, comme au niveau des pouvoirs publics. Ces derniers sont aux abonnés absents. Nathalie Kosciusko-Morizet, en charge du ministère de l'écologie, a démissionné pour devenir la porte-parole du président-candidat du peuple. C'est le premier ministre qui est désormais ministre en titre. Mais François Fillon, pourtant élu de la Sarthe, département voisin de la Mayenne, n'a que faire de tout ce tintouin autour des carrières de Voutré. Il est candidat à la députation dans un arrondissement cossu de Paris.

         Sur le terrain, la pétition du syndicat CGT des cheminots se remplit, même dans cette région rurale où les idées de gauche ne prédominent pas. Le petit village de Rouëssé-Vassé, par exemple, doit voir passer dans sa rue principale des colonnes de camions à ne plus en finir. Les populations locales mesurent par avance donc les conséquences désastreuses qu'elles vont subir en matière de nuisances, de pollution, d'insécurité routière et d'augmentation des impôts pour l'entretien des routes.

     

         A l'Assemblée nationale, le gouvernement des riches vient de faire un autre cadeau aux patrons des sociétés routières. Cela s'est passé en lousdé, le mercredi 29 février 2012, au milieu d'articles présentant une nouvelle fiche de paie et l'allègement du bilan social et environnemental des entreprises. Pour autant, cette nouvelle loi va permettre aux transporteurs de charger leurs camions à 44 tonnes sans être soumis à l'obligation d'un sixième essieu. De ce fait, le marché routier va augmenter son tonnage transporté sans investir dans une nouvelle flotte.

         Cette disposition législative coûtera au bas mot plus de 500 millions d'euros pour l'entretien supplémentaire des chaussées, sans compter les nuisances en pollution et sonores. Et les patrons routiers ne payent toujours pas de taxes sur les poids lourd en dehors des autoroutes. Et sur celles-ci, ils ne sont redevables que par rapport au nombre d'essieux et pas à la charge transportée.

         Il va sans dire que le transfert du rail à la route de la production des Carrières de Voutré, comme ce cadeau législatif au patronat routier, est contraire à la Charte gouvernementale de l'environnement. Mais qu'en disent madame Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l'écologie et son candidat-président?

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