• PCF Comité national du 25 avril 2012 Intervention d’Yves Dimicoli

    Je veux faire quatre remarques.

     

    Premièrement: Notre résultat est bon. Il révèle de précieux potentiels pour l'avenir. Il constitue un socle pour développer les luttes et la bataille d'idées pour:

     

    - Tout de suite, virer Sarkozy;

    - Demain, gagner de nombreux députés et faire en sorte que, face à une droite recomposée hyper-populiste,  la gauche réussisse à relever les défis de la sortie de crise.

     

    La mission du Front de gauche doit être, plus que jamais, de contribuer à changer le cours des choses et, donc, à entrer tout de suite dans la bataille face aux pouvoirs en place en faisant avancer à tous les niveaux (entreprises, territoires, État) des exigences de transformations sociales et démocratiques profondes avec des propositions effectivement opérationnelles.

     

    Il faut bannir la posture, proposée au Parti de gauche, du recours pour dans dix ans en pariant sur l'échec des socialistes, au cas ou F. Hollande est élu Président, et en prétendant faire du Front de gauche un outil de cet échec.

     

    Cela reviendrait à fuir la grande bataille qui nous attend.

     

    Deuxièmement : La dimension européenne de ce qui se passe en France devient décisive.

    C'est dans la deuxième puissance de l'euro, en effet, qu'une défaite peut être imposée à Sarkozy et donc, aussi, une déconvenue infligée à la politique conçue avec Merkel, la BCE, la Commission européenne et le FMI pour rassurer les marchés financiers.

     

    F. Hollande a été obligé, en fin de parcours, de parler de « rattrapage du SMIC », question rendue taboue par le « pacte de l'europlus », et de relancer l'idée, un temps remisée, d'un changement d'orientation de la BCE pour la croissance avec des rachats, par elle, de dettes publiques.

    Sarkozy, lui-même, a déclaré, de façon démagogique, que la BCE doit « soutenir la croissance »!

     

    Bref, ça pousse fort dans le peuple! L'esprit de Maastricht peut être bousculé tout de suite en France, alors même que, cependant, l'immense majorité ne veut pas d'une disparition de l'euro.

     

    Cela  confirme combien l'enjeu doit être celui de transformer profondément son utilisation pour une nouvelle croissance sociale, au lieu de le faire éclater avec les replis nationalistes, le protectionnisme et l'accentuation des rivalités intra-européennes.

     

    Il y a une course de vitesse sur ces enjeux avec les forces fascisantes de partout en Europe.

     

    Plus que jamais, il faut mettre en avant nos propositions sur le financement avec :

     

    - En France et ses régions, un pôle bancaire et financier public pour un nouveau type de crédit sécurisant l'emploi, la formation, la progression des salaires et revenus de remplacement;

    - En Europe, une réorientation de la BCE pour soutenir la promotion de ce nouveau crédit et pour financer, par création monétaire, les services publics, via un Fonds social, solidaire et écologique de développement européen.

     

    Notre candidat a fait de belles prestations dans la campagne, mais il n'a pas porté dans leur cohérence ces propositions, pourtant inscrites dans le programme « L'humain d'abord ». D'où, un handicap sur la crédibilité économique qui a pu jouer négativement, les deux dernières semaines précédant le premier tour, avec la pression au vote utile Hollande.

     

    Troisièmement: Nous n'avons pas réussi à briser le pouvoir d'attraction de Le Pen sur des ouvriers déclassés, des employés « prolétarisés », des jeunes en échec et l'empêcher de dévoyer leur protestation.

    Celle-ci s'exprime jusque dans l'illusion de la « préférence nationale » et du protectionnisme avec la peur au ventre de la mondialisation, de l'Europe. La peur au ventre, aussi, face à la révolution technologique qui, soumise aux exigences de rentabilité financière, engendre la pénurie d'emplois, le « décrochage » des salariés insuffisamment formés et une mise en concurrence si effrénée entre travailleurs qu'il est facile de rendre les immigrés responsables du chômage, des difficultés de la protection sociale et des services publics.

     

    Cette rage peut être d'autant plus dévoyée par le FN que ces couches populaires humiliées, reléguées dans un péri-urbain déserté par les services publics, ne perçoivent aucune alternative progressiste suffisamment crédible et radicale.

     

    Le vote FN se structure idéologiquement, certes moins en Ile de France qu'ailleurs.

     

    Il nous faut donc, plus que jamais, avec nos propositions, nous adresser à ses électeurs salariés et chômeurs, et non donner à penser que nous diabolisons leur méprise. Il faut leur « tendre la main », comme, en avril 1936, M. Thorez tendait la sienne aux « anciens combattants devenus croix de feu » parce que « fils du peuple ».

     

    Quatrièmement: en conclusion, il faut clairement appeler à voter Hollande et entrer sans attendre dans la bagarre pour des choix immédiats rompant avec l'austérité.

    Nous devons être toujours dans la mêlée avec les salariés, sans jamais perdre le contact avec le PS qui les influence. Pas un contact de ralliement, comme cela a malheureusement été la règle depuis les années 1980, mais un contact de participation de combat, sans jamais lâcher sur nos idées, pour aider au développement des luttes en toutes circonstances et bousculer le PS hors du social-libéralisme en l'amenant à se prononcer pour des transformations sociales significatives.

     

    Pour l'heure, nous ne disposons pas de toutes les données permettant de répondre définitivement à la question d'une future participation ou non à un futur gouvernement d'union cherchant à rompre avec l'austérité, si l'occasion s'en présente.

     

    Gardons-nous de décréter par avance que rien ne pourra changer tout de suite au lendemain des législatives. Car, comment motiver le vote pour nos candidats à ces élections si nous donnons à penser qu'il ne permettra pas, tout de suite, de commencer à changer?


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