• L’indépendance et le coup d’arrêt porté par Dilma. (La Jornada)

    Angel GUERRA CABRERA

    La seconde indépendance de l’Amérique Latine est probablement l’un des faits géopolitiques les plus importants au niveau mondial dans les quinze dernières années. C’est ce que souligne Mark Weisbrost, bon analyste étatsunien. C’est ce que nous disons en termes similaires depuis deux lustres.

    L’Amérique Latine et les Caraïbes forment aujourd’hui la région la plus indépendante de la planète, avant-garde à l’échelle internationale de la lutte contre le néo-libéralisme, pour la démocratie participative, pour la justice sociale, les droits de peuples originaires, et pour une relation amoureuse et harmonieuse avec la Nature. La la récupération par les gouvernements boliviens, équatorien et vénézuélien du Sumak Kawsay andin,« vivre bien » en quechua, constitue une avancée philosophique et de civilisation de proportions gigantesques qui pourrait servir de base à la construction de sociétés fort éloignées de la dégradation écologique et du consumérisme.

    Il est évident que ce monde arrivera plus tôt si un plus grand nombre de pays rejettent les politiques du concensus de Washington pour qu’il soit possible de construire, comme le propose l’ALBA, une zone économique latino-caribéenne qui gagne peu à peu en autonomie par rapport au marché capitaliste mondial.

    Nous n’oublions pas que plusieurs pays et non des moindres, restent gouvernés par la droite : Mexique, Costa-Rica, Panama, Colombie, Pérou, Chili, mais il faut bien qu’ils se fassent à cette nouvelle réalité comme le prouve leur adhésion aux institutions d’unité et intégration régionale comme l’Unasur et la CELAC. Ce n’est pas un hasard, pour citer un fait récent, si aucun d’entre eux n’a souscrit la déclaration des 25 pays présentée par Washington et exigeant une réponse internationale forte à la Syrie supposée avoir utilisé l’arme chimique.

    L’élection d’Hugo Chavez à la tête du Vénézuéla en 1998 a été le premier fait marquant cette étape pour la seconde indépendance de l’Amérique Latine. Le rejet de l’ALCA de Bush au sommet des Amériques de Mar Del Plata en 2005, rejet exprimé par Chavez à la tête de plusieurs présidents sud-américains constitué également un point déterminant.

    Les gestes d’indépendance et de dignité de la part d’un dirigeant latino-caribéen sont chaque fois plus fréquents. Cette semaine, nous pouvons admirer celui de la présidente du Brésil, Dilma Roussef annulant totalement la visite détat qu’elle devait réaliser aux USA fin octobre. Le fait surprend mais elle a averti Obama à plusieurs reprises, y compris au cours de leur rencontre pendant le G20, qu’elle n’irait pas si des explications complètes et des excuses écrites n’étaient pas présentées suite au scandale d’espionnage de ses lignes téléphoniques et courrier personnels, ceux de différents responsables et entreprises brésiliennes comme Pétrobras, dénoncées par l’informaticien Edward Snowden.

    Dilma nous a raconté son entrevue avec Obama : « je lui ai dit de tout m’expliquer, tout, everything en anglais, » Elle a ensuite déclaré : « les pratiques illégales d’interception des communications et des données de citoyens, d’entreprises et de membres du gouvernement brésiliens constituent un fait grave, attentatoire à la souveraineté nationale et aux droits individuels, ces fait sont incompatibles avec la coexistence démocratique de pays amis ».

    Le fait est d’autant plus notoire qu’une visite d’état, dans le protocole yanqui n’est pas une simple visite officielle, c’est un honneur conféré à bien peu de dignitaires étrangers et jusque là, il n’avait été refusé par personne. Il montre la hauteur du rejet de Dilma à la violation de la souveraineté de son pays.

    Ce n’est un secret pour personne comme le note Weisbrost, Washington considère le virage à gauche de la région -et l’indépendance consolidée par des gouvernements de gauche- comme un changement temporaire qui peut être retourné. Il donne l’exemple de l’appui état-unien aux coups d’état du Honduras et du Paraguay, et en général le peu de concrétisation dans les faits des promesses faites à l’Amérique Latine par le candidat à la présidence de 2009.

    Les États-Unis n’acceptent pas l’Amérique Latine indépendante. Le coup d’état contre Chavez en 2002, les expériences actuelles de déstabilisation de Caracas, les essais manqués contre Morales, la tentative de meurtre visant Correa, nous le rappellent, la surenchère quotidienne de l’armée des médias du pentagone contre les gouvernements indépendants de la région (au premier rang de laquelle on trouve tous les contre-révolutionnaires cubains qui paradent sur Cnn en esp), nous le montrent chaque jour.

    Ángel Guerra Cabrera

    La Jornada (mx) 19/09/13

    * http://www.jornada.unam.mx/2013/09/19/mundo/036a1mun
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    http://www.legrandsoir.info/l-independance-et-le-coup-d-arret-porte-par-dilma.html

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  • Syrie : pourquoi la guerre et pourquoi maintenant ?

    Ali Akika

    Les grands évènements de l’histoire, comme la chute des empires ou l’émergence de nouvelles puissances, ne résultent pas de petits accidents, ils sont plutôt engendrés par les volcans dont la grande histoire a le secret. Ainsi, ce n’est pas un hasard si la chute de Grenade (1492) a eu lieu au moment de la découverte de l’Amérique (1492). Ce n’est pas non plus un hasard si c’est un Italien, Christophe Colomb (du pays de la Renaissance en Europe) qui fut armé par la puissante Espagne pour aller à la découverte du nouveau monde.

    Ces deux faits historiques nous ont fait assister à la naissance d’un nouveau mode de production, le capitalisme qui ouvre de nouveaux horizons balayant tout sur son passage par le feu et le fer. Les Indiens et les esclaves africains en savent quelque chose. Mais l’empire « arabo-musulman », stagnant dans le mode de production féodal avec son cortège de déchirures internes, va lui aussi en faire les frais et connaître son crépuscule (voir Ibn Khaldoun sur la décadence des sociétés). Les évènements auxquels nous assistons aujourd’hui dans le monde arabe sont aussi les produits de bouleversements de même nature que ceux que nous venons de décrire. Il faut bien entendu tenir compte de certaines particularités, fruits elles-mêmes du temps qui passe.

    Quels sont ces bouleversements de notre époque ?

    1) La mondialisation, nouvelle étape qualitative du capitalisme.
    2) La défaite militaire américaine en Asie face à la Chine (Corée) et au Vietnam ainsi que sa défaite morale et politique en Irak, Afghanistan….
    3) La chute du Mur de Berlin et l’implosion de l’URSS.
    4) Entrée en scène de pays dit émergents.
    5) Entrée fracassante de l’islamisme politique sur la scène mondiale.

    Le déclin des Etats-Unis, suite à leurs aventures militaro-impérialistes et l’implosion de l’URSS introduisent de nouveaux paramètres dans les relations internationales.

    Comment ces nouvelles données vont-elles « s’investir » dans le monde arabe ? Une des données, la mondialisation va être dévastatrice pour les sociétés de ce monde là. Pays vivant pour la plupart d’entre eux essentiellement de la rente pétrolière ou du tourisme, important 80% de leurs besoins, soumis à des régimes politiques où la démocratie est une denrée rare sinon une obscénité, cadenassés par un conservatisme mortifère et/ou infantilisant, la mondialisation est vécue à la fois comme un paradis fantasmé et un enfer redouté. La chute des deux superpuissances va fragiliser tous ces pays. Il y aura les orphelins comme Saddam Hussein et Kadhafi abandonnés par la Russie encore malade de l’éclatement de l’URSS et des frasques de son guignol Eltsine. Les roitelets et autres princes d’opérette se jetteront carrément dans le lit des Etats-Unis, incapables de défendre leurs frontières et paralysés par la peur panique de leurs peuples. Incapables de mettre sur pied une économie productrice de vraies richesses, allergiques aux progrès et à la démocratie, ne comprenant rien à la mondialisation et donc malmenés par celle-ci, ces pays se vidèrent de leur substance intellectuelle tout en abandonnant leurs populations à la misère et à des lendemains sans une once d’espoir. A cela, il faut ajouter le vide idéologique qui a été favorisé par le bouleversement des retombées de la mondialisation. Ce vide fut vite rempli par l’islamisme politique qui s’empressa d’occuper l’espace. Cette occupation de l’espace politique était d’autant plus facile que la démocratie vantée par l’Occident agit comme un épouvantail. Il ne faut pas oublier que cet Occident, hier prix Nobel des guerres coloniales et aujourd’hui voulant introduire « sa démocratie » dans ses chars accompagnés de missiles tirés à bonne distance « dans la plus belle tradition chevaleresque », n’a pas bonne presse. Ces leçons, ces mensonges, son hypocrisie et son arrogance dans tous les conflits qui saccagent le monde arabe l’ont disqualifié. Son aveuglement et ses préjugés lui font perdre la notion et de la réalité et de la justice. Ainsi, la France menace directement et militairement la Syrie, et quand le président de ce pays affirme que cette éventuelle agression ne restera pas sans réponse, il devient l’agresseur. Quand une députée du parti des Verts dit naïvement qu’elle fait confiance aux services secrets de son pays qui ont conclu à l’utilisation des gaz par la Syrie, on reste bouche bée. Cette naïve députée ne sait-elle pas que la raison d’être des services secrets est de fabriquer n’importe quoi pour déstabiliser l’ennemi. Ne sait-elle pas que tous les pays, à commencer par le sien, fabriquent des preuves. Par exemple contre les Irlandais de Vincennes, contre le bateau de Green Peace (vert comme elle) qu’ils ont fait sauter en Nouvelle-Zélande sans parler des exploits de la Main rouge pendant la guerre d’Algérie. Dans quelle misère est tombée cette classe politique !

    Quant à l’autre idéologie, le marxisme, elle connaît, c’est le moins qu’on puisse dire, une hibernation, suite, entre autres, aux échecs de l’URSS et à l’introduction d’un capitalisme sauvage en Chine avec la bénédiction du Parti communiste chinois. En résumé, nous assistons dans le monde arabe, comme à l’époque de l’Andalousie, à un face-à-face entre un capitalisme mondialisé et des sociétés à la fois fragilisées et traversées par une dynamique de luttes politiques. Dans ce face-à-face, les acteurs remplissent chacun de son côté leur rôle. Les peuples se révoltent sans demander la permission à personne pour se donner de l’oxygène et échapper à l’indignité de la misère. Le capitalisme mondialisé ne peut renoncer à ses tendances « naturelles » à savoir élargir ses territoires où il peut accaparer les richesses et déverser ses gadgets à bon marché. J’ouvre ici une parenthèse pour me débarquer des idéologues qui sévissent ici et là. En Europe, pour cacher les méfaits criminels de la mondialisation, on veut faire croire que les interventions extérieures se font pour favoriser et établir la démocratie. Chez nous, certains nous disent que les soulèvements populaires ne sont que le fruit des manipulations de puissances étrangères. Hier, l’Occident nous bassinait avec les guerres de libération qui seraient téléguidées par la main de Moscou. Aujourd’hui, des timorés chez nous voient la main de la CIA derrière les soulèvements comme si tous les peuples arabes étaient de simples marionnettes.*

    Ce genre de lectures réductrices des faits historiques brouillent les données et nous empêchent de comprendre l’histoire en train de se faire. Par honnêteté et rigueur intellectuelles, je me fonde uniquement sur des faits concrets et historiques que tout un chacun peut connaître et dont il peut « contrôler » la pertinence de leur place dans l’analyse que je propose.

    Les guerres donc « chez nous » se déroulent dans un champ occupé essentiellement par deux acteurs politiques locaux, à savoir le nationalisme (et la démocratie) et l’islamisme sous toutes leurs formes.

    L’issue de cette bataille intéresse évidemment les puissances étrangères qui possèdent de gros intérêts dans la région. Mais ce champ de bataille est ouvert à tous les vents, et ces vents là drainent derrière eux des puissances étrangères dominatrices. Et ces mêmes vents de la mondialisation introduisent des paramètres économiques, sociaux et culturels qui modifient les équilibres traditionnels de toutes les sociétés.

    Comme des puissances bien installées dans « nos » régions veulent maintenir le statu quo pour continuer à siphonner le pétrole de la région et protéger Israël, leur enfant chéri, ils élaborent leurs stratégies et fourbissent leurs armes pour influer sur le cours des événements. Se pose à eux un dilemme cornélien. Quels sont les acteurs du champ politique avec lesquels ils peuvent s’entendre ? Leur dilemme cornélien est en réalité de façade ; en réalité, ils ont fait leur choix, ça sera l’islamisme. Car ils pressentent que la dynamique de la mondialisation a plus de chance de servir les forces démocratiques. La mondialisation en effet a tous les défauts, y compris celui de briser les racines féodales de l’économie et de la culture. Ces « défauts » sont un danger pour leurs protégés, ces princes d’opérette qui se satisfont d’acheter des clubs de footballs. L’Occident a fait l’expérience des forces populaires (hier l’Iran de Mossadegh, et aujourd’hui le Venezuela qui ont nationalisé leur pétrole). Il sait que ces forces populaires d’aujourd’hui ne braderont pas les richesses du pays et trouveront des alliés (qui ont manqué à Mossadegh) parmi les pays émergents qui ont connu la domination coloniale ou tout simplement les affres du sous-développement (voir Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud, Argentine etc). En revanche, avec les islamistes, ces puissances occidentales avec leur légendaire pragmatisme, trouvent toujours un modus vivendi(**). Cet arrangement est d’autant plus facile à trouver que les islamistes sont des partisans zélés de l’économie du marché et adeptes d’un conservatisme à toute épreuve. Marché et conservatisme ne sont-ils pas les deux mamelles des sociétés dites libérales ?

    Il faut donc cerner la dynamique propre à tous les acteurs de l’histoire pour mieux saisir les liens qu’ils entretiennent entre eux. Il ne faut pas commettre l’erreur qui détourne de l’identification du facteur qui régit tel ou tel phénomène.

    L’histoire nous enseigne que tous les phénomènes sociaux réagissent d’abord à leurs contradictions internes.

    Le facteur extérieur peut intervenir pour jouer un certain rôle sur les dits phénomènes mais, sur le long terme, les contradictions internes reprennent le dessus. Les chars de Bush, une fois partis d’Irak, les vieilles et solides contradictions de ce pays s’en donnent à cœur joie. La France et ses 132 ans de présence dans notre pays a repris le chemin du retour et nous nous débattons aujourd’hui avec nos contradictions (culture féodale, tribalisme, bigoteries et intolérance religieuse etc.).

    Pour rester dans les bouleversements dans le monde arabe, nous avons vu que les Occidentaux, pris au dépourvu en Tunisie et en Égypte, ont pris le train en marche. Comme ils ne pouvaient pas arrêter le mouvement enclenché, ils se sont appuyés sur leurs « alliances internes » pour accompagner les évènements en sacrifiant les Ben Ali et autres Moubarak. Ceux-ci n’étaient plus des agents sérieux sur lesquels ils pouvaient compter. En revanche, ils se sont cassé les dents en Iran lors de l’agitation qui a suivi l’élection de Ahmadinejad et aujourd’hui en Syrie où ils connaissant un fiasco diplomatique. Ils essaient mais ne peuvent modifier de l’extérieur les données internes de ces sociétés qui ont des ressources pour résister.

    Ces quelques repères conceptuels et politiques nous éclairent sur les attitudes des pays arabes face à la mondialisation et leurs rapports avec l’Occident. Cet éclairage nous permet de mieux saisir les différences entre les processus qui se déroulent en Tunisie, en Égypte, douloureux certes, mais sans commune mesure avec le carnage en Syrie qui se fait avec la bénédiction de pays arabes valets des Occidentaux. Il est visible que ce carnage est dû à la position de la Syrie sur l’échiquier de la région. La Syrie, ami de l’Iran, bête noire de l’Arabie et ennemi irréductible d’Israël, constitue un obstacle fort gênant pour les rêves fous de ces pays qui fondent leur identité et leur histoire sur la religion. Il faut donc donner la place qu’il mérite à chaque paramètre.

    Il faut comprendre pourquoi tel paramètre est opératoire ici et impuissant ailleurs. Il faut comprendre pourquoi de tels facteurs se combinent et que la mayonnaise finit par prendre. Enfin, pourquoi des facteurs internes se conjuguent avec des éléments externes dans un pays et pas dans un autre.

    Pourquoi la guerre maintenant ?

    Une guerre ne se déclenche pas sur un coup de tête, elle n’est déclenchée que lorsque des intérêts des pays sont menacés, quand des puissances se lancent dans une aventure qui peut rapporter gros comme on dit vulgairement. Les guerres ininterrompues depuis la première guerre du Golfe en 1991 sont le produit de cet ouragan appelé « mondialisation ».

    Chaque acteur de la scène du Moyen-Orient noue des alliances dans la région. Les uns pour se protéger, les autres pour maintenir leurs intérêts convoités par d’autres. Tant qu’un équilibre n’est pas trouvé entre les nouvelles puissances et les anciennes qui ne veulent rien lâcher de leurs privilèges, les guerres semblent être le nouvel horizon dans cette région du monde. Hier, c’est le pauvre Irak en train de se fortifier qui a été perçu comme un danger. Aujourd’hui, le « méchant » Iran cherche à se développer jusqu’à construire une industrie du nucléaire. Et ça fait peur à qui ? Tiens tiens ! A l’Arabie Saoudite et Israël. Et comme on ne peut pas surprendre l’Iran comme le naïf Saddam Hussein, on commence par le couper de ses alliés du coin, l’isoler pour mieux le défaire. Et la pauvre Syrie paie pour que les sentinelles de l’obscurantisme, l’Arabie Saoudite et Israël atteignent leurs objectifs. Mais pour toutes ces puissances qui s’agitent, les aventures guerrières aujourd’hui sont plus risquées. Poutine n’est pas Eltsine, et les Iraniens ne sont-ils pas les inventeurs du jeu d’échec qui comporte comme on le sait d’infinies combinaisons possibles. Mais surtout les peuples du monde arabe sont sortis et n’évacueront plus les places publiques. Après moult sacrifices, ces peuples finiront par imposer l’équilibre qui leur sied.

    L’Asie a bien imposé le respect à l’arrogant Occident. Cet objectif est à la portée du monde arabe. Ce monde comme l’Asie est l’héritier d’une grande civilisation, il n’y a aucune raison de ne pas parvenir à se faire respecter. Pour cela, il faut avoir en tête le déclin du monde arabe après la chute de Grenade. Cela est possible si on sait « négocier » notre rôle dans la mondialisation et nous en défendre. Si on ouvre les vannes de la connaissance, si on cesse ces rivalités et guéguerres qui se nourrissent des balivernes du tribalisme, du chauvinisme et autre philosophie de Monoprix etc. Si on fait tout ça, les rodomontades du père fouettard F. Hollande qui veut punir un pays dont l’âge se confond avec celui du Temps, ne nous feront pas peur, elles nous feront plutôt rire. Punir, il a sorti ce mot de l’arsenal du vocabulaire religieux du temps où les papes et les rois de droit divin punissaient les récalcitrants qui osaient les défier. Il oublie juste que nous sommes au XXIe siècle. Il devrait se souvenir que le socialisme auquel en principe il adhère est né au XIXe siècle, précisément pour dénoncer et abattre le capitalisme dont il est aujourd’hui le petit soldat et le supplétif du grand frère américain ayant lui-même quelque parenté avec l’Afrique esclavagisée par le même capitalisme.

    Ali Akika
    cinéaste

    *) L’Iran, bien que République islamique, n’a pas au mis au rancart son nationalisme ni oublié sa grandeur depuis Darius.

    **) J’ai écrit ici même des articles sur les bouleversements dans le monde arabe pour ne pas revenir ici par le détail.

    lesoirdalgerie.com

    * http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2013/09/19/article.php++cs_INTERRO++sid=1543...
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    http://www.legrandsoir.info/syrie-pourquoi-la-guerre-et-pourquoi-maintenant.html

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  • KSCM.jpgÉlections anticipées en République tchèque en octobre : vers une percée du Parti communiste

     

    Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    Sans gouvernement depuis juin, la République tchèque est plongée dans une crise majeure, sur fond de colère populaire face aux scandales politiques, aux mesures d'austérité. Le Parti communiste pourrait être le grand gagnant des élections anticipées d'octobre.

     

    85 à 90 % d'opinions négatives, jamais un gouvernement n'avait été aussi discrédité que le gouvernement de droite mené par l'ultra-libéral et anti-communiste Petr Necas. Face à une telle fronde populaire, le gouvernement a été contraint à la démission le 16 juin dernier.

     

    La raison immédiate, un gigantesque scandale d'écoutes et de corruption éclaboussant les partis du droite, du pilier de l'ODS (Parti civique démocratique) jusqu'aux nouveaux partis libéraux, morts-nés, Affaires politiques (VV) et TOP 09.

     

    La raison plus profonde, une colère face à la politique menée par la droite depuis trois ans et le plan d'austérité adopté en avril 2012 : hausse de la TVA, gel des retraites, réduction drastique des budgets de l'éducation et de la santé, déremboursements médicaux, privatisation de la santé.

     

    La classe dominante tchèque a tenté de trouver une solution interne au système. Elle peut compter sur le nouveau président, le social-démocrate Milos Zeman. Fantasque, populiste, aux relations douteuses avec certains milieux d'affaires quasi mafieux, il se distingue de son prédécesseur Vaclav Klaus sur un point : son soutien résolu à l'Union européenne.

     

    Le 10 juillet dernier, il intronise un « gouvernement d'experts » dirigé par l'économiste social-démocrate Jiri Rusnok qui ne résistera pas au vote de confiance refusé, pour des raisons différentes, tant par certains partis de droite que par l'opposition socialiste et communiste le 7 août dernier.

     

    Le 20 août, la Chambre des députés s'auto-dissolvait par 140 voix sur 174, décision entérinée par le Président Zeman le 28 août qui annonce dans la foulée l'organisation d'élections anticipées les 25 et 26 octobre.

     

    Elections anticipées : vers une percée du Parti communiste

     

    Le paysage politique tchèque risque d'être profondément remanié par ces élections anticipées.

     

    Les grands perdants attendus se situent à droite, avec le parti de droite traditionnel, l'ODS de Vaclav Havel annoncé à 9-10% tandis que le parti mort-né Affaires politiques VV devrait disparaître. Le Parti social-démocrate, lui, devrait être le grand vainqueur avec de 26 à 28 % des intentions de vote.

     

    De nouveaux partis liés au grand capital devraient voir le jour, profitant de la dégénérescence de la vie politique : on peut citer les partis Usvit (L'aube, 3-5%) ou ANO 2011 (6-7%), créations de deux millardaires tchèques, respectivement de Tomio Okamura et dela seconde fortune du pays Andrej Babis.

     

    Toutefois, la percée la plus spectaculaire devrait venir du Parti communiste de Bohême-Moravie (KSCM) que les derniers sondages placent de manière stable entre 15 et 16% d'intentions de vote, plus que jamais seconde force du pays.

     

    Cela constituerait une progression spectaculaire par rapport aux élections de 2010, où le Parti communiste avait obtenu un peu plus de 11 % des voix.

     

    On peut rappeler aussi qu'il y a un an, les communistes réalisaient leur meilleur score depuis 1989 aux élections régionales, avec plus de 20% des voix et la reconquête d'une région, celle d'Ústí nad Labem, dirigée désormais par le communiste Oldrich Bubeníček.

     

    Si les partis de droite, les médias dominants continuent d'agiter l'épouvantail communiste, le KSCM ne fait plus peur : après les élections régionales, un sondage de l'institut STEM révélait qu'une majorité de tchèques n'était pas gênée par l'arrivée au pouvoir des communistes en région.

     

    Le sondage révélait alors également les raisons du vote communiste massif : d'abordleur rejet du système politique et économique actuel, ensuite la reconnaissance envers le seul parti ne baignant pas dans la corruption, enfin l'adhésion aux idées et au programme national du Parti.

     

    Les communistes au gouvernement ?

     

    L'idée d'une participation des communistes à un gouvernement national, tout du moins d'un soutien du Parti communiste à un gouvernement de gauche est désormais acceptée par une part croissante de la population: 42% des Tchèques soutiennent cette idée, 56% sont prêts à la considérer.

     

    Face à l'évolution de l'opinion publique tchèque, même modérée, le Parti social-démocrate (CSSD) doit bouger. Longtemps cantonné dans une ligne du cordon sanitaire vis-à-vis du Parti communiste, il a ouvert à son Congrès de mars la question d'une alliance gouvernementale avec le KSCM.

     

    Dans ses interventions de la presse, le secrétaire du CSSD est plus prudent, il écarte une possible « grande coalition » avec les partis de droite mais se dit défavorable à un gouvernement avec les communistes, préférant un gouvernement social-démocrate, soutenu par des alliés à définir.

     

    Du côté du Parti communiste, le débat est ouvert mais pas tranché depuis le VIII ème Congrès del juin 2012, avec les tensions entre aile « modérée » représentée par Jiri Dolejs, favorable à l'alliance avec la social-démocratie et une aile « radicale » excluant cette perspective.

     

    Le secrétaire du Parti Vojtech Filip a, lui, avancé devant la presse deux options majeures plus modestes : celle d'une « tolérance » du gouvernement, ou celle d'un soutien sans participation gouvernementale, mettant de côté l'hypothèse d'une participation gouvernementale.

     

    Tout dépendra des convergences programmatiques. Sur le plan de la politique intérieure, un accord n'est pas impossible sur un arrêt de l'austérité et l'adoption de mesures progressistes, bien que les socialistes aient déjà prouvé dans le passé leur manque de fiabilité concernant leurs promesses.

     

    Les communistes proposent comme programme minimal :

     

    • la défense ou la reconquête des services publics dans les secteurs-clés (énergie, télécoms, chemin de fer, banques) ;

    • une réforme fiscale insistant sur le rehaussement du taux d'impôt sur les sociétés, des tranches supérieures de l'impôt sur le revenu ainsi qu'une taxe sur les millionnaires ;

    • enfin un référendum pour s'opposer à la restitution des biens confisqués à l’Église après 1948 ;

     

    Toutefois, sur le plan international, les vues semblent plus irréconciliables sur l'UE, et surtout sur l'OTAN, dont le Parti communiste revendique la sortie immédiate, tandis que le Parti social-démocrate en est le premier défenseur.

     

     

    Dans tous les cas de figure, les dernières évolutions en République tchèque rappellent une fois de plus que le communisme est désormais de retour en République tchèque et plus largement en Europe de l'Est.


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  • Grèves dans les grandes surfaces et les fast-food aux USA

    Pour un salaire minimum digne de ce nom

    De petits groupes de travail-leurs·euses combatifs se sont mis en mouvement dans diverses entreprises non-conventionnées : des grandes surfaces et des fast-food. Ils·Elles sont en grève pour des hausses de salaires, un salaire digne de ce nom et le droit de s’organiser. La dignité sur le lieu de travail et le respect dans la société sont des revendications implicites.

    Anciennement considérés comme des jobs pour ado­les­cent·e·s en mal d’argent de poche ou pour femmes au foyer travaillant à temps partiel pour gagner un petit supplément par rapport au nécessaire, les emplois dans les fast-food sont aujourd’hui la principale source de revenu pour des personnes qui doivent subvenir à leur besoin et à ceux de leur famille – tâche impossible vu que les salaires y sont inférieurs au minimum vital. Tous les sa­la­rié·e·s, quels que soient leur âge, leur sexe et leur situation sociale, très variables dans ce secteur, sont conscients de la nécessité d’obtenir d’un salaire plus élevé et, pour la majorité d’entre elles·eux, une couverture d’assurance-maladie qui leur fait défaut.

    Ce mouvement issu d’une minorité militante a une portée nationale et vise des objectifs à la fois économiques et politiques, tentant de forcer les employeurs à augmenter les salaires tout en mettant la pression sur le Congrès pour l’augmentation du salaire minimum au niveau national. De grands syndicats aux ressources économiques et organisationnelles significatives, tels que le syndicat des travailleurs de l’alimentation et du commerce (United Food and Commercial Workers Union – UFCW) à Walmart et l’Union internationale des employés des services (Service Employees International Union – SEIU) l’appuient, dans l’espoir que l’organisation de ces travailleurs.euses à faible revenu, souvent jeunes et de couleur, aide à reconstruire et à revitaliser les syndicats étatsuniens.

     

    Des grèves pour les salaires

    Le 5 septembre dernier, dans 15 villes des Etats-Unis, des tra­vail­leurs·euses de Walmart se sont mis en grève, organisant des piquets et occupant, dans certains cas, les lieux de travail?; au même moment des em­ployé·e·s tentant de remettre une pétition  au siège de Walmart ont été arrêtés. 

    Les salaires sont au cœur des revendications, et pour cause. A Walmart, troisième entreprise du monde, l’« associé » moyen (c’est ainsi que Walmart appelle ces employé·e·s) gagne seulement 8.81 $ de l’heure soit 15 576 $ par an. Au cours de l’année fisacle 2013, les profits de Walmart se sont élevé à 17 milliards de dollars et ses PDG ont reçu 18,7 millions. Les travailleurs.euses de Walmart demandent un salaire de 15 $ de l’heure soit 25 000 $ par an. Ils·elles gagnent 32 % de moins que les tra­vail­leurs·euses syndiqués du commerce de détail. 

    De même, les salarié·e·s de McDonald’s touchent l’équivalent du salaire minimum aux Etats-Unis, soit 7,25 $ de l’heure, sans congé maladie et sans couverture médicale, bien que McDonald’s a gagné 5,46 milliards de dollars en 2013 et que les PDG de la compagnie empochent aujourd’hui 13,8 million par an.

     

    Un mouvement en pleine expansion

    Au cours de la dernière année, le mouvement a pris une ampleur significative. En novembre 2012, 200 travailleurs.euses de divers fast food (Burger King, Kentucky Fried Chicken) ont déclaré une grève d’un jour. Cette année, des mi­li­tant·e·s de Fast Food Forward (l’un des groupes organisés autour de ce mouvement) ont annoncé sur leur site Facebook que des centaines de tra­vail­leurs·euses de Kentucky Fried Chicken, Wendy’s, Burger King et, entre autres, McDonald’s se sont mis en grève pour un jour. Les employé·e·s du commerce de détail de Macy’s Inc, Sears Holdings Corp et Dollar Tree Inc. ont soutenu leur revendication. Partout, les tra­vail­leurs·euses demandent 15 $ de l’heure et le droit de se syndiquer.

     

    Qu’est-ce que cela signifie pour le mouvement des salarié·e·s?

    Le mouvement ouvrier étatsunien est en mauvaise posture. Aujourd’hui, seuls 11,3 % de tous les tra­vail­leurs·euses sont syndiqués, soit 14,4 millions de personnes. Dans le secteur privé, seulement 6,6 %, soit 7 millions de personnes sont membres d’un syndicat. L’organisation des sa­la­rié·e·s à faible revenu dans les grandes surfaces, les fast food et les entreprises de gestion et de transport des stocks pourrait avoir de nombreux impacts positifs. 

    Tout d’abord, cela augmenterait évidemment, de manière significative, le nombre et la proportion de tra­vail­leurs·euses syndiqués au sein de la main d’œuvre. On compte 4 millions de tra­vail­leurs·euse dans les fast food dont virtuellement aucun n’est syndiqué. Un plus grand nombre de tra­vail­leurs·euses organisés donnerait aux syndicats un plus grand pouvoir.

    En second lieu, une syndicalisation réussie dans ces secteurs pourrait encourager les tra­vail­leurs·euses d’autres secteurs non-syndiqués (em­ployé·e·s de banques, de la haute technologie ou de l’agriculture) à s’organiser aussi. 

    En troisième lieu, la moitié de tous les tra­vail­leurs·euses syndiqués se trouvent aujourd’hui dans 7 Etats (Californie : 2,5 millions ; New York : 1,8 millions?; Illinois : 0,8 million?; Pennsylvania : 0,7 million?; Michigan, New Jersey, et Ohio : 0,6 million). Des campagnes couronnées de succès pour la syndicalisation dans les grandes surface pourraient permettre d’étendre les syndicats aux Etats du Sud, dont la plupart n’ont jamais été organisés. 

    En quatrième lieu, cette campagne pourrait modifier la nature du mouvement syndical en amenant plus de jeunes, de femmes et de tra­vail­leurs·euses blancs (en proportion les travailleurs.euses de couleur ont un taux de syndicalisation plus élevé).

    Dans tous les cas, le mouvement est en train de mettre la pression sur les employeurs pour qu’ils reconnaissent les syndicats et sur les Etats et le gouvernement fédéral pour l’augmentation du salaire minimum. Actuellement, certains Etats du Sud n’ont aucun salaire minimum.

     

    Engagement profond et doutes sérieux

    De jeunes militant·e·s, certains d’entre eux partisans du socialisme, se sont impliqués dans l’or­ga­nisation de ces campagnes de syndicalisation parfois en tant qu’employé.e et parfois comme « volontaires » occupant des emplois pour organiser les tra­vail­leurs·euses de l’intérieur des entreprises.

    Ceux·celles à gauche avec lesquels j’ai discuté ont quelques réserves sur le fait que les syndicats dirigent ces campagnes (SEIU, UFCW et IBT (Fraternité internationale des conducteurs?; syndicat des conducteurs routiers étatsuniens). Ils font valoir que ces syndicats sont de grosses machines avec des fonctionnaires grassement payés et généralement anti-démocratiques dans leur fonctionnement interne. Les jeunes militant·e·s craignent que les syndicats ne lâchent les campagnes d’organisation dans ces secteurs, en particulier s’ils obtiennent une augmentation du salaire minimum au niveau national. Ils s’inquiètent que les syndicats recrutent des tra­vail­leurs·euses et perçoivent leur cotisation sans, par ailleurs, satisfaire leur revendication de salaires décents et de dignité sur le lieu de travail. Quelles que soient leur doute, les mi­li­tant·e·s de gauche dans ce nouveau mouvement de travailleurs.euses se sont profondément engagés à organiser les sa­la­rié·e·s afin qu’ils·elles aient une voix et un vote au sein d’un mouvement syndical démocratique.

     

    Dan La Botz

    Enseignant, écrivain et militant, membre de Solidarity (solidarity-us.org)?; éditeur de « Mexican Labor News » (ueinternational.org/MLNA), ainsi que co-éditeur de « New Politics » (http://newpol.org).

     

    Article écrit pour « solidaritéS » et traduit par notre rédaction

    http://www.solidarites.ch/journal/d/article/6068


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  • La lutte finale ?

     
    Va-t-il falloir lutter pour que la lutte sociale survive à l'enfer des négociations en marche arrière ?
    Depuis des années, il est de bon ton de se plaindre de la perte d'audience du syndicalisme en France, de la baisse inexorable du taux de syndicalisation.
    ... Et de mettre la faute sur le dos de la montée de l'individualisme, de la casse des grands groupes sociaux au travail, etc.
    Bien sûr, les évolutions d'une société dont les politiques n'ont d'autre objectif que de sauver le soldat Capital depuis plus de quatre décennies de crise n'y sont pas étrangères. Le chômage de masse et la précarisation, le recours massif au travail temporaire, l'externalisation et la fiabilisation en grappes de petites unités des grands ensembles industriels de jadis, la "mondialisation" des productions et de leur gestion, la célébration du "privé" pour mieux sacrifier le "public", tout concours à éparpiller les porteurs d'intérêts commun ou tout au moins à en parcelliser tant la représentation que l'image d'une force revendicative face au patronat ou au pouvoir associé a tendance à s'estomper.
    Un autre monde syndical s'est installé, subrepticement et de façon d'autant plus insidieuse que les périodes de gouvernement "de gauche" en ont accéléré le processus. Aujourd'hui, on parle de dialogue social avec des partenaires sociaux. Qu'on le veuille ou non le débat syndical n'est plus calé sur les attentes et les revendications des travailleurs, mais sur les propositions gouvernementales et patronales qui se rejoignent trop souvent sur les mêmes options.
    Il ne s'agit plus pour les travailleurs de projeter un avenir de progrès social en en délimitant les contours et en définissant ses principaux ressorts ; mais de tenter, les deux pieds sur le frein d'empêcher qu'on dévale un peu plus loin et plus vite la pente des reculs sociaux, des abandons d'acquis quasi séculaires et d'une régression sociale qui a aujourd'hui réussi à s'installer dans les consciences au point que la majorité de nos populations, jeunes et vieux confondus, est aujourd'hui convaincue que les générations futures devront vivre moins bien que les leurs !
    Ce scandale social est assuré par des organisations comme la CFDT qui se sont fait une spécialité de l'accompagnement des décisions gouvernementales et des desiderata patronaux.
    Mais les autres syndicats n'échappent pas à cette dérive gestionnaire.
    Le fossé s'est considérablement creusé entre une base de salariés peu organisés et contrainte par des organisations du travail qui rendent toujours plus difficile l'action collective et des directions d'organisation devenues des accessoires d'un pouvoir qui les instrumentalise à son gré.
    La dernière manifestation contre la réforme des retraites en est un bien triste emblème, posée à la rentrée, des mois après que le matraquage médiatique ait fait son oeuvre quand la messe est dite.
    Le même phénomène de brouillage et de posture défensive a contaminé le champ politique au seul bénéfice des forces réactionnaires et de ses extrêmes à la droite de la droite.
    Syndicalisme et politique ont toujours eu des difficultés à se poser dans un rapport à la fois respectueux et profitable dans un espace trop pollué par les enjeux du pouvoir. Mais les leçons de l'histoire ne manquent pas pour enseigner les écueils qui pourraient être fatals. Mais rien n'y fait.
    la revendication d'indépendance syndicale a bien permis d'amollir le profil plus consensuel du représentant syndical de mandant de sa base en partenaire social...
    La curée du syndicalisme de lutte dans la paysannerie bourbonnaise dont l'histoire de plus d'un siècle est balayée par quelques petites ambitions politiciennes illustre assez bien aussi cette instrumentalisation des organisations professionnelles qui devraient se satisfaire du rôle "glorieux" de faire-valoir. Le MODEF n'était pourtant pas né pour être le syndicat des friches. Ailleurs la négociation des plans dits "sociaux" et la revendication de primes de licenciement "supra légales" finit de désamorcer les consciences de lutte.
    Le réveil promet d'être brutal quand le degré extrême du supportable aura été franchi.
    Ce jour là, quand le couvercle saute, comme en 1968, les organisations en sont remises à des tactiques de récupération dont l'usage et les outils ne faisaient pas partie de leur arsenal stratégique ; et c'est aussi le résultat qu'on a connu à l'époque avec le retour réactionnaire qui a neutralisé nombre d'avancées progressistes.
    Ce jour-là il ne sera plus question de négocier au cas par cas un accord électoral avec les socialistes, ni de badigeonner une dérive gestionnaire en nouvelle ruralitude.
    Trop tard ?
    Pas si sûr ; le temps si court de la vie des hommes laisse à d'autres le temps de faire vivre les idées mises en gestation ou en pépinière par ceux qui passent. C'est sur cette forme d'espoir dans le temps que l'usage de la pensée de Marx fait encore montre aujourd'hui de sa pertinence. Le chantier révolutionnaire ne doit pas être laissé en jachère.
     

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  • Retraite : quel âge de départ pour vous ? calculateur officiel

    Lu sur le blog cgt lcl

     

     

    Retraite: quel âge de départ pour vous ? 

    Calculateur-retraite-212fe.png

    Calculateur officiel sur le site du ministère

    Le ministère met en ligne une application pour calculer son âge de départ à la retraite 

    (cliquer sur le dessin).

    Attention aux mauvaises interprétations !

    Le calculateur officiel cherche à répondre à deux questions qui donnent évidemment (!!!) deux réponses différentes !

    1. A quel âge puis-je prendre ma retraite ? 
    2. A quel âge puis-je bénéficier d’une retraite à taux plein (Attention: taux plein ne veut pas dire retraite complète)

    Attention, si le résultat de la 1ère question est différent de celui de la deuxième question, ce sera catastrophique pour le niveau de votre retraite, à cause de la décote:

    • Pénalite de - 1,25% par trimestre manquant;
    • Pénalité de - 5% par année manquante;
    • jusqu'à une pénalité de - 25% aux maximum (= pour 5 années manquantes)   

    Question que le calculateur ne pose pas (et donc n'y répond pas) => la retraite complète !

    La Décote (ou Pénalité), c'est important ! 

    Osons le dire: c'est du vol !

    Si vous ne réunissez pas tous vos trimestres de retraite de base au moment de votre demande de liquidation de retraite et si vous n’avez pas l'âge du taux plein, un abattement ou décote ou pénalités’applique au prorata des trimestres manquants.

    Si votre retraite de base a été établie avec abattement (rappel: -1,25% par trimestre manquant, -5% par années manquantes, 25% maximum = 5 années). Ce même abattement sera aussi appliqué à votre retraite complémentaire.

    La décote tombe à zéro dans tous les cas si vous partez en retraite à 67 ans

    Pour ne pas avoir de décote (ou pénalité) il faut avoir (il faudrait) :

    • => 164 trimestres pour les assurés nés en 1952, soit 41 ans.
    • => 165 trimestres pour les assurés nés en 1953 et 1954, soit 41 ans et 1 trimestre.
    • => 166 trimestres pour les assurés nés en 1955 et 1956, soit 41 ans et 2 trimestres.
    • => 167 trimestres (projet de loi Ayraut) pour les assurés nés en 1958,  1959,  et 1960, soit 41 ans et 3 trimestres, 
    • => 168 trimestres  (projet de loi Ayraut) pour les assurés nés en 1961 et 1962, soit 42 ans,
    • => 169 trimestres (projet de loi Ayraut) pour les assurés nés en 1964, 1965, et 1966, soit 42 ans et 1 trimestre,
    • => 170 trimestres (projet de loi Ayraut) pour les assurés nés en 1967, 1968, et 1969, soit 42 ans et 2 trimestres,
    • => 171 trimestres (projet de loi Ayraut) pour les assurés nés en 1970, 1971, et 1972, soit 42 ans et 3 trimestres,
    • => 172 trimestres (projet de loi Ayraut) pour les assurés nés à partir de 1973, soit 43 ans,

    C'est là que l'on voit que la "réforme" des retraites est faite pour baisser le niveau des retraites !

    Calculateur-retraite-212fe.png http://www.hervepolypcf62.com


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  • Billet d’humeur :: La trouille au ventre

    Anne Löwenthal

    Il y a quelques jours, un homme en a abattu un autre. Le second avait braqué le premier et s’était enfui, le premier lui a tiré dessus et l’a tué.

    Tout le reste ne compte pas.

    Prendre la défense d’un homme qui n’a encore été condamné à rien mais qui a été inculpé dans le cadre d’une instruction, c’est dire « Un homme tue un autre homme et il est injuste d’ouvrir une enquête ».

    S’empresser de hurler sur la justice qui a à peine commencé son travail, c’est du pur procès d’intention.

    Tenter de se mettre à la place d’un bijoutier pétri de trouille et armé et se demander ce qu’on aurait fait, nous, à sa place, sans rien savoir de sa place, c’est tenter de répondre à une question impossible.

    Hurler sa haine du braqueur, sa haine des braqueurs et prétendre que ce braqueur a eu ce qu’il méritait (alors même que le bijoutier ne le pense pas !) et que le bijoutier a bien fait, c’est nous faire croire qu’en flinguant un braqueur, on contribue à un monde meilleur.

    Pourtant, c’est de ça que tout le monde parle. Dans la page facebook aux 1 500 000 likes (à l’heure d’écrire ces lignes). Dans une page dont tout le monde sait qu’elle est d’extrême-droite. Dans une page que bien des gens essayent de discréditer à coups de statistiques non fiables sur la provenance des likes.

    Bref, on attendra encore longtemps (mais pas vainement, j’espère) que quelqu’un se penche sérieusement sur l’insécurité, sur le sentiment d’insécurité, sur le port d’armes. Prenne la peine d’expliquer aux gens ce qu’est une instruction judiciaire. Se demande comment un jeune peut en arriver là, à braquer violemment une bijouterie avec un pote. Se demande pourquoi un bijoutier est armé. S’arrange pour poser les problèmes autrement que de manière manichéenne. Cherche à apaiser tout le monde au lieu de faire vivre tout le monde la trouille au ventre.

    La misère n’est pas que matérielle. Et elle est vachement bien entretenue. Pas que par l’extrême-droite.

    http://www.ptb.be


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  • Monde - le 11 Septembre 2013

    Coup d’Etat de Pinochet

    Chili 1973 : Sept documents web pour comprendre

    Il y a 40 ans, le président chilien se suicidait, après avoir résisté avec quelques proches aux assauts et aux bombardements de l’armée, mettant fin aux trois années de gouvernement de l’Unité Populaire. S’en suivaient 17 années de dictature du général Pinochet, marquées par une répression cruelle contre tous les militants de gauche et une casse systématique des droits des travailleurs. Aujourd’hui le Chili continue de panser les plaies de la dictature. Petit tour du web sur le sujet.

    Après des années de dictature et d’impunité, Augusto Pinochet finit par être arrêté à Londres en 1998. Le général sera régulièrement assigné à résidence jusqu’à sa mort en 2006, mais jamais jugé. Mais le 16 octobre 1998, l’heure est encore à la joie. Les victimes de la dictature et leurs familles fêtent le jugement qui ouvre la voie à un éventuel procès. C’est l’occasion pour France 2 de faire une rétrospective sur le régime (vidéo INA, 15’).

    Un régime qui commence dans la violence et la trahison, lors du coup d’État contre le président démocratiquement élu Salvador Allende. A partir de témoignages des survivants, le réalisateur Patricio Henriquez a réalisé Le dernier combat de Salvador Allende. Il y retrace la dernière journée du président chilien et on entrevoit la personnalité de celui qui a gouverné le pays pendant trois ans (55’).

    Mais derrière le général putschiste, la main des États-Unis ne tarde pas à apparaitre. Washington a en effet pris l’habitude de faire de l’Amérique Latine son terrain privé, sans que les peuples n’aient leur mot à dire. Hernando Calvo Ospina, journaliste et écrivain colombien, retrace dans son livre L’équipe de choc de la CIA la surveillance intensive exercée par les présidents étatsuniens successifs sur le socialiste Allende dès qu’il apparut comme pouvant être élu. Le texte est repris ces jours-ci par l’association France Amérique Latine : http://www.franceameriquelatine.org/spip.php?article1479


    En 1973, en pleine présidence de Richard Nixon, le néo-libéralisme entamait sa conquête du monde. Milton Friedman et ses « Chicago Boys » ont su utiliser l’avènement de régimes autoritaires pour imposer leur traitement de choc aux peuples sud-américains. C’est l’histoire que raconte Naomi Klein dans son ouvrage La stratégie du choc et dans le film qui en est tiré. En voici un extrait spécifiquement sur le cas du Chili (20’).

    Économistes néolibéraux, bourgeoisie américaine ou dirigeants de Washington … Pour tous, Salvador Allende symbolisait leur plus grande peur : la démonstration qu’un président de gauche pouvait être démocratiquement élu et mener avec le soutien du peuple une politique socialiste. Au-delà des réformes engagées, c’est tout le parcours d’Allende qui en faisait l’ennemi public numéro un pour les dominants d’Amérique. C’est ce qu’explique Tomas Moulian, sociologue chilien, dans le Monde Diplomatique, pour le trentième anniversaire du coup d’État : http://www.monde-diplomatique.fr/2003/09/MOULIAN/10515


    Son parcours et sa pensée, Salvador Allende les a résumés quelques heures avant sa mort. Lors d’un dernier discours, adressé au peuple chilien depuis le Palais de la Moneda assiégé, il redit sa confiance dans l’émergence d’un socialisme latino-américain. Un testament émouvant et militant de la part de celui qui se préparait à défendre jusqu’au bout le gouvernement du peuple (discours original sous-titré, 6’).

    Plus de trente ans après le coup d’État, la jeunesse chilienne a redécouvert le personnage d’Allende. Il est devenu un exemple pour les étudiants qui exigent depuis deux ans de sortir de l’éducation de Pinochet. Son portrait est brandi dans les manifestations et son idéal de socialisme démocratique est repris. Au Chili, la lutte entre les institutions de Pinochet et les idées d’Allende ne fait que commencer : http://www.regards.fr/acces-payant/archives-web/au-chili-la-jeunesse-se-souvient,5012

    Hors série l'Humanité : Chili, l'espoir assassiné

    Contre Allende, ils ont tout fait

    Florent Lacaille-Albiges


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  • La France n'aime pas le travail

    7 Juillet 2013 , Rédigé par Le Mantois et Partout ailleurs 

    Voilà, c'est dit, de la part de Christophe Barbier, chroniqueur politique sur I-télé. Il est aussi directeur de l'Express et invité quasi permanent sur France 5 dans l'émission de Yves Calvi. Il pige aussi ailleurs, infatigable pour dire qu'il faille supprimer la 5e semaine de congés payés. Pour redresser la France sans doute? Celle des hors-sols comme lui qui ne connaîtront jamais la précarité et le chômage grâce à leurs relations mondaines?

     

    Les congés payés sont l'héritage des luttes populaires et non celui de la libéralité accordé par le patronat. Ils sont à préserver, voire à reconquérir tant la crise agresse notamment les couches populaires en leur interdisant le boulot (et donc les congés payés) et en réduisant leur pouvoir d'achat.

    Les statistiques parlent d'elles-mêmes. En 1995, 65% de nos concitoyens partaient en vacances, ils sont 58% en 2012. En 2007, 47% des foyers pourvus du Smic net partaient en vacances, ils ne sont plus que 37% en 2010 pour 78% disposant de 3 100 euros.

     

    En 1982, le gouvernement de Pierre Mauroy instaurait la 5e semaine de congés payés. En 2012, un socialiste loge à nouveau à l'Elysée: aucune mesure sociale n'a été votée.

    "Nous voulons que l'ouvrier, le paysan et le chômeur trouvent dans les loisirs la joie de vivre et le sens de la dignité ", écrivait Léo Lagrange, ministre socialiste chargé des sports et à l'organisation des loisirs en 1936.

    Oui, en 1936...

    Car de nos jours, c'est devenu un timbre et encore lorsque la Poste fonctionne bien:

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com/la-france-n-aime-pas-le-travail


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  •  
    L’appel de Jakarta pour la souveraineté alimentaire
    dimanche, 7 juillet 2013 / Michel Peyret /

    Ancien député PCF de Gironde

    “Aujourd’hui, dit l’Appel de Jakarta, nous sommes confronté(e)s à une crise majeure de notre histoire, qui est systémique. Les systèmes alimentaires, d’emplois, énergétiques, économiques, climatiques, écologiques, éthiques, sociaux, politiques et institutionnels s’effondrent dans de nombreuses parties du monde. La crise énergétique amplifiée par la raréfaction des énergies fossiles est traitée avec de fausses solutions allant des agrocarburants à l’énergie nucléaire ; cette dernière constituant l’une des plus grandes menaces de la vie sur terre. “Nous rejetons le capitalisme caractérisé par des mouvements destructeurs de capitaux financiers et spéculatifs dans l’agriculture industrielle, la terre et la nature.”

    L’Appel nous dit comment ceux de La Via Campesina envisagent d’aller de l’avant. Bien évidemment, le fait que je diffuse ce texte ne peut signifier que je partage nécessairement toutes ses analyses et propositions qu’il expose. Par exemple, je pense que les choix énergétiques à effectuer devraient faire l’objet d’un vaste et approfondi débat et d’un mode de décision le plus démocratique possible, ce qui semble aller de soi...
    Peuples du monde, formons la ronde...

    Appel de Jakarta

    Appel de la VI Conférence de La Via Campesina – Egidio Brunetto (du 9 au 13 Juin 2013)

    (Djakarta, 12 Juin 2013)

    Nous, à La Vía Campesina, en appelons à toutes les organisations rurales et urbaines et aux mouvements sociaux à construire une nouvelle société fondée sur le souveraineté alimentaire et la justice. Nous sommes rassemblés ici, honorant la mémoire de nos ami(e)s et dirigeant(e)s et de celles et ceux dont le courage et l’engagement nous inspirent. La Via Campesina, mouvement paysan international rassemble plus de 200 millions de paysan(e)s, petits producteurs, paysan(e)s sans terre, femmes, jeunes, autochtones, les migrant(e)s et les travailleurs et travailleuses agricoles et alimentaires, de 183 organisations provenant de 88 pays. Nous sommes ici en Asie, terre de la majorité des paysan(e)s du monde pour célébrer nos deux premières décennies de luttes.

    Depuis notre rencontre de Mons (Belgique) en 1993 et celle de Tlaxcala (Mexique) en 1996, où nous avons élaboré notre vision radicale sur la souveraineté alimentaire, nous avons réussi à replacer les paysannes et paysans au centre de la résistance au modèle du commerce néo-libéral ainsi que du processus de construction d’alternatives. Nous, peuples de la terre, sommes des acteurs essentiels dans la construction non seulement d’un modèle agricole différent, mais aussi d’un monde juste, diversifié et égalitaire. Nous sommes celles et ceux qui nourrissons l’humanité et prenons soin de la nature. Les générations futures dépendent de nous pour protéger notre terre.

    Maintenant plus que jamais un autre monde est nécessaire. La destruction de notre terre, provoquée par la surexploitation et la dépossession des peuples et par l’appropriation des ressources naturelles a engendré la crise climatique actuelle, et de profondes inégalités mettant en danger l’humanité et la vie. La Via Campesina refuse catégoriquement cette destruction menée par les grandes entreprises.

    Nous construisons de nouvelles relations entre les peuples et la nature, basées sur la solidarité, la coopération et la complémentarité. C’est une éthique de vie qui anime toutes nos luttes. La Via Campesina s’engage à donner une visibilité à toutes les luttes locales dans le monde entier, s’assurant qu’elles soient comprises dans une perspective internationale. Elle s’engage également à intégrer dans un mouvement global pour la souveraineté alimentaire, le changement social et l’autodétermination pour les peuples du monde. Nous appelons nos organisations, nos alliés, amies, amis, et tous ceux et celles qui œuvrent à un avenir meilleur, à rejeter “l’économie verte” et à construire la souveraineté alimentaire.

    NOTRE MANIERE D’ALLER DE L’AVANT

    La souveraineté alimentaire maintenant – transformer notre monde La Souveraineté Alimentaire est l’élément central de la lutte pour la justice sociale, rassemblant de nombreux secteurs tant ruraux qu’urbains. La souveraineté alimentaire est le droit fondamental pour que tous les peuples, nations et États puissent contrôler leurs propres systèmes et politiques alimentaires et agricoles, garantissant à chacun une alimentation adaptée, abordable, nutritive et culturellement appropriée. Elle requiert le droit des peuples à définir et contrôler leurs modes de production, de transformation et distribution aux niveaux locaux et internationaux.

    Depuis bientôt deux décennies notre vision de souveraineté alimentaire a inspiré une génération d’activistes engagé(e)s dans le changement social. Notre vision du monde passe par une révolution agricole ainsi qu’une transformation socio-économique et politique.

    La souveraineté alimentaire articule l’importance cruciale de la production locale et soutenable, le respect des droits humains pour tous, des prix équitables pour les aliments et les produits agricoles, des échanges équitables entre pays, et la sauvegarde des communs contre la privatisation.

    Aujourd’hui, nous sommes confronté(e)s à une crise majeure de notre histoire, qui est systémique. Les systèmes alimentaires, d’emplois, énergétiques, économiques, climatiques, écologiques, éthiques, sociaux, politiques et institutionnels s’effondrent dans de nombreuses parties du monde. La crise énergétique amplifiée par la raréfaction des énergies fossiles est traitée avec de fausses solutions allant des agrocarburants à l’énergie nucléaire ; cette dernière constituant l’une des plus grandes menaces de la vie sur terre.

    Nous rejetons le capitalisme caractérisé par des mouvements destructeurs de capitaux financiers et spéculatifs dans l’agriculture industrielle, la terre et la nature. Il génère de vastes accaparements de terres et des expulsions brutales de paysannes et paysans de leurs territoires, détruit communautés, cultures et écosystèmes. Il crée un grand nombre de migrant(e)s et de sans emplois, augmentant les inégalités existantes.

    Les transnationales, en connivence avec les gouvernements et les institutions internationales, imposent - sous prétexte du concept d’économie verte - des monocultures d’OGM, des projets miniers, des barrages et des exploitations de gaz de schiste par fracturation à grande échelle, de grandes plantations forestières et d’agrocarburants, ainsi que la privatisation de nos mers, fleuves et lacs et de nos forêts. La Souveraineté Alimentaire remet le contrôle des communs dans les mains des populations.

    L’Agro-écologie est notre option aujourd’hui et pour l’avenir

    L’agriculture paysanne, la pêche artisanale et le pastoralisme produisent la plus grande partie de l’alimentation. L’agro-écologie paysanne est un système social et écologique qui comprend une grande variété de savoirs et de pratiques ancrées dans chaque culture et zone géographique. Elle élimine la dépendance aux agrotoxiques et la production animale industrielle hors sol, utilise des énergies alternatives et garantit une alimentation saine et abondante. Elle renforce la dignité, honore les savoirs paysans traditionnels et innovants. Elle restaure la fertilité et l’intégrité de la terre. La production alimentaire du futur doit être basée sur un nombre croissant de personnes produisant de manière plus résiliente et diversifiée.

    L’agro-écologie vise à défendre la biodiversité, refroidit la planète et protège nos sols. Notre modèle agricole peut, non seulement nourrir l’ensemble de l’humanité mais c’est aussi le seul moyen d’arrêter l’avancée de la crise climatique grâce à une production locale en harmonie avec les forêts, les cours d’eau ; l’amélioration de la biodiversité et en replaçant les matières organiques dans les cycles naturels.

    Justice sociale et climatique, et solidarité

    En nous basant sur notre diversité géographique et culturelle, notre mouvement pour la souveraineté alimentaire s’est renforcé en intégrant la justice sociale et l’égalité. En pratiquant la solidarité plutôtque la compétition, en rejetant le patriarcat, le racisme, le colonialisme et l’impérialisme, nous nous battons pour des sociétés participatives et démocratiques, sans exploitations d’enfants, de femmes, d’hommes ni de la nature.

    Nous exigeons la justice climatique et sociale. Ceux qui souffrent le plus du chaos climatique et environnemental ne sont pas ceux qui en sont responsables. Ceux qui poussent aux fausses solutions de l’économie verte empirent la situation. C’est pourquoi la dette climatique et écologique doit être réparée. Nous exigeons l’arrêt immédiat des mécanismes de marché de carbone, géo-ingénierie, REDD, agrocarburants.

    Nous maintiendrons de manière permanente notre combat contre les entreprises transnationales en manifestant notre opposition par un boycott de leurs produits et en refusant toute coopération avec leur pratiques d’exploitations. Les accords de libre échange et d’investissements ont crée les conditions de vulnérabilité extrême et des injustices pour des millions d’entre nous. Leur mise en œuvre engendre violence, militarisation et criminalisation de la résistance. Un autre résultat tragique est le déplacement massif des populations qui migrent pour ne trouver que des emplois faiblement rémunérés, précaires et dangereux où sévissent des violations de droits humains et la discrimination.

    La Via Campesina a réussi à mettre les droits des paysan(ne)s à l’ordre du jour du Conseil des Droits Humains des Nations Unies, nous demandons donc à tous les gouvernements nationaux d’appliquer ces droits. Notre combat pour les droits humains est au cœur de la solidarité et inclut les droits et la protection sociale des travailleurs/ses migrants et des travailleurs/ses du secteur alimentaire. Un monde sans violence et sans discrimination contre les femmes

    Notre lutte vise à construire une société basée sur la justice, l’égalité et la paix. Nous demandons le respect de tous les droits des femmes. En rejetant le capitalisme, le patriarcat, la xénophobie, l’homophobie et les discriminations basées sur le genre, les races ou l’ethnicité, nous réaffirmons notre engagement pour la totale égalité des femmes et des hommes. Ceci implique la fin de toutes les formes de violences domestiques, sociales et institutionnelles contre les femmes en zones rurales et urbaines. Notre campagne contre les violences faites aux femmes est au cœur de nos luttes.

    Paix et démilitarisation

    Les guerres et conflits d’appropriations, prolifération de bases militaires, criminalisation des résistances augmentent. Ces violences sont intrinsèques au système capitaliste mortifère basé sur la domination, l’exploitation et le pillage. Nos engagements sont ceux du respect, de la dignité, de la Paix. Nous pleurons et honorons les centaines de paysannes et paysans qui ont été menacés, persécutés, incarcérés ou même assassinés dans leurs luttes. Nous exigeons que tous ceux qui violent les droits humains et les droits de la Nature et qui perpétuent ces crimes soient poursuivis et punis. Nous exigeons la libéralisation immédiate des prisonniers politiques.

    La terre et les territoires

    Nous défendons une Réforme Agraire intégrale. Elle sécurise l’ensemble des droits fonciers, reconnaît les droits des peuples autochtones à leurs territoires , garantit l’accès et le contrôle des zones de pêche et écosystèmes aux communautés de pêcheurs, reconnaît les routes pastorales. Seules ces réformes garantissent un avenir pour les jeunes des campagnes.

    La réforme agraire intégrale se caractérise par une distribution massive de terre, de ressources productives, assurant des conditions de vie satisfaisantes et garantissant un accès permanent aux jeunes, femmes, aux sans-emplois, aux sans-terres, aux personnes déplacées et à tous ceux et celles qui veulent s’engager dans la production alimentaire agro-écologique à petite échelle. La terre n’est pas une marchandise. Les lois et régulations existantes doivent être renforcées et de nouvelles lois sont nécessaires pour la protéger des spéculations et des accaparements.

    Les semences, les communs et l’eau

    Les semences sont au cœur de la souveraineté alimentaire. Des centaines d’organisations à travers le monde se joignent à nous pour mettre en œuvre le principe des « Semences comme Patrimoine des Peuples au Service de l’Humanité ». Notre défi est maintenant de continuer à garder nos semences de vie dans les mains de nos communautés, en multipliant les semences dans nos fermes et nos territoires. Nous continuons à lutter contre l’appropriation abusive des semences due à diverses formes de propriété intellectuelle et contre la contamination des stocks par la technologie OGM. Nous nous opposons à la distribution de paquets technologiques combinant semences OGM avec l’utilisation massive de pesticides.

    Nous allons continuer à partager les semences sachant que notre connaissance, notre science, nos pratiques de gardiens de la diversité des semences sont cruciales pour l’adaptation au changement climatique.

    Les cycles de la vie coulent au travers de l’eau. L’eau est un élément essentiel des écosystèmes et de toute vie. L’eau est un commun et donc elle doit être préservée.

    MISER SUR NOS FORCES

    Notre force est la création et le maintien de l’unité dans la diversité. Nous présentons notre vision inclusive, large, pratique, radicale et pleine d’espoir comme une invitation à se joindre à nous dans la transformation de nos sociétés et la protection de la Terre Mère.
    - La mobilisation populaire, la confrontation avec les puissants, la résistance active, l’internationalisme et l’engagement local sont des éléments nécessaires pour effectuer le changement social.
    - Dans notre lutte courageuse pour la souveraineté alimentaire nous continuons à bâtir des alliances stratégiques essentielles avec les mouvements sociaux, y compris avec les travailleurs/ses, les organisations urbaines, les immigrant(e)s, les groupes résistants aux méga-barrages et à l’industrie minière.
    - Nos principaux outils sont la formation, l’éducation et la communication. Nous encourageons l’échange des savoirs accumulés concernant les méthodes et contenus de formation culturelle, politique, idéologique et technique. Nous multiplions nos écoles et nos expériences d’enseignement et nos instruments de communication avec notre base.
    - Nous sommes déterminé(e)s à créer des espaces qui vont favoriser l’ émancipation des jeunes en milieu rural. Notre plus grand espoir pour l’avenir, c’est la passion, l’énergie et l’engagement pris par la jeunesse dans notre mouvement.

    Nous allons de l’avant à partir de cette VIème Conférence Internationale de La Via Campesina, accueillant de nouvelles organisations, confiant(e)s en nos forces et rempli(e)s d’espoir pour l’avenir.

    Pour la terre et la souveraineté de nos peuples ! Dans la solidarité et dans la lutte !

    http://www.rougemidi.fr/spip.php?article7950


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