• Goldman Sachs chez elle à Davos

    Goldman Sachs chez elle à Davos

    VENDREDI 25 JANVIER 2013

    Davos, capitale des relations troubles entre transnationales et institutions politiques, ne pouvait accueillir sacre plus approprié. Pointant leur sarcastique «Public Eye Award» sur Goldman Sachs, la Déclaration de Berne et Greenpeace ont visé juste, au cœur même de la ploutocratie mise en lumière par les mouvements anti-WEF du début des années 2000, puis par la crise de 2008.
    D’une flèche, les deux ONG ont rappelé qu’à l’instar de la banque d’affaires étasunienne, ceux qui ont causé la plus grande faillite économique de l’histoire en sont sortis indemnes, voire renforcés. Qu’on en juge par les profits indécents que le secteur privé mondialisé a rétabli pour ses actionnaires, tandis que les Etats, qui ont sauvé cette économie largement parasitaire, s’enfoncent dans les dettes et les plans de démantèlement social.1

    Goldman Sachs, grande propagatrice de ces produits «dérivés» qui ont intoxiqué l’économie, symbolise le mieux cette élite financière qui a vu l’échec de ses recettes récompensé par des postes stratégiques au sein des institutions publiques. Ainsi, la Banque centrale européenne, cornaquée par le spécialiste en produits financiers opaques Mario Draghi, ou le gouvernement grec, confié un temps à Lucas Papadémos, le même qui avait tripatouillé les comptes de son pays avec l’aide de Goldman Sachs.
    Heureuse coïncidence: le discours d’ouverture du Forum de Davos a d’ailleurs été confié à un autre transfert de Goldman Sachs, le premier ministre italien Mario Monti, à qui le lobby des transnationales a sans doute voulu donner un coup de pouce pour sa réélection. Commissaire européen au marché intérieur puis à la concurrence entre 1995 et 2004, le professeur Monti a également su sortir de son université milanaise pour pantoufler chez Fiat, Coca-Cola ou encore Moody’s. Un vrai Frankenstein de la mondialisation: la tête dans la science économique, un œil sur les politiques, le cœur dans la banque d’affaires, une main sur la presse et les fesses posées sur les fauteuils des conseils d’administration.
    A n’en pas douter, la figure idéale pour vendre la «poursuite du changement et des réformes»…
    A la tête de l’Italie, M. Monti a d’ailleurs prouvé le caractère novateur de ses idées en augmentant l’âge de la retraite et en dérégulant le marché du travail. Du jamais vu!

    Plus sérieusement, le voyage à Davos de centaines de dirigeants planétaires – dont le gouvernement suisse presque au complet – montre bien, a contrario, que le «changement» est loin d’avoir débuté. Le WEF peut bien vanter son «ouverture», il n’est pas un lieu de débat équilibré, mais un lupanar pour relations indignes. Il le restera tant que les politiques se montreront incapables de distinguer les intérêts privés du bien public qu’ils sont censés servir.
    Le ridicule appel à la résilience de l’économie mondiale, lancé cette année par le WEF, tombe à plat: on ne négocie pas avec son cancer, on le combat.

    1 Soutenue par des fonds publics durant la crise de 2008, Goldmann Sachs a réalisé l’an dernier
    34,2 milliards de dollars de bénéfices.

    http://www.lecourrier.ch


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :