• La fin de l’euro, un cataclysme économique ? Les actes des capitalistes contredisent leur discours politique.

    Vivelepcf , 15 juin 2012


    120615_euro_fracture.jpg Les tenants de l’UE du capital n’affichent pas de perspective plus terrible que la fin de l’euro pour la France. Dans leur scénario catastrophe, certains experts (l’officine patronale qu’est l’Institut « Montaigne » par exemple – Les Echos du 11 décembre 2011) vont jusqu’à prédire la destruction d’un million d’emplois, et de « 6 à 19% de la richesse nationale ». Rien que ça !

    Ces savants spécialistes s’étaient bien gardés de prévoir, d’annoncer, en 2000, la hausse du nombre de chômeurs depuis l’introduction de l’euro, 502.000 personnes (chiffres officiels INSEE pour la catégorie A uniquement) ou le niveau l’affaissement de la production manufacturière.

    Aujourd’hui, leurs amis financiers, « investisseurs », révèlent par leurs actes qu’ils ne se placent pas du tout dans une perspective catastrophique pour la France en cas d’abandon de l’euro.

     

    Le 7 juin 2012, ils se sont rués sur le dernier emprunt de l’Etat français, au point que le taux à 50 ans est tombé au plus bas historique, 3,27%, celui à 10 ans à 2,46%.

    Tous les analystes, dans les pages réservées aux avertis, font le constat que la dette française est un placement sécurisant, « le second meilleur choix après la dette allemande », avec un meilleur rendement (sur le dos des travailleurs), « en cas d’éclatement de la zone euro » (Les Echos du 8 juin 2012).

     

    Un éventuel futur franc, valeur refuge en cas de disparition de l’euro !

     

    Voilà qui contredit drôlement les discours politiques quasi unanimes pour défendre l’euro, qu’ils proviennent de Sarkozy ou de Mélenchon, avec l’extrême-droite en contrepoint et repoussoir convenus.

    Les capitalistes ont besoin de l’euro pour pressurer les travailleurs de chaque pays un peu plus, au nom de la compétitivité, de la concurrence, des dettes publiques. Ils entendent bien aussi profiter de la crise de l’euro, de leur propre crise, pour mettre un peu plus les peuples sous la tutelle « fédérale » de l’UE du capital.

    C’est la seule issue envisagée par les dirigeants allemands, français ou italiens quelles que soient les mises en scène politiques de fausses divergences entre Sarkozy et Merkel, maintenant entre Hollande et Merkel.

    Bien sûr, les capitalistes, en position de force, ont des plans B, en cas de fin de l’euro.

    Mais celle-ci peut et doit représenter une sacrée défaite pour leurs plans européens.

     

    Il n’est que plus important que le PCF situe son action, non pas dans le réformisme et la collaboration avec l’UE avec le PGE, mais dans la continuité de sa dénonciation du Traité de Maastricht, confirmée par les faits, plus juste et actuelle que jamais.  


    votre commentaire
  • http://liesidotorg.files.wordpress.com/2012/04/titanic1.jpg?w=645

     

    Merci à l'ami Tourtaux d'avoir mis cette pièce d'anthologie en ligne.


    Il a assez souvent des pépites de ce genre à nous proposer, si vous allez lui rendre visite, C'est ici : [link]


    En attendant, savourez, faites partager et interpellez pour savoir si les communistes grecs ne sont pas dans le plus que vrai avec leurs analyses... et si les gugusses du GUE ne tentent pas de vous faire prendre des vessies pour de lanternes et que c'est pour cela que ça vous brûle.


    Seuls les théologiens de l'hibernation politique refuseront d'aller au bout de cette vidéo (le subversif qui cause dans l'poste est un de ces député irlandais qui ont soutenu corps et âmes l'entrée de l'Irlande dans l'UE).



    votre commentaire
  • Un article de mes camarades de la CGT du conseil général des Alpes-Maritimes:

    ocde-cgtcg08-cgtcg-syndicat-cgt-ardennes-08.jpg

       L'OCDE vient de publier un rapport sur l'avenir des retraites dans lequel elle distribue des bons et mauvais points aux pays en fonction de l'âge départ. Elle propose aussi d'avoir recours aux pensions privées pour « stimuler la croissance » !
       Connaissez vous le slogan de l'OCDE ? hé bien c'est : «Des politiques meilleures pour une vie meilleure » Elle l'explique sur son site de la façon suivante : « (...) promouvoir les politiques qui amélioreront le bien-être économique et social partout dans le monde (...) Nous comparons la façon dont les systèmes éducatifs préparent les jeunes à la vie moderne et la façon dont les systèmes de retraite protégeront les citoyens plus âgés (...) »
       C'est justement donc au nom de la protection des systèmes de retraites que l'OCDE vient de publier son dernier rapport. Que dit-il ?
       « L’espérance de vie continuant d’augmenter partout dans le monde, les gouvernements devront graduellement augmenter l’âge de départ à la retraite pour que leurs systèmes nationaux de pension soient à la fois financièrement viables et adaptés (...) »
       Et le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, de donner selon lui une des solution clés du problème : « Il faut agir avec vigueur. Faire tomber les obstacles à la poursuite d’activité au-delà de l’âge habituel d’accès à la retraite sera indispensable pour garantir à nos enfants et à nos petits enfants le bénéfice d’une retraite adéquate au terme de leur vie active »

       Il est clair que Angel Gurria ne lit pas les rapports de l'Organisation Internationale du Travail. C'est dommage, car il aurait appris que dans le monde, de 196 millions en 2011, le nombre de chômeurs passera en 2012 à environ 202 millions et que l'OIT table pour 2013 sur le chiffre de 207 millions.
       Et le Directeur de l'Institut international d'études sociales de l'OIT, Raymond Torres, d'ajouter : « (...) il est peu probable que l'économie mondiale croisse à un rythme suffisant ces deux prochaines années pour, simultanément, combler le déficit d'emplois actuel et fournir du travail à plus de 80 millions de personnes qui devraient arriver sur le marché du travail au cours de la même période (...) »
       Donc des chômeurs de tous les âges qui cotisent peu ou pas et dont, en ce qui concerne les plus âgés, on ne veut plus dans les entreprises ! 

       Mais l'OCDE n'en a cure puisque l'objet de son rapport est ailleurs. Son plaidoyer pour le report de l'âge de la retraite idéal qu'elle préconise de : «lier formellement l’âge de la retraite à l’espérance de vie » n'est en fait qu'un alibi pour promouvoir ... les pensions privées !
       Ce qu'elle explique clairement : « Quoique ces réformes puissent parfois être impopulaires et douloureuses, elles peuvent aussi (...) contribuer à stimuler une croissance bien nécessaire dans des économies vieillissantes »
    De quelle façon ?
    « (...) Les personnes qui commencent de travailler aujourd’hui peuvent compter percevoir une pension nette de régime public d’environ la moitié de leurs revenus nets, en moyenne, dans les pays de l’OCDE, si elles prennent leur retraite après une carrière pleine, à l’âge officiel du départ à la retraite. Mais, dans pratiquement les 13 pays qui ont rendu les pensions privées obligatoires, les retraités peuvent espérer percevoir une pension représentant environ 60 % de leurs revenus (...) »
       Et pour ceux qui feraient remarquer qu'il est assez gonflé de proposer ce système en pleine crise de l'Euro et d'incertitude économique généralisée, l'OCDE suggère l'idée suivante : « (...) Pour renforcer la confiance dans les pensions privées, les gouvernements devraient aussi améliorer la supervision des fonds pour garantir que les frais ne sont pas trop élevés et minimiser les risques (...) » En résumé, YAKA !
       Certains feront remarquer que la démonstration de l'OCDE est en tous points identique à ce qu'a proposé à plusieurs reprises Laurence Parisot, la patronne du Medef, à laquelle ... la Fédération Bancaire Française (FBF) est adhérente. Mais c'est probablement un hasard, puisque l'OCDE affirme ne dépendre pour son fonctionnement que des pays membres. Ce qui n'exclue pas que lesdits gouvernements, tout comme les économistes de l'OCDE, peuvent être sensibles aux arguments du lobby bancaire international  ...
      Note de ma pomme: OCDE, organisation de coopération et de développement économiques qui "aide les gouvernements à répondre aux défis économiques, sociaux et de gouvernance", selon son site. En fait, l'OCDE, forte de 30 pays, dont l'Europe, le Japon et les Usa, a succédé à l'OECE fondée en 1948 pour gérer le plan Marshall qui vassalisa l'économie européenne à celle des Usa.

      L'OIT est une agence tripartite de l'ONU(états, employeurs et salariés) signataire de 8 conventions dont la liberté syndicale, l'abolition du travail des enfants, l'égalité des rémunérations ou le droit d'organisation ou de négociation collective. Contrairement à l'OCDE, l'OIT ne collabore pas avec le Fmi, les banques centrales ou la BCE.

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com/article-la-retraite-a-60-ans-106989572.html


    votre commentaire
  • Les pères Vidocqs se suivent au ministère de la police et semblent se ressembler, à en croire Réseau Education Sans Frontière, non?

     

     RESF - logo cartouche et texteCommuniqué de presse du RESF

    GERVAIS GANTCHOU, PREMIER PERE DE DEUX ENFANTS FRANÇAIS A SUBIR UNE TENTATIVE D’EXPULSION DE FRANCOIS HOLLANDE ET MANUEL VALLS, EST LIBRE !

     

    La tentative d’expulsion de Gervais Gantchou menée ce matin par la police aux frontières sur ordre du ministre de l’Intérieur Manuel Valls a échoué. Ce camerounais de 30 ans, père de deux enfants français, en était à son 45e jour de rétention. Il a été prévenu ce matin par la police d'avoir à préparer ses affaires pour être conduit au tribunal à Meaux. Mensonge manifeste ! Il a été conduit à Roissy et monté dans un avion pour le Cameroun. Il a refusé de partir, hurlant et appelant les passagers à l’aide. Il a finalement été débarqué, d’abord placé en garde à vue puis finalement libéré, le procureur ayant renoncé à le poursuivre et sa durée maximum de rétention étant atteinte. Il reste sous le coup d’une interdiction du territoire d’un an.

     

    Cette décision d’expulsion d’un père a été mûrement pesée au cabinet du ministre Valls. Prévenu jeudi soir d’une première tentative d’expulsion, le cabinet avait accepté de surseoir pour examiner le dossier. Ce qui a été fait deux jours durant. Mais, contrairement aux engagements pris par le cabinet, nous n’avons pas été informés de sa décision de maintenir l'expulsion.

    Pour justifier cette expulsion, le ministère allègue le casier judiciaire de Gervais Gantchou (deux condamnations pour vol) et le fait qu’il ne s’occuperait pas de ses enfants, ce que la mère de son second enfant réfute, avec vigueur, preuves à l'appui.

    Ce sont là des arguments que nous avons entendu 8 années durant dans la bouche des conseillers successifs de Sarkozy, Hortefeux, Besson et Guéant. La fonction crée-t-elle l’argumentaire ?

    La justice doit être juste : la même pour tous les délinquants, quels que soient leurs papiers ou leur absence de papiers. La vie conjugale ou la vie familiale des uns et des autres n’a pas à être espionnée pour justifier les expulsions. Besson avait inventé le glauque "mariage gris", ce n’est pas pour que soit inventée la "non-vie familiale" sous Hollande.

     

    Gervais Gantchou n’a pas été expulsé, nous nous en félicitons. Pour autant, le ministère de l’Intérieur met le doigt dans un engrenage dangereux qui pourrait le conduire à des gestes aussi odieux que ceux assumés par Hortefeux, Besson, Guéant et compagnie il n'y a pas si longtemps.

    Il est hors de question d’accepter du président François Hollande et de son gouvernement ce qui était le plus honteux sous Sarkozy. La loi, les méthodes, les comportements doivent changer. Maintenant.

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com


    votre commentaire
  • L’Union européenne a consenti le 21 février à accorder une nouvelle aide financière à la Grèce, à condition que celle-ci accepte une « surveillance renforcée » de sa gestion budgétaire. Ce plan ne devrait qu’aggraver un peu plus la récession dans un pays exsangue. L’obstination à préconiser la rigueur s’expliquerait-elle par des certitudes morales plus puissantes que la raison ?

    par Mona Chollet, mars 2012

    Rigueur, austérité, efforts, sacrifices, discipline, règles strictes, mesures douloureuses… A force d’assiéger nos oreilles de ses fortes connotations moralisatrices, le vocabulaire de la crise finit par intriguer. En janvier dernier, à la veille du Forum économique de Davos, son président, M. Klaus Schwab, parlait carrément de « péché » : « Nous payons les péchés de ces dix dernières années », diagnostiquait-il, avant de se demander « si les pays qui ont péché, en particulier ceux du Sud, ont la volonté politique d’entreprendre les réformes nécessaires » (1). Dans Le Point, sous la plume de Franz-Olivier Giesbert, le décompte de nos bacchanales débridées est plus large : l’éditorialiste déplore « trente ans de bêtises, de folies et d’imprévoyance, où l’on a vécu au-dessus de nos moyens (2) ».

    Dirigeants et commentateurs ressassent le même récit fantasmatique : en se montrant paresseux, insouciants, dispendieux, les peuples européens auraient attiré sur eux, comme une juste punition, le fléau biblique de la crise. Maintenant, ils doivent expier. Il faut « se serrer la ceinture », remettre à l’honneur les bonnes vieilles vertus d’épargne et de frugalité. Le Monde (17 janvier 2012) cite en exemple le Danemark, pays modèle auquel une « cure de patates » a permis de revenir dans les bonnes grâces des agences de notation. Et, dans son discours de prise de fonctions, en décembre 2011, le président du gouvernement espagnol, M. Mariano Rajoy, haranguait ses compatriotes : « Nous sommes confrontés à une tâche ingrate, comme celle de ces parents qui doivent se débrouiller pour nourrir quatre personnes avec l’argent pour deux. »

    De nombreuses voix s’élèvent pour souligner l’imposture de ce raisonnement qui prétend calquer le comportement d’un Etat sur celui d’un ménage. Il escamote la question de la responsabilité de la crise, comme le poids insupportable que l’austérité fait peser sur les populations, dont la seule faute est d’avoir voulu se soigner ou payer les professeurs de leurs enfants. Pour un particulier, la rigueur budgétaire peut être une source de fierté et de satisfaction ; pour un Etat, elle signifie la ruine de centaines de milliers de citoyens, quand elle n’aboutit pas, comme c’est le cas en Grèce, à un sociocide pur et simple. Au Danemark, précisait Le Monde, la « cure de patates » se traduisit par une explosion du chômage et par une réduction drastique des programmes sociaux ; « soixante mille familles perdirent leur logement ». Ainsi, non seulement ce faux bon sens efface magiquement les inégalités sociales et occulte les ravages de l’austérité, mais il préconise, face à la crise, une politique économique qui n’aboutit qu’à l’aggraver en empêchant toute relance par la consommation. « Epargner et investir sont des vertus pour les familles ; il est difficile pour les gens d’imaginer que, à l’échelle des nations, trop de frugalité peut causer des problèmes », remarque l’éditorialiste de Bloomberg Businessweek Peter Coy (26 décembre 2011).

    Irrationnels, proprement délirants, les appels à la contrition n’entretiennent aucun rapport avec la réalité. Comment expliquer alors qu’ils continuent de résonner d’un bout à l’autre de l’espace européen ? Parce qu’ils servent les intérêts dominants, répondra-t-on. Et, de fait, ils offrent l’occasion de parachever, au prétexte de la dette, la destruction des conquêtes sociales de l’après-guerre, entamée il y a une trentaine d’années. Avant cela, ils avaient déjà permis, dans la France de Vichy, d’enterrer le souvenir funeste du Front populaire. Le procès de Riom, qui se tint en 1942 dans cette petite ville du Puy-de-Dôme, visait à démontrer que les dirigeants « révolutionnaires », tels Léon Blum et Edouard Daladier, étaient responsables de la défaite de juin 1940 face à l’armée allemande. Le passage aux quarante heures dans les usines d’armement, et non les décisions des états-majors, aurait été fatal aux troupes françaises… En vue du « redressement national », le maréchal Philippe Pétain entendait substituer, déjà, l’« esprit de sacrifice » à l’« esprit de jouissance ». A l’ouverture du procès, le quotidien Le Matin désignait Blum comme « l’homme qui a inoculé le virus de la paresse dans le sang d’un peuple (3) ». Les Français, soixante-dix ans avant les Grecs… et les Portugais, que leur premier ministre, M. Pedro Passos Coelho, admoneste en ces termes : « Vous vous souvenez certainement de cet épisode grotesque, quand, alors que la “troïka” [européenne] travaillait à Lisbonne pour élaborer un programme d’aide au Portugal [en 2011], tout était fermé dans le pays, parce que tout le monde profitait de quelques jours fériés pour faire le pont. La “troïka”, qui prêtait de l’argent au Portugal, travaillait ; le pays profitait des ponts. Heureusement, ce qui s’est passé depuis a été à rebours de cette première image, très mauvaise (4). »

    Une promesse de régénération

    Mais l’invitation au labeur, à la mortification et à l’abnégation n’est-elle qu’une ruse pour faire accepter au plus grand nombre sa spoliation ? Ses accents sincères, passionnés, donnent à penser qu’elle ne doit pas tout au cynisme, et qu’elle s’enracine dans un fond culturel solide. « Cette humeur “sacrificielle”, de l’ordre de l’ethos autant que du raisonnement, suscite de la part de nombreux commentateurs une sorte de jubilation morbide, comme si la souffrance populaire avait aussi une dimension “purificatrice” », constate le sociologue Frédéric Lebaron à propos de la situation actuelle (5). Pétain voulait rappeler aux Français que, « depuis Adam, le châtiment est un appel au relèvement, une promesse de régénération (6) ». Plus près de nous, M. Rajoy prophétise : « L’effort ne sera pas inutile. Les gros nuages disparaîtront, nous relèverons la tête et viendra le jour où on parlera de l’Espagne en bien ; le jour où nous regarderons en arrière et où nous ne nous souviendrons plus des sacrifices. »

    La revendication par le peuple de conditions de vie décentes ne fait pas qu’alarmer ceux dont elle contrarie les intérêts : elle leur inspire une sorte de terreur superstitieuse, comme si elle représentait une transgression impensable. Lors de la défaite de 1940, relatait l’historien et résistant Marc Bloch, les cadres militaires, issus de la haute société, avaient « accepté le désastre parce qu’ils lui trouvaient ces atroces consolations : écraser, sous les ruines de la France, un régime honni ; plier les genoux devant le châtiment que le destin avait envoyé à une nation coupable (7) ».

    Quant à ceux qui, de par leur position dans la société, n’ont aucun intérêt objectif à souscrire à cette lecture des événements, ils sont pourtant nombreux à s’y montrer réceptifs. Au regard des dommages infligés à la collectivité, les mouvements d’« indignés » peuvent même apparaître comme une réponse bien timide, laissant subodorer que la rhétorique de l’expiation nécessaire rencontre, malgré tout, un terrain favorable. En mai 2011, une fonctionnaire grecque qui avait déjà vu son salaire passer de 1 200 euros à 1 050 euros, pour un temps de travail hebdomadaire passé, lui, de trente-sept heures et demie à quarante heures, assurait par exemple être « prête à des efforts supplémentaires (8) ».

    Qu’un substrat culturel, voire religieux, détermine les attitudes des protagonistes de la crise de l’euro, certains n’ont pas manqué de le faire remarquer. « Experts et politiques négligent un facteur : Dieu. Enfin, la religion et, en l’espèce, le protestantisme luthérien. Fille de pasteur, [la chancelière allemande] Angela Merkel a le sens du péché, comme beaucoup de ses compatriotes. Il y a une manière allemande de parler de l’euro qui fleure bon l’influence du Temple. Et qui n’est évidemment pas sans conséquences sur les solutions avancées pour secourir l’union monétaire européenne », écrit ainsi Alain Frachon dans Le Monde (23 décembre 2011).

    On peut cependant douter que l’influence du protestantisme se limite à l’aire géographique où il prit son essor au XVIe siècle. Le sociologue allemand Max Weber a montré dans un essai célèbre, en 1905, comment l’éthique protestante avait contribué à mettre en selle le capitalisme, en façonnant un « esprit » qui lui était favorable (9). Par la suite, et jusqu’à nos jours, cet esprit a perduré et prospéré de façon autonome, hors de tout référent religieux. Il a fini par devenir aussi omniprésent et invisible que l’air que nous respirons. L’historienne Janine Garrisson cite l’exemple de Jean-Paul Sartre, qui ironisait sur la foi protestante de son grand-père maternel, tout en étant lui-même « bien plus proche de lui, de son puritanisme, de son goût de la connaissance, qu’il ne voulait bien l’admettre. N’est-ce pas le même Sartre qui proclame haut et clair qu’un intellectuel qui ne travaille pas au moins six heures par jour ne peut revendiquer ce titre prestigieux (10)  ? ».

    La thèse de Weber est en effet que le protestantisme a « fait sortir l’ascèse des couvents » où le catholicisme l’avait confinée. La doctrine calviniste de la prédestination, selon laquelle chaque être humain est élu ou damné par Dieu de toute éternité, sans qu’aucun de ses actes soit susceptible d’y changer quoi que ce soit, aurait pu conduire à une forme de fatalisme. Elle produisit l’effet inverse : soumettant chaque aspect de leur vie à une discipline stricte, les fidèles investirent toute leur énergie dans le travail, quêtant dans le succès économique un signe de leur salut. La fortune cessa alors d’être condamnable — bien au contraire. Seul le fait d’en jouir était répréhensible. Weber mentionne le cas d’un riche fabricant à qui son médecin avait conseillé de manger chaque jour, pour sa santé, quelques huîtres, mais qui ne pouvait se résoudre à une telle somptuosité, non par avarice, mais par scrupule moral.

    « L’idée du devoir professionnel, écrit le sociologue, erre dans notre vie comme un fantôme des croyances religieuses d’autrefois. » Car la main-d’œuvre, elle aussi, dut apprendre à « effectuer le travail comme s’il était une fin en soi absolue — une “vocation” ». Cette mentalité, aujourd’hui dominante, ne s’imposa qu’au prix d’un « lourd combat contre un monde de puissances hostiles », et en particulier à l’aide d’une politique de bas salaires : Jean Calvin estimait que la masse des ouvriers et des artisans « devait être maintenue en état de pauvreté pour rester obéissante envers Dieu ». Le protestantisme creusa entre élus et damnés « un fossé a priori plus infranchissable et plus inquiétant que celui qui séparait du monde le moine du Moyen Age — un fossé qui traça une empreinte profonde dans tous les sentiments sociaux ». Le puritanisme anglais forgea également « une législation sur la pauvreté dont la dureté tranchait radicalement avec les dispositions antérieures ».

    Riche ou pauvre, désormais, se reposer, profiter de la vie, « perdre son temps » ne pouvait plus se faire sans mauvaise conscience. On mesure ce que le monde actuel doit à cette conception lorsqu’on lit que le pasteur luthérien Philipp Jacob Spener, fondateur du piétisme, dénonçait comme moralement condamnable « la tentation de prendre sa retraite prématurément »

    En somme, comme l’avait perçu dès le XVIe siècle l’humaniste allemand Sebastian Franck — cité par Weber —, la Réforme « imposa à chaque homme d’être un moine tout au long de sa vie ». L’emprise du christianisme et de sa disqualification de l’existence terrestre s’en trouva fortement accrue. On peut présumer que cet héritage spirituel et culturel n’est pas sans inhiber les réponses possibles aux attaques menées contre les sociétés. Après la laïcisation des Etats, quid de la laïcisation des esprits ?

    Mona Chollet

    (1) Interview à L’Hebdo, Lausanne, 18 janvier 2012.

    (2) Le Point, Paris, 23 novembre 2011. Cf. Mathias Reymond, «  Les éditocrates sonnent le clairon de la rigueur  », Acrimed, 12 décembre 2011.

    (3) Cité par Frédéric Pottecher, Le Procès de la défaite. Riom, février-avril 1942, Fayard, Paris, 1989.

    (4) Expresso.pt, 6 février 2012.

    (5) Frédéric Lebaron, «  Un parfum d’années trente…  », Savoir / Agir, n° 18, Bellecombe-en-Bauges, décembre 2011.

    (6) Cité par Gérard Miller, Les Pousse-au-jouir du maréchal Pétain, Seuil, coll. «  Points Essais  », Paris, 2004.

    (7) Marc Bloch, L’Etrange Défaite, Gallimard, coll. «  Folio Histoire  », Paris, 1990.

    (8) «  Comment les Grecs se sont mis au régime sec  », La Croix, Paris, 8 mai 2011.

    (9) Max Weber, L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme, traduit et présenté par Isabelle Kalinowski, Flammarion, coll. «  Champs classiques  », Paris, 2000. De même pour les citations suivantes de cet auteur.

    (10) Janine Garrisson, L’Homme protestant, Complexe, Bruxelles, 2000.


    votre commentaire
  • 12-06-14--Titanic-banquiers.JPG

     

    C'est l'ami Berthold qui disait qu'il fallait savoir mettre de la distanciation en toute chose pour mieux la prendre à bras le corps.

    La crise qu'ils nomment "de la dette" pour ne pas avoir à subir le vrai qualificatif de "crise de la spéculation pour sur-accumuler" nous permet de mettre en pratique la démarche.


    Si on en croit les Zotorités Zéconomiques, ces salauds de chypriotes (qui ont besoin de 5 milliards d'€uros pour échapper à la chute des dominos que la partie grecque de cette vague spéculative leur fait dégringoler sur leurs côtes) préféreraient se tourner vers la chine que vers l'UE.

     

    Au passage, les "salauds" en question, échaudés par la façon dont l'UE fait preuve d'une inertie emblématique au sujet de la partition de l'Ile et l'annexion forcée par la Turquie, ont quelques raisons de douté de l'intérêt de cette UE pour aider à leur développement…pour n'en rester qu'à cette facette du problème chypriote. Bref refuser de payer le bourreau pour continuer à vivre en se tournant vers d'autres horizons est un crime pour la BCE ( et si nous reparlions souveraineté populaire ?)


    Selon les mêmes Zéconomiques Zotorités, ces foutraques de français doivent accepter de serrer la ceinture en attendant l'austérité pour rester dans les normes des 3% de déficit public (environ 5 milliards d'€uros à trouver). Rappelons au passage que ces 3% ne relève d'aucune théorie économique même libérale mais ne sont que l'expression médiatisée d'un argument idéologique inventé de toute pièce pour faire accepter aux peuples les politiques d'austérités en usant de ce cosmétique.


    Les mêmes ZoZos annoncent qu'ils vont injecter 100 milliards des mêmes sésames dans les banques espagnoles pour les consoler de s'être fait prendre dans la bulle spéculative et les choix des promoteurs du "bronze cul" qui ont mis sur la paille 25% de la population espagnole.


    Mais, et c'est là qu'ils deviennent admirables, c'est que ces milliards (100 officiels en plus des autres Zoficiels déla transfusés sans compter, disent les Zexperts, les "X" milliards Zofficieux Zà venir), ils en on tant donné à tire larigot qu'ils n'ont pas un liard dans les tiroirs et donc ils organisent un système de circulation des fonds sur un modèle assez exotique.


    Celui-ci se situe à mi chemin entre ce qui a mis Madoff à l'ombre pour une durée prolongée et conduit l'épicier voisin de La canaille dans ses jeunes années à un séjour de plusieurs mois à la Santé.


    Nos doctes commissaires et la direction de la BCE font de la cavalerie.


    Un vrai cadre très noir de cette saumure financière, qui ne manque pas de sel mais va vite sentir la cague pour les peuples.


    Avec un peu de chance …si on peut ainsi le dire…le prix Nobel d'économie sera prochainement remis au parloir de la prison de Stockholm. 

    http://www.mecanopolis.org/wp-content/uploads/2011/09/euro.jpg

    Par canaille le rouge


    votre commentaire
  • Une échelle de 1 à 20, c'est bien, mais l'arbre ne cache-t-il pas la forêt? En effet, les entreprises, où l'Etat reste majoritaire, sont une petite quinzaine dans l'économie française. Oui, le libéralisme (de droite ou de gauche) a tant sacrifié les services publics durant ces dernières années. Dès lors, dans les sociétés où l'Etat n'est plus majoritaire (Renault, France Télécom, GDF, Air France par exemple), le gouvernement Hollande s'en remet à la "sagesse" des actionnaires, eux toujours plus près de leurs portefeuilles que de la justice sociale.

      Pour le reste, les grands patrons du CAC 40 (salaire moyen 2,42 millions d'euros, excusez du peu) sont totalement épargnés, comme les boss des sociétés non cotées en Bourse mais avec des salaires mirobolants.

     

      Oui, mais, me dit le Ps, l'imposition à 75% de tout revenu dépassant le 1 million d'euros va les concerner. Certes, mais quand? Cette proposition de loi n'est pas à l'ordre du jour immédiat de l'Assemblée nationale élue le 17 juin. Ce qui laisse du temps au temps, comme disait François Mitterrand, premier président socialiste de la 5e République et qui débuta la privatisation des entreprises nationalisées.

      Enfin, avec 450 000 euros, ce montant du plafond de la solde d'un boss dans le public, respecte certes une échelle de 1 à 20, mais avec un salaire mini de 1 860 euros brut (dixit la porte-parole du gouvernement). Le Smic, lui, reste à 1.398, 37 euros brut.

      Et j'entends qu'on chipote sur une prochaine et minime augmentation du Smic: merde alors. Quant à la refonte des grilles salariales du privé et du public... Peut-ête à Noël, l'époque où les promesses (mais que les promesses) rendent les enfants heureux.

     

    2012-05-30-120531_delucq_tropgros_pt.jpg

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com


    votre commentaire
  • nuage-d-orage-sur-les-champs-de-montana

      Une petite analyse de ma pomme:

      La 5e République est usée jusqu'à la corde et les deux partis ultra-dominants (l'Ump et le Ps) s'en contentent pour se partager le pouvoir et ses prébendes. Il ne faut surtout rien entendre d'eux pour changer de constitution. D'un autre côté, même si une 6e République démocratique et sociale est nécessaire, la proclamer, sans ancrer cette urgence parmi les classes populaires, est une bataille perdue.

     

      Oui, car les couches populaires (ouvriers et employés), soit 53% de la population et les petites couches moyennes (24%), n'écoutent plus ceux qu'elles considèrent comme des élites, pour n'être pas de leur mal-vie. Et comment ne pas les comprendre quand dans la dernière Assemblée nationale: aucun ouvrier député et 1% d'employés. Dès lors, si les couches populaires sont venus voter massivement pour virer Sarkozy de l'Elysée, à près de 43%  (et bien plus dans les cités populaires) elles se sont abstenues au premier tour des législatives (contre 35% en 2002 et 39% en 2007). Il est à noter aussi que la droite compte beaucoup de soutiens parmi le peuple malgré la politique menée par Sarkozy, les nantis (ceux qui profitent de la crise) étant minoritaires en France. Les bruns marine, s'ils ne percent pas dans les quartiers populaires, progressent dans les zones périphériques des villes, dénommées à tort zones rurales, comme pour dire que les campagnes adhéreraient majoritairement aux thèses du Fn. En fait, ce sont des ménages ouvriers, employées plus aisés et les couches moyennes, qui se sont installés là pour faire construire à moindre frais (sic), mais aussi loin de tout et des services publics, éloignés également des discours politiques oeuvrant pour un réel changement de société.

     

      Le gouvernement réformiste de François Hollande et de ses satellites devrait avoir la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Le Front de gauche va compter pour peu: 11 présents pour le deuxième tour, un 12e se présentant malgré être arrivé derrière le candidat du Ps. C'est donc un affrontement droite-réformisme qui va perdurer dans ce clos qui ne représente plus le peuple dans son quotidien, comme dans ses opinions. Et dans ce cadre-là, les députés se réclamant du Pcf seront encore plus minoritaires.

     

      François Hollande saura-t-il maintenir un autre cap que celui qu'avait tenu ses camarades en Espagne, au Portugal et bien pire en Grèce? La crise capitaliste poursuit sa route dévastatrice. Les milliards d'argent public déversés dans les coffres des banques privées, non contents de ne rien régler, sont des facteurs d'augmentations exponentielles des dettes publiques. Et comme le gouvernement Hollande veut réduire (à tout prix) la dette de la France, à moins d'un budget de rigueur... Pour rappel, les derniers traités européenns, qui alourdissent le fardeau supporté, ont été votés au Parlement Européen par les socialistes, les verts et la droite... Il est aussi bon de rappeler que la dette d'un état n'est pas qu'il dépense trop, mais qu'elle provient du transfert de la dette des banques privées à but lucratifs pour actionnaires dans les finances publiques. Les 100 milliards d'euros publics n'ont pas été accordés dernièrement pour le peuple espagnol mais bien aux banques privées d'Espagne (la 4e puissane économique dans l'Ue). Demain à qui le tour, après l'Irlande, la Grèce et le Portugal? Et après le 17 juin, à quelle sauce serons-nous mangés?

     

      Si nous pensons, de notre seule verve, convaincre le gouvernement de changer de politique, la descente aux enfers sera rapide. Et plus encore, si on lorgne sur quelque strapontin dans le conseil des ministres.

      Alors demain sera toujours comme hier.

    2

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com


    votre commentaire
  • Lorsque tout va bien et que l’économie-monde se développe par la production d’une nouvelle plus-value, la lutte des classes est tenue en respect. Non qu’elle disparaisse, mais tant que le chômage reste à un niveau bas et que les revenus réels des couches inférieures augmentent, même de façon modeste, le compromis social est à l’ordre du jour.

    Mais lorsque l’économie-monde entre en stagnation et que le taux de chômage réel augmente considérablement, la taille du gâteau à partager se réduit. La question devient alors de savoir qui va en supporter les conséquences, à l’intérieur et entre chaque pays. Dans ces conditions, la lutte des classes s’intensifie et engendre, tôt ou tard, des conflits ouverts dans la rue. C’est ce qui s’est produit dans le système-monde depuis les années 1970 et, de façon encore plus spectaculaire, depuis 2007. Jusqu’à présent, le haut du pavé de la classe supérieure (les 1%) s’est accroché à sa part du gâteau et, en réalité, l’a même augmenté. Ceci a mécaniquement eu pour conséquence le fait que la part des autres 99% est en diminution.

    La lutte pour la distribution des parts du gâteau s’organise fondamentalement autour de deux sujets : la taxation (combien et qui ?) et le système de protection sociale de la majorité de la population (dépenses pour l’éducation et la santé, garanties de revenu tout au long de la vie). Il n’existe aucun pays où cette lutte n’ait pris place. Mais cette dernière éclate plus violemment dans certains pays que d’autres, du fait de leur position dans l’économie-monde, de leur démographie, de leur histoire politique.

    Une lutte des classes intense soulève pour tout un chacun la question de savoir comment l’appréhender politiquement. Les cercles qui détiennent le pouvoir peuvent durement réprimer les troubles sociaux et ils sont nombreux à ne pas s’en priver. Ou bien, quand les troubles deviennent trop puissants pour leurs dispositifs de répression, ils peuvent chercher à coopter les contestataires en donnant l’impression de les rallier et en limitant les véritables changements. Ou bien ils font les deux, en cherchant à réprimer en premier et, en cas d’échec, à coopter.

    Les contestataires font aussi face à un dilemme. Au départ, ils forment toujours un groupe de courageux minoritaires. Pour pouvoir inquiéter les pouvoirs en place, ils doivent impérativement convaincre un groupe bien plus large qu’eux - et politiquement bien plus modéré - de les rejoindre. Ceci n’est pas facile à réaliser mais parfois, cela arrive. C’est ce qui s’est passé en Egypte sur la Place Tahrir en 2011. C’est ce qui s’est également produit avec le mouvement Occupy aux Etats-Unis et au Canada. C’est aussi arrivé en Grèce avec les dernières élections. Ou au Chili avec les grèves étudiantes qui durent maintenant depuis longtemps. Enfin, en ce moment, c’est ce qui est en train de se produire de façon spectaculaire au Québec.

    Mais, lorsqu’une telle situation se produit, que faire ? Certains contestataires considèrent que leurs revendications initiales doivent devenir beaucoup plus ambitieuses et radicales dans le but de reconstruire l’ordre social. D’autres, et il y en a toujours, sont disposés à s’asseoir autour d’une table avec les cercles dirigeants pour négocier des compromis.

    Lorsque ces derniers ont recours à la répression, ils ne font généralement qu’attiser les flammes de la contestation. Mais, dans certains cas, cette répression peut aussi produire ses effets escomptés. Quand ce n’est pas le cas et que les cercles dirigeants passent des compromis ou cooptent, ils sont alors en mesure de casser le soutien populaire aux contestataires. C’est ce qui semble s’être produit en Egypte. Les récentes élections ont abouti à un second tour entre deux candidats dont aucun n’a été un soutien de la révolution de la Place Tahrir : l’un est le dernier premier ministre du président déchu Hosni Moubarak, l’autre un dirigeant des Frères musulmans dont l’objectif premier est d’instaurer la charia dans le droit égyptien. En aucun cas, ces candidats n’ont pour objectif de mettre en œuvre les revendications de ceux qui sont rassemblés sur la Place Tahrir. Il s’agit d’une situation déchirante pour les quelque 50% d’électeurs qui n’ont pas voté au premier tour pour l’un des deux candidats arrivés en tête. Cette situation malheureuse est avant toute chose le résultat de la division des électeurs « pro-Place Tahrir » qui ont partagé leurs suffrages du premier tour entre deux candidats aux passés assez différents.

    Que faut-il penser de tout cela ? Que la géographie de la contestation évolue rapidement et constamment. Une contestation qui surgit fait toujours face à une tentative de répression, de cooptation ou est poussée à l’usure. Mais aussitôt après, une autre contestation apparaît ailleurs. Là aussi, elle sera soit réprimée, cooptée ou poussée à l’usure. Et encore après, la même chose se produit dans un troisième endroit, comme si le mouvement planétaire était irrépressible.

    Et il l’est effectivement, pour une raison simple. La compression des revenus dans le monde est bien réelle et la tendance n’est pas prête de s’inverser. Dans la crise structurelle actuelle de l’économie-monde capitaliste, les solutions classiques préconisées pour enrayer les récessions économiques sont inopérantes. Et ce, quoi que puissent dire les experts et les dirigeants politiques qui nous assurent qu’une nouvelle période de prospérité se dessine à l’horizon.

    Nous vivons une situation mondiale chaotique. Les fluctuations sont amples et rapides, en tout et partout. Ceci concerne également les mouvements sociaux. C’est ce que nous confirme la géographie constamment mouvante de la contestation. La Place Tahrir au Caire hier, les marches non autorisées des poêles et des casseroles à Montréal aujourd’hui, ailleurs demain. Et probablement là où on ne s’y attend pas.

    Par Immanuel Wallerstein le 07/06/2012 source Mémoire des luttes http://www.rougemidi.org

    Transmis par Linsay

     

    Immanuel Wallerstein

    Sociologue, chercheur à l’université de Yale


    votre commentaire
  • l-echo Nombre de commentateurs s'échinent à prier tous les dieux disponibles pour que l’horreur ne survienne pas. Leur peur de l’enfer sur terre se cristallise autour d’un enjeu qui les obsède : le parti socialiste pourrait-il ne pas obtenir la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale et, dans cette hypothèse, devrait-il avoir recours aux députés d’Europe-Ecologie et, pire encore, à ceux du Front de gauche? Ces derniers, à leurs yeux, incarnent l’abomination. Dans le journal Libération d’hier, Alain Duhamel pousse le bouchon jusqu’à prédire, dans ce cas-là, une dissolution de l’Assemblée dans les deux ans, par la volonté diabolique des communistes et de leurs alliés du Front de gauche!

     

    Ce tintamarre ridicule - qui en dit long sur l’honnêteté intellectuelle et la rigueur morale de nos commentateurs indéboulonnables - a au moins le mérite de mettre l’accent sur la problématique du changement. En effet, si les parlementaires socialistes et radicaux n’ont pas à tenir compte des propositions sociales et économiques du Front de gauche, ils en resteront à la ligne centre-gauche de François Hollande avec, comme conséquences, de sérieux déboires en perspective pour les catégories populaires…

     

    Tel est l’horizon «raisonnable et réaliste» qu’appellent de leurs vœux les Duhamel et consort : le changement pour que rien de change!

     

    Accrochés comme une moule à son rocher au régime présidentiel et à ses scrutins déformants, les belles âmes ne perdent jamais de vue les intérêts de leur caste.

     

    Christian AUDOUIN

    Editorial de L'ECHO

    Mardi 12 Juin 2012

    http://eldiablo.over-blog.org


    votre commentaire
  • Si ce n'est pas Bruxelles qui attaque notre CDI, c'est l'OCDE qui, face à l'allongement de l'espérance de vie, encourage les retraites privées.

    Selon un rapport de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) paru lundi 11 juin, face à l'augmentation de l'espérance de vie, les gouvernements vont devoir relever l'âge de départ à la retraite et promouvoir des systèmes de retraite privée afin de garantir la pérennité des systèmes de pension nationaux. En effet, dans les cinquante prochaines années, l'espérance de vie à la naissance devrait s'accroître de plus de sept ans dans les économies développées, selon l'OCDE.

    Pour compenser cet allongement de la vie, la plupart des pays de l'OCDE ont pris des mesures. L'âge de départ à la retraite sera de 65 ans à terme pour la moitié des pays de l'OCDE (Canada, Japon, Corée, Suisse, Turquie, Nouvelle-Zélande, Mexique, Suède, etc.) et de 67 à 69 ans pour 13 d'entre eux (Allemagne, Norvège, Islande, Espagne, Etats-Unis, Royaume-Uni, Danemark, Italie, etc.). Selon les perspectives de l'OCDE sur les pensions 2012, des relèvements de l'âge de la retraite sont en cours ou prévus dans 28 des 34 pays de l'organisation.

    Mais ces relèvements ne devraient absorber les effets de l'allongement de l'espérance de vie que dans six pays pour les hommes et dix pour les femmes, note-t-elle. "Les gouvernements devraient donc envisager de lier formellement l'âge de la retraite à l'espérance de vie, comme au Danemark ou en Italie, et redoubler d'efforts pour promouvoir les pensions privées" afin que "leurs systèmes nationaux de pension soient à la fois financièrement viables et adaptés", selon l'organisation.

    "Injuste" pour les faibles revenus

    Les réformes intervenues au cours de la dernière décennie réduisent les prestations qui seront servies à l'avenir par les systèmes de pension publics, en général de 20% à 25%, relève-t-elle. Dans les 13 pays qui ont rendu les pensions privées obligatoires, notamment en Australie et au Chili, les retraités peuvent espérer toucher 60% de leurs revenus, contre 50% pour les autres. Dans les pays où les retraites publiques sont relativement faibles et où les pensions privées ont un caractère volontaire (Allemagne, Corée, Etats-Unis, Irlande, Japon), "de vastes segments de la population peuvent s'attendre à une chute brutale de leurs revenus à la retraite", note l'OCDE.

    Il "sera essentiel" pour ces pays de reporter l'âge de la retraite et d'élargir l'accès aux pensions privées, selon elle. Mais "rendre les pensions privées obligatoires n'est pas nécessairement la solution dans tous les pays" car cela pourrait "affecter de manière injuste les faibles revenus". Plus généralement, l'OCDE préconise de "réformer les allégements d'impôts de manière à encourager l'épargne retraite privée", car "les faibles revenus et les travailleurs jeunes sont beaucoup moins susceptibles de se constituer une pension privée".

    (Source : Le Monde)


    NDLR : Pour rappel, en 2006, dans un rapport intitulé «Perspectives de l’Emploi», au chapitre «Stimuler l’emploi et les revenus», l'OCDE écrivait :
    «Les réformes structurelles qui commencent par générer des coûts avant de produire des avantages, peuvent se heurter à une opposition politique moindre si le poids du changement politique est supporté dans un premier temps par les chômeurs. En effet, ces derniers sont moins susceptibles que les employeurs ou les salariés en place de constituer une majorité politique capable de bloquer la réforme, dans la mesure où ils sont moins nombreux et souvent moins organisés.»

    Pas besoin de vous faire un dessin pour mesurer le cynisme de cette organisation ultralibérale.

    Et depuis 2006, en France, l'espérance de vie en bonne santé recule : celle des hommes est passée de 62,7 ans à 61,9 ans entre 2008 et 2010, et de 64,6 ans à 63,5 ans pour les femmes. Quant à l'espérance de vie d'un cadre, elle est en moyenne supérieure de 7 ans à celle d'un ouvrier.

    En Allemagne, l'espérance de vie des plus pauvres a reculé de 77,5 ans en 2001 à 75,5 ans en 2010 alors qu'ils travaillent plus.

    Les inégalités sociales face à la mort sont une constante. Elever l'âge de la retraite est donc la solution pour faire mourir plus tôt les plus pauvres : c'est toujours ça de gagné pour les caisses de retraites !

    Mais l'OCDE veut aller plus loin en les privatisant. Or, contrairement à notre système de retraite par répartition, le système de retraites privé par capitalisation est le plus sûr moyen de se faire arnaquer tant que l'économie financiarisée fonctionnera comme un casino.

    Démonstration : http://www.actuchomage.org/


    votre commentaire
  • J’ai vu le tweet à 12 h ce mardi 12 juin, j’ai eu du mal à y croire et j’ai ressenti tous les éléments de la gène, j’ai compris illico tout ce que cela allait donner dans les médias. Je ne veux pas parler de La Rochelle et même plus de Hénin-Beaumont mais de la retraite à 60 ans sans décote. Ca vous dérange ? Ca passe à côté ?  On n’a pas le droit ? Ce n’est pas opportun ?

    Il y a eu 8 millions de manifestants en 2010 pour défendre la retraite à 60 ans contre Sarkozy qui s’est comporté comme un dictateur birman et n’a rien voulu négocier. Il y avait 75 % de l’opinion pour les 60 ans sans décote. Il y a sans doute 80 % des syndiqués de ce pays qui y sont favorables. Sondez les adhérents du PS, j’en ai fait le tour de France, il y a sans doute 75 %  des membres qui sont pour. Le FdG, EELV, la FSU, la CGT, Sud-Solidaires, UNSA, une bonne moitié de la CFDT sont « pour ».

    Vous vous étonnez qu’il y ait des abstentions aux législatives ? Vous n’avez qu’à ne pas organiser le silence ou la diversion mais le débat là dessus ! Qu’en pensent Philippe Kemel et Ségoléne Royal ? sur le fond ?

    Il doit y avoir des négociations cet été : ça, c’est une belle avancée. Rien que pour cela il fallait chasser Sarkozy. Mais que va t on négocier ? on ne peut se contenter d’en rester à 110 000 salariés qui ont commencé à 18 ans et après 42 ans (sic) auraient « droit » à la retraite à 60 ans sans décote. Tiens qu’est ce que vous faites des « égoutiers » dont l’espérance de vie est inférieure à 60 ans et dont l’age de départ a été repoussé de 50 ans à 52 ans ?

    Deux maladies sur trois sont liées au travail entre 55 et 60 ans. Trois maladies sur quatre entre 60 et 65 ans. Il y en a qui voient des nains partout, mais il n’y a que le Medef qui voit des centenaires partout, c’est bien le seul point sur lequel il est optimiste. La biologie du corps humain est inchangée. Le travail est dur à partir de 55 ans. Il y a 150 000 crises cardiaques en France par an et 100 000 accidents vasculaires : entre 1/3 et 50 % de ces 250 000 AVC sont liés au travail.

    Il a été pris prétexte de l’allongement de l’espérance de vie pour allonger la durée du travail sur la vie : mais l’espérance de vie moyenne recule en France comme aux USA et en Allemagne. Normal : car si on travaille plus longtemps en moyenne, on mourra plus tôt en moyenne. E si on vit plus longtemps c’est pour en profiter davantage, pas pour travailler plus.

    Il a été dit que le travail des « seniors » serait protégé : c’est faux il y a eu 20 % de seniors en plus au chômage toutes ces dernières années.  La moyenne réelle des annuités cotisées dans la vie réelle n’a pas augmenté de 37, 5 à 42 annuités, elle a baissé de 37,5 à 35 annuités ! Cela fait maintenant une moyenne de 7 ans de décote ! Or les décotes sont de 2,5 pts par an en France contre 0,9 pts dans l’Allemagne de Merkel.

    La retraite à 67 ans est prévue en Allemagne en 2029, en Grande-Bretagne elle est prévue à 68 ans en 2048. Mais en France, Sarkozy nous a imposé la pire des réformes d’Europe : elle est fixée à 67 ans en 2017 ! Dans 5 ans !

    Et il n’y aurait pas à « négocier » ? Il n’y aurait pas à abroger la loi Woerth-Sarkozy ?   On a 25 % de chômage chez les jeunes et il faut (vainement) donner la priorité à faire travailler les seniors jusqu’à 67 ans ?  2 seniors sur 3 sont au chômage, en maladie, inaptes, licenciés a partir de 55 ans ? Quel est ce cirque du Medef qui a fixe une retraite à 67 ans ?

    A quoi ça servait de réduire la durée du travail à 35 h sur la semaine si c’est pour l’allonger sur la vie à 67 ans. Il n’y aura pas de réduction du chômage de masse sans réduction du temps de travail !

    Qu’en pense t on entre ces deux tours de législatives ?  Nous voulons des voix pour en finir avec l’UMP/FN ?  Rendons les retraites volées aux salariés par Sarkozy !  La France est riche, elle n’a jamais été aussi riche et les richesses aussi mal redistribuées.

    Alors j’ai fait un tweet : 60 ans sans décote !

    La prestation doit être définie : droit à la retraite à 60 ans pour tous sans décote, calculée sur 10 ans, à un taux de 75 %,  indexée sur les salaires, 35 annuités, pas de retraite inférieure au Smic.

    Pour la financer il faut faire une échelle variable des cotisations sociales retraite et faire varier les annuités requises selon l’évolution réelle du « marché du travail » : si la durée réelle moyenne cotisée devient 36 dans la réalité, c’est 36, si elle devient 37 c’est 37, si elle devient 38 c’est 38…

    Le retour à la retraite à 60 ans, c’est le recul du chômage, c’est la défense du salariat qui souffre, c’est l’aide aux plus défavorisés, c’est la redistribution des richesses pillées par la finance,  c’est la lutte contre l’UMP/FN !  Unité et mobilisation de toute la gauche !

    Que partout le 17 juin, on vote pour le candidat de gauche arrivé en tête, le mieux placé, c’est le seul principe repère. Même s’il y a eu des dégâts évitables avant, on ne peut pas les réparer autrement. Qu’il y ait une majorité et un gouvernement PS-Fdg-EELV.

    En face, pour négocier, qu’il y ait  le maximum d’unité syndicale. Adhérez à vos syndicats, mobilisez  ! Qu’on aille à l’essentiel : négocions une vraie retraite à 60 ans au sein de la majorité de la gauche grâce au fait qu’on aura battu la droite.

    Cet article a été écrit par Gérard Filoche


    votre commentaire
  • Christophe VENTURA

    L’Amérique latine pourrait-elle devenir, ces prochaines années, une « plateforme extraterritoriale » de la Chine dont la fonction serait de permettre à cette dernière d’assurer et d’augmenter ses exportations - notamment dans les secteurs de l’électronique, de l’industrie automobile et du textile - sur les marchés étatsuniens, européens et latino-américains ?

    Et ce, alors que s’amorce dans ce pays jusqu’ici ultra-compétitif dans le domaine de la concurrence salariale internationale, une tendance irréversible à l’augmentation du niveau des revenus du travail, et qu’y apparaissent les premiers signes d’un ralentissement relatif des dépenses de consommation intérieure dans certains secteurs et des exportations dans un contexte de crise économique internationale ?

    C’est une hypothèse avancée par la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes des Nations unies (Cepal) dans son récent rapport consacré à l’étude des relations entre la Chine et l’Amérique latine/Caraïbe [1].

    Une étude de l’évolution quantitative et qualitative des investissements directs à l’étranger (IDE) de la deuxième puissance économique mondiale en Amérique latine, réalisée sur la période 2003-2009, étaie cette analyse. Les économies latino-américaines accueillent désormais 13% du total des IDE de la Chine dans le monde [2]. Cela représente un montant estimé à 31 milliards de dollars. Bien que plus de 90 % de ces IDE se dirigent vers les secteurs bancaires de deux paradis fiscaux notoires – Les Iles Caïmans et les Iles Vierges britanniques -, la Cepal indique que, pendant ces six années, 24 milliards de dollars auraient été directement investis par les entreprises chinoises dans les secteurs des ressources naturelles, de l’industrie et des services en Amérique latine.

    Participations dans les entreprises latino-américaines et accords de coopération entre régions chinoises et de pays latino-américains, etc., assurent aux entreprises chinoises une pénétration croissante des économies latino-américaines.

    Le Mexique et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) constituent les principaux points de fixation de l’activité productive des entreprises chinoises en Amérique latine. Et ce, notamment dans le secteur des produits manufacturés, de l’électronique, de l’automobile ou des télécommunications. « Le point d’entrée par l’Argentine, le Brésil, le Mexique et l’Uruguay doit être considéré comme une première étape pour organiser un déploiement futur vers les marchés dynamiques constitués par les zones de libre-échange de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) et du Mercosur » précise le rapport.

    D’ores et déjà, 50 000 emplois dépendraient directement de ces investissements dans l’économie réelle latino-américaine.

    Pourquoi choisir l’Amérique latine comme potentielle « plateforme extraterritoriale «  ? Le secteur de l’électronique offre une illustration emblématique de cette stratégie. Selon la Cepal, trois facteurs expliquent l’attrait de l’Amérique latine pour les investisseurs chinois : « 1.- la demande intérieure (chinoise) s’est fragilisée du fait de la concurrence sur le territoire national lui-même, et les profits ont baissé, ce qui a poussé les entreprises du secteur à chercher de nouveaux marchés en Amérique latine où émerge une nouvelle classe moyenne en expansion. 2. – la plupart des mesures antidumping prises en Amérique latine contre des produits chinois concernent des produits fabriqués en Chine. Etablir une unité de production dans la région peut aider les entreprises chinoises à atténuer les conflits commerciaux. 3. – les entreprises chinoises ne sont actuellement pas en mesure d’établir des unités de production dans les pays développés ; c’est pourquoi l’Amérique latine et l’Afrique sont devenues des zones de destination importantes pour leurs IDE. »

    Pour leur part, les IDE latino-américains en Chine – et donc l’insertion des entreprises de la région dans l’économie productive du pays - restent très marginaux. Les sept pays qui investissent le plus sur place (Argentine, Brésil, Chili, Mexique, puis, dans une moindre mesure, la Colombie, le Pérou et le Venezuela) contribuent pour moins de 0,1 % du total des IDE en Chine. Cela représente un montant cumulé de 70 à 80 millions de dollars…

    Quelle est la physionomie de la relation commerciale entre l’Amérique latine et l’Asie ? En 2009, le volume du commerce bilatéral entre les deux régions s’élevait à 120 milliards de dollars, et les exportations latino-américaines (largement constituées par les matières premières et primaires) vers l’Asie représentaient un total de 103 milliards de dollars, soit 15% des exportations totales de la région. Pour sa part, le marché nord-américain accueillait toujours 42% des exportations latino-américaines et l’Union européenne (UE), 14%.

    Dans ce contexte, il est intéressant de noter que la Chine seule absorbe près de la moitié des exportations latino-américaines en Asie. Selon la Cepal, l’Empire du milieu pourrait ravir la place de deuxième partenaire commercial de l’Amérique latine à l’UE dès 2014 en devenant le second plus important marché pour les exportations de la région.

    Dans ce même mouvement, le profil général du commerce entre l’Amérique latine et l’Asie s’est modifié dans la dernière décennie. La Chine a dépassé le Japon comme principal partenaire commercial des pays latino-américains, mais ce sont désormais les six pays membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN-6) [3].qui disputent à la Corée du Sud la place de troisième partenaire.

    Le commerce sino-latino-américain est marqué par sa nature déséquilibrée. En effet, au-delà de l’important différentiel – qualitatif et quantitatif - des d’investissements réalisés par chaque acteur dans les économies partenaires, les pays latino-américains sont essentiellement exportateurs de matières premières et primaires à faible valeur ajoutée (soja, fer, cuivre, pétrole, etc.) alors que la Chine, elle, exporte ses produits manufacturés (textile, papier, automobiles, produits électroniques et technologiques, etc.).

    La Chine est devenue un marché d’exportation clé pour six pays : l’Argentine, le Brésil, le Chili, le Costa-Rica, Cuba et le Pérou. Entre 2005 et 2008, cinq pays latino-américains représentaient 86 % des exportations du sous-continent vers la Chine : le Brésil (33%), le Chili (25 % [4]) l’Argentine (12%), le Mexique (9%), le Pérou (7%).

    Dans le même temps, l’Argentine, le Brésil, le Chili, le Mexique, la République dominicaine, le Paraguay et le Pérou [5] sont devenus plus dépendants de la Chine pour leurs importations. Entre 2000 et 2009, la part des importations chinoises dans le total des importations argentines est passée de 4,6 % à 12,4 % (les importations en provenance des Etats-Unis sont passées dans le même temps de 18,9% à 13,2 % du total, de l’UE de 23,5 % à 16,8 %). Au Brésil, la tendance est la même : ses importations chinoises représentent 12,5 % de ses importations totales (2,2 % en 2000) lorsque la part des importations provenant des Etats-Unis est passée de 23,3 % à 15,7 % et celle de l’UE de 26% à 22,9 %. Le Mexique, lui, voyait 2,2% du total de ses importations provenir de Chine en 2000. Ce taux était de 13,9 % en 2009. Dans le même temps, et ceci est historique, la part des importations mexicaines provenant des Etats-Unis est passée de 71,2% à 48,1% et celle de l’UE de 8,4% à 11,7%. En valeur, le Mexique est le principal importateur de produits manufacturés chinois. Il assure 48 % des achats totaux de la région à la Chine, devant le Brésil (20%), l’Argentine et le Chili (6% pour chacun de ces deux pays).

    La nouvelle stratégie d’expansion de la Chine en Amérique latine est facilitée par les économies les plus dynamiques du sous-continent. Ces dernières ont besoin du marché chinois pour leurs exportations de matières premières. C’est notamment le cas de l’Argentine et du Brésil qui, contrairement au Mexique et aux Etats-Unis, ont reconnu la Chine comme « économie de marché ».

    Cette stratégie se base également sur la recherche de signatures d’accords de libre-échange. Entre 2006 et 2010, la Chine en a signé trois : avec le Chili, le Pérou et le Costa-Rica.

    Elle passe aussi, indépendamment de la question des IDE, par la mise en place d’accords de coopération d’Etat à Etat, notamment dans le secteur pétrolier. En 2009, la Banque de développement de Chine (BDC) a ouvert une ligne de crédit de 10 milliards de dollars à la compagnie pétrolière nationale brésilienne Petrobras, gagée sur un approvisionnement en brut garanti. Pour sa part, la société pétrolière chinoise Sinopec s’est vue « offrir » le rachat de la filiale brésilienne de la société pétrolière espagnole Repsol. Dans le même temps, la Chine et le Venezuela ont mis en place un Fonds de développement commun aujourd’hui doté de 12 milliards de dollars. Les deux pays sont également liés par un accord prévoyant un échange de produits chinois contre du pétrole vénézuélien. Dans ce même registre, l’Equateur bénéficie d’un accord d’un montant de 1 milliard de dollars.

    La Chine est désormais membre officiel de la Banque interaméricaine de développement (BID) dont l’objectif est de devenir un instrument majeur de la coopération financière sino-latino-américaine. Elle l’est également de la Banque de développement de la Caraïbe (BDC).

    Enfin, les autorités chinoises misent sur une politique diplomatique offensive et disposent de 21 ambassades et de six consulats dans la région. Seuls 15 de ces 21 pays disposent, eux, d’une représentation diplomatique en Chine.

    Et le rapport de conclure : « le taux de croissance élevé (en Chine) et le processus de reconversion industrielle des régions rurales du pays engendrent une augmentation des besoins en infrastructures et en énergie, tout comme en produits alimentaires. Cette situation est un puissant motif de rapprochement avec les pays latino-américains exportateurs de ressources naturelles. La Chine a également besoin de s’assurer le libre accès de ses exportations dans la région et d’y être reconnue comme « économie de marché « (…). Dans ce cadre, elle doit ouvrir un espace pour la signature d’accords commerciaux en Amérique latine afin de garantir un accès préférentiel à ses produits sur ce marché. Et ce, de manière à ne pas perdre en compétitivité face aux produits étatsuniens - du fait des accords de libre-échange bilatéraux signés par ces derniers dans la région – ou européens, en anticipant les négociations de l’Union européenne avec le Mercosur et la Communauté andine des nations (CAN). »

    Dans la reconfiguration constante du commerce international à l’œuvre dans le cadre de la mondialisation économique et financière, le commerce Sud/Sud s’intensifie et représente une partie de plus en plus significative de l’ensemble. Ainsi, il représentait 6% du commerce international en 1985, pour atteindre 24 % en 2010. Dans ce cadre, 85 % de ce commerce Sud/Sud s’effectue entre pays asiatiques et entre ces derniers et les autres pays du Sud [6].

    L’Amérique latine, si elle participe de ce mouvement global, reste largement prisonnière d’une intégration à l’économie-monde par la « primarisation » accrue de son économie [7]. Sa relation avec la Chine confirme cette tendance.

    Christophe Ventura

    SOURCE : http://www.cetri.be/spip.php?article2666&lang=fr

    [1] « Chine et Amérique latine/Caraïbe. – Vers une relation économique et comerciale stratégique. », Osvaldo Rosales et Mikio Kuwayama, Cepal, 2012 (http://www.eclac.org).

    [2] Selon le Fonds d’investissement A Capital cité par Le Monde (9 juin 2012), ces IDE représenteraient 68 milliards de dollars en 2011. 43 % d’entre eux seraient désormais dirigés vers l’Amérique latine, faisant du sous-continent la première destination d’accueil de ces capitaux. Le Fonds estime à 800 milliards de dollars le montant que pourraient atteindre ces IDE en 2016.

    [3] Philippines, Indonésie, Malaisie, Singapour, Thaïlande, Vietnam

    [4] Le cuivre représente le principal produit d’exportation chilien. La Chine absorbe 55% des exportations de cuivre latino-américain, dont 30% proviennent du Chili.

    [5] La Chine est devenue le premier partenaire commercial du Brésil et du Chili et le DEUXIÈME de l’Argentine et du Pérou.

    [6] « Panorama de l’insertion internationale de l’Amérique latine et de la Caraïbe 2010-2011 », Cepal, page 16 (http://www.eclac.org).

    [7] Sur ce thème, lire Amérique latine : Etat des résistances dans le Sud, sous la direction de Bernard Duterme, éditions Syllepse, coll. « Alternatives Sud », Paris, 2012 (http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/VENTURA/47440)

    URL de cet article 16946
    http://www.legrandsoir.info/au-coeur-des-desequilibres-du-nouveau-commerce-sud-sud.html

    votre commentaire
  • Nous y voilà. Quand Barbier sévit, le fond du figaro point.

    http://p.twimg.com/AlhQfsuCAAAelKD.jpg

     

    Regardez cete vidéo, sans casser votre écran, sans hurler malgré raison valable de le faire.


    Faites la voir à vos voisin et amis même si vous n'êtes pas toujours d'accord.


    Sur l'écran vous allez découvrir comment un jeune homme propre sur lui, directeur de la rédaction de L'Express, s'installe dans le fauteuil d'un Hérold Paquis pour en appeler à la grandeur d'un grand Reich : Athènes, comme Carthage doit être détruite voila son crédo.


    Un Barbier qui n'est même pas rebouteux, mais un sacré manipulateur.


    Pour, comme il le dit tordre les bras depuis Paris et Berlin de tout ce qui à tord ou à raison fait obstacle à l'empire européen de 1000 ans qu'il veut faire construire avec la sueur des peuples et le sang si nécessaire.


    Pour qui veut mesurer la petitesse de l'homme, nul besoin d'un géomètre. la pointe du talon d'un escarpin suffit.

    Par canaille le rouge


    votre commentaire
  • La retraite à 60 ans pour celles et ceux qui ont commencé à travailler très jeunes vient d’être rétablie par décret. Mais les inégalités devant la mort – et donc la retraite – demeurent : les ouvriers vivent en moyenne six ans de moins que les cadres. L’espérance de vie sans incapacité a diminué en France. En Allemagne, où les bas salaires se massifient, les plus pauvres ont même perdu deux ans d’espérance de vie alors qu’ils travaillent plus.

      

      Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a promulgué un décret pour revenir partiellement à la retraite à 60 ans. Un premier pas, mais avec trop de contraintes et donc nettement insuffisant. Or rigueur européenne oblige, le président de la République ne rétablira pas la retraite à 60 ans pour tous (votée sous François Mitterrand et abrogée par Nicolas Sarkozy), puisque effectivement ce n'était pas dans son programme de candidat. Qu'en disent les socialistes qui ont manifesté sous les banderoles syndicales contre la réforme Sarkozy et les dirigeants du parti à la rose ayant pris position publiquement contre ce recul?

       En France, l’espérance de vie en bonne santé diminue.

       Reculer l’âge de départ à la retraite pénalise avant tout les travailleurs les plus pauvres, qui vivent moins longtemps que les autres, alors même que l’espérance de vie générale continue d’augmenter. Une étude de l’Insee soulignait fin 2011 la constance des inégalités sociales face à la mort. Un homme cadre supérieur de 35 ans peut aujourd’hui espérer vivre jusqu’à 82 ans en moyenne, un ouvrier du même âge a une espérance de vie de seulement 76 ans, soit six ans de moins.

       L’écart entre cadre et ouvrier atteint même 10 ans pour l’espérance de vie en bonne santé, qui a baissé de presque un an en France entre 2009 et 2010 : 61,9 ans pour les hommes. L’écart est moins marqué chez les femmes, avec trois années de différence d’espérance de vie entre cadres et ouvrières. Mais les disparités demeurent : une ouvrière de 2012 est au même niveau qu’une cadre dans les années 1980.

       Le risque de mourir plus tôt que la moyenne est aussi très différent selon les catégories sociales. Un ouvrier de 35 ans a, par exemple, deux fois plus de risque de mourir avant 60 ans qu’un cadre du même âge (13 % de risque contre 6 %). Ces écarts restent les mêmes depuis un quart de siècle. Vous avez dit progrès social?

     

      De cela, la campagne pour les élections législatives n'en a pas fait ses choux gras. Après, l'on peut toujours pleurnicher sur l'abstention massive des classes populaires, quand certains de ses électeurs ne se sont pas englués dans le marigot brun marine. Selon les enquêtes, 2 jeunes de moins de 25 ans sur trois (la plus forte catégorie de chômeurs), 53% des employés et 49% des ouvriers (le plus grand nombre de salariés français) se sont abstenus.

    http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique