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Agenda social gouvernemental: pour quelles ruptures
Lucidité!
Après avoir subi la brutalité du dialogue et des décisions à la sauce sarkozyste, les syndicats ne peuvent qu’afficher une certaine satisfaction d’être pris en considération par le nouveau pouvoir. En annonçant l’agenda des discussions et des négociations entre « partenaires » sociaux, Jean-Marc Ayrault a ouvert une dense et longue période de mobilisation des syndicats... en salles de réunion. Beaucoup de sujets et d’enjeux sociaux sont sur la table. Mieux vaut avoir du grain à moudre que d’être promis à la moulinette sans autre forme de procès...
A l’orée de cette ère nouvelle, les syndicats doivent cependant se préparer à maintenir en éveil une lucidité sans faille. Ne sont-ils pas invités à dégager des compromis d’ajustement et d’amélioration à l’écart de toute forme de rupture avec le système économique et social en place? Il en est ainsi pour le niveau du Smic, le régime des retraites ou encore la « gestion » des licenciements boursiers. Les négociateurs ont intérêt à prendre garde à ce que le dialogue social ne soit pas une version douce de l’acceptation de la rigueur; que ce dialogue ne soit pas non plus une couverture à l’insuffisance de décisions politiques de la part d’un gouvernement qui pourrait ainsi jouer le jeu de la patate chaude et du temps gagné.
L’heure est d’autant plus à la lucidité et à la vigilance que François Hollande n’entend pas ouvrir le dialogue citoyen sur le Traité budgétaire européen et, a fortiori, le conclure par un référendum. Il entend, au contraire, le faire adopter à la va-vite par sa majorité parlementaire.
Dialogue social d’un côté et super austérité européenne de l’autre: un piège pourrait se refermer.
Christian AUDOUIN
Editorial de L'ECHO
Mercredi 11 Juillet 2012
Tags : dialogue, social, lucidite, syndicats, gouvernement
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