• Même les bourreaux sont à la plage…

     

    Durant juillet et août, sous prétexte que leurs employés sont en vacances, nos sociétés occidentales font comme si le monde s’arrêtait de tourner. Les médias font le service minimum, les administrations tournent au ralenti, c’est la cohue aux caisses de la piscine à 16 heures. Merci l’horaire libre, vive l’été!

    Durant ces deux mois, si on se contente de suivre le mouvement général et de vivre pour le sport et le farniente, on pourrait avoir l’impression que les marchés ont cessé de spéculer contre la dette publique, que l’idéologie au service de l’ordre économique et social est en stand-by, que les banques sont en train de se renforcer en capital pour aider la collectivité, que les services publics ne cherchent plus à se débarrasser de réglementations du travail trop contraignantes, que Google et ses actionnaires s’apprêtent à se lancer dans la TV pour le bien de l’humanité, que TF1 n’a pas dans l’idée de supprimer 300 postes à l’occasion d’un plan social baptisé «fitness», que les DRH ont définitivement choisi la bronzette à la place de leurs méthodologies d’évaluation, que le management par le stress n’est plus qu’un mauvais souvenir, que nos 100 milliardaires installés en Suisse ont bien mérité leur forfait fiscal, que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt et qu’il vaut mieux voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide.

    Barbecue chez le patron?

    Ces deux mois d’été sont la période idéale pour oublier qu’une longue période récessive semble inévitable, qu’un quart des entreprises vaudoises de construction sont déjà exclues des marchés publics suite à des fraudes, que l’assujettissement au crédit est une source profonde d’angoisse, que les dirigeants européens sont incapables de maîtriser une crise qui les dépasse, que les banques UBS et Credit Suisse ont déjà sponsorisé Mitt Romney à hauteur de 500 000 dollars, que les publicitaires entretiennent les aspirations consuméristes en valorisant les classes possédantes, que le consommateur moyen est exposé à 3000 messages par jour, que les réformes structurelles destinées au marché du travail n’en sont qu’à leurs balbutiements, qu’une conception brutale du management réduit sauvagement les hommes à de simples variables d’ajustement économique, que le gaspillage des matières premières et des énergies fossiles s’envenime d’année en année, que le service de la dette pèse un poids de plus en plus lourd dans des budgets de plus en plus réduits et que la résignation l’emporte toujours et de très loin sur l’exaspération. Durant l’été, grâce à une pseudoconvivialité de barbecue, les différentes classes sociales réunies par la passion des grillades oublient encore plus facilement qu’elles ne vivent pas dans le même monde, comme elles l’oublient d’ailleurs avec aisance tout le reste de l’année, et c’est bien là tout le problème!

    http://www.gauche-anticapitaliste.ch/?p=7264


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