• La journée de la femme est d'abord une journée de lutte !

    Au même titre que la fête des travailleurs, la journée de la femme est d'abord une journée de lutte !  

    Premier mai ou huit mars, l'institutionnalisation des grandes dates du mouvement ouvrier finit par rendre "capitalist friendly" (compatible au capitalisme) des journées de lutte historiquement révolutionnaires.

    Qui se souvient que c'est Philippe Pétain, en pleine Occupation, qui a rendu férié le premier mai ? Jusque là, il s'agissait d'une journée de lutte et de grèves organisée mondialement par les syndicats ouvriers et les partis communistes sous le nom de "fête des travailleurs" avant que le pétainisme ne transforme cette journée en "fête du travail". Un glissement sémantique qui traduit une évolution de contenu pour tenter de briser l'élan des luttes ouvrières et intégrer les travailleurs à un corporatisme qui tentait de faire croire que patrons et ouvriers avaient les mêmes intérêts.

    Cette journée du 8 mars suit le même chemin, celui de l'institutionnalisation, de l'embourgeoisement.

    On voit fleurir les initiatives apolitiques ici ou là avec cadeaux ou fleurs aux collègues femmes dans les entreprises, comme ci désormais le combat pour l'émancipation de la femme se limitait à une attention de la part de son patron ou de son compagnon une fois par an ?

    Le sens du 8 mars et le combat pour l'émancipation de la femme dépassent largement ce cadre consensuel !

    J'ai récemment publié ici une pique contre ces mouvements féministes qui venaient de décrocher la suppression des cases "mademoiselle" et "nom de jeune fille" des documents administratifs comme s'il s'agissait d'une immense victoire pour les femmes françaises. Là aussi, s'il s'agissait du plus gros souci des femmes d'aujourd'hui, la société française serait presque parfaite ! (relire : Grande victoire féministe : on ne pourra plus dire "mademoiselle" ! )

    C'est que la journée du 8 mars est d'abord un rappel. Celui d'une société où les femmes sont aujourd'hui maltraités socialement et servent, parmi les travailleurs, de laboratoire de la précarité, au même titre que les immigrés sans papiers, serais-je tenté de dire.

    Aujourd'hui, les femmes représentent 80 % des contrats précaires et 85 % des temps partiels imposés. Avec les salaires et les conditions de vie qui en découlent, notamment dans le commerce.

    Aujourd'hui, à qualification égale, une femme gagne toujours moins qu'un homme. Pour un temps plein, l'écart de salaire est encore de 20 % !

    Aujourd'hui, les femmes à responsabilité sont moins nombreuses que les hommes. On parle beaucoup de la parité en politique mais il faut aussi noter que seulement 2 % des grands patrons français sont des femmes !

    Et nous pourrions aborder les questions de l'avortement, de l'accès à la contraception, droits qui reculent sous les coups idéologiques et les reculs de la prévention et de la protection sociale. C'est ce que veulent accentuer le Front National et Marine Le Pen en déremboursant l'IVG.

    Nous pourrions parler aussi des reculs sociaux avec la montée des intolérances religieuses, qui renvoient certaines femmes au Moyen-Âge, avec les violences conjugales, toujours présentes, ou avec les charges familiales, toujours supportées en grande partie par les femmes.

    Dans ce déséquilibre hommes - femmes, il y a une part de mentalité, de poids culturel, oui ! Mais pas seulement.

    Les écarts de salaire, les déqualifications ou la précarité majoritairement féminine sont d'abord des sujets économiques. Il s'agit d'exploiter d'avantage les femmes que les hommes comme sont exploités désormais plus les jeunes qui arrivent sur le marché du travail ou comme sont exploités depuis toujours les immigrés qui entrent en France, belges, espagnols ou polonais autrefois, maghrébins, nord africains ou asiatiques aujourd'hui.

    Cela ne date pas d'hier. Karl Marx disait déjà au sujet de l'exploitation accrue des femmes que "la femme est le prolétaire de l'homme". Elle l'est toujours.

    C'est pourquoi, depuis toujours, les communistes se sont battus pour l'égalité réelle entre hommes et femmes. Dès 1925, alors que les femmes n'avaient pas le droit de vote (il faudra attendre 1945 !), le PCF présentait des femmes aux élections municipales. L'élection était de fait invalidée puisque les femmes ne pouvaient exercer de mandats électifs, n'ayant pas le droit de vote ! Ce sera le cas de Augustine Variot à Malakoff. Et c'est en Union Soviétique que siègera pour la première fois une femme dans un gouvernement : il s'agit d'Alexandra Kollontaï, en 1917.

    Russie---23-fevrier-1917---8-mars---marche-des-femmes.jpgAujourd'hui encore, le PCF avec le Front de Gauche considèrent qu'il ne peut y avoir de progrès social sans progrès des droits des femmes, qu'il ne peut y avoir de progrès des libertés et de l'égalité en France sans que progressent les libertés des femmes et l'égalité des sexes. C'est ce qu'a rappelé en meeting Jean-Luc Mélenchon à Rouen mardi soir.

    Car, en bons révolutionnaires, nous n'oublions pas que ce sont des manifestations de femmes qui sont à l'origine des grands mouvements sociaux dont nous nous revendiquons. C'est le cas de la marche de milliers de femmes sur Versailles, les 5 et 6 octobre 1789, qui ramena Louis XVI à Paris et l'obligea à signer l'abolition des privilèges décidée par l'assemblée le 4 août. C'est aussi le cas de la Révolution russe lorsque le 8 mars 1917 (23 février dans le calendrier russe), des milliers de femmes défilent à Saint Pétersbourg pour exiger du pain, le retour de leur mari du Front (on est en pleine guerre mondiale) , la paix et .. la république ! En cinq jours, on passe à la grève générale puis à l'insurrection et, enfin, à la chute du tsar Nicolas II. 

    Et nous n'oublions pas que, quand il y a progrès, il peut y avoir un retour en arrière, préjudiciable à tous. Ainsi, l'extrême-droite allemande, avec Adolf Hitler, retirera dès 1936 le droit de vote des femmes et la possibilité à des femmes d'accéder à des postes à reponsabilités dans la justice et les hôpitaux.

    Droit des femmes et droits des travailleurs sont liés.

    La bataille pour l'égalité des sexes est partie prenante de la lutte des classes entre travailleurs et capitalistes.

    Le 8 mars, comme le 1er mai, sont des jours de lutte ouvrière avant d'être des journées consensuelles.

    Le 8 mars, pourquoi pas ? Mais le combat pour l'égalité des sexes, ce n'est pas qu'une fleur ou une pensée une fois par an, mais un combat quotidien, lié intégralement au combat pour l'émancipation humaine.

    http://andree-oger-pour-deputee.over-blog.com


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