• Pourquoi je ne participerai pas à la célébration de la rosière

    Avant de m'expliquer, il faut un tout petit peu d’histoire (allez courage).

    Clermont-Ferrand capitale de l’Auvergne, 142 402 habitants est officiellement la 24e commune de France.
    Née de l'union de deux anciennes villes, Clairmont et Montferrand. Cette union a été imposée par Louis XIII en 1630
    Depuis des décennies et sous couvert du leg d’un obscure aristocrate Montferrandais, (d’un autre siècle), donation qui risquerait de cesser si l’on n’organisait plus l’événement, la mairie de Clermont-Ferrand organise chaque mois de mai, la célèbre fête de la rosière dans le quartier de Montferrand.
    Qu'est-ce qu'une rosière ?
    Et bien, c’est une jeune fille  récompensée pour sa réputation vertueuse (sic), le terme jeune fille s’entend évidement au sens de jeune vierge, la « demoiselle » dans toute son horreur.
    Instituée, selon la légende, par saint Médard à la fin du Ve siècle, la fête de la Rosière consiste en la remise d'une couronne de roses (d'où le nom) à la jeune fille dont la conduite irréprochable, la vertu, la piété et la modestie avaient marqué le village.
    L’idée était de lui constituer une dot et de la marier parce que tout de même arrivée à un certain âge il n’est pas très sain de rester seule.


    Pour ce qui est de  la fête Montferrandaise,  la rosière est habillée avec une robe qui ressemble étrangement à une robe de mariée, une couronne et une écharpe exactement comme celle des miss et elle est promenée dans toute la ville. Elle reçoit pleins de jolis cadeaux qui permettent à la jeune fille de devenir une parfaite petite ménagère.


    Cette célébration est donc l'occasion d'une fête populaire où musique et danse animent le quartier.


    Maintenant que le décor est planté, voici la suite de l'histoire, de mon histoire.

     

    Depuis longtemps, grâce à ma féministe d'épouse, je considérais cette fête comme quelque peu anachronique et célébrant des valeurs qui ne correspondait plus en rien ni à notre siècle, ni à nos engagements.


    Mais puisque ces fêtes de la Rosière sont organisées par la Municipalité, il y faut le Maire ou un-e représentant-e à qui il est  demandé de promener la  « demoiselle » à travers le quartier avec à la clé serrages de mains, sourire de l’élue, rencontres nombreuses avec la population. Le ou la conseiller-e municipal-e qui trottine au coté de la belle a cette chance unique de pouvoir rencontrer à peu près tous les administrés du coin et le coin, c’est Montferrand partie de la 1 ère circonscription du Puy de dôme.


    Cette année, c'est à moi, candidat PCF-Front de gauche aux élections législatives, que l'on a proposé de venir faire l'accompagnateur de la rosière. Celui qui sert les paluches, qui voit tout le monde et qui est, surtout vu, par tout le monde. Quelle aubaine en pleine campagne électorale surtout que les élu-e-s communistes ne sont pas celles et ceux qui sont les plus habitué-e-s des estrades municipales.

     

    femnismecommunisme Oui mais... car il y a un mais. Mais accompagner la rosière, c'est cautionner ce mode de désignation, c'est donc cautionner cette perpétuation de l'idée que la femme doit être "méritante" et "vertueuse" au regard des hommes. Bien sûr, depuis l'époque de St-Médard, le choix ne se fait plus de la même façon. Oui, le choix a évolué. Mais il perpétue cette idée odieuse que la femme devrait être choisie par l'homme, il perpétue cette idée insupportable que la femme et l'homme ne serait pas égaux dans la vie et par conséquence et extension que ne pas avoir les mêmes droits est presque "naturel".


    J'ai donc refusé d'être l'élu-promeneur de rosière pour ne pas cautionner tout ce qui est à l'opposé des valeurs que je défends. On ne peut pas se prétendre féministe et mettre entre parenthèses ce combat… même si cela doit (peut-être) me priver de la possibilité de faire campagne à peu de frais.


    Certains me diront (et me l'ont déjà dit) que les temps ont changé, que la rosière n'est plus choisie en fonction des mêmes motivations, que c'est la fête populaire qui compte et qu'il ne faut pas tout ramener aux symboles. Peut-être. Mais à force de ne plus faire attention, de ne plus réagir, de ne plus s'opposer, on laisse l'égalité femme-homme reculer.


    Il n'y a donc pas de petits combats, toutes les luttes font partie d'un vaste ensemble et je suis fier de dire aujourd'hui que je ne participerai pas à la célébration de la rosière parce que je suis féministe.

     

    Les responsables d’osez le féminisme 63 viennent  de réagir à cette  « fête » voici ce qu’elles écrivent en conclusion de leur article à propos des Rosières. Je partage intégralement.

    "C'est l'occasion de faire la fête, nous répond-on. Mais la fête est toujours associée à la tradition. Pourtant, il s'agit, encore une fois, de contrôler la sexualité des femmes et de les cantonner à un rôle d'épouse soumise et de bonne reproductrice docile et travailleuse.
    Ce couronnement de la « Rosière » regroupe, à lui seul, tous les clichés sexistes, réactionnaires et ringards sur les jeunes filles « à marier », qui rêvent du prince charmant. Difficile de ne pas dénoncer ce sexisme ordinaire, banalisé.
    Il y a encore du chemin à parcourir mais il n'y a pas de petit combat contre le patriarcat.
    Alors Mesdames, Messieurs les élu-e-s, maintenant que vous en connaissez la symbolique, s'il-vous-plait, découronnez les Rosières, et osez le féminisme !"
    Osez le Féminisme 63 !

    http://rougeespoir.over-blog.com/


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