• Contre l’aristocratie de la finance, envoyons un message communiste offensif et mobilisateur !

     

    Problème de la dette publique, agences de notation, régulation des marchés financiers, trading haute fréquence, hedge funds, montages financiers LBO, subprimes, techniques de titrisation, réforme des normes comptables et prudentielles… Beaucoup de Français sont perdus dans ce brouillard et je les comprends !

    Faisons tous les efforts de pédagogie indispensables. Mais gardons toujours à l’esprit que, pour le peuple, il est difficile d’envisager d’agir sur des phénomènes qui ont la complexité de la physique nucléaire… Le monde militant n’est pas celui de tous. Un sondage publié par le Crédoc pour l’Institut pour l’éducation financière du public et l’Autorité des marchés financiers doit interpeler les communistes. Malgré le flot d’analyses économiques dans les médias, sur les 1 802 personnes interrogées, moins d’un quart est capable de définir ce qu’est une obligation et seul la moitié sait précisément ce qu’est une action et un dividende ! Des chiffres qui n’ont rien de surprenant quand près d’un Français sur deux n’est pas en situation d’épargner.

    Pour éclaircir la situation et redonner sens à notre projet, revenons un instant à Karl Marx. Celui-ci énonçait que la finance parasitaire ne sort pas d’autre chose que du mode de production capitaliste. Il pourfendait un capitalisme qui a « fait surgir une nouvelle aristocratie de la finance et une nouvelle catégorie de parasites sous forme de faiseurs de projets, lanceurs d’affaires et directeurs purement nominaux ; en un mot, tout un système de filouteries et de tromperies ayant pour base le lancement de sociétés, l’émission et le commerce d’actions ». En gros, la financiarisation de l’économie n’est pas seule en cause, il faut faire tomber le mythe de la finance moderne, laquelle ne sort que du capitalisme. Le capital exploite toujours - et de plus en plus férocement -, la force de travail en vue de dégager un profit pour ses détenteurs, un dividende. L’essentiel est là. Le monde du travail peut facilement le comprendre, lui qui subit austérité et bas revenus !

    Évitons donc deux écueils préjudiciables, le « fétichisme » de la finance, dénoncé par Marx, et la technicité à outrance des propositions.

    Nous tombons dans le fétichisme de la finance quand il nous arrive, par facilité, de vilipender uniquement les banquiers et les spéculateurs. Il est naturel de s’indigner du rôle tentaculaire joué par la firme Goldman Sachs. Mais prétendre moraliser la finance, avec plus de transparence et moins de conflits d’intérêts, sans toucher aux rapports de production et de classes, est une illusion et une impasse. Ce fétichisme peut d’ailleurs se coupler avec une nostalgie dangereuse pour le modèle du capitalisme industriel, qui dominait pendant l’après-guerre. On trouvera toujours quelqu’un, y compris à l’UMP, pour convenir que la finance exagère. Par contre, seul un communiste interrogera le bien-fondé des 210 milliards de dividendes versés en 2010 par les entreprises non financières. En cette période de crise aigüe, n’avons-nous pas intérêt à rappeler avec force cette réalité que la finance ne crée pas de valeur, que les seuls producteurs des richesses sont les salariés et qu’il faut donc rompre avec le capitalisme ?

    Technicité du débat public, ensuite. Récemment, le Parlement européen a adopté l’interdiction des « CDS à nu sur les dettes souveraines » (ça ne s’invente pas !). Qu’avons-nous à dire de plus ? S’agissant du financement direct des États par la BCE, ne faut-il pas s’interroger quand ce financement direct est désormais défendu par les économistes et responsables politiques du système eux-mêmes ? Autre exemple, le président ultralibéral de la Commission européenne a proposé l’instauration d’une taxe sur les transactions financières. Est-ce une avancée majeure ? En quoi l’application de ces trois mesures changerait en profondeur la vie de tous les jours de la majorité des Français ? Je m’interroge. Et je note que technique et consensus politique vont de pair, ce qui, en tant que révolutionnaire, me préoccupe.

    Le Front de Gauche mise beaucoup sur les assemblées citoyennes pour convaincre. Pourquoi pas ? Je fais néanmoins le pari que les travailleurs ne se mettront jamais en grève pour réorienter la BCE ou taxer les transactions financières. C’est beaucoup trop abstrait. Un message communiste simple, percutant et accessible reste largement à envoyer. Sortons du cadre politicien imposé, soyons subversifs ! Allons à l’essentiel, au communisme, ce « spectre qui hante l’Europe » !

    Par Gautier Weinmann, militant du Parti communiste français à Leforest (62)


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