• Le Musée Cognacq-Jay n’est plus une chasse gardée !

     

                                                                           Anne Hidalgo et Carla Bruni

                                                151029-carla-bruni-et-anne-hidalgo-au-9e-637x0-1.jpg 

                                                                        - "Oh Anne, cette oeuvre est superbe "

                                                                   - Désolée Carla, on va être obligé de la retirer "

     

    Mais pour faire respecter le droit du travail, la présidente de Paris-Musées, Anne Hidalgo, fait retirer l’œuvre intitulée le redressement dans la justice ! 

    Depuis plusieurs mois les syndicats CGT et Force Ouvrière avaient alerté l’administration des musées parisiens sur l’absence de panneaux syndicaux au Musée Cognacq Jay. Pour moquer le manque de volonté évidente de la Ville de Paris qui arguait d’un manque de place, il avait été décidé de faire appel à un artiste contemporain. (Lire ici)

    Ce dernier, en hommage à la nouvelle présidente des musées parisiens, Anne Hidalgo, avait intitulé sa performance « le redressement dans la justice » en sept volets (comme autant de syndicats présents dans les musées). Plus qu’un tryptique, un septique ! L’ancienne inspectrice du travail ne pouvait qu’apprécier le résultat comme on peut le voir là. 

                                                    photo 4[1]

                                                            Le redressement dans la justice

                    

    Grace à l’entêtement et la ténacité de nos deux syndicats, la présidente de « Paris-Musée », face au ridicule de la situation, n’avait d’autre choix que de faire retirer l’œuvre. « Le redressement dans la justice »  s’il disparaît aux yeux du public devrait néanmoins être conservé précieusement dans les réserves municipales. 

    La Mairie de Paris a rendu hommage au talent de l’artiste, en faisant accrocher sept nouveaux panneaux syndicaux conformément à la règlementation. Cette nouvelle œuvre, elle aussi d’un art très contemporain, a pour nom « le compte est bon » comme nous pouvons le découvrir en exclusivité. 

                                                                          ob_f52c01d8c460f4752a4bcb5a2b0c181f_dac2.jpg

                                                         Une œuvre puissante au dépouillement très contemporain

     

    Sept panneaux pour sept organisations syndicales, on remarque que désormais l’administration sait compter ce que l’artiste a su traduire au plus près 

    Cette œuvre puissante, dont le dépouillement très contemporain dégage une force véritable, méritait donc toute sa place au musée Cognacq-Jay. 

    Désormais celui-ci n’est plus une chasse gardée 

    Lire aussi l’article publié sur le site de FO de Paris-Musée en cliquant là

     

                                           582009-anne-hidalgo-au-salon-du-livre-a-637x0-2.jpg

                                                " Si l'oeuvre ne convient pas, on peut accrocher ça "

     


    Lire aussi

    Justice : Délit d’entrave au Musée Cognacq Jay (Paris IVe) !

    Paris: Le musée Cognacq-Jay se dote d'une chasse gardée !

     

    http://daccgtculture.over-blog.com

    http://jacques.tourtaux.over-blog.com.over-blog.com/


    votre commentaire
  • Social-Eco - le 25 Février 2013

    Editorial Par Jean-Emmanuel Ducoin

    Hôpital: serment d’hypocrites

    "Il n’est plus possible de continuer à diminuer les coûts, sauf à refuser d’assumer l’offre 
de soins actuelle", estime Jean-Emmanuel Ducoin, dans l'édito de l'Humanité de ce lundi, qui dévoile que 35.000 emplois vont être supprimés entre 2013 et 2014 dans les hôpitaux publics français.

    «Je quitte les urgences.» Nous lisons l’humble et fragile témoignage avec la rage au ventre. «J’ai travaillé 70 heures par semaine pendant trente ans, je pense qu’on a le droit de m’écouter.» Celle qui parle porte en elle des âges de combat dans un écrin de tristesse. «Plus ça allait, plus les urgences étaient chargées, et plus les responsabilités devenaient trop lourdes pour un seul médecin, la nuit.» Les vérités relatées ici ne se découvrent que par pur esprit de responsabilité. «On nous a dit qu’on ne pouvait pas demander des médecins supplémentaires et qu’on nous enverrait une commission pour vérifier.» Quand l’injustice se mêle à l’incompréhension. «Mais ils ne sont jamais venus voir comment cela se passait…» Elle s’appelle Marie-Anne Babé. Lassée, exténuée et surtout révoltée, elle vient de démissionner de son poste de chef du service des urgences du centre hospitalier de Roubaix, 
85 000 patients par an. Elle réclamait une hausse 
des effectifs. Elle n’a pas été écoutée. Alors son monde 
a vacillé. Pas la haute idée qu’elle se fait de son métier…

    Dans le flot des futilités médiacratiques qui nous éloignent de l’essentiel, l’information est, hélas, un peu passée inaperçue. Pourtant, la fracassante démission de cette femme de cinquante-neuf ans pourrait à elle seule nous servir d’illustration emblématique. Allons précisément à l’essentiel. L’ampleur de la catastrophe dans nos hôpitaux tient en effet en quelques chiffres. Des chiffres qui donnent le vertige, tant ils paraissent invraisemblables… En 2013, 20 000 emplois devraient être supprimés. En 2014, 15 000 de plus. Vous avez bien lu: 35 000 postes sacrifiés en deux ans! Pour comprendre la profondeur de la saignée, ajoutons que, en cinq ans, ce seront ainsi pas moins de 50 000 postes qui auront été rayés de la carte hospitalière. Autant de moyens en moins. Autant de travail en plus. Autant de stress et d’heures cumulés. Autant de drames à éviter. Parce que l’hôpital, c’est du sérieux. Parce que la santé, c’est une priorité absolue. Ne plus être à la hauteur d’une des missions les plus sacrées de notre société – l’égalité des soins et les moyens pour atteindre l’excellence – devrait être considéré comme un scandale de la République !

    Dans ce secteur aussi, qui meurt à petit feu 
des politiques austéritaires, un vrai espoir avait surgi des urnes, au soir du 6 mai dernier. La nouvelle ministre de la Santé, Marisol Touraine, voulait ouvrir «le chantier de l’hôpital» et ne manquait pas de formules rassurantes. «Je ne vois pas en quoi un système de santé serait plus fort 
si l’hôpital est plus faible, estimait-elle. Consacrer les valeurs de service public, c’est d’abord dire que l’hôpital n’est pas une entreprise.» Bravo pour les engagements philosophiques. Souhaitons que ce ne soit pas là serment d’hypocrites!

    Car les faits sont têtus. Récemment, dans une novlangue sociale-libérale typique, Jean-Marc Ayrault a parlé de la santé en souhaitant que le déficit de la Sécurité sociale «reste dans les clous». Vocabulaire déplacé. Vision limitée. Rien à voir, en tous les cas, avec cet enjeu de civilisation qu’est la médecine et qui nécessite d’en finir, vite, avec l’alternative suivante: ou défendre son hôpital au détriment de la Sécurité sociale, ou défendre la Sécu au détriment de son hôpital… Sans changement de logique, ce service public majeur est bel et bien en danger. Il n’est plus possible de continuer à diminuer les coûts, à faire des « économies de personnels », sauf à refuser d’assumer l’offre de soins actuelle. Et pendant ce temps-là ? Il est prévu d’octroyer 500 millions d’euros de crédits d’impôts aux cliniques privées. Devinez: pas un centime pour les hôpitaux publics…


    votre commentaire
  • Grèce : un ancien diplomate grec prédit l’insurrection sociale et des manifestations sanglantes

    Un ancien diplomate grec, Leonidas Chrysanthopoulos, s'est confié depuis qu'il a démissionné de son poste aux ministère grec des affaires étrangères. Il prédit une insurrection sociale abev des manifestations violentes en Grèce et indique que le gouvernement aurait engagé BlackWater, l'entreprise américaine militaire privée  tristement célèbre pour ses activités en Irak, pour protéger le parlement. S'il semble être rassuré sur les forces armées grecques et un éventuel coup d'Etat, il ne mâche pas ses mots sur le gouvernement, l'UE et le futur sombre qui attend le pays.

     

    Capture-4.png

     

    Leonidas Chrysanthopoulos était un diplomate du ministère grec des affaires étrangères. En tant que jeune officier en service dans les années 1970, il a contribué à assurer l'adhésion de la nation alors fraîchement démocratique à l'Union Européenne (à l'époque la CEE). Il a été ambassadeur d'Athènes en Pologne, en Albanie et au Canada, et, enfin, le directeur général des affaires européennes au sein du ministère.
     
    L'an dernier, il a finalement démissionné en tant que secrétaire général de l'organisation de coopération de la mer Noire, est parti dans le secteur privé, et se sent désormais libre de parler ouvertement de sa fureur sur ce que font l'Europe et les prêteurs internationaux à son pays.
     
    "A un certain moment, très bientôt, il y aura une explosion des troubles sociaux. Cela sera très désagréable" dit-il. Dans les dernières semaines, les bureaux des partis au pouvoir ont été incendiés, ainsi que les maisons de journalistes pro-gouvernementaux. Le siège du parti de la Nouvelle Démocratie au pouvoir a été mitraillé et quelques jours plus tard, une bombe a explosé dans un centre commercial appartenant au 2ème citoyen le plus riche du pays. Personne n'a été gravement blessé par les attaques.

     

    "Il s'agit d'une escalade des actions", s'inquiète-t-il, ajoutant qu'il s'attend à ce que "l'explosion" se produise tôt ou tard. Il prédit que l'étincelle arrivera quand les nouveaux impôts et les nouvelles taxes avec effet rétroactif viendront à échéance dans les prochains mois et que les gens ne pourront tout simplement pas payer. "Il y aura de nouvelles hausses des actions armées. Il y aura des manifestations sanglantes."

     

    "Ces actions sont condamnables, bien sûr, mais je pense que ce genre d'activité armée augmentera aussi longtemps que le gouvernement continue d'imposer des mesures oppressives contre le peuple grec."

     

    Le Premier ministre belge Elio di Rupo à dit à Davos que l'Europe doit changer la course de l'austérité dans les six mois s'il n'y a aucun signe de reprise. Ce sont des paroles d'espoir pour Chrysanthopoulos, mais il craint que cela ne soit déjà trop tard pour son pays.

     

    "Nous n'avons pas six mois. Si l'UE veut changer quelque chose, ils doivent le changer hier. Nous avons même des problèmes à enterrer les morts parce que les gens ne peuvent plus payer les frais d'obsèques. Nous nous dirigeons sur la voie de la destruction. (...) La situation en Grèce est dramatique. Si nous poursuivons la voie de l'austérité, nous finirons par un désastre. Si la Grèce d'abandonne l'euro et revient à la drachme, la situation serait difficile, mais plus facile à gérer. Si nous devions revenir à la drachme, cela se ferait progressivement avec les deux monnaies en coexistence pour une période d'un an, ce que nous avons fait lorsque nous avons adopté l'euro. Mais avec une monnaie nationale, la Grèce sera en mesure de la dévaloriser et de rendre son économie plus compétitive."

     

    L'été dernier, la coalition dirigée par Antonis Samaras a lancé une répression majeure (l'opération "Xenius Zeus", le nom de l'ancien dieu de l'hospitalité) sur les migrants irréguliers, détenant jusqu'à 60.000 personnes dont 4.200 seulement ont été arrêtées pour des infractions - une décision qui a été critiquée par Amnesty International et d'autres organisations de défense des droits de l'homme.

    Chrysanthopoulos a indiqué que le gouvernement a engagé Blackwater, l'entreprise américaine militaire privée  tristement célèbre pour ses activités en Irak, qui porte désormais le nom de "Academi". Il en explique la raison sans ambages : "Le gouvernement grec n'a pas confiance en sa police, dont les salaires ont également été réduits."

     

    Dans une interview fin 2012, il a indiqué :

    "La démocratie n'existe plus en Grèce. Les mesures d'austérité récemment adoptées étaient inconstitutionnelles selon les plus hauts tribunaux de la Grèce. Un membre du Parlement et ancien ministre a indiqué à la télévision que les mesures sont inconstitutionnelles, mais qu'ils doivent les voter. De cette façon, il ouvertement violé le serment qu'il a pris quand il a prêté serment de protéger la Constitution.

     

    Le gouvernement grec a récemment conclu un accord avec la société remplaçante de Blackwater pour engager des mercenaires pour la protection du Parlement. Cependant, le Parlement, dans les démocraties, ne requiert aucune protection. Des directives ont été données aux médias sur ce qui peut être dit et toléré et ce qui ne peut être toléré . Les journalistes qui ne se conforment pas sontharcelés par des agents du gouvernement ou arrêtés. Un autre journaliste a été sommairement congédié de la télévision d'Etat, car il a montré le premier ministre qui était hué lors des célébrations de la fête nationale. Et l'UE se fout de la démocratie en Grèce comme elle le fait à propos de la démocratie dans d'autres pays, comme la Turquie."

     

    Cependant il précise que via ce qu'il entend par les contacts qu'il entretient parmi ses anciens collègues et des politiciens, il est convaincu qu'il n'y aura pas de coup d'Etat militaire, contrairement à 1967.

     

    "Il y a des contacts de certains hommes politiques avec des éléments des forces armées afin de garantir que, dans le cas d'une agitation sociale importante, l'armée n'interviendra pas."

    "Je ne veux pas aller trop dans les détails ici car il s'agit d'une question délicate", poursuit-il. "Mais à la suite de ces contacts, je pense que cela va être un succès."

     

    Il déplore ce qui s'est passé à l'UE dans laquelle il a passé une grande partie de sa carrière: "Je faisais partie de l'équipe de négociation en tant que jeune diplomate qui a amené la Grèce à l'UE. L'UE que nous avons rejoint en 1981 n'existe plus."

     

    "Nous avons besoin d'un changement de cap."

     

    Une étude de la fédération grecque des PME a récemment estimé que plus de la moitié des foyers grecs était menacée d'insolvabilité en 2013. Plus d'un tiers de la population grecque vit désormais sous le seuil de pauvreté.

     

    2013, l'année du printemps grec ?

     

    sources :  Newstatesman &  Millstonenews

     

    A_Athenes_les_Indignes_grecs_montent_leur_camp.jpg.jpg

    http://comite-pour-une-nouvelle-resistance.over-blog.com/


    votre commentaire
  • BIG PHARMA EN ACCUSATION - SI VOUS AVEZ RATE L'EMISSION....

    Bonnet-Sophie.jpgLaboratoires

    pharmaceutiques,

    un lobby en pleine santé

     

    Il était une fois une très fine journaliste de Capa nommé Sophie Bonnet (en photo de dos) , qui confia à un confrère la mission de se faire recruter pour six mois comme stagiaire dans le service marketing d’une importante firme pharmaceutique française. Capa lui confia une caméra cachée. La firme lui donna un bureau, un portable et le code intranet dont la jeune recrue ferait bon usage le soir une fois rentré a la maison.

    Sophie Bonnet de son côté s’en alla promener sa caméra cachée parmi le petit monde tout aussi fermé des visiteurs médicaux qui lui ont confié des choses comme ça : "On nous demande en formation de ne pas trop insister sur les effets secondaires. Ca peut être un problème d’avancer des qualités sur le médicament qui ne sont pas vérifiées scientifiquement." Nous avons rencontré cette journaliste embedded. Son documentaire, "Laboratoires pharmaceutiques, un lobby en pleine santé", passe ce vendredi sur France 2, à 22h25, dans la série "Les Infiltrés".

    Pour voir la suite: link

     

    Et pour revoir l'émission :  link

     ____________________________________________________________________________________________________________

    Y a t il une solution aux problèmes posé par l'industrie pharmaceutique? C'est à mon sens la question centrale. Et ma réponse est non! Du moins dans le cadre d'une industrie basée sur le profit capitaliste et donc la recherche du profit maximum et immédiat. Les scandales se suivent et se ressemblent! Et surtout durent depuis des décennies. Les énumérer serait beaucoup trop long. Et chacun sait que des milliers de médicaments dangereux sont prescrits chaque jour.

    Les pharmacies centrales des hôpitaux. A la Libération en 1945 des pharmacies Centrales ont été créées dans les grands centre hospitaliers qui commençaient à se développer. Leur fonction était de concevoir des médicaments et de les diffuser dans les hôpitaux et même auprès des médecins de terrain. Le travail de recherche s'appuyait bien entendu sur les services universitaires équipés pour, et la mise en place d'unités de production. Ces pharmacies se sont vite trouvées en concurrence avec l'industrie pharmaceutique qui se développait rapidement. Et très rapidement le choix des gouvernants sera de réduire les possibilités de ces pharmacies centrales. Actuellement elles sont des intermédiaires avec les industriels et fournissent des produits qui sont une charge sans rapport pour ces industriels.

    Imaginer que l'Etat qui s'est toujours mis au service du capitalisme ( exception de la courte période 45-48) allait protéger ces pharmacies centrales contre le privé relève du rêve éveillé. Et ce d'autant qu'actuellement cette industrie pharmaceutique est une des industries les plus prospère avec beaucoup de salariés. Et manifestement pour les gouvernants de droite et de gauche, il n'est pas question de mettre des bâtons dans les roues de cette industrie.

    Le livre" Notre usine est un roman" décrit l'évolution du Laboratoire Roussel-Uclaf par des syndicalistes et des salariés, anciens salariés, chercheurs ... de cette usine. Une véritable leçon de choses pour comprendre comment on passe d'une entreprise issue d'un capitalisme familial proposant des médicaments nécessaires à la grande industrie spéculative se moquant éperdument  de l'éthique ayant les yeux fixés sur les profits.

    A mon sens le problème posé est  de trouver une solution pour que cette industrie ne soit plus régie par le système de recherche du profit (nationalisation  avec contrôle des citoyens usagers serait une solution, mais d'autres solutions sont possibles). Pour moi cela veut dire qu'il faut changer de société et lutter pour mettre en place à contre courant du mouvement actuel qui privatise tout, une société réellement au service de tous.   

    Jacques Lacaze

    http://www.jacques-lacaze.com/


    1 commentaire
  • Compte-rendu de "Réprimer et domestiquer : stratégies patronales" (Revue Agone)

    E. Penissat (dir.), "Réprimer et domestiquer : stratégies patronales", Revue Agone, 2013, n°50. 

     

    « A l'ombre du dialogue social », c'est ainsi qu’Étienne Pénissat ouvre le dossier du dernier numéro de la revue Agone, consacré aux stratégies patronales de répression et de domestication de l'action syndicale protestataire. Car c'est bien en effet à l'ombre du dialogue social qu'il faut observer les permanences et les mutations de ces stratégies.

    Derrière l'apparente pacification sociale, le dialogue du même nom dissimule des pratiques patronales qui n'ont rien à envier à celles qu'ont dû affronter les luttes des salarié-e-s dans des périodes antérieures. Rien à envier, certes, et pourtant ces pratiques sont-elles de même nature ? La pénétration progressive du management, le développement des services de ressources humaines, en lieu et place des directions du personnel, sont censés marquer une césure avec une période ancienne qui serait caractérisée par une féroce répression contre les syndicalistes, au regard de laquelle les relations sociales au sein des entreprises se seraient adoucies. Cependant cette césure est à relativiser ; si le patronat envisage autrement les relations sociales, il poursuit les mêmes objectifs, déploie un répertoire d'actions plus étendu que par le passé, mais cherche toujours à contenir tout contre-pouvoir syndical, toute contestation de la domination au travail.

    Par ailleurs, la question de la violence patronale ne peut pas être seulement vue comme un phénomène passé. Les articles de Xavier Vigna sur la préservation de l'ordre usinier en France à la fin des années 68, et celui d'Henri Clément, basé sur une expérience syndicale contemporaine dans deux entreprises de région parisienne, illustrent la permanence d'un certain « despotisme d'entreprise », tel que le désigne H. Clément en se référant à Marx. X. Vigna, historien spécialiste des conflits sociaux des années 1968, rappelle que très tôt, dès la fin du 19ème siècle, le patronat pense de manière collective les façons de réagir face aux menées ouvrières et aux velléités grévistes ; manière de rappeler que, si les cabinets de conseil en management sont d'invention plus récente, le patronat ne les a pas attendus pour élaborer une (ou des) stratégie(s) face à la contestation de l'ordre usinier.

    C'est cette stratégie que X. Vigna décrit plus précisément pour l'après-68 en s'appuyant sur l'exemple de Peugeot, dont les modalités d'action pour « désamorcer la conflictualité sociale » oscillent entre une « forme brutale et presque ostentatoire » et un « volet plus élaboré » qui consiste à concéder des intérêts non négligeables aux salarié-e-s, tout en contournant les syndicats : élargissement des tâches, automatisation de certaines fonctions, assurances contre les aléas de carrière, individualisation des salaires, etc., permettent à la fois de satisfaire quelques attentes des salarié-e-s, les intégrant ainsi dans un certain esprit maison, de détricoter le caractère collectif de la relation salariale, et de délégitimer l'action syndicale qui est rendue inutile aux yeux des travailleurs.

    A coté de ce type de pratiques, le patronat et certains de ses alliés développent des pratiques violentes, depuis le licenciement de syndicalistes, assez fréquents dans les années 1970, jusqu'aux violences physiques, voire aux meurtres (P. Overney en 1972 à Billancourt et P. Maitre aux Verreries de Reims en 1977). Enfin, le fait de nouer des relations privilégiées avec certaines organisations syndicales permet aux employeurs de contourner les syndicats plus contestataires. Si le choix de tel ou tel partenaire syndical varie dans le temps et selon les situations locales, signalons que l'histoire du syndicalisme indépendant, qui fut un de ces partenaires privilégiés du patronat, reste encore assez méconnue. Plus qu'un simple pantin aux mains des employeurs, ce type de syndicalisme, qui a été un facteur d’intégration de nombreux salariés dans certaines entreprises, représente une partie, sans doute minoritaire mais non négligeable du salariat français, et mériterait à ce titre de plus amples recherches.

    Si cette approche historique permet de prendre du recul sur les pratiques décrites, la contribution d'Henri Clément, basée sur une « participation observante » issue de son expérience syndicale, permet d'en constater l'actualité. Se déclarer publiquement syndicaliste, ne serait-ce que candidat sur une liste CGT ou SUD, c'est pour bon nombre de salarié-e-s se mettre en danger et subir une tactique de harcèlement plus moins permanente des directions et de l'encadrement. Ce dernier subit également la pression de l'échelon hiérarchique supérieur, et cherche à repérer les possibles éléments perturbateurs et à les signaler auprès de la direction. De plus, si la surveillance des faits et gestes des salarié-e-s passe par les cadres, d'autres moyens plus modernes sont employés, tels que la vidéosurveillance. Mouchards humains et mouchards technologiques se relaient alors pour limiter l'autonomie des salarié-e-s et de leurs représentant-e-s, l'organisation des espaces, avec le développement des open spaces se chargeant de leur faciliter la tâche.

    H. Clément décrit ensuite les outils de propagande patronale, particulièrement dans le cas de la FNAC où il a travaillé : formations ludiques, journaux d'entreprise branchés, etc., visent à construire une communauté de travail d'où sont exclus les antagonismes et les conflits. Enfin, la répression des équipes syndicales combatives d'un coté, la fidélisation de partenaires sociaux de l'autre, n'est pas sans rappeler des tactiques plus anciennes évoquées dans l'article de X. Vigna. C'est particulièrement au moment des grèves que la mobilisation des directions et des cadres se fait le plus sentir : interventions pour casser les assemblées générales, arrachage d'affiches, prise en photo des grévistes, rapports quotidiens sur les conflits, présence d'huissiers de justice pour constater de visu d'éventuels débordements, voire mises en scènes de violences mises sur le compte des salarié-e-s...

    Il ne faudrait pas penser que les pratiques ici décrites par le syndicaliste relèvent de l'exceptionnel. L'alternance entre répression et domestication, qui constituent les deux faces d'une même stratégie, sont également documentées, d'une part par l'enquête menée par la Fondation Copernic1, d'autre part par la recherche de Baptiste Giraud. A travers un entretien, Anne Debrégeas revient sur le travail mené par la fondation Copernic contre les discriminations et la répression syndicales. Émaillé de témoignages, cet entretien ouvre des pistes, concernant aussi bien les militant-e-s que les chercheur-se-s, et appelle à mettre en lumière la réalité du phénomène, peu quantifié, grâce à la publication de statistiques précises. Elle défend également un changement des règles de représentation syndicale dans les petites entreprises, ainsi qu'une refonte du droit disciplinaire et un renforcement des moyens et des prérogatives de l'inspection du travail. La création en octobre dernier d'un observatoire de la répression et de la discrimination syndicales par Copernic et  sept syndicats (CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires, le Syndicat des Avocats de France (SAF) et le Syndicat de la Magistrature), s'inscrit dans cette volonté de connaître et de faire connaître cette réalité.

    La recherche de Baptiste Giraud, sociologue, ne peut qu'apporter de l'eau au moulin des syndicalistes. A partir d'une enquête ethnographique menée lors de trois stages de formation de cabinets de conseils en management, il décrit comment la rhétorique du dialogue social dissimule un « ensemble de techniques de négociation, de prévention et de gestion des conflits. ». Là encore, on constate à quel point le fait de contourner les équipes syndicales et les « militants gréviculteurs », demeure un objectif essentiel des directions d'entreprises, et également à quelles représentations du mécontentement des salarié-e-s ce contournement renvoie. Pour les cadres qui participent à des formations en management, il existe une disjonction entre ce qui serait des motifs réels d'insatisfaction des salarié-e-s, et ce qui relèverait des revendications syndicales. Les salarié-e-s étant incapables de saisir les logiques et contraintes et économiques inhérentes à la bonne marche de l'entreprise, il s'agit donc d'éviter qu'ils s'y intéressent, tout en leur donnant satisfaction sur des problèmes mineurs. Ce qui s'enseigne dans les stages observés par le sociologue vise donc à montrer l'intérêt que portent les directions d'entreprises à leurs salarié-e-s, à intégrer ces derniers par différents biais : incitations financières, groupes d'expression, etc.

    Cependant, l'efficacité de ces dispositifs ne semble pas avérée systématiquement, ce qui implique que les DRH travaillent sur leurs relations personnelles, de proximité, avec les salarié-e-s : communiquer, prodiguer des marques d'attention, connaître la situation familiale de chacun, etc., sont des modes d'agir visant à battre en brèche les relations proches que peuvent nouer de leur coté les syndicalistes avec les autres salarié-e-s, une manière de contourner, ou de remplacer, ce qui est censé faire la force des équipes syndicales, la connaissance du terrain. Cela doit permettre en outre de mesurer le climat social dans les entreprises, et ainsi éviter de potentiels conflits. L'autre face des formations managériales tient, comme le soulignent les autres articles qui composent ce numéro, à la stratégie face aux syndicalistes. B. Giraud souligne moins les discriminations infligées aux militant-e-s, que les techniques d'apprivoisement des syndicalistes, quitte à remplacer ceux qui ne se laissent pas apprivoiser. Là encore, être à l'écoute des aspirations individuelles, professionnelles, des syndicalistes permet d'éviter une montée des tensions, et de paraître à l'écoute, sans jouer sur les rapports de force. Par contre, en cas de grève, d'autres outils sont à disposition des managers, en particulier des outils juridiques. En effet, les grèves sont l'objet d'une législation précise que doivent bien connaître les directions des ressources humaines afin de cantonner les actions des grévistes dans certaines limites.

    Ce recours au droit, aujourd'hui largement investi tant du coté patronal que syndical, doit être mis en regard des transformations des règles de représentativité syndicale contenues dans l'accord signé en 2008 par le MEDEF, la CGPME, la CGT et la CFDT. Suite à une enquête menée dans douze entreprises, Karel Yon et Sophie Béroud décrivent les mécanismes mis en œuvre par la nouvelle loi sur la représentativité, mettant l'accent sur les attentes contradictoires dont elle est le fruit, et s'interrogeant sur les effets concrets quant à la possibilité de mobilisations syndicales. En effet, comment comprendre qu'une telle réforme puisse être mise en œuvre sous les auspices conjoints du MEDEF et de la CGT ? Si la loi oblige plus qu'avant les employeurs à reconnaître les syndicats, cela se fait selon des modalités particulières. Les employeurs peuvent connaître un regain d'intérêt pour la question syndicale, dans la mesure où ils sont en capacité d'influer sur « la forme de la configuration syndicale elle-même », à travers les protocoles d'organisation des élections, la concentration des instances représentatives, etc. Ainsi, la loi de 2008 incite le management à s'emparer d'un domaine jusque là peu maîtrisé, le droit syndical ; loin des formes de violences antisyndicales évoquées ailleurs, c'est un nouveau type de « démocratie sociale » qui se construit, favorisant l'émergence de « professionnels du dialogue social ». Dans cette perspective, les élus et experts se substituent aux militant-e-s syndicaux, tandis que les équipes de terrain se voient attribuer des moyens de fonctionnement extrêmement modestes, l'instauration du représentant de la section syndicale dans la loi de 2008, constituant, selon K. Yon et S. Béroud, un pis-aller autorisant la présence d'un « délégué syndical de seconde zone » aux attributions réduites.

    Si le parti-pris du dossier de la Revue Agone est d'abord de considérer les choses du côté patronal, chaque contribution souligne l'importance des relations avec les syndicats, et donc la position de ces derniers, adversaires ou partenaires sociaux. Marlène Benquet entre dans le vif du sujet à l'aide d'une enquête ethnographique menée au sein de la fédération FO de la grande distribution. Les matériaux issus de ses observations à différents niveaux (grands magasins, siège de la fédération FO) et d'entretiens avec des responsables d'entreprises, permettent à la sociologue de décrire avec précision les modalités de l’action visant à stopper les contestations avant même qu'elles n'éclosent. Sans nécessairement prétendre que les dirigeants syndicaux seraient « vendus » au patronat, Marlène Banquet montre que les frontières entre négociations, services rendus, arrangements, retours d’ascenseur, dons et contre-dons de services, etc., sont floues. Surtout, elle indique comment certains modes de sociabilité entre dirigeants d'entreprises et responsables syndicaux conduisent à une familiarité qui se construit des années durant, et a nécessairement des effets sur les relations sociales entre employeurs et syndicalistes. Cependant, cette connivence peut être remise en cause par la montée en puissance de l'actionnariat qui déstabilise des relations établies de longue date, n'offrant plus aux responsables patronaux la possibilité d'offrir quelque chose aux syndicalistes en retour d'une certaine docilité. Entrent alors en tension deux modes de gestion patronale, d'où peuvent résulter des modifications de l'agir syndical, tant les marges de manœuvres traditionnellement permises sont réduites.

    Si toutes les contributions concernent les évolutions des relations sociales au sein des entreprises en France, une comparaison transnationale des pratiques managériales permettrait de constater ou non un transfert par delà les frontières de telles pratiques, qui sont autant de savoirs professionnels qui transitent au sein des directions d'entreprises, des services de ressources humaines et des cabinets de conseil en management. Seule la contribution d’Émilien Julliard offre un regard extra-français en analysant les difficultés que rencontrent les syndicats états-uniens face aux campagnes antisyndicales menées par les directions d'entreprises. Il illustre son propos à travers trois catégories d'acteurs, les supervisors, les consultantset les organizers. Les premiers sont des sortes de cadres intermédiaires en France, bien que leurs professions peuvent être différentes d'une branche à l'autre ; ils peuvent surtout se définir par le degré d'autorité qu'ils ont sur les autres salarié-e-s. Le maintien de leur emploi est le plus souvent lié à la loyauté dont ils font preuve vis-à-vis de leur employeur, loyauté évaluée par des consultants employés par les entreprises, qui sont les mêmes qui les forment aux techniques de lutte antisyndicale. De l'autre coté, les organizers occupent une fonction qui n'a pas d'équivalent en France2. Employés par les syndicats, ils sont chargés d'orchestrer des campagnes de syndicalisation dans les entreprises où les syndicats sont inexistants ou très faibles. Bien qu'ils s'opposent, ces deux figures – les consultants et les organizers – ont en commun d'être extérieurs aux entreprises dans lesquelles ils interviennent. De plus ils partagent une fréquentation des mêmes institutions ainsi qu'un arc de représentations des souffrances au travail auxquelles, pour des raisons différentes, ils doivent apporter des réponses. É. Julliard complète la description de ces acteurs par une analyse des campagnes syndicales dites corporate campaign, qui visent à attaquer l'image publique des entreprises pour faire pression sur elles.

     

    Travaux historiques, et sociologiques, comparaisons transnationales, interventions et témoignages militants, ce dossier de la Revue Agone condense donc différentes approches qui se complètent adroitement et invitent à regarder le monde du travail dans ce qu'il a de conflictuel, d'antagoniste, mais en s'interrogeant sur les raisons de la faiblesse ou du peu de conflits collectifs ouverts. Au-delà des explications proposées des transformations des collectifs de travail, de la disparition des bastions ouvriers, de l'effritement des références politiques à gauche, ces travaux permettent de porter le regard sur les lieux mêmes de travail, et sur ce qui fait obstacle à l'émergence de ces conflits et à l'existence d'un syndicalisme de lutte. Ils invitent à saisir l'importance des stratégies patronales, qui ne relèvent donc pas de la mauvaise volonté de chefs quelque peu acariâtres, mais constituent autant de modes de pensée et de pratiques qui s'enseignent et se transmettent au sein des sphères patronales. Entre nouvelles formes coercitives et néo-paternalisme, le répertoire d'actions managérial s'élargit pour limiter l'intervention des syndicats contestataires. Sans doute les armes syndicales ne sont-elles pas encore assez aiguisées face à ces stratégies, mais on peut souhaiter que les initiatives prises par la fondation Copernic pour objectiver les cas de répression et de discrimination soient un support pour mener une réflexion collective au sein du mouvement syndical sur ces phénomènes et les moyens d'y répondre.

    Notons pour finir que ce riche dossier est suivi de deux autres de taille plus modeste. Le premier est un recueil d'articles sur des grèves en France après le Front Populaire, analysées par des acteurs de l'époque, syndicalistes-révolutionnaires ou socialistes révolutionnaires. Le second est composé de trois contributions autour du livre de Perry Anderson, Le Nouveau Vieux Monde.

     

    Nos contenus sont sous licence Creative Commons, libres de diffusion, et Copyleft. Toute parution peut donc être librement reprise et partagée à des fins non commerciales, à la condition de ne pas la modifier et de mentionner auteur·e(s) et URL d'origine activée.

     

    • 1. Louis-Marie Barnier, Yann Cochin, Anne Debregeas, Didier Gelot, Laurent Menghini, Robert Pelletier, Maria-Teresa Pignoni, Sabine Reynosa, Répression et discrimination syndicale, Collection "Les Notes et Documents de la Fondation Copernic", Paris, Syllepse, 2011.
    • 2. Aux États-Unis, il s'agit par contre d'une fonction relativement ancienne, qui a inspiré écrivains et cinéastes. Voir par exemple le film Norma Rae de Martin Ritt (1979) ou le roman La croisade de Lee Gordon de Chester Himes  (1947).
     
    date: 22/02/2013 - 23:53
     
    Vincent Gay
     

    votre commentaire
  •  
    Des centaines de milliers d’Espagnols ont envahi les rues de 80 villes

    Le volcan espagnol

    Jean ORTIZ
     

    « Ça ne va pas péter...ça pète ». Ainsi s’exprime mon amie Concha, (coquille) de Séville...ça gronde...comme un « zapateado » flamenco...

    Les premières secousses d’un « terremoto » (tremblement de terre) social...
    Le 23 février 1981, la jeune démocratie (restreinte) espagnole subissait
    une tentative de coup d’Etat (le « Tejerazo ») encore assez opaque.

    32 ans plus tard, fort symboliquement, un 23 février 2013, des centaines
    de milliers d’Espagnols ont envahi les rues de 80 villes espagnoles. Et
    ce pour s’opposer à ce que les 300 organisations, associations,
    citoyennes, sociales...organisatrices, appellent : « un coup d’Etat
    financier ». Bien vu !

    La « gauche d’en bas » dit « basta ! » avec une force tempétueuse.

    Un ras-de-tempête sans précédents. De Madrid, quatre colonnes immenses
    se sont déployées et ont « pris » la ville... Au premier rang, Puerta del
    Sol, Cayo Lara et une foule de militants et dirigeants de Izquierda
    Unida, du PCE, des syndicats anarchistes, des « Indignés » d’hier et
    d’aujourd’hui, beaucoup de jeunes (56% sont au chômage), de multiples
    collectifs, les victimes des expulsions locatives des « hypothèques »
    après l’explosion de la bulle spéculative immobilière, un arc-en ciel-
    politique et social (les principaux dirigeants socialistes étaient aux
    abonnés absents), des « camisetas » (tee-shirts) multicolores, en révolte, qui enfin
    convergent :
    le violet des associations féministes
    le bleu des travailleurs « de l’eau »
    le vert des enseignants,
    le blanc des personnels de la santé
    l’orange des employés des services sociaux, etc.
    et j’en oublie
    et beaucoup, beaucoup de drapeaux républicains... Une jonction commence à
    s’opérer entre le mouvement social et la revendication d’une République
    sociale et fédérale... Attention, danger !
    Les deux grandes centrales syndicales sont restées en retrait... mais
    lorsque la marée monte, monte... Et elle n’exige pas seulement la
    démission du gouvernement, la fin des « ecortes », l’éradication de la
    corruption, (qui n’épargne pas le roi et la famille royale... comme nous
    l’écrivons depuis longtemps). La vérité est têtue...

    Pour ces millions d’Espagnols, saignés à blanc, et qui refusent les
    nouvelles saignées à venir, « la dette », « la réduction des déficits », ne
    sont qu’un prétexte des capitalistes, des classes dominantes, et de la
    droite, pour en finir avec « l’Etat social », les acquis des luttes, pour
    casser les résistances, et empocher un maximum de « parné » (« blé »). Il
    faut, chantent-ils, « renverser l’omelette ».
    « Je me révolte donc nous sommes » disait Camus. Le vieux monde européen
    commencerait-il à trembler ?...Le capitalisme n’est pas amendable... les
    Espagnols mettent de plus en plus en cause « le système », et la colère
    vise les banques, les marchés, les politiques austéritaires, les
    affameurs de peuples, la BCE, le FMI, et même la monarchie...

    « Ecoutez !
    Si on allume les étoiles
    c’est qu’elles sont à quelqu’un nécessaires »
    . (Vladimir Maïakovski)
    A quelqu’un ?
    Aux peuples.

    Jean Ortiz

    URL de cet article 19487
    http://www.legrandsoir.info/le-volcan-espagnol-19487.html

    Espagne: une marée humaine contre l’austérité

    BDz2BZ6CEAEhsUK.jpg

    Des dizaines de milliers de personnes ont envahi le centre de Madrid ce samedi. Enseignants, médecins, infirnières, pompiers, mouvements féministes, associations écologistes, mineurs, groupes issus du mouvement des Indignés, ont convergé vers la place de Neptuno près du Congrès des députés.

     

    Des manifestations étaient également organisées dans des dizaines d’autres villes espagnoles.


    Tous fustigent la politique de rigueur menée depuis un an par le gouvernement de droite et perçue comme un frein à la reprise économique.

    La grogne est accentuée par l’aide européenne de plus de 41 milliards d’euros accordée aux banques, considérées par beaucoup d’Espagnols comme les responsables de la crise. 

     
    L’Espagne, en récession, affiche un chômage à plus de 26%


    Les révélations successives sur des affaires de corruption qui éclaboussent les grandes institutions du pays renforcent encore le malaise.

     

     AFP


    votre commentaire
  • POI BN

    Un appel du bureau national du Parti ouvrier indépendant — 

    Réuni ce 23 février, le bureau national du Parti ouvrier indépendant attire l’attention de tous les comités, de tous les adhérents, sur l’extrême gravité des évènements en cours. En application du traité TSCG, l’Union européenne vient en effet de déclencher des procédures prévues en cas de « déficit excessif », en particulier à l’encontre de la France.

    Le rapport présenté par le commissaire européen Olli Rehn ordonne au gouvernement français d’élaborer, d’ici au 30 avril, un ensemble de mesures nouvelles destinées à « réduire les déficits » en accentuant « les efforts budgétaires et les réformes structurelles ». Sont en particulier concernés les retraites, les allocations chômage, la Sécurité sociale et le Code du travail.

    Cliquer pour télécharger et imprimer la déclaration du BN du POI.

    vignette appel BN POILe gouvernement français doit, d’ici à deux mois, soumettre à Bruxelles de nouvelles mesures de « réduction des déficits publics » s’ajoutant à celles déjà prises. Ce programme dit de « stabilité » comprendra, de l’aveu même du ministre Moscovici, des « mesures correctrices ». Tout le monde comprend qu’elles impliquent de nouvelles contre-réformes et de nouvelles mesures d’austérité contre les retraités, les salariés, les chômeurs, les jeunes, les services publics.

    Il s’agit d’un véritable ultimatum des autorités de Bruxelles exigeant que soient respectées toutes les clauses du TSCG que le gouvernement français a fait ratifier.

    Force est de constater que pour l’heure, le gouvernement Hollande-Ayrault est engagé sur la voie de la soumission totale. D‘ores et déjà, il a inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale : la réforme Peillon de territorialisation de l’école, la réforme Fioraso de dislocation des universités, la loi de flexibilité découlant de l’accord Medef-CFDT, l’acte III de la décentralisation. Au-delà sont annoncées les réformes sur les retraites et la Sécurité sociale.

    Mais pour Bruxelles, et pour le capital financier dont l’Union européenne est le représentant, ce ne sera jamais suffisant. Voilà la conséquence de la ratification par la majorité des députés PS, appuyée par une large fraction des députés UMP, du traité TSCG. Voilà la conséquence de la dictature de l’Union européenne et de la Banque centrale européenne.

    Dans le même temps, il est indiscutable qu’un nombre grandissant de travailleurs, de jeunes, d’élus, de militants ouvriers, de démocrates n’acceptent pas et se dressent contre cette politique.

    De plus en plus nombreux, dans des secteurs de plus en plus larges, ils s’engagent dans la bataille avec leurs organisations contre les mesures gouvernementales et les plans patronaux.

    La grève d’avertissement du 12 février des enseignants contre les réformes Peillon a été particulièrement massive dans le premier degré pour l’abrogation du décret sur les rythmes scolaires, mobilisant très largement une profession qui avait massivement voté pour Hollande. D‘autres mouvements de grève, à la Sécurité sociale et ailleurs, ont marqué les dernières semaines, comme la mobilisation des élus contre l’intercommunalité forcée. Dans tous les secteurs, la volonté de résistance grandit et s’affirme.

    Dans cette situation, l’appel lancé par les confédérations CGT et CGT-Force ouvrière à la journée de mobilisation du 5 mars contre la loi de flexibilité que le gouvernement prétend imposer en application de l’accord patronat-CFDT, accord honteux qui prétend disloquer l’unité du Code du travail et enchaîner les organisations syndicales à ce démantèlement, constitue un encouragement pour tous les travailleurs.

    Cet appel lancé par les deux confédérations à se dresser contre sa transposition dans la loi, se heurte frontalement au « compromis historique » que le président de la République tente d’imposer aux organisations.

    Le bureau national invite les comités du POI à faire connaître par tous les moyens dont ils disposent (Informations ouvrières, tracts, assemblées) les enjeux de cette bataille, dans le respect des prérogatives des organisations.

    Le bureau national, s’appuyant sur les premiers résultats enregistrés, invite les comités à multiplier meetings, réunions publiques, assemblées-débats avec les travailleurs et militants de toutes tendances du mouvement ouvrier, pour – dans le cadre de la préparation du IVe Congrès-congrès ouvert du Parti ouvrier indépendant (à tous les niveaux : assemblées locales, congrès départementaux, congrès national) – débattre des moyens à mettre en œuvre pour résister à cette offensive destructrice.

    Partout, organisons meetings, réunions publiques, assemblées-débats.

    Ouvrons nos assemblées de comités locaux, afin d’organiser le combat politique pour aider à réaliser l’unité pour :

    > bloquer l’austérité ;
    > interdire les licenciements ;
    > bloquer toutes les contre-réformes du gouvernement, à commencer par celle des retraites ;
    > mettre en échec la loi de flexibilité transposant l’accord Medef-CFDT ;

    et ouvrir ainsi la voie à une issue politique qui réponde aux exigences d’urgence formulées par les travailleurs, la jeunesse, la majorité de la population de ce pays, une issue qui réponde enfin à l’exigence de reconquête de la démocratie politique dans notre pays.

    Oui, partout, meetings, réunions publiques, assemblées-débats dans lesquels, avec des travailleurs et militants de toutes tendances, nous affirmerons : la nécessaire mobilisation de la classe ouvrière et de ses alliés naturels – les jeunes, les retraités, les paysans, les élus, les démocrates – est légitime, c’est la seule voie pour mettre en échec cette politique.

    Nous le savons, il n’y aura pas d’issue conforme aux besoins du peuple et de la démocratie
    si on ne s’engage pas clairement sur la voie de la rupture avec la dictature de la troïka.

    Il n’y aura pas d’issue conforme aux besoins du peuple si on ne dit pas clairement : « Dehors les commissaires européens ! Aucune reconnaissance de la moindre légitimité au rapport du commissaire Olli Rehn et à son ultimatum ! Abrogation du TSCG et de l’ensemble des plans ! »

    C’est le message que les adhérents et les comités du Parti ouvrier indépendant porteront dans tout le pays.

    Celui sur lequel notre parti engagera un dialogue fraternel avec les militants venus de Grèce, d’Espagne, du Portugal et de toute l’Europe lors de la conférence européenne de Tarragone (Espagne) des 15, 16 et 17 mars prochains.

    C’est le message qu’en toute circonstance ils soumettront à la discussion pour aider au rassemblement le plus large de la force unie qui, par sa mobilisation, par son indépendance, interdira aux commissaires de l’Union européenne et au gouvernement qui s’y soumet, d’imposer à notre pays les potions amères qui ont contraint les peuples en Grèce, en Espagne, au Portugal à des mesures de déchéance et de misère.

    Dehors l’Union européenne ! Dehors la troïka !

    Adopté à l’unanimité, Paris, le 23 février 2013

    http://parti-ouvrier-independant.fr


    votre commentaire
  • Repris sur le site du M'PEP.

    POUR UN DROIT À UNE INFORMATION PLURALISTE

    Par le Mouvement politique d’émancipation populaire (M’PEP).

    Le 22 février 2013.

    Depuis le mois de novembre 2012 des grèves ont lieu chez Presstalis, distributeur de 70% de la presse et de l'intégralité des quotidiens, pour s'opposer à la menace de licenciement de la moitié des 2 500 salariés du groupe. Par ailleurs, la situation des kiosquiers est de plus en plus précaire. Pour comprendre la situation, un retour sur la période de la Libération (1944-1948) est nécessaire.


    Résumé

    Le contenu du programme du Conseil national de la Résistance n’a pas pris une ride quand il se fixe pour objectif, entre autre, « la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères ». En effet la presse, avant la guerre, notamment au moment du Front populaire, puis pendant l’Occupation, était totalement corrompue par des décennies de compromissions. Elle avait fait la démonstration de la servilité de ses propriétaires et d’une grande partie des journalistes. Certains titres de presse étaient devenus les organes de propagande de l’Allemagne nazie et du régime de Vichy. Aujourd’hui, sous des formes différentes, la presse est tout aussi servile, dans des proportions gigantesques, vis-à-vis des classes dirigeantes dont elle est l’agent. D’ailleurs il vaut mieux utiliser l’expression « les médias », c’est-à-dire un ensemble de moyens de communication infiniment plus vaste que la seule presse écrite – qui en fait partie – et dans lequel se placent principalement les télévisions, les radios et Internet. Les grands médias sont un instrument d’asservissement au néolibéralisme, chargé de mener la guerre idéologique. C’est pourquoi le droit à une information pluraliste et à la diversité culturelle devient un droit de l’Homme au sens plein du terme.


    Sommaire

    I.- L’AVILISSEMENT DE LA PRESSE AVANT-GUERRE ET PENDANT L’OCCUPATION A RENDU NÉCESSAIRE LA CONSTRUCTION, A LA LIBÉRATION, D’UN SYSTÈME ENTIÈREMENT NOUVEAU POUR ASSURER LA LIBERTÉ DE LA PRESSE

    A.- Avant-guerre : « La presse pourrie au service du capital »

     

    1.- L’Ami du peuple

    2.- Paris-Soir

    3.- Le Matin

    4.- Le Temps

     

    B.- La presse aux avant-postes de la collaboration
    1.- L’antisémitisme

    2.- Les compromissions de l’édition

     

    C.- A la Libération, construction d’un système entièrement nouveau pour assurer la liberté de la presse
    1.- A la Libération, prise d’assaut des journaux collaborationnistes

    2.- Les ordonnances de 1944 établissent la liberté de la presse

    3.- La loi Bichet conforte en 1944 la liberté de la presse


    II.- LES GRANDS MEDIAS D’AUJOURD’HUI : INSTRUMENTS DE LA GUERRE IDÉOLOGIQUE

    A.- Empêcher le pluralisme, favoriser la pensée unique

    B.- L’action des grands médias pour fabriquer l’ « homme de marché »

     

    http://lucien-pons.over-blog.com


    votre commentaire
  • Les belles légendes du libéralisme .... Salariés et chômeurs obstacles à la sortie de crise !

     Travaille-plus.jpg


    Oubliée la spéculation financière responsable de la crise économique et sociale qui frappe tant de pays. Aujourd'hui, selon les économistes libéraux, ce sont ces s.... de salariés qui ont un emploi et, ceux qui n'en n'ont pas qui sont des obstacles à la reprise !

     

    On doit l'avouer, on n'est jamais déçu par les analyse de l'OCDE, dont l'objectif, rappelons le est : « (...) de promouvoir les politiques qui amélioreront le bien-être économique et social partout dans le monde (...) En nous appuyant sur les faits et l’expérience concrète, nous recommandons des politiques dont le but est d’améliorer la vie de l’homme de la rue (...) »

    Et de quelle façon rend t-on plus heureux l'homme de la rue ?
    « (...) D’abord et avant tout, les gouvernements doivent restaurer la confiance dans les marchés ainsi que les institutions et les entreprises qui les font fonctionner (...) Ensuite, les gouvernements doivent rétablir les finances publiques saines qui sont à la base de la croissance économique durable de demain (...) Enfin, pour asseoir l’innovation et la croissance, nous devons nous assurer que chacun, quel que soit son âge, peut acquérir les compétences nécessaires aux emplois de demain et à un travail productif et satisfaisant (...) »
    C'est donc au nom du travail productif est satisfaisant que l'OCDE a publié aujourd'hui sur son site un texte « enthousiasmant » : Les réformes structurelles plus importantes que jamais pour le retour d’une croissance forte et équilibrée 
    Focalisons nous sur la partie qui concerne directement l'homme de la rue et le travail productif et satisfaisant.
    Extraits : « (...) Affronter les conséquences de la crise sur le marché de l’emploi est sans doute le plus grand défi auquel sont actuellement confrontés les pays membres de l’OCDE et du G20 (...) Par rapport aux années précédentes, l’édition  2013 d’Objectif croissance contient davantage de recommandations à l’intention des gouvernements à court de liquidité qui doivent trouver les moyens de préserver la couverture sociale du chômage tout en améliorant les politiques du marché du travail susceptibles de faciliter le retour à l’emploi des chômeurs »
    Vous craignez le pire ? vous avez raison !
     
    Concentrons-nous sur la vielle Europe à laquelle, appartient notre beau pays :  « (...) En Europe, où le chômage demeure supérieur aux niveaux d’avant la crise, de nombreux pays (dont le Danemark, l’Espagne, la France, l’Italie, le Portugal, la Slovénie et la Suède) doivent encore réduire les obstacles à la création d’emplois, à l’embauche et à la mobilité des travailleurs, tout en renforçant les incitations à prendre un emploi (...) »
    Ce qui devrait ravir entre autre, les espagnols, italiens et portugais dont le marché du travail a été considérablement flexibilisé et dont l'indemnisation du chômage a été diminuée mais qui affichent des chiffres du chômage colossaux !
    C'est donc dans ce contexte « performant » qu'on apprend, d'après Le Figaro, que dans le cadre de sa publication économique Objectif croissance qui doit être dévoilé aujourd'hui à 14H30, l'OCDE est sévère pour le marché du travail français.
    Florilège
    « Le coût du travail en France reste « élevé » et « réduit les possibilités d'emploi, en particulier pour les travailleurs jeunes et peu qualifiés » (...) l'OCDE recommande de « laisser diminuer le coût minimum du travail par rapport au salaire médian, en particulier pour les jeunes». À moyen terme, il faut « alléger encore les cotisations de Sécurité sociale tout en réduisant les dépenses publiques et les dépenses fiscales inefficientes »
    Mais encore
    « (...) L'assouplissement du marché du travail va dans le sens préconisé par l'OCDE: des CDI et des licenciements plus flexibles pour, en principe, faciliter les embauches (...) la France « doit réformer l'indemnisation du chômage de façon à ce qu'elle soit généreuse à court terme puis dégressive dans le temps, et plus limitée pour les chômeurs âgés »
     
    Transmis aux chômeurs âgés condamnés par le marché du travail !
    Par ailleurs, l'OCDE salue l'accord (très contestable) sur l'emploi signé par trois syndicats de salariés et le patronat français et, bien entendu, plébiscite la réforme des retraites de 2010 (dont tout le monde sait qu'elle n'a pas été correctement financée )
    Donc si l'on en croît l'OCDE et l'ensemble de ses adorateurs à commencer par les organisations patronales européennes, nous avons :
    D'un côté : les salariés privilégiés, qui ont un emploi, et qui doivent travailler plus pour un tarif inférieur afin de le conserver. Mais qui doivent aussi comprendre qu'il est nécessaire d'accepter de goûter régulièrement au chômage, pour laisser la place à ceux qui n'en ont pas.
    Une nouvelle version des chaises musicales en quelque sorte, mais adapté à un marché du travail en difficulté !
    De l'autre : un tas de pas ou peu courageux qui ne cherchent pas vraiment un emploi et à qui il est nécessaire de couper le plus vite possible le robinet des indemnités afin qu'ils se motivent pour faire baisser les chiffres du chômage.
    Variante de « la faim ou le taureau » que chantait Jean Ferrat en 1965 sur la pauvreté de l'Espagne
    Alors, heureux l'homme de la rue concerné par le travail productif et satisfaisant ?
     
     

    votre commentaire
  • Elections italiennes :"Il était une fois la politique..."

    Mercatale, 21 février 2013 [1]

    « Tempo fa », « il y a longtemps », Mercatale, comme de nombreux autres villages de la Toscane rouge était une sorte de temple de la politique. Et ses servants étaient légion. La participation des citoyens à la chose politique était dans doute la caractéristique la plus frappante d’une vie démocratique intense. C’était, il est vrai, au siècle dernier, au temps de la splendeur du Parti communiste italien qui scandait la vie de la communauté et faisait de l’Italie, avec la France, le pays le plus politisé d’Europe. Chaque campagne électorale était émaillée de débats et de rassemblements qui étaient le point d’orgue d’une activité politique permanente.

    Aujourd’hui, même à Mercatale la campagne est morne. Les panneaux électoraux sont vides, seules quelques affiches mal collées rappellent que l’on vote dimanche et lundi. Hier soir à la Casa del Popolo, lieu de tous les rendez-vous, quelques fidèles peu nombreux et déjà convaincus sont venus écouter la tête de liste régionale du Parti démocrate. En deux décennies un exceptionnel tissu social s’est lentement délité. La crise, le désenchantement, l’absence de véritable alternative, la déliquescence de l’héritage du PCI et surtout vingt ans de berlusconisme sont passés par là.

    Aujourd’hui les places se remplissent pour Beppe Grillo, ce comique populiste qui exalte l’antipolitique, dénonce « la caste », comme il dit, – en fait tous les corps intermédiaires – dans des monologues d’une virulence jamais atteinte depuis l’époque du fascisme. Et quand il annonce sous les exclamations, que dimanche « il ouvrira le parlement comme une boîte de thon », les mots résonnent étrangement. Il est vrai qu’une grande partie de la classe dirigeante empêtrée dans les affaires et enveloppée dans ses privilèges a tout fait pour susciter rage et rejet. Comme jadis Berlusconi dont il est finalement le double paradoxal, Grillo a fait de l’antipolitique sa politique.

    - Berlusconi est préoccupé. Il voit en Grillo un grand risque pour le pays... - Il ne supporte pas la concurrence... (La Repubblica 21.02.13)

    Et ainsi il s’apprête à envoyer une centaine de députés au Parlement. Comme Berlusconi lui-même peut réussir un score non négligeable, la partie s’annonce difficile pour le centre-gauche, encore en position de favori comme pour le centre droit de Mario Monti qui peine à trouver son espace politique. L’alliance de ces deux centres reste l’hypothèse la plus vraisemblable mais le vote des protestations contradictoires peut aussi rendre l’Italie ingouvernable. Car même à Mercatale, vieille terre de la raison et du progrès, Beppe Grillo aura trouvé ses électeurs…

    [1] Mercatale où j’ai tourné plusieurs documentaires depuis 1982 est, en quelque sorte, mon baromètre politique de l’Italie.

    http://blogs.politique.eu.org/Elections-italiennes-1-Il-etait

    Elections italiennes  : le Grand soir de Grillo

    Mercatale,23 février 2013

    Pari gagné. Hier soir à Rome pour la clôture de sa campagne (son « Tsunami Tour ») Beppe Grillo a rempli la Piazza San Giovanni : plusieurs centaines de milliers de participants avaient répondu présents pour assister à ce que Grillo lui-même appelait son « 77ème spectacle » de la campagne. Aucun parti n’en serait capable aujourd’hui. Et pied de nez supplémentaire, il avait choisi LE lieu symbolique qui appartient depuis toujours à la gauche politique et syndicale : des funérailles de Togliatti ou de Berlinguer, des 1er mai de lutte à la dernière grève générale, il n’est pas un évènement majeur de son histoire que la gauche n’ait célébré Piazza San Giovanni.

    Hier le « peuple des grillini » était comme depuis le début du « Movimento 5 Stelle » un savant mélange, de jeunes et de vieux, de déçus de la droite et de la gauche, d’abstentionnistes impénitents et d’électeurs qui « ont tout essayé », de chômeurs désespérés et de petits entrepreneurs maudissant « les taxes ». Tous réunis dans la conviction que « cela doit changer » et que tous les politiques – voleurs et/ou incapables- se valent. « Tutti a casa » hurle depuis un mois Beppe Grillo qui a fait le plein de toutes les places d’Italie sur fond de slogans qui peuvent aussi bien prendre des accents d’extrême gauche qu’emprunter une petite musique d’extrême droite. Grillo est comme Berlusconi, son double paradoxal, un vendeur de rêves : il promet tout et son contraire, la suppression des taxes immobilières (entre autres) et un salaire minimum de 1000 € pour tous, réduction drastique des dépenses (lesquelles ?) de l’Etat et l’internet gratuit pour tous. Il vante une démocratie directe en réseaux qui supprime les corps intermédiaires (notamment les syndicats) et montre le bout du nez quand il ne voit pas pourquoi les enfants d’immigrés nés en Italie auraient droit à la nationalité italienne, lorsqu’il lâche quelques propos xénophobes à l’encontre des Roms ou quand en réponse à une interpellation du groupe d’extrême droite Casa Pound, il affirme que « l’antifascisme ne le regarde pas ».

    Entendons-nous, Grillo et son Mouvement n’ont rien à voir avec un quelconque « fascisme rampant » : ils expriment une confusion généralisée et démagogique matinée de poujadisme dans le cadre d’une culture (anti)politique moulinée par vingt ans de berlusconisme. Et ils répondent incontestablement à un rejet très largement partagé d’une classe dirigeante trop souvent empêtrée dans les affaires et qui s’obstine à protéger ses petits et grands privilèges. S’il est essentiellement libéral sur la plan économique, sur la plan politique, Grillo est un antiautoritaire…autoritaire. Seul porte-parole d’un mouvement qui se veut sans structures ni responsables, Grillo en écarte sans retard ceux qui expriment des opinions divergentes. Il s’exprime exclusivement sur le mode du monologue et refuse tout dialogue ou toute confrontation avec les journalistes ou les adversaires politiques (les uns et les autres faisant partie de la même « caste » à éliminer). Prédicateur autant qu’acteur, Beppe Grillo n’a rien à commun avec un Coluche (comme s’obstine à l’écrire une bonne partie de la presse francophone). Grillo n’est pas (ou n’est plus depuis longtemps) un comique provocateur cultivant la dérision – comme l’était Coluche, y compris lorsqu’il annonçait sa candidature présidentielle-, l’acteur génois se prend au sérieux, terriblement au sérieux.

    A droite comme à gauche, on l’a sans doute trop longtemps sous-estimé. Et on a surtout négligé le sentiment de rejet qu’inspiraient les pratiques politiques dominantes. Mardi, le Mouvement 5 Stelle enverra sans doute une centaine de députés au Parlement. Il est possible que son score élevé contribue (en s’ajoutant aux voix berlusconiennes) à empêcher toute majorité et à rendre l’Italie ingouvernable. Ce que feront ensuite ces élus est une autre histoire. Ces derniers mois au niveau local (Parme) ou régional (en Sicile ou le Mouvement est désormais le premier parti), les élus du Mouvement se sont confrontés au réel et à la gestion avec un pragmatisme évident et inévitable. Le pouvoir de nuisance du « Grillisme » est sans commune mesure avec sa capacité « révolutionnaire »

     

     

     

     

    http://blogs.politique.eu.org/Elections-italiennes-2-le-Grand


    votre commentaire