Monsieur Sarkozy, quel astucieux petit bonhomme vous êtes !

Ah, bravo Monsieur Sarkozy, votre prime de 1.000 euros est vraiment une trouvaille géniale ! Et audacieuse avec ça !

Certains esprits chagrins, dans le camp patronal, s’inquiètent à la perspective de voir les travailleurs récompensés sans avoir rien fait pourtant il est vrai que, lorsque les dividendes augmentent, ce n’est en rien dû à leur travail, mais uniquement à l’ingéniosité des PDG et actionnaires qui ont su, par de judicieuses délocalisations, restructurations et filialisations, écraser les « coûts » du travail.

C’est vrai, à quoi ça rime de rendre, du bout des doigts, une (petite) partie de ce butin arraché aux travailleurs, et grâce auquel on aura pu augmenter les dividendes ?

Pire, grognent d’autres, dans le même camp patronal, ça pourrait même donner aux travailleurs l’idée qu’ils auraient droit à cette misérable aumône, comme si les profits (et les dividendes) étaient le fruit de leur propre travail !

Mais ce ne sont là que courtes vues, ces esprits chagrins n’ont pas compris le vrai génie de votre belle idée : c’est qu’en fait, ces primes, IL N’EST PAS QUESTION QU’ELLES SOIENT JAMAIS PAYEES !

La seule chose qui compte, c’est la promesse. Quel formidable atout, cette promesse, pour bloquer toute négociation salariale ! Rien pour les salaires aujourd’hui, mais demain … peut-être … si les dividendes augmentent …
Repassez plus tard, messieurs du syndicat, on verra …

En attendant, qui c’est qui décidera de ce qui, des profits, sera distribué sous forme de dividendes ? Le CA et l’assemblée des actionnaires sont souverains en ce domaine. Même avec des profits fabuleux, ils ont tout loisir de garder en réserve (en provision) la part qu’ils veulent de ces profits, et même de tout garder, et ne rien distribuer. Et puis de réinvestir toutes ces provisions où ça leur chante – par exemple, sous ces cieux admirables où le travailleur ne coûte rien – ou à peine plus, un bol de riz par jour, environ.

Loin de freiner les appétits des entreprises, ces bandes de gangsters, vous avez au contraire inventé un formidable stimulant pour faire gonfler la concentration du capital dans les entreprises et les pousser à chercher de nouveaux paradis.

Ah certes, ça ne fera pas l’affaire des petits actionnaires, épargnants de SICAV, et autres modestes acteurs du jeu des placements financiers, mais qu’importe ? Ils sont les seuls à n’avoir pas encore compris cette vérité d’évidence : ils ne sont pas invités à la fête, si on compte sur eux, c’est uniquement pour financer les agapes des gros acteurs.

Ah certes, tout ça ne contribuera pas à maintenir l’activité productive dans notre beau pays, ni à améliorer le sort des travailleurs. Mais qui a jamais sérieusement cru que tel était vraiment votre but ?

Encore bravo Monsieur Sarkozy, ceux qui vous ont sélectionné et embauché ne se sont pas trompés : il leur fallait un escroc de génie, et ils l’ont trouvé !

De : rouge