• UMP : User et abuser des pauvres

     
    Eclipsés par le concombre soja tueur et la real-enquête du Sofitel, nos moralistes de droite contre-attaquent sur tous les fronts, malgré leurs casseroles[1] et leur totale absence de crédibilité.
     
    Le nouveau (euh...) stratagème de reconquête électorale de nos tatchéristes bleus maquillés en "justiciers sociaux" (en mode Charles Bronson vs. la racaille) est donc de matraquer les pauvres au gourdin moral ou sécuritaire tout en confortant les rentes pépères, épaisses ou indécentes, des plus hauts revenus (dont on ne précisera jamais assez que la plupart n'ont qu'une idée très vague de ce qu'est le travail).
    On ne prend même plus de gants : Allègement de l'impôt sur la fortune et promesses d'en finir avec l'indolence fantasmée des allocataires RSA s'opèrent de concert. Sidérante opération étouffée par la juteuse traînée médiatique de l'affaire DSK. Comme on dit dans la droite publicitaire depuis 4 ans : "plus c'est gros, plus ça passe" auquel on ajoute "ceux qui ne votent pas pour nous sont à piétiner, ceux qui ne votent pas du tout nous rendent plus fort". Ici, comme en 2007, est visé à 350%, l'électorat des  possédants âgés parfois décontenancés par les frasques monarchiques. Il faut les rassurer sur la continuation de leurs beaux jours de domination idéologique avec, en filigrane, la perspective que l'odieux assistanat des jeunes pauvres réponde, pour un tarif compétitif, à la noble dépendance des vieux riches.
    Simultanément, l'armée de l'ombre réoccupe l'espace médiatique préparant les esprits à la vague d'ultradroite qui nous attend après 2012. La semaine dernière, une  discrète  éditorialiste du Figaro magazine (bible dominicale des adeptes du bouclier fiscal contrôlé par une équipe de croulants à l'endurance bionique) tapait à cerveau raccourci sur la génération "canapé" comprendre les "profiteurs" du RSA (deux jours avant la convention UMP sur le sujet). L'article est tellement caricatural, truffé d'erreurs et d'approximations, que nous avons d'abord cru à un canular (l'équipe de Brave Patrie, dépassée par la réalité, se sabordant dans un acte ultime : écrire directement pour les lecteurs de Dassault) avant de nous rabattre sur la seule explication possible : Sophie Roquelle s'adresse aux vieux à fortes liquidités financière et intellectuelle.
    Quelques jours après, nous apprenons que Monsieur Sophie n'est autre que JF.Cirelli, vice-président de GDF-Suez, côté au CAC 40. On avait dit "pas les conjoints". Mais bon, Libération nous informe que Monsieur touche plus d'un an de RSA par jour et nous ne pouvons nous empêcher de croire que cela soit sans incidence sur le vomi à gros grumeaux de Madame. Nous n'en serions pas arrivés aux mêmes conclusions si, par exemple, la justicière de droite s'était insurgée avec la même hargne contre le nouveau refus, la même semaine, par Frédéric Lefebvre (autre célèbre super héros social), d'autoriser les class-actions en France. L'autorisation d'une telle procédure collective aurait permis aux légions des abusés et surfacturés par la compagnie de son mari (dont le médiateur de l’énergie rapporte qu'ils sont de plus en plus nombreux) d'attaquer en justice (efficacement et à moindres frais) la compagnie en question s'avérant un peu lâche sur la facturation des clients (ex-entreprise publique privatisée au nom d'une concurrence supposée faire baisser des tarifs ayant, O surprise, augmenté de 60% depuis).
    Ayant vécu en Angleterre, cet autre pays du néolibéralisme émancipateur carburant à l'exploitation de pauvres culpabilisés que l'on vise sans relâche à rendre serviles ou honteux et dont notre belle contrée se rapproche à vitesse grand V, j'ai vu (et vécu) les mêmes pratiques il y a quelques années (cf Perverse Road). Des surfacturations aléatoires ciblant bizarrement les pauvres, sans moyens de se payer un avocat, abandonnés à des call-centers kafkaïens et surtaxés où ils se heurtent à d'autres travailleurs pauvres payés au rendement avant, un matin, de se retrouver avec l'huissier à la porte pour régler sous peine de saisie 500 pounds de facture de gaz... alors qu'ils ne sont parfois même pas raccordés !
    Mais non, Sophie n'écrira pas sur ça. En néolibéralie, les pauvres (comprendre ceux qui refusent de devenir des auto-entrepreneurs ou complices) sont là pour turbiner gratuitement (enfin presque), s'endetter, régler les surfacturations des compagnies protégées par le pouvoir, engraisser les classes supérieures et mourir avant la retraite d'un rhume qu'un "justicier social" de droite aura déclaré au nom de l'équité trop coûteux à soigner pour la collectivité (comprendre : "un manque à gagner pour le marché des assurances et des mutuelles santés privées des potes").
    Pour canaliser la croissante rancœur du peuple (parce que quand même, malgré des heures de télé pour oublier, ça commence à faire un peu mal au fondement) tout en chouchoutant les riches, les "justiciers sociaux" UMP lui sélectionnent de bons boucs-émissaires (menaçant de prendre la place du galérien qui "fait tout bien ce que la droite m'a dit de faire" dans la course aux jours meilleurs qui n'arrivent jamais) : les immigrés ou les encore plus galériens. Ainsi le système à casser du "pauvre con" s'auto entretient jusque la banqueroute suivante qui viendra gonfler de quelques millions supplémentaires les contingents de précaires. L'autre pan, essentiel, de la paix civile étant bien sûr de corrompre dès le plus jeune âge la classe moyenne aux valeurs de l'aristocratie bourgeoise avec force marketing, via l'endettement, même et surtout, déraisonnable.
     
    Tout cela pour vous écrire combien il est crucial (même si je ne me fais aucune illusion sur l’après tant les mécanismes sont forts, la cupidité prégnante et les réflexes conditionnés) de se débarrasser dès le premier tour de la présidentielle 2012 d'une gouvernance antipeuple. Il s'agit ici si peu d'économie (l'incompétence de nos pantins dans le domaine n'est plus à démontrer, ils servent en toute simplicité un communisme des riches décomplexé) mais bien de femmes, d'hommes, d'enfants broyés. Nous entrons dans une nouvelle phase de destruction morale, idéologique voire physique des individus les plus faibles de la société, le "cancer" comme l'on ne se cache plus à droite pour les stigmatiser.
    Ne jamais oublier que la "justice sociale" de l'UMP est définie selon les intérêts exclusifs d'une poignée de dominants, fidèlement suivie jusqu'au bout de l'immonde par les strates les plus aisées de la société, du gros rentier au petit actionnaire apeuré.
    Les quatre dernières années ne furent qu'un apéro gustatif. Avec un deuxième quinquennat sans réélection visée derrière, le Monarque aura les coudées franches pour y aller plus à fond dans la guerre des classes, sans aucune frilosité, sans aucune pitié, sans humanité, avec tout l’arsenal législatif, idéologique et répressif à sa disposition.
    Quand on a encore un peu de confort, on a vite tendance à se tromper d'ennemi, à oublier que toute guerre fait des morts.
     

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