• Vers la fin du camping à l'année : des milliers de Français inquiets

    Difficile d'avoir des chiffres précis : entre 70 et 120.000 personnes vivraient à l'année dans des campings aujourd'hui en France. C'est rarement un choix. Plutôt la seule façon qu'ils ont trouvé pour se loger. Une proposition de loi, votée à l'Assemblée à l'unanimité en novembre et qui sera présentée dans quelques semaines au Sénat, suscite chez eux une vive inquiétude.

    Dans un camping de l'Essonne, où des salariés logent à la semaine, mais aussi quelques "locataires" à l'année© Radio France Mathilde Lemaire

    La vie au camping n'est pas toujours synonyme de vacances, loisirs et détente. Le camping à la ferme de Boissy-sous-saint-Yon dans l'Essonne en est la preuve. La plupart des occupants sont là, dans leurs caravanes, du lundi au vendredi, le temps de leur semaine de travail en région parisienne. Ce sont souvent des ouvriers qui rentrent en région dans leur famille le week-end. Mais de plus en plus, le propriétaire est aussi sollicité pour accueillir sur son terrain des familles, de jeunes apprentis, ou des quinquagénaires pour qui le camping est une vraie solution de logement.

    "J'ai environ un coup de téléphone par semaine de personnes qui se trouvent dans la précarité. Elles ont été expulsées ou bien n'ont plus de quoi payer leur loyer dans le parc privé. Leurs demandes de HLM sont refusées ou en attente. Ces personnes n'ont alors pas le choix : plutôt que de finir par dormir dans leur voiture ou sous les ponts, elles optent pour la solution "caravane" ou "mobile home", un moindre mal pour elles " raconte Raymond proriétaire depuis 25 ans de ce camping. Raymond a un grand coeur. Souvent il ferme les yeux sur les factures impayées de ces occupants en grande difficulté. Mais d'autres propriétaires de camping seraient bien moins généreux. Certains profiteraient du fait que la demande est de de plus en plus importante, pour imposer des loyers surévalués.

    Pour Maurice, 58 ans, la vie au camping dure ainsi depuis 3 ans. "J'ai un micro-onde pour des repas chauds, les douches et les commodités à quelques mètres de ma caravane, un chauffage d'appoint électrique, c'est pas formidable mais étant donné ma situation financière, je n'ai pas le choix" raconte-t-il. Maurice est chauffeur routier. A cause d'un grave problème à la jambe, il a été déclaré inapte. La sécurité sociale lui verse quelques centaines d'euros chaque mois. Assez pour se payer une location de 220 euros par mois charges comprises au camping, mais pas assez pour prendre un appartement. Les loyers sont devenus inaccessibles pour lui. Même un studio cela lui couterait les deux tiers de ses revenus. Inimaginable !

    Ils seraient donc plusieurs dizaines de millliers comme Maurice à ainsi vivre à l'année dans des campings par nécessité. Mais pour le député UMP Jean-Louis Léonard, auteur de la loi votée en novembre à l'Assemblée, "ces chiffres sont erronnés". "Les personnes qui vivent ainsi dans des caravanes ou des mobile home par nécessité sont des exceptions. Les autres le sont par choix" explique le parlementaire pour qui "un camping ne doit pas être un habitat permanent". "Les maires ont un vrai souci aujourd'hui. Certains parcs résidentiels de loisirs n'ont plus de loisirs que le nom, et sont devenus des repères de vieux mobile home dans lesquels des personnes se sont installées illégallement dans des conditions souvent inacceptables. Cela s'apparente à des bidonvilles. On ne peut pas laisser faire cela plus longtemps" ajoute Jean-Louis Léonard.

    Des propos qui ulcèrent les associations de lutte contre la pauvreté. Elles dénoncent une chasse aux pauvres et une méconnaissance grave de la situation du logement et du mal logement en France. "Quand on a des loyers qui augmentent de 50 % en 10 ans, et des charges qui explosent, on a des personnes à tous petits revenus qui sont renvoyées vers de mauvaises solutions. C'est vrai le camping est une mauvaise solution, mais c'est toujours mieux que la rue. Alors oui c'est triste de constater que les campings sont devenus un amortisseur de la crise. Mais croit-on qu'on va régler les choses en expulsant ces campeurs à l'année? Non au contraire on va les pousser à migrer vers des terrains vagues ou sous les ponts. Ce qu'il faudrait ce sont de vraies solutions de relogement. Et sur ca, la proposition de loi UMP ne dit rien" s'insurge Christophe Robert, le délégué général adjoint de la fondation Abbé Pierre.

    A l'Assemblée en novembre, cette loi sur les campings a été votée à l'unanimité, avec les voix de la gauche donc. Mais les députés PS n'auraient pas saisi tous les aspects du texte. "Ils seraient passés à travers" commente le sénateur PS Thierry Repentin, conseiller de François Hollande sur les questions de logement. "Si comme prévu le texte est présenté dans les prochaines semaines au Sénat, nous devrions reprendre la main et empêcher qu'il ne soit au final adopté" conclut-il. Les associations l'espèrent très fort.

    http://www.franceinfo.fr/societe-sans-abris/le-plus-france-info/vers-la-fin-du-camping-a-l-annee-des-milliers-de-francais-inquiets-488987-2012-01


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