• La Grèce peut-elle disparaître?

    Grece 48


    Berlin exige la démolition du Parthénon. Le coût de l’entretien du site serait trop élevé et menacerait l’équilibre des finances publiques grecques. Non entretenu, le temple menacerait de s’effondrer et pourrait blesser des touristes visitant le site. Le consulat allemand à Athènes rappelle que des milliers de touristes allemands visitent le site chaque année.


     

    Seule capitale en Europe à protester, Rome a condamné les déclarations du gouvernement allemand. Paris se tait, à l’instar des autres capitales européennes.

    Le gouvernement allemand a répondu qu’il était prêt à envisager la déconstruction du Parthénon et son transfert puis remontage dans un musée allemand. Le monument, chef d’œuvre de l’humanité, serait ainsi mieux préservé que s’il restait sur le sol grec.

     

    La baisse des dépenses publiques a entraîné des coupes très importantes dans tous les services publics. En janvier, le célèbre cinéaste grec Theo Angelopoulos serait décédé en raison du mauvais fonctionnement des services ambulanciers dont les véhicules n’ont pas fonctionné, laissant l’artiste sans soin pendant près d’une heure. Les écoles manquent de tout.

     

    En février, une soixantaine de pièces anciennes en céramique, bronze et or ont été dérobées un matin dans un musée d’Olympie (Grèce), berceau des Jeux Olympiques, poussant le ministre de la Culture à présenter sa démission.

     

    Ce cambriolage intervient quelques semaines après le vol de trois œuvres, dont un tableau de Picasso et un de Mondrian, intervenu à la pinacothèque nationale d’Athènes où les voleurs s’étaient introduits en exploitant l’insuffisante surveillance du bâtiment, situé en plein centre de la capitale.

     

    Des responsables allemands ont, de nouveau (1), évoqué récemment la vente par la Grèce de certaines de ses îles. Plus précisément, les Grecs pourraient faire un geste symbolique en vendant des îles à l’écart, inhabitées. « Cela aurait comme conséquence d’améliorer l’humeur des Européens envers Athènes » (2).

     

    « Le sort de la Grèce entre les mains de l’Allemagne »

    Le titre d’un article publié par Le Monde (3) a de quoi inquiéter les Grecs. Ceux-ci ne devraient cependant pas être les seuls à s’interroger…

     

    En novembre 2011, on se souvient que le précédent premier ministre grec, Georges Papandreou, ayant envisagé de donner la parole au peuple grec par referendum, avait été « convoqué » par les deux dirigeants allemand et français, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, et sommé de s’expliquer sur la pertinence d’une telle démarche.

     

    En février 2012, suite à une proposition allemande appuyée par la France et la « Troïka » (BCE, Commission européenne, FMI), le gouvernement grec, en échange d’un nouveau plan « d’aide », a accepté la création d’un compte destiné au service de la dette: les montants dus devront être financés, trimestre après trimestre, par les bailleurs de fonds publics mais aussi grâce aux recettes fiscales nationales. Conformément à ce qui était demandé par l’Allemagne, le gouvernement grec s’est engagé à modifier dans les deux mois la Constitution du pays afin que le privilège du remboursement de la dette soit institutionnalisé. Athènes n’aurait ainsi le droit d’engager aucune dépense avec les recettes fiscales et l’argent emprunté tant que la Grèce n’aurait pas honoré ses dettes.

     

    La convention signée par le gouvernement grec stipule que toute nouvelle obligation émise dans son cadre sera régie par le droit anglais, qui engage des garanties matérielles. En d’autres termes, des créanciers étrangers non payés pourraient saisir des biens grecs. Les différends seront jugés par les tribunaux du Luxembourg, la Grèce ayant renoncé d’avance à tout droit de recours contre une saisie décidée par ses créanciers.

     

    C’est peu dire que le pays est ainsi, de facto, sous tutelle et que la souveraineté nationale est menacée.

     

    Dans la dernière période, le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, s’est déclaré à plusieurs reprises «exaspéré», traitant la Grèce de « puits sans fond », suggérant d’installer un gouvernement technocratique (4) comme en Italie, et de reporter une nouvelle fois les élections législatives annoncées pour avril 2012.

     

    Les institutions internationales et certains pays créanciers, l’Allemagne en particulier, semblent donc bien vouloir dicter à la Grèce sa conduite et se comportent, en effet, comme s’ils tenaient le destin fragile du pays en leurs mains. Mais le tiennent-ils vraiment ?

     

    La réponse ne dépend pas tant des Allemands que des Grecs eux-mêmes, comme à tous les moments-clés de leur histoire.

     

    Sous la pression des marchés financiers et de leurs relais politiques, des sociétés européennes commencent à se disloquer (5). Le cas de la Grèce pourrait illustrer ce funeste processus. Le pire n’est jamais sûr cependant et nous montrerons qu’une voie alternative peut être explorée, dont on entrevoit déjà les contours. Avant d’évoquer cette voie, nous souhaitons faire un détour par l’histoire de la Grèce afin de montrer que le peuple grec, s’il décide d’explorer des solutions alternatives, devra pour ce faire se rappeler que la dette a toujours été un moyen qui lui a été opposé lorsqu’il a cherché à affirmer son indépendance et sa souveraineté.

     

    L’histoire grecque : une indépendance et une souveraineté toujours menacées

     Sans remonter à l’Antiquité où l’existence même de la Grèce a, comme on le sait, plusieurs fois été menacée par le puissant voisin perse, il convient de rappeler que le jeune État grec issu de la guerre d’indépendance contre les Turcs a tout de suite été mis sous tutelle. En 1833, Othon 1er de Bavière débarque en Grèce et est placé à la tête du pays par les grandes puissances. Comme l’écrit Jacques Bersani (6), « l’Europe du congrès de Vienne se méfie par-dessus tout de la démocratie. Elle a appris à se méfier des Grecs, dont elle a eu tout loisir de mesurer la propension aux luttes intestines ».

     

    Sautant plus d’un siècle d’histoire pour arriver à la fin de la seconde guerre mondiale, observons que les Grecs, une fois encore, s’ils sortent la tête haute du conflit grâce à une résistance acharnée aux Italiens d’abord et aux Allemands ensuite, ne vont pas pouvoir décider seuls de leur avenir. La guerre civile va déchirer les Grecs. Mais dans le conflit entre, d’un côté, l’EDES, alliance des républicains (droite «légitimiste») associée aux forces gouvernementales, et de l’autre, l’EAM et son bras armé, l’ELAS (à forte composante communiste), les premiers vont bénéficier du solide appui des Anglais. Il est vraisemblable que sans cet appui et hors partage des Balkans décidé avec Staline quelque temps plus tôt, la Grèce serait devenu une démocratie populaire.

     

    Un fil court ainsi toujours dans l’histoire ancienne et plus récente de la Grèce. La Grèce semble condamnée à se laisser imposer son destin par des puissances étrangères. Cette observation, cependant, est partielle. Car il convient de souligner que les dites puissances étrangères sont toujours intervenues lors de conflits opposant les Grecs entre eux. Cela était vrai pendant la guerre d’indépendance au XIXe siècle. Ceci l’a été, plus tard, entre 1946 et 1949. Cela reste vrai aujourd’hui.

     

    La dette comme moyen d’asservissement

    Rapportée au Pib, la dette grecque est assurément aujourd’hui une dette les plus élevée de la zone euro. Surtout, elle est très largement détenue par des non-résidents, c’est-à-dire par des banques étrangères ainsi que, dans une moindre mesure, par la BCE.

     

    Là encore, l’histoire est riche d’enseignement. Nicolas Bloudanis (7) –dont nous ne suivons pas toutes les thèses– nous enseigne que le jeune État grec d’Othon est d’emblée endetté. La Grèce de l’époque ne peut subsister sans une aide pécuniaire permanente des puissances « protectrices », sous la forme de prêts qui finissent par gonfler de manière démesurée la dette du pays.

     

    Un siècle plus tard, en 1931, dans un contexte politique marqué par la catastrophe d’Asie Mineure, une agence de notation, Moody’s, dégrade la note de la Grèce avec des conséquences catastrophiques: dévaluation de la drachme, explosion de la dette en dollars… défaut de paiement… puis chute du gouvernement Venizelos, suivie d’une brève restauration de la monarchie et du coup d’État, en 1936, de Metaxas.

     

    En 1936, Moody’s exprimera ses regrets… et annoncera qu’elle ne notera plus les dettes publiques (8). Fitch fait de même et annonce qu’elle ne notera plus les dettes de l’État… allemand.

     

    La dette comme le déficit signifient souvent des situations de servitude. Rappelons que Solon (9) entreprit de réduire ou annuler la dette publique comme privée. Solon, qui avait bien compris que la dette est susceptible d’entraîner une situation de servitude, entreprit d’abolir l’esclavage pour dettes et d’affranchir ceux qui étaient tombés en servitude pour cette raison.

     

    Nous suivons Alain Joxe (10) lorsque celui-ci, s’appuyant sur Aristote, rappelle que « l’extrémisme de la gestion « chrématistique » de la richesse a été pressenti dès l’antiquité, quand la monnaie est considérée non plus comme moyen d’échange mais comme outil de mesure de l’usure. L’enrichissement devient en soi illimité. Une dette infinie suppose alors une soumission totale: l’esclavage. Mais c’est bien, aujourd’hui, la globalisation réelle de « l’œconomie » (en même temps que la révolution électronique) qui permet la création de ces dettes opaques, les produits obligataires complexes, qui rendent la chrématistique capable d’aller jusqu’à l’extrême de sa définition, en tant que prédation infinie de la richesse, ne pouvant être modérée que par la force de la loi, en démocratie ».

     

    Ce point de vue est aussi celui de François Chesnais (11) qui estime qu’un audit citoyen de la dette est aujourd’hui indispensable et constitue avant tout un acte politique: faire pénétrer le peuple là où il n’est pas convié, c’est-à-dire dans le monde de la finance. Pour Chesnais, la crise de la dette publique et ses chantages offrent un levier politique qu’il faut saisir. Un retour de la démocratie passe notamment par la constitution de comités locaux (nationaux) contre la dette destinés à réunir et débattre les preuves de l’illégitimité de la dette.

     

    Si la question de la dette est assurément une question centrale et ne peut donc être ignorée dans la recherche d’une voie de sortie de crise (voir plus loin), nous pensons que davantage que la dette elle-même, ce sont ses déterminants qui importent. Formulé autrement, nous estimons que déficits et dette sont non la cause mais le symptôme actif d’une profonde crise économique, sociale et politique.

     

    La chose publique négligée et un déficit de démocratie

    L’État grec ne semble ni avoir été particulièrement bien administré, ni bien géré.

     

    Le clientélisme a souvent, sans doute à juste titre, été dénoncé. D’importantes recettes fiscales ont eu tendance à s’évanouir dans ce qui peut apparaître comme de la corruption généralisée.

     

    Généralisée, la corruption ne représente cependant pas les mêmes masses financières pour ses différents «bénéficiaires» et il y a quelque hypocrisie à considérer que «gros» et «petits» ont également profité du laxisme ou de la corruption.

     

    Si une part des Grecs s’est enrichie dans la dernière période, la chose publique a été négligée.

     

    Comment ne pas voir les routes inutiles, construites en dépit du bon sens, la spéculation immobilière généralisée, le développement touristique anarchique et dangereux pour certains sites et la nature?

     

    Comment aussi ignorer l’immigration exploitée d’abord par les grands mais aussi, dans une moindre mesure certes, les plus « petits »?

     

    Comment ne pas voir l’état de délabrement dans lequel se trouvent certains services publics où règnent le système des « enveloppes » et, par conséquent, l’inégal accès aux soins comme à l’éducation?

     

    Ce dont la Grèce souffre, c’est bien d’avoir négligé la «chose publique», la RES PUBLICA. Le moindre des paradoxes n’est-il pas qu’en grec, le mot «République» se confond avec celui de «Démocratie»?


     Déficit de la chose publique et déficit de la démocratie sont, en effet, synonymes.


     Le système politique grec est aujourd’hui malade (le rôle des grandes familles, celui du clientélisme, la rémunération élevée des députés grecs sont souvent critiqués). Mais, plus encore, c’est la considération de la chose publique qui, aujourd’hui, pose problème.

     

    Une des illustrations les plus caricaturales de la négligence du bien public est la relation à la nature. La nature en Grèce est assurément une des plus belles du monde. Mais les Grecs la protègent-ils? Est-il normal que la production de déchets de chaque grec soit de 371 kilos par an, soit le double de la moyenne européenne? Est-il normal que les décharges illégales, particulièrement nombreuses, aient valu à la Grèce d’être condamnée par la Cour de justice de l’Union européenne (Luxembourg)? Est-il normal que le lac Koronia, non loin de Thessalonique, se meure, sa profondeur étant passée de cinq à un mètre en trente ans? La Grèce, pour ces cas et bien d’autres, est l’objet de plaintes déposées par la Commission européenne devant la Cour de Strasbourg pour sanctionner l’inaction du gouvernement (des gouvernements).

     

    Négligeant la chose publique, la protection de son patrimoine naturel en particulier, la société grecque fonctionne, depuis très longtemps, selon un schéma très éloigné de la démocratie directe athénienne, laquelle était caractérisée par le refus de la représentation, le refus de l’expertise politique, le refus d’un État compris comme instance séparée de la Société. La société grecque ne semble pas non plus être autonome (12): elle a perdu son indépendance et sa souveraineté. C’est la loi de l’autre, l’hétéronomie, qui règne, l’autre étant davantage les marchés financiers que d’autres pays, marchés qui prétendent imposer une nouvelle servitude en s’appuyant pour cela sur les déficits et la dette de l’État. C’est dans l’attention trop faible accordée à la chose publique et dans le déficit de démocratie que se situent, en grande partie, les problèmes les plus profonds de la Grèce plutôt que dans le montant des déficits. Avant de revenir plus loin sur ces questions, nous voudrions à présent compléter l’analyse des problèmes de la Grèce aujourd’hui par une réflexion sur ses activités économiques.

     

    Une crise économique liée au sous-développement des activités productives

     Dans la grande majorité des pays développés, les activités de production ont, depuis deux, voire trois décennies, reculé (13). Le mirage d’une société de services a partout (ou presque) produit des ravages. En Grèce, l’industrie ne pèse même plus 10% de l’emploi total.

     

    La Grèce ne peut cependant baser son développement sur les services ou le tourisme.

    Elle a laissé péricliter de nombreux secteurs comme le textile ou l’habillement, le travail du bois. Elle n’a pas su développer sa construction navale alors que les armateurs grecs restent puissants. Elle n’a pas su développer une agriculture de qualité basée sur les appellations contrôlées et la traçabilité des produits. À quelques exceptions près, elle n’a pas su développer une industrie agro-alimentaire efficace valorisant les produits agricoles et les ressources du terroir grec. Enfin, la Grèce n’a pas non plus su ou voulu développer des activités de moyenne ou haute technologie alors que les étudiants grecs sont parmi les plus diplômés d’Europe (ils recherchent désormais du travail souvent à l’étranger comme l’ont fait leurs aïeux moins qualifiés).

     

    En d’autres termes, un des principaux défis que la Grèce doit relever est celui de la dynamisation de ses activités productives car il n’y a pas de richesse possible à distribuer sans que celle-ci ait été produite. La question posée est donc comment (re)dynamiser les activités productives grecques.

     

    A l’instar de ce que l’on peut lire ou entendre à propos d’autres pays, un « déficit de compétitivité » et la nécessité d’exporter davantage sont désormais évoqués.

     

    La réponse, inadaptée, à ce «déficit de compétitivité» réside –dit-on souvent– en une diminution des salaires, jugés trop élevés. S’il est exact que les salaires en Grèce ont évolué plus vite que dans certains pays européens depuis le début des années 2000, ils ont cependant progressé à la même vitesse que la moyenne européenne. En 2010, le coût horaire de la main d’œuvre dans l’industrie est de 16,6 euros en Grèce contre 33,1 euros en Allemagne (source : Natixis), soit un niveau deux fois inférieur. Depuis 2010, le coût horaire en Grèce a baissé de près de 15% et va encore baisser de plus de 20% avec la baisse du salaire minimum annoncée en février.

     

    Retour sur la dette et la question de la sortie de la zone euro

    Dès 2008, nous avions écrit que la crise n’était pas centralement financière mais bien économique et sociale. Ce que l’on a fini par admettre aujourd’hui lorsqu’est évoqué le «problème» de la «compétitivité» de l’économie. Ce «problème» reste cependant mal posé, la réduction des coûts du travail et celle des dépenses publiques étant, a minima, un message réducteur.

     

    Plutôt qu’un énième plan d’austérité qui entraîne la Grèce vers l’abîme et désespère son peuple, ce dont la Grèce a besoin, c’est d’un projet national de développement.

     

    Quelles sont les conditions d’un tel projet? Comme nous le montrons plus loin, la condition essentielle est le patient travail de construction ou de reconstruction des institutions. Mais plusieurs interrogations économiques surgissent immédiatement. Au premier plan deux questions: celle de la dette et celle du maintien dans la zone euro.


     On entend souvent dire en Grèce que la difficulté est que, cette fois-ci, le travail de construction ou de reconstruction du pays est difficile à conduire car les dégâts de la crise ne sont pas ceux d’une guerre «classique». Ils sont inscrits dans des vies brisées, le chômage, et non dans des morts physiques ou des blessés que l’on pourrait dénombrer. Aucune troupe étrangère n’occupe la Grèce ni ne menace de le faire dans un terme prévisible. L’ennemi est invisible…

     

    Les Allemands, les pays du triple A plus généralement (Allemagne, Pays-Bas, Finlande, Luxembourg), la «Troïka» imposent cependant à la Grèce non seulement des sacrifices matériels considérables et aussi moultes offenses et humiliations. Les Grecs seraient donc en droit de considérer que les ennemis de la Grèce sont désormais ceux-là mais qu’ils utilisent des armes financières et économiques. L’arme qui résume toutes les autres –en réalité, l’arme des marchés financiers, c’est-à-dire des banques, des assurances, des fonds de toutes sortes et des spéculateurs de toutes les espèces– est cependant identifiable: la dette.

     

    La Grèce doit-elle ainsi continuer d’honorer ses dettes? Doit-elle, peut-elle rester dans la zone euro et quelles sont les conséquences sur la balance commerciale d’une sortie de l’euro?

     

    Rappelons que l’effacement de la dette dont il a été question très récemment (février 2012) doit permettre théoriquement de ramener la dette du pays à 120% en 2020… c’est-à-dire à son niveau de 2009 avant que le jeu de massacre ne commence avec le premier plan d’austérité. Comme cela était prévisible, les mesures d’austérité amplifiées d’un plan à l’autre ont eu pour effet d’enfoncer le pays dans la récession puis la dépression, privant l’État des recettes fiscales liées, pour l’essentiel, à l’activité économique

     

    Rappelons aussi que les privatisations –qui sont supposées se faire afin de réduire la dette– devaient rapporter 50 milliards d’euros jusqu’en 2015. Elles n’en rapporteraient plus aujourd’hui que moins de 20, voire aux alentours de 10 milliards seulement, si l’on en croit l’institut allemand IFO (14).

     

    Ne pas honorer sa dette, en d’autres termes, se déclarer en défaut de paiement est une hypothèse qui ne peut être indéfiniment écartée. Doit-elle pour autant être considérée comme faisant partie d’une perspective de sortie de crise? Nous pensons que oui mais à la condition que le défaut (cessation) de paiement ne concerne que les seuls non-résidents (les banques et institutions internationales, en particulier) et les Grecs résidents en Grèce dont les revenus et le patrimoine sont élevés (selon un seuil à définir). En d’autres termes, il convient de ne pas appauvrir davantage les petits porteurs grecs qui ont acheté des obligations d’État. La dette grecque doit être nationalisée, ce qui signifie que la Banque de Grèce doit –si besoin– se porter acquéreur des titres détenus par les petits porteurs et, surtout, devra à l’avenir subvenir aux besoins de financement de l’État grec. Il ne fait nul doute que le système bancaire grec doit aussi être nationalisé. Mais le défaut de paiement, comme le protectionnisme, ne constitue pas à lui tout seul une politique de sortie de crise et de reconstruction du pays. Il en est une condition et un moyen nécessaire d’affirmation de la souveraineté. La question de la sortie de la zone euro se pose dans les mêmes termes.


     Le lien entre, d’une part, le maintien dans ou la sortie de la zone euro et, d’autre part, la question de l’équilibre de la balance commerciale nous semble constituer un enjeu central.

     

    De façon quelque peu ambiguë, le journal Le Monde titre «La cure d’austérité ne sera pas suffisante faute d’industrialisation» (15).


     Aucun pays ne peut durablement vivre au-dessus de ses moyens et il n’est pas durablement possible de consommer davantage qu’il n’est produit. C’est ce qu’exprime le déficit très important de la balance commerciale grecque.

     

    L’issue pour la Grèce ne passe cependant pas par le maintien dans la zone euro et un accroissement des exportations via une baisse des salaires. Cet objectif est irréaliste en raison de la faiblesse du secteur exportateur, qui est quasi-inexistant hors quelques productions agro-alimentaires, les matériaux de construction, le textile-habillement. Mais, surtout, cet objectif n’est en rien souhaitable car il transforme la Grèce en pays de bas coûts alors que sa population est une des mieux formée d’Europe. Le paradoxe est qu’en dépit d’un haut niveau de formation, la productivité du travail est très faible en Grèce. Ce paradoxe tient non aux compétences de ceux qui travaillent mais des conditions dans lesquelles ils travaillent (insuffisance des investissements, modes d’organisation archaïques…).

     

    Une sortie de l’euro, en dépit des mesures qui devront être prises pour assurer le financement de l’économie et sauvegarder l’épargne populaire, en dépit aussi de l’avantage-prix dont peuvent bénéficier le tourisme et les exportations grecques, sera synonyme d’un abaissement du niveau de vie d’une part importante de la population. Nous pensons que cet abaissement s’est déjà en très grande partie produit avec les baisses de revenus et la hausse des taxes depuis le premier plan du gouvernement élu en 2009. Cette contraction était peut-être inévitable en raison du grave déficit des comptes courants de la Grèce lié à celui de sa balance commerciale. En d’autres termes, la forte dernière baisse des revenus (-22% du salaire minimum) peut être considérée comme ayant eu comme objet la résorption non pas du déficit budgétaire (16) mais bien celui de la balance commerciale.

     

    Mais il nous semble que la question doit se poser aujourd’hui en des termes différents. La sortie de la zone euro est souhaitable parce qu’elle est synonyme du nécessaire arrêt du processus de dévaluation intérieure auquel a correspondu la baisse, drastique, des salaires. Il est vraisemblable que la drachme nouvelle se déprécie fortement, de 40% au moins, voire davantage. Il est exact de considérer que la sortie de la zone euro renchérit le coût des importations. Classiquement, il convient ici de distinguer trois types d’importations: 1) les importations pour lesquelles la consommation est quasi-incompressible à court terme et qui ne peut être satisfaite par une production nationale car celle-ci n’existe pas ; 2) les importations pour lesquelles la hausse du prix provoque une baisse de la demande ; 3) les importations pour lesquelles la consommation est quasi-incompressible à court terme et qui peut être satisfaite par une production nationale, celle-ci existant ou étant susceptible d’exister rapidement (17). Seul le premier cas est vraiment problématique. Il concerne des produits comme les automobiles, les ordinateurs, les équipements électroniques en général. La hausse du prix de ces produits peut cependant conduire à une certaine baisse de la demande, l’effet prix étant compensé en partie par un effet négatif en volume. Nous pensons que le troisième cas est le plus intéressant en ce qu’il concerne les besoins fondamentaux de la population. Qu’il s’agisse de nutrition, de logements économes, d’habillement, de transports autres que les transports individuels, la production grecque peut rapidement se substituer aux importations aujourd’hui massives. Les transports collectifs peuvent aussi être privilégiés grâce à l’amélioration du réseau ferroviaire en état de sous-développement. Notons également que les chantiers navals grecs, aujourd’hui en rupture de commande du fait des conditions d’achat proposées aux armateurs grecs par les chantiers chinois, peuvent être réactivés grâce à des financements sélectifs et conditionnels.

     

    Une sortie de crise par un maintien dans la zone euro, la poursuite sans fin de la baisse des dépenses publiques et celle des salaires, et une relance de ses exportations est non seulement hypothétique, mais elle fait perdre un temps précieux à la Grèce et anémie davantage encore son tissu productif. C’est ce que le patronat grec a compris en refusant, comme l’ont fait les organisations syndicales, le dernier plan d’austérité (18).

     

    La Grèce ne peut retrouver le chemin de la croissance et du développement qu’en mobilisant l’intelligence et le haut degré de formation de sa population, et en assurant une hausse de sa production orientée vers ses besoins intérieurs (voir supra). Cette orientation est à même de produire une contraction significative du déficit de la balance commerciale (par une diminution des importations) sans aggraver –au contraire– les pressions sur le marché du travail, l’emploi et les salaires.

     

    Un projet national de développement passe par la (re)construction des institutions

    Nombre de Grecs oscillent bien naturellement entre l’illusion d’une crise qu’ils souhaiteraient passagère et l’angoisse liée à la perspective d’un « Moyen Âge social ».

     

    Le «marché» qui est proposé aux Grecs aujourd’hui est formulé de façon particulièrement perverse: accepter un sauvetage contre une perte de souveraineté. Ce «marché» est, en réalité, un marché de dupes. En contrepartie d’une perte certaine de souveraineté, la Grèce n’est en rien sauvée par le dernier plan «d’aide». Le terme d’«aide» à la Grèce, repris sans recul par les médias et l’ensemble des commentateurs, est, en effet, inapproprié. La participation de la BCE au plan d’aide est un simple renoncement à des plus-values (10 à 15 milliards d’euros) sur des titres de l’État grec acquis à un prix inférieur à leur valeur. Le plan d’aide proprement dit, de 130 milliards d’euros, n’est pas définitivement acquis pour ce montant. 30 milliards seront utilisés sous forme de garantie aux créanciers privés pour les encourager à restructurer la dette et 30 milliards seront destinés à la recapitalisation des banques. Les créanciers privés, essentiellement des banques, des assurances et des fonds réunis dans le cadre d’un Private sector involvement (PSI), acceptent de renoncer à un peu plus de 50% de leurs créances, mais vont être les bénéficiaires du plan d’aide. Le taux d’intérêt annuel auquel ces créanciers vont recycler leur dette auprès de l’État grec a été fixé, après de laborieuses négociations, à 3,65 %. Rappelons que le taux de refinancement des établissements bancaires en Europe ou aux États-Unis se situe entre 1 et 2 %.

     

    Les Grecs ne doivent donc pas accepter le marché qui leur est proposé. Ce dont la Grèce a besoin, c’est d’un projet de développement évitant de répéter les erreurs des trois décennies passées. Depuis l’entrée du pays dans l’Union européenne au début des années 1980, le niveau de vie des Grecs s’est sensiblement amélioré mais sans que cette amélioration corresponde à la mise en œuvre d’un véritable projet de développement. L’industrie grecque a largement périclité tandis que la faiblesse des institutions s’est accentuée.


     La Grèce ne peut se développer sans repenser ses institutions, ce qui inscrit la sortie de crise, mais aussi le renouveau, dans le temps long. Ce temps sera marqué par des étapes qui seront autant de pas vers l’amélioration progressive des conditions de vie matérielles et sociales.

     

    Les institutions sont les moyens par lesquels une société définit et met en œuvre les normes qu’elle a choisies. La chose publique, comme nous l’avons vu, a été négligée en même temps que la démocratie s’affaiblissait. L’État de droit ne s’est jamais véritablement constitué. Dans cette configuration, l’État est apparu à la fois faible et autoritaire, ne protégeant ni le citoyen ni l’intérêt collectif.

     

    Aujourd’hui, sont confondus les biens appartenant à l’État et ceux appartenant à la Nation : les «communs». Sous la pression des marchés financiers et de leurs relais internationaux (la «Troïka»), le gouvernement grec s’apprête à privatiser des biens qui ne lui appartiennent pas. Les créanciers internationaux de la Grèce veulent imposer à celle-ci que ce soit le droit anglais qui régisse les dettes du pays. Ces mêmes créanciers ignorent sans doute l’existence de la notion de « bien commun ».

     

    Cette notion, comme l’analyse très bien Ugo Mattei (19), a pourtant été forgée dans le monde anglo-saxon. La confusion entre bien appartenant à la collectivité et bien d’État susceptible d’être transféré au privé relève d’un anachronisme juridique et politique, et constitue, selon Mattei, une « irresponsabilité constitutionnelle ». Pareille irresponsabilité « autorise » les gouvernements en place à vendre impunément le bien de tous. Elle nous fait oublier, nous rappelle Mattei, que les pouvoirs politiques devraient se placer au service du peuple souverain, et non l’inverse.

     

    Les institutions grecques doivent être pensées et définies de manière à établir les fondements d’un État de droit qui se caractérise d’abord par une claire délimitation de ce que l’État, au nom de l’intérêt général, a le droit de faire… ou non.

     

    A l’opposé de la décodification actuelle en cours, les institutions relevant du droit du travail, en particulier, doivent être consolidées. Une concurrence généralisée sur le marché du travail, comme celle que veut instaurer le FMI pour la Grèce avec l’appui du gouvernement grec actuel, ne peut que détruire le lien social, lien qu’il convient tout au contraire de renforcer.

     

    Les services publics (écoles hôpitaux, etc.) doivent non seulement être dotés de moyens supplémentaires mais leurs missions doivent être redéfinies. Pour cela, ils doivent être démocratisés, les bénéficiaires de ces services devant participer à leur administration.

     

    La corruption de l’État a pu expliquer que de nombreux citoyens refusent l’impôt ou ne le considèrent que comme un sacrifice. Pire, certains ont pu penser que l’impôt n’est acquitté que par ceux qui ne peuvent s’y soustraire. Plutôt donc qu’une simple réforme de l’administration fiscale, le principe de l’impôt doit donc être réhabilité. Sans système fiscal, il ne peut y avoir de services publics répondant aux besoins dans les termes appropriés, ni de justice sociale assurant l’équité par le truchement d’une redistribution effectuée grâce à la modulation de l’impôt.

     

    La nature, enfin, si belle en Grèce, doit être protégée. Les restrictions budgétaires de plus en plus fortes ont aussi eu des conséquences affectant le patrimoine naturel: diminution de personnel dans les services s’occupant de l’environnement, légalisation des constructions sans permis, coupes sauvages dans les bois (compréhensibles cependant par temps de grand froid), relâchement des règles environnementales afin… de ne pas dissuader d’éventuels investisseurs. Comme ceci a bien été pensé et formulé, il convient de ne pas céder à la tentation de remplacer une dette (financière) par une autre (écologique) (20). Il ne peut y avoir de développement qui compromette le patrimoine naturel, lequel doit également être considéré comme un bien commun.

     

    Conclusion : une certaine Grèce semble en risque de disparaître mais sera sauvée d’abord par les Grecs eux-mêmes

    La Grèce, à l’évidence, comme espace géographique, ne peut disparaître. Comme espace politique, il est peu probable qu’elle disparaisse formellement, ses frontières n’étant réellement menacées par personne dans le contexte actuel.

     

    Contrairement à la fiction du début de ce texte, le Parthénon, pour l’heure, n’est pas visé par un ordre de démolition ni ne devrait être transféré sur le sol allemand pour mieux le protéger.

     

    Mais une certaine Grèce pourrait disparaître. Celle qui a été le berceau de notre démocratie. Celle qui a su jeter ses forces dans le combat contre la barbarie nazie et qui en a payé le prix. Celle que l’on a voulu assassiner peu avant que le régime des colonels ne s’installe avec le soutien de la puissance hégémonique. Celle qui a cependant survécu avec pour lettre symbole « Z » (21).

     

    D’autres hégémon se sont institués, plus pervers, mieux dissimulés, qui prétendent aujourd’hui surveiller la Grèce de manière renforcée. Surveiller et punir… Chronique d’une histoire annoncée comme inéluctable. Insupportable.

     

    Mais les Grecs ne l’accepteront pas. Passé le temps de la résignation puis celui de la révolte, ils reprendront l’écriture de leur destin. Ils en ont la volonté et la force. Comme le dit Manolis Glezos (22), si « la colère (des Grecs) ne se transforme pas en acte politique, ils seront perdus » (23).

     

    Ce qui leur a manqué est une perspective d’ensemble. Celle-ci se dessine aujourd’hui.

     

    La compréhension de la situation de la Grèce est chose complexe, mêlant des responsabilités qui sont celles des Grecs eux-mêmes (celles de leurs dirigeants tout d’abord) à d’autres facteurs et mécanismes (celui de la dette, en particulier) qui relèvent du fonctionnement d’un système global qui oppose les intérêts de la finance à la liberté des peuples. Les enjeux se clarifient cependant progressivement ainsi que les issues.

     

    Ce sont les Grecs qui sauveront leur pays et non ceux qui prétendent aujourd’hui vouloir les aider et qui ne pensent qu’à préserver leurs intérêts, ceux de leurs banques tout spécifiquement. Il est, en effet, probable que les dirigeants européens, tout occupés qu’ils sont à sauver les intérêts de leurs banques, voire les faire prospérer, ne sauront se départir d’un discours coercitif. Il est vraisemblable qu’ils ne sauront pas davantage trouver la sagesse de prendre une autre voie, celle qui s’est esquissée bien tardivement et très timidement d’un soutien à la réindustrialisation (24). Ces dirigeants ne semblent pas non plus voir que la tentation peut exister chez certains Grecs de voir dans les investissements chinois (ou russes) une (triste) porte de sortie (25).

     

    Il en va de l’intérêt des Grecs qu’ils s’engagent dans la voie du renouveau, à l’opposé de l’impasse dans laquelle certains voudraient les enfermer définitivement. Mais il en va aussi de l’intérêt de l’Europe et de la France, en particulier.

     

    Comme toujours, ce sont les peuples qui expriment et exprimeront leur solidarité. Non par simple altruisme, mais parce qu’ils prennent conscience, comme l’ont exprimé avec force Manolis Glezos et Mikis Theodorakis (26), que la Grèce est un laboratoire expérimental. Si les peuples européens devaient accepter le sacrifice des sociétés grecques, espagnoles, portugaise, irlandaise, sur l’autel de la dette et des banques, alors le tour des peuples suivants ne tarderait pas à arriver. Sauvons le peuple grec de ses sauveurs, comme nous y invite un collectif d’intellectuels et d’artistes européens (27) !

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    (1) En mars 2010, des députés allemands avaient appelé la Grèce à vendre des îles pour aider à financer sa dette. Le quotidien populaire allemand Bild avait alors résumé l’idée en ces termes: «On vous donne du fric, vous nous donnez Corfou»«L’État grec doit renoncer à sa participation dans des sociétés, et vendre des propriétés foncières, comme par exemple des îles inhabitées», avait affirmé au journal le député libéral Frank Schäffler.

    Interrogé par la suite par la chaîne de télévision N24, Frank Schäffler avait indiqué que financer la Grèce revenait à donner de l’alcool à un alcoolique. «Les Grecs doivent économiser. Depuis des années ils dépensent trop (…)Toute autre solution reviendrait à donner encore une bouteille de schnaps à un alcoolique. Cela ne change rien au problème de la dépendance», avait conclu Frank Schäffler. Peu en reste, un député du parti CDU d’Angela Merkel, Marco Wanderwitz, à la même époque, avait déclaré que «si l’Union européenne et donc l’Allemagne venaient à aider financièrement la Grèce, il faudrait qu’elle consente des garanties en échange»«Quelques îles pourraient ainsi faire l’affaire», avait-il estimé.

    (2) Déclarations de Christoph Leitl, Président de la Chambre économique, DiePresse.com, 14 février 2012

    (3) Le Monde, 18 février 2012

    (4) Le gouvernement grec actuel est déjà dirigé par un premier ministre, Lucas Papademos, ne disposant d’aucun mandat électif, ancien banquier central.

    (5) De la rigueur à la récession, Le Monde diplomatique, décembre 2011

    (6) Jacques Bersani, Histoire d’Athènes des origines à nos jours, Tallandier, 2011 ; lire aussi Georges Castellan, Histoire des Balkans, Fayard, 1991 ou encore Georges Contogeorgis, Histoire de la Grèce, Hatier, 1992

    (7) Nicolas Bloudanis, Faillites grecques: une fatalité historique?, Éditions Xérolas, 2011

    (8) Les agences ont recommencé à noter les États depuis 1975. L’État grec, en particulier, en fait de nouveau les frais aujourd’hui.

    (9) Philosophe et législateur né en 640 et mort en 558 avant J.C.

    (10) Alain Joxe, Le peuple grec acculé à l’esclavage pour dette ou à la démocratie ?, Mediapart, 5 novembre 2011

    (11) François Chesnais, Quand les banques font main basse sur les politiques publiques, Raisons d’Agir, 2011

    (12) En référence aux enseignements que tire Cornelius Castoriadis de la démocratie athénienne

    (13) Gabriel Colletis, L’urgence industrielle !, Éditions Le bord de l’eau, 2012

    (14) A.-G. Pascual et P. Ghezzi, «The Greek Crisis: Causes and Consequences», CESifo Working Paper, n°3663, novembre 2011

    (15) Le Monde, 14 février 2012

    (16) Le déficit budgétaire primaire (avant paiement des intérêts) est passé de 10.6% du PIB en 2009 à 2.4% en 2011, proche du point où la Grèce n’aura à emprunter que pour reconduire et honorer le service de sa dette.

    (17) Les importations d’armes constituent un quatrième cas, à part des trois autres. Comme on le sait, la Grèce est un très important acheteur d’armes (le quatrième au monde, devant la Turquie). La baisse des achats d’armes s’est toujours heurtée aux impératifs de protection du territoire liés à la proximité du puissant voisin turc. On peut cependant se demander si d’autres motifs ne pèsent pas également très lourd, comme par exemple, les commissions et autres «pots de vin» qu’encaissent ceux qui assurent le commerce de ces armes.

    (18) Ainsi en a convenu le ministre allemand de l’intérieur, H.-P. Friedrich. Celui-ci a récemment déclaré auSpiegel que «les chances de la Grèce de se redresser et de redevenir compétitives étaient évidemment plus grandes en sortant de la monnaie unique qu’en restant dans la zone euro» (citation reprise dans Le Monde du 29 février 2012, «Les Allemands votent le plan d’aide à la Grèce, mais la majorité se divise»).

    (19) Ugo Mattei, «Rendre inaliénables les biens communs», Le Monde Diplomatique, décembre 2011.

    (20) «O Zeus, retiens-les!», Hervé Kempf, Le Monde, 23 janvier 2012.

    (21) «Z» comme Zoe, la vie ou, plus précisément, «il vit».

    (22) Manolis Glezos est très connu et respecté pour avoir décroché le drapeau nazi de l’Acropole dans la nuit du 30 au 31 mai 1941.

    (23) «L’oracle de Naxos», Le Monde, 29 février 2012.

    (24) En septembre 2011, une mission de l’Union européenne destinée à relancer l’économie s’est rendue en Grèce, dotée de 15 milliards d’euros. Cette mission ne semble pas avoir beaucoup progressé du fait des procédures et des difficultés à satisfaire les conditions d’éligibilité «standards», notamment un cofinancement local.

    (25) http://www.lepoint.fr/monde/grece-le-piree-port-chinois-sur-la-mediterranee-20-02-2012-1433069_24.php

    (26) http://www.mleray.info/article-grece-resistance-elada-manolis-glezos-et-miki-theodorakis-99399142.html

    (27) «Sauvons le peuple grec de ses sauveurs!», tribune par un collectif d’intellectuels et d’artistes européens, Libération, 21 février 2012.


    URL article : http://histoireetsociete.wordpress.com/2012/03/04/la-grece-peut-elle-disparaitre-par-gabriel-colletis/


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