• PCF Comité national du 25 avril 2012 Intervention de Nicolas Marchand

    Le 6 mai, une victoire de la gauche est possible et nous la souhaitons la plus ample possible.

     

    Cela, la situation, la crise, la poussée d'une extrême droite désormais à l'affut du pouvoir dans une démarche de recomposition,  nous place, toute la gauche, le PS, mais nous aussi, devant le défi d'une victoire de gauche réussie.

     

    La question principale va donc être comment faire, comment agir pour qu'il n'y ait pas une nouvelle déception qui ouvrirait la porte à un pouvoir autoritaire fascisant.

     

    Il y a une difficulté évidente avec, dans son état actuel, le programme de Hollande.

     

    Mais on ne peut pas se contenter de constater le problème. Ni miser sur un échec en imaginant pouvoir apparaître comme un recours.

     

    Nous sommes, nous allons être, dans la campagne des législatives et après, devant un défi historique, vital de bataille pour faire bouger la situation, pour une perspective immédiate, des changements immédiats, pour la prise en main populaire et à gauche de mesures  conditionnant une réussite, notamment au niveau des moyens financiers, des pouvoirs et de l'Europe. Nos résultats, le nombre d'élus vont déterminer beaucoup de choses, pour une bataille qu'il faudra de toutes façons continuer.

     

    Je suis donc préoccupé par l'évolution récente du discours de Jean-Luc Mélenchon sur l'hypothèse stratégique du Front de gauche comme recours, qui peut être désastreuse pour les législatives.

     

    Je cite quelques déclarations faites les derniers jours avant le 1er tour:

     

    « Les Echos », le 20 avril: « J'ai un projet politique. Mon intention est que nous soyons au pouvoir dans dix ans... Nous sommes le recours à gauche. »

     

    « 20mn », le 20 avril: « Le PS laisse entendre qu’on va s’accorder, dans les couloirs, mais non. On ne se partage avec personne. C’est la vie qui va trancher. La crise du capitalisme est loin d’être finie, la crise écologique est toujours là. Je suis absolument certain qu’inéluctablement nous serons au pouvoir avant dix ans. »

     

    Discours Porte de Versailles le 19 avril: « Nous serons et pour toujours la force autonome, indépendante, qui ne s'arrangera avec personne d'autre qu'avec le peuple lui-même et qu'avec son propre programme. »

     

    Cette stratégie renvoyant la perspective dans 10 ans et prétendant rassembler une majorité de gauche autour du seul Front de gauche et de son programme, face au PS, est illusoire et dangereuse.

    Ce n'est pas la stratégie qui a présidé à la constitution du Front de gauche.

     

    Mais elle peut flatter les réticences à l'union avec le PS d'une partie des nôtres, l'illusion qu'on pourrait construire seuls, sans chercher à faire bouger le PS, un rassemblement majoritaire transformateur. On ne doit pas ouvrir une polémique, mais on doit en parler, en débattre.

     

    Ça concerne la question du gouvernement;  je suis d'accord avec la proposition faite par Pierre de considérer la question comme ouverte, et non pas fermée d'avance; de ne décider dans un sens ou un autre qu'après le 2eme tour des législatives; fermer par avance serait aussi à affaiblir l'utilité du vote aux législatives (je pense que l'affirmation répétée par Mélenchon qu'il ne participerait à aucun gouvernement que le sien, a peut-être fixé un électorat d'extrême gauche, mais aussi facilité les retours finaux au « vote utile »).

     

    Nous avons envie que les choses changent; nous sommes conscients que le programme de Hollande ne s'en donne pas les  moyens; mais nous ne devons pas nous résigner à cette perspective d'échec; et personne ne peut dire ce qu'il en sera après les législatives; c'est seulement à ce moment-là qu'on pourra évaluer nos moyens de peser, et le positionnement le plus efficace pour des luttes offensives.


    Avec la question du programme, cette question des luttes sera décisive: où leur serons-nous les plus utiles, quelle sera la décision la plus stimulante pour le mouvement populaire? Je pense qu'il serait utile de prévoir sur cette question une consultation spécifique de militants et dirigeants syndicaux.

     

    Sur les éléments de contenus, insistons, en lien avec les objectifs sociaux,  sur ce qui est décisif, les enjeux de moyens: moyens financiers, pouvoirs sur les entreprises et les banques, contenu d'une réorientation européenne.

     

    Enfin oui il faut continuer le Front de gauche, dans une nouvelle période qui n'est plus la campagne présidentielle et face aux défis nouveaux: prenons le temps de réfléchir, de débattre:


    Pour une stratégie de rassemblement populaire et de la gauche, de lutte pour les réformes radicales nécessaires; et non pas un cavalier seul dans l'attente d'une modification du rapport de force à gauche.

     

    - Pour un Front de gauche ne se limitant pas à une machine électorale, encore moins présidentielle;  soyons conformes à l'esprit de la 6eme république: cherchons un fonctionnement sans présidentialisation; cherchons les formes favorisant la participation la plus large, sans faire du Front de gauche un parti; pas de fusion qui réduirait l'efficacité du « front »; et respect par tous d'une autonomie effective de chacun.

     

    Et dans l'intérêt du Front de gauche, occupons-nous du parti, de son travail idéologique et de propositions, de ses transformations et ouvrons grand nos portes avec des initiatives de renforcement.


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