• 26 Floréal, la France change de président

    mardi, 15 mai 2012

    Aujourd'hui, 26 Floréal, la France change de président

    Changements...

    Tout à l'heure, François Hollande est arrivé  au palais de l'Elysée, a été reçu par Nicolas Sarkozy, qui a quitté ensuite le siège de la présidence. Hollande a été élevé au rang de Grand Maître de l'Ordre de la Légion d'Honneur, a reçu les honneurs militaires, puis devait déposer une gerbe de fleurs sur la tombe du soldat inconnu, remonter les Champs-Elysées en voiture, prononcer un éloge de Jules Ferry et de Marie Curie, rendre visite au Maire de Paris, Bertrand Delanoë, prendre un bain de foule, faire annoncer le nom de son (ou de sa) premier-e ministre et du ou de la secrétaire général-e de la présidence, puis s'envoler pour Berlin rencontrer la chancelière allemande, Angela Merkel. La France aura changé de président et de gouvernement. Pas d'institutions, ni, encore de politique.

     


    Tout changer pour que rien ne change ?


    Un président ne change pas un pays, s'il arrive qu'un pays change son président : « nous voulions changer la vie, la vie nous a changé », reconnaissait Lionel Jospin -d'autres, en écho, disant plutôt, contemplant l'accession au pouvoir de ceux (et de quelques celles) élus sur la promesse rimbaldienne : « ils voulaient changer la vie, ils n'ont changé que la leur ». Et Hollande aura fort à faire pour changer de politique plus q
    u'être lui-même changé par sa fonction politique.

    Les dossiers urgents ne manquent pas. Les dossiers sensibles, clivants, faisant polémiques, non plus (et ce ne sont pas forcément les mêmes) : c'est ainsi, par exemple,  que l'organisation protestante d'entraide et de solidarité avec les réfugiés, la Cimade, appelle le nouveau président et son futur gouver
    nement à rompre spectaculairement, mais pas moins réellement pour autant, avec leurs prédécesseurs et leur « approche sécuritaire de la politique d’immigration », avec la « maltraitance dont sont victimes les personnes étrangères » et avec les « objectifs chiffrés en matière d’expulsion », et les appellent, comme premières mesures, à mettre fin au placement en rétention des familles, y compris à Mayotte, et aux expulsions de demandeurs d’asile en cours de procédure, quel que soit leur statut ; à régulariser les personnes engagées dans le mouvement de grève des travailleurs sans papiers qui a débuté en octobre 2009 et à garantir le droit au séjour des personnes étrangères gravement malades qui vivent en France. La Coordination nationale des Sans-papiers est sur la même ligne, en proposant « pour sortir du cercle infernal de la fascisation », ces critères pour un projet de loi de régularisation des sans-papiers : L’insertion, la solidarité, la citoyenneté et la durée de présence; la défense du Droit d’Asile, notamment la situation dans les pays d’origine;  la vie privée et familiale; le travail, la promesse d’embauche, le projet professionnel, les sans papiers licenciés; la maladie, les études et les raisons humanitaires...

    Ce ne sont peut-être pas là les enjeux les plus lourds : l'inversion des po
    litiques budgétaires, fiscales, économiques européennes, la fin des cures d'austérité imposées aux peuples pour sauver les banques et la monnaie, sont en effet d'une toute autre ampleur -mais symboliquement, culturellement, la rupture avec les discours et les pratiques xénophobes, quand ils ne sont pas ouvertement racistes comme le sont les pratiques à l'égard des Rroms, le rejet des paranoïas et des enfermements ethniques, marqueraient immédiatement, sinon le passage d'une République (la Vème, héritée de De Gaulle mais travestie par Sarkozy) à une autre (la VIème, prônée par Montebourg et par Mélanchon), le passage d'une culture politique à une autre, d'une pratique politique à une autre.  C'est au pied de ce genre de murs qu'on reconnaîtra le maçon Hollande. Sinon quoi ? Le conseil de Tancrède au Guépard, « tout changer pour que rien ne change » ?

    On nous dira qu'on en prend à notre aise genevoise, avec nos attentes à l'égard de Hollande et de la France. Et on aura raison de nous le dire. Mais en plus petit, en plus local, c'est bien aussi de cela dont il va commencer à s'agir le 17 juin prochain, avec une élection complémentaire au gouvernement genevois : le début d'un changement de majorité, non pour le plaisir d'en changer (car ce serait un plaisir), mais pour la nécessité de changer, ici aussi, de culture et de pratique politique.


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