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    Luxembourg: ArcelorMittal ferme une nouvelle aciérie en Europe

    Luxembourg: ArcelorMittal ferme une nouvelle aciérie en Europe

     

    ArcelorMittal a annoncé mardi une nouvelle fermeture d'aciérie "pour une durée indéterminée", à Schifflange au Luxembourg, la demande d'acier restant trop faible en Europe pour le géant de la sidérurgie, ce qui n'a fait qu'accentuer les craintes syndicales pour le site lorrain de Florange.

    "En raison d'une faiblesse persistante dans le marché de la construction en Europe de l'Ouest et du manque de tout signe d'une reprise rapide, ArcelorMittal propose de prolonger l'arrêt de son four à arc électrique et de sa coulée continue de Schifflange pour une durée indéterminée", a écrit le sidérurgiste, à l'issue d'un comité d'entreprise.

    L'expression "pour une durée indéterminée" avait déjà été employée par le groupe pour l'arrêt de son aciérie électrique de Madrid en janvier. Les syndicats voient derrière ces mots une hypocrisie du sidérurgiste pour ne pas parler de fermeture définitive.

    Le syndicat luxembourgeois LCGB a ainsi dénoncé une "fermeture pure et simple" de l'usine luxembourgeoise.

     

    "Le discours de la direction a changé, car avant on nous disait que la fermeture de Schifflange était temporaire et que la question de sa réouverture ferait l'objet d'un examen chaque trimestre", a déclaré à l'AFP le représentant du syndicat luxembourgeois OGBL, Jean-Claude Bernardini, alors que l'aciérie est à l'arrêt depuis octobre 2011.

    Comme pour Madrid, le groupe explique que le marché de la construction en Europe reste détérioré et que "les niveaux de la demande d'acier dans ce secteur sont aujourd'hui d'environ 20% inférieurs aux niveaux de 2007". A cela s'ajoute "une surcapacité significative sur le marché".

    En conséquence, les sites luxembourgeois de Schifflange et Rodange, autre site luxembourgeois où le laminoir va continuer de marcher au ralenti, ont subi "plus de 100 millions d'euros de pertes financières sur les trois dernières années d'activité".

    L'arrêt à "durée indéterminée" de Schifflange va toucher, selon ArcelorMittal, "282 personnes" sur 626 employés.

    "Il est prévu de réaffecter tous les employés concernés dans d'autres sites du groupe au Luxembourg (où ArcelorMittal a son siège social, ndlr) ou de les garder par le biais de la cellule de reclassement interne", indique la direction.

    "Comme ArcelorMittal n'ose pas dire que c'est un arrêt définitif, il utilise des nouveaux termes, mais le résultat est le même puisque l'ensemble du personnel qui travaille dans cette aciérie est reclassé ailleurs", a affirmé Edouard Martin, délégué syndical CFDT.

    L'un des syndicalistes à la tête de la lutte pour la défense des hauts fourneaux de Florange, en veille depuis plusieurs mois, voit dans cette nouvelle fermeture un mauvais signe pour l'avenir du site lorrain.

    "Ils ont fait la même chose à Liège (en Belgique, où l'arrêt définitif de deux hauts fourneaux a été annoncé en octobre, ndlr), en Espagne, maintenant le Luxembourg. Pourquoi ils feraient différemment à Florange? Il n'y a que le président de la République pour croire que ce n'est que provisoire", a déclaré le syndicaliste. Il parle de 6.000 emplois menacés en Europe, où ArcelorMittal fait actuellement tourner 16 de ses 25 hauts fourneaux.

    Le sidérurgiste assure pourtant que la mise en veille de Florange reste temporaire et que les hauts fourneaux redémarreront dès que la demande en acier remontera. Son patron, Lakshmi Mittal, a promis à Nicolas Sarkozy début mars quelque 17 millions d'euros d'investissements sur le site.

    Une nouvelle manifestation des métallos de Florange, à l'appel de la CGT, est prévue jeudi en Lorraine.

    http://actu.orange.fr


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    Arthaud fustige la "comédie" d'une "union nationale"

    Arthaud fustige la "comédie" d'une "union nationale"

     

     

    La candidate de Lutte ouvrière dénonce " l'instrumentalisation politique indécente" de la tuerie.

    La candidate de Lutte ouvrière (LO) à la présidentielle, Nathalie Arthaud, a qualifié mardi de "comédie" les appels à une "union nationale" et à une suspension de la campagne après la tuerie de Toulouse. "Je n'ai absolument pas envie d'aller dans ce sens-là de l'union nationale, d'un temps suspendu, où nous serions tous ensemble, unis", a déclaré la candidate sur Radio Classique, tout en qualifiant de "barbares et horribles" les événements de Toulouse. "J'ai envie de dénoncer cette comédie de l'union nationale et je n'y jouerai pas", a-t-elle ajouté.

    Dans un communiqué, Nathalie Arthaud a renchéri, considérant "indécente l'instrumentalisation politique de ces actes (de Toulouse) et en particulier les appels à l'union nationale". "Ma compassion et ma solidarité à l'égard des proches des victimes ne créent pour autant aucune solidarité nationale avec Marine Le Pen, Sarkozy, Guéant et bien d'autres", a souligné la candidate de Lutte ouvrière.

    Après la tuerie de Toulouse, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont affirmé tous les deux qu'ils suspendaient leur campagne électorale (jusqu'à mercredi pour le premier, "pour quelques heures, pour quelques jours", a dit mardi le second), et de nombreux rendez-vous et déplacements ont de fait été annulés par plusieurs équipes. Mais Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, et François Bayrou (MoDem) se sont distingués mardi, le premier en considérant que "poursuivre la campagne est un acte de résistance", le second en jugeant que "ce n'est pas avec une parenthèse de trois jours" qu'on mettra un terme au "climat d'intolérance croissant" dans le pays.


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  • « Les intellectuels qui gardent le silence à propos de ce qu'ils savent, qui se désintéressent des crimes qui bafouent la morale commune, sont encore plus coupables quand la société dans laquelle ils vivent est libre et ouverte. Ils peuvent parler librement, mais choisissent de ne rien en faire ». Noam Chomsky

    1/ La stratégie de la distraction

    Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes.

    La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux. »

    Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

    2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions

    Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter.

    Par exemple : laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.

    3/ La stratégie de la dégradation

    Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990.

    Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.

    4/ La stratégie du différé

    Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat.

    D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité.

    Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.

    5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge

    La plupart des publicités destinées au grand public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proches du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-âge ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant.

    Pourquoi ? « Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans ».

    Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

    6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion

    Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus.

    De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…

    7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise

    Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage.

    « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures.

    Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

    8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité

    Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…

    9/ Remplacer la révolte par la culpabilité

    Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts.

    Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution…!

    10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes

    Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes.

    Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même.

    Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.

    * Site de Sylvain Timsit : http://www.syti.net/Topics.html

      http://lecaennaisdechaine.over-blog.com/



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  • L'Europe, un révélateur

     

    Au nom de la crise (chronique, faut-il le rappeler, depuis le milieu des années 70), des « déficits » et de l'Euro, nous vivons une période marquée par une offensive terrible contre les peuples et leurs acquis sociaux, planifiée au niveau européen et déclinée nationalement, avec la mise au point par les « experts » du FMI et de l'UE de véritables plans d'ajustement structurel expérimentés aujourd'hui en Grèce. Promettant aux travailleurs 10 ou 20 ans de « larmes et de sang » (A. Merkel), les euro-dirigeants accélèrent la mise en place d'un Mécanisme Européen de Stabilité (MES) c'est-à-dire la mise sous tutelle directe des politiques nationales par l'UE, le FMI et les grandes compagnies financières privées.

     

    Dans l’Education, les contre-réformes qui se succèdent à un rythme élevé ne tiennent pas principalement à l'ignorance de tel président ou de tel ministre ancien DRH d'une grande entreprise de cosmétique dont les propriétaires se sont faits une spécialité de l'évasion fiscale : philosophie utilitariste et managériale, « socle commun de compétences », « école du socle », « réforme des lycées », autonomie et concurrence entre les établissements, attaques contre les statuts et prolétarisation des enseignants dans l'exercice même de leur métier, formation et évaluation des personnels,..., sont la traduction nationale d'une politique définie au niveau européen1, depuis les injonctions patronales de l'European Round Table en 1989 (Education et compétences en Europe) à la Stratégie Europe 2020 en passant par la Stratégie de Lisbonne (2000).

     

    Pour les syndicalistes que nous sommes, lutter contre la régression sociale et contre la casse de l’École nécessite bien sûr d'analyser ce à quoi les personnels s’affrontent. Le syndicalisme pour être efficace ne peut ainsi faire l'économie d'un travail sérieux sur « l'Europe ».

    Cela suppose autre chose que le discours unanime des directions syndicales autour de « l'Europe sociale » (sans doute veut-on parler « d'Union européenne sociale »). Ce qui forme une contradiction dans les termes si l'on regarde non seulement le rôle concret de l'UE mais aussi son acte de naissance, rédigé « en-haut » par les représentants des grands groupes capitalistes pour inscrire dans le marbre « l’économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence libre et non faussée » (Traité de Rome, 1957). Le refus d'évoquer la nature et le rôle dictatorial de l'UE, la volonté de toujours contourner le débat en invoquant de façon quasi-religieuse une « Europe sociale » aussi introuvable qu'un « miracle authentique » témoigne d'une volonté d’enfermer les revendications et les combats dans le cadre du système existant. On ne s'étonne guère de retrouver Chérèque et la CFDT2 sous cette bannière. Au niveau européen, c'est à la Confédération Européenne des Syndicats (CES) qu'il revient de faire ce travail 3 de verrouillage et de maintien des luttes dans le cadre de la construction européenne.

     

    Mais concernant le SNES, on est bien en peine de comprendre l’acharnement de sa direction à poursuivre dans la voie de l'adhésion à la CES ou à défendre à maintes reprises l'Euro et l'UE 4 sans faire la critique du point de vue des personnels de la construction européenne ou des organisations missionnées pour la défendre. Qu’est-ce qui fait qu’en 1992 ou en 2005, le SNES a refusé d’appeler à voter non aux traités supranationaux et libéraux «pour ne pas diviser le syndicat » et qu'aujourd'hui la direction de notre syndicat se prononce sans aucun débat à la base pour la défense à tous crins de l’Euro dont la « sauvegarde » sert de justificatif à toutes les régressions (et dont la création justifiait en son temps tous les sacrifices) ?

    Il apparaît pourtant que la satisfaction de nos revendications pose immédiatement la question de l'UE et de ses politiques, anti-sociales par nature. Ce n'est d'ailleurs pas une position de principe mais la prise en compte du principe de réalité : le moindre pas en faveur du peuple, dans l'Education ou ailleurs5, est en contradiction avec les traités, directives et règlements européens et serait interdit par l'UE.

     

    Raison de plus pour développer l'information indépendante des personnels sur les traités, les pactes, les rapports produits par la Commission européenne ou le Parlement européen. Pour coordonner les mobilisations à l'international avec toutes les organisations syndicales de notre secteur (en Europe, certaines appartiennent à la CES et d'autres à la Fédération Syndicale Mondiale comme en Grèce). Pour mettre en lumière les alternatives qui existent comme en Amérique Latine et préparer les alliances progressistes entre peuples et dans ce cas, pas seulement d'Europe.

     

    Collectif enseignants du Front Syndical de Classe

    1Lire à ce propos les travaux de Christian Laval, membre de l'Institut de recherches de la FSU.

    2C'est par exemple la CFDT qui, à peine remise de son soutien à la casse des retraites de 2003, a proposé l’amélioration des projets éducatifs par la mise en place d'un « livret personnel de compétences ».

    3En échange d'un financement généreux et de la reconnaissance du statut de « partenaire social » : soutien à la Stratégie de Lisbonne, au Traité Constitutionnel Européen, aux directives européennes sur les « services d'intérêt Général », le tout agrémenté bien sûr de l'appel à défendre « l'Europe sociale »....

    4Lire par exemple le récent supplément Mag à l'US n° 714.

    5Recrutement d'agents publics, politique éducative démocratique, augmentation des salaires ou des pensions, développement de la santé publique ou d'une politique de l'habitat populaire, nationalisations...


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  • par Danielle Bleitrach

    Je n'aurais jamais pensé que l'enterrement du PCF donne lieu à de telles manifestations de joie. Il y avait pourtant eu la répétition, déjà à la Bastille.  Les mêmes célébraient, avec quelle liesse, l'élection de Mitterrand. Juquin hurlait de bonheur et étreignait d'un geste ample la foule rassemblée et invitait le peuple de gauche à manifester sa joie.

     

    Seul le vieil Aragon osa la provocation surréaliste: on lui demanda ce qu'il pensait de « l'événement ».

     

    Il répondit, j'ai vu un jeune homme flotter dans le ciel nocturne, ça c'est événement pas ce qui se passe ici. « Je me souviens des soirées pré-électorales  chez monsieur Bœuf, ce restaurant proche de la Fontaine des innocents où nous nous retrouvions. Jean Ristat le plaisantait en tentant de le convaincre de voter Mitterrand. Jean le prenait à témoin et me demandait de l'aider de vaincre les résistances de cet entêté, je lui répondais en riant « Aragon est membre du Comité central, que suis-je pour le faire changer d'avis ? ».

     

    Aussi sa provocation ce soir de la Bastille m'est apparue logique.  Il n'y aurait pas de Révolution, mais une alternance, sans vertige dans laquelle peu à peu s'estomperait l'espérance de voir un jour la classe ouvrière monter à l'assaut du ciel.

     

    Aragon avait déjà décrit dans la Semaine Sainte, ce retour des rois, la fin de la révolution y compris sous sa forme despotique. Il avait pris comme héros un jeune peintre Gericault dont le portrait conservé au Moulin était frappant de ressemblance avec Jean Ristat. Chez ce jeune homme naissait, sur d'autres bases, une conscience révolutionnaire. Il avait écrit la Semaine Sainte en 1956, après la dénonciation du stalinisme, la révolte hongroise et l'occupation du canal de Suez. Les poètes ont toujours raison... Il attendait ce Géricault, cette résistance, cette renaissance de la France... Et ce soir de mai 1981, elle n'était pas encore au rendez-vous.

     

    Mitterrand le petit ne lui a jamais pardonné, il lui a refusé les funérailles nationales. L'ami de Bousquet, l'homme de l'entente avec Heydrich, pour la solution finale, refusait François la Colère et à travers lui la Résistance des Communistes...

     

    C'était ça aussi la Bastille... une recomposition-décomposition dans laquelle la petite juive n'avait plus sa place historique... Un signe parmi d'autres que le nazisme n'avait jamais été éradiqué et que bientôt l'Europe créerait l'ignoble équivalence...

     

    Depuis ce jour le PCF n'a cessé de résister à son propre anéantissement, à sa destruction programmée de l'extérieur et de l'intérieur... Mes amis, ne regrettons rien, ce n'était plus qu'un coma douloureux... Si le grain ne meurt, mais le fruit n'est pas encore là, ni même la fleur...

     

    Le communisme a été un épisode glorieux de l'histoire de France si l'on veut pouvoir chanter à son propos « Non, Nicolas la Commune n'est pas morte », il faut accepter sa fin pour éviter de s'incliner devant  un cadavre momifié comme Lénine l'a été pour sacraliser la Révolution dans une icône.

     

    J'ai toujours refusé de visiter le mausolée de Lénine, quand cela m'était proposé, j'exigeais de faire la queue par souci égalitaire, cela décourageait mes accompagnateurs. A la décharge de ce culte pharaonique, Lénine reposait bel et bien dans le drapeau de la Commune comme il l'avait demandé.

     

    Un lien était créé et il faut le récréer aujourd'hui en dépassant les apparences, toutes les apparences, un travail sur soi et sur l'Histoire. Nous n'avons que trop tardé.

     

    Je vois déjà dans la nuit des lucioles, le jeune homme et la jeune fille dont parlait Aragon. Etaient-ils à la Bastille? je n'en sais rien, les projecteurs, le discours, les télés m'ont empêché de les voir. Mais ils sont déjà là, j'en suis sûre.

     

    Oui le PCF est mort, mais toujours en France remontera le fleuve révolutionnaire, depuis Robespierre, Gracchus Babeuf jusqu'à Guy Moquet, demain celui qui prendra la tête de la révolte gauloise aura peut-être la peau brune et le flot de ses semblables qui endiguera le malheur sera comparable aux héros de l'affiche rouge. Comme je l'espère. Ils  verseront peut-être leur sang mêlé, parce que les temps ne seront pas nécessairement à la fête électorale.

     

    Il est là je le sais. Ils sont là,  ceux qui toujours ont fait la France, pour lutter contre l'exploitation, l'oppression,  et je le salue d'avance, je leur tends la main dans le silence de la nuit, cette nuit où nous nous croisons, moi qui suis sur le départ et lui qui va devoir réapprendre tout ce que j'ai cru savoir.

     

    C'est peut-être une bonne chose que de savoir que je dois tout réapprendre. Tant qu'existait l'espérance de la survie du PCF, je n'osais pas voir le nouveau, je restais engoncée dans de vieilles certitudes auxquelles je ne croyais plus, l'idée emprunté à dieu sait qui qu'efficacité et humanité, étaient inconciliables, de médiocres ruses, un cynis qui m'a toujours paru imbécile. Tout cela nous a conduits à la bastille en 1981 et 2012, là où il n'y avait plus rien d'autre à prendre qu'un opéra et des restaurants hors de prix... Désormais le principe espérance se confond avec celui de consolation et je suis disponible.

     

    Oui mon ami tu réinventeras la France, pas  la peur de l'autre, cette identité de la méfiance, celle qui cherche à faire tomber les coups sur plus malheureux que soi, celle qui mène à Vichy, mais celle de Marat qui conseillait aux « nègres des colonies de tuer leur maîtres » lorsque ces colonisateurs réclamaient une représentation à la Constituante.

     

    Alors pourquoi ne pas reconnaître ce qui était là à la Bastille, peut-être est-ce là ce qui cherche à naître ? Je ne sais pas ce qu'est l'insurrection citoyenne, cela me parait comme la chauve-souris de la fable, moitié oiseau, moitié rat pour n'être, ni l'un, ni l'autre, une formule rouge de l'extérieur, blanche de l'intérieur, et ça merci je connais, déjà en 1981, à la Bastille.

     

    Dans le temps qui me reste, il n'y a plus personne en qui j'ai réellement confiance et comme je n'ai plus la foi du charbonnier, il faudra me convaincre. Pour le moment, ce soir de fête à la Bastille, le souvenir de l'épisode mitterrandien m'encombre et ne me dispose pas à voter pour cette pâle reproduction qui achève l'opération.

     

    1. Pour  l'homme à la rose fut-il paré drapeaux rouges, je n'y vois encore pas autre chose que le linceul dans lequel est enveloppé le cadavre du PCF.

     

    je ne veux pas de cette icone insurrectionnelle que l'on agite pour  me faire accepter la servitude et le conformisme... peut-être y a-t-il en moi une exigence éthique avec une dimension esthétique: la Révolution à laquelle j'ai adhéré avec une passion que je ne regrette pas, a toujours confondu la foule des opprimés et l'insolence du surréalisme, c'est peu dire que je suis loin du compte... à la Bastille... en 1981 et en 2012.

     

    Donc attendons la suite, mais cela ne se fait pas en un jour et  le temps me manquera  sans doute pour mettre en mai ce bulletin dans l'urne.

     

    Mais je veux battre Sarkozy parce que je pense depuis son discours de Lyon que le fascisme ne se limite plus au Front National, à quelques groupuscules.

     

    J'entends au-delà de la fête ce qui m'est dit: le PS et ses caciques insistent à raison sur la parenté entre l'insurrection et la réforme citoyenne, ce n'est plus qu'une question de forme, un peu d'impatience... Il faut bien changer quelque chose pour que tout reste à l'identique...

     

    Je songe au Guépard de Visconti, l'abbé faisait déjà le constat de l'échec de tout mouvement qui n'avait pas le peuple avec lui, de ces tractations de sommet entre ceux qui aspirent à le guider.


    Il n'empêche, il y a l'urgence, le capital peut décider d'en appeler à une solution musclée... Pour imposer une situation à la grecque, tirer du sang des pierres...

     

    Retrouver comme dirait l'ineffable Rocard une dictature militaire qui leur avait si bien réussi dans les années de 1967 à 1974... Tiens Rocard, encore un qui ne nous rajeunit pas, n'était-il pas aux côtés de Juquin sur l'estrade de la Bastille en mai 1981. Il était déjà à Charlety, quand Mitterrand s'offrit à la France en mai 1968, pour éviter le pire la prise de pouvoir de la Classe ouvrière...

     

    Quand Cohn-Bendit insultait Aragon à la Sorbonne, en le traitant de Vieux con, ce à quoi Aragon lui avait répondu « C'est avec les jeunes cons que l'on fait les Vieux cons » Nous y sommes... Et en matière de vieux cons, il est difficile de faire mieux... Souvenirs...Souvenirs comme le dit Cambadelis treize ans après mai 68: « à  20h, nous marchons vers la Bastille, drapeau rouge en tête. ... Paul Quilès, Gaston Deferre, Michel Rocard, Pierre Juquin et bien d'autres. »

     

    Voilà c'est la fin de la marche sur la Bastille... Le début d'une autre époque...

     

    Voilà l'enjeu : simplement refuser si faire se peut le pire...

     

    J’attends et en espagnol l'attente se confond avec l'espérance.

     

    Danielle Bleitrach

     

    URL article : http://reveilcommuniste.over-blog.fr/article-a-la-bastille-une-fois-encore-par-danielle-bleitrach-101862547.html


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  • Comment on abat les régimes

    Par Giulietto Chiesa

    Le 16 mars 2012

    Megachip.info


    Giulietto Chiesa

     En ce 15 mars 2012 qui marque le premier anniversaire du soulèvement populaire en Syrie, et alors que tous nos grands médias, presse, chaines télé, radios, nous font part quotidiennement de toujours plus de victimes civiles et de barbarie de la part du régime de Bachar al-Assad, il est malgré tout difficile d’y voir clair sur ce qui se passe réellement dans ce pays, et de se faire une opinion sur l’authenticité de cette révolte populaire qui semble prolonger les « printemps arabes » de 2010 et 2011. Mais c’est en observant l’usage qui a été fait par le passé et encore récemment des théories du philosophe américain Gene Sharp, l’« inspirateur » de ces mouvements dans les pays arabes – nominé cette année pour le Prix Nobel de la Paix -, mais aussi auparavant dans les pays de l’ex-Union soviétique ou  en ex-Yougoslavie, que le journaliste et homme politique italien Giulietto Chiesa nous propose cette analyse du dernier livre de l’octogénaire américain, « De la dictature à la démocratie », rebaptisé en italien « Comment abattre les régimes ». Les idées humanistes et non-violentes rassemblées dans ce manuel, censées aider les peuples opprimés à renverser leurs dictateurs, sont pour G. Chiesa, largement mises à profit par les puissances occidentales pour fomenter, organiser, soutenir et financer ces soulèvements « légitimes » dans les pays dotés de gouvernements qui ne conviennent visiblement pas aux puissances occidentales et à leurs alliés.

     

    GeneSharp

    Gene Sharp, le « gourou » des révolutions arabes, comme l’appelle le Nouvel Obs

     

    Il est rare que j’écrive des recensions. En général, quand je n’y suis pas contraint par quelque raison de convenance personnelle ou pour satisfaire les exigences de certaines autorités pressantes, je me prononce sur des ouvrages qui me plaisent ou que je voudrais voir lus par d’autres, soit parce que je pense leur lecture utile, soit parce qu’ils offrent un point de vue original.

     

    Dans le cas présent, le livre dont il est question ne m’a pas plu du tout. Je le trouve même très énervant. Son auteur est clairement quelqu’un de pauvre et de limité (intellectuellement, s’entend), qui se dresse comme un oisillon gonflé d’idéologie – dans le sens de fausse conscience – au-dessus du broyeur de la pensée unique. Un exégète, donc, de la Matrice dans laquelle il a évolué, parfaitement incapable d’en percevoir les limites. Une espèce de nouveau protagoniste d’un « Truman Show », privé cependant de toute possibilité de rédemption.

     

    Mais alors, pourquoi est-ce que j’en parle ? J’en parle – comme aurait dit Leonardo Sciascia[1] – parce que le contexte qu’il représente est extrêmement intéressant, et riche d’informations sur la façon dont on pense, ce à quoi l’on pense, et comment on agit dans les centres de la subversion, ces lieux où sont élaborées les vraies stratégies et les tactiques révolutionnaires des temps modernes. Des temps qui, pour être précis, voient les révolutions être menées par le Pouvoir, et non plus par les révolutionnaires d’autrefois, ou les mythiques anarchistes, ou encore les peuples, les partis, les soviets, ou tout autre nom qu’ils aient portés par le passé, jusqu’au XXe siècle inclus.

     

    Et cela amène d’emblée toute une série de considérations qui sont loin d’être marginales, et qui seront utiles pour ces lecteurs qui pensent encore, justement, en termes de catégories de l’ancien temps ; pour ceux qui, ne s’étant pas mis à jour, ou n’ayant pas fait l’effort de comprendre les changements intervenus dans les rapports de force, dans les dynamiques économiques et sociales, dans les systèmes d’information, dans les technologies de manipulation, continuent d’appliquer la théorie révolutionnaire datant de l’époque de la lutte des classes, telle qu’elle fut décrite et créée à partir de la Révolution française.

     

    Mais ces considérations apparemment marginales, qui sont la véritable raison pour laquelle j’écris ces lignes, pourraient également s’avérer utiles à ceux qui ne se sentent pas l’âme révolutionnaire, n’entendent pas le devenir, mais ont simplement omis d’intégrer mentalement ce qu’est véritablement le Pouvoir. Et, n’étant absolument pas préparés à le faire, sont incapables de comprendre la façon dont le Pouvoir agit pour se maintenir. Avec quelle férocité, un Pouvoir – férocité d’autant intense que le pouvoir est grand – utilise les instruments dont il dispose. Le Pouvoir n’est jamais une affaire d’ amateurs. C’est un métier. Et il agit toujours à la vie et à la mort.

     

    Il est vrai que les intellectuels ont tendance à raisonner en projetant sur les autres leur propre vision du monde. Quand ils le font sur les personnes privées de pouvoir, ils créent toujours des problèmes, mais souvent ces problèmes sont d’une importance secondaire étant donné que les personnes normales n’ont pas de pouvoir. Mais lorsque cette projection s’opère vis-à-vis du Pouvoir, elle peut devenir existentielle, que ce soit pour ceux qui l’effectuent (c’est-à-dire les intellectuels eux-mêmes), ou pour ceux qui y croient, c’est-à-dire les lecteurs de leurs livres, de leurs essais, de leurs articles, de leurs conférences. Si par exemple vous essayez de décrire une lutte politique du Pouvoir contre ses opposants comme s’il s’agissait d’une partie de cartes, vous vous attirerez probablement des ennuis (surtout si vous êtes du côté des opposants au Pouvoir). Car il ne s’agit pas d’un jeu de cartes, et quand il se sent en danger, le Pouvoir se débarrasse, disqualifie, exclut, et quand cela est nécessaire, il tue. Ce léger détail échappe à la plupart des intellectuels et à pratiquement tous les journalistes. Ceux, parmi ces derniers, à qui ces choses n’échappent pas, se rangent généralement du côté du Pouvoir, et arrêtent ainsi de jouer aux cartes eux aussi. Les autres, les plus stupides, continuent de jouer aux cartes, se rendant ainsi utiles, bien souvent, en empêchant les autres de comprendre exactement ce que fait le Pouvoir. Ceci explique parfaitement pourquoi le livre de Gene Sharp a été écrit : précisément pour eux.

     

    Il est clair qu’avec ces catégories d’interprétation auto-référentes, non seulement on ne peut jamais rien gagner, mais il n’est même plus possible de savoir qui attaque, qui défend, où se trouve le champ de bataille et qui sont les parties en présence. Lorsque l’on discute avec ces orphelins de la pensée politique, on se rend bien vite compte que ce vide presque absolu d’analyse les amène souvent à s’imaginer être à l’offensive sur des combats inexistants, alors qu’ils subissent en réalité de cuisantes défaites sur le terrain bien réel où se déroule la vraie bataille, mais d’où ils sont totalement absents. Évidemment, puisqu’ils se trouvent ailleurs. Des moulins à vent, voilà ce que voient ces Don Quichotte du modernisme. La différence entre eux et leur modèle, consiste en un point de détail, mais qui est essentiel : celui de la Manche [le héros de Cervantes – NdT] rêvait pour son propre compte. Alors qu’eux ont été totalement hypnotisés par le Pouvoir, qui les emmène par la main là où bon lui semble.

     

    Le livre, en substance, consiste en une description de comment un Empire mourant devient subversif pour se défendre. C’est un manuel de la "révolution régressive" : la seule révolution existante, qui marquera les dernières décennies avant le crash final de ce système. Lequel, n’ayant plus de futur, est bien obligé de penser à rebours. Et il le fait en utilisant le dernier instrument dont il dispose : la technologie. C’est pour cela qu’il réussit à paraitre moderne aux yeux de millions de jeunes qui, immergés dans le Grand Bain des Rêves et des Mensonges, sont incapables de regarder en dehors et de voir la complexité des manipulations dont ils font l’objet.

     

    L’auteur s’appelle Gene Sharp, et c’est loin d’être un gamin puisqu’il est né en 1928. Ce qu’il a fait jusqu’à aujourd’hui n’est pas vraiment un mystère. Il suffit de jeter un œil sur Wikipedia pour avoir un aperçu de son modeste passé d’agent subversif. Dans cette spécialité, il émerge après une longue carrière dans l’ombre, au travers d’un livre dont le titre original « From Dictatorship to Democracy » nous rappelle immédiatement Francis Fukuyama, l’auteur de la « Fin de l’Histoire ». L’éditeur italien est Chiarelettere [2], une maison d’édition pleine de mérites par ailleurs, mais versant pour le coup elle aussi dans l’idéologie impériale.

     

    Les limites de la « Matrice » sont, comme nous le savons, vastes et gluantes. Sur la dernière page de couverture, l’éditeur italien nous informe que Sharp « passe pour être l’un des principaux inspirateurs des révolutions qui secouent le monde arabe actuellement. » [NdT - Et il est, pour cela, nominé pour le Prix Nobel de la Paix 2012]. Une définition fort réductrice. En réalité, Gene Sharp (ou disons plutôt, son école de pensée, même si ce terme à lui seul donne des frissons) est l’inspirateur de toutes les exportations de la démocratie américano-occidentale des dernières 30 années. De celles déclenchées et qui ont abouti, comme de celles tentées et avortées. Il est bon de le rappeler, car bien que le Pouvoir soit le seul révolutionnaire existant, il n’est pas écrit qu’il réussit toutes les révolutions qu’il tente. Parfois, il les rate. Toujours est-il que Sharp est le prophète, justement, des « révolutions régressives ». Et pour cette raison, il mérite toute notre attention, de nous qui sommes ses victimes, ses cibles.

     

    De lui-même, il raconte : « J’étais à Tien’anmen lorsque les chars d’assaut ont roulé vers nous » (La Repubblica, 17 février 2011). Vous avez compris où il était ? C’était peut-être bien lui le jeune homme qui arrêtait la colonne de chars d’assaut devant l’Hôtel de Pékin. Apparemment cet homme était partout. Il se trouvait là où survenaient des révolutions, [qui poussaient] comme des champignons, surtout depuis la chute de l’Union soviétique. Gene Sharp était certainement aussi ce brave homme au marteau-piqueur qui s’attaquait au fameux Mur de Berlin. C’est de sa palette que sont sorties toutes les couleurs variées des différentes révolutions des deux dernières décennies, de Belgrade à Tirana, de Pristina à Kiev et à Tbilissi. Quand Gene Sharp n’était pas là en personne, on croit comprendre qu’il « inspirait » à distance.

     

    Le livre a été traduit en presque 30 langues, certainement en arabe, russe et chinois. Et en le lisant, on comprend pourquoi : les centres de la subversion regardent déjà en direction de Moscou et de Saint-Pétersbourg, mais aussi de Pékin et de Shanghai. On comprend aussi qu’il contient certaines contradictions, comme c’est le cas pour beaucoup de Best-sellers. La thèse centrale du livre est que chaque dictature peut être renversée, « pourvu que la rébellion naisse de l’intérieur. » Ou plutôt, pourvu qu’elle semble naitre de l’intérieur. Et le pays qui nous vient immédiatement à l’esprit est la Libye. Et aussi, aujourd’hui, la Syrie, ou encore la Russie. En fait, Gene Sharp explique tout de suite que, pour naitre de l’intérieur, si elle n’y parvient pas toute seule, la rébellion doit « être inspirée » par quelqu’un. Voilà : le livre de Sharp est en réalité un manuel pour former les "inspirateurs". Pour cela – mais Sharp se garde bien de le dire – il suffit d’avoir beaucoup d’argent, des dizaines voire des centaines de millions d’euros. En réalité, ces rébellions surviennent assez fréquemment – du moins jusqu’à aujourd’hui – là où les revenus sont faibles, les plus faibles, et où l’argent devient l’arme principale pour « inspirer ». Sans ce différentiel de richesse, il n’y a pas d’inspiration qui soit. Et le premier conseil que l’on peut donner aux naïfs qui ne savent pas ce qu’est le Pouvoir, est de se demander : comment se fait-il que les inspirés que Gene Sharp recherche se trouvent toujours dans des pays qui souffrent justement de ce différentiel ? N’est-ce pas un fait [établi] que les inspirés sont les intellectuels des pays les plus pauvres ?

     

    Avec les revenus de ce « différentiel » il est possible de financer des milliers de bourses d’études, des subventions de recherche pour des professeurs qui accourront dans les universités britanniques, américaines, françaises, allemandes, dans les think tanks occidentaux, où ils seront éduqués en toute liberté et apprendront à aimer essentiellement les valeurs occidentales, et où il verront s’ouvrir des boulevards pour leurs carrières. Retour au pays en cas de victoire, ou [carrière] à l’étranger en cas de défaite. C’est ainsi que se décline l’aide providentielle venue de l’extérieur. Et il existe, depuis maintenant plusieurs décennies, un puissant réseau d’institutions constituées, financées et dédiées spécifiquement à cela. De Reporters sans frontières [3], pour prendre quelques exemples, à tous les Carnegie Endowments for International Peace, les Avaaz, qui recueillent les signatures en tous genres, et qui ressemblent parfois à de véritables centrales missionnaires, moralisatrices, libertaires, écologiques, vertes, et quoi qu’il en soit, toujours très colorées. Il existe aussi, pour cela, des radios comme Free Europe, Radio Liberty, Deutsche Welle, et ainsi de suite. Et aussi des chaines TV satellites, d’innombrables sites Web, farcis de petits « inspirateurs » extérieurs qui transmettent constamment, fouillent, poussent, décrivent les luttes pour les droits humains, pour la démocratie ; qui fixent la cadence des révolutions, des « printemps », des aspirations à la liberté d’entreprendre, à l’accès au « marché ».

     

    Si par exemple – comme cela s’est produit récemment – le Conseil de sécurité des Nations unies devait voter une résolution condamnant le gouvernement syrien, qui butera sur les vétos russes et chinois, alors l’« inspiration » arrivera à point nommé pour inciter tous les médias occidentaux à annoncer des tragédies dans plusieurs villes syriennes. Le tout, sans que les sources soient vérifiées et les informations confirmées, mais il suffira pour cela de relayer les données fournies par Avaaz, dont on ne sait pas bien d’où elles proviennent -, ou bien celles d’Al Jazeera ou d’Al Arabiya, dont la fiabilité est désormais comparable à celle de CNN, c’est-à-dire nulle. Je n’insisterais pas autant sur ces détails si je n’avais pas vu en personne la façon dont furent financées et organisées les révolutions colorées en Yougoslavie, Ukraine, Géorgie, Tchécoslovaquie, et auparavant en Pologne, avec ce merveilleux prototype de Solidarnosc, qui eut comme « inspirateur » principal, aux niveaux idéologiques et financiers, rien de moins que le Vatican de Jean Paul II – qui fut, pour cela, sanctifié.

    Des opérations qui, en Europe centrale, continuent actuellement autour de la « dernière dictature », celle d’Alexandre Lukashenko (ci-contre) en Biélorussie, assiégée par les radios et les télévisions qui, grâce aux financements de l’Union européenne, transmettent depuis les territoires tout juste conquis dans les pays de la Baltique ou depuis la Pologne.

     

    Naturellement, – et là je pense qu’il est opportun de le rappeler pour prévenir les jérémiades de ceux qui voudraient m’accuser de soutenir les dictateurs plus ou moins sanguinaires -, dans la plupart des cas, les répressions ont bien eu lien, ou ont lieu actuellement.

     

    Naturellement la corruption et l’absence criante de démocratie dans certains de ces régimes existent et ont existé. Naturellement, il en va de même pour les formes de résistance en faveur des droits de l’Homme, qui méritent toute notre solidarité. Elles existent, et luttent dans un combat inégal contre un Pouvoir bien plus fort qu’elles. Et c’est précisément sur elles que se concentre l’« inspiration » dont parle Gene Sharp. Et celle-ci peut compter sur une puissance financière illimitée ; mais aussi sur la naïveté des destinataires, qui, contraints comme ils sont de rester sur la défensive, deviennent extraordinairement perméables aux formes les plus subtiles, les plus innocentes, les plus « justifiables » de corruption. C’est exactement en manœuvrant ce piège qu’agissent les « inspirateurs » comme Gene Sharp et les financiers perchés sur leurs épaules. Et donc, la première chose à faire, pour comprendre ce qui s’est passé et ce qui se passe dans tous les pays situés en bas de l’échelle de ce « différentiel de richesse », est d’observer l’évolution au sein des mouvements de rébellion : autrement dit, comparer leur situation avant qu’ils ne suivent la « cure » de la part des « inspirateurs », et après.

     

    Cette analyse ferait apparaitre de bien étranges similitudes entre les transformations opérées par exemple par le mouvement « Otpor » [4], à Belgrade (ci-contre) et dans l’ex-Yougoslavie, et la célèbre, mais désormais défunte « Révolution orange » en Ukraine. Cela démarra avec un vieux photocopieur, pour aboutir à un poste d’enseignant à Harvard. Y résister est difficile, pour ne pas dire impossible. Au début, il s’agit d’inspirations, mais cela devient vite des ordres qu’il est impossible de refuser. Et plus le différentiel est grand, plus il est facile de trouver des dizaines, des centaines, voire des milliers d’inspirés parfaitement sincères.

     

    Hic Rhodus, hic salta [5]. Et c’est à ce moment-là qu’il est important d’avoir le courage et la force de distinguer entre les droits sacrosaints qui sont violés, et les profiteurs politiques étrangers (ou du pays) qui les utilisent à des fins de conquête. Il existe un critère relativement simple pour les différencier. Savoir qui finance. Si par exemple, il y a de bonnes raisons de penser que c’est l’Arabie Saoudite qui achète les armes et paie les soldats, alors on peut être certains que si c’est pour appuyer une révolte, cela ne sert pas les intérêts de la Démocratie et du Droit, mais que cela au contraire soutiendra la barbarie et l’oppression.

     

    Ils vous diront le contraire, bien évidemment. C’est leur métier. Ils y travaillent, 24 heures par jour, tous les jours, et ils sont bien payés pour cela. Les exemples flagrants en sont l’UCK au Kosovo, et la révolte syrienne. Dans le premier cas, c’est une armée entière qui a été organisée, financée, entrainée, soutenue par une montagne d’argent en provenance de Riyad, Washington, Berlin, et de l’OTAN. Et ce n’est pas un hasard si le gouvernement de Pristina qui en a émergé est un foyer de criminels, dont les mains tachées de sang sont serrées avec enthousiasme à Bruxelles, dans le mépris le plus total de tout principe européen de liberté et de respect des droits humains.

     

    L’autre exemple se déroule en ce moment même, sous nos yeux, en Syrie, où il est évident que nous assistons à un mélange complexe, mais transparent d’aides extérieures aux rebelles, en provenance d’Israël, de la Turquie, de l’Arabie Saoudite et des États-Unis d’Amérique. Il ne s’agit pas de quelques unités, mais de centaines d’unités, et aussi de milliers de salaires, de dessous de table, de conseillers, d’experts. Et si les conseils ne suffisaient pas, et qu’il fallait avoir recours à la force, ce serait le tour des groupes de mercenaires. Et lorsque ceux-ci arriveront au pouvoir, s’ensuivra une longue trainée de sang, de violences, de vengeances, d’illégalité et d’abus. Nous pouvons donc être certains qu’en cas de chute du régime de Bashar al-Assad, ce qui se produira ensuite ne sera certainement pas synonyme de triomphe de la liberté et des droits humains. Il suffit de regarder ce qui s’est passé, encore une fois, dans la Libye à peine libérée du dictateur sanguinaire Kadhafi, et qui se retrouve aujourd’hui aux mains d’une bande de criminels qui l’étaient déjà avant le début du conflit, mais qui aujourd’hui sont les patrons.

     

    Bref, il suffit d’appliquer la vieille règle du « cui prodest » (à qui profite le crime). Qui n’est pas juste à 100%, mais qui, en politique, fonctionne presque à tous les coups. Évidemment, il convient d’utiliser les précautions d’usage, comme celle de rester attentifs au fait que les organisateurs de ces provocations les élaborent toujours en renversant précisément le principe du cui prodest. Ainsi, la prochaine fois que vous vous retrouvez devant n’importe quel attentat terroriste islamique, il suffira de bien analyser le cui prodest pour en désamorcer [la propagande] qui vous est offerte sur un plateau d’argent. Par exemple, lorsque quelqu’un a assassiné Vittorio Arrigoni, et que vous avez entendu tous les grands médias, à l’unisson, relayer la revendication d’un vague « groupe salafiste » mal identifié mais doté d’un site Internet et de musiquettes révolutionnaires arabes, vous auriez pu immédiatement imaginer que les « inspirateurs » étaient – je prends un exemple au hasard – les services secrets israéliens.

     

    L’édition italienne du livre de Gene Sharp affiche le titre anglais en petites fontes et en propose un autre : « Come abbattere un regime » (Comment abattre un régime), et le sous-titre est un condensé idéologique d’une bonne centaine de tonnes : « Manuel de libération non violente ». Comment ne pas applaudir ? Nous avons ici, nageant en pleine mélasse libertaire, plusieurs contenus complémentaires. Le premier est tout à fait clair : nous sommes la démocratie, la liberté, la vérité. Et donc, nous avons le droit, pardon, le devoir de les insuffler aux autres. Mieux, de leur injecter. Quiconque s’opposera au triomphe de nos idéaux fait partie du « Mal ». Les dictateurs sont tous laids et méchants, et ce sont tous les autres : ceux qui s’opposent au « Bien ». Celui qui ne les combat pas avec suffisamment de conviction est un allié du Mal.

     

    Pourquoi les dictateurs existent, d’où ils viennent, comment ils sont arrivés là, s’ils ont une quelconque légitimité, s’ils sont le produit de leur histoire, qui les a portés au pouvoir, s’ils ont été nos amis et nos alliés, s’il s’agit de chefs d’États ou de gouvernements reconnus par les Nations unies, s’il ont par conséquent des droits reconnus par la communauté internationale, s’ils ont des causes à faire valoir, du point de vue historique ou de gestion de l’urgence, autant de questions qui ne méritent pas même d’être prises en considération. Car ils sont les « oppresseurs des peuples ». Lesquels peuples sont ipso facto intégrés à notre propre système de valeurs. Autrement dit, ils ont [forcément] nos désirs, nos impulsions, nos besoins, nos aspirations. L’Histoire, les différentes histoires des peuples, sont tout simplement et comme par enchantement, effacées. Et l’étape suivante immédiate, est qu’il nous faut imaginer à leur place la forme que devra prendre leur propre gouvernement.

     

    Le deuxième contenu implicite est le suivant : eux, les dictateurs, sont violents ; et nous, les démocrates, devons entre non-violents. Pourvu que, naturellement, le dictateur ne réussisse pas à tenir son peuple en main. Car dans ce cas, étant donné que pour nous, il ne peut pas l’avoir fait sans utiliser la violence, nous sommes alors autorisés à utiliser à notre tour la violence. Ou pour être plus précis, nous sommes autorisés à « inspirer » l’usage de la violence de la part des opprimés et contre le « dictateur » qui, entretemps, aura été qualifié de « sanguinaire » et « auteur de massacres indiscriminés ». Et profitant du différentiel en notre faveur, y compris celui médiatique, nous aurons réussi à faire de notre version des faits la version dominante dans le monde entier. Par conséquent, si violence il y a, ce sera entièrement attribué à la sacrosainte « réaction du peuple » face à la « répression » du dictateur. Etant entendu que cette sacrosainte réaction populaire sera armée et organisée au travers du différentiel en armements, munitions, organisation, information, et technologie. Mais ce seront, malgré tout, les manifestants pacifiques qui utiliseront les armes contre le dictateur sanguinaire et son cortège de brutes. Et les morts seront tous, indistinctement, de pacifiques citoyens faisant partie de la population civile innocente. Il va de soi – est-il besoin de le rappeler – que la population civile comptera effectivement des victimes, et en grande quantité. Mais l’important est que les récits et les vidéos en attribuent la responsabilité exclusive au dictateur sanguinaire et à ses troupes. Qui sont peut-être en effet des brutes sanguinaires, mais qui auront le privilège d’être considérés comme les seuls criminels à agir sur le terrain.

     

    N’oublions pas qu’alors que nous – qui sommes du côté avantageux du différentiel, et qui lisons ces chroniques de toute notre hauteur de vue – applaudissons aux révoltes pacifiques des peuples opprimés par des dictateurs sans scrupules que nous avons décidé de prendre pour cibles, d’autres dictateurs, juste à côté, avec leurs bandes de brutes sanguinaires, continuent en toute tranquillité d’opprimer leurs peuples respectifs, jouissant pour le coup de notre appui et de notre soutien le plus cordial. Ce détail – soit dit en passant – échappe systématiquement à tous ces intellectuels épris des droits de l’Homme et qui sont tout autour de nous. Et si vous le leur rappelez, ils s’énervent immédiatement, vous accusant de changer de sujet. De fait, sortir du récit mainstream signifie pour eux « changer de sujet ». Et, à bien y réfléchir, pour ceux qui connaissent seulement la version mainstream, en sortir ne serait ce qu’un instant signifie effectivement changer de sujet.

     

    Mais ne nous arrêtons pas à cela. A cet instant, le pays virtuel que nous prenons comme exemple se trouve déjà en pleine guerre civile. Le mouvement de protestation a reçu les instructions nécessaires pour frapper le « talon d’Achille » d’un régime particulier. Car Gene Sharp sait très bien que tout régime a ses talons d’Achille qui, s’ils sont correctement identifiés et frappés, permettront de l’abattre. Quelque part, probablement dans un pays voisin, se trouve déjà une avant-garde bien organisée, bien connectée [aux forces internes] du pays en question, convenablement intégrée au système d’information occidental, capable d’utiliser au mieux les réseaux sociaux (qui sont tous contrôlés et supervisés par des centres d’analyse occidentaux).

     

    D’ailleurs, n’est-ce pas un curieux hasard que début 2011, peu après le début du fameux « Printemps arabe », Obama et Hillary Clinton ont convoqué précisément les Chief executive officers des principaux réseaux sociaux, de Google, Facebook, Yahoo, et compagnie ? À vrai dire, ces derniers constituent une évolution technologique récente que Gene Sharp ne prend pas en compte dans son manuel. Le livre a été écrit avant que tout cela soit utilisable à grande échelle, et de ce point de vue, il a pris un bon coup de vieux.

     

    Mais le manuel de Sharp a quand même un mérite, celui de nous aider à mieux comprendre les mécanismes traditionnels, ceux qui ont été utilisés ces dernières décennies et qui – on peut en être certain – ne se démoderont pas. En Syrie aujourd’hui, une fois passée la première phase du lancement de la guerre civile, il n’est plus besoin de feindre que les seuls à se battre sont des manifestants pacifistes armés opposés aux régimes de Bachar al-Assad. Désormais, il est clairement dit que des centaines d’agents américains, sous la direction de David Petraeus, actuel directeur de la CIA, sont occupés à recruter en Irak des miliciens appartenant aux tribus situées aux frontières pour qu’ils viennent combattre en Syrie. La même chose se produit à la frontière turque, où s’activent des militaires en provenance de Benghazi en Libye, dirigés par les leaders fondamentalistes islamistes, et qui, avec l’aide de l’OTAN, ont renversé le régime libyen. Et de la frontière libanaise arrivent les groupes armés du député de Beyrouth, Jamal Jarrah, recruteur de mercenaires pour le compte de l’Arabie Saoudite, un homme qui sert de véritable charnière entre d’un côté le Prince Bandar, et de l’autre – à travers son neveu Ali Jarrah – les services secrets israéliens. Autrement dit, d’un côté les dollars par camions entiers, de l’autre, les meilleurs conseillers miliaires et les systèmes d’espionnage les plus sophistiqués de tout le Moyen-Orient. À cela s’ajoutent les équipes de commandos qui opèrent depuis plusieurs mois déjà à l’intérieur des frontières syriennes, avec l’objectif précis d’assassiner Bachar al-Assad et ses plus proches collaborateurs, de placer des bombes, et de faire sauter les oléoducs.

     

    Tout cela serait évident, si les peuples occidentaux en étaient informés. Mais ils ne le savent pas, car l’histoire est racontée à l’envers. Et les droits de l’Homme de la population syrienne ont déjà été enveloppés dans le même drap que celui avec lequel on a fait taire toute vérité. Et les intellectuels occidentaux, les journalistes, et un certain nombre, peu élevé, de pacifistes, croient la connaitre. L’existence de ce drap, ils ne peuvent même pas l’imaginer. Ils déclament sur le ton de ceux à qui « on ne la fait pas ». Ils se croient plus intelligents – ayant sans doute lu quelque roman policier, voire les ayant écrits – que les professionnels qui travaillent à temps plein pour le compte du Pouvoir, qui lui, n’est pas en train de jouer aux cartes.

     

    C’est d’ailleurs ce qui m’a amené, pour utiliser la métaphore d’un autre jeu – le jeu des Echecs, à faire le saut du cheval. C’est-à-dire d’aller voir ce qui s’était passé, voilà une vingtaine d’années, en Lituanie. Là-bas aussi, dans le Moyen-Orient lointain, il y eut un début de guerre civile, au moment où l’Union soviétique était sur le point de s’écrouler. Les Lituaniens voulaient l’indépendance, et avaient le droit de la demander. Il existait un authentique mouvement populaire qui se battait pour cela. Cela fut suffisant, et tout se conclut par la défaite de l’Empire du Mal. Il y eut une vingtaine de morts à Vilnius, lorsque les troupes russes et le KGB occupèrent la tour de la télévision. L’accusation retomba sur Gorbatchev, sur les Russes, les méchants pour le coup, pointés du doigt pour avoir tiré de sang-froid sur la foule. Cet épisode est devenu l’événement fondateur de la République indépendante de Lituanie, aujourd’hui un des 27 pays de l’Union européenne. Mais nous savons maintenant que toute cette histoire a été écrite par d’autres mains, et pas par celles du « peuple lituanien ». C’est Audrius Butkevicius qui la raconte, lui qui fut ensuite le ministre de la Défense de cette république et qui, le 15 janvier 1991, a organisé la fusillade. Ce fut une opération des services secrets, planifiée, de sang-froid, avec pour but de faire se soulever la population contre les occupants. Je demande au lecteur de prendre le temps de lire la citation extraite de l’interview faite en mai/juin 2000 parue dans la revue « Ozbor », et republiée récemment dans le journal lituanien « Pensioner ». Cela en vaut la peine, car on y fait une précieuse découverte, qui nous aidera à comprendre plusieurs choses contenues dans le livre qui nous intéresse aujourd’hui.

     

    « Il m’est impossible de justifier de mes actions devant les familles de victimes – raconte Butkevicius, qui a alors 31 ans –, mais je peux le faire devant l’Histoire. Car ces morts infligèrent deux coups extrêmement violents contre deux des bastions les plus importants du pouvoir soviétique, l’armée et le KGB. C’est comme cela que nous les avons discrédités. Je le dis clairement : oui, c’est bien moi qui ai planifié tout ce qui s’est passé. J’avais préparé cela depuis longtemps avec l’Institut Einstein, en collaboration avec le Professeur Gene Sharp qui s’occupait alors de ce que l’on appelait la « défense civile ». En d’autres termes, il se chargeait de la guerre psychologique. Oui, j’ai projeté la manière de mettre en difficulté les troupes russes, de les amener à une situation tellement insoutenable que tout officier russe serait obligé d’avoir honte. Ce fut une guerre psychologique. Dans ce conflit, nous n’aurions jamais pu gagner par l’usage de la force. C’était très clair dans nos esprits. C’est pour cela que j’ai fait en sorte de déplacer la bataille sur un autre plan, celui de la confrontation psychologique. Et j’ai gagné. »

     

    Ils tirèrent depuis les toits voisins, avec des fusils de chasse, sur la foule désarmée. Comme ils ont fait en Libye, comme ils ont fait en Égypte, et comme ils le font en Syrie.

     

    Maintenant vous l’avez compris. Gene Sharp était là, en pensée. C’est lui qui a enseigné à Butkevicius comment vaincre, « en transférant la bataille sur le plan psychologique ». Dommage que le long de cette route, 22 personnes innocentes aient trouvé la mort. Mais « devant l’Histoire », que pourront bien nous raconter nos [chers] défenseurs des droits de l’Homme ?

     

    Le livre de Sharp doit donc être lu avec un éclairage un peu différent. Et sous cet éclairage, c’est une œuvre absolument géniale. Elle a été écrite précisément pour les jeunes générations, qui sont désormais privées de toute mémoire historique, et sont homologuées, standardisées par la télévision, prises au piège des réseaux sociaux, qui n’ont jamais fait de politique, et qui sont vierges de toute forme d’organisation. C’est pour cette raison que le livre est écrit dans un style d’une simplicité déconcertante, pour pouvoir être compris par l’adolescent ou l’adolescente du collège : pour les familiariser avec les luttes politiques et psychologiques rendues possibles par les temps modernes, mais de telle façon qu’ils ne soient pas en mesure de comprendre ce qu’ils sont en train de faire ni pour qui ils le font. C’est un manuel pour organiser la « subversion de l’intérieur », dans tous les pays autres que ceux d’Amérique et d’Europe ; pour armer, avec la « non-violence » les cinquièmes colonnes qui doivent faire tomber les régimes réfractaires au « consensus de Washington ».

     

    Cette opération a un seul « talon d’Achille ». Que l’on pourrait voir comme un phare dans la nuit si l’on pouvait écarter cet épais rideau : l’axiome indiscutable que « nous sommes la démocratie ». Nous comprendrions immédiatement que la rébellion « non violente » suggérée par Sharp, pourrait parfaitement être retournée contre nos propres oppresseurs « démocratiques », qui ont transformé la démocratie en une cérémonie manipulatoire et vidée de tout sens. Nous pourrions nous aussi mettre à profit tous les conseils de Sharp : ridiculiser les fonctionnaires du régime, organiser des marches, boycotter certains produits, mettre en place la contestation généralisée et la désobéissance civile. En réalité, à bien y réfléchir, merci M. Sharp, mais nous le faisons déjà. Sauf que pour nous soutenir, nous n’avons pas l’argent de l’Amérique. Et nous pouvons, nous aussi, comme le fait Sharp, citer le député irlandais Charles Stewart Parnell (1846-1891) « Unissez-vous, mettez les plus faibles entre vous, organisez-vous en groupes. Et vous vaincrez. » Mais notre démocratie est bien plus sournoise que les dictatures. Et nous devons savoir que, lorsque nous commencerons à l’abattre, pour en construire une vraie, en revenant peut-être [aux valeurs] de notre Constitution, nous n’aurons absolument aucune aide de l’extérieur.

     

    Giulietto Chiesa

     

    Article original en italien :

    http://www.megachip.info/tematiche/democrazia-nella-comunicazione/7755-come-si-abbattono-i-regimi.html

     

    Traduction GV pour ReOpenNews

     



    Giulietto Chiesa est un journaliste et homme politique italien. Il fut correspondant de presse d’El Manifesto et d’Avvenimenti, et collaborateur de nombreuses radios et télévisions en Italie, en Suisse, au Royaume-Uni, en Russie et au Vatican. Auteur du film « Zéro – Enquête sur le 11-Septembre » et de divers ouvrages, il a notamment écrit sur la dissolution de l’URSS et sur l’impérialisme états-unien.

     

    Ancien député au Parlement européen (Alliance des démocrates et libéraux, 2004-2008), il est membre du Bureau exécutif du World Political Forum. Il vient également d’écrire l’ouvrage « Barack Obush » et d’éditer une 2e version du livre Zero à l’occasion  du 10e anniversaire des attentats du 11/9 (Zero 2 – Le Pistole Fumanti dell’11 settembre) et a fondé une organisation politique « Alternativa » qu’il promeut au travers notamment de la télévision Internet PandoraTV.

     

    Notes ReOpenNews :

     Leonardo Sciascia : Député européen et romancier italien. Romancier, nouvelliste, critique et polémiste, auteur de pièces de théâtre, éditeur, Sciascia devient vraiment un personnage incontournable des scènes culturelles et politiques internationales à compter de la sortie de son essai « L’Affaire Moro » en 1978. Source http://www.evene.fr/celebre/biographie/leonardo-sciascia-5001.phpn

     

    Le livre de Gene Sharp est paru en France chez Flammarion sous le titre « De la dictature à la démocratie »

     

    Reporters Sans Frontières : Voir l’article du Grand Soir : « L’UNESCO exclut Reporters Sans Frontières, affiliée à la CIA, pour ses « méthodes de travail » controversées »

     

    Otpor : le mouvement qui fit tomber Slobodan Milosevic, largement inspiré des théories de Gene Sharp

     

    Hic Rhodus, hic salta (Voici Rhodes, saute !). La phrase se trouve dans une des fables d’Ésope, où un athlète vaniteux assure qu’il a fait un saut extraordinaire alors qu’il était à Rhodes, et ajoute qu’il peut produire des témoins ; à quoi l’un de ses auditeurs réplique qu’il n’est pas nécessaire d’interroger des témoins : il suffit qu’il refasse le saut là où il est.

     

    Avis de non-responsabilité : Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que l'auteur et ne reflètent pas nécessairement celles du Centre de recherche sur la mondialisation.


    Pour les médias:  crgeditor@yahoo.com  

    © Droits d'auteurs Giulietto Chiesa, Megachip.info, 2012

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  • Hands-off-Iran-and-Syria-211x300Les communistes américains s'opposent catégoriquement à toute intervention armée en Syrie et refusent un nouvel Irak : « Bas les pattes de la Syrie ! »


    Communiqué du Parti communiste des Etats-unis (CPUSA)

     

     

    Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

     

    Le Parti communiste des États-Unis (CPUSA) en appelle à l'ouverture de négociations pacifiques pour mettre un terme à l'impasse politique en Syrie, et insiste sur le fait que le futur gouvernement de ce pays ne pourra être issu que de la seule volonté du peuple Syrien, sans ingérence extérieure.

     

    La situation en Syrie devient de plus en plus violente et périlleuse. Il n'y a pas seulement une escalade des affrontements armés entre le gouvernement et des factions de l'opposition, mais des signes de plus en plus nets, confirmés par de nombreuses sources, de danger que se développe une forme de guerre par procuration, où le communautarisme jouerait un rôle important. Nous savons pertinemment comment sont recrutés dans les autres pays Arabes des combattants qui vont en Syrie pour participer au conflit contre le régime d'Assad, comment des éléments d'Al Qaeda font partie de ces recrues, comment des conflits violents sont attisés entre factions religieuses et politiques dans les pays voisins du Liban et de l'Irak, qui s'ajoutent désormais aux griefs et animosités déjà existantes dans ces pays. La région dans son ensemble pourrait s'embraser, et très vite.

     

    Nous entendons parler d'échos préoccupants sur le sort des minorités religieuses en Syrie (non seulement les Alaouites mais aussi des Chrétiens et des Juifs) qui craignent l'avènement d'un régime intolérant, ne respectant pas la diversité des croyances et des coutumes qui peuvent exister dans ce pays à la longue histoire. De récentes actions terroristes, dont les assassinats d'un général et d'un leader religieux et les explosions à Damas, Aleppo et ailleurs, portent la marque du terrorisme d'Al Qaeda.

     

    Bien que le gouvernement actuel ait eu recours à des méthodes brutales pour se maintenir et ait réprimé une opposition pacifique, les médias contrôlés par le grand capital ne rendent pas service à la vérité lorsqu'ils cachent, ou omettent de mentionner qu'à côté de manifestations pacifiques légitimes, le tableau de la Syrie actuelle comprend aussi un niveau de violence maintenu par des forces loin de défendre la démocratie et la liberté, et dont les méthodes n'ont que peu à voir avec celles des manifestants courageux qui ont fait tomber les gouvernements Égyptiens et Tunisiens. Il n'est pas évident de savoir lequel de ces courants présents au sein de l'opposition Syrienne prendrait le dessus en cas de « changement de régime ».

     

    Pour les États-Unis et les puissances de l'OTAN, l'ingérence dans cette situation ne peut que faire empirer les choses, alimenter le cercle de la violence et causer de nouvelles souffrances au peuple Syrien. Nous entendons pourtant parler de « zones d'exclusion aérienne » et de « corridors humanitaires » qui, par leur nature même, rendraient inévitables une intervention armée étrangère.

     

    Le Parti communiste des États-Unis soutient ceux qui luttent pour la démocratie et les libertés civiles partout dans le monde, mais nous soutenons également la justice économique et les droits des minorités ethniques, linguistiques et religieuses. Les forces d'opposition syriennes, soutenues par les puissances occidentales, ou dominées par des factions religieuses obscurantistes, ne donneront probablement pas naissance à un régime démocratique garantissant les libertés, la justice économique et les droits des minorités.

     

    Le gouvernement Assad propose désormais des changements constitutionnels profonds, qui, si ils étaient mis en œuvre, constitueraient un grand pas en avant pour le peuple Syrien. Ces changements ont été rejetés d'emblée par la presse du capital et les gouvernements occidentaux. Au contraire, le mot d'ordre de « changement de régime » s'est imposé. Il s'agit pour nous d'une évolution négative et d'un pas vers la guerre civile qui pourrait embraser toute la région. Nous ne sommes pas non plus satisfaits du mot d'ordre « changement de régime » et la proposition d'armer l'opposition Syrienne qui a été défendue aux Nations unies par l'Arabie saoudite, et d'autres monarchies réactionnaires de la région. Bien que la Syrie ne soit pas une des principales puissances pétrolières, elle est un pays stratégique, et nous ne pouvons pas évacuer la possibilité que la géopolitique du pétrole soit, tout du moins pour partie, à l'origine des velléités d'intervention extérieure.

     

    On pourrait penser que les États-Unis et ses alliés auraient appris de l'Irak qu'une intervention, sous couvert d' « humanitarisme », dans les luttes internes d'un autre pays mène tout droit au désastre. La nature du gouvernement Syrien est du ressort exclusif du peuple Syrien, sans ingérence extérieure. Plutôt que d'apporter leur soutien à des factions Syriennes, les États-Unis devraient avoir une politique de non-intervention, et appuyer la résolution par la voie négociée pacifique.

     

    Nous appelons les membres et les sympathisants de notre parti à s'adresser à l'administration Obama et à leurs représentants au Congrès : « Bas les pattes de la Syrie ! »


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    Les banques accusées de spéculer sur les denrées alimentaires

     

     

     

     

    Le prix du blé ou de la poudre de lait flambent. Une étude des Amis de la terre Europe accuse les banques et assureurs européens d’entretenir la volatilité des cours, mettant en danger la sécurité alimentaire des pays les plus dépendants des importations pour se nourrir.

    C’était il y a un peu plus d’un an : en janvier 2011, Nicolas Sarkozy s’en prenait vertement à "l’irresponsabilité des spéculateurs", coupables d’entretenir la flambée des cours des matières premières agricoles. Dans la foulée, les pays G20 se réunissaient pour étudier les moyens à mettre en œuvre pour réguler ce marché devenu fou…

    Depuis, quelques mesures ont bien été prises, mais pas de quoi mettre un terme à ces dysfonctionnements. La raison de cette impuissance? Le rapport "Récolter l’argent" des Amis de la Terre Europe (1) accuse les institutions financières qui ont développé des produits complexes basés, notamment, sur les cours du blé ou sur la poudre de lait.

    Ces banques ou assureurs participent également au financement des rachats de terres agricoles dans les pays du sud par des Etats ou des multinationales en position de force pour spéculer sur les prix des produits agricoles. Et dans ce grand jeu planétaire, des banques et compagnies d’assurances européennes ont largement leur part de responsabilité.

    "Trophée de la honte" pour Barclays

    L’ONG a ainsi passé à la loupe les activités de 29 d’entre elles. Parmi les plus actives: la banque britannique Barclays. Apportant de l’eau au moulin de l’ONG, Geenpeace Suisse et la Déclaration de Berne ont attribué début janvier à la Barclays le "trophée de la honte". L’établissement a, en effet, engrangé 340 millions de livres sterling (405 millions d’euros) en 2011 en spéculant sur le marché des matières premières agricoles.

    Dans le sillage de la banque d’Outre Manche, la Deutsche Bank, le fonds de pension néerlandais ABP, le groupe Allianz ou encore BNP Paribas qui souhaite, selon l’étude, "doubler d’ici trois ans les revenus dégagés de sa présence sur les marchés des matières premières". Banques et assureurs européens misent sur les denrées alimentaires pour diversifier leurs portefeuilles.

    Ce que, pour sa part, la Société générale reconnaît explicitement :

    La demande globale de nourriture va augmenter dans les années à venir, contribuant à accroire la valeur des matières premières agricoles et des terres cultivables. Les entreprises agricoles sont le moyen le plus sûr pour permettre aux investisseurs d’en bénéficier…"

    écrit dés 2009, l'analyste Dylan Grice dans une note aux clients de la banque.

    Responsabilité sociale bafouée

    Le problème est que la spéculation alimentaire et le financement de l’accaparement des terres mènent tout droit à une instabilité catastrophique des prix des denrées alimentaires, plongeant des millions de personnes dans la pauvreté et la faim. Les banques, les compagnies d’assurance et les fonds de pension européens qui spéculent sur les prix alimentaires et avec les terres jouent avec la vie des populations et en retirent d’énormes profits"

    souligne Juliette Renaud, chargée de campagne sur la responsabilité des acteurs financiers aux Amis de la Terre. Et ce n’est pas le moindre des paradoxes pour des entreprises qui cherchent à mettre en avant leur politique en matière de responsabilité sociale…

    Par  Laurence Estival (Paris)


    (1) Les amis de la terre Europe, Farming Money, janvier 2012. Le rapport est disponible ici: cliquez


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    Nation Bastille. Et après ? Concorde ou République ?

     

    Nation Bastille. Et après ? Concorde ou République ?

     

     

    S'il fallait s'en tenir qu'au nombre de manifestants et à la dynamique, l'initiative du FdG est un succès.


    Et à voir qui y étaient, la Canaille y voit beaucoup plus d'intérêt que le rassemblement du Bourget et bien sur celui de Villepinte ou les messes Ku Klux Klanesques du "fn". C'est clair.  


    Mais alors, pourquoi n'y étais-tu pas ? Vont me dire certains de ceux qui pour partager nombre des arguments déployés régulièrement sur ces p@ges n'en ont pas moins fait le déplacement.


    Pour les mêmes raisons avant qu'après : L'élection présidentielle est une mascarade et la légitimité de celui qui sortira vainqueur du second tour, s'il a obtenu l'élimination du titulaire actuel, ne reposera pas sur les propositions de l'aiguillon mais sur le pas de la paire de bœufs qui tirera l'attelage à son rythme et là où le vainqueur qui tient le joug veut l'emmener.

     

    Et comme ce chemin annoncé est planté de déconvenues annoncées…ce n'est pas là dans l'instant que se joue la transformation radicale de la société.


    Ensuite au-delà du lyrisme des propos qui cascadent dans les sonos place de la Bastille, après avoir lu et relu les contenus, désolés mais là encore la déception est inscrite si …


    Si quoi ? Si le mouvement populaire ne prend pas en charge les contenus transformateurs et imposent ainsi des choix qui ne sont bien évidement pas dans la plate forme du PS, pas dans le projet du FDG et n'existe plus dans celui du PCF.


    Or aujourd'hui, audelà des effets de meeting, l'appel n'est qu'à soutenir. Les forces appelantes ne se mettent pas à disposition mais sollicitent soutiens et moyens.


    Par contre cela ne doit pas conduire à mésestimer ce qui vient de se passer ce dimanche, bien au contraire. Si une authentique organisation révolutionnaire au service de cet espoir se structure si une force révolutionnaire tente de se reconstruire par une dynamique calée sur colère et espoir, il peut s'ouvrir la perspective d'une alternative. La marge est étroite mais ne pas la pointer serait injuste voir criminel.


    Acquis à mettre au crédit des organisateurs : la dynamique qui se cherche en progressant fait monter la rage des possédants, au rythe de ses peurs génétiquement assistées. Au débit ce décalage entre le niveau de attentes exprimées y compris ce dimanche après midi et le peu d'ambition des propositions qui pourtant ont permis l'expression des exigences qui vont bien au-delà de ce que les organisateurs ont mis en débats.


    Le point positif donc, cette dynamique qui peut dégager des pistes si elle se dépouille des oripeaux de l'Europe sociale, des pôles public opposés à la propriété collective publique, si l'appropriation des richesses fait litière de la taxation des profits et toutes solutions à l'eau tiède qui actuellement sont encore le cap avancé par le FDG.


    D'ailleurs pour qui a regardé les pancartes et écouté les slogans, ce décalage est patent.


    Il ne s'agit pas de surenchère mais bien du socle des ruptures indispensable pour sortir de l'ornière libérale qui trace le cap du capital.


    Si la dynamique de ce jour permet d'en sortir, si le mouvement populaire dépassant les programmes mettait cela en construction, quel basculement du paysage politique.


    Pour autant la stratégie des alliances et les désistements annoncés sans discussion sur les contenus qui pourtant semblent devenir un des points du débat (d'où l'appel de Tagada au vote utile) n'inclinent pas à avoir des espoirs de ce côté.


    Si la dynamique dont cette manifestation se veut les prémices arrivait à subvertir ce qui vient d'être dénoncé, La Canaille devant ce constat serait le premier à dire qu'il s'est trompé.

     

    Et ne cachons pas que se tromper dans ce cas serait une bonne nouvelle. 

    Par canaille le rouge


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