• Mayda Alvarez Suarez est directrice du centre de recherche des femmes et membre du secrétariat de la Fédération des femmes cubaines. Au moment où le VIe congrès du Parti communiste cubain vient d'adopter des réformes importantes pour le pays, elle retrace pour l’Humanité le processus qui a amené à ces changements. (à lire: Fidel castro passe la main)

    Il y a trois mois, de vastes débats ont été ouverts à Cuba sur la réforme économique et sociale proposée par le gouvernement. Sur quoi ont-ils porté ?

    Mayda Alvarez Suarez. Ce long processus de consultations populaires est terminé depuis la fin du mois de février, mais il se poursuit encore. Les débats ont été organisés partout sur les lieux de travail, dans les quartiers, les cellules du parti communiste, les écoles, les communes et les universités. Les Cubains sont d’autant plus intéressés qu’ils ont beaucoup participé et se sont exprimés sur les volets de la réforme dont la mise en œuvre va avoir d’importantes répercussions sur la productivité du travail, le développement du pays et la vie des Cubains. Ils ont apporté des idées nouvelles et quand ils ne sont pas d’accord avec quelque chose, ils le disent.

    Le sont-ils par exemple avec la suppression de 500.000 emplois  publics ?

    Mayda Alvarez Suarez. Malgré leurs inquiétudes bien réelles, ils savent que c’est une nécessité, l’économie centralisée avec un Etat surdimensionné est un frein au développement. Il y a plus de travailleurs dans ce secteur que l’Etat en a besoin. Cela va à l’encontre de la productivité du travail. Le but est d’être plus productif, c’est pour cette raison que cette réforme est proposée. Il y a, et j’insiste, une expression forte pour dire que c’est un moment nécessaire et qu’il faut développer le pays, parce qu’il ya encore une foule de problèmes à résoudre.

     

    "Personne ne sera laissé sur le bord du chemin"

    Que deviennent alors ces travailleurs licenciés qui de fait doivent aller voir ailleurs ?

    Mayda Alvarez Suarez. Pour absorber cette masse de travailleurs dans le secteur non-étatique plusieurs alternatives s’offrent à eux. Lors de leur départ ils toucheront  une indemnité d’un mois de salaire, de façon à leur permettre de chercher un autre emploi. Raul Castro l’a répété plusieurs fois, personne ne sera laissé sur le bord du chemin. Ainsi désormais les aides et subventions iront à la personne. Parmi les formules proposées il y a le travail à son compte propre, qui sera simplifié et amplifié, et les coopératives, un système existant dans l’agriculture. L’activité et les gains seront libres moyennant taxes et impôts.

    Mais tout le monde ne va pas trouver un nouveau travail en si peu de temps. Le chômage risque d’augmenter…

    Mayda Alvarez Suarez .Oui c’est possible surtout les premières années. Mais il y aura des incitations, comme par exemple dans le domaine de l’agriculture. C’est un secteur où il y a de l’emploi. De plus en plus de Cubains prennent des terres en usufruit, et çà marche. Nous avons des difficultés avec la spécialisation dans le sucre alors qu’il existe d’autres cultures. On est entrain de développer avec créativité, le « bio », avec un réel succès pour de nombreuses coopératives qui divulguent leurs résultats, échangent leurs expériences, et communiquent par le biais de la télévision. L’association des petits agriculteurs joue un rôle primordial pour stimuler la productivité de ces coopératives et aussi pour incorporer les femmes.

    Les Cubains sont-ils inquiets ? Quelles ont leurs préoccupations ?

    Mayda Alvarez Suarez. Ce qui inquiète le plus les Cubains, c’est la faiblesse de leurs salaires et la disparition prévue de la « libreta », le carnet qui leur assure à prix subventionné les produits de base comme le riz, le sucre, les haricots, l’huile etc. Or des produits sortent de la « libreta » et deviennent plus chers. Les Cubains veulent que leurs salaires puissent satisfaire leurs besoins. La possibilité maintenant d’avoir un autre travail, de faire autre chose, c’est aussi un stimulant, pour que leur activité soit la forme de vie et le moyen de satisfaire les besoins, ce qui n’était pas le cas auparavant. Parmi les autres sujets jugés prioritaires, il y a les transports, notamment urbains, à La Havane surtout, mais aussi le logement. La mise en place du système locatif est un moyen d’atténuer la crise du logement. J’ajouterai que les jeunes, qui ont participé massivement à ces discussions, souhaitent  que leur formation « vocationnelle » soit en adéquation avec les besoins réels du pays et l’offre proposée.

    Les femmes ont-elles un rôle spécifique à jouer dans cette mutation ?

    Mayda Alvarez Suarez. Oh oui ! Il est essentiel. Actuellement elles sont 46% dans les emplois relevant de l’Etat et 39% dans toutes les autres formes de l’économie, 66% dans le secteur des employés et techniciens. Elles sont très qualifiées. On les retrouve dans l’éducation, la santé, la justice, les sciences où 49%  sont des femmes…Les Cubaines savent que la Révolution leur a  donné la dignité, en tant que personne. La non-discrimination et l’égalité entre les hommes et les femmes pour toutes les formes d’autonomie, physique, économique, politique, est un principe intangible de la Révolution. L’épanouissement des femmes n’est pas possible hors de ce processus qui est humaniste. Il suffit de regarder dans d’autres pays ou de voir ce qui s’est passé dans d’autres pays socialistes…

     

    "Changer les mentalités pour conquérir un droit" 

    Mais il y peu de femmes au gouvernement…

    Mayda Alvarez Suarez. Nous sommes au quatrième rang mondial pour le nombre d’élues au Parlement, la Fance n’est que 63ème ! Il y a une vice-présidente. Mais c’est vrai, nous-mêmes, avec la Fédération des femmes cubaines, nous luttons pour avoir plus de représentantes à la direction du pays. Peu à peu, il y a un progrès, car nous n’avons pas adopté un système de quota. Nous avons pris le chemin plus large et plus long mais plus sûr de l’éducation. Car il s’agit de changer les mentalités et de conquérir un droit en lien avec notre propre travail de respect et de considération. D’où l’importance du langage et des messages, particulièrement à la radio ou à la télévision, qui sont autant de miroirs posés sur la représentation des femmes.

    Il y a une égalité sur le papier, mais existe-t-il toujours des freins et des blocages ?

    Mayda Alvarez Suarez. Oui surtout dans la sphère familiale. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des formes de discrimination mais c’est dans la conscience et non dans la volonté politique. C’est dans la famille où l‘on trouve les relations les moins égalitaires. La femme continue avec la surcharge  de travail, des tâches domestiques et la garde des enfants. Les hommes participent plus, mais les femmes connaissent toujours cette surcharge de l’espace privé. La conscience que l’espace de la famille est celui de tout le monde n’est pas encore établie, alors qu’il est aussi important que l’espace public  car il reproduit la culture, la force pour aller au travail, et le lien social. Les soutiens à la famille sont déprimés à Cuba aujourd’hui. Les crèches et les hôpitaux de jour sont insuffisants en nombre. Ce sont les conséquences du blocus, de beaucoup de problèmes dans la vie quotidienne et du manque de produits, comme par exemple les machines à laver le linge. Le travail à son compte propre, ou les coopératives peuvent aider, et faire en sorte que les familles soient déchargées de certains travaux. Les changements au bout du compte doivent impliqués hommes et femmes. Nous nous battons pour çà, sinon ce sera toujours la même chose. Les hommes ne peuvent pas restés sur le bord du chemin ! Il faut les associer à la lutte.

    Entretien réalisé par Bernard Duraud


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  • Cher camarade,

    EcologiePierre Laurent et de nombreux dirigeants nationaux du PCF proposent que Jean-Luc Mélenchon représente le Front de gauche à l’élection présidentielle de 2012. Cette position est très loin de faire l’unanimité au sein du parti. Beaucoup de camarades – dont nous sommes – défendent l’option d’une candidature issue du PCF. Concrètement, c’est surtout vers ta candidature que se tournent la plupart de ces camarades. Elle apparaît comme la seule alternative crédible à la candidature de Jean-Luc Mélenchon. En conséquence, tes décisions personnelles pèseront lourd dans l’équation finale.

    Les arguments en faveur d’une candidature issue du PCF ne manquent pas. Le plus fondamental, selon nous, découle de la crise profonde que traverse le capitalisme. Ce système est dans une impasse. Il ne peut plus se maintenir qu’au détriment des conditions de vie et de travail de l’écrasante majorité de la population. En France comme ailleurs, la classe dirigeante est engagée dans une offensive brutale contre toutes les conquêtes sociales du passé. En réaction, un nombre croissant de jeunes et de travailleurs cherche une alternative au capitalisme. Ce n’est donc pas le moment de mettre le PCF en arrière-plan d’une campagne électorale qui va dominer la vie politique du pays pendant des mois. Quoiqu’on pense de l’élection présidentielle, le fait est qu’elle va susciter énormément d’intérêt et de débats dans la population. Le PCF doit y figurer au premier plan, dans le cadre du Front de gauche, dont les communistes constituent d’ailleurs la très grande majorité des forces militantes.

    Les idées communistes sont plus que jamais d’actualité. Nous devons mobiliser la jeunesse et les travailleurs autour d’un programme qui s’attaque à la racine de toutes les injustices et inégalités. Cette racine, nous le savons, c’est la propriété capitaliste des banques, des assurances, de la grande industrie, de la distribution, du secteur pharmaceutique, etc. Tant que l’essentiel de l’appareil productif restera sous le contrôle d’une poignée de capitalistes qui en tirent d’énormes profits, nous ne pourrons pas régler les problèmes brûlants qui frappent la masse de la population. Nous devons donc défendre la nécessité de nationaliser les principaux leviers de l’économie et de les placer sous le contrôle des salariés eux-mêmes, dans le cadre d’une planification rationnelle et démocratique de la production.

    Pour défendre les idées et le programme du communisme, il faut naturellement qu’ils soient portés par le candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle. Ce ne peut être qu’un candidat issu du PCF. Les mesures que défend Jean-Luc Mélenchon sont très en deçà de ce qui s’impose pour en finir avec la régression sociale, la misère et l’exploitation. Par exemple, le dirigeant du Parti de Gauche avance l’idée d’un « salaire maximum » des patrons, qui ne serait jamais plus de 20 fois supérieur au salaire le plus bas, dans les entreprises. Cette mesure est présentée comme un moyen d’augmenter mécaniquement les bas salaires, sous l’effet d’un « cercle vertueux ». Ce n’est pas sérieux. Qui peut croire un instant que le patronat augmentera les salaires des travailleurs proportionnellement à l’augmentation de ses propres revenus ? Le niveau des salaires est une question vitale pour le capitalisme, car elle est directement liée au niveau des profits. Même si une loi sur le « salaire maximum » était adoptée, les capitalistes la contourneraient en utilisant tous les circuits plus ou moins opaques par lesquels ils se rémunèrent déjà. Au fond, la théorie du « cercle vertueux » propose d’imposer au capitalisme de ne plus fonctionner suivant ses lois fondamentales. Ce qu’il faut, c’est une augmentation de tous les bas salaires, l’indexation des salaires sur le coût de la vie – et l’expropriation des capitalistes qui refuseraient d’appliquer ces mesures. D’ailleurs, si l’on veut vraiment supprimer les revenus indécents des grands patrons et actionnaires, il faut nationaliser leurs entreprises et les placer sous le contrôle des salariés.

    Nous n’entrerons pas davantage, ici, dans le détail des propositions de Jean-Luc Mélenchon. Dans leur ensemble, elles constituent une tentative pour résoudre les problèmes des travailleurs sans s’attaquer aux fondements du système capitaliste. L’expérience montre que c’est voué à l’échec. Soulignons que Mélenchon défend son programme, pendant qu’on parle aux communistes de l’élaboration collective d’un « programme partagé ». On finit par se demander si on n’est pas en train de découvrir ce programme partagé au rythme des interventions médiatiques du dirigeant du Parti de Gauche. C’est une source d’irritation croissante, chez les militants communistes. Ils ont aussi été choqués par le soutien de Mélenchon à l’intervention impérialiste en Libye. C’est un avertissement très sérieux. D’une part, cela éclaire les limites politiques de Mélenchon. D’autre part, cela souligne que sa candidature poserait sans cesse le problème du contrôle politique de sa campagne électorale. S’il est investi, qui pourra l’empêcher de prendre, au fil de l’actualité, des positions qui vont à l’encontre des principes et des idées communistes ? Personne ne s’imagine qu’un « collectif de campagne » y suffira. A l’inverse, une candidature issue du PCF permettrait, par le biais du parti, un contrôle plus direct de la campagne électorale, d’autant que les communistes constituent la vaste majorité des forces militantes du Front de gauche.

    Les militants doivent avoir le dernier mot

    Tu connais bien la frustration qui existe, dans le parti, vis-à-vis des méthodes employées pour avancer la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Tu as publiquement dénoncé l’interminable « hypocrisie » de la direction du parti, qui a soigneusement préparé le terrain sans le reconnaître. A présent, on soumet les communistes au chantage suivant : soit Jean-Luc Mélenchon est notre candidat, soit c’est la fin du Front de gauche. Ces manœuvres n’ont pas échappé à de nombreux communistes, qui s’en plaignent au moins autant que de la promotion de Mélenchon elle-même. A cette situation de malaise dans le parti, il y a une solution simple : le débat démocratique et le vote des militants.

    Le débat démocratique se poursuit dans les sections, malgré tout. Mais sur la question du vote qui doit conclure ce débat et le trancher, il y a un élément important qui relève désormais de ta décision personnelle. Tu as déclaré à plusieurs reprises que tu te soumettrais à la proposition de la Conférence Nationale des 4 et 5 juin. Or, la Conférence Nationale ne pourra pas refléter exactement l’opinion réelle de l’ensemble du parti. La direction y pèsera de tout son poids. Et puisque le congrès a été repoussé, le seul moyen de connaître l’opinion du parti sur une question qui le divise, c’est la consultation directe des militants. C’est d’autant plus nécessaire que Mélenchon est beaucoup moins soutenu à la base du parti qu’au sommet. Si ta candidature n’était pas retenue par la Conférence Nationale et que, dès lors, tu y renonçais, on risquerait de prendre une décision contraire à l’opinion d’une majorité de camarades. Ce ne serait pas acceptable. La seule solution, c’est que dans toutes les hypothèses, quel que soit le vote de la Conférence Nationale, ta candidature soit soumise au vote des sections, les 16, 17 et 18 juin.

    Pour expliquer ton intention de t’en tenir à la proposition de la Conférence Nationale, tu as avancé un argument qui a surpris beaucoup de camarades. Tu as dit qu’un vote de l’ensemble des militants du Front de gauche, sur toutes les candidatures, ne serait pas opportun parce qu’il te serait forcément favorable, étant donné le poids des militants communistes au sein du Front de gauche. Tu as parlé du risque d’un vote « identitaire » des communistes. Nous ne pouvons pas être d’accord avec ce point de vue, qui revient à présenter les idées des communistes comme un obstacle au Front de gauche. Surtout, il nous semble que la prépondérance des communistes au sein du Front de gauche est plutôt un argument en faveur d’une candidature issue du PCF ! Et si le vote des militants le confirme, ce sera simplement le résultat d’un choix démocratique.

     

    De nombreux camarades ont craint que ta candidature ne soit qu’une sorte de diversion. Dans ta Lettre ouverte aux communistes, début janvier, tu as toi-même souligné qu’elle risquait d’être « un leurre pour préparer, dans une confrontation inégale, la désignation du candidat imposé », à savoir Mélenchon. C’est très exactement ce que craignent beaucoup de camarades, aujourd’hui encore. Et le seul moyen de lever ces doutes, c’est d’annoncer que tu maintiendras ta candidature au-delà de la Conférence Nationale, quelle que soit la proposition qui y sera votée. C’est une condition essentielle pour que la désignation de notre candidat à la présidentielle fasse l’objet de débats et d’une procédure vraiment démocratiques.

    Salutations communistes.

     

    Premiers signataires :

    Jérôme Métellus (PCF Paris 18e) ; Greg Oxley (PCF Paris 10e) ; Marie-Hélène Lewkowicz (PCF Paris 13e) ; Jacques Lesne (PCF Bobigny) ; Pierre Villeret (PCF Roissy) ; Laurent Gutierrez (CD du PCF 21) ; Hubert Prévaud (CD du PCF 31) ; Naiké Caldera (CD du PCF 31) ; Dominique Escouboué (CD du PCF 31) ; Christophe Cambefort (PCF Toulouse) ; Jean-Pierre Papot (CD du PCF 79) ; Joseph Coutant (PCF Niort) ; Allain Duguet (PCF Alès) ; Christian Robert (Secrétariat Départemental du PCF 23) ; Fabien Lecomte (PCF 28) ; Eric Jouen (PCF Barentin) ; Virgile Besson (CD du PCF 69) ; Sylvain Roch (CD du PCF 03) ; Béatrice Collard (PCF Sedan).

    Lettre ouverte à André Chasseigne


    De : Renforcer le PCF, renouer avec marxisme
    mardi 19 avril 2011

    


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  • A. — Le capitalisme prémonopoliste

    Chapitre 4 — La production marchande — La marchandise et la monnaie

    4.1. La production marchande est le point de départ et le trait général du capitalisme.

    Le mode de production capitaliste, qui a succédé au mode de production féodal, est fondé sur l’exploitation de la classe des ouvriers salariés par la classe des capitalistes. Pour comprendre ce qu’est au fond le mode de production capitaliste, il faut tout d’abord ne pas perdre de vue que le régime capitaliste est fondé sur la production marchande : tout y prend forme de marchandise, partout prévaut le principe de l’achat et de la vente.

    La production marchande est plus ancienne que la production capitaliste. Elle existait déjà sous le régime de l’esclavage et sous le régime féodal. Dans la période de décomposition de la féodalité, la production marchande simple a servi de base à la naissance de la production capitaliste.

    La production marchande simple implique, premièrement, la division sociale du travail dans laquelle des producteurs isolés se spécialisent dans la fabrication de produits déterminés, et, en second lieu, l’existence de la propriété privée des moyens de production et des produits du travail.

    La production marchande simple des artisans et des paysans se distingue de la production capitaliste en ce qu’elle repose sur le travail individuel du producteur de marchandises. Cependant, elle est, quant à sa base, du même type que la production capitaliste, puisqu’elle prend appui sur la propriété privée des moyens de production. La propriété privée engendre nécessairement, entre les producteurs de marchandises, la concurrence qui aboutit à l’enrichissement d’une minorité et à la ruine de la majorité. La petite production marchande est donc à l’origine de la formation et du développement des rapports capitalistes.

    La production marchande revêt en régime capitaliste un caractère prédominant, universel. L’échange des marchandises, écrivait Lénine, constitue

    le rapport de la société bourgeoise (marchande) le plus simple, habituel, fondamental, le plus massivement répandu, le plus ordinaire, qui se rencontre des milliards de fois […]
    ( V. Lénine, « Sur la question de la dialectique », Cahiers philosophiques, p. 344-345, Éditions sociales, Éditions du Progrès, 1973.Aussi
    Œuvres, t. 38, p. 344-345. )

    4.2. La marchandise et ses propriétés. Le double caractère du travail incorporé dans la marchandise.

    La marchandise est une chose qui, premièrement, satisfait un besoin quelconque de l’homme et qui, deuxièmement, est produite, non pas pour la consommation propre, mais pour l’échange.

    L’utilité d’un objet, ses propriétés qui lui permettent de satisfaire tel ou tel besoin de l’homme, en font une valeur d’usage. La valeur d’usage peut satisfaire directement le besoin individuel de l’homme, ou servir de moyen de production de biens matériels. Ainsi, le pain satisfait le besoin de nourriture ; le tissu, le besoin de s’habiller ; la valeur d’usage du métier à tisser consiste en ce qu’il sert à produire des tissus. Au cours du développement historique, l’homme découvre des propriétés utiles toujours nouvelles dans les objets et des procédés nouveaux de leur utilisation.

    De nombreuses choses qui n’ont cependant pas été créées par le travail de l’homme, ont une valeur d’usage, comme par exemple, l’eau de source, les fruits sauvages, etc. Mais toute chose ayant une valeur d’usage ne constitue pas une marchandise. Pour qu’un objet puisse devenir marchandise, il doit être un produit du travail destiné à la vente.

    Les valeurs d’usage forment le contenu matériel de la richesse, quelle que soit la forme sociale de cette richesse. Dans l’économie marchande, la valeur d’usage porte en soi la valeur d’échange de la marchandise. La valeur d’échange se présente tout d’abord comme un rapport quantitatif dans lequel les valeurs d’usage d’espèce différente sont échangées l’une contre l’autre. Par exemple, une hache est échangée contre 20 kilogrammes de grain. Dans ce rapport quantitatif des objets échangés se trouve exprimée leur valeur d’échange. Des marchandises en quantités déterminées sont assimilées les unes aux autres ; par conséquent, elles ont quelque chose de commun. Ce ne peut être aucune des propriétés physiques des marchandises — leur poids, leur volume, leur forme, etc. Les propriétés naturelles des marchandises déterminent leur utilité, leur valeur d’usage. La diversité des valeurs d’usage des marchandises est une condition nécessaire de l’échange. Personne n’échangera des marchandises identiques en qualité, par exemple, du froment pour du froment ou du sucre pour du sucre.

    Les valeurs d’usage des diverses marchandises, qualitativement différentes, ne sont pas quantitativement commensurables.

    Les différentes marchandises n’ont qu’une seule propriété commune qui les rende comparables entre elles lors de rechange : elles sont des produits du travail. À la base de l’égalité de deux marchandises échangées se trouve le travail social dépensé pour les produire. Quand le producteur porte au marché une hache pour l’échanger, il constate que l’on donne pour sa hache 20 kilogrammes de grain. Cela veut dire que la hache vaut autant de travail social que 20 kilogrammes de grain. La valeur est le travail social des producteurs, incorporé dans la marchandise.

    La valeur des marchandises incarne le travail social dépensé pour leur production ; c’est ce que confirment des faits connus de tous. Les biens matériels qui, utiles par eux-mêmes, n’exigent pas de dépenses de travail, n’ont pas de valeur, comme par exemple l’air. Les biens matériels nécessitant une grande quantité de travail possèdent une grande valeur, comme par exemple l’or, les diamants. Beaucoup de marchandises qui coûtaient d’abord cher, ont considérablement diminué de prix depuis que le progrès technique a réduit la quantité de travail nécessaire à leur production. Les variations de dépenses de travail dans la production des marchandises se reflètent d’ordinaire aussi dans le rapport quantitatif des marchandises échangées, c’est-à-dire dans leur valeur d’échange. Il en résulte que la valeur d’échange d’une marchandise est la forme de la manifestation de sa valeur.

    L’échange des marchandises implique la division sociale du travail entre les propriétaires de ces marchandises. Les producteurs, en assimilant les différentes marchandises les unes aux autres, identifient par là même leurs différentes espèces de travail. Ainsi donc, la valeur exprime des rapports de production entre les producteurs. Ces rapports apparaissent dans l’échange des marchandises.

    La marchandise revêt un double caractère : 1o elle est une valeur d’usage et 2o elle est une valeur d’échange. Le double caractère de la marchandise est déterminé par le double caractère du travail incorporé à la marchandise. Les espèces de travail sont aussi variées que les valeurs d’usage produites. Le travail du menuisier diffère qualitativement de celui du tailleur, du cordonnier, etc. Les différentes espèces de travail se distinguent les unes des autres par leur but, les procédés de fabrication, les outils et, enfin, par les résultats. Le menuisier travaille à l’aide d’une hache, d’une scie, d’un rabot, et produit des articles en bois : tables, chaises, armoires ; le tailleur produit des vêtements à l’aide d’une machine à coudre, de ciseaux, d’aiguilles. C’est ainsi que chaque valeur d’usage incarne une espèce déterminée de travail : la table, le travail du menuisier ; le costume, le travail du tailleur ; les chaussures, le travail du cordonnier, etc. Le travail dépensé sous une forme déterminée constitue le travail concret. Le travail concret crée la valeur d’usage de la marchandise.

    Lors de l’échange, les marchandises les plus variées provenant des formes diverses du travail concret, sont comparées et assimilées les unes aux autres. Par conséquent, les différentes espèces concrètes de travail cachent derrière elles quelque chose de commun à tout travail. Le travail du menuisier comme celui du tailleur, malgré leur différence qualitative, comporte une dépense productive du cerveau humain, des nerfs, des muscles, etc., et c’est dans ce sens qu’il apparaît comme un travail humain identique uniforme, du travail en général. Le travail des producteurs de marchandises en tant que dépense de la force de travail de l’homme en général, indépendamment de sa forme concrète, est du travail abstrait. Le travail abstrait forme la valeur de la marchandise.

    Travail abstrait et travail concret sont les deux aspects du travail incorporé dans la marchandise.

    Tout travail est d’une part dépense, dans le sens physiologique, de force de travail humaine, et à ce titre de travail humain identique ou travail humain abstrait il forme la valeur des marchandises. D’autre part, tout travail est dépense de force de travail humaine, déterminée par un but particulier, et à ce titre de travail concret utile il produit des valeurs d’usage.

    ( K. Marx, Le Capital, livre 1, t. 1, p. 61. )

    Dans une société où règne la propriété privée des moyens de production, le double caractère du travail incorporé dans la marchandise reflète la contradiction entre le travail privé et le travail social des producteurs. La propriété privée des moyens de production sépare les hommes, fait du travail de chaque producteur son affaire privée. Chaque producteur de marchandises travaille isolément. Le travail des différents ouvriers n’est ni concerté ni coordonné à l’échelle de toute la société. Mais d’autre part, la division sociale du travail traduit l’existence d’une multitude de liens entre les producteurs qui travaillent les uns pour les autres. Plus la division du travail dans la société est poussée et plus il y a de diversité dans les produits des différents producteurs, et plus leur interdépendance est grande. Par conséquent, le travail du producteur isolé est au fond un travail social ; il constitue une parcelle du travail de la société dans son ensemble. Les marchandises, qui sont les produits de diverses formes de travail privé concret, sont également en même temps les produits de travail humain en général, de travail abstrait.

    La contradiction propre à la production marchande consiste donc en ce que le travail des producteurs de marchandises, tout en étant directement leur affaire privée, revêt en même temps un caractère social. Par suite de l’isolement des producteurs de marchandises, le caractère social de leur travail dans le processus de production reste caché. Il ne se manifeste que dans le processus de l’échange, au moment où la marchandise apparaît sur le marché pour être échangée contre une autre marchandise. C’est seulement dans le processus d’échange qu’il est possible d’établir si le travail de tel ou tel producteur est nécessaire à la société et s’il obtiendra l’agrément de la société. Le travail abstrait, qui forme la valeur de la marchandise, constitue une catégorie historique, il est la forme spécifique du travail social propre seulement à l’économie marchande. Dans l’économie naturelle, les hommes produisent non pas pour l’échange, mais pour leur propre consommation ; en conséquence, le caractère social de leur travail se présente directement sous sa forme concrète. Ainsi, quand le seigneur féodal prenait aux serfs le surproduit sous la forme d’une rente-travail ou d’une rente en nature, il s’appropriait leur travail directement sous la forme de redevance en travail ou de certains produits. Le travail social dans ces conditions ne prenait pas la forme d’un travail abstrait. Dans la production marchande, les produits sont confectionnés non pour la consommation personnelle du producteur, mais pour la vente. Le caractère social du travail ne se manifeste que sur le marché, par l’assimilation d’une marchandise à une autre, en ramenant les formes concrètes du travail au travail abstrait qui constitue la valeur de la marchandise. Ce processus s’opère spontanément, en dehors de tout plan général, à l’insu du producteur.

    4.3. Le temps de travail socialement nécessaire. Le travail simple et le travail complexe.

    La grandeur de la valeur d’une marchandise est déterminée par le temps de travail. Plus la production d’une marchandise nécessite de temps, et plus grande est sa valeur. On sait que les producteurs travaillent dans des conditions différentes et dépensent pour la production de marchandises identiques une quantité différente de temps. Est-ce à dire que plus le travailleur est paresseux, plus les conditions dans lesquelles il travaille sont défavorables, et plus la valeur de la marchandise produite par lui sera élevée ? Non, évidemment. La grandeur de la valeur de la marchandise n’est point déterminée par le temps de travail individuel dépensé pour la production de la marchandise par tel ou tel producteur, mais par le temps de travail socialement nécessaire.

    Le temps de travail socialement nécessaire est celui qu’exige la fabrication de telle ou telle marchandise, dans des conditions sociales de production moyennes, c’est-à-dire avec un niveau technique moyen, une habileté moyenne et une intensité de travail moyenne. Il correspond aux conditions de production, dans lesquelles sont fabriquées la plupart des marchandises d’un type donné. Le temps de travail socialement nécessaire varie selon le degré de la productivité du travail.

    La productivité du travail s’exprime dans la quantité de produits créés en une unité de temps de travail. Elle augmente grâce au perfectionnement ou à l’utilisation plus complète des instruments de production, aux progrès de la science, à l’habileté accrue du travailleur, à la rationalisation du travail et à d’autres améliorations dans le processus de production. Plus la productivité du travail est élevée, et moins de temps est nécessaire à la production d’une unité d’une marchandise donnée, et plus la valeur de cette marchandise est basse.

    De la productivité du travail, il faut distinguer l’intensité du travail. L’intensité du travail est déterminée par les dépenses de travail en une unité de temps. L’accroissement de l’intensité du travail signifie l’augmentation des dépenses de travail dans un laps de temps donné. Un travail plus intensif s’incarne dans une plus grande quantité de produits et crée plus de valeur en une unité de temps qu’un travail moins intensif.

    À la production des marchandises prennent part des travailleurs de toute qualification. Le travail de l’homme ne possédant aucune formation spéciale est un travail travail simple. Le travail demandant une formation spéciale est un travail complexe, ou un travail qualifié.

    Le travail complexe crée dans une même unité de temps, une valeur plus grande que le travail simple. La valeur de la marchandise créée par le travail complexe contient aussi la part du travail consacrée à l’apprentissage du travailleur et à l’augmentation de sa qualification. Le travail complexe prend la signification d’un travail simple multiplié ; une heure de travail complexe équivaut à plusieurs heures de travail simple. C’est de façon spontanée que, dans la production marchande fondée sur la propriété privée, toutes les espèces de travail complexe se ramènent à un travail simple. La grandeur de la valeur d’une marchandise est déterminée par la quantité de travail simple socialement nécessaire.

    4.4. L’évolution des formes de la valeur. Le caractère de la monnaie.

    La valeur de la marchandise est créée par le travail dans le processus de production, mais elle ne peut se manifester que si l’on compare une marchandise à une autre dans le processus d’échange, c’est-à-dire dans la valeur d’échange.

    La forme la plus simple de la valeur est l’expression de la valeur d’une marchandise en une autre marchandise : par exemple, une hache = 20 kilogrammes de grain. Examinons cette forme.

    Ici la valeur de la hache est exprimée en grain. Le grain sert de moyen d’expression matériel de la valeur de la hache. La valeur de la hache ne peut s’exprimer dans la valeur d’usage du grain que parce que la production du grain, de même que la production de la hache, a nécessité du travail. Derrière l’égalité des marchandises se cache l’égalité du travail dépensé à leur production. La marchandise (dans notre cas la hache) exprimant sa valeur en une autre marchandise se présente sous la forme relative de la valeur. La marchandise (dans notre exemple le grain), dont la valeur d’usage sert de moyen d’expression de la valeur d’une autre marchandise, se présente sous une forme forme équivalente. Le grain est l’équivalent d’une autre marchandise : la hache. La valeur d’usage d’aine marchandise : le grain, devient ainsi la forme d’expression de la valeur d’une autre marchandise : la hache.

    À l’origine l’échange, qui apparaît déjà dans la société primitive, présentait un caractère fortuit et s’effectuait sous forme d’échange direct d’un produit contre un autre. À cette phase du développement des échanges correspond la forme simple ou accidentelle de la valeur :

    Une hache = 20 kilogrammes de grain.

    Avec la forme simple de la valeur, la valeur de la hache ne peut être exprimée que dans la valeur d’usage d’une marchandise, le grain dans notre exemple.

    Avec l’apparition de la première grande division sociale du travail, la séparation des tribus de pasteurs de l’ensemble des tribus, l’échange devient plus régulier. Certaines tribus, celles des éleveurs, par exemple, commencent à produire un excédent de produits d’élevage, qu’elles échangent contre les produits agricoles ou artisanaux qui leur manquent. À ce degré d’évolution des échanges correspond une forme totale ou développée de la valeur. Interviennent alors dans les échanges non plus deux, mais toute une série de marchandises :

    Un mouton = 40 kilogrammes de grain, ou 20 mètres de toile, ou2 haches, ou3 grammes d’or, etc.

    Ici la valeur de la marchandise reçoit son expression dans la valeur d’usage non pas d’une seule, mais de beaucoup de marchandises, qui jouent le rôle d’équivalent, En même temps les rapports quantitatifs, dans lesquels s’effectue l’échange, prennent un caractère plus constant. À ce degré toutefois se conserve encore l’échange direct d’une marchandise contre une autre.

    Avec le développement de la division sociale du travail et de la production marchande, la forme d’échange direct d’une marchandise contre une autre devient insuffisante. On voit surgir, dans le processus de l’échange, des difficultés dues à l’accroissement des contradictions de la production marchande, des contradictions entre travail privé et travail social, entre la valeur d’usage et la valeur d’une marchandise. De plus en plus souvent apparaît une situation dans laquelle, par exemple, le possesseur d’une paire de bottes a besoin d’une hache, mais la valeur d’usage des bottes fait obstacle à l’échange, car le possesseur de la hache a besoin non de bottes, mais de grain : la transaction ne peut avoir lieu entre ces deux possesseurs de marchandises. Alors le possesseur de bottes échange sa marchandise contre la marchandise qui est plus souvent demandée en échange, et que tout le monde accepte volontiers, par exemple un mouton, et il échange contre ce mouton la hache qui lui est nécessaire. Quant au possesseur de la hache, une fois qu’il a reçu en échange de sa hache un mouton, il échange celui-ci contre du grain. C’est ainsi que sont résolues les contradictions de l’échange direct. L’échange direct d’une marchandise contre une autre disparaît progressivement. De la masse des marchandises, il s’en dégage une, par exemple le bétail, contre laquelle on commence à échanger toutes les marchandises. À ce degré de développement de l’échange correspond la forme générale de la valeur :

    = un mouton. 40 kilogrammes de grain, ou 20 mètres de toile, ou2 haches, ou3 grammes d’or, etc.

    La forme générale de la valeur se caractérise par Je fait que toutes les marchandises commencent à s’échanger contre une marchandise qui joue le rôle d’équivalent général. Cependant, dans cette phase, le rôle d’équivalent général n’a pas encore été réservé à une seule marchandise. Selon les lieux, ce rôle est rempli par des marchandises différentes. Là, c’est le bétail ; ici, ce sont les fourrures ; ailleurs encore, c’est le sel, etc.

    L’accroissement des forces productives, l’apparition des outils de métal et de la deuxième grande division sociale du travail, la séparation de l’artisanat et de l’agriculture, amènent le développement de la production marchande et l’élargissement du marché. L’abondance de marchandises d’espèces différentes, jouant le rôle d’équivalent général, entre en contradiction avec les besoins croissants du marché, qui exige l’adoption d’un équivalent unique.

    Lorsque le rôle d’équivalent général se fut attaché à une seule marchandise, on a vu surgir la forme monnaie de la valeur. Divers métaux ont joué le rôle de monnaie, mais en fin de compte, il a été réservé aux métaux précieux, l’or et l’argent. L’argent et l’or présentent au plus haut degré toutes les qualités qui rendent les métaux propres à jouer le rôle de monnaie : ils sont homogènes, divisibles, inaltérables et ont une grande valeur sous un poids et un volume faibles. C’est pourquoi la fonction de la monnaie échut aux métaux précieux, et finalement à l’or.

    La forme monnaie de la valeur peut être représentée de la façon suivante :

    = 3 grammes d’or. 40 kilogrammes de grain, ou 20 mètres de toile, ou1 mouton, ou2 haches, etc.

    Avec la forme monnaie, la valeur de toutes les marchandises s’exprime dans la valeur d’usage d’une seule marchandise, qui est devenue équivalent général.

    Ainsi la monnaie a fait son apparition à la suite d’un long processus de développement de l’échange et des formes de la valeur. Avec l’apparition de la monnaie s’effectue la division du monde des marchandises selon deux pôles : à un pôle restent les marchandises courantes ; à l’autre se trouve la marchandise qui joue le rôle de monnaie. Désormais toutes les marchandises commencent à exprimer leur valeur en marchandise-monnaie. Par conséquent, la monnaie, contrairement à toutes les autres marchandises, joue le rôle d’incarnation générale de la valeur, d’équivalent général. La monnaie a la faculté de pouvoir être échangée directement contre toutes les marchandises, et ainsi de servir de moyen de satisfaction de tous les besoins des possesseurs de marchandises, tandis que toutes les autres marchandises ne sont à même de satisfaire qu’une espèce de besoins particuliers, par exemple les besoins en pain, en vêtements, etc…

    Par conséquent, la monnaie est une marchandise qui sert d’équivalent général pour toutes les marchandises ; elle incarne le travail social et exprime les rapports de production entre les producteurs de marchandises.

    4.5. Les fonctions de la monnaie.

    À mesure que la production marchande croît, se développent les fonctions exercées par la monnaie. Dans une production marchande évoluée la monnaie sert : 1o de mesure de la valeur ; 2o de moyen de circulation ; 3o de moyen d’accumulation ; 4o de moyen de paiement et 5o de monnaie universelle.

    La fonction essentielle de la monnaie est de servir de mesure de la valeur des marchandises. C’est au moyen de la monnaie que le travail privé des producteurs de marchandises trouve une expression sociale, que s’opère le contrôle spontané et la mesure de la valeur de toutes les marchandises. La valeur d’une marchandise ne peut être exprimée directement en temps de travail, puisque dans les conditions d’isolement et de dispersion des producteurs privés il est impossible de déterminer la quantité de travail que dépense non pas un producteur isolé, mais la société dans son ensemble pour la production de telle ou telle marchandise. De ce fait la valeur de la marchandise ne peut être exprimée qu’indirectement, en assimilant la marchandise à la monnaie dans le processus d’échange.

    Pour remplir la fonction de mesure de la valeur, la monnaie doit être elle-même une marchandise, posséder une valeur. De même que la pesanteur d’un corps ne peut être mesurée qu’à l’aide d’un corps pesant, de même la valeur d’une marchandise ne peut être mesurée qu’à l’aide d’une marchandise ayant une valeur.

    La mesure de la valeur des marchandises par le moyen de l’or se fait avant que s’effectue l’échange d’une marchandise donnée contre de la monnaie. Pour exprimer en monnaie la valeur des marchandises, il n’est pas nécessaire d’avoir en main de l’argent liquide. En fixant un prix déterminé pour une marchandise, le possesseur exprime mentalement ou, comme le dit Marx, idéalement, la valeur de la marchandise en or.

    Cela est possible parce que, dans la réalité vivante, il existe un rapport déterminé entre la valeur de l’or et celle d’une marchandise donnée ; à la base de ce rapport se trouve le travail socialement nécessaire dépensé pour leur production.

    La valeur d’une marchandise, exprimée en monnaie, s’appelle son prix. Le prix est l’expression monétaire de la valeur de la marchandise.

    Les marchandises expriment leur valeur en des quantités déterminées d’argent ou d’or. Ces quantités de marchandise-monnaie doivent être mesurées à leur tour. D’où la nécessité d’une unité de mesure de la monnaie. Cette unité est constituée par un certain poids du métal devenu monnaie.

    En Angleterre, par exemple, l’unité monétaire s’appelle livre sterling ; autrefois, elle correspondait à une livre d’argent. Plus tard, les unités de monnaie se sont différenciées des unités de poids. Cela est dû à l’emprunt de monnaies étrangères, au passage de l’argent à l’or, et principalement à la dépréciation des pièces de monnaie par les gouvernements, qui peu à peu en diminuèrent le poids. Pour faciliter la mesure les unités monétaires se divisent en parties plus petites : le rouble en 100 kopeks ; le dollar en 100 cents ; le franc en 100 centimes, etc.

    L’unité monétaire avec ses subdivisions sert d’étalon des prix. À ce titre, la monnaie joue un tout autre rôle qu’en tant que mesure de la valeur. Comme mesure de la valeur, la monnaie mesure la valeur des autres marchandises ; en tant qu’étalon des prix, elle mesure la quantité du métal monétaire. La valeur de la marchandise-monnaie varie avec les variations de la quantité de travail socialement nécessaire à sa production. Le changement de valeur de l’or n’affecte pas sa fonction d’étalon des prix. Quelles que soient les variations de la valeur de l’or, le dollar reste toujours cent fois supérieur au cent.

    L’État peut modifier la teneur en or de l’unité monétaire, mais il ne peut changer le rapport de valeur entre l’or et les autres marchandises. Si l’État diminue la quantité d’or contenue dans une unité monétaire, c’est-à-dire s’il en diminue la teneur en or, le marché réagira par une hausse des prix, et la valeur de la marchandise s’exprimera comme par le passé en une quantité d’or qui correspond au travail dépensé pour la fabrication de cette marchandise. Seulement, pour exprimer maintenant la même quantité d’or, il faut un plus grand nombre d’unités monétaires qu’auparavant.

    Les prix des marchandises peuvent monter ou s’abaisser sous l’influence des variations que subissent la valeur des marchandises, ainsi que la valeur de l’or. La valeur de l’or, comme celle de toutes les autres marchandises, dépend de la productivité du travail. Ainsi, la découverte de l’Amérique avec ses riches ruines d’or a amené une « révolution » dans les prix. L’or en Amérique était extrait avec moins de travail qu’en Europe. L’afflux en Europe de l’or américain à meilleur marché a provoqué une hausse générale des prix.

    La monnaie fait fonction de moyen de circulation. L’échange des marchandises effectué avec de la monnaie s’appelle circulation des marchandises. La circulation des marchandises est étroitement liée à la circulation de la monnaie : lorsque la marchandise passe des mains du vendeur dans celles de l’acheteur, la monnaie passe des mains de l’acheteur dans celles du vendeur. La fonction de la monnaie comme moyen de circulation consiste précisément dans son rôle d’intermédiaire dans le processus de circulation des marchandises. Pour remplir cette fonction la monnaie est indispensable.

    À l’origine, dans l’échange des marchandises, la monnaie se présentait directement sous forme de lingots d’argent ou d’or. Cela créait certaines difficultés ; nécessité de peser le métal-monnaie, de le fragmenter en petites parcelles, d’en établir le titre. Peu à peu les lingots de métal-monnaie furent remplacés par des pièces de monnaie. La pièce de monnaie est un lingot de métal de forme, de poids et de valeur déterminés, qui sert de moyen de circulation. La frappe des monnaies fut centralisée entre les mains de l’État.

    Dans le processus de circulation, les monnaies s’usent et perdent une partie de leur valeur. La pratique de la circulation monétaire montre que les pièces usées peuvent faire office de moyen de circulation aussi bien que les pièces de monnaie demeurées intactes. Cela s’explique par le fait que la monnaie dans sa fonction de moyen de circulation joue un rôle passager. En règle générale, le vendeur d’une marchandise l’échange contre de la monnaie pour acheter avec cette monnaie une autre marchandise. Par conséquent, la monnaie comme moyen de circulation ne doit pas avoir obligatoirement une valeur propre.

    Constatant la circulation des pièces de monnaie usées, les gouvernements se sont mis sciemment à déprécier les pièces de monnaie, à en diminuer le poids, à abaisser le titre du métal-monnaie, sans changer la valeur nominale de la pièce de monnaie, c’est-à-dire la quantité d’unités monétaires marquées sur les pièces. Les pièces de monnaie devenaient de plus en plus des symboles de valeur, des signes monétaires. Leur valeur réelle est de beaucoup inférieure à leur valeur nominale.

    Le dédoublement de la marchandise en marchandise et en monnaie marque le développement des contradictions de la production marchande. Lors de l’échange direct d’une marchandise contre une autre, chaque transaction présente un caractère isolé, la vente est inséparable de l’achat. Tout autre est l’échange effectué par l’intermédiaire de la monnaie, c’est-à-dire la circulation des marchandises. Ici, l’échange suppose une multitude de liens entre producteurs et un entrelacement constant de leurs transactions. Il offre la possibilité de séparer la vente et l’achat. Le producteur peut vendre sa marchandise et garder pour un temps la monnaie qu’il a retirée de cette vente. Lorsque beaucoup de producteurs vendent sans acheter, il peut se produire un arrêt dans l’écoulement des marchandises. Ainsi, déjà dans la circulation simple des marchandises se trouve impliquée la possibilité des crises. Mais pour que les crises deviennent inévitables, il faut une série de conditions qui n’apparaissent qu’avec le passage au mode de production capitaliste.

    La monnaie fait fonction de moyen d’accumulation ou de moyen de thésaurisation. La monnaie devient trésor dans les cas où elle est retirée de la circulation. Comme on peut toujours convertir la monnaie en n’importe quelle marchandise, elle est le représentant universel de la richesse. On peut la garder en n’importe quelle quantité. Les producteurs accumulent de la monnaie, par exemple pour l’achat de moyens de production ou à titre d’épargne. Le pouvoir de la monnaie grandit avec le développement de la production marchande. C’est ce qui engendre la passion de l’épargne de la monnaie, la passion de la thésaurisation. Seule la monnaie non dépréciée peut exercer la fonction de thésaurisation : les pièces d’or et d’argent, les lingots d’or et d’argent, ainsi que les objets en or et en argent.

    Quand ce sont les pièces d’or ou d’argent qui servent de monnaie, leur quantité s’adapte spontanément aux besoins de la circulation des marchandises. En cas de diminution de la production des marchandises et de réduction du commerce, une partie des pièces d’or est retirée de la circulation et est thésaurisée. Par contre, quand la production s’élargit et que le commerce s’accroît, ces pièces de monnaie rentrent de nouveau dans la circulation.

    La monnaie exerce la fonction de moyen de paiement. En tant que moyen de paiement elle intervient dans les cas où l’achat et la vente de la marchandise se font à crédit, c’est-à-dire quand le paiement est différé. Dans l’achat à crédit, la remise de la marchandise des mains du vendeur dans celles de l’acheteur se fait sans paiement immédiat de la marchandise achetée. À l’échéance du paiement de la marchandise, l’acheteur verse la monnaie au vendeur pour la marchandise dont la livraison a déjà été effectuée auparavant. La monnaie sert aussi de moyen de paiement quand elle sert à acquitter les impôts, la rente foncière, etc.

    La fonction de la monnaie comme moyen de paiement reflète le développement des contradictions de la production marchande. Les liaisons entre les divers producteurs s’étendent, leur interdépendance s’accroît. L’acheteur devient débiteur, le vendeur se transforme en créancier. Lorsque beaucoup de possesseurs de marchandises achètent à crédit, le défaut de paiement de traites à leur échéance, par l’un ou plusieurs des débiteurs, peut se répercuter sur toute la chaîne des obligations de paiement et provoquer la faillite d’un certain nombre de possesseurs de marchandises, liés les uns aux autres par des rapports de crédit. C’est ainsi que la possibilité des crises, impliquée déjà dans la fonction de la monnaie comme moyen de circulation, s’accentue.

    L’analyse des fonctions exercées par la monnaie comme moyen de circulation et comme moyen de paiement permet d’établir la loi déterminant la quantité de monnaie nécessaire à la circulation des marchandises.

    Les marchandises se vendent et s’achètent en beaucoup d’endroits simultanément. La quantité de monnaie nécessaire a la circulation à une période donnée dépend tout d’abord de la somme des prix des marchandises en circulation ; cette somme dépend à son tour de la quantité de marchandises et du prix de chaque marchandise prise à part. En outre, il faut tenir compte de la vitesse avec laquelle la monnaie circule. Quand la monnaie circule plus vite, il en faut moins pour la circulation, et inversement. Si, par exemple, pendant une période donnée, mettons un an, il se vend pour un milliard de dollars de marchandises, et si chaque dollar effectue en moyenne cinq rotations, il faudra 200 millions de dollars pour la circulation de toute la masse des marchandises.

    Grâce au crédit que les producteurs s’accordent les uns aux autres, le besoin de monnaie diminue de la somme des prix des marchandises vendues à crédit, ainsi que des créances réciproques qui s’annulent au jour de l’échéance. L’argent liquide n’est nécessaire que pour acquitter les dettes, dont le remboursement est venu à échéance.

    Ainsi donc, la loi de la circulation monétaire est la suivante : la quantité de monnaie nécessaire à la circulation des marchandises doit égaler la somme des prix de toutes les marchandises, divisée par la moyenne des rotations des unités monétaires de même nom. De la somme des prix de toutes les marchandises, il faut déduire la somme des prix des marchandises vendues à crédit, les sommes mutuellement remboursables et y ajouter les sommes dont le remboursement est venu à échéance.

    Cette loi a une portée générale pour toutes les formations sociales où il y a production et circulation marchandes.

    Enfin la monnaie joue le rôle de monnaie universelle dans le trafic entre les pays. Le rôle de monnaie universelle ne peut être joué par des pièces de monnaie dévalorisées ou par du papier-monnaie. Sur le marché mondial, la monnaie perd la forme de pièces de monnaie et se présente sous son aspect primitif de lingots de métal précieux. Sur le marché mondial dans les transactions entre les pays, l’or est le moyen d’achat universel, dans le règlement des marchandises importées d’un pays dans un autre ; il est le moyen de paiement universel dans l’amortissement des dettes internationales, dans le paiement des intérêts des emprunts extérieurs et des autres obligations ; il est l’incarnation de la richesse sociale dans les transferts de richesse sous forme monétaire d’un pays dans un autre, par exemple dans les cas d’exportation de capitaux en monnaie, destinés à des placements dans des banques étrangères ou à des octrois de prêts ainsi que dans les impositions de contributions par un pays vainqueur à un pays vaincu, etc.

    Le développement des fonctions exercées par la monnaie exprime le progrès de la production marchande et de ses contradictions. La monnaie dans les formations sociales fondées sur l’exploitation de l’homme par l’homme a une nature de classe : elle est un moyen d’accaparer le travail d’autrui. Elle a joué ce rôle dans les sociétés esclavagiste et féodale. Nous verrons par la suite que c’est dans la société capitaliste que la monnaie sert au plus haut degré d’instrument d’exploitation des travailleurs.

    4.6. L’or et le papier-monnaie.

    Quand la production marchande est développée, on emploie souvent pour les achats et les paiements, au lieu de pièces d’or, le papier-monnaie qui les remplace. L’émission du papier-monnaie a été engendrée par la pratique de la circulation des pièces usées et dépréciées, qui devenaient des symboles d’or, des signes monétaires.

    Le papier-monnaie consiste en signes monétaires émis par l’État et ayant cours forcé, qui remplacent l’or dans sa fonction de moyen de circulation. Il n’a pas de valeur propre. Aussi ne peut-il pas remplir la fonction de mesure de la valeur des marchandises. Quelle que soit la quantité de papier-monnaie émis, elle ne représente que la valeur de la quantité d’or, nécessaire pour assurer les échanges. Le papier-monnaie n’est pas échangeable avec l’or.

    Si le papier-monnaie est émis proportionnellement à la quantité d’or nécessaire à la circulation, son pouvoir d’achat, c’est-à-dire la quantité de marchandises qu’il permet d’acheter, coïncide avec le pouvoir d’achat de la monnaie d’or. Mais l’État émet généralement le papier-monnaie pour couvrir ses dépenses, notamment pendant les guerres, les crises et autres bouleversements, sans tenir compte des besoins de la circulation des marchandises. Lorsque la production et la circulation des marchandises se contractent, ou qu’on émet une quantité excessive de papier-monnaie, celle-ci excède la quantité d’or nécessaire aux échanges. Admettons que l’on ait émis deux fois plus de monnaie qu’il n’est nécessaire. En ce cas, chaque unité de papier-monnaie (dollar, mark, franc, etc.) représentera une quantité d’or deux fois moindre, c’est-à-dire que le papier-monnaie sera déprécié de moitié.

    Les premiers essais d’émission de papier-monnaie ont eu lieu en Chine dès le 12e siècle ; du papier-monnaie fut émis en Amérique en 1690, en France, en 1716 ; l’Angleterre a procédé aux émissions de papier-monnaie pendant les guerres de Napoléon. En Russie, le papier-monnaie a été émis pour la première fois sous le règne de Catherine II.

    L’émission excessive de papier-monnaie, qui entraîne sa dépréciation et qui est utilisée par les classes régnantes pour faire retomber les dépenses de l’État sur le dos des masses laborieuses et en renforcer l’exploitation, porte le nom d’inflation. Celle-ci, en provoquant la hausse des prix des produits, affecte surtout les travailleurs, car le salaire des ouvriers et des employés reste en retard sur la montée des prix. L’inflation profite aux capitalistes et aux propriétaires fonciers, surtout par suite de l’abaissement du salaire réel des ouvriers de l’industrie et de l’agriculture. L’inflation favorise les capitalistes et les propriétaires terriens qui exportent leurs marchandises à l’étranger. Par suite de la chute du salaire réel et de la diminution des dépenses de production qui en résulte, il devient possible de concurrencer avec succès les capitalistes et les propriétaires terriens étrangers et d’accroître l’écoulement de ses propres marchandises.

    4.7. La loi de la valeur est la loi économique de la production marchande.

    Dans l’économie marchande fondée sur la propriété privée, les marchandises sont fabriquées par des producteurs privés, isolés. Entre les producteurs de marchandises règnent la concurrence et la lutte. Chacun s’efforce d’évincer l’autre, de maintenir et d’élargir ses positions sur le marché. La production se fait sans aucun plan d’ensemble. Chacun produit pour son compte, indépendamment des autres, nul ne connaît quel besoin les marchandises qu’il produit doivent satisfaire ni le nombre des autres producteurs qui travaillent à la fabrication de la même marchandise, ni s’il pourra vendre sa marchandise au marché et si sa dépense de travail sera dédommagée. Avec le développement de la production marchande, le pouvoir du marché sur le producteur se renforce de plus en plus.

    Cela veut dire que dans la production marchande fondée sur la propriété privée des moyens de production agit la loi économique de la concurrence et de l’anarchie de la production. Cette loi exprime le caractère spontané de la production et de l’échange, la lutte entre les producteurs privés pour des conditions plus avantageuses de la production et de la vente des marchandises.

    Dans les conditions de l’anarchie de la production, qui règne dans l’économie marchande fondée sur la propriété privée, c’est la loi de la valeur agissant par la concurrence du marché, qui joue le rôle de régulateur spontané de la production.

    La loi de la valeur est la loi économique de la production des marchandises, d’après laquelle l’échange des marchandises s’opère conformément à la quantité de travail socialement nécessaire à leur production.

    Spontanément la loi de la valeur règle, par le mécanisme des prix, la répartition du travail social et des moyens de production entre les diverses branches de l’économie marchande. Sous l’influence des fluctuations qui se produisent dans le rapport de l’offre et de la demande, les prix des marchandises s’écartent sans cesse de leur valeur (au-dessus ou en dessous de celle-ci). Ces écarts ne sont pas le résultat de quelque déficience de la loi de la valeur ; au contraire, c’est le seul moyen pour cette loi de se réaliser. Dans une société où la production est détenue par des propriétaires privés qui travaillent à l’aveuglette, seules les fluctuations spontanées des prix sur le marché font connaître aux producteurs quels sont les produits qui sont en excédent ou qui manquent par rapport à la demande solvable de la population. Seules les fluctuations spontanées des prix autour de la valeur obligent les producteurs à élargir ou à réduire la production de telle ou telle marchandise. Sous l’influence de la variation des prix, les producteurs se tournent vers les branches plus avantageuses, où les prix des marchandises sont supérieurs à leur valeur, et ils se retirent de celles où les prix des marchandises sont inférieurs à leur valeur.

    L’action de la loi de la valeur conditionne le développement des forces productives de l’économie marchande. Comme on le sait, la grandeur de la valeur d’une marchandise est déterminée par le travail socialement nécessaire. Les producteurs qui appliquent pour la première fois une technique plus avancée, produisent leurs marchandises avec des dépenses inférieures aux dépenses socialement nécessaires ; ils les vendent cependant à des prix correspondant au travail socialement nécessaire. Ce faisant, ils reçoivent un surplus de monnaie et s’enrichissent. Cela incite les autres producteurs à moderniser leurs entreprises au point de vue technique. C’est ainsi qu’à la suite d’actions disséminées de producteurs isolés, qui ne songent qu’à leur profit personnel, la technique progresse, les forces productives de la société se développent.

    La concurrence et l’anarchie de la production font que la répartition du travail et des moyens de production entre les différentes branches, et le développement des forces productives dans l’économie marchande, sont réalisés au prix de grosses pertes de travail social et aboutissent à une aggravation constante des contradictions de cette économie.

    Dans le cadre de la production marchande fondée sur la propriété privée, l’action de la loi de la valeur conduit à la naissance et au développement des rapports capitalistes. Les variations spontanées des prix du marché autour de la valeur, les écarts des dépenses individuelles de travail par rapport au travail socialement nécessaire qui détermine la grandeur de la valeur de la marchandise, accentuent l’inégalité économique et la lutte entre les producteurs. La concurrence provoque la ruine et la disparition de certains producteurs qui deviennent des prolétaires, l’enrichissement de certains autres, qui deviennent des capitalistes. L’action de la loi de la valeur conduit ainsi à la différenciation des producteurs.

    […] la petite production engendre le capitalisme et la bourgeoisie constamment, chaque jour, à chaque heure, d’une manière spontanée et dans de vastes proportions.

    ( V. Lénine, « La Maladie infantile du communisme (le gauchisme) », Œuvres, t. 31, p. 18. )

    4.8. Le caractère fétiche de la marchandise.

    Dans le cadre de la production marchande fondée sur la propriété privée des moyens de production, le lien social qui existe entre les hommes dans le processus de production ne se manifeste que par l’échange des objets-marchandises. Le sort des producteurs se trouve étroitement lié à celui des objets-marchandises qu’ils ont créés. Les prix des marchandises varient sans cesse indépendamment de la volonté et de la conscience des hommes, cependant que le niveau des prix est souvent une question de vie et de mort pour les producteurs.

    Les rapports des choses masquent les rapports sociaux entre les hommes. Ainsi, la valeur de la marchandise exprime le rapport social entre producteurs, toutefois elle apparaît comme une propriété aussi naturelle de la marchandise que, par exemple, sa couleur ou son poids.

    C’est seulement un rapport social déterminé des hommes entre eux qui revêt ici pour eux la forme fantastique d’un rapport des choses entre elles.

    ( K. Marx, Le Capital, livre 1, t. 1, p. 85. )

    Ainsi, dans l’économie marchande fondée sur la propriété privée, les rapports de production entre les hommes se présentent inévitablement comme des rapports entre objets-marchandises. C’est dans cette matérialisation des rapports de production que réside justement le caractère fétiche 1 propre à la production des marchandises.

    Le fétichisme de la marchandise se manifeste de façon particulièrement éclatante dans la monnaie. La monnaie dans l’économie marchande est une force énorme qui confère un pouvoir sur les hommes. Tout s’achète avec de la monnaie. On a l’impression que cette faculté de tout acheter est la propriété naturelle de l’or, alors que, en réalité, elle résulte de rapports sociaux déterminés.

    Le fétichisme de la marchandise a des racines profondes dans la production marchande, où le travail du producteur se manifeste directement comme travail privé, et où son caractère social n’apparaît que dans l’échange des marchandises. C’est seulement avec l’abolition de la propriété privée des moyens de production que disparaît le caractère fétiche de la marchandise.

    Notes
     1. La matérialisation des rapports de production, inhérente à la production des marchandises, porte le nom de « fétichisme marchand » par analogie avec le fétichisme religieux qui consiste dans la déification par les hommes primitifs des objets qu’ils avaient eux-mêmes créés.

    Résumé du chapitre 4

    1. La production marchande simple des artisans et des paysans est à l’origine du capitalisme. Elle diffère de la production capitaliste en ce qu’elle repose sur le travail individuel du producteur. Elle a en même temps une base analogue à la production capitaliste, puisqu’elle est fondée sur la propriété privée des moyens de production. Sous le régime capitaliste, quand, tout comme les produits du travail, la force de travail devient aussi marchandise, la production marchande prend un caractère prédominant, universel.

    2. La marchandise est un objet produit en vue de rechange. Elle constitue d’une part une valeur d’usage, d’autre part une valeur proprement dite. Le travail qui crée la marchandise possède un double caractère. Le travail concret est celui que l’on dépense sous une forme déterminée ; il crée la valeur d’usage de la marchandise. Le travail abstrait est une dépense de force humaine de travail en général ; il crée la valeur de la marchandise.

    3. La valeur est le travail social — matérialisé dans la marchandise — des producteurs. La valeur est une catégorie historique propre uniquement à l’économie marchande. La grandeur de la valeur d’une marchandise est déterminée par le travail socialement nécessaire à sa production. La contradiction de la production marchande simple réside en ce que le travail des producteurs, qui est directement leur affaire privée, revêt en même temps un caractère social.

    4. Le développement des contradictions dans la production marchande fait que, de la masse des marchandises, il s en dégage spontanément une, qui devient monnaie. La monnaie est une marchandise qui joue le rôle d’équivalent général. La monnaie exerce les fonctions suivantes : 1o mesure de la valeur ; 2o moyen de circulation ; 3o moyen d’accumulation ; 4o moyen de paiement et 5o monnaie universelle.

    5. Avec le développement de la circulation monétaire apparaît le papier-monnaie. Celui-ci, n’ayant pas de valeur propre, est le signe de la monnaie métallique qu’il remplace comme moyen de circulation. L’émission excessive de papier-monnaie, qui en provoque la dépréciation (inflation), conduit à l’abaissement du niveau de vie des travailleurs.

    6. Dans l’économie marchande fondée sur la propriété privée des moyens de production, la loi de la valeur est le régulateur spontané de la répartition du travail social entre les branches de la production. L’action de la loi de la valeur détermine la différenciation des petits producteurs et le développement des rapports capitalistes.


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    Refaire le coup du "travailler plus pour gagner plus" de 2007, cette fois avec la prime aux salariés. Le gouvernement tente de reprendre la main sur la question du pouvoir d'achat des Français. Mais difficile pour lui de paraître crédible, tant il laisse filer les prix d'un côté pour resserrer les boulons de la modération salariale de l'autre

    • Prime contre dividendes: Lagarde dégonfle la baudruche

    "La priorité du gouvernement, c'est améliorer le pouvoir d'achat des Français", avait affirmé le ministre du Budget, François Baroin, après avoir annoncé il y a huit jours qu'il voulait pousser les entreprises distribuant des dividendes à leurs actionnaires, à verser une prime de 1000 euros aux salariés. Mais ce lundi matin, sa ministre de tutelle Christine Lagarde s'est employée à dégonfler l'annonce. (à lire: Partage des profits: la prime d'abord pour les actionnaires)

    D'une part, le montant a changé: il est dorénavant à discuter entre chefs d'entreprise et représentants des salariés. D'autre part et pour calmer les inquiétudes du Medef, le versement hypothétique d'une telle prime donnerait lieu à une exonération de charges, selon la ministre de l'Economie sur LCI. Cette prime serait instaurée par le projet de loi de finances rectificative de juin "pour que se soit applicable dans les meilleurs délais", a poursuivi Christine Lagarde.

    • Le Medef sur le dos du gouvernement

    Avant même ces rectificatifs de Christine Lagarde, la redistribution annoncée avait du plomb dans l'aile, tant le Medef a tiré à boulet rouge dessus ce week-end. "Pourquoi uniquement les salariés? Pourquoi pas les fonctionnaires? Pourquoi pas les professions libérales? Pourquoi pas tous ceux qui ne travaillent pas dans les entreprises ?", s'est demandé la patronne des patrons Laurence Parisot sur France Inter ce lundi matin. (à lire: L'investissement rongé par les dividendes)

    Celle-ci a crié misère pour les "entreprises françaises (qui) ont des marges qui s'effondrent, des taux de profit en moyenne de dix points inférieurs aux entreprises allemandes. " Et "qui s'occupe des TPE et des PME ? C'est ça le cœur du problème et je suis étonnée de voir que personne ne se soucie de ce que ce que tout ceci veut dire pour les petites et moyennes entreprises."

    • Pas le compte, pour les syndicats

    Pour le numéro un de la CFDT François Chérèque, "vous avez un effet d'annonce où on donne le sentiment qu'on règle le problème du pouvoir d'achat" mais "il y aura beaucoup de déçus inévitablement, ça va retomber sur le gouvernement", a-t-il prédit ce lundi matin sur France Info.

    La semaine dernière, Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, avait déjà dénoncé une forme de "compensation dans la communication politique" en référence à la réforme de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). "Le "travailler plus pour gagner plus" se fait laminer par les faits depuis des années et je considère qu'on entre dans la période où les enchères montent pour obtenir des voix aux prochaines élections. M. Baroin semble fixer le prix du bulletin de vote à 1.000 euros", avait-il ajouté.

    Pour le syndicaliste, 75% des Français sont mécontents de la politique économique et sociale de Nicolas Sarkozy. "Le chef de l'Etat, qui décide de tout dans le moindre détail, est depuis le début bien plus à l'écoute du patronat que des salariés. J'avais dit que le conflit des retraites aurait des conséquences profondes et durables pour lui. Les élections cantonales en sont la première preuve. Sans doute pas la dernière."

    • Pas d'augmentation pour les fonctionnaires

    En même temps qu'il planche sur sa prime, le ministère des Finances fait déjà filtrer, via Les Echos de ce matin, la poursuite du gel des salaires dans la fonction publique en 2012.

    En pleine surenchère d'austérité vis-à-vis de ses partenaires européens, le gouvernement Fillon ne peut se permettre le coût budgétaire d'une hausse du point d'indice, évalué à 900 millions d'euros par an par point en plus pour les trois fonctions publiques (Etat, territoriale et hospitalière), qui totalisent 5,2 millions d'agents.

    Pour arrondir les angles, indique le quotidien, Bercy lance un nouvel enfumage: la perspective d'un nouveau "point d'étape" en fin d'année, avec l'éventualité d'un "geste futur", si la croissance a bondi, "ou si, à l'approche de l'élection présidentielle, l'urgence politique fait bouger les lignes". Avec autant de si…

    • Le pouvoir d'achat s'érode

    Ces pas de danse du pouvoir interviennent alors que l'Institut national de la statistique (Insee) a révélé que les prix avaient augmenté de 0,8% en un mois, après +0,5% en février. Cette augmentation est sensible à la pompe où le prix de l'essence atteint des niveaux records, mais aussi dans le panier de la ménagère du fait de l'envolée des prix des matières premières agricoles. (A lire: les mesurettes du gouvernement sur le prix des carburants)

    "Ces multiples hausses, dont les niveaux sont bien supérieurs à ceux de l'inflation, touchent les consommateurs dans leurs dépenses quotidiennes les plus essentielles : la voiture, le chauffage, l'électricité et le gaz, l'alimentation. Ce sont évidemment les ménages modestes et les classes moyennes, qui les ressentent le plus vivement", a déploré vendredi l'organisation de consommateurs CLCV, qui demande des "négociations". (à lire: le tarif réglementé du gaz aurait dû baisser cette année)

    • Les salaires toujours en panne

    Dans ce contexte, la modération salariale passe mal au sein des entreprises où des conflits apparaissent, alors que selon le cabinet de conseil en ressources humaines Aon Hewitt, les hausses de salaires devraient se limiter à 2,6% en 2011, contre une moyenne de 3,3 à 3,5% durant les trente dernières années.

    D'où la multiplication de conflits salariaux dans les entreprises, comme chez Carrefour, dans l'usine d'Onnaing (Nord) de Toyota, ou celle de Ferrero à Villers-Escalles, près de Rouen.

    • Pas de coup de pouce pour le SMIC

    Dans l'immédiat, par un effet mécanique de la loi, l'augmentation de l'inflation pourrait entraîner automatiquement une revalorisation de 2% du Smic en juin ou en juillet. Il ne faut pas là non plus attendre de coup de pouce de la part d'un gouvernement engagé dans la modération salariale, cet euphémisme.

     

    • A lire:

    Sarkozy a un programme, l'éditorial de Patric Le Hyaric

    Cela ne se sait pas. Mais M. Sarkozy et l’UMP ont déjà un programme pour  les prochaines élections législatives et présidentielles. Son nom de  code : « PNR 2011-2013 » (Programme national de réforme 2011- 2013).  C’est ce document, toujours secret, que le gouvernement et l’Élysée sont  en train de rédiger pour le déposer sur l’autel sacrificiel de la  Commission de Bruxelles. Lire la suite...

    • A lire aussi:

    Austérité: Sarkozy élève modèle

    Nicolas Sarkozy et son gouvernement préparent la fiche d’autoévaluation  qu’ils rendront à Bruxelles en mai ou juin. Ce document, qui vérifie  l’adéquation entre les politiques publiques françaises et les lignes  directrices de la « stratégie de croissance Europe 2020 », est en cours  d’élaboration. Le « programme national de réforme 2011-2013 » (PNR),  puisque c’est ainsi que s’appelle ce texte, sera présenté lors d’un  Conseil des ministres de l’Économie et des Finances de l’Union  européenne (UE). Lire la suite...


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  • SyndicalismeLe président de la République Nicolas Sarkozy se rend ce mardi dans les Ardennes, sur le thème du travail. Il débutera sa visite à l'usine La Fonte ardennaise, à Vrigne-aux-Bois, avant de se rendre à Renwez pour participer à l'assemblée générale extraordinaire des maires du département.

    Cette visite dans les Ardennes est avant symbolique. En décembre 2006, Nicolas Sarkozy, alors candidat à la présidentielle, avait tenu un meeting devenu célèbre sur «la France qui travaille».

    Le candidat avait déclaré: «Je veux une révolution économique dans notre pays. Je veux que celui qui travaille plus, il ait plus dans le portefeuille à la fin du mois», introduisant ainsi son slogan de campagne «travailler plus pour gagner plus».

    Anne-Laëtitia Béraud 
     
     

    La désindustrialisation se poursuit

    Cinq ans plus tard, certes la crise est passée par là, mais les promesses du candidat Sarkozy n’ont pas été tenues. La désindustrialisation se poursuit, notamment dans ce secteur géographique.

    En effet, selon l’Union des maires des Ardennes, qui appelle à boycotter ce déplacement présidentiel, le département des Ardennes a perdu 3351
    emplois salariés depuis 10 ans et plus de 20% de ses effectifs dans le secteur industriel.

    Et ce déplacement n’est pas de nature, semble-t-il, à inverser la tendance dans la vallée de la Meuse, puisque vendredi, la société Ideal Standard
    ferme l’usine Porcher, mettant sur le carreau les 148 salariés.

    POLITIQUE - Alors que des élus de gauche ont appelé à boycotter sa visite...

    Le président Nicolas Sarkozy se rend ce mardi dans les Ardennes pour une rencontre avec les maires du département. Le chef de l'Etat doit commencer son déplacement par une visite de l'usine La Fonte ardennaise, à Vrigne-aux-Bois, avant de se rendre à Renwez pour participer à l'assemblée générale extraordinaire des maires du département. Le président sera accompagné par les ministres Eric Besson (Industrie) et Philippe Richert (Collectivités territoriales).

    A un an de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy se rend à nouveau dans ce département frappé par le chômage et la crise industrielle. En décembre 2006, quelques mois avant son élection, il était allé rendre hommage aux Ardennes, «la vraie France», en parlant, à Charleville-Mézières, de «la France qui souffre» et qui vote Le Pen. L'Union des maires des Ardennes (Unimair), une association de gauche présidée par la maire PS de Charleville-Mézières Claudine Ledoux, a appelé les élus du département à boycotter la visite de Nicolas Sarkozy à Renwez.

    Invitation à ne pas participer à cette «réunion de campagne électorale»

    Dans un communiqué, l'association qui regroupe les principaux maires et conseillers municipaux de gauche des Ardennes a invité les élus «à ne pas apporter leur caution à de nouvelles vaines promesses et à ne pas participer à la réunion de campagne électorale de Nicolas Sarkozy».

    «C'est intolérable que Nicolas Sarkozy revienne sur les lieux de ses promesses inconsidérées, quand il affirmait que nous aurions l'industrie du XXIe siècle», a expliqué à l'AFP Mme Ledoux. «Il n'est pas question pour nous d'aller faire la claque à ce nouveau "Sarko-show", nous n'y croyons plus»a-t-elle ajouté.

    13h05: «Depuis 35 ans, le budget de la France est en déficit, j'ai décidé que c'est terminé» annonce le président de la République Nicolas Sarkozy à Renwez, lors de l'assemblée des maires des Ardennes

    13h07: Pendant la crise, en 2009, du jour au lendemain, la France a perdu 22% de ses recettes, déclare le chef de l'Etat. C'est pourquoi la France a gelé ses dotations pour trois ans.

    13h10: Le chef de l'Etat, lors de cette assemblée des maires des Ardennes, a indiqué que «la France ne peut pas rester à l'écart du monde. Des changements se font à une vitesse stupéfiante. Nous sommes au XXIe siècle, plus au XXe siècle». Nous devons nous adapter.

    13h11: La réussite «passera par l'innovation et l'investissement», tout en «faisant des économies et travailler davantage», déclare le chef de l'Etat.

    13h12: J'ai voulu un autre système territorial avec le conseiller territorial, avec les compétences du département et de la région. J'ai voulu protéger les espaces ruraux. J'ai voulu sauver le canton, car je crois à la représentation des territoires ruraux.

    13h12: Nicolas Sarkozy se prononce contre la fusion des communes

    13h15: Les pays comme la Chine, le Brésil, veulent leur part du gâteau. C'est pourquoi il y a besoin de faire un effort pour s'adapter en France. Il faut changer pour demeurer les mêmes.

    13h17: Revenant sur la crise économique et financière, le chef de l'Etat la qualifie de «plus grande crise dans le monde, qui a touché toutes les régions et tous les secteurs», «une crise effrayante» qui a notamment eu pour conséquences une hausse de chômage dans les Ardennes. Le Président souhaite désormais que «tout le monde soit associé à la reprise» économique, en agissant sur la redistribution au sein des entreprises.
    Le chef de l'Etat déclare ensuite que «si on vit plus longtemps, on devra travailler plus longtemps»

    13h22: Petite blague de Nicolas Sarkozy: «J'ai des difficultés avec ma gauche» ...

    13h26: La grande gagnante de la réforme, c'est la commune, indique le chef de l'Etat. 

    13h28: «Il faut diminuer l'emploi public» appuie Nicolas Sarkozy

    13h29: Le chef de l'Etat a déclaré, sur l'emploi, que ce n'est pas la quantité, mais la qualité qui compte. Mieux vaut 40 heures dans une entreprise où l'on est respecté plutôt que 35 heures dans une entreprise où l'on est pas bien respecté. Aucun pays n'a fait les 35 heures, sauf la France. Il va falloir travailler plus longtemps pour payer les retraites, souligne Nicolas Sarkozy.

    En déplacement dans les Ardennes mardi, Nicolas Sarkozy a apporté quelques précisions sur la future prime envisagée par le gouvernement pour les salariés dont les entreprises versent des dividendes.

    Il a confirmé que la prime sera exonérée de charges sociales pour les petites sociétés, a déclaré ce mardi Nicolas Sarkozy. Mais, contrairement au projet présenté par François Baroin, cette prime ne serait pas liée au versement de dividendes mais pourrait être donnée aux salariés «si ça va mieux».

    Cette précision pourrait par contre signifier que les grandes entreprises ne bénéficieraient pas des exonérations. Autre précision, dans ces mêmes grandes entreprises, le versement sera conditionné à une «forte augmentation des dividendes» versés aux actionnaires, a déclaré le chef de l'Etat, rapporte le correspondant de Libération, et non plus à une simple progression de ces dividendes comme l'avait annoncé le ministre du Travail Xavier Bertrand. Ce qui devrait limiter un peu plus le nombre d’entreprises concernées.

    >> Pourquoi peu de salariés toucheront la prime du gouvernement, à lire sur 20minutes.fr


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  • Une loi qui ne va pas simplifier et clarifier le droit pour tout le monde

    La proposition de loi de simplification et d'amélioration de la qualité du droit vient d'être adoptée par le Parlement. Le Conseil constitutionnel ayant été saisi, la publication de la loi au Journal officiel  va  dépendre de  sa décison.

    Cette Proposition de loi de M. Jean-Luc WARSMANN a été  déposée le 7 août 2009 et renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république.

    Elle a fait notamment l'objet de deux lectures  à l'Assembléee Nationale et de deux lectures au Sénat .

    Elle  a été finalement adoptée au cours de la séance du Sénat  du  jeudi 14 avril 2011.

    C'est une  loi qui comporte pas moins de 200 articles qui touchent  pratiquement tous les domaines du droit : du code de l'urbanisme au code pénal en passant par le code civil celui de la consommarion sans oublier mon code de prédilection  celui du travail.

    Cette loi comporte un certain nombre de mesures sociales   qui  modifient notamment le  code du travail.

    • Possibilité, pour les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA), de donner congé à son bailleur avec délai de préavis réduit à 1 mois ( voir en fin de billet l'article  12)
    • Simplification des justificatifs pour l'accès  à l'aide juridique des titulaires du Rsa ( voir en fin de billet l'article  13)
    • Création d'un nouveau motif de rupture avant terme du CDD pour inaptitude du salarié constatée par le médecin du travail. ( voir en fin de billet l'article  49)
    • Possibilité de renouveler un congé de présence parentale en cas de rechute ou de récidive de la maladie de l'enfant. ( voir en fin de billet l'article  42 )

    Concernant le code du travail  je mets un croquis qui résume  le toilettage  auquel nous assistons depuis  plus de 3 ans ......simplification.jpg

    Article  12

    La troisième phrase du deuxième alinéa du I de l'article 15 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les rapports locatifs et portant modification de la loi n° 86-1290 du 23 décembre 1986 est complétée par les mots : « ou du revenu de solidarité active ».

     

    Article   13

    Le quatrième alinéa de l’article 4 de la loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 relative à l’aide juridique est complété par une phrase ainsi rédigée :

    « Les bénéficiaires du revenu de solidarité active dont les ressources, appréciées selon les dispositions prises en application de l’article L. 262-3 du code de l’action sociale et des familles, n’excèdent pas le montant forfaitaire visé au 2° de l’article L. 262-2 du même code sont également dispensés de justifier de l’insuffisance de leurs ressources. »

    Article  49

    I. – À l'article L. 1243-1 et au premier alinéa de l'article L. 1243-4 du code du travail, les mots : « ou de force majeure » sont remplacés par les mots : « , de force majeure ou d'inaptitude constatée par le médecin du travail ».

    II. – La sous-section 1 de la section 2 du chapitre VI du titre II du livre II de la première partie du même code est complétée par deux articles L. 1226-4-2 et L. 1226-4-3 ainsi rédigés :

    « Art. L. 1226-4-2. – Les dispositions visées à l'article L. 1226-4 s'appliquent également aux salariés en contrat de travail à durée déterminée.

    « Art. L. 1226-4-3. – La rupture du contrat à durée déterminée prononcée en cas d'inaptitude ouvre droit, pour le salarié, à une indemnité dont le montant ne peut-être inférieur à celui de l'indemnité prévue à l'article L. 1234-9. Cette indemnité de rupture est versée selon les mêmes modalités que l'indemnité de précarité prévue à l'article L. 1243-8. »

    III. – L'article L. 1226-20 du même code est ainsi modifié :

    1° À la première phrase du second alinéa, les mots : « demander la résolution judiciaire » sont remplacés par les mots : « procéder à la rupture » ;

    2° La seconde phrase du second alinéa est supprimée ;

    3° Sont ajoutés deux alinéas ainsi rédigés :

    « Les dispositions visées aux articles L. 1226-10 et L. 1226‑11 s'appliquent également aux salariés en contrat de travail à durée déterminée.

    « La rupture du contrat ouvre droit, pour le salarié, à une indemnité dont le montant ne peut être inférieur au double de celui de l'indemnité prévue à l'article L. 1234-9. Cette indemnité de rupture est versée selon les mêmes modalités que l'indemnité de précarité prévue à l'article L. 1243-8. »

    IV. – Au premier alinéa des articles L. 2412-2, L. 2412-3, L. 2412-4, L. 2412-7, L. 2412-8, L. 2412-9 et L. 2412-13 et aux articles L. 2412-5, L. 2412-6 et L. 2412-10 du même code, après le mot : « grave », sont insérés les mots : « ou de l'inaptitude constatée par le médecin du travail ».

    Article  42

    -L’article L. 1225-62 du code du travail est complété par un alinéa ainsi rédigé :

    « Au-delà de la période déterminée au premier alinéa, le salarié peut à nouveau bénéficier d’un congé de présence parentale, en cas de rechute ou de récidive de la pathologie de l’enfant au titre de laquelle un premier congé a été accordé, dans le respect des dispositions du présent article et des articles L. 1225-63 à L. 1225-65 

     Ecrit par Artémis dans   PROJETS ET LOIS


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  • Chômeurs,  allocataires du Rsa, agents de pôle emploi venez témoigner ici

    flute-enchantee-615.jpgLorsque nous lisons  les journaux tout semble aller pour le mieux avec le retour du soleil !

    L'emploi revient comme par miracle, les chômeurs  trouvent du travail ou  sont en formation, le pouvoir d'achat est quasi stable : bref  ,  un concert harmonieux   de flûtes enchantées ........

    Mais la réalité est autre   .

    • Les pauvres sont toujours aussi pauvres  voir  plus avec l'envolée des prix des denrées de base et de l'essence.
    • les chômeurs n'ont toujours pas d'emploi et se heurtent à de multiples difficultés et tracasseries administratives ,  bousculés par des agents de pôle Emploi qui eux mêmes sont pris dans un engrenage infernal du résultat et du chiffre.
    • Les mal logés sont toujours aussi mal logés , la loi Dalo étant  inéfficace au regard de l'ampleur  du problème.

    Le tout , sur fond de conflit international latent , de montée du racisme  et de la xénophobie en Europe, du Front National en France.

    je reproduis  ci - après un article  concernant les problèmes rencontrés par les agents de Pôle Emploi afin  que tous : employés de Pôle emploi et chômeurs puissent s'exprimer ici .

    Le malaise  des agents crée  le désarroi des  chômeurs et parfois des situations   qui débouchent sur l'exclusion sociale....... 

    Digoin. Les conseillers de l’agence locale dénoncent des conditions de travail déplorables.

    Pôle emploi : la crise interne

    16 avril 2011

    lejsl

    Le malaise couve depuis plusieurs mois déjà au Pôle emploi de Digoin. À bout, les agents dénoncent une surcharge de travail ainsi que des problèmes d’organisation et de management.

    Maladie. Depuis septembre 2009, onze agents des sites digoinnais du Pôle emploi se sont vu prescrire des arrêts. Surcharge. En moyenne, un conseiller doit gérer actuellement 242 dossiers de demandeurs d’emploi.

    Aujourd’hui je ne trouve plus goût, ni sens, à mon travail ». Cette réflexion vient de l’un des 35 conseillers du Pôle emploi Charolais-Brionnais. Elle résume assez bien l’état d’esprit qui règne actuellement dans les rangs de l’agence locale. Un sentiment de ras-le-bol, d’exaspération, d’incompréhension, de colère parfois, lié à une dégradation continue des conditions de travail. « Tout a commencé au moment de la fusion et la crise n’a fait qu’aggraver les choses », explique Vincent Kerlouégan, délégué syndical SNU.

    Suite à la hausse importante du nombre de chômeurs, chaque agent a vu son carnet de demandeurs d’emploi exploser. « Aujourd’hui, un conseiller a 242 demandeurs d’emplois à gérer. Il faudrait cinquante personnes de plus pour respecter le quota de 1 pour 60 fixé avant la fusion. » Impossible, dans ces conditions, d’effectuer du bon travail. C’est bien le cœur du problème. « Le métier perd en qualité. Les agents ne pensent plus pouvoir rendre un service correct aux usagers et perdent confiance en eux », raconte l’un d’eux, dans un cahier de doléances collectées par le syndicat SNU. 

    Un climat de tension 

    « Notre énergie est au service des chiffres et non plus des usagers », commente un autre. Pour beaucoup, c’est la sensation démotivante de ne plus assurer un vrai service public de qualité, d’être déboussolé. « On va dans tous les sens et on ne s’y retrouve plus. »

    Des problèmes matériels (logiciels et système informatique toujours en panne) et organisationnels (planning qui évolue sans cesse, déplacements incessants entre les deux sites digoinais) ajoute encore au stress et à l’anxiété. Un climat de tension qui génère un mal-être important et une souffrance de nombreux conseillers. « Depuis septembre 2009, onze conseillers ont été arrêtés pour raison de stress ou burn-out professionnel. Ça représente près de 30 % du personnel, c’est du jamais vu ! » s’indigne Vincent Kerlouégan. 

    Quid du management ?

    La directrice Patricia Cordier fait également l’objet de nombreux reproches. « Il y a des tensions exacerbées qui remontent à longtemps, explique le syndicaliste. La directrice a pris en grippe une partie de ses adjoints. » Certains dénoncent « un management par la terreur » et une « gestion désastreuse des ressources humaines ». Des accusations que Patricia Cordier dément formellement.

    Jeudi matin, le sous-préfet était interpellé sur la question. La réunion de crise organisée à Dijon n’a apporté « aucune réponse sur l’organisation et le management, conclut Vincent Kerlouégan. On veut des engagements de la direction pour retrouver une certaine sérénité au travail ». S’ils ne sont pas écoutés, d’autres actions sont déjà envisagées.

    emanuel daligand

    Le délégué syndical SNU Vincent Kerlouégan a interpellé le sous-préfet de Charolles, jeudi matin. Photo E. D.
    Photo: les syndicalistes interpellent le sous-préfet de Charolles (à droite)
     

     Ecrit par Artémis dans  http://emotions.20minutes-blogs.fr/                         


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  • A. — Le capitalisme prémonopoliste

    Chapitre 5 — La coopération capitaliste simple et la manufacture

    5.1. La coopération capitaliste simple.

    Le capitalisme se rend d’abord maître de la production telle qu’il la trouve, c’est-à-dire avec sa technique arriérée d’économie artisanale et petite-paysanne, et ce n’est que plus tard, à une phase supérieure de son développement, qu’il la transforme sur des bases économiques et techniques nouvelles.

    La production capitaliste commence là où les moyens de production sont détenus par des particuliers, et où les ouvriers privés des moyens de production sont obligés de vendre leur force de travail comme une marchandise. Dans la production artisanale et dans les petites industries des paysans se forment des ateliers relativement importants, qui appartiennent aux capitalistes. Ces derniers étendent la production, sans modifier au début ni les instruments, ni les méthodes de travail des petits producteurs. Cette phase initiale du développement de la production capitaliste s’appelle la coopération capitaliste simple.

    La coopération capitaliste simple est une forme de socialisation du travail dans laquelle le capitaliste exploite un nombre plus ou moins important d’ouvriers salariés occupés simultanément à un travail de même espèce. Cette coopération capitaliste simple apparaît lors de la désagrégation de la petite production marchande. Les premières entreprises capitalistes furent fondées par des marchands accapareurs, des usuriers, des maîtres-ouvriers et des artisans enrichis. Dans ces entreprises travaillaient des artisans ruinés, des apprentis, qui n’avaient plus la possibilité de devenir maîtres-ouvriers, des paysans pauvres.

    La coopération capitaliste simple présente des avantages sur la petite production marchande.

    La réunion de nombreux travailleurs dans une seule entreprise permet d’économiser les moyens de production. Construire, chauffer et éclairer un atelier pour vingt personnes coûte moins cher que construire et entretenir dix ateliers occupant chacun deux ouvriers. Les dépenses nécessitées par les outils, les entrepôts, le transport des matières premières et des produits finis, sont également réduites.

    Le fruit du travail d’un artisan pris à part dépend dans une large mesure de ses qualités individuelles : de sa force, de son habileté, de son art, etc. Dans le cadre d’une technique rudimentaire ces différences entre travailleurs sont très grandes. Déjà de ce seul fait la situation du petit producteur est extrêmement précaire. Les producteurs qui pour la fabrication d’une marchandise d’une seule et même espèce dépensent plus de travail qu’il n’en faut dans les conditions moyennes de la production, finissent inévitablement par se ruiner. Les ouvriers étant nombreux dans un atelier, les différences individuelles entre eux s’effacent. Le travail de chaque ouvrier s’écarte dans un sens ou dans l’autre du travail social moyen, mais le travail d’ensemble de nombreux ouvriers occupés simultanément correspond plus ou moins à la moyenne du travail socialement nécessaire. De ce fait, la production et la vente des marchandises d’un atelier capitaliste deviennent plus régulières et plus stables.

    La coopération simple permet une économie de travail, un accroissement de la productivité du travail.

    Prenons un exemple : la transmission de briques de la main à la main par des ouvriers faisant la chaîne. Chaque travailleur accomplit ici les mêmes mouvements, mais ses actes font partie d’une seule opération commune. Résultat : le travail va beaucoup plus vite que si le transport des briques était effectué par chacun pris à part. Dix personnes travaillant ensemble produisent, pendant une journée de travail, plus que ces mêmes dix personnes travaillant isolément ou qu’une seule personne travaillant pendant dix journées de même durée.

    La coopération permet de conduire des travaux simultanément sur une grande superficie, par exemple : l’assèchement de marais, la construction de barrages, de canaux, de voies ferrées ; elle permet également de dépenser sur un espace réduit une grande quantité de travail, par exemple, pour la construction d’édifices ou pour les cultures agricoles qui réclament beaucoup de travail.

    La coopération a une grande importance dans les branches de la production où des travaux doivent être exécutés rapidement, par exemple, pour la rentrée des récoltes, la tonte des moutons, etc. L’emploi simultané d’un grand nombre d’ouvriers permet d’accomplir rapidement ce genre de travaux et d’éviter par là de grosses pertes.

    Ainsi, la coopération a engendré une nouvelle force productive sociale du travail. Déjà la simple réunion des efforts de divers travailleurs aboutissait à l’accroissement de la productivité du travail. Cela permettait aux propriétaires des premiers ateliers capitalistes de fabriquer à meilleur compte les marchandises et de concurrencer avec succès les petits producteurs. Accaparés gratuitement par les capitalistes, les résultats de la nouvelle force productive sociale du travail servaient à leur enrichissement.

    5.2. La phase manufacturière du capitalisme.

    Le développement de la coopération capitaliste simple a amené la naissance des manufactures. La manufacture est la coopération capitaliste fondée sur la division du travail et la technique artisanale. La manufacture, comme forme du processus de production capitaliste, a dominé en Europe occidentale à peu près depuis la moitié du 16e siècle jusqu’au dernier tiers du 18e siècle.

    Le passage à la manufacture s’est effectué selon deux voies différentes.

    La première, c’est la réunion par le capitaliste, dans un seul atelier, d’artisans de différentes spécialités. C’est ainsi qu’est née, par exemple, la manufacture de la carrosserie, qui groupait dans un même local des artisans autrefois indépendants : charrons, selliers, tapissiers, serruriers, chaudronniers, tourneurs, passementiers, vitriers, peintres, vernisseurs, etc. La fabrication des carrosses comporte un grand nombre d’opérations qui se complètent les unes les autres, et dont chacune est exécutée par un ouvrier. Cela étant, le caractère antérieur du travail artisanal se modifie. Par exemple, l’ouvrier serrurier ne s’occupe alors, pendant un temps assez long, que d’une opération déterminée dans la fabrication des carrosses et cesse peu à peu d’être le serrurier qui, autrefois, fabriquait lui-même une marchandise finie.

    La seconde voie, c’est la réunion par le capitaliste, dans un seul atelier, d’artisans d’une seule spécialité. Auparavant, chacun des artisans accomplissait lui-même toutes les opérations nécessitées par la fabrication d’une marchandise donnée. Le capitaliste décompose le processus de production dans l’atelier en une suite d’opérations dont chacune est confiée à un ouvrier spécialiste. C’est ainsi qu’est apparue, par exemple, la manufacture d’aiguilles. Le fil de fer y passait par les mains de 72 ouvriers et même plus : l’un étirait le fil, l’autre le redressait, un troisième le sectionnait, un quatrième taillait la pointe, etc.

    La division manufacturière du travail est une division du travail à l’intérieur de l’entreprise lors de la fabrication d’une seule et même marchandise à la différence de la division du travail dans la société entre les différentes entreprises lors de la fabrication de marchandises différentes.

    La division du travail à l’intérieur de la manufacture suppose la concentration des moyens de production entre les mains du capitaliste qui est en même temps le propriétaire des marchandises fabriquées. L’ouvrier salarié, contrairement au petit producteur, ne fabrique pas lui-même la marchandise ; seul le produit commun du travail de plusieurs ouvriers se convertit en marchandise. La division du travail à l’intérieur de la société suppose la dissémination des moyens de production entre des producteurs isolés, indépendants les uns des autres. Les produits de leur travail, par exemple de celui du menuisier, du peaussier, du cordonnier, du cultivateur, se présentent comme des marchandises, et le lien entre les producteurs indépendants s’établit par le marché.

    L’ouvrier qui accomplit dans la manufacture une opération particulière de la fabrication d’une marchandise, devient un ouvrier parcellaire. Répétant sans cesse une opération simple, toujours la même, il dépense moins de temps et de force que l’artisan qui exécute tour à tour une série d’opérations diverses. D’autre part, avec la spécialisation, le travail devient plus intensif. Auparavant, l’ouvrier dépensait une certaine quantité de temps pour passer d’une opération à une autre, pour changer d’outil. Dans la manufacture, ces pertes de temps étaient moindres. Peu à peu la spécialisation s’est étendue non seulement à l’ouvrier, mais aussi aux instruments de production qui se perfectionnaient, s’adaptaient de plus en plus à l’opération partielle à laquelle ils étaient destinés.

    Tout cela devait aboutir à un nouvel accroissement de la productivité du travail.

    La fabrication des aiguilles en est un exemple frappant. Au 18e siècle, une petite manufacture avec 10 ouvriers produisait, en appliquant la division du travail, 48 000 aiguilles par jour, soit 4 800 aiguilles par ouvrier. Or, sans la division du travail, un ouvrier n’aurait même pas pu produire 20 aiguilles par jour.

    La spécialisation du travail dans la manufacture, comportant la répétition constante des mêmes mouvements peu compliqués, mutilait l’ouvrier physiquement et moralement. Il y eut des ouvriers à la colonne vertébrale déviée, à la cage thoracique comprimée, etc. Ainsi, la productivité du travail dans la manufacture augmentait au prix de la mutilation de l’ouvrier.

    Elle [la manufacture] estropie le travailleur, elle fait de lui quelque chose de monstrueux en activant le développement factice de sa dextérité de détail, en sacrifiant tout un monde de dispositions et d’instincts producteurs.
    ( K. Marx, Le Capital, livre 1, t. 2, p. 49. )

    Les ouvriers des manufactures étaient l’objet d’une exploitation féroce. La journée de travail atteignait jusqu’à 18 heures et plus ; le salaire était extrêmement bas ; l’immense majorité des ouvriers des manufactures était sous-alimentée ; la nouvelle discipline capitaliste du travail était inculquée par des mesures implacables de coercition et de violence.

    La division manufacturière du travail, écrivait Marx,

    crée des circonstances nouvelles qui assurent la domination du capital sur le travail. Elle se présente donc et comme un progrès historique, une phase nécessaire dans la formation économique de la société, et comme un moyen civilisé et raffiné d’exploitation.
    ( K. Marx, ibidem, p. 53. )

    Dans les sociétés esclavagiste et féodale, il existait deux formes de capital — le capital commercial et le capital usuraire.

    La naissance de la production capitaliste marquait le début du capital industriel. Le capital industriel est le capital engagé dans la production des marchandises. Un des traits caractéristiques de la phase manufacturière du capitalisme est le lien étroit et indissoluble entre le capital commercial et le capital industriel. Le propriétaire d’une manufacture a presque toujours été aussi un accapareur. Il revendait les matières premières aux petits producteurs, distribuait des matériaux à domicile pour les faire transformer, ou bien il achetait aux petits producteurs des éléments d’articles manufacturés, pour les revendre. La vente des matières premières et l’achat du produit se mêlaient à une exploitation usuraire. Cela avait pour effet d’aggraver considérablement la situation du petit producteur, aboutissait à la prolongation de la journée de travail, à la baisse des salaires.

    5.3. Le mode capitaliste du travail à domicile.

    Dans la phase manufacturière du capitalisme, la distribution de travail à domicile prit une large extension.

    Le travail à domicile pour le capitaliste consiste à transformer, pour un salaire aux pièces, les matériaux reçus de l’entrepreneur. Cette forme d’exploitation se rencontrait parfois déjà au temps de la coopération simple. Elle a lieu aussi dans la phase de la grande industrie mécanisée, mais elle caractérise précisément la manufacture. Le travail à domicile pour le capitaliste apparaît ici comme un appendice de la manufacture.

    La division manufacturière du travail décomposait la production de chaque marchandise en un certain nombre d’opérations séparées. Souvent l’accapareur manufacturier trouvait avantageux de fonder un petit atelier où ne s’opérait que l’assemblage ou la finition de la marchandise. Toutes les opérations préparatoires étaient exécutées par des artisans à domicile, mais ceux-ci n’en étaient pas moins sous la dépendance absolue des capitalistes. Souvent les artisans, disséminés dans les villages, ne traitaient pas avec le propriétaire de l’atelier, mais avec des maîtres-ouvriers intermédiaires qui les exploitaient à leur tour.

    Les artisans travaillant à domicile recevaient du capitaliste un salaire de beaucoup inférieur à celui de l’ouvrier occupé dans l’atelier du capitaliste. L’industrie attirait les masses de paysans que le besoin d’argent contraignait à chercher un gagne-pain auxiliaire. Pour gagner une petite somme d’argent, le paysan s’épuisait et faisait travailler tous les membres de sa famille. Une journée de travail excessivement longue, des conditions de travail nuisibles à la santé, l’exploitation la plus impitoyable, tels sont les traits distinctifs du travail capitaliste à domicile.

    Ces traits sont caractéristiques des nombreux métiers artisanaux de la Russie tsariste. Les accapareurs, devenus en fait les maîtres des industries artisanales du village ou du district, pratiquaient largement la division du travail parmi les artisans. Par exemple, dans l’établissement des Zavialov, à Pavlovo (dont l’atelier d’assemblage, entre 1860 et 1870, occupait plus de 100 ouvriers) un simple canif passait par les mains de 8 à 9 artisans. Forgeron, coutelier en lames, emmancheur, trempeur, polisseur, finisseur, affileur, marqueur travaillaient à sa fabrication. Un grand nombre d’ouvriers parcellaires étaient occupés, non dans l’atelier du capitaliste, mais à domicile. De même étaient organisées la fabrication des voitures, du feutre, les industries travaillant le bois, la cordonnerie, la boutonnerie, etc.

    De nombreux exemples d’exploitation féroce des artisans ont été cités par Lénine dans son ouvrage Le Développement du capitalisme en Russie. Ainsi, dans la province de Moscou, vers 1880, 37 500 ouvrières travaillaient au dévidage des filés de coton, au tricotage et à d’autres métiers de femmes. Les enfants commençaient à travailler à 5 ou 6 ans. Le salaire moyen était de 13 kopeks par jour ; la journée de travail atteignait 18 heures.

    5.4. Le rôle historique de la manufacture.

    La manufacture a été la transition entre la petite production artisanale et la grande industrie mécanisée. La manufacture se rapprochait de l’artisanat parce qu’elle avait à sa base la technique manuelle, et de la fabrique capitaliste, parce qu’elle était une forme de grande production fondée sur l’exploitation des ouvriers salariés.

    La division manufacturière du travail représentait un grand pas en avant dans le développement des forces productives de la société. Cependant la manufacture, basée sur le travail manuel, était incapable de supplanter la petite production. Un fait est typique de la manufacture capitaliste : c’est le petit nombre des établissements relativement importants et le grand nombre de petits établissements. Les manufactures fabriquaient une partie des marchandises, mais l’immense majorité de celles-ci était fournie, comme auparavant, par les artisans qui se trouvaient, à divers degrés, sous la dépendance des accapareurs capitalistes, des distributeurs et des manufacturiers. La manufacture ne pouvait donc embrasser la production sociale dans toute son étendue. Elle était une sorte de superstructure ; la base demeurait comme avant la petite production avec sa technique rudimentaire.

    Le rôle historique de la manufacture a été de préparer les conditions du passage à la production mécanique. À cet égard, trois circonstances apparaissent particulièrement importantes. Premièrement, la manufacture, en portant à un haut degré la division du travail, a simplifié beaucoup d’opérations. Elles se ramenaient à des mouvements si simples qu’il devint possible de substituer la machine à l’ouvrier. En second lieu, le développement de la manufacture a abouti à la spécialisation des instruments de travail, à leur perfectionnement considérable, ce qui a permis de passer des outils manuels aux machines. Troisièmement, la manufacture a formé des cadres d’ouvriers habiles pour la grande industrie mécanique, grâce à leur spécialisation prolongée dans l’exécution de différentes opérations.

    La petite production marchande, la coopération capitaliste simple et la manufacture avec son appendice : le travail à domicile pour le capitaliste, sont actuellement très répandues dans les pays économiquement arriérés et sous-développés, tels que l’Inde, la Turquie, l’Iran, etc.

    5.5. La différenciation de la paysannerie. Le passage de l’économie fondée sur la corvée à l’économie capitaliste.

    Dans la phase manufacturière du développement du capitalisme, l’industrie s’est de plus en plus séparée de l’agriculture. La division sans cesse accrue du travail avait pour résultat que, non seulement les produits de l’industrie, mais aussi ceux de l’agriculture se convertissaient en marchandises. Il s’effectuait dans l’agriculture une spécialisation des régions suivant les cultures et les branches agricoles. On a vu se former des régions d’agriculture commerciale : lin, betterave à sucre, coton, tabac, lait, fromage, etc. C’est sur cette base que se développait l’échange non seulement entre l’industrie et l’agriculture, mais aussi entre les différentes branches de la production agricole.

    Plus la production marchande pénétrait dans l’agriculture, et plus la concurrence se renforçait entre les agriculteurs. Le paysan tombait de plus en plus dans la dépendance du marché. Les variations spontanées des prix du marché renforçaient et aggravaient l’inégalité matérielle entre les paysans. Des disponibilités de monnaie s’accumulaient entre les mains des couches aisées de la campagne. Cette monnaie servait à asservir, à exploiter les paysans non possédants ; elle se transformait en capital. Un des moyens de cet asservissement était l’achat à vil prix des produits du travail paysan. La ruine des paysans atteignait peu à peu un tel degré que beaucoup d’entre eux étaient obligés d’abandonner totalement leur exploitation et de vendre leur force de travail.

    Ainsi, avec le développement de la division sociale du travail et l’accroissement de la production marchande, s’opérait une différenciation de la paysannerie ; des rapports capitalistes s’établissaient à la campagne, on y voyait apparaître de nouveaux types sociaux de population rurale, qui formaient les classes de la société capitaliste : la bourgeoisie rurale et le prolétariat agricole.

    La bourgeoisie rurale (les koulaks) pratique une économie marchande en employant le travail salarié, en exploitant les ouvriers agricoles permanents, et encore davantage les journaliers et les autres ouvriers temporaires engagés pour les travaux agricoles saisonniers. Les koulaks détiennent une part considérable de la terre (y compris la terre affermée), des bêtes de trait, des produits agricoles. Ils possèdent également des entreprises pour la transformation des matières premières, des moulins, des batteuses, des reproducteurs de race, etc. Au village, ils jouent généralement le rôle d’usuriers et de boutiquiers. Tout cela sert à exploiter les paysans pauvres et une partie considérable des paysans moyens.

    Le prolétariat agricole est constitué par la masse des ouvriers salariés qui ne possèdent pas de moyens de production et sont exploités par les propriétaires fonciers et la bourgeoisie rurale. C’est de la vente de sa propre force de travail que le prolétaire agricole tire surtout sa subsistance. Le représentant typique du prolétariat rural est l’ouvrier salarié pourvu d’une parcelle de terre. L’exploitation de son minuscule lopin de terre, l’absence de bêtes de trait et de matériel agricole contraignent fatalement ce paysan à vendre sa force de travail.

    Le paysan pauvre s’apparente au prolétariat agricole. Il possède peu de terre et peu de bétail. Le blé qu’il produit ne suffit pas à le nourrir. L’argent nécessaire pour manger, se vêtir, pour tenir le ménage et payer les impôts, il est obligé de le gagner surtout en se louant. Il a déjà cessé ou presque d’être son maître pour devenir un semi-prolétaire rural. Le niveau de vie du paysan pauvre, comme celui du prolétaire rural, est très bas et même inférieur à celui de l’ouvrier industriel. Le développement du capitalisme dans l’agriculture aboutit à grossir de plus en plus les rangs du prolétariat rural et de la paysannerie pauvre.

    La paysannerie moyenne occupe une position intermédiaire entre la bourgeoisie rurale et les paysans pauvres.

    Le paysan moyen exploite son terrain sur la base de ses propres moyens de production et de son travail personnel. Le travail qu’il fournit ne pourvoit à l’entretien de sa famille que si les conditions sont favorables. De là sa situation précaire.

    Par ses rapports sociaux, ce groupe oscille entre le groupe supérieur — autour duquel il gravite et où seule une faible minorité de favorisés réussit à pénétrer —, et le groupe inférieur où le pousse toute l’évolution sociale.

    ( V. Lénine, « Le développement du capitalisme en Russie », Œuvres, t. 3, p. 188. )

    Et c’est la ruine, le « lessivage » de la paysannerie moyenne.

    Les rapports capitalistes dans l’agriculture des pays bourgeois s’entremêlent avec des survivances du servage. La bourgeoisie, en accédant au pouvoir, n’a pas supprimé dans la plupart des pays la grande propriété féodale. Les exploitations des propriétaires fonciers s’adaptaient progressivement au capitalisme. La paysannerie, libérée du servage, mais dépouillée d’une notable partie des terres, étouffait du manque de terre. Elle se vit obligée d’en louer au propriétaire foncier à des conditions asservissantes.

    En Russie, par exemple, après la réforme de 1861, la forme d’exploitation la plus répandue des paysans par les propriétaires fonciers était la redevance en travail : le paysan, à titre de fermage ou pour acquitter un emprunt de servitude, était astreint à travailler sur le domaine du propriétaire foncier, en employant ses propres moyens de production, ses animaux de trait et son matériel primitif.

    La différenciation de la paysannerie sapait les fondements de l’économie féodale fondée sur les redevances en travail, sur l’exploitation du paysan économiquement dépendant, sur une technique arriérée. Le paysan aisé pouvait louer de la terre contre de l’argent ; aussi n’avait-il pas besoin d’un bail asservissant pour faire face aux redevances. Le paysan pauvre ne pouvait pas non plus s’adapter à ces redevances, mais cette fois pour une autre raison : n’ayant pas de moyens de production, il devenait ouvrier salarié. Le propriétaire foncier pouvait utiliser principalement pour les redevances en travail la paysannerie moyenne. Mais le développement de l’économie marchande et de l’agriculture commerciale en ruinant la paysannerie moyenne, sapait le mode d’exploitation fondé sur les redevances ou prestations. Les propriétaires fonciers multipliaient l’emploi du travail salarié, qui était plus productif que le travail du paysan dépendant ; l’importance du système capitaliste d’exploitation augmentait, tandis que celle du système des redevances déclinait. Mais les redevances, en tant que survivance directe de la corvée, demeurent encore longtemps à côté du système d’exploitation capitaliste.

    5.6. La formation du marché intérieur pour l’industrie capitaliste.

    Avec le développement du capitalisme dans l’industrie et dans l’agriculture, se formait un marché intérieur.

    Déjà dans la phase manufacturière, une série de nouvelles branches de la production industrielle avaient fait leur apparition. De l’agriculture se détachaient l’une après l’autre les différentes formes de traitement industriel des matières premières agricoles. Parallèlement au progrès de l’industrie augmentait la demande des produits agricoles. Le marché prenait donc de l’extension ; les régions qui s’étaient spécialisées, par exemple, dans la production du coton, du lin, de la betterave à sucre, de même que dans l’élevage du bétail de rapport, demandaient du blé. L’agriculture augmentait sa demande d’articles industriels variés.

    Le marché intérieur pour l’industrie capitaliste se crée grâce au développement même du capitalisme, par la différenciation des petits producteurs.

    La séparation du producteur direct d’avec les moyens de production, c’est-à-dire son expropriation, qui marque le passage de la simple production marchande à la production capitaliste (et qui constitue la condition indispensable de ce passage), crée le marché intérieur.

    ( V. Lénine, « Le développement du capitalisme en Russie », Œuvres, t. 3, p. 60. )

    La création du marché intérieur revêtait un double caractère. D’une part, la bourgeoisie des villes et des campagnes présentait une demande de moyens de production : instruments perfectionnés de travail, machines, matières premières, etc. nécessaires pour agrandir les entreprises capitalistes existantes et en construire de nouvelles. Elle accroissait également sa demande d’objets de consommation. D’autre part, l’augmentation des effectifs du prolétariat industriel et agricole, étroitement liée à la différenciation de la paysannerie, s’accompagnait d’une demande accrue de marchandises constituant les moyens de subsistance de l’ouvrier.

    Les manufactures, fondées sur une technique primitive et sur le travail manuel, étaient incapables de satisfaire la demande croissante de marchandises industrielles que présentait le marché en extension. C’était une nécessité économique de passer à la grande production mécanisée.

    Résumé du chapitre 5

    1. La coopération capitaliste simple est une forme de production fondée sur l’exploitation par le capitaliste isolé d’un nombre plus ou moins important d’ouvriers salariés occupés simultanément à un travail identique. Elle permettait d’économiser les moyens de production, créait une nouvelle force sociale productive du travail, diminuait la dépense de travail par unité de produit fabriqué. Les résultats de l’augmentation de la force productive du travail social étaient accaparés gratuitement par les capitalistes.

    2. La manufacture est la grande production capitaliste, fondée sur la technique manuelle et la division du travail entre ouvriers salariés. La division manufacturière du travail augmentait sensiblement la productivité du travail et mutilait du même coup l’ouvrier salarié, qu’elle vouait à un développement extrêmement unilatéral. La manufacture a créé les conditions nécessaires au passage à la grande industrie mécanique.

    3. Le développement de la production marchande aboutit à la différenciation de la paysannerie. Les couches supérieures peu nombreuses de la campagne rejoignent les rangs de la bourgeoisie ; une partie importante des paysans rejoint les rangs du prolétariat urbain et rural ; la masse des paysans pauvres augmente ; la vaste couche intermédiaire de la paysannerie moyenne se ruine. La différenciation de la paysannerie sape les fondements du système des redevances en travail. Les propriétaires fonciers passent de plus en plus de l’exploitation par corvées à l’exploitation capitaliste.

    4. C’est le développement du capitalisme lui-même qui crée le marché intérieur. L’extension du marché intérieur signifiait une demande croissante de moyens de production et de moyens de subsistance. La manufacture fondée sur une technique arriérée et sur le travail manuel était incapable de satisfaire la demande de marchandises industrielles que présentait le marché en extension. La nécessité s’affirme de passer à l’industrie mécanique.


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  • Ce n'est plus une fracture   sociale mais un gouffre ...créé par ce que je nomme l'apartheid social ..

    Cet apartheid social est la conséquence d'une stigmatisation généralisée de toutes les composantes de la société dont nous ne pouvons pas maîtriser les problématiques. Stigmatiser c'est blâmer publiquement, dénoncer, condamner avec force.Stigmatiser  c'est également , aujourd'hui plus qu'hier , montrer du doigt ,  désigner  tel ou tel  comme coupable  en faisant des amalgames  qui ne reposent sur aucun fondement vérifiable  et quantifiable.La stigmatisation qui est une forme manifeste de discrimination doit être combattue aussi énergiquement que le racisme et le "négationnisme".Il suffit d' écouter les discours  de nos politiques, de prendre connaissance des dispositions qu'ils mettent en place, de lire  certains médias , de surfer sur le net pour s'apercevoir  que la stigmatisation envahit notre vie quotidienne et obscurcit  notre esprit critique.Sont victimes  de cette stigmatisation notamment  :
    • les Rmistes  ou maintenant titulaires du Rsa ou minima sociaux  auxquels on associe  la fainéantise et la fraude
    • les chômeurs  auxquels on associe  le laxisme  pour  retouvrer un emploi  et également  la fainéantise
    • les étrangers et immigrés  qui  sont accusés  de manger le pain des français  , de prendre leurs emplois , d'être en fait la cause   essentielle du chômage
    • les musulmans  auxquels on associe  le fondamentalisme , l'intégrisme et le terrorisme
    • les habitants des banlieues  qu'on assimile  à des délinquants
    • les employeurs qu'on considère  tous comme des  patrons voyous   sans moralité ni humanité  etc..
    dispute.gifQue peut on répondre à un homme qui décrète qu'un noir est différent d'un blanc ? Ce qu'il dit est vrai : la couleur de peau est différente  c'est une évidence  mais On peut lui répondre qu'il  fait de la discrimination.. Considérer que chaque personne  a le droit de ne pas être stigmatisée c'est à mon sens la mesure la plus efficace pour régler les problèmes.

    Pourquoi ?
    Parce que cette position éviterait la politique de l'autruche pratiquée par tous les partis au pouvoir depuis trente ans, la  politique qui consiste à dresser les gens les uns contre les autres  pour mieux éluder ou botter en touche  les réels problèmes.
    Elle permettrait de généraliser  un climat  de confiance  et d'éviter   de dépenser des sommes exorbitantes  en contrôles tout azimut. Elle libérerait   ces deniers "gaspillés "  qui proviennent  ne l'oublions pas de nos impôts  pour des actions  de formation, d'organisation et d'information. Nous vivons dans un pays qui n'utilise plus son intelligence créatrice pour résoudre ses problèmes, mais fait appel aux  sentiments les plus vils  des uns et des autres  pour  stigmatiser .... c'est tellement plus confortable .....

    Un allocataire du Rsa  est avant une personne  qui a eu un accident de la vie , une personne  qui a besoin  de respect  pour retrouver l'estime de soi et pouvoir ainsi s'accrocher pour rebondir. Un chômeur est une personne  autonome qui est  capable de s'auto-gérer, qui a besoin  d'être considéré comme un acteur  de la vie sociale et non comme un fardeau , qui a besoin d'informations et de formation dans le respect  de son parcours personnel. La politique d'humiliation permanente qui consiste à  soumettre à des contrôles incessants  les  titulaires du Rsa,  les chômeurs et d'une manière générale les personnes rencontrant des problèmes financiers  ne" fabrique" que des zombis dépressifs. Image_RCA_RSA_fraudes.jpg
    source
    Dans le même esprit le cliché du patron voyou,  fait ignorer la réalité d'une majorité de petits commerçants, d'artisans ou de petites entreprises croulant sous des charges sociales et  matérielles sans aucune aide des banques et ce  l'état.

    L'image du fonctionnaire parasite qui dort sur son bureau, du flic facho, nous font haïr bien des personnes qui  souvent rencontrent de grandes difficultés pour remplir correctement leur fonction , "tiraillées " entre leur éthique personnelle et les directives  de leur hiérarchie ! Bien sur il y a des scandales, des abus, des zones de non droit, les  profiteurs et les corrompus, les sans morale et les voyous  qu'ils soient en col blanc ou non mais  ils restent minoritaires . Aussi est il  intolérable  d'ignorer la très grande majorité des honnêtes gens qui vivent dans ce pays en mettant en exergue les actes  de quelques uns.

    L'économie c'est avant tout un espace d'échange qui se nourrit de confiance. C'est en reconnaissant  l'existence  d'un apartheid social qui discrimine notamment  les chômeurs, les  titulaires des minima sociaux, les pauvres , les étrangers, les personnes en   situation de précarité , les femmes, les homosexuels, les croyants, "les personnes âgées au "minimum vieillesse", les handicapés, les originaux.... que nous pourrons commencer à réfléchir sainement  pour  trouver les solutions idoines. Tout le monde aspire à mieux vivre mais aussi à participer au bien être collectif. La déclaration des droits de l'homme , notre devise nationale  "Liberté, égalité, fraternité"  refusent  la stigmatisation et l'apartheid  social. Oublier ce principe fondamental  c'est mourir , car un peuple n'existe que par la noblesse de ses objectifs.
    Extrait d'un texte D' ALEXANDRE COMETTI  artiste photographe qui  se considère  comme victime de la stigmatisation car Alexandre :
    • est  un artiste (soupçon de volonté de ne pas vouloir travailler )
    • a  un nom  Italien (soupçon d'immigration)
    • est titulaire du RSA (soupçon de Fraude),
    • est "beau" (soupçon  d'homosexualité)
    • a un physique " ténébreux"  ( soupçon d'être Arabe, Juif ou étranger suivant les phobies, origines ou opinions de ses accusateurs)
    • est un homme  ( soupçon de mysoginie)
    • écrit des articles avec une liberté et une indépendance d'esprit (soupçon d'être un anarchiste, un gauchiste, un sarkozyste, un fasciste, un centriste, suivant la teneur de ses articles et/ou  opinions politiques de ses accusateurs)

    Retrouver  Alexandre  sur facebook ou sur son site

    Ecoutez  Brassens   vous comprendrez


    Georges Brassens - La mauvaise réputation (live) par vodka33

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  • Lors de la dernière réunion du 5 avril dernier du Conseil d’Administration de la CNAF, la question de la lutte contre la fraude aux allocations a été une nouvelle fois abordée. C’est par les médias que les administrateurs ont appris la décision de Bachelot de lancer une opération de coopération renforcée pour lutter contre les fraudes aux prestations versées par les CAF.

    Il s’agit d’une manœuvre gouvernementale qui consiste à expérimenter avec 13 CAF sur 4 mois, munies d’une feuille de route ciblée
    émanant du ministère, le fichage de quelques allocataires soupçonnés de fraude.
    Cent millions d’euros sont ainsi susceptibles d’être récupérés pour cette opération coup de poing qui visent 5 types de fraudes : le travail dissimulé, le logement fictif, la fausse résidence, l’emploi fictif de « nounou », la réalité de l’isolement.

    De nouveau, un amalgame volontaire assimile les indus à une suspicion de fraude pour justifier un renforcement de sanctions et de surveillance. Cibler des familles aux revenus le plus souvent très modestes en oubliant que la fraude par les employeurs se chiffre en plusieurs milliards d’euros relève d’une stigmatisation inacceptable. Bachelot défend et applique avec zèle la RGPP ayant pour conséquence le sabotage des services publics pour les concéder partiellement ou totalement au secteur privé.

    Cette initiative gouvernementale s’inscrit dans un climat d’une politique extrémiste ambiante. Des directives ont apparemment été données pour qu’une sévérité accrue soit la règle. Cet acharnement justifie également la généralisation de croisements de fichiers informatiques, à l’insu des intéressés.

    La CGT ne peut que condamner ces directives contraires à une justice sociale raisonnée et aux principes des libertés fondamentales. Opposée à la fraude avérée et organisée, la CGT demande qu’une véritable politique préventive soit la règle de fonctionnement des CAF pour répondre à une réglementation complexe et mouvante. Cela exige la réouverture immédiate et amplifiée de tous les points d’accueil physique et téléphonique actuellement fermés au public, l’embauche de personnel qualifié en CDI dans le domaine des prestations et de l’action sociale familiale pour que le traitement des dossiers soit effectué dans des délais n’occasionnant qu’un minimum d’indus, que l’architecture informatique réponde aux besoins recensés, facilitatrice des procédures de liquidation, de communication, de contrôle et non de flicage systématique des individus et leur famille.

    Montreuil, le 15 avril 2011

    Communiqué des Administrateurs Cgt de la Cnaf


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