• Nicolas Sarkozy, François Baroin, Christine Lagarde se sont réjouis des «bons chiffres» du déficit public 2010, qui est officiellement de 7%, en baisse de 0,7 point par rapport à la prévision. Hélas, ce déficit a une forte odeur de manipulation. Par Hervé Nathan

    François Baroin et Christine lagardeQuand on aime, on en conte pas. Ou plutôt on ne compte pas… bien. C’est certainement par amour de la France que l’Insee, le gouvernement et l’Elysée ont affiché un «bon» chiffre » du déficit public en 2010. Officiellement, il ne s’élève «qu’à» 7% du PIB. C’est quand même une sorte de record, juste après l’année 2009 , avec -7,5%. Mais, comme disent les enfants, c’est «moins pire» que la prévision initiale, qui était de 7,7% du produit intérieur brut. Evidemment, les communiqués divers (de Bercy, de l’Elysée) ont voulu y voir la preuve de l’efficacité de la politique économique actuelle. 
    «Ces résultats de finances publiques confortent la stratégie d’assainissement de nos comptes publics engagée par le Gouvernement après la crise de 2008-2009, fondée sur la combinaison de réformes porteuses de croissance et d’une maîtrise stricte et durable des dépenses publiques. La poursuite de cette stratégie sera naturellement au cœur du prochain programme de stabilité, qui sera présenté au Parlement à la mi-avril 2011 avant sa transmission officielle aux institutions européennes», analysent ainsi Christine Lagarde et François Baroin dans un communiqué commun. 

    Félicitons nous donc, de la bonne mauvaise nouvelle. Sauf qu’à regarder de près le communiqué de l’Insee, intitulé «Informations rapides numéro 81, comptes nationaux des administrations publiques année 2010, premiers résultats», qu’on trouve sur le site Insee.fr, quelques doutes nous gagnent. Notamment à la lecture de la page 2, deuxième colonne, lorsque l’Insee nous révèle un «détail» : «Fin 2010, la dette nette des administrations publiques s’élève à 1478,6 milliards d’euros (…) Cette plus forte hausse s’explique par une diminution de la trésorerie de l’Etat» de 22,5 milliards d’euros, soit 1,1% du PIB. Selon un très bon connaisseur des finances publiques, cela signifierait que l’Etat a pompé sa trésorerie jusqu’au dernier centime pour réduire le déficit de l’année 2010. Mais il a dû emprunter, pour compenser son manque de cash, et donc le joli gain sur l’affichage du déficit se retrouve en augmentation de la dette publique. Un calcul à courte vue car le coût de la dette augmente, comme le reconnaît l’Insee. Après avoir baissé de 14,5% en 2009, à cause de la baisse généralisée des taux d’intérêts pendant la crise, il progresse de 5,2%. La rétribution des créanciers de la France coûte 50 milliards d’euros chaque année, et bien davantage dans le futur. 

    Au fait pourquoi une telle manip’ ? Sans doute parce que Bercy est obsédé par l’affichage du différentiel franco-allemand. Berlin a annoncé un déficit de 3,3% du PIB, lui aussi en amélioration par rapport à la prévision initiale (-3,5%). Or beaucoup de responsables français considèrent que les marchés ont jusqu’ici toujours considéré la « qualité » de la dette française comme équivalente à celle de l’Allemagne, et redoutent que l’affichage d’un différentiel considérable (du simple au double) ne conduisent vers la rupture de ce consensus qui permet à la France d’emprunter au même prix ou presque que l’Allemagne. Conclusion : il arrive qu’on mente pour la bonne cause. Mais faut-il pour autant se payer de mots ?


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  • Réflexions sur la crise du capital : causes, mécanismes, effets, alternatives

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    Séminaire “Marx au XXIe siècle : l’esprit et la lettre”

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  • Gaz, EDF, alimentation : où est le Président du pouvoir d'achat ?

     

    Par Pascal Riché| Rue89 

    Une femme faisant ses courses passe devant des télévisions diffusant une interview de Sarkozy à Nice (Eric Gaillard/Reuters).

    Quelqu'un sait-il où est passé « le Président du pouvoir d'achat » ? On aurait besoin de lui en ce moment. Les prix des carburants ou du gaz ne sont pas les seuls à grimper : les Français encaissent augmentation sur augmentation, et c'est brutal. Ouvrez par exemple les journaux ce mercredi matin :

    Couverture du Figaro Economie (DR)Le Figaro. Forte hausse des prix dans les hypers. Les négociations se terminent entre la grande distribution et les industriels, certains produits alimentaires de base augmenteront de 10%.

    Les prix ont déjà commencé à grimper depuis le 1er mars, et ceux que Le Figaro donne en exemple ne sont pas des produits luxueux, à lire le journal : pâtes, chocolat, beurre, biscuits, pain, farine, camembert, huile et café….

    Des hausses qui sont liées à celles des matières premières sur les marchés depuis l'été, mais pas seulement : nombre d'industriels se sont servi de ce prétexte pour augmenter leurs marges selon Jacques Creyssel, de la fédération du commerce et de la distribution.

    Les Echos. EDF entend augmenter ses tarifs de 30% en cinq ans. C'est un scoop du quotidien économique qui tombe assez mal pour le gouvernement, à quelques jours du deuxième tour des élections cantonales.

    Eric Besson, ministre de l'industrie, a démenti formellement avoir avalisé cette hausse (ce qui est vrai, mais ce que Les Echos n'ont jamais écrit). Mais comme le constate le journal, dont la ligne politique est pourtant loin de celle de L'Humanité :

    « Contrairement au message officiel, la réforme du marché de l'électricité risque bel et bien d'entraîner des hausses de tarif pour les clients d'EDF. »

    UFC-Que choisir. Le prix des pièces détachées de carrosserie ont augmenté de 26% en cinq
    ans en moyenne. Avec des explosions çà et là : le pare-boue des Renault
    Twingo, par exemple, coûte quatre fois plus cher qu'en 2005 ! Quand
    réformera-t-on le monopole étrange (une spécificité bien française)
    laissé aux constructeurs sur les pièces détachées ?

    Les salaires, eux, n'augmentent pas, d'où un effet ciseaux

     

    La une des EchosGaz, électricité, essence, bouffe, bagnole… On comprendra que les Français, qui ne consomment pas que des forfaits Internet, des téléphones portables ou des écrans plats, soient inquiets pour leur avenir immédiat. D'autant plus que du côté de leurs salaires, les niveaux pétillent moins. Les mêmes Echos, mardi, titraient :

    « Salaires : vers une nouvelle année de modération. »

    Comme en 2010, les augmentations salariales dans les entreprises plafonneront en moyenne cette année à 2,6%, selon le cabinet de conseil Aon Hewitt (sachant que l'inflation tournera autour de 2%). Et celles des fonctionnaires ne devraient pas être plus pimpantes.

    Evidemment, ce sont les français les moins aisés qui seront pris dans cet « effet ciseaux » (prix en hausse, salaires stagnants). Et sauf réaction des pouvoirs publics, la France va tout droit vers un nouveau choc social, une nouvelle fracture. Le pouvoir d'achat, cela ne fait aucun doute, sera au cœur de la prochaine campagne des présidentielles.

    Mais à l'Elysée ou à Matignon, on ne semble pas encore en avoir pris conscience. Nicolas Sarkozy avait conquis l'Elysée en promettant qu'il serait « le Président du pouvoir d'achat » qui « irait chercher la croissance avec les dents ».

    Ces discours ne sont plus au goût du jour : le Président est trop occupé ces jours-ci à organiser des débats sur l'islam ou à faire de nouveaux cadeaux aux Français qui payent l'ISF.

     


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  • Pourquoi des sièges sociaux qui résistent et des centrales nucléaires qui craquent?

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    On ne fera pas l'économie d'un débat de civilisation sur la production énergétique et la place que doit y avoir le nucléaire civil. Et il n'est pas question d'osciller entre"nucléarophile" borné ou "nucléarophobe" obtu. Le débat, qui devra avoir lieu, ne peut s'engager que sur un terrain débarrassé des causes parasites pour que la question objective des risques ne soit pas contingentée par des pratiques criminogènes.

    Il ne faut pas que tel un mur frontière opaque la forme du débat permette aux responsables politiques et économiques de se réfugier derrière les peurs millénaristes qu'ils activent à grand efforts médiatiques pour masquer les conséquences de leurs choix.

    Des choix qui ne doivent rien à Curie Becquerel Einstein Fermi ou Oppenheimer et aux Prix Nobel de physique ou de Chimie mais plus prosaïquement à la kyrielle des titulaires de celui d'économie qu'un malicieux journaliste avait baptise le PN de la finance.

    Nous sommes devant un bête problème de logique qui ne demande pas de concourir pour un Nobel pour y répondre :

    Si vous avez besoin d'acheter une télé. Vous demander des moyens au banquier ou au physicien qui étudie le cheminement des ondes hertzienne pour améliorer la 3D ?

    Si vous avez besoin de protéger de votre maison des intempéries pour regarder au calme votre TV, vous demandez à un banquier ou à un couvreur ?

    C'est là que ça se gâte : c'est encore le banquer qui va décider.

    Où veux-tu encore en venir Canaille ?

    A cela :

    Pourquoi les sièges sociaux des banques et assurances grand groupes japonais ont–ils résisté et pas l'habitat populaire et les centrales nucléaires.

    Il y a bien sur les critères d'implantation (et donc de coûts d'installation) de distribution etc.…qui dit coût dit choix et là…Mais y a-t-il que cela?

    Au nom du risque calculé, de la rémunération rapide et massive des capitaux engagés, au nom des économie pour (voir ci avant) sur les coûts de maintenance, d'entretient et de reconnaissance des qualifications de ceux qui sont en premières lignes le banquier à piloté le physicien, le couvreur et laisse par contre la planètes humanité se débrouiller avec les dégâts collatéraux de la guerre du profit.

    Si j'ai bien suivi le circuit qui a conduit ce qui suit à s'afficher sous les yeux de La Canaille, c'est Médiapart, qui éclaire le débat avec des faits dont on attend avec quelque impatience leur réfutation par ceux qui y sont pointés comme génocidaires industriels ou auteurs de crimes économico-industriels contre l'Humanité.

    Et sans attendre, l'exigence citoyenne pourrait ne pas rester scotchée sur les bords du pacifique, venir poser les bonnes questions de ce coté ci de l'atlantique.

    C'est un texte assez dense mais il est nécessaire d'en prendre connaissance si on veut que les débats à venir, les choix se fassent dans la rationalité citoyenne, chasse la rentabilité des critères de décisions et permettent d'exiger réparation pour les peuples en premier lieu le peuple nippon en tapant à la caisse des responsables.


    http://thedesigninspiration.com/wp-content/uploads/2009/06/origami/Crab-s.jpg

    Japon : la catastrophe nucléaire avait été prévue

    15/03/2011

    « A moins que des mesures radicales ne soient prises pour réduire la vulnérabilité des centrales aux tremblements de terre, le Japon pourrait vivre une vraie catastrophe nucléaire dans un futur proche. » Cet avertissement est tiré d’un article paru le 11 août 2007 dans le quotidien International Herald Tribune/Asahi Shimbun . Son auteur est le sismologue Ishibashi Katsuhiko, professeur à l’université de Kobe

    Ishibashi Katsuhiko faisait partie du comité d’experts chargé d’établir les normes sismiques des centrales nucléaires japonaises. Il en avait démissionné pour protester contre la position du comité. Il estimait que les recommandations fixées par le comité étaient beaucoup trop laxistes.

    En d’autres termes, le professeur Katsuhiko avait prévu ce qui est en train de se produire à la centrale de Fukushima. Il avait prévenu les autorités de son pays que les centrales japonaises souffraient d’une «vulnérabilité fondamentale» aux séismes. Mais ses avertissements ont été ignorés tant par le gouvernement que par Tepco (Tokyo Electric Power Company), premier producteur privé mondial d’électricité, qui exploite un tiers des centrales nucléaires japonaises, dont celle de Fukushima.

    Katsuhiko a lancé son alerte en 2006, année où les normes de sécurité anti-sismiques japonaises ont été renforcées. Selon le sismologue, ce renforcement était encore très insuffisant. Les faits lui ont donné raison dès l’année suivante. Le 16 juillet 2007, un séisme de magnitude 6,8 a provoqué des incidents sérieux à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, la plus importante unité de production d’électricité nucléaire au monde. Cette centrale se trouve sur l’île de Honshu, la principale île du Japon, comme presque toutes les centrales nucléaires japonaises, qui encerclent les trois plus grandes villes du pays, Tokyo, Nagoya et Osaka.

    Avant le séisme de juillet 2007, un autre s’était produit en août 2005, affectant la centrale d’Onagawa, au nord de Fukushima ; encore un autre en mars 2007, dont l’épicentre était à 16 kilomètres de la centrale de Shika. Et cela s’est répété l’année suivante, avec une secousse de magnitude 6,8 à l’est de Honshu, près d’Onagawa et de Fukushima. Même s’il n’y a pas eu de dégâts importants, Tepco a signalé alors trois fuites de liquide radioactif à Fukushima Daini.

    Ainsi, l’accident qui vient de se produire à Fukushima ne peut être considéré comme une véritable surprise, même s’il a pris de court les opérateurs de la centrale comme les autorités. Cet accident est la reproduction, en beaucoup plus grave, d’événements qui se sont répétés au moins depuis 2005.

    Ishibashi Katsuhiko avait analysé le risque, expliquant que, dans les différents cas, «le mouvement sismique à la surface du sol causé par le tremblement de terre était plus important que le maximum prévu dans la conception de la centrale». Lors du séisme qui a affecté la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, le pic d’accélération sismique était plus du double de la valeur que la centrale était censée supporter. «Ce qui s’est passé à Kashiwara-Kariwa ne devrait pas être qualifié d’inattendu», écrivait le sismologue.

    Les manquements de la société Tepco

    C’est malheureusement encore plus vrai du drame actuel, dont Katsuhiko avait anticipé la possibilité : «Si l’épicentre du séisme avait été un peu plus proche du site de la centrale et si la magnitude avait atteint 7,5 [...] , il aurait pu se produire un “genpatsu-shinsai”, un événement catastrophique associant tremblement de terre et fusion partielle ou complète du cœur d’un ou plusieurs réacteurs.»

    C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui, et le séisme est encore plus puissant que ce qu’avait imaginé Katsuhiko. En 2007, il estimait que les centrales devaient être conçues pour résister à un mouvement de surface du sol d’une vitesse de l’ordre de 1000 gal, alors que les normes de 2006 ne prévoyaient que 450 gal (le gal est une unité utilisée pour mesurer l’accélération du sol et correspond à 1 centimètre par seconde carrée).

    L’une des raisons pour lesquelles les centrales japonaises sont vulnérables aux séismes est qu’elles ont été construites pendant une période où il s’est trouvé que l’activité sismique était relativement faible – du moins pour le Japon. On s’est basé sur cette activité pour définir la résistance anti-sismique des installations nucléaires, et on en a construit 55, ce qui fait du Japon le troisième producteur mondial d’électricité nucléaire.

    Or, à partir de 1995 et du grand tremblement de terre qui a dévasté la ville de Kobe, il y a eu un regain d’activité sismique sur l’archipel. Il aurait été donc nécessaire de revoir à la hausse la protection anti-sismique des centrales. Pour Katsuhiko, les centrales qui ne pouvaient pas être suffisamment sécurisées devaient être fermées. Cela n’a pas été fait. Et Tepco n’a pas pris en compte les failles sismiques sous-marines, notamment dans la zone de Kashiwazaki-Kariwa. Le risque lié aux tremblements de terre a été systématiquement sous-estimé, aussi bien par les experts nationaux de la sûreté nucléaire que par l’industriel.

    Au demeurant, Tepco n’en est pas à son premier manquement en matière de sécurité. En 2002, l’entreprise a été au centre d’un scandale après avoir falsifié des documents d’inspection pour dissimuler des problèmes survenus sur certains de ses réacteurs. Le PDG, le vice-président et le président du conseil d’administration durent démissionner en chœur. La falsification concernait au moins trois incidents qui affectaient déjà les centrales de Fukushima et de Kashiwazaki-Kariwa…

    http://www.mediapart.fr/journal/international/150311/japon-la-catastrophe-nucleaire-avait-ete-prevue?page_article=2

    15 Mars 2011 Par Michel de Pracontal

     

    PS : odieux dans l'odieux, hier midi à la télé (privilège du retraité) un journaliste économiste distingué (bien sur) expliquait la gravité de la situation au japon :

    "la bourse s'effondre et cela va avoir des répercussion graves : 15% du commerce de luxe mondial provient du japon".

    repris dans la Tribune (pas celle du Cheminot mais la feuille de choux du magot) de ce 17 mars:

    "Le séisme et la menace grandissante de catastrophe nucléaire vont notamment avoir de fortes conséquences sur le premier marché du luxe au monde".

    La Canaille n'attendait pas si rapidement une telle aide pour étayer sa démonstration quant au rôle du capital à d'abord sonder et...neutraliser.

    http://japon.aujourdhuilemonde.com/sites/default/files/imagecache/article_full/aujourdhuilejapon.com/media/photo/vuitton%20harajuku.jpg

    Rassurez vous braves gens, l'ordre règne pour les lingots

     http://canaille-le-rouge.over-blog.com/article-pourquoi-des-sieges-sociaux-qui-resistent-et-des-centrales-nucleaires-qui-craquen-69502379.html


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  • CAC 40 : des profits 2010 qui approchent le record de 2007 

    Les bénéfices réalisés l’an dernier par les 40 plus grands groupes cotés à la Bourse de Paris dépassent les 80 milliards d’euros. Un redressement soutenu par l’argent public mais réalisé contre l’emploi, les salaires et la compétitivité du pays.  Par Pierre Ivorra

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    En ce début de mars, le contraste est particulièrement saisissant entre la situation de la France et des Français et celle des principaux groupes capitalistes du pays, sociétés industrielles, de services et intervenants financiers. Le chômage se maintient à un haut niveau, les prix à la consommation amputent le pouvoir d’achat des familles, la croissance se traîne, le déficit extérieur se creuse et pourtant les profits 2010 des «cakes» du CAC dépassent les 80 milliards d’euros, en hausse de 85 % par rapport à 2009. Voilà qui annonce d’ailleurs un coquet versement de dividendes aux actionnaires en 2011.
    Hier, le groupe EADS a été le dernier membre de la confrérie du CAC à annoncer ses résultats : ils décollent, passant de – 763 à + 526 millions d’euros. Mais le constructeur aéronautique franco-allemand joue petit bras en matière de profits comparé à la plupart de ses collègues. La star 2010 reste le géant de l’or noir, Total. La compagnie pétrolière a connu en 2009 un léger accès de « faiblesse », affichant un bénéfice en baisse, mais le résultat 2010 est reparti à la hausse (+ 25 %), même si le record de 2007 (13 milliards de profits) n’a pas été atteint. Ils sont pourtant une quinzaine de groupes à dépasser leurs résultats de cette année miracle.
    Comment expliquer ce redressement, alors que la croissance n’a été que de 1,7 % en 2010 dans la zone euro et de 1,8 % au sein de l’Union européenne à 27 ? Nombre de groupes sont allés chercher de la marge aux États-Unis et, surtout, dans les pays émergents. C’est ainsi que la Chine est devenue la deuxième source de bénéfice de Pernod Ricard, les émergents sont devenus le plus important contributeur au chiffre d’affaires par région du groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis. L’activité de Schneider Electric en Asie-Pacifique a augmenté de 45 %, représentant désormais le quart du chiffre d’affaires. Mais il n’y a pas que cela. Total a pour sa part "surfé" sur la vague montante des cours du pétrole, qui ont progressé de 40 % entre janvier et décembre 2010. GDF Suez a gonflé son résultat grâce, particulièrement, à la hausse du gaz (+ 20 % sur un an et + 60 % depuis la privatisation).

     Merci aux aides publiques et aux exonérations. Ce dernier point permet de souligner l’une des raisons décisives de ce redressement des profits : l’appui renforcé de l’État, de Nicolas Sarkozy et de son équipe. Aides publiques aux banques, plan de relance, suppression de la taxe professionnelle, facilités fiscales, exonérations de cotisations, financement public du chômage partiel, emplois aidés, réforme du droit de licenciement, hausse minimale du smic… La liste des mesures de soutien au capital pour relever sa rentabilité éprouvée par la crise est impressionnante. Tous les moyens publics ont été mobilisés, y compris au niveau européen, la BCE offrant des conditions exceptionnelles de refinancement aux banques, rachetant leurs titres pourris et leurs obligations d’État à risque, les grecques, irlandaises, portugaises.
    Mais cette compétitivité retrouvée des grands groupes est acquise contre la compétitivité du pays. L’exemple le plus frappant est celui des groupes automobiles Renault et Peugeot Citroën. Tous deux affichent des résultats en vert. Ils ont pour cela bénéficié de 3 milliards d’euros de prêts de l’État chacun, la prime à la casse et le bonus écologique ont tiré leurs ventes en France et en Europe. Mais ils ont profité de ces aides publiques pour augmenter leurs importations à partir de leurs sites en Espagne, dans les Balkans, en Europe centrale. Les importations françaises de véhicules automobiles ont augmenté de 9,8 %, celles d’équipements automobiles de 17,1 % en 2010. Renault importe plus de voitures en France que l’allemand Volkswagen !
    Les grandes sociétés françaises sont les championnes du monde de la délocalisation des capitaux, préalable à celle des emplois. Elles se sont développées à l’international contre leur base nationale. Cette « extraversion » du grand capital français n’a pu se faire sans le concours des banques, qui l’ont accompagnée, y trouvant elles-mêmes leur intérêt. L’emploi est évidemment la première victime de cette orientation. Nous l’avions révélé en novembre 2010, les effectifs des groupes du CAC ont baissé de 60.000 emplois en 2009. La lutte des salariés français, de leurs organisations syndicales, pour l’emploi et les salaires heurte évidemment de plein fouet cette stratégie des groupes et du pouvoir. Elle appelle à la fois un autre partage des profits et un changement radical de la manière de les réaliser. La gauche a, à ce niveau, du grain à moudre pour faire des propositions alternatives en France et en Europe et pour mobiliser.


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  • Portail de l'action des Elus et de la vie citoyenneLe gouvernement fait "la sourde oreille" face à la  détresse des consommateurs ! 

    jeudi 10 mars 2011 (16h30)


    L’association de défense des consommateurs INDECOSA-CGT tient à exprimer son indignation devant le refus catégorique du gouvernement de prendre des mesures pour aider les ménages en difficulté, qui doivent faire face à une brusque flambée des prix des carburants.

    ce statu quo est inacceptable devant la détresse des millions de gens qui voient leur pouvoir d’achat "dévisser" littéralement. De leur côté, les compagnies pétroliéres et les grandes surfaces continuent leur poker menteur sur la réalité des stocks disponibles et surtout sur le coût de leur s approvisionnements.

    La situation dans les pays du nord de l’Afrique n’explique pas tout. En effet, lorsque le prix du baril est monté à 147 dollars le 11 juillet 2008, les repercussions à la pompe n’ont pas été assez rapides et brutales. Sans attendre les conclusions de l’observatoire des prix et des marges, il existe de réels soupsçons "d’effets d’aubaines" des compagnies pétrolières. Au rythme ou vont les choses , le groupe Total qui a dégagé un bénéfice net de 10,3 milliards d’euros l’annèe dernière va probablement battre son record historique de 13,9 milliards réalisé en 2008. Sachant que l’Etat impose un plan de rigueur sans précédent aux ménages français , la pilule est dure à avaler!

    Pour mettre fin à cette situation, INDECOSA-CGT réclame :

    Un gel immédiat du prix des carburants
    Que le gouvernement impose aux compagnies pétrolières et à la grande distribution une transparence totale sur l’état des réserves disponibles et sur le prix payé au fournisseur au moment de l’achat (il est intolérable de faire payer le consommateur au prix fort pour un carburant acheté ily’a des semaines),
    Le retablissement de la prime à la cuve pour les ménages les plus modestes .

    Pour INDECOSA-CGT Arnaud Faucon Secrétaire national


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  • Portail de l'action des Elus et de la vie citoyenneDécidément , les spéculateurs se servent de tout. pour faire du fric.
    Nous sommes tous condamnés à passer à la pompe afin de faire rouler nos bagnoles , en milieu rural plus qu'ailleurs encore , c'est hélas une évidence , et à chaque fois, nous nous faisons littéralement voler, oui voler , cette fois , c'est la faute aux peuples de Maghreb qui osent relever la tête ! Il faut un bouc émissaire , mais non à chaque fois qu'il se passe quelque chose de particulier sur cette planète les financiers s'en foutent plein les poches , et ni vu ni connu je t'embrouille !
    N'est il pas temps de dire: ça suffit ! quand on sait que sur le prix des carburants il y a près de 80% de taxes : l’impôt le plus injuste qui soit , alors que pendant ce temps le pouvoir supprime une partie de l'impôt sur la fortune et taxe toujours plus les plus humbles , ce qui ne l'empêche pas de préparer un des reculs le plus important au niveau social jamais connu depuis la libération , tout çà au nom de l'euro .
    Mais combien de temps allons nous jouer les moutons de panurge , c'est impressionnant comment il est facile de voler les gens sans que ceux ci réagissent , enfin je m’arrête car je crois que je vais m'énerver , en tout les cas si nous ne savions pas que nous avions une nomenclatura voyou , maintenant , on le sait!!..............
    Publié par UN PAYSAN DE L'ALLIER


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  • AFP - Publié le 03/03/2011 à 10:42 - Modifié le 03/03/2011 à 10:43

    Fillon confirme la mort du bouclier fiscal, 300.000 foyers sortis de l'ISF

    Lecture

     

    Le Premier ministre François Fillon a confirmé officiellement jeudi à Bercy la fin du bouclier fiscal et annoncé que 300.000 foyers échapperaient à l'impôt sur la fortune (ISF) avec la réforme de la fiscalité du patrimoine projetée par le gouvernement.

    Bouclier fiscal: suppression, piège à c... 

    L'une des grandes mesures du quinquennat de Nicolas Sarkozy a vécu. Le Premier ministre François Fillon a confirmé officiellement ce jeudi matin à Bercy la fin du bouclier fiscal. Notre analyse

    • Les faits:

    Avec la suppression du bouclier fiscal, François Fillon a annoncé dans la foulée que 300.000 foyers échapperaient à l'impôt sur la fortune (ISF) avec la réforme de la fiscalité du patrimoine projetée par le gouvernement. "En supprimant le bouclier fiscal", qui plafonne le total des impôts directs à 50% des revenu, le gouvernement entend "mettre fin aux défauts de l'ISF dont le bouclier était le remède imparfait", a expliqué le Premier ministre devant un parterre de parlementaires, d'économistes et de chefs d'entreprises réunis pour un colloque sur le thème "patrimoine et fiscalité". Ainsi, la réforme fiscale "devrait permettre de sortir de l'imposition sur la fortune 300.000 foyers qui y sont entrés depuis dix ans, essentiellement à cause de la flambée des prix de l'immobilier", a t'il affirmé, sans détailler les pistes retenues pour faire sortir ces foyers de l'imposition.

    Il n'est "pas question de toucher au livret A, à l'assurance-vie du petit épargnant, ni à aucun des placements des ménages qui ne sont pas à l'ISF aujourd'hui", a également souligné le Premier ministre. "Cette réforme ne les mettra en aucune façon à contribution", a-t-il insisté. De la même manière, a assuré M. Fillon, le gouvernement ne reviendra pas sur l'allègement des droits de succession décidé en 2007 et ne créera pas une nouvelle tranche d'impôt pour les plus aisés.

    Le Premier ministre a ainsi poursuivi l'effeuillage d'une réforme fiscale qui doit faire l'objet d'un projet de loi attendu fin avril et d'un vote au Parlement avant l'été. A la gauche qui en appelle selon lui à une "révolution ou un grand soir fiscal", M. Fillon a opposé les "valeurs de (sa) famille politique". "Nous ne voulons pas d'une France où les classes populaires ne pourraient plus rêver d'accéder au statut des classes moyennes, et les classes moyennes au statut des classes supérieures", a-t-il expliqué.

    • Notre analyse:

    A un an de l'élection présidentielle, le bouclier fiscal, cadeau offert en 2007 aux grandes fortunes, était devenu intenable pour Nicolas Sarkozy. Cette mesure phare de son quinquennat symbolisait le fait que le chef de l'Etat était d'abord le président des riches. Elle permettait de gommer les inconvénients de l'Impôt sur la fortune pour les plus aisés en plafonnant le total des impôts directs à 50% des revenus. Grâce à cette ristourne, les plus grandes fortunes se sont partagées 665 millions d'euros en 2010. Liliane Bettencourt a ainsi touché 30 millions du Fisc l'an dernier!

    Mais au bout de quatre ans d'existence et avec la crise économique, le bouclier fiscal a de plus en plus rimé avec scandale pour tous les autres contribuables. Exit donc le bouclier. Mais pas les orientations politiques et la logique libérale qui ont sous-tendu son adoption. Derrière la façade, il n'est toujours pas question de mettre plus à contribution les riches pour réduire les déficits budgétaires de l'Etat. D'où la réforme en parallèle de l'Impôt de solidarité sur la fortune. Le gouvernement ne pouvant pas supprimer carrément l'ISF, le dispositif devrait être allégé. Il l'a déjà été avec la retouche des droits de succession. Le plafond au-dessus duquel les contribuables y sont assujettis devrait être relevé, de 790 000 euros  de revenus déclarés actuellement aux alentours de 1,3 millions d'euros. Mais cet allégement ne se fera pas au détriment des recettes de l'Etat. Il faudra bien que quelqu'un passe à la caisse. Et si ce ne sont pas les plus fortunés...

    A lire sur le même thème: Impôt sur la fortune, les tripatouillages de Nicolas Sarkozy


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  • « Coût » du travail ou financiarisation : Qu’est-ce qui handicape vraiment l’industrie française ?

    Compétitivité de la France et de l’Allemagne : deux visions

     

    Santé

    Nasser 
Mansouri-Guilani, 
responsable des études économiques pour la CGT.Michel Didier, 
président de l’institut 
de conjoncture 
Coe-Rexecode.

    Le gouvernement et le Medef font l’apologie du modèle « virtueux » de compétitivité allemand. En s’appuyant sur l’étude récente 
sur la compétitivité en France et en Allemagne, de l’institut COE-Rexecode, proche du patronat, ministres et grands patrons y sont allés de leur 
couplet afin de montrer que la chute des exportations françaises était due majoritairement à un écart important des « coûts du travail » 
en France depuis 2000. Une analyse serrée des stratégies à l’œuvre de part et d’autre du Rhin montre que les choses ne sont pas si simple.

    Votre rapport met en avant un écart 
de compétitivité dû principalement au coût du travail. Cette vision 
ne fait pas l’unanimité. N’est-elle 
pas réductrice compte tenu 
du nombre de facteurs qui entrent 
dans la notion de compétitivité ?

    Michel Didier. Sous cette forme la question est réductrice. Le message qui ressort est qu’effectivement nous perdons en compétitivité, tant sur les exportations que sur notre création de valeur ajoutée dans l’industrie en France, par rapport à l’Allemagne. C’est un fait. Le débat sur le niveau du coût de l’heure de travail n’est pas, à mes yeux, central. En revanche, la divergence d’évolution France-Allemagne l’est. Ce rapport n’est pas un rapport anti-coût du travail, c’est un rapport cherchant des bons mécanismes pour que, dans les entreprises, nous trouvions les bons arbitrages entre salaires, emploi et durée du travail pour mettre fin à la divergence industrielle France-Allemagne. À partir des années 2000, les Allemands ont mis en œuvre une politique de compétitivité qui a été dure, en réformant le marché du travail, avec des modérations salariales et des renégociations collectives, une politique qui a permis de revenir dans la compétitivité mondiale. La France a fait une politique inverse, en réduisant de façon centralisée la durée du travail, ce qui a plusieurs effets : perte de marchés, augmentation du coût de l’heure de travail et limitation du champ de la négociation dans l’entreprise. Nous avons eu des hausses de prix de nos produits supérieures aux Allemands avec une divergence du coût salarial, même si le salarié n’en a pas bénéficié.

    Nasser Mansouri-Guilani. En préalable, j’insiste sur le fait qu’il s’agit bien d’une commande confiée à un organisme proche du patronat. Ce n’est pas anodin si Mme Parisot reprend à son compte ce qui est proposé. Incontestablement, du point de vue des salariés, la situation en France n’est pas satisfaisante, mais je conteste le raccourci qui consiste à dire que parce que les exportations allemandes sont supérieures aux nôtres, la situation est meilleure en Allemagne et qu’il faut l’imiter. Lorsque l’on se place du côté des salariés allemands, on a une forte progression de la précarité, de fortes inégalités. Chez Volkswagen, il y a quatre statuts différents. Dans certains établissements, les intérimaires sont payés moitié moins que les autres salariés. Cette compression des salaires a eu une conséquence négative sur la consommation. La forte augmentation des exportations allemandes résulte en partie d’une insuffisance de débouchés sur le marché intérieur. J’ajoute qu’il est possible d’avoir des salaires élevés tout en étant compétitif, ce qui renforce la question de la compétitivité hors prix, c’est-à-dire la capacité d’innovation, la qualité des produits, etc. Ces éléments sont connus depuis longtemps. Si vous les évoquez dans l’étude, ils ne figurent pas comme élément central. En revanche, vous insistez sur le coût du travail et la fiscalité du patrimoine.

    Michel Didier. L’Allemagne fait mieux parce que l’industrie au lieu de se contracter se maintient, et même se développe. C’est notre objectif. Il existe tout de même un lien entre les exportations, la capacité industrielle et l’emploi. Certes, nous avons eu une consommation supérieure à l’Allemagne, les Allemands ont quand même payé pour être compétitifs. Mais notre consommation, nous l’avons soutenue en partie par du déficit public qu’il faut maintenant payer, et aujourd’hui l’Allemagne a une croissance plus forte et plus d’emplois. Que se passera-t-il dans la zone euro si nous continuons à diverger ?

    On dit souvent que les Français 
sont les plus productifs au monde. 
La productivité ne compense-t-elle 
pas la différence du coût du travail ?

    Michel Didier. Durant la période, les gains de productivité réalisés n’ont pas été supérieurs en France. Ils n’ont été distribués ni en salaire ni en baisse de prix. On les a utilisés à travailler moins. L’Allemagne les a utilisés pour renforcer son industrie. Hélas on a perdu en compétitivité.

    Nasser Mansouri-Guilani. Le passage aux 35 heures a coïncidé avec une hausse de la productivité du travail, et les gains de productivité sont plus forts en France. Les statistiques le prouvent. De plus, globalement, les Français travaillent plus que les Allemands. Par ailleurs, la réduction du temps de travail a été compensée par une modération salariale.

    Les médecines mise en œuvre depuis 
près de vingt ans n’ont pas produit 
leurs effets. Ne faudrait-il pas 
une tout autre politique industrielle ?

    Michel Didier. L’effort de recherche en entreprise est plus élevé en Allemagne, nos travaux le confirment. Les entreprises françaises ne dégagent pas assez de marges pour les affecter à la recherche. Et on ne peut pas forcer les entreprises à faire plus de recherche puisqu’elles n’ont pas les moyens. Le gouvernement a mis en place le crédit impôt recherche qui ne compense qu’en partie ce problème de financement. Il faudrait que les entreprises fassent plus de marges plutôt que de solliciter la puissance publique. Les dividendes des multinationales, c’est vrai, ont beaucoup augmenté, mais il faut voir d’où viennent ces profits des multinationales. Ils sont réalisés dans les autres pays, dans les pays émergents. C’est une réalité qui ne doit pas être transposée au tissu productif français. L’histoire des profits qu’on redistribue à tour de bras à l’actionnaire n’est pas celle de nos PME.

    Nasser Mansouri-Guilani. Dans cette étude, il y a des absences, extrêmement importantes, comme les choix de politique économique et de gestion des entreprises. C’est là que le rôle de la puissance publique et de la politique industrielle a toute sa pertinence. Par exemple, le crédit impôt recherche (CIR) n’a pas profité aux entreprises qui font de la recherche, un effet d’aubaine a vu le jour. Plus de la moitié des CIR ont été utilisés par les services. Par ailleurs, il est faux de dire que les entreprises manquent de marges pour arriver à financer leur recherche. Selon les comptes nationaux, les dividendes distribués par les sociétés non financières à leurs actionnaires sont passés de 5 % de la valeur ajoutée, au milieu des années quatre-vingt, à 25 % aujourd’hui. Il y a là un problème d’efficacité du système productif. C’est pourquoi on ne peut pas faire abstraction de la stratégie des entreprises, quand on veut traiter de la compétitivité. Les groupes français ont donné la priorité aux marges et à la production totale sur le marché extérieur. Leurs sous-traitants les ont suivis. Les constructeurs automobiles français délocalisent une partie importante de leurs productions à l’extérieur, puis ils importent dans l’Hexagone. Les Allemands ont de la sous-traitance dans les Peco, mais ils ont gardé des bases industrielles. La baisse de la base industrielle en France n’est pas sans lien avec la stratégie des entreprises.

    Michel Didier. C’est vrai que les entreprises allemandes ont plus externalisé dans les Peco. Du côté de l’outre-Rhin, l’objectif de créer de la valeur est partagé, c’est peut-être parce qu’il y a plus de capacité à travailler ensemble.

    Nasser Mansouri-Guilani. Les choix stratégiques de l’entreprise obéissent aujourd’hui à la création de valeur pour l’actionnaire et non de la valeur ajoutée pour répondre aux besoins sociaux et économiques. La priorité est accordée à la rentabilité financière à court terme, au détriment de l’emploi, des salaires, de la recherche-développement, de l’investissement productif. Cette financiarisation de l’économie est apparue moins brutale en Allemagne, y compris parce que les banques ont joué un rôle plus favorable pour l’industrie.

    Partagez-vous cet avis sur le rôle 
des banques dans le financement 
des dépenses de recherche et d’investissement de l’industrie en Allemagne ?

    Michel Didier. Je ne crois pas que ce soit un bon procès à faire aux banques. Je suis d’accord sur le diagnostic, mais les banques face à des entreprises risquées, avec des marges plus limitées, sont obligées d’être plus prudentes. En Allemagne, les entreprises sont plus stables, plus pérennes. Les banques peuvent donner plus de crédits sans prendre plus de risques.

    Nasser Mansouri-Guilani. Avant la crise, les trois quarts de l’activité des banques allemandes se sont réalisés sur la sphère réelle alors qu’en France on a à peu près la relation inverse. Les banques ont tendance à accorder plus facilement des crédits aux financiers qu’au projet d’investissement. J’ai des exemples où le projet de rachat viable par des salariés n’a pas été appuyé par une banque alors que le financier a obtenu le crédit nécessaire. Le rôle de la puissance publique est de mettre le risque au bon endroit. C’est pour cela qu’à la CGT nous proposons de créer un pôle financier public.

    Le rapport insiste sur le besoin 
de baisser de 10 % le coût du travail.

    Michel Didier. Il y a deux manières de gagner en compétitivité. La première à long terme est de développer des actions industrielles. La seconde est de prendre rapidement des mesures pour interrompre la baisse du tissu industriel. Ces deux manières sont complémentaires et nécessaires. Nous ne demandons absolument pas aux salariés de baisser de 10 % leurs salaires, au contraire. La seule manière est de baisser les charges sur le travail, ce n’est pas dans la poche du salarié. À condition que les entreprises les répercutent bien sur les prix, pour regagner en compétitivité. Ce débat doit avoir lieu, aucune solution n’est bonne du côté de la compensation, parce que c’est soit de l’impôt soit de la dépense en moins.

    Nasser Mansouri-Guilani. Nous y sommes totalement opposés. Cette idée de réduire les salaires n’est pas nouvelle. Les cotisations sociales font partie intégrante du salaire, elles financent la Sécurité sociale. Dire qu’il faut réduire les cotisations sociales revient à dire qu’il faut baisser le salaire. Si nous sommes d’accord pour développer l’industrie, je suis absolument contre l’idée de demander encore et davantage de sacrifices aux salariés. Le gouvernement allemand a joué un jeu non coopératif, en portant le fardeau sur les travailleurs. Ce n’est pas un schéma admissible dans l’optique des travailleurs. Demain, on nous comparera avec les travailleurs chinois pour nous demander de nous y adapter. On trouvera toujours un moins-disant social.

    Vous mettez en avant le besoin de négociation dans les entreprises. Qu’entendez-vous par là ?

    Michel Didier. Sur la dernière décennie, grâce à un meilleur système de négociation et à une bonne capacité à travailler ensemble, les Allemands ont obtenu un résultat en termes de compétitivité et aussi d’emploi. C’est un concept qui peut s’appliquer aux relations donneurs d’ordres sous-traitants, et surtout qui peut permettre de trouver de bons compromis dans l’entreprise. C’est au niveau de l’entreprise que les questions relatives à l’emploi, aux salaires ainsi qu’à l’organisation de la durée du travail se dénouent le mieux. Il faut libérer la capacité de négocier pour être plus compétitif.

    Nasser Mansouri-Guilani. Sur le « travailler ensemble », la question de fond est bien celle de critères et de droits. Quelle est la finalité de l’entreprise ? Quelle est la place des salariés dans la définition des choix stratégiques de l’entreprise ? Il existe des négociations dans les entreprises. Mais dès lors qu’il s’agit d’intervenir sur les choix stratégiques, la réponse est non. Nous avons des exemples très nets dans les conseils d’administration. C’est là aussi que la loi doit jouer un rôle.

    Entretien réalisé 
par Clotilde Mathieu


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  • Libres échangesQuand le comble du cynisme rejoint la négation du civisme, la loi devient scélérate.
    1. La "défiscalisation" est une rengaine traditionnelle de la droite dont la politique sert la fortune.
    De tous temps les plus fortunés ont rechigné àcontribuer au bien être commun; le partage et la solidarité ne font pas partie de leur vocabulaire. Tout au plus la charité, octroyée parcimonieusement donne le change. Jadis le puissant avait "ses pauvres", des miséreux à sa mercie.
    Il est donc naturel pour servir les intérêts de l'oligarchie financière qu'on pratique au grand jour le jeu de la fuite fiscale, et à défaut d'émigrer en paradis fiscal, on trouve les petits arangement qui vont faire échapper à l'impôt.
    2. Ne serait-ce que l'impôt plancher à 2500 euros par an, pendant 15 ans, c'est quand même un cadeau de près de 40 000 euros d'argent public qui vont manquer dans les caisses de l'Etat. Pour des champions de la réduction du déficit, n'est-ce pas un peu paradoxal ? Non bien sûr puisque c'est le service de la dette qui contribue largement à alimenter la rente et à creuser toujours plus le trou des finances publiques pour engraisser la richesse privée. Celles et ceux qui mettent leur compteur fiscal à zéro doivent bien mesurer leur imposture quand ils se serve des équipeemnts et services publics qui, dès lors ne sont plus financés que par les "autres", ceux qui contribuent à s'en ruiner pour être de plus en plus mal servi à l'école, à l'hôpital, dans les transports ou la distribution d'eau ou d'énergie...
    3. Il s'agit bien d'une volonté gouvernementale; l'Etat, puissance publique en charge de la recette fiscale incite à ne pas contribuer à l'alimentation des ressources communes. C'est la bonne logique du moins d'Etat qui est tendre aux plus forts et féroce pour les plus fragiles.
    4. Le cadeau à portée de la main, apporté sur un plateau, c'est de l'argent public détourné de sa destination qui va contribuer, non pas au bien être commun, mais à la constitution du patrimoine privé. On est bien là sur la veine spoliatrice d'une société qui prône comme Guizot en son temps "Enrichissez-vous"; en faisant mine de croire que la richesse des uns se fait sans dommages pour les autres.
    L'exercice a ses limites, et elles sont socialement coûteuses. Tout le dispositif passant par la case des proffits bancaires, le rendement de la défiscalisationn devient de plus en plus incertain au point qu'une soixantaines de villes sont aujourd'hui déconseillées aux investisseurs dans le logement locatif. Les appartements restent vides ! Non pas que le mal logement soit résolu ! mais le dispositif a enclenché une vague de hausse des loyers telle que la fracture entre l'offre et la demande est ouverte. Une étude récente du Crédit Foncier fait état d'un niveau de la demande dans la fourchette de 6 à 13 € par m2 par mois quand le niveau de l'offre se situe de 11 à 245 € par m2 par mois. Il est bien évident que dans ces conditions l'offre ne peut plus rencontrer la demande. Et les "investisseurs" adeptes de la défiscalisation se retrouvent tout naturellement en difficulté avec des logements vides sur les bras... avec les annuités d'emprunts qui vont avec !

    Les analystes insistent dans leurs conseils sur la nécessité pour les investisseurs de calculer leur coup sans tenir compte de la défiscalisation pour être sûrs du rendement espéré. Bel aveu, qui signe aussi l'ineluctable effet sur le marché locatif : une hausse aggravée des loyers.

    Une loi à abroger, comme beaucoup d'autres du même tonneau.

    Publié par Daniel LEVIEUX


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