•  Nouvel incendie d'une usine textile au Bangladesh

    Le capitalisme n'a pas de frontières ni de nationalités. Il exploite partout dans le monde le genre humain afin d'engranger le maximum de profits. Et dans cette course aux gains, la mort au travail n'épargne personne surtout dans les pays en voie de développement. 7 ouvrières viennent de mourir dans l'incendie de leur usine textile au Bangladesh, dont les commanditaires étrangers étaient espagnol, allemand et français. En ce qui concerne la France, New Look, Scott and Fox et Solo Invest. Oui, c'est plus class en anglais pour exploiter la misère et berner les consommateurs de notre pays.

     

    Communiqué de presse
    Paris, le 28 janvier 2013

    Un nouvel incendie d'une usine textile au Bangladesh tue au moins sept ouvrières

     

    Le feu a ravagé l'usine de prêt-à-porter Smart Export samedi en début d'après-midi. Des étiquettes des marques Bershka et Lefties, appartenant au géant espagnol Inditex, du discounter allemand KIK ainsi que des marques françaises New Look, Scott and Fox et Solo Invest ont été retrouvées sur les lieux, le lendemain du drame.

    L'incendie, qui s'est déclaré samedi en début d'après-midi, a coûté la vie d'au moins sept ouvrières, dont quatre n'avaient que 17 ans. Celles-ci sont mortes étouffées par la fumée ou piétinées
    dans le mouvement de panique. De nombreux blessés sont également à déplorer.

    Peuples Solidaires et le Collectif Ethique sur l'étiquette, ainsi que les organisations de défense des droits des travailleurs locales,
    exhortent les multinationales de l'habillement à prendre des mesures immédiates pour faire cesser ces intolérables accidents à répétition.

    En novembre dernier seulement, nos organisations déploraient la mort de 112 personnes dans l'incendie de l'usine de confection
    Tazreen. Depuis 2005, ce sont plus de 700 ouvriers et ouvrières du prêt-à-porter qui ont ainsi péri dans des accidents ou incendies d'usines au Bangladesh; des milliers demeurent gravement et irrémédiablement blessés. Inditex et Solo Invest se fournissaient déjà auprès de l'usine Spectrum dont l'effondrement en 2005 avait causé la mort de 64 travailleurs. Peuples Solidaires et le Collectif Ethique sur l'étiquette dénoncent l'inertie des marques internationales de l'habillement, qui refusent de prendre les mesures nécessaires pour prévenir de tels drames dans une industrie dont ils connaissent la vétusté, dans une course criminelle au profit. Elles leurs demandent de signer l'Accord sur la sécurité et les incendies au Bangladesh proposé par les organisations de défense des droits des travailleurs, les syndicats locaux et internationaux, qui prévoit des mesures concrètes pour prévenir ces accidents. " Les ouvriers et ouvrières continuent de mourir, et les marques perdent du temps à se trouver des excuses au lieu de prendre des mesures concrètes. KIK n'a toujours pas indemnisé les victimes de l'incendie de Tazreen et Inditex n'a pas signé l'Accord sur la sécurité et la prévention des incendies au Bangladesh qui lui a été présenté il y a plus d'un an", déclare Fanny Gallois de Peuples Solidaires et du Collectif Ethique sur l'étiquette. Nos organisations demandent, avec leurs partenaires locaux, la conduite d'enquêtes indépendantes et transparentes visant à élucider les causes de ces incendies, et permettre la juste indemnisation des victimes et de leurs familles.

    Contact presse
    :
    Fanny Gallois
    Peuples Solidaires / Collectif Ethique sur l'étiquette
    :
    f.gallois@peuples-solidaires.org

       

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  • Restructuration

    Goodyear : l’usine qui résiste encore et toujours aux licenciements boursiers

    Par Grégoire Souchay (1er février 2013)

    Encore une. La multinationale Goodyear, à Amiens, s’apprête à fermer son usine de pneus et à licencier les 1 250 ouvriers du site, menaçant 4 000 emplois indirects. Une fermeture de plus, avec son lot de résignation ? Pas tout à fait. Car chez Goodyear, cela fait cinq ans que la fermeture est annoncée. Malgré les pressions de la direction et son manque de considération pour la santé des salariés, pas un licenciement, ni une baisse de salaire. Et ce, grâce à la résistance collective des ouvriers. Pour combien de temps encore ?

    « On entame notre sixième année de lutte, toujours victorieuse », lance Evelyne Becker, membre du Comité d’entreprise. Dès 2007, cela s’annonçait pourtant plutôt mal pour les Goodyear. Le fabricant états-unien de pneumatiques promet à l’époque l’investissement de 52 millions d’euros dans ses deux usines d’Amiens. Un investissement conditionné à une réorganisation du travail et 400 licenciements. Les salariés se divisent : à l’usine Dunlop, les syndicats et salariés acceptent le passage de cinq à quatre équipes (les « 4X8 »), tandis qu’à Goodyear, la CGT, majoritaire, refuse de signer. Le bras de fer s’engage avec la direction. À cinq reprises, elle va tenter des plans de licenciement. Trois seront suspendus par la justice, les deux autres seront abandonnés suite à la mobilisation ouvrière.

    La clef de cette persévérance ? D’abord la CGT, très puissante dans l’usine – 86% aux dernières élections du personnel – et dont la ligne n’a pas bougé d’un iota depuis six ans. « On ne se bat pas pour obtenir plus de fric dans le cadre d’un plan social, on se bat pour obtenir l’annulation du plan social et maintenir nos emplois », explique Mickaël Wamen, l’un des leaders.

    Le droit comme arme

    Les Goodyear n’hésitent pas à recourir à des actions spectaculaires : occupation et blocage de l’usine, ou de la zone industrielle, manifestation au Salon de l’Auto. Ils sont désignés comme « violents » ? Ils mettent en parallèle la violence sociale qui leur est infligée. Et n’hésitent pas à jouer sur les symboles. En 2009, les « Contis » – de l’usine Continental de Compiègne, aujourd’hui fermée – se joignent à eux pour un défilé fraternel dans les rues d’Amiens.

    Les salariés picards disposent d’un autre atout : le droit. Et en usent avec succès, sur tous les fronts. D’abord contre les plans sociaux, qui sont successivement suspendus pour vices de forme, de procédure ou pour absence de motif économique avéré. Mais aussi pour défendre leurs droits de salariés. « Les nouveaux qui entraient dans l’entreprise n’avaient rien. Ni treizième mois, ni vacances », décrit Igor Maslonka, salarié depuis 1997, aujourd’hui délégué du personnel. La CGT s’attaque au problème et se porte en justice. En 2004, la direction est condamnée à verser douze millions d’euros de dédommagement.

    Une délocalisation empêchée

    « Le droit est un levier utile, mais qui ne produit des résultats que s’il y a une mobilisation forte », résume Fiodor Rilov, l’avocat qui les suit depuis le début. C’est aussi ça, la force des Goodyear. Et qui a permis leurs victoires. Parfois même par anticipation, comme en 2009, quand le groupe annonce la reprise partielle du site par la multinationale Titan, géant américain du pneu. Les salariés se méfient et demandent des garanties supplémentaires. Bingo : le repreneur ne tarde pas à déclarer qu’il « aurait été préférable de racheter les équipements pour produire hors de France ». Ils échappent ainsi de peu à la délocalisation.

    La direction change alors de stratégie. En juin 2012, elle annonce l’abandon du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) et le maintien de l’activité. Dans le même temps, elle fait pression sur ses employés en les empêchant de travailler. Depuis deux ans, la majorité des salariés ne travaillent qu’une ou deux heures par jour, faute d’ouvrage, tout en restant dans l’usine. « Les salariés de Goodyear sont payés pour jouer aux cartes », annoncent les médias locaux... La stratégie est perverse : en réduisant artificiellement le temps de travail, le site produit moins, devient moins rentable, ce qui justifie sa fermeture. « A partir du moment où on a signé un contrat, l’employeur doit légalement nous donner du boulot pour tout notre temps de travail », rappelle Igor. Une situation humainement très difficile. « Les ouvriers sont livrés à eux-mêmes. Certains sont en dépression, beaucoup divorcent », raconte Fabrice, un salarié. Une centaine de plaintes pour harcèlement moral sont déposées.

    Interdire les licenciements boursiers

    Après tant de luttes, l’annonce de la fermeture de l’usine et du licenciement de 1 250 ouvriers, ce 31 janvier, laisse les Goodyear dubitatifs. Pas de date, pas de procédure : tout sera dévoilé lors d’un nouveau comité central d’établissement (CCE) le 12 février prochain. La seule nouveauté, c’est la possibilité de fermeture totale du site. « Depuis le début, c’est ce qu’ils cherchent », souffle Fabrice. Le motif ? La direction justifie la fermeture par une perte de 60 millions d’euros en 2011 sur le site. « Mais au niveau du groupe, le volume de production est le même qu’en 2005 », rappelle Igor. « Résultats trimestriels records », annonçait même la multinationale fin 2011, avec un chiffre d’affaires de 16 milliards d’euros, et un bénéfice de 251 millions d’euros.

    Les réactions sont partagées. « Le processus semble désormais irréversible. », s’inquiète Virgilio Da Silva, de Sud-Chimie. Marc Jonet, délégué CFE-CGC, veut, lui, croire au projet de reprise : « Maurice Taylor (PDG de Titan) nous a dit que notre outil de travail était utilisable du jour au lendemain. » L’objectif immédiat reste le même pour tous : empêcher la fermeture et préserver tous les emplois. « On va lutter pied-à-pied dans le cadre le plus unitaire possible », répète Virgilio. Rien n’est gagné d’avance, mais ils sont toujours là, déterminés et prêts à agir. Et surtout à se battre pour une loi sur les licenciements boursiers, qui permettrait d’interdire les plans sociaux dans les groupes qui réalisent des bénéfices.

    Un repreneur plutôt qu’une loi ?

    C’est d’ailleurs devant l’usine Goodyear d’Amiens, le 14 octobre 2011, que François Hollande s’était engagé à faire voter une loi pour empêcher les licenciements boursiers (voir la vidéo). Pour lui rappeler sa promesse, la CGT Goodyear était le 29 janvier dernier devant le ministère du Travail, avec ceux qui mènent le même combat – les Licenci’elles (anciennes salariés de 3 Suisses), les salariés de Sanofi, ArcelorMittal, Fralib et autres PSA. Réponse laconique d’Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif : « Nous préférons le plan de départ volontaires et la reprise. Nous avons repris contact avec Titan. Il est possible d’éviter le pire demain. »

    Le projet ne suscite pas vraiment l’enthousiasme des salariés. Leur objectif ? « Rassembler les entreprises. Dès qu’il y a un plan annoncé, où que ce soit, intervenir d’office, faire masse contre les licenciements », prévient Mickaël Mallet, salarié de Goodyear. « Si dans ton entreprise, tu fermes ta gueule, le PSE s’appliquera et tu perdras ton boulot ». Les Goodyear seront mobilisés le 12 février prochain, lors du prochain CCE qui détaillera les conditions de la fermeture. Pour l’empêcher, une nouvelle fois. En face, dans l’usine Dunlop, les salariés ont accepté en 2007 de passer au « 4x8 » et subissent la flexibilité. Ils enchainent deux jours de travail le matin, deux jours l’après-midi, deux jours la nuit, avec une journée de pause au milieu, et deux jours de repos. Une cadence invivable. Et qui ne protège en rien leur emploi. Si Goodyear ferme, l’usine Dunlop pourrait être la prochaine sur la liste.

    Dégradations des conditions de travail

    Pendant ce temps, dans l’usine Goodyear, se mène un autre bataille, concernant les conditions de travail. Insalubrité, locaux vétustes, machines datant d’après-guerre… « C’est digne de Zola », estime Evelyne Becker, membre du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). 210 accidents du travail recensés en 2010. Le même nombre en 2011. Rien que pour remettre l’usine aux normes, il faudrait 100 millions d’euros. « On ne veut pas faire fermer l’usine mais que le droit du travail soit respecté et travailler dans des conditions dignes et sécurisées », souligne Mickaël Wamen. Et puis il y a tous ces morts. Tous ces anciens qui, un ou deux ans après avoir fini le turbin, meurent d’un cancer, du poumon souvent. Alertés par une enquête de Que Choisir de 2007, les syndicalistes réclament un rapport sanitaire.

    Celui-ci pointe la toxicité des HAP, résidus de combustion d’hydrocarbures et d’huiles aromatiques. L’un de ces HAP, le benzopyrène, est reconnu internationalement comme un produit hautement cancérogène. Les salariés n’en savaient rien, alors qu’un décret de 2001 oblige les entreprises à informer les employés via des fiches d’exposition. Ce qui n’a jamais été fait à Amiens. En 2009, les salariés font condamner Goodyear à 50 000 euros d’amende pour défaut d’information. « Une condamnation symbolique », répondra cyniquement l’avocat de la direction. Car depuis ça continue. Les fiches d’exposition n’existent toujours pas. Les salariés ont créé une association pour recenser les cas : elle compte aujourd’hui plus de 1 200 inscrits, salariés, retraités concernés ou leurs proches. L’objectif : faire condamner au niveau international la multinationale Goodyear, interdire les HAP toxiques et obtenir la reconnaissance des cancers des salariés comme maladie professionnelle. Une raison supplémentaire pour la direction d’en finir avec les Goodyear d’Amiens ?

    Grégoire Souchay

    Photo : source

    http://www.bastamag.net/article2919.html

    Le patronat et les syndicats jaunes cherchent à diviser la base.

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    Le patronat n’a pas froid aux yeux. Il cherche à diviser la base en tenant responsable la radicalisation de la lutte de la base du syndicat CGT qui se refuse de négocier.Car selon le patronat une telle attitude ne permettra pas de sauver des sites. Un discours délirant qui cherche à diviser les travailleurs qui prennent conscience de l’intérêt du combat de classe et cela fait peur à la bourgeoisie.

    Oui, négocier si cela va dans le sens des intérêts des travailleurs. Qui sont les responsables de l’orchestration de la casse industrielle ? Pire, comme ils ont fait à Philips Dreux des syndicats jaunes, reprochent aux leaders locaux de la CGT, Jean-Pierre Mercier chez PSA Aulnay et Mickaël Wamen chez Goodyear Amiens, de mener un combat politique. Il est temps de rappeler, dans un combat de classe il ne faut jamais s’interdire l’idée politique. Comment peut on défendre les droits des travailleurs si on s’interdit les idées qui touchent le monde dans lequel on vit ? Est il nécessaire de rappeler que ceux qui votent les lois sont ceux qui siègent à l’assemblée nationale ceux que vous avez élus en tant que travailleurs citoyens. C’est aussi à l’assemblée nationale que s’organise et se votent les réformes, et notamment celles qui touchent le code du travail.

    Les argumentaires des plans de restructurations et de fermetures sur des difficultés économique ne sont pas fondé comme veulent nous le faire croire le patronat mais dans la motivation de l’augmentation des profits au détriment de l’avenir de milliers de travailleurs. Le patronat affirment au quotidien que l’actionnaire est roi et exigeant, dans un monde de concurrence exacerbée.

    Or, la vie nous à démontré que tous ceux qui ont plié à se rompe sous des mesures de plus en plus insupportable n’ont pas été mis à l’abri de fermeture de site ou de perte d’emploi.

    Par CGT PHILIPS EGP DREUX


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  • Suppression des aides à l'exportation de poulet congelé:

    il ne faut pas sacrifier les salariés de l'agro-alimentaire breton sur l'autel de la concurrence "non faussée"

    Suppression des aides à l'exportation de poulet congelé

    Dépôt de bilan et fermeture de sîtes chez Doux, suppressions d'emplois à Boutet-Nicolas, menaces extrêmement sérieuses sur l'avenir de Gad à Lampaul-Guimiliau (1000 emplois) qui avait un CE extraordinaire la semaine passée, fragilisation de la filière avicole avec la décision de la Commission européenne de supprimer les restitutions pour l'exportation de poulet congelé au Moyen-Orient, des aides qui représentaient 20% du produit des exportations et permettaient de réduire le prix de vente pour être concurrentiels face aux industries agro-alimentaires brésiliennes, américaines, thaïlandaises, vietnamiennes, moins sourcilleuses sur les règles environnementales et le bien-être animal et faisant travailler des salariés moins bien payés: va t-on vers une catastrophe économique et sociale de grande ampleur touchant tout le secteur agro-alimentaire breton, comparable peut-être en termes de conséquences humaines dramatiques à la desindustrialisation du nord-est de la France dans les années 1980?     

     

    Dans ce contexte très tendu, il peut apparaître irresponsable de la part de la Commission Européenne de supprimer brutalement les restitutions qui permettent à Tilly-Sapco et Sauvaget, engagés depuis longue date dans l'export de volaille congelée, de réduire le différentiel de compétitivité avec leurs concurrents non-européens. En octobre 2012, on est passé de 32,5€ de restitutions pour 100 kg exportés à 21,70€ et en janvier de 21,70€ à 10,85€/ 100kg, avec une suppression annoncée de ces aides à l'exportation dans quelques mois.

     

    La pression mise sur les abattoirs se répercute, en particulier pour les pourvoyeurs de Doux, par une baisse drastique des contrats passés avec les éleveurs, qui craignent de vendre des poulets à un prix inférieur au prix de revient.

     

    Certains peuvent se féliciter de cette suppression des aides à l'exportation.

     

    Les libéraux puisqu'elle a fait l'objet d'un accord au nom de la "concurrence libre et non faussée" dans un sommet de l'OMC en 2005 entre l'UE, les Etats-Unis, le Japon, qu'elle va dans le sens de la refonte de la PAC et des économies budgétaires (70 millions à 80 millions d'euros par an y étaient consacrés).

     

    Quand on est préoccupé d'écologie et de progression d'une agriculture paysanne et biologique relocalisée, ce qui est notre cas au Front de Gauche, on peut dire que ça affaiblit et oblige à réorienter un "modèle" agricole breton productiviste, hyper-concentré, tourné vers le quantitatif, le bas de gamme, les marchés extérieurs, coûteux pour l'environnement, l'agriculture vivrière des pays du sud, voire la santé publique.

     

    Petit bémol toutefois: les poulets entiers congelés Tilly ou Doux font l'objet d'une traçabilité et de contrôles dont ne peuvent se prévaloir les morceaux de poulet destinés à la restauration collective et aux plats préparés que commercialisent à moindre coût les Allemands, les Belges et les Néerlandais. Le Moyen-Orient ne bénéficie pas de conditions écologiques et climatiques pour produire lui-même ses poulets: et quasiment toute la production à l'export de Doux et Tilly y est destinée. Ce sont les concurrents américains ou asiatiques de Tilly et Doux qui prendront le marché si les entreprises bretonnes n'ont plus les moyens d'offrir des prix attractifs... Et ces industries concurrentes ne sont pas plus vertueuses écologiquement et socialement.   

     

    Sur un plan politique, on peut condamner les restitutions en disant que c'est une manière de rémunérer des capitalistes sans contrepartie exigée sur le plan social et écologique et, en effet, pendant des dizaine d'années, la fortune de Charles Doux ou de Tilly s'est nourrie de ces aides publiques européennes. Pourtant, dans le contexte actuel, la fin des restitutions risque de fragiliser dangereusement, voir de condamner les abattoirs de volaille bretons, les éleveurs, les transporteurs et tous les emplois corrélés à cette filière. Avec combien de salariés et de travailleurs sur le carreau? Et quelles solutions de rechange pour eux?     

     

    Le problème est complexe. Mais il y a une urgence humaine qu'il faut prendre en compte.   

     

    Ces restitutions ne sont pas des subventions pour maintenir des emplois mais des aides versées aux industriels qui exportent de la volaille congelée pour qu'ils soient compétitifs et puissent maintenir des prix attractifs par rapport à la concurrence brésilienne, américaine, vietnamienne, chinoise, en particulier sur les marchés arabes.

     

    En Europe, seuls deux industriels, finistériens tous deux, Doux et Tilly, exportent du poulet congelé, ouvrant droit jusqu'ici à restitution. A l'origine, ces restitutions étaient des moyens pour compenser le prix élevé des céréales payés pour nourrir les animaux en Europe. Aujourd'hui, seule l'exportation de volaille congelée vendue entière en bénéficie, à l'exclusion de la volaille congelée de nos concurrents européens intégrée dans des produits transformés, qui gagne sans cesse des parts de marché en Europe, à tel point que la France, qui n'importait que 10% de ses poulets consommés il y a quelques années, en importe aujourd'hui 40%.

     

    Actuellement, ces restitutions sont vitales pour que leurs activités ne soient pas déficitaires. En 2010, Tilly présentait des comptes à l'équilibre (sans bénéfice) avec des restitutions à 320€ la tonne. Depuis le 18 janvier dernier, elles ont été réduites à 108€ la tonne et elles seront nulles dans quelques mois.

     

    Pourtant, ces deux industriels du poulet congelé destiné à l'exportation qui touchaient 80 millions d'€ d'aides publiques européennes via les restitutions génèrent 5000 emplois directs dans la région tandis que les céréaliers français, qui représentent 36000 emplois, touchent 6 milliards d'euros d'aides européennes. Au prorata montant des aides/ emplois maintenus: il faudrait que les céréaliers génèrent 600 000 emplois en France pour avoir le même rendement en termes d'emplois associés que les aides à l'exportation à destination de la filière avicole.

     

    Si une entreprise comme Doux s'écroule complètement, c'est 3400 emplois salariés qui sont directement menacés, et 15 000 emplois induits en Bretagne (transporteurs, éleveurs, manutentionnaires) qui sont touchés... Les exportations de Doux représentent 30% du trafic du port de Brest.   

     

    A Tilly, il y a actuellement 350 emplois en CDI, 30 intérimaires et depuis 2006, après le dépôt de bilan d'UNICOPA assorti de 250 suppressions de postes, le repreneur Daniel Sauvaget a fait un vrai effort pour employer les restitutions et les bénéfices à mieux payer les salariés, à mieux les former, à maintenir des emplois. 12 millions d'euros ont été consacrés à cela. La conditionnalité obtenue par les représentants du personnel du Conseil Régional des abandons de créances contractées du temps d'Unicopa a permis ce résultat que les bénéfices servent depuis 2006 à l'investissement, au plan de formation, au relèvement du pouvoir d'achat des salariés, à la sécurisation de l'emploi. Les conditions de travail en abattoir ne sont toujours pas faciles mais elles se sont améliorées depuis 2006, semble t-il.  

     

    Qu'est-ce qui a joué contre le maintien des restitutions?

     

    Les Allemands qui produisent de la volaille fraîche très compétitive en aidant indirectement l'exportation par des abaissements de TVA et en employant de la main d'œuvre sous-payée se félicitent de fragiliser ainsi par la baisse des aides publiques européennes la filière avicole française, alors que la France importe actuellement 40% de sa volaille.

     

    Peut-être qu'avec moins de libre-échange, plus de protectionnisme, il y aurait une demande intérieure pour faire tourner nos élevages et nos abattoirs bretons. Actuellement, ils sont naturellement en difficulté face à la concurrence mondiale quand on sait que le salarié brésilien est payé 4 fois moins cher que le salarié français et que leurs industries agro-alimentaires exportatrices sont aidées par l'État qui dispose en outre d'une réserve de terres quasi infinie pour la production des aliments d'élevage.

     

    En France, des hommes politiques de gauche et des écologistes condamnent avec raison le gâchis et l'immoralité des aides publiques absorbés par les profits financiers des industriels et des actionnaires sans contrepartie au niveau de l'investissement, de l'emploi, des salaires. Doux est dans ce cas, qui ferme des activités au moment même où il continue à goinfrer ses actionnaires (la banque Barclays entre autre) d'aides publiques européennes en se vantant de produire pour produire et toucher davantage d'aides à l'exportation. La mauvaise politique du groupe Doux, son irresponsabilité, aura sans doute été ce qui a précipité la remise en cause sans délai du système des restitutions, qui existe depuis une trentaine d'années dans le cadre de la PAC.

     

    Seulement, dans le contexte actuel, sans restitutions, ces abattoirs, les éleveurs qui les alimentent, les transporteurs, les emplois induits s'écroulent. A Tilly, on passe de 20 millions d'euros d'aides environ à 400 000 euros de crédit d'impôt compensatoire à la fin des restitutions de l'État. Des clopinettes....

     

    L'avenir de l'emploi sur place est donc menacé, quand on sait qu'aux 380 emplois directs sont aussi associés à des emplois induits (deux à trois fois plus). Or, la situation économique de la région est loin d'être rose. Les salariés de Tilly, qui ont 47 ans en moyenne, n'ont pas beaucoup de qualifications, même si la formation professionnelle s'est améliorée, sont usés physiquement par la dureté des conditions de travail dans l'agro-alimentaire, vont-ils facilement retrouver un job dans le Finistère où les Côtes d'Armor dans le contexte actuel, avec 15% de chômeurs? Et on pourrait en dire autant des salariés de GAD, très inquiets sur leur avenir, et bien sûr de ceux de Doux.

     

    Ce système des restitutions était insatisfaisant puisqu'il ne s'accompagnait pas d'exigences en retour par rapport aux salaires, à l'emploi, à la formation, à l'investissement, ni de droit de contrôle des salariés, qu'il ne concernait que les industriels et non tous les acteurs de la filière. 

     

    Pour exemple, à Doux, les salaires sont gelés depuis 5 ans et on continue à distribuer de l'argent aux actionnaires alors que tout va mal.

     

    Il perpétuait les inconvénients de l'agriculture productiviste et surtout de son hyper-concentration en Bretagne.

     

    Mais en même temps, la Bretagne s'est construite et développée avec l'élevage hors-sol souvent par défaut, faute d'autre développement agricole ou industriel possible dans les années 60-70, et grâce à l'atout de ses ports, et aujourd'hui, on a pas de solutions alternatives immédiates à proposer aux salariés menacés de perdre leur emploi.

     

    Au-delà de la construction souhaitable d'un nouveau modèle économique et agricole plus vertueux socialement et écologiquement,  il y a  la réalité de milliers de personnes travaillant dans la filière aux emplois menacés à prendre en compte de manière prioritaire.

     

    Préparer l'avenir certes, par une planification écologique, une relocalisation progressive, une diversification agricole et le développement d'une agriculture de meilleure qualité. Par une refonte des filières, une meilleure protection contre le dumping social et la concurrence internationale.

    Mais aussi penser aux ouvriers, éleveurs et salariés d'aujourd'hui que la crise de l'agro-alimentaire breton plonge dans le désarroi et l'incertitude du lendemain, qui vont être des milliers à perdre leur gagne-pain.

     

    Le 16 février 2013, l'intersyndicale de l'agro-alimentaire organise une réunion-débat à Chateaulin sur les difficultés de la filière en y invitant tous les acteurs, salariés et citoyens qui se sentent concernés. 

     

    Ismaël Dupont.  

    http://le-chiffon-rouge-pcf-morlaix.over-blog.com/


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  • Le 2 février 1943 Stalingrad rallume l'espoir!

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    Le 2 février 2013 marquera le 70ème anniversaire de la victoire de Stalingrad.

    Hélas ! un silence médiatique assourdissant recouvre d’une véritable chape de plomb ce coup de tonnerre qui ébranla le monde, sonnant l’offensive de la victoire et le glas de l’entreprise de destruction nazie.

    Monde politique, médias, documents historiques, films et téléfilms semblent étrangement absents de l’événement. Tout au plus se contente-t-on de repasser un film qui réduit cet événement à un affrontement entre tireurs d’élite !

    Chacun sait que les communistes sont paranoïaques, qu’ils voient des fascistes et de l’anticommunisme partout.

    Peut-être parce que c’est tout bonnement une partie de la réalité !

    En Estonie, en Lituanie, en Hongrie, ce sont les anciens SS collaborateurs qui sont aujourd’hui fêtés après avoir été réhabilités. En France, c’est une autre forme de révisionnisme qui règne, l’oubli et le silence sur cette première victoire qui préluda à celles de Koursk et de Leningrad,  portant ensemble le coup fatal à l’hégémonie et à la barbarie nazies.

    Quelques faits méritent d’être rapportés : avant le Pacte de non-agression germano-soviétique, que des esprits bien intentionnés raccourcissent volontiers en Pacte germano-soviétique, comme si cette modification n’était pas sans importance historique, l’Union soviétique a cherché, ardemment, une alliance avec la France, l’Angleterre et la Yougoslavie. Cette alliance a été sur le point de se concrétiser. Un de ses artisans fut pour la France un homme de droite qui avait néanmoins compris ce que signifiait l’arrivée au pouvoir d’Hitler et des nazis. Inlassablement, malgré les bâtons dans les roues que lui mettaient un certain nombre de dirigeants français, Louis Barthou, ministre des Affaires étrangères, travaillait inlassablement à un accord. À son poste, il essaie de lutter contre les menées hitlériennes en  attirant la Grande-Bretagne, l'Italie et l'Union soviétique dans un front antinazi.  Il prône aussi l'isolement de l'Allemagne en montant contre elle une série d'alliances avec les États de l'Europe centrale alliés à la France, la Pologne en particulier, dans un pacte oriental qui n’aboutira pas. Mais le 9 octobre 1934, alors qu’il accueille à Marseille le roi Alexandre Ier de Yougoslavie, celui-ci est assassiné par un fasciste oustachi. Barthou reçoit lui-même une balle. Officiellement, une coïncidence, ce que l’on appelle à présent un dommage collatéral. Pourtant, alors qu’il n’est que blessé, il attendra plus d’une heure des secours qui ne viennent pas et décède. Sa mort signera le glas de la politique d’entente avec l’Union soviétique. Il faudra attendre 1974 pour que soit officiellement reconnu qu’il a été touché par la balle d’un policier français ! Malgré cela, les Soviétiques continuent à rechercher pareille alliance. Selon Georges Bonnet, ancien radical devenu ministre des Affaires étrangères en 1938, farouchement partisan d’une entente avec l’Allemagne d’Hitler, il faut « lanterner les Soviétiques », leur faire croire que la porte n’est pas fermée tout en cherchant et scellant une alliance ailleurs. En 38, il signe les Accords de Munich, en 39, il reconnaît officiellement la légitimité de Franco - alors que deux ans plus tôt la politique de non-intervention en Espagne a contribué à condamner le gouvernement légal du pays et à renforcer l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie - avant de se rallier à Pétain.

    Le Pacte de non agression germano-soviétique est donc un pis-aller pour l’URSS, incapable à ce moment de mener seule une guerre contre la puissance allemande. L’historien gaulliste Paul-Marie de la Gorce estimera que les atermoiements franco-anglais face à une « grande alliance » contre l'Allemagne nazie, leurs concessions à Hitler, notamment divers accords comme l'accord naval anglo-allemand de 1935, les accords de Munich en 1938 ou le traité de non-agression franco-allemand peuvent expliquer que l'URSS perçoive les démocraties occidentales comme indifférentes sinon délibérément hostiles envers elle et se rabatte sur un accord momentané et circonstanciel avec l'Allemagne. Churchill lui-même écrira dans ses Mémoires que « l'offre des Soviétiques fut ignorée dans les faits. Ils ne furent pas consultés face à la menace hitlérienne et furent traités avec une indifférence, pour ne pas dire un dédain, qui marqua l'esprit de Staline. Les évènements se déroulèrent comme si la Russie soviétique n'existait pas. Nous avons après-coup terriblement payé pour cela » conclura-t-il. Une analyse qui ne doit pas d’ailleurs interdire aux communistes une réflexion sur la nature de ce Pacte qui contenait des clauses secrètes injustifiables. Ainsi, la Gestapo s’engageait à livrer au NKVD les réfugiés russes présents sur le territoire allemand, en échange de quoi l'URSS livrait à l'Allemagne de nombreux réfugiés antifascistes allemands et autrichiens réfugiés en Union soviétique…

       Lancés dans une guerre impitoyable - les directives nazies stipulaient que sur le territoire de l’Union soviétique les lois de la guerre n’existaient plus et qu’il fallait considérer comme ennemis hommes, femme et enfants - victimes d’une barbarie qui multipliait les Oradour, les peuples de l’URSS, malgré des revers et des pertes immenses, surent mettre en œuvre une résistance inouïe qui permit non seulement dans un premier temps de desserrer l’étau d’une armée infiniment supérieure en nombre et en matériel, mais de contenir puis de repousser les assauts avant de lancer une contre-offensive qui permit la déroute totale de l’envahisseur.

    Stalingrad marquera le premier grand tournant de la guerre. Au prix de 487 000 morts et de 630 000 blessés, les Soviétiques jetteront à bas le mythe de l’invincibilité allemande. Il ne s’agit pas de minimiser le rôle des États-Unis dans la lutte contre le nazisme, mais qu’il nous soit permis de souligner que rien qu’à Stalingrad les pertes soviétiques dépassèrent le total des pertes américaines pour l’ensemble de la guerre, tous théâtres des opérations confondus.

    Le 2 février 2013 doit être rappelé et célébré partout, par les communistes certes, mais aussi par tous les démocrates. Du 17 juillet 1942 au 2 février 1943, dans la boue, la neige, le froid, les rationnements, dans une ville bombardée, pilonnée, rasée, meurtrie, l’Armée rouge et des dizaines de milliers de civils ont tenu bon, pour défendre leur pays mais également pour sauver le monde.

    Quelques mois plus tard, ce sont eux encore qui porteront le coup fatal après lequel rien ne sera plus comme avant. Du 5 juillet au 23 août 1943, à Koursk, ils mettront un terme aux offensives sur le Front de l’Est, y laissant 500 000 soldats.

    L’URSS de cette époque regroupait dans ses différentes républiques 194 090 000 habitants. À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, elle déplorera la mort de 10 700 000 soldats et de 15 900 000 civils, au total 26 600 000 morts. 13,7% de la population.

    Comment alors oublier ?

     

    « On me dit aujourd’hui que ces mots n’ont plus cours

    Qu’il vaut mieux ne chanter que des chansons d’amour

    Que le sang sèche vite en entrant dans l’Histoire

    Et qu’il ne sert à rien de prendre une guitare »

     

    Le poète a toujours raison. Sa guitare s’est tue mais ses mots résonnent encore.

    À nous de tenir le flambeau et de ne pas laisser la flamme s’éteindre…

     

     

    Pour la section Oswald Calvetti du PCF: Roger Martin

    http://www.pcf84danielecasanova.fr/


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  • Ça ne dépend que de vous:

    Le site Actuchomage ne doit pas disparaître !

     
    Actuchomage, l'un des seuls sites incontournables d'actualité et de défense des chômeurs menace de jeter l'éponge par manque de moyens financiers. Impossible d'être indifférent à cette hypothèse en cette période de plans sociaux massifs et de chômage de longue durée  !


     
    Le chômage nous concerne tous. Qu'on soit salarié ou retraité, qui n'a pas dans ses proches quelqu'un touché ou en passe d'être touché par le chômage ?
     
    Et une fois au chômage  :
     
    Qui n'a pas connu la sensation de découragement face au site Web de Pôle Emploi qui tel un monstre froid se fout de votre niveau de compréhension ou d'angoisse ?
     
    Un exemple vécu ? 
     
    Vous avez trouvé un CDD de 3 mois, du coup, vous ne prenez plus le temps de vous connecter dans votre espace personnel. Vous recevez un mail vous annonçant que votre espace va être fermé. Un peu angoissé vous téléphonez au 39 49 pour vous expliquer et vous vous faites rembarrer par un conseiller anonyme qui vous répond sèchement : « ça dépend de l'informatique et je peux rien y faire » sauf qu'il est impossible de joindre quelqu'un au service informatique.
     
    En clair, le chômeur vit dans l'angoisse permanente. Celle d'avoir loupé une convocation, envoyée par mail, qui aurait pu être considérée comme un spam, par sa messagerie. Ou celle plus grave, d'une remise en cause de ses droits, contre laquelle il aura toutes les peines du monde à se défendre, face à un conseiller dont certains  gèrent de 300 à 600 dossiers, et vous renvoient souvent vers ... le site Web de Pôle Emploi. 
     
    Contrairement à ce que prétendent certains économistes distingués et politiciens « chasseurs d'assistés », le chômeur ne se déconnecte pas de l'actualité. Par contre, il regrette que les seules informations sur le chômage et sa réalité, disponibles dans la presse, soient exclusivement centrées sur le coût et le déficit de l'assurance chômage.
     
    C'est pourquoi des sites web d'analyses, de conseils et de défense comme Actuchomage sont essentiels.
     
    Actuchomage, c'est : 80.000 à 100.000 visiteurs qui fréquentent le site chaque mois, les 5.500 inscrits à leur lettre d’infos, des dizaines de milliers de messages postés sur leurs forums et sur leurs articles, 200.000 vidéos vues sur leurs chaînes Dailymotion et YouTube.
     
    Un beau succès direz-vous !
     
    Oui, sauf que, explique Yves Barraud, le Président d’APNÉE/Actuchomage dans un édito publié sur le site : « c’est à peine si nous réussissons à lever 1.700 euros en un mois de campagne d’adhésions et de ré-adhésions »
     
    Hé oui, contrairement aux sites disposant de subventions ou de financements privés, ou ceux truffés de publicités clignotant comme des sapins de noël, Actuchomage ne fonctionne que par les adhésions et dons, et l'énergie de ses animateurs. 
     
    Et combien ça coute pour adhérer ou soutenir Actuchomage ?
     
    « 5 € par an, pour les personnes sans revenu ou relevant des minimas sociaux (ASS et RMI), les femmes au foyer et les étudiants.
    10 € par an, pour les personnes relevant du régime général d'Assurance Chômage
    35 € par an pour les retraités, les salariés et autres activités (professions libérales, artisans, commerçants…).
    Les Membres bienfaiteurs devront s'acquitter d'une cotisation d'un montant minimum de 60 € par an »
     
    Malgré tout, déplore Yves Barraud : « (...) Nous disposons de 400 à 500 euros pour faire tourner ce site 24/24, 7/7 et 365/365, depuis septembre 2004. Un exploit ! Parce que c’est du boulot, mine de rien (...) Selon les périodes, il nous arrive aussi de nous investir dans des actions collectives avec les autres mouvements de chômeurs et précaires, de participer à des manifestations, à des colloques, à des réunions. On répond à toutes les questions qui nous parviennent (25 à 30% d’augmentation sur un an). On conseille les gens par téléphone. On cherche des solutions pour eux. On anime et supervise nos forums. On soutient des procédures juridiques engagées par des chômeurs spoliés. On décrypte l’actualité de l’emploi, du chômage et de la précarité au quotidien »
     
    Et de poser cette question : « Si celles et ceux qui nous suivent de près ou de loin ne voient pas l’intérêt de soutenir notre association et le site Actuchomage, nous le comprenons et l’acceptons sans rechigner. Si nous ne sommes pas capables de réunir 200 à 300 personnes autour de nos actions et un budget annuel de 6.000 euros, est-ce que l’initiative mérite d’être poursuivie ? »
     
    A priori, sans réaction des lecteurs et de ceux qui se sentent concerné par le chômage et son isolement, il est possible que le site ne cesse son activité en 2014. Ce qui serait complètement fou au moment où les entreprises devraient continuer à diminuer les effectifs pour des raisons de « compétitivité » notamment en raison des accords signés entre certains syndicats et le patronat
     
    Mais, c'est avant tout, à vous de décider si un site aussi important doit continuer de vivre et, d'aider des milliers de gens, ainsi que l'expliquent les animateurs du site : « Comme nous sommes des gens sérieux, on préfère ouvrir le débat avant de prendre des décisions irréversibles.  Car « c'est pas nous qu'on décide », comme dirait l'autre. C'est vous !
     
    • Soit vous estimez que notre association et Actuchomage ont une utilité.
    • Soit vous vous en désintéressez. Ce n'est pas un problème. Nous voulons juste savoir »
     
    Alors, au lieu de vous dire que ce serait vraiement dommage et d'espérer secrêtement que ce soient les autres qui mettent la main au porte monnaie, réagissez si vous vous sentez concernés !

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  • «Un mal-logement sans limites»

    Ce n’est pas seulement dans les endroits où les niveaux des prix de l’immobilier sont les plus chers que la crise de l’habitat s’exprime avec virulence, relève le nouveau rapport de la Fondation Abbé-Pierre.

    Quand il s’est éloigné de la première couronne parisienne, Boris a cru avoir laissé derrière lui les problèmes de mal-logement. N’avait-il pas trouvé l’introuvable, dans l’Oise, au nord de Paris, où il a loué une maison pour 700 euros mensuels ? Un tarif plutôt bas… à première vue : avec les sommes englouties par la chaudière au fioul « cela revenait au même d’acheter ». Avec un crédit n’excédant pas le tiers de leurs revenus, ce couple de salariés s’est finalement offert une maison de 108 mètres carrés à Bailleval, village de 2 000 âmes, à 90 km de Paris, pour 151 000 euros. « Mais c’est vite devenu un piège lorsque ma compagne a perdu ses revenus, explique Boris. En début de mois, nous avons juste de quoi faire des achats alimentaires. »

    Même dans cette zone semi-rurale aux prix de l’immobilier plutôt bas, les problèmes de logement les ont rattrapés. Un cas emblématique. « Contrairement au discours du précédent ministre du Logement, ce n’est pas seulement dans les endroits où les niveaux de l’immobilier sont les plus élevés que les problèmes de logement sont les plus importants », explique Christophe Robert, directeur général adjoint de la Fondation Abbé-Pierre, qui rend public aujourd’hui son 18e rapport annuel. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

    La centrifugeuse parisienne

    Les communes rurales, isolées ou périurbaines, accueillent 46 % des logements sans confort. Autre surprise soulignée par le rapport : dans les grandes villes à prix bas, « 27 % des ménages supportent un effort financier excessif », avec un reste à vivre inférieur à 500 euros. À l’inverse, ils ne sont que 5 % dans cette situation à Paris, où les prix n’ont pourtant pas arrêté de flamber. « La centrifugeuse a fonctionné, et éjecté les plus modestes de la capitale », ­déplore ­Patrick Doutrelignes, le délégué ­général de la ­Fondation Abbé-Pierre.

    Le mal-logement est donc présent partout, il change simplement de visage selon les territoires. À l’inverse des grandes villes attractives, où règne la pénurie, les zones rurales éloignées des grandes villes connaissent, par exemple, de nombreux logements vétustes « habités par des propriétaires parfois impécunieux, souvent vieillissants ». En témoigne, ajoute Christophe Robert, « la forte hausse des aides demandées aux CCAS dans les départements ruraux (+ 60 % en Indre-et-Loire ou dans le Puy-de-Dôme) ».

    Contraints de s'éloigner

    Les accédants modestes à la propriété contraints de s’éloigner « dans le périurbain » se sont souvent « endettés lourdement sans prendre en compte les coûts de chauffage ou des déplacements ». Dans de nombreuses zones industrielles en déclin, les efforts de rénovation des logements semblent sans effet vu les conditions sociales dégradées des habitants.


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