• Roulette grecque pour les banques

    Roulette grecque pour les banques

    Trois ans après Lehman Brothers, le Crédit agricole, la BNP et la Société générale sont sous surveillance des agences de notation pour leur exposition à la dette hellène.

    La crise de l’euro provoquera-t-elle, via la Grèce, une nouvelle crise systémique, comme celle de 2008 ? Nul ne le sait pour le moment. Mais tous les ingrédients sont réunis, et les banques françaises sont en première ligne. Et une mécanique infernale identique à celle qui s’est déclenchée après la faillite de Lehman Brothers menace.

    Aujourd’hui Le problème s’envenime

    Après l’agence de notation Fitch, c’est au tour de Moody’s de sonner l’alerte sur le Crédit agricole, la Société générale et BNP Paribas pour leurs expositions à la crise de la dette grecque : « L’objectif principal de ces trois réexamens portera sur les expositions de ces banques à la dette souveraine grecque, au secteur privé grec et à l’incohérence potentielle entre l’impact d’un possible défaut ou d’une possible restructuration grecs et leurs niveaux actuels de notation. » Ces trois établissements bancaires avaient, en 2007 et 2008, bourré leur bilan de titres subprimes.

    Selon l’agence de notation Fitch, l’exposition totale des banques françaises se monte à 42,3 milliards d’euros. La Banque des règlements internationaux chiffrait leur exposition à 42,66 milliards d’euros fin 2010. Le problème s’envenime aujourd’hui car si la Grèce se retrouve dans l’impossibilité de rembourser ses créances, les pertes seront énormes.

    Un nouveau plan d’aide aux banques

    Cependant les banques françaises ne peuvent s’en prendre qu’à elles-mêmes. Depuis des années maintenant, celles-ci ont envahi le marché bancaire grec, en rachetant des filiales, telles qu’Emporiki pour le Crédit agricole et Geniki pour la Société générale. Le Crédit agricole est, par exemple, exposé à hauteur de 25 milliards d’euros de crédits. Toujours avides, les banques ne se sont pas arrêtées là. Avec le loyer de l’argent à 1 %, le taux auquel leur prête la Banque centrale européenne, elles ont pu jouer un jeu dangereux qui leur a permis de réaliser des profits colossaux. Forts de leur implantation, les banquiers ont prêté tant qu’ils pouvaient à la Grèce ou aux particuliers à des taux d’intérêt élevés, pouvant atteindre entre 11 % et 15 %. Et souvent en accordant des prêts d’un montant supérieur à ce qu’ils pouvaient rembourser. Par ailleurs, elles ont prêté de l’argent aux fonds d’investissement, ce qui a aggravé encore le risque puisque ces fonds ont décuplé les opérations spéculatives contre la Grèce, .

    Qu’à cela ne tienne, « les banques françaises sont solides », affirme Christine Lagarde, ministre de l’Économie. Essayant par-là de dédouaner les établissements bancaires de leurs responsabilités pour culpabiliser à l’inverse les autorités et le peuple grecs. Car le nouveau « plan d’aide à la Grèce », de plus de 100 milliards d’euros, concocté par l’Eurogroupe, est bien un nouveau plan d’aide aux banques. Rappelons juste qu’au premier trimestre 2011, la seule BNP a dégagé 2,6 milliards d’euros. Or, selon Baudoin Prot, son directeur général, une décote d’environ 30 % des 5 milliards d’euros d’emprunts publics grecs détenus dans son bilan, provoquerait une perte d’environ 1,2 milliard d’euros. Près de trois ans après la faillite de Lehman Brothers, les promesses d’une moralisation du capitalisme sont totalement oubliées.

    • Tests de résistance contestés

    Près de 90 établissements bancaires, soit quasiment 60 % des actifs bancaires européens, dont le Crédit agricole, la Société générale, BNP Paribas et BPCE, sont soumis aux tests de résistance par l’Agence bancaire européenne (ABE). Les banques doivent prouver qu’elles disposent de suffisamment de fonds propres après l’application d’un scénario de crise économique grave, telle une récession de 0,5 % du PIB. Mais l’éventualité de la faillite d’un État n’est pas prise en compte. La défaillance des banques irlandaises, qui avaient pourtant réussi les tests précédents, a déjà décrédibilisé leur pertinence. Les résultats des tests prévus pour juin ne seront finalement publiés qu’en juillet.

    A lire aussi :

    --> L’agence Moody’s abaisse encore  la note de la Grèce

    --> Entretien avec Denis Durand, économiste, membre de la commission économique du PCF : "Grèce : Passer par la création monétaire"

    Clotilde Mathieu

     

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