• Une crise de la finance dérégulée ?

    Une crise de la finance dérégulée ?

    Bien plus qu’une crise du libéralisme et de la finance dérégulée, tout cela témoigne d’une maturation nouvelle de la crise systémique du capitalisme mondialisé. Le système est devenu “ fou ”, non parce qu’il aurait dévié d’un capitalisme “ normal ” et “ sain ”, comme le prétend N. Sarkozy, mais parce que sa logique de rentabilité financière, “ l’argent pour l’argent ”, est poussée à son paroxysme.

    C’est donc des règles fondamentales du capitalisme qu’il faut commencer à s’émanciper, au lieu de parler de “ moralisation ” ou de “ transparence ” sans avancer sur de nouvelles règles.

    Surtout, on ne peut revenir en arrière vers “ le capitalisme de grand papa ”.

    Le capitalisme s’est beaucoup transformé depuis les années 1970. Ce système s’est exacerbé en devant financier. C’est “ un capitalisme au carré ” dans lequel la spéculation prend une dimension structurelle .

    En effet, les débuts de la révolution technologique informationnelle diminuent fortement le besoin pour les entreprises de dépenser pour les salaires et les équipements du fait de formidables gains de productivité. Cela rend disponible des masses considérables d’argent pour la spéculation, tandis que la mise en concurrence des salariés du monde entier, à partir des bas salaires des pays émergents, incite en permanence à la recherche de très hauts taux de profit.

    De plus, depuis 1971, avec le décrochage des monnaies de l’or, le dollar est devenu une monnaie commune mondiale de fait. Il permet aux Etats-Unis de s’endetter énormément auprès du reste du monde dans leur propre monnaie et de rembourser leurs prêts par l’émission de nouvelles dettes libellées en dollars. D’où une inflation folle de billets verts dans le monde favorisant et accentuant la spéculation.

    D’où aujourd’hui cette exacerbation de l’opposition entre les intérêts du capital et ceux des populations. Le système tourne de plus en plus en rond, pour lui-même, de façon perverse. Une obsession domine : faire de l’argent pour l’argent, contre la vie et l’avenir de l’immense majorité des populations, avec l’explosion du parasitisme, de l’immoralité de la rentabilité financière intrinsèque au capitalisme.

    Ces transformations sont irréversibles et rendent illusoire la promesse d’un “ bon capitalisme ” des entrepreneurs contre le “ mauvais capitalisme ” des spéculateurs comme dit Sarkozy. Elles appellent un dépassement du capitalisme, le maintien des règles fondamentales de ce système conduisant désormais à la catastrophe. C’est dire si les prétentions des uns à mieux le “ réguler ” et des autres à le “ refonder ” sont autant de pare-feux pour tenter de conserver l’ordre existant, alors qu’il faut commencer à le révolutionner.

    Qu'est-ce qui a mis le feu aux poudres ?

    L’étincelle est partie des Etats-Unis. Mais le feu s’est rapidement propagé au monde entier, tant le terrain avait été rendu sec par des années de fuite en avant dans la croissance financière des capitaux et la spéculation, à partir du levier de l’endettement, contre l’emploi, les salaires, les services publics.

    Des crédits “ à risque ” (subprimes) ont été largement distribués, outre-atlantique, à des ménages aux revenus de plus en plus modestes pour des achats de plus en plus coûteux de maisons, garantis par leurs hypothèques. Il s’agissait alors pour le gouvernement américain de soutenir la demande des ménages rendue fléchissante par l’insuffisance des salaires.

    Les banques ont transformé ces créances de plus en plus risquées en titres négociables sur le marché (titrisation) pour s’en débarrasser auprès de fonds financiers plus ou moins spéculatifs. L’offre de ces crédits a donc pu s’amplifier, permettant une explosion des transactions, des prix et de la spéculation sur les logements. En même temps les créances transformées en “ titres pourris ” ont été disséminées dans le monde entier.

    Tout cela a explosé quand les prix immobiliers, qui avaient pu énormément augmenter, se sont retournés et que les taux d’intérêt ont été relevés. Les non-remboursements de crédits et les ventes en catastrophe de logements se sont multipliés, les victimes se retrouvant sur le pavé, plus pauvres que Job.

    Mais la montée des impayés de crédit a suscité la crainte des défaillances des emprunteurs. Une méfiance durable s’est installée chez les banques jusqu’à les rendre réticentes à se prêter entre elles, tandis que la crise contaminait d’autres segments du marché.

    La paralysie des échanges interbancaires* a obligé alors les banques centrales* à injecter des centaines de milliards de liquidités. Mais rien n’y a fait.

    Pire, cela a permis de sauver la mise des spéculateurs qui, s’étant brûlés les ailes sur l’immobilier, ont joué sur d’autres marchés rendus spéculatifs par une demande supérieure à l’offre : le pétrole , les matières premières, l’alimentation…Les hausses de prix sur ces produits indispensables ont pesé sur la demande globale, miné un peu plus l’emploi, freinant la croissance mondiale.

    Au bout du compte, de grandes institutions financières se sont retrouvées en situation de faillite, obligeant, des deux côtés de l’Atlantique, à de premières interventions en catastrophe des Etats, avec des nationalisations partielles et ponctuelles.

    Aux Etats-Unis, cependant, les dirigeants, sous prétexte de refuser de sauver la mise des spéculateurs, ont laissé une grande banque (Lehmann brothers) faire faillite. Cela a engendré un panique mondiale bien plus grande encore, obligeant alors les Etats à des interventions systématiques de grande ampleur.


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