• «Un mal-logement sans limites»

    «Un mal-logement sans limites»

    Ce n’est pas seulement dans les endroits où les niveaux des prix de l’immobilier sont les plus chers que la crise de l’habitat s’exprime avec virulence, relève le nouveau rapport de la Fondation Abbé-Pierre.

    Quand il s’est éloigné de la première couronne parisienne, Boris a cru avoir laissé derrière lui les problèmes de mal-logement. N’avait-il pas trouvé l’introuvable, dans l’Oise, au nord de Paris, où il a loué une maison pour 700 euros mensuels ? Un tarif plutôt bas… à première vue : avec les sommes englouties par la chaudière au fioul « cela revenait au même d’acheter ». Avec un crédit n’excédant pas le tiers de leurs revenus, ce couple de salariés s’est finalement offert une maison de 108 mètres carrés à Bailleval, village de 2 000 âmes, à 90 km de Paris, pour 151 000 euros. « Mais c’est vite devenu un piège lorsque ma compagne a perdu ses revenus, explique Boris. En début de mois, nous avons juste de quoi faire des achats alimentaires. »

    Même dans cette zone semi-rurale aux prix de l’immobilier plutôt bas, les problèmes de logement les ont rattrapés. Un cas emblématique. « Contrairement au discours du précédent ministre du Logement, ce n’est pas seulement dans les endroits où les niveaux de l’immobilier sont les plus élevés que les problèmes de logement sont les plus importants », explique Christophe Robert, directeur général adjoint de la Fondation Abbé-Pierre, qui rend public aujourd’hui son 18e rapport annuel. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

    La centrifugeuse parisienne

    Les communes rurales, isolées ou périurbaines, accueillent 46 % des logements sans confort. Autre surprise soulignée par le rapport : dans les grandes villes à prix bas, « 27 % des ménages supportent un effort financier excessif », avec un reste à vivre inférieur à 500 euros. À l’inverse, ils ne sont que 5 % dans cette situation à Paris, où les prix n’ont pourtant pas arrêté de flamber. « La centrifugeuse a fonctionné, et éjecté les plus modestes de la capitale », ­déplore ­Patrick Doutrelignes, le délégué ­général de la ­Fondation Abbé-Pierre.

    Le mal-logement est donc présent partout, il change simplement de visage selon les territoires. À l’inverse des grandes villes attractives, où règne la pénurie, les zones rurales éloignées des grandes villes connaissent, par exemple, de nombreux logements vétustes « habités par des propriétaires parfois impécunieux, souvent vieillissants ». En témoigne, ajoute Christophe Robert, « la forte hausse des aides demandées aux CCAS dans les départements ruraux (+ 60 % en Indre-et-Loire ou dans le Puy-de-Dôme) ».

    Contraints de s'éloigner

    Les accédants modestes à la propriété contraints de s’éloigner « dans le périurbain » se sont souvent « endettés lourdement sans prendre en compte les coûts de chauffage ou des déplacements ». Dans de nombreuses zones industrielles en déclin, les efforts de rénovation des logements semblent sans effet vu les conditions sociales dégradées des habitants.


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