• Le retour des subprimes

    Pour ceux qui croient encore à la fable de la non-régulation en raison de la rationalité des opérateurs, je vous propose cette traduction exclusive d’un article du New York Times, réalisée pour ce blog par Pascal…

    Les prêteurs servent de nouveau des crédits aux clients à risque

    dessin humour cartoon

    Annette Alejandro vient juste de se sortir de la faillite, n’a pas de travail, et sa voiture a été saisie l’an dernier. Pourtant, après avoir couru les petites annonces toute la journée, elle retourne à son appartement à Brooklyn où, incrédule, elle se débat avec une pile de cartes de crédit et des offres de crédits automobile qui arrivent dans sa boite à lettre .

    “A ce stade, je ne me ferais même pas crédit » dit Mme Alejandro.

    Au plus profond de la crise financière, les emprunteurs avec des crédits douteux, comme ceux de Mme Alejandro, ont été entièrement vérrouillés par les prêteurs traditionnels. Il était assez dur pour les gens avec des crédits astronomiques d’avoir de nouveaux prêts.

    Mais au fur et à mesure que les institutions financières se sont remises de leurs pertes sur les prêts consentis à des emprunteurs en difficulté, certains des gros organismes prêteurs aux moins solvables, incluant Capital One et GM Financial, essayent de les courtiser de nouveau, tandis que HSBC et JP Morgan sont parmi ceux qui retournent sur la pointe des pieds vers les prêts subprime.

    Selon les tendances publiées dans le rapport Equifax en Mars, les organismes de cartes de crédit ont créé 1,1 million de nouvelles cartes pour des emprunteurs dont les défauts de paiement ont été en hausse de 12,3 % en Décembre par rapport à l’an dernier. Experian, une société de notation de crédit, a déclaré que ces emprunteurs ont comptés pour 23 % dans les prêts d’automobiles neuves au quatrième trimestre de 2011, en hausse de 17 % par rapport à la même période de l’année 2009,

    Les avocats et défenseurs des consommateurs s’inquiètent que les institutions financières visent de nouveau les emprunteurs les plus vulnérables et les moins financièrement perfectionnés, qui sont souvent prêts à prendre un crédit à n’importe quel prix.

    “Ces gens sont accros au crédit, et les banques les y poussent”, déclare Charles Juntikka, avocat à Manhattan, spécialisé dans les faillites.

    Pour leur part, les banques cherchent à générer des milliards de dollars en honoraires, qui ont été anéanties à cause de règlements adoptés après la crise financière, en se concentrant sur deux branches de leur activité – le haut de gamme et le bas de gamme – ainsi que le disent les consultants de l’industrie . Typiquement, les emprunteurs de crédit subprime payent des taux d’intérêt élevés, jusqu’à 29%, et accumulent souvent des frais pour les paiements de retard.

    Même à ce stade précoce, certains anciens régulateurs bancaires s’inquietent que ce genre de prêts révèle un indice potentiellement dangereux au retour des mêmes prêts à risque qui ont contribué à alimenter la crise du crédit.

    “Il est clair que nous revenons aux affaires comme avant”, a déclaré Mark T. Williams, ancien membre de la banque Federal Reserve

    Les prêteurs font valoir qu’ils ont appris la leçon et distinguent les mauvais payeurs chroniques de ceux dans l’industrie qu’on appelle les «anges déchus», c’est à dire ceux qui avaient de bons antécédents de paiement avant de chuter avec l’effondrement de l’économie.

    Un porte-parole de Chase, Steve O’Halloran, a déclaré que la banque « cherche à être prudente et être un prêteur responsable», en ajoutant qu’elle “évalue constamment les risques et les coûts des prêts de financement”

    Les régulateurs, avec le Bureau des contrôleurs de la monnaie qui supervise les plus grandes banques du pays, ont déclaré que tant que les prêteurs respectent les normes strictes de souscription et de suivi des risques, il n’y avait rien d’intrinsèquement dangereux à étendre l’octroi de crédits à une frange plus large de la population.

    En fait, une augmentation des prêts est le signe que l’économie s’améliore, disent les économistes. Alors que le chômage reste élevé, les consommateurs ont réduit leurs dettes. Les arriérés sur les comptes des cartes de crédit et les prêts automobiles sont en forte baisse depuis leurs plus hauts durant la crise. “Il s’agit d’un relâchement normal des règles de crédit parce que les banques pensent qu’elles peuvent les développer à nouveau”, a déclaré Michael Binz, directeur général de Standard & Poor ‘s.

    Et les prêteurs peuvent rater de nombreux clients potentiels s’ils ne se concentrent que sur les gens ayant un profil parfait.

    “Vous ne pouvez tout simplement plus ignorer ce segment”, a déclaré Deron Weston, responsable dans les pratiques bancaires chez Deloitte.

    La définition des emprunteurs subprime varie, mais elle est généralement appliquée pour ceux ayant une solvabilité de 660 et au-dessous.

    La pression envers les emprunteurs subprime ne s’est pas élargie au marché hypothécaire, qui reste fermé à tous, mais il est le plus solvable.

    Capital One est un de ces prêteurs qui ont courtisé des emprunteurs ayant des crédits douteux, même ceux qui sont tout juste sortis de la faillite, avec des paroles telles que, “Nous voulons vous reconquérir en tant que client.”

    Pam Girardo, un porte-parole de Capital One, a déclaré: «Notre stratégie est de fournir un accès raisonnable au crédit avec des garde-fous en place appropriés pour s’assurer que les consommateurs restent sur la bonne voie, tout en recréant leur capacité de crédit.”

    Mme Alejandro, 46 ans, était l’une de ces emprunteurs tout juste sortie de la faillite et courtisée par Capital One. Mais jusqu’à présent, elle a refusé leur offre.

    David W. Nelms, directeur général chez Discover Financial Services, qui est le 6e plus gros émetteur de cartes de crédit aux États-Unis, a dit aux investisseurs ce mois-ci que la compagnie avait prévu d’accorder des crédits à un groupe plus large d’emprunteurs. Mais, il a ajouté que « Discover ne va pas aller sur un coup de tête dans le marché des subprimes.”

    L’an dernier, les émetteurs de carte de crédit ont été jusqu’à prêter 12,5 milliards de dollars à des emprunteurs subprime, en hausse de 54,7 % par rapport à 2010, selon Equifax et Moody, mais cela reste encore en dessous des 41,6 milliards de dollars atteints en 2007.

    Les prêteurs sont en train de monter en charge dans leur publicité, selon Synovate, une entreprise d’études de marché. D’autres élaborent des cartes de crédit visant spécifiquement les emprunteurs avec des crédit douteux. Capital One, par exemple, a introduit une carte de crédit l’an dernier permettant à ces emprunteurs d’abaisser leur taux d’intérêt après avoir remboursé leur mensualités pendant un an.

    Les Prêts automobile sont particulièrement intéressants pour les prêteurs, car ils n’ont pas été touchés pour l’essentiel par les nouvelles régulations. Le nouveau Bureau de protection des consommateurs en matière financière a dit qu’il n’avait pas encore décidé s’il aurait à superviser les plus importants organismes non bancaires offrant des prêts automobile.

    Dans le même temps, le marché pour les titres construits autour de prêts automobile est en train de se réchauffer. L’an dernier, les investisseurs ont ramassé 11,7 milliards de dollars grâce à ces titres, contre 2,17 milliards de dollars en 2008. Le rythme de la titrisation des cartes de crédit est plus lent, avec des prêteurs vendant environ 30 % de leur portefeuille de cartes à des investisseurs, en baisse de 60 % par rapport à avant la crise financière, selon S & P.

    Steve Bowman, le responsable en chef des risques et crédits chez GM Financial, organisme de prêts automobile, a dit s’attendre à voir croitre les prêts automobile subprime. Contrairement aux prêteurs hypothécaires, Mr Bowman a fait valoir que les organismes de prêts automobile comprenaient comment gérer les risques tout en continuant à faire des prêts à des emprunteurs peu solvables.

    Mais l’an dernier , Moody’s avait déjà tiré la sonnette d’alarme concernant certains emprunteurs à risque qui avaient obtenu des prêts automobile. Le marché, écrit Moody’s dans un rapport en Mars 2011, pourrait grimper “trop fort et trop vite”

    Mme Alejandro n’est pas la seule emprunteuse avec un mauvais crédit à se poser la question pourquoi on voudrait lui offrir un prêt. L’offre, bien sûr, ne se traduit pas nécessairement par la délivrance d’une carte.

    Shauna Ames, 41 ans, un chef de bureau de Saint-Paul, dit qu’elle a reçu une offre de carte de crédit de Capital One, même si la société a gagné un procès contre elle pour 5485 $ de dettes en souffrance en Septembre dernier. Mme Ames, qui s’était mise en faillite, s’est dite surprise par l’offre : «Je n’arrive toujours pas y croire”.

    Mme Girardo, le porte-parole de Capital One, a déclaré que la banque ne sollicite pas les clients à qui il a déjà intenté une action : “Nous croyons que nous pouvons établir des relations à long terme grâce à des produits qui sont fondés sur la réussite des consommateurs”

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