• Rififi au Parti de gauche

     Rififi au Parti de gauche que quitte Marc Dolez

    Rififi au Parti de gauche

    Le cofondateur du Parti de gauche (PG) Marc Dolez annonce mercredi 19 décembre qu’il quitte la formation qu’il a créée en 2008 avec Jean-Luc Mélenchon, estimant que ce dernier a rendu ses propositions « inaudibles ». Le député du Nord précise en revanche qu’il restera un « militant actif » du Front de gauche, qui rassemble le PG, le Parti communiste et plusieurs petites organisations.

    « Nos propositions sont souvent rendues inaudibles à cause de l’outrance du verbe, déclare l’ancien socialiste Marc Dolez dans un entretien à Libération. Puisque le parti est dans la préparation de son congrès, il est honnête de dire aux militants que je n’y participerai pas et que je quitte le PG. »

    « LE PG CONNAÎT UNE DÉRIVE UN PEU GAUCHISANTE »

    Le Parti de gauche, qui revendique douze mille adhérents, se réunira en congrès à la fin de mars à Bordeaux. Marc Dolez reproche à Jean-Luc Mélenchon d’avoir « dilapidé » « l’acquis » de la campagne présidentielle « dès les législatives », avec une stratégie « Front contre front » qui a d’après lui « cornérisé » la gauche de la gauche. M. Mélenchon (11,1 % le 22 avril) était venu affronter la présidente du FN Marine Le Pen à Hénin-Baumont et avait été éliminé au premier tour.

    Depuis, il lui reproche de multiplier les critiques à l’endroit du gouvernement socialiste. « Je déplore aussi l’expression médiatique de Jean-Luc Mélenchon. Il critique le plus souvent le président de la République et le gouvernement plutôt que de s’attaquer à la droite. Nos propositions sont rendues souvent inaudibles à cause de l’outrance du verbe », accuse-t-il.

    L’ADVERSAIRE N’EST PAS LE PS

    « Beaucoup de ses propos brouillent notre message, je ne crois pas à la thèse de deux gauches irréconciliables ni au mythe du recours, ajoute M. Dolez, à propos d’une majorité alternative à gauche, thèse défendue par M. Mélenchon, également ex-PS. Je ne me résoudrai jamais à considérer que le gouvernement va échouer et que nous serons là à ramasser les morceaux. Si la social-démocratie devait s’effondrer, je crains que ce ne soit au profit de la droite extrême. »

    « Ne donnons pas le sentiment que l’adversaire du Front du gauche, c’est le PS », dit encore M. Dolez, qui appartenait à l’aile gauche du Parti socialiste. Il n’entend pas pour autant retourner à ce parti. « Le Front de gauche me paraît plus indispensable que jamais, j’entends participer à son expression à l’Assemblée nationale. »

    Dolez : «Jean-Luc Mélenchon a rendu le Parti de gauche inaudible»

    Jean-Luc Mélenchon  et Marc Dolez lors du meeting fondateur du Parti de gauche, le 29 novembre 2008.
    Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez lors du meeting fondateur du Parti de gauche, le 29 novembre 2008. (Photo François Guillot. AFP)

    Interview Rupture. Le député Marc Dolez annonce à «Libération» son départ de la formation qu’il a cofondée. Il critique une «dérive gauchisante».

    Par LILIAN ALEMAGNA
     

    L’ex-socialiste Marc Dolez, député du Nord, annonce qu’il quitte le Parti de gauche (PG) qu’il a cofondé avec Jean-Luc Mélenchon en novembre 2008.

     

    Jusqu’ici dernier parlementaire français du PG, il dit vouloir rester un «militant actif» au Front de gauche.

     

    Pourquoi décidez-vous de quitter le Parti de gauche ?

    Le PG s’est éloigné des fondements qui prévalaient lors de sa création. Mes divergences portent sur l’analyse de la situation politique mais aussi sur la stratégie. L’objectif doit rester de faire bouger les lignes à gauche, déplacer son centre de gravité et la mettre sur une orientation qui permette de sortir de la crise. Que reprochez-vous ? L’acquis de la belle campagne présidentielle a été dilapidé dès les législatives avec la catastrophique campagne d’Hénin-Beaumont. La stratégie «Front contre Front» nous a «cornérisé» à l’extrême gauche.

     

    Je déplore aussi l’expression médiatique de Jean-Luc Mélenchon. Il critique le plus souvent le président de la République et le gouvernement plutôt que de s’attaquer à la droite. Nos propositions sont souvent rendues inaudibles à cause de l’outrance du verbe. Beaucoup de ses propos brouillent notre message. Je ne crois pas à la thèse des deux gauches irréconciliables ni au mythe du recours. Je veux que la gauche réussisse.

     

    Je ne me résoudrai jamais à considérer que le gouvernement va échouer et que nous serons là à ramasser les morceaux. Si la social-démocratie devait s’effondrer, je crains que ce ne soit au profit de la droite extrême. Jean-Luc Mélenchon parle de « concurrents »…

     

    Jean-Luc Mélenchon nous a permis d’atteindre un score à la présidentielle - 11% - que je n’aurai jamais imaginé. Cet acquis doit être un socle pour passer à une nouvelle étape. Mais ne donnons pas le sentiment que l’adversaire du Front de gauche, c’est le PS. La concurrence est légitime si elle se fait dans la clarté.

     

    Le Front de gauche stagne. La baisse du PS ne nous profite pas. La campagne contre les politiques d’austérité annoncée pour janvier est une bonne initiative pour se relancer.

     

    Le Parti de gauche est devenu à ce point différent ?

    Il a connu une lente évolution. Je suis, par exemple, d’une grande perplexité quant à la surenchère écologique issue des assises pour l’écosocialisme. Elle se fait au détriment de la question sociale. Le PG a aussi tendance ces derniers temps à ne pas jouer suffisamment collectif. L’élaboration de son contre-budget s’est faite sans concertation avec les groupes parlementaires. Ça m’a mis mal à l’aise… Constatant ce décalage, je préfère officialiser mon désaccord. Puisque le parti est dans la préparation de son congrès, il est honnête de dire aux militants que je n’y participerais pas et que je quitte le PG.

     

    Mais cette orientation séduit de jeunes militants…

    Certainement ! Mais elle ne me convient plus. Le PG connaît une dérive un peu gauchisante. Je conçois que cela puisse séduire et je respecte les militants qui y adhèrent. Mais l’objectif est d’ouvrir une alternative. Pas de créer une organisation condamnée à la minorité.

     

    Qu’allez-vous devenir ? Vous comptez retourner au PS ?

    Je reste un militant actif du Front de gauche, qui m’apparaît plus indispensable que jamais. J’entends participer à son expression à l’Assemblée nationale. Je n’ai pas quitté le Parti socialiste pour y revenir.

     

    Mélenchon ne vous avait pas consulté lors de sa venue à Hénin-Beaumont. Cela a-t-il précipité votre choix ?

    Je me suis volontairement mis en retrait des instances depuis un bon moment. Cela peut expliquer qu’on m’ait moins consulté… Mais, pour Hénin-Beaumont, si on ne m’a pas demandé mon avis, c’est qu’on connaissait déjà la réponse et qu’on n’avait pas envie de l’entendre.

    http://www.liberation.fr/politiques/2012/12/18/jean-luc-melenchon-a-rendu-le-parti-de-gauche-inaudible_868595


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