• Libye: il est temps de trouver un compromis (Général Vincent Desportes)

    Moyen Orient

    PARIS - Un général de division français, Vincent Desportes, sanctionné par le ministre de la Défense pour avoir publiquement critiqué la façon dont était conduite la guerre en Afghanistan, estime qu'en Libye, il est temps de trouver un compromis avec les autorités libyennes.

    Dans une interview au quotidien français, Le Journal du Dimanche, le général Desportes, ancien directeur de l'Ecole de Guerre, estime que nous sommes partis en Libye comme les Américains en Irak en 2003 (...) en estimant que notre puissance létale suffirait aisément à produire des résultats politiques.

    Le pari risqué de gagner très rapidement, sans avoir à engager de troupes au sol, dont de toute façon nous ne disposons plus en nombre suffisant, n'a pas fonctionné, poursuit-il. Selon lui, depuis le début de cette guerre, on espère chaque jour que de simples actions supplémentaires de bombardement suffiront à faire tomber Kadhafi. Nous avons à nouveau oublié qu'il est impossible de produire des effets politiques durables par le recours à la seule arme aérienne.

    Il estime que dans le cas de la Libye, il n'est pas impossible que l'on ait confondu guerre et maintien de l'ordre. La puissance militaire a été utilisée comme une compagnie de gendarmes mobiles, ajoute-t-il.

    Pour lui l'objectif initial de la coalition (...) était parfaitement réalisable. Mais dès lors que l'on s'est lancé dans une démarche de nature politique, à savoir la chute de Kadhafi, on s'est engagé dans un processus très ambitieux par rapport aux moyens que l'on pouvait déployer.

    Mon impression, poursuit le général Desportes, est que la réflexion stratégique initiale a été imparfaite: sur la finalité possible de l'intervention, pour le moins ambiguë; sur les capacités politiques et militaires de la rébellion, que nous avons surestimées; sur la force et la résilience des pro-Kadhafi, que nous avons sous-estimées; sur cette insurrection générale que nous espérions et qui ne s'est jamais déclenchée. Pour lui, si l'analyse stratégique avait été conduite à son terme, plus de cent dix jours et plus de 110 millions d'euros après le début de l'offensive, nous ne serions pas dans une situation si délicate et incertaine.

    Et d'asséner: Il semble subsister en France, parfois à très haut niveau, une méconnaissance de ce que sont vraiment la guerre et la stratégie.

    Interrogé sur un engagement de la France au-delà de la fin 2011, il répond: Cette hypothèse me paraît ridicule.

    Pour l'emporter rapidement, sauf coup de chance - le coup au but sur Kadhafi -, il faudrait une offensive terrestre forte de plusieurs dizaines de milliers d'hommes, ce qui est strictement impossible, juge-t-il.

    Pour lui, nous sommes désormais en Libye dans une situation difficile et une démarche d'escalade. En conséquence, il se dit persuadé qu'il est temps de trouver un compromis avec les autorités libyennes. Mais pas forcément d'arrêter immédiatement les bombardements.

    Cette possibilité devra faire partie des éléments de négociation, conclut le général pour qui à l'heure qu'il est, nous ne pouvons plus attendre indéfiniment que le régime de Kadhafi tombe.

    http://www.pcfbassin.fr/


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