• Un enseignement en anglais dans les universités françaises ?

     

    Un enseignement en anglais dans les universités françaises ?

    EN IGNORANT LES EXPÉRIENCES NÉGATIVES DE L’ALLEMAGNE ET DES PAYS-BAS /
    mercredi, 22 mai 2013 / Claude Truchot /

    Professeur émérite à l’université de Strasbourg

    Le projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur et de la recherche qui va être mis en discussion le 22 mai préconise - comme la proposition de loi relative à l’attractivité universitaire de la France - de rompre avec le principe qui fait du français la langue de l’enseignement, des examens, des concours et des thèses. Ce principe est inscrit dans la loi de 1994, dite loi Toubon, et découle de l’article 2 de la Constitution selon lequel « La langue de la République est le français ».

    Une partie des enseignements effectués dans le cadre d’accords avec des universités étrangères ou de programmes financés par l’Union européenne pourrait ainsi être dispensée en « langues étrangères », ce qui veut dire en anglais. Dans la mesure où tous les cursus et diplômes à caractère international incluent nécessairement ces partenariats, et où toutes les formations universitaires ont vocation à être internationales, le champ ainsi ouvert à l’enseignement en anglais est donc vaste.

    On aurait pu s’attendre à ce que les effets prévisibles d’un tel projet aient fait l’objet d’études préalables et d’évaluations par les autorités publiques compétentes. Or il n’en est rien. Pourtant on peut se référer à de nombreuses références instructives puisque l’enseignement en anglais s’est très largement répandu en Europe du Nord, et qu’il a été développé en Allemagne depuis une dizaine d’années.

    Sur l’Europe du Nord, on dispose d’études et de témoignages que j’ai présentés dans diverses publications [1]. Et, sur l’Allemagne une véritable évaluation a été réalisée par la Conférence des chefs d’établissements d’enseignement supérieur, Hochschulrektorenconferenz, c’est-à-dire l’équivalent en France à la fois de la Conférence des présidents d’université et de la Conférence des grandes écoles [2].

    En Europe du Nord, le recours à l’anglais a été un moyen de compenser la faible diffusion internationale des langues nationales, considérée comme un handicap pour l’attractivité internationale des universités, notamment lors de la mise en place du programme d’échanges universitaires Erasmus qui a vu les étudiants se tourner en masse vers les universités britanniques, françaises et espagnoles.

    Pour ce faire, les universités nordiques et néerlandaises se sont appuyées sur une compétence acquise : la connaissance de l’anglais. Ces universités ont ainsi pu attirer une proportion plus importante d’étudiants étrangers. Précisons toutefois que celle-ci reste très largement inférieure à ce qu’elle est en France. En revanche, les effets négatifs sont multiples et de plus en plus mis en évidence :

    • Les langues nationales disparaissent des enseignements de haut niveau. Aux Pays-Bas, les masters tendent à avoir lieu presque exclusivement en anglais. Ainsi, en 2008-2009 à l’université de Maastricht, sur 46 masters le seul qui n’était pas en anglais était celui de droit néerlandais.
    • Calqués sur les enseignements dispensés par les universités américaines, les cursus perdent toute spécificité et ignorent les travaux scientifiques européens.
    • Aux Pays-Bas, les universités ont perdu non seulement l’usage du néerlandais, mais aussi l’ouverture internationale qui les caractérisait traditionnellement par la connaissance d’autres langues, surtout l’allemand et le français, actuellement ignorées des étudiants.
    • Si le niveau de connaissance de l’anglais parmi les enseignants est généralement considéré comme correct, l’usage qu’ils peuvent en faire n’est pas celui qu’en ferait un anglophone. Les cours sont récités, les échanges avec les étudiants sont limités, et ont souvent lieu dans une langue approximative. La perte d’information dans la transmission des connaissances est considérable.

    Le bilan probable, mais les autorités n’ont jamais osé le faire, est que la qualité de l’enseignement supérieur a baissé dans ces pays.

    Cette prise de conscience s’est faite en Allemagne à la suite de dix ans d’anglicisation. Le bilan par les chefs d’établissements est sans concession :

    • S’ils admettent que l’enseignement en anglais a pu renforcer l’attractivité de certains cursus, ils constatent qu’ils attirent des étudiants étrangers dont le niveau en anglais est insuffisant. De nombreux enseignants allemands n’ont pas « les compétences linguistiques requises pour garantir que l’enseignement dispensé en anglais soit de haut niveau ».
    • La polarisation sur l’anglais se fait aux dépens des autres langues et de l’ouverture internationale des universités.
    • La mise à l’écart de l’allemand des enseignements internationaux contrecarre les efforts faits pour développer la diffusion et le prestige de cette langue dans le monde.
    • Alors que les échanges internationaux devraient permettre aux étudiants, chercheurs et enseignants venant de l’étranger de connaître la culture et d’apprendre la langue du pays qui les accueille - ici l’allemand -, cet aspect est marginalisé.
    • Ce mode d’internationalisation crée de multiples problèmes de gestion auxquels les universités ne peuvent faire face.

    En lieu et place de l’anglicisation, les chefs d’établissement prennent position en faveur d’une ouverture internationale fondée sur des politiques linguistiques d’universités. La Recommandation qu’ils ont adoptée en novembre 2011 assigne à ces politiques un double objectif : d’une part, celui de préserver le rôle de l’allemand comme langue d’expression et de transmission des savoirs ; d’autre part, celui de garantir une formation linguistique diversifiée et de niveau élevé, incluant la formation à l’allemand des chercheurs et étudiants étrangers, la connaissance de l’anglais mais aussi d’autres langues.

    En somme on s’apprête à faire en France ce qui a été fait en Allemagne il y a dix ans, et ce à quoi les responsables universitaires allemands tournent résolument le dos actuellement, après un constat très négatif de conséquences qu’ils ont pu mesurer.

    On pourrait ajouter que si les pays nordiques, les Pays-Bas, l’Allemagne ont estimé pouvoir miser sur anglais, et constatent actuellement ses limites, un constat préalable réaliste est qu’en France on n’est pas en compétence de miser sur cette langue. En revanche, on dispose de celle de miser sur le français ; de recruter dans cette langue en s’appuyant sur des réseaux internationaux bien organisés et constitués à l’échelle planétaire ; de garantir aux étudiants et chercheurs étrangers une formation au français grâce à une compétence reconnue dans l’enseignement du français langue étrangère et seconde (FLE/FLS).

    Ce que les établissements d’enseignement supérieur devraient offrir en plus, qui ferait la différence et que n’offrent ni les universités anglophones, ni les universités nordiques, c’est une formation approfondie et diversifiée aux langues étrangères. C’est dans le développement cette compétence plurilingue qu’il faudrait investir.

    On ne contribuera pas à redresser l’économie française en faisant bafouiller dans l’enseignement supérieur un anglais de composition, mais en valorisant nos ressources linguistiques, en ouvrant nos universités et nos étudiants à des langues qui permettent de nouer des partenariats solides et durables, celles des autres pays et, en premier lieu, celles de nos partenaires les plus proches.

    Il voudrait mieux, pour une ministre de l‘enseignement supérieur et de la recherche, d’attacher son nom à une initiative linguistique novatrice qu’à un projet suiviste et dépassé.

    [1]  Europe : l’enjeu linguistique, Paris : La documentation française, Collection Études, 160 pages
    « L’enseignement supérieur en anglais véhiculaire, la question de la qualité » revue de géopolitique diploweb.com, http://www.diploweb.com/L-enseignement-superieur-en

    [2]  Hochschulrektorenconferenz, Politique linguistique dans les universités allemandes Recommandation de la XIe assemblée plénière du 22 novembre 2011 à Berlin
    http://www.hrk.de/beschluesse-nach-thema/empfehlung-sprachenpolitik-an-deutschen-hochschulen/

    http://www.medelu.org/Un-enseignement-en-anglais-dans

     
    Soyons résolument « modernes » : des cours en chinois dans les facs françaises !
    mercredi, 22 mai 2013 / Bernard Cassen /

    Secrétaire général de Mémoire des luttes, président d’honneur d’Attac

    Ce 22 mai, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso, met en discussion à l’Assemblée nationale un projet de loi dont l’une des dispositions clés est l’institutionnalisation de l’anglais comme langue de l’enseignement universitaire en France. Sous un camouflage hypocrite – il est question de « langues étrangères » et pas de l’une d’elles en particulier –, ce texte est un pas de géant vers la mise sous tutelle anglo-saxonne de l’activité scientifique française. Pas seulement française d’ailleurs : venant de Paris, l’exemple fera tache d’huile dans les autres pays francophones, notamment en Afrique, et dans ceux des langues latines proches (espagnol, italien, portugais).

    Une langue n’est pas seulement un outil de communication ; c’est, comme l’écrivait Gramsci, « une vision du monde » qui se décline en concepts, en approches intellectuelles, voire en valeurs. Y compris dans la science. C’est la pluralité et parfois la confrontation de ces « visions » qui stimule la créativité des chercheurs. Ce que propose Mme Fioraso, c’est de faire abstraction de sa langue maternelle et de penser tous directement en anglais, exercice où les native speakers auront toujours plusieurs longueurs d’avance sur les locuteurs d’autres langues, et où c’est l’avancement de la recherche, pris globalement, qui sera finalement perdant. La diversité linguistique est en effet un bien commun aussi précieux que la biodiversité.

    Nul ne sait si Mme Fioraso s’est jamais posé ce type de questions. En tout cas, les arguments qu’elle avance en faveur de son projet de loi ne témoignent pas d’une réflexion originale. Il s’agit, selon elle, de promouvoir l’ « attractivité » des universités françaises pour les étudiants étrangers. C’est en quelque sorte la version « enseignement supérieur » de la « compétitivité », cette chimère devenue l’alpha et l’oméga de la politique gouvernementale. Pour cela, une recette miracle – déjà préconisée dans le passé par, entre autres, Alain Minc, Claude Allègre, Valérie Pécresse ou Silvio Berlusconi – est appelée à la rescousse : l’anglais, et même progressivement le « tout-anglais » dans la science, la technique, la communication et l’enseignement.

    Il faudrait donc croire que des étudiants chinois, japonais, russes ou brésiliens viendraient en France pour suivre des cours dans une langue qui n’est ni la leur ni celle de leur professeur et de leur pays d’accueil. Cette proposition absurde, qui – sans la moindre vérification – sous-entend que ces mêmes étudiants et leurs enseignants seraient par ailleurs d’excellents anglophones, a été mise en pièces par, pour ne citer qu’eux, Claude Hagège et Michel Serres. Si les services de Mme Fioraso avaient pris la peine d’étudier la mise en oeuvre d’un telle politique linguistique dans les universités d’Allemagne et des Pays-Bas (lire l’article de Claude Truchot), ils auraient pu en constater le bilan globalement négatif. Pour un gouvernement qui a fait de l’invocation du modèle allemand le cœur de sa doctrine, la cause aurait dû être entendue et le texte de Mme Fioraso remisé au placard. Ce n’est pas le cas.

    Dans un communiqué, le Parti de gauche (PG) – seule formation politique à notre connaissance ayant, en tant que telle, pris parti sur la question – propose une explication : « On reste pantois devant un aveuglement aussi suicidaire qui revient à dévaloriser l’excellence de l’enseignement et de la recherche français et en français, et à faire une croix sur la francophonie pour un bénéfice nul. On ne peut expliquer un tel reniement que par des raisons idéologiques, par un atlantisme linguistique qui accompagne une aspiration à la servitude volontaire vis-à-vis du monde anglo-saxon, caractéristique notoire des « élites » françaises » [1]. Avec la victoire de New-York et de San Francisco sur Berlin, il s’agit bien en effet d’idéologie atlantiste et nullement de pragmatisme puisque, pour l’Université française, le jeu sera perdant-perdant.

    On ne s’étonnera donc pas que Le Monde assimile le refus de la vassalisation linguistique à une nouvelle bataille d’Hernani livrée par les Anciens contre les Modernes [2]. S’il n’avait pas une aversion politique contre le rouge, le quotidien irait même jusqu’à enfiler le gilet de cette couleur que portaient les soutiens de Victor Hugo à la Première de la pièce le 25 février 1830… Mais quitte à être « moderne », il faut l’être jusqu’au bout ! Et qui peut légitimement porter un gilet plus « rouge » que la République populaire de Chine, par ailleurs deuxième puissance mondiale avec une langue parlée par bientôt 1,4 milliard d’habitants, soit davantage que la totalité du monde anglophone.

    Pense-t-on sérieusement que, à moyen terme, ce géant ne revendiquera pas – et n’imposera pas, au moins dans sa zone d’influence et chez ses clients, dont les Etats-Unis – un statut de langue véhiculaire à vocation mondiale pour le mandarin ? Pour une fois, anticipons l’inévitable et, avec Le Monde, faisons campagne pour des cours en langue chinoise dans les universités françaises ! Mais faisons-le avec professionnalisme. Pas comme Libération dont la Une du numéro du 21 mai – entièrement en prétendu anglais – montre que ses rédacteurs ont encore quelques efforts à faire pour maîtriser les finesses de cette langue. Et encore davantage pour l’utiliser dans des cours de journalisme à l’université [3]…

    [1]  http://www.lepartidegauche.fr/non-l-atlantisme-linguistique-genevieve-fioraso-23267

    [2]  Le Monde, 11 mai 2013.

    [3]  On leur signalera, entre autres, que « projet de loi » se traduit par « bill » tout court, et non pas par « government’s proposed bill ».

    http://www.medelu.org/Soyons-resolument-modernes-des

    Envoyé par le PRCF :

     

    La Fédération nationale de la Libre Pensée (FNLP) a rencontré le 15 mai 2013, à son siège, le Collectif Unitaire Républicain de Resistance, d’Initiative et d’Émancipation Linguistique (CO.U.R.R.I.E.L.) , afin d’aborder les menaces qui pèsent sur la langue française.

     

    1-    Nos deux associations considèrent que la langue française, qui constitue par ailleurs la langue commune des pays de la Francophonie, est une expression tangible de l’Unité de la République et est un des fondements de l’État-Nation

     

    2-    Elles rappellent que la revendication d’une langue commune était une revendication réclamée largement par les Cahiers de doléances qui ont précédé la Révolution française.

    3-  Si nous ne sommes nullement opposés à l’existence et à l’enseignement de langues régionales  et autres idiomes comme expression de la diversité culturelle ; nous refusons fermement qu’ils soient mis sur le même plan que la langue française.

    A)- En conséquence, nous refusons toute modification de l’article 2 de la Constitution qui fait de la langue française la langue officielle de la République.

    B)- Nous demandons aux plus hautes autorités de l’État de ne pas ratifier la Charte européenne des Langues régionales et minoritaires. Cela serait entrer sur le chemin de l’éclatement de la Nation et de l’unité de la République ; cela constituerait aussi une source permanente d’inégalités des droits en fonction de la locution des citoyens. 

    C)- Nous refusons que le Code du Travail et les autres Codes juridiques soient traduits dans les langues régionales et que les procès et autres actes juridiques soient tenus dans ces idiomes, car cela constituerait un facteur d’éclatement et d’affrontement dans le pays. Il n’y a qu’une seule classe ouvrière et qu’un seul peuple : le peuple français.

    4-  Le  CO.U.R.R.I.E.L. et la FNLP ne s’opposent nullement à l’enseignement et à l’utilisation des langues étrangères, mais ils récusent le basculement insidieux de la France au tout-anglais. Nous constatons que la mondialisation (appauvrissement social et culturel) et que la « construction » européenne néo-libérale et supranationale s’accompagnent du développement d’un anglais de qualité médiocre qui est loin de la qualité et de la force de la langue de Shakespeare. L’avenir n’est pas à l’hégémonie d’une culture et d’une langue ; un internationalisme véritable implique au contraire de respecter l’égale dignite des peuples, donc l’égale dignité des langues, avec en parallèle le développement universel d’un véritable plurilinguisme, facteur d’enrichissement mutuel, de diversité, et de mutualisation des cultures. En résumé, le tout-anglais au rabais n’est que l’instrument de soumission et d’asservissement des peuples.

    5-      Nos deux associations dénoncent le saccage de l’enseignement de la langue française au sein de l’École publique. En quarante ans de contre-réformes (Haby, Jospin, Allègre, Fillon, Chatel…), un élève aura perdu 800 heures d’enseignement du français, du CP à la fin de la Troisième. Elles demandent le rétablissement des heures de français afin de permettre aux élèves et futurs citoyens d’avoir un niveau de connaissance suffisant dans la maitrise de la langue de la République.

    6-      La FNLP et le CO.U.R.R.I.E.L. condamnent le projet de loi Fioraso, en particulier son volet linguistique et appellent les parlementaires à refuser cette nouvelle régression. Loin d’abroger la loi LRU imposée par Valérie Pécresse, comme on était en droit de l’espérer, le projet Fioraso accentue la « libéralisation » à l’anglo-saxonne de l’Université. Au lieu de faire respecter la loi de 1994 qui fait du français « la langue de l’enseignement », au lieu de rappeler à l’ordre républicain les Grandes Écoles, notamment Sciences po et nombre d’écoles de commerce qui multiplient, voire généralisent l’enseignement en globish, le projet Fioraso légalise l’illégalité en l’étendant à l’Université. Sous couvert d’encadrer les dérives, le projet Fioraso donne un signal majeur à tous ceux qui veulent basculer un maximum d’enseignements au tout-anglais. Il ne s’agit pas seulement d’un risque de déclassement généralisé de la langue de Molière et de Victor Hugo, mais d’un nouveau frein à la démocratisation de l’enseignement supérieur.

    L’avenir des universités n’est pas dans l’allégeance à la prétendue « élite anglophone mondialisée », ni dans l’espoir d’une captation de « parts » du « marché mondial de l'enseignement » (sic) ; il est dans l’obtention des moyens publics nécessaires pour un bon fonctionnement de l’Université, dans l’encadrement décent des étudiants issus des milieux populaires, dans la mise en place de conditions d’accueil correctes faites pour les étudiants étrangers – notamment pour ceux qui viennent de l’Afrique francophone - , dans l’annulation des contre-réformes qui brident l’élan et l’originalité de la recherche française, dans la coopération à égalité entre les institutions universitaires de tous les pays. Avant et plutôt que d’être une « entreprise » soumise à des impératifs d’image et de rentabilité, comme le croient les promoteurs actuels de son "attractivité", l’Université est un service public au service des citoyens, porteur de la mission essentielle de former les spécialistes dont la Nation a besoin, en France même, pour développer sa culture, irriguer son industrie, et tenir sa place dans les enjeux de l'avenir.

    7-    Le CO.U.R.R.I.E.L. et la F.N.L.P. condamnent la politique linguistique insidieuse de l’Union Européenne qui, en violation de ses traités fondateurs, promeut le tout-anglais comme langue officieuse de l’Europe, notamment au parlement européen et dans toutes les initiatives, évènements et formations qu’elle met en place (comme le montre caricaturalement le monopole dont jouit l’anglais sur les sites informatiques de l’UE). A l’arrière-plan de cette politique délétère, on trouve le patronat européen qui, par la bouche du Baron Seillère, alors président de Business Europe (le « MEDEF » européen), veut faire de l’anglais « la langue de l’entreprise et des affaires ». 

    8-      Cette politique de basculement linguistique, liée à la mise en place du grand marché et de l’Union transatlantique (cf le manifeste du MEDEF Besoin d’aire, déc. 2011, ainsi que le dernier Discours sur l’état de l’Union de B. Obama), se traduit dans nombre d’entreprises – notamment dans certains groupes du CAC 40, mais aussi dans certains services publics à la dérive – par l’imposition du globish comme langue de travail unique ou principale, cela en violation de la loi de 1994 («  le français est la langue du travail »). Cela engendre souvent une grande souffrance au travail, des ouvriers que l'on soumet à des outils informatiques incompréhensibles (Danone…) aux  cadres qui souffrent dans leur dignité, dans le sentiment qu’ils ont de leur inefficacité professionnelle, dans les humiliations qu’ils subissent quand ils sont confrontés à de hauts responsables English Mother Tongue souvent promus de manière discriminatoire. Cela provoque aussi l’angoisse des salariés devant les problèmes de sécurité que pose le basculement à un anglais technique mal maîtrisé, in fine, non traduit et livré "tel quel" (transports, énergie, santé…) à l’initiative d’un patronat qui refuse de payer les frais de traduction (Air-France) et qui tourne le dos au mot d’Umberto Eco : « la langue de l’Europe, c’est la traduction », sans compter les notices diverses des produits commercialisés.

    9-      Dans ces conditions, la Libre Pensée et CO.U.R.R.I.E.L. sollicitent une entrevue, d’une part auprès de Mme Yasmina Benguigui, ministre déléguée à la francophonie et d’autre part auprès de Mme Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, pour leur faire part de leurs revendications.

     

    Paris, le 20 mai 2013

    http://reveilcommuniste.over-blog.fr


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