• RSA : "Qu'on ne me dise pas que je suis un profiteur"

    Parti Communiste Français

    Accusés par l'UMP de profiter du système, des bénéficaires du revenu de solidarité active (RSA) s'expriment sur l'Humanite.fr, pour témoigner d'un quotidien qui ne relève en rien de l'assistanat.

    Rendre le travail d'intérêt général obligatoire pour certains bénéficiaire du RSA? C'est dernière la proposition de Jean-François Copé. Le secrétaire général de l'UMP a bien tenté d'adoucir les déclarations du ministre des Affaires européennes Laurent Wauquiez, pour qui "l'assistanat" constitue le "cancer de la société". Mais le ton est donné. Montrés du doigt, certains bénéficiaires du RSA ont toutefois décidé de se rebeller.  

    Sylvie, 43 ans, au chômage depuis 4 ans : "Je me bats pour avancer"

    Nous imposer du travail obligatoire, c’est vraiment n’importe quoi ! Je cours toute la journée pour essayer de trouver un emploi, quand est-ce je trouverais le temps de faire des travaux d’intérêt général ? De toute façon, les politiques décident de notre sort dans leurs beaux bureaux, pendant que nous, on trime pour trouver du travail.

    Bien sûr que certains profitent du système, mais je ne pense pas que ce soit la majorité. Moi, pour ma dignité, ça ne m’intéresse pas d’être dans l’assistanat. Je me bats pour avancer! Je suis esthéticienne, et je me suis sans emploi depuis quatre ans. C’est très difficile de retrouver un poste : dans ce milieu, on préfère les petites jeunes. J’ai tout essayé. J’ai fait un stage pour obtenir un certificat de conseillère en image. J’ai même tenté d’ouvrir mon propre institut. Mais, à la dernière minute, mon garant s’est désisté.

    Aujourd’hui, je touche le RSA, 410 euros par mois, plus 300 euros d’APL. Tout l’argent que je touche passe dans mon loyer. Et puis, je viens de recevoir un avis d’expulsion : mon propriétaire veut récupérer l’appartement que j’occupe pour pouvoir le vendre. Comment trouver un logement quand on n’a pas de fiche de paie?

    Le RSA, pour moi, c'est vital. Sans ça, je serais à la rue depuis longtemps. J’ai quatre crédits, et je suis déjà à découvert de 200 euros ce mois-ci. Les sorties, c’est exclu. Je marche, je lis et je fais mes recherches d’emploi et de logement. Parfois, j’invite une amie à manger quelque chose de bon marché, une omelette par exemple. En retour, elle m’invite, ça me fait un bon repas et un peu de vie sociale. Heureusement, je suis très optimiste. J’ai enfin une piste d’emploi, auprès d’une personne qui va ouvrir son institut. Mais le contrat n’est pas signé, j'espère que ça va vraiment se faire... 

    Amine, 35 ans, en formation professionnelle depuis 3 mois : "Je fais déjà du bénévolat"

    Le travail d'intérêt général, pourquoi pas, pour ceux qui ont besoin de remettre le pied à l’étrier. Mais, personnellement, je n’aurais pas le temps : je fais déjà du bénévolat en plus de ma formation rémunérée, le week-end.

    Je  me forme au métier de réceptionniste hôtelier, 35 heures par semaines.  Ça me permet de gagner 800 euros par mois. En plus, je touche 60 euros  de RSA. Je n’ai pas de logement. Avec ma femme et mes deux enfants, nous  vivons dans un centre d’accueil.

    J’ai longtemps vécu au chômage.  D’après ma propre expérience, si on ne travaille plus depuis trop  longtemps, on se replie sur soi-même. Le travail d’intérêt général  pourrait être une bonne chose pour ceux qui sont dans cette situation.  Mais pourquoi le rendre obligatoire? Moi, j’ai déjà choisi l’association  à laquelle je voulais offrir du temps. Enfin, avec de la chance, je ne  serai pas concerné par cette mesure. D’ici là, espérons que j’aurai  trouvé du travail. 

    Amadou, 48 ans, au chômage depuis 3 ans : "Vivre avec le RSA, c'est gratter sur tout"

    Je trouve les propositions de l’UMP scandaleuses. J’ai toujours cotisé, je travaille depuis l’âge de 16 ans, je trouve ça logique qu’il y ait une redistribution! C’est abusif de vouloir nous imposer un travail obligatoire. Dans ce cas, il faudrait que je demande à nos aînés de me rembourser ce que j’ai cotisé pour eux. Si on me propose un travail, bien sûr que je l’accepte. Mais qu’il y ait au moins une pérennité, pour pouvoir refaire surface.

    Et puis, où vont-ils trouver ces heures de travail ? S’il y avait des débouchées dans les mairies par exemple, ce serait bien que les chômeurs y accèdent, plutôt que d’en faire du travail d’intérêt général. Moi, quand je postule dans les administrations, je ne trouve que des remplacements par ci par là, rien de plus.

    Je m'investis, pourtant, même si ça fait trois ans que je suis sans emploi. J'ai un bac + 7 en gestion et j’ai fait plein de stages d’aide à la recherche d’emploi, des formations qualifiantes, mais ça ne mène à rien. Il n’y a pas de véritable accompagnement au Pôle Emploi. Ils sont surchargés de travail : une conseillère à bout de nerfs a même explosé en larmes devant moi la dernière fois.

    Je touche 410 euros de RSA, plus 340 euros d’APL. Une fois le loyer et les factures payées, il me reste 150 euros pour manger et m’habiller. Ça n’est pas grand-chose. Vous êtes obligé de "gratter" sur tout. Les cigarettes? C’est du luxe. Les sorties, vous ne pouvez pas vous le permettre. Qu’on ne me dise pas que je suis un profiteur

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    propos recueillis par Laura Thouny


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