• Un député français embarque sur la Flottille de la Liberté

    Le 18 juin sera un grand jour dans le port de Marseille. Le Bateau français pour Gaza préparé par des dizaines d’associations, de syndicats et de partis politiques prendra la mer pour briser le blocus israélien contre Gaza. Jean-Paul Lecoq, député-maire PCF, s’associe à l’initiative humanitaire et non-violente.

    Parti Communiste Français

    Le comité havrais Un Bateau pour Gaza réunit une vingtaine d’organisations. Depuis des mois, les militant-e-s mènent campagne pour soutenir financièrement l’envoi d’un bateau vers Gaza et dénoncer la politique d’apartheid menée par l’Etat israélien. Plus de 4 000 euros ont ainsi rejoints les autres collectes régionales dans la tirelire commune qui culmine à 600 000 euros. Pari gagné. Le Bateau français pour Gaza peut partir.

    Trente-cinq personnes prendront place à bord. Parmi elles - avec une cravate rouge sur la photo - Jean-Paul Lecoq, député-maire communiste de Gonfreville l’Orcher (Seine-Maritime). Membre de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, il s’était rendu à Gaza en février 2009, peu de temps après Plomb durci, la sinistre opération militaire israélienne. « Toute la zone d’activité de Gaza était rasée, broyée. Ce n’était pas que l’effet d’une opération militaire. Derrière les canons, les bulldozers étaient passés. Il y avait vraiment la volonté de terroriser la population palestinienne. Même les bassins de rétention d’eau, qui ne sont pas des terrains militaires, étaient détruits. Le président de l’Assemblée nationale avait promis de reconstruire l’hôpital de Gaza. Nous avions l’intention de revenir un an après pour voir l’avancement des travaux, mais nous n’avons pas eu l’autorisation. Nous y serions pourtant allés dans le cadre d’une délégation officielle… »

    À quelques jours du départ de la deuxième Flottille de la Liberté qui comptera une douzaine de bateaux venus d’Europe et du continent américain, Israël hausse le ton et fait jouer ses réseaux. Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU apporte aussi sa voix au mauvais concert en invitant les États à tout faire pour empêcher le départ des bateaux pour Gaza. « Il discrédite l’ONU », assure Jean-Paul Lecoq. Le 14 juin, Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, s’est également exprimé au Parlement sur le sujet. « S’agissant du projet de flottille, notre position est très claire et je l’ai rappelé aux autorités israéliennes comme aux autorités palestiniennes que j’ai rencontrées il y a maintenant dix jours. Nous pensons que cette initiative est regrettable et qu’elle ne peut qu’envenimer la situation. Nous avons demandé à tous ceux qui, en France, s’apprêtaient à y participer d’y renoncer. »

    « Cela dit, nous n’avons pas les moyens juridiques d’empêcher des bateaux de prendre la haute mer et de se diriger vers la côte israélienne ou vers Gaza », reconnaissait aussitôt Alain Juppé. Cette remarque tombe à pic pour répondre à celles et à ceux qui diabolisent la flottille pacifiste en la déclarant illégale, pirate ou même terroriste ! Curieuse manière d’analyser la situation. « C’est la politique israélienne qui ne respecte pas le droit international. C’est la politique israélienne qui est terroriste », assure Jean-Paul Lecoq.

    Les menaces israéliennes n’entament pas la détermination des militant-e-s venu-e-s de tous les horizons de gauche ou d’extrême gauche et au-delà. Étienne Pinte, député UMP, ne rate en effet jamais l’occasion de dire ce qu’il pense de la politique israélienne aux côtés du collectif Un Bateau français pour Gaza. « J’ai prévenu Alain Juppé que je serai sur le bateau, précise Jean-Paul Lecoq. La France se doit d’assurer la protection d’un navire français qui a en plus de nombreux Français à bord. » Message reçu ? Jean-Paul Lecoq n’est pas un inconnu au Parlement. En novembre 2010, il avait été expulsé du Maroc parce qu’il voulait se rendre au Sahara Occidental où une révolte sahraouie avait été violemment réprimée par les forces d’occupation marocaines. Sahara Occidental, Palestine. Même violence coloniale, même mépris des lois internationales.

    En mai 2010, une première flottille non-violente, pacifiste et humanitaire avait était violemment attaquée par la marine israélienne dans les eaux internationales. Bilan : vingt-huit passagers blessés et neuf morts. « Des meurtres », pour Jean-Paul Lecoq qui sera le 18 juin à Marseille où une série de rendez-vous politiques et festifs accompagneront le départ du bateau français. Le député-maire ne montera à bord qu’à Athènes, le 25 juin, pour la dernière partie de la traversée vers Gaza. Dans sa poche, il aura une lettre de Serge Grossvak, militant antisioniste de l’Union juive des Français pour la Paix, qui dit : « Amis palestiniens, je fais le rêve du jour où nous célébrerons ensemble tout à la fois les états israéliens et palestiniens. Je fais le rêve du jour où nous commémorerons tout à la fois les souffrances juives et palestiniennes. Ensemble, nous serons humains parmi les humains. »

    À l’occasion d’une conférence de presse tenue au Havre le 16 juin, Jean-Paul Lecoq, député-maire communiste de Seine-Maritime, a déclaré prendre part à la Flottille de la Liberté qui va naviguer vers Gaza pour briser le blocus israélien. À la veille du départ prévu le 18 juin à Marseille, Jean-Paul Lecoq écrit à Nicolas Sarkozy pour lui expliquer les raisons de sa présence à bord du navire. Le député demande également que la France protège les ressortissants présents dans l’expédition et fasse respecter le droit international.

    LETTRE OUVERTE A NICOLAS SARKOZY

    Monsieur le Président de la République,

    La population de la bande de Gaza subit depuis 2009 un blocus mené dans la plus totale illégalité par l’Etat d’Israël, la privant de vivres, de traitements médicaux et de carburants.

    En agissant de la sorte, cet Etat méconnaît le droit international et notamment la résolution 1860 (2009) des Nations Unies, lui demandant « de prendre des mesures constructives et radicales pour mettre un terme à l’enfermement de Gaza »

    Par ailleurs, toujours en application du droit international, la mer et les océans sont ouverts à tous et n’appartiennent à personne, en dehors de la mer territoriale propre à chaque Etat côtier. En l’occurrence, l’accès de la Palestine à la mer doit être libre puisqu’elle en est riveraine. Dans tous les cas, Israël n’a aucune compétence légitime pour interdire cet accès.

    Israël n’a également aucune compétence pour imposer à la Palestine des voies d’accès par son propre territoire. En conséquence, les voies maritimes doivent donc être ouvertes.

    Ce blocus est enfin une sanction économique. Or, seul le Conseil de sécurité des Nations Unies peut imposer une telle mesure.

    Nous constatons donc que l’Etat d’Israël ne fait aucun cas du droit international. Et cette situation inacceptable n’a que trop duré. Voilà pourquoi des organisations, associations, partis politiques et personnalités, ont décidé d’organiser une initiative baptisée « un bateau Français pour Gaza ». Ce bateau quittera Marseille le 18 juin pour rejoindre une flottille internationale qui partira de Grèce à la fin du mois.

    Je vous informe par la présente que je ferai partie de la délégation française qui embarquera sur ce bateau.

    Le « bateau français pour Gaza », aussi appelé « bateau pour la liberté », s’est donné pour mission d’acheminer de l’aide humanitaire aux habitants de ce territoire Palestinien. C’est donc une campagne pour l’arrêt du blocus illégal, pour le respect du droit international et pour la Paix. Cette flottille est totalement non violente.

    L’Etat Israélien n’est donc en aucun cas fondé à intervenir militairement. Cette précision s’impose quand on sait que son armée avait agressé les passagers d’une précédente flottille partie de Turquie. Le 31 mai 2010, neufs civils sont morts et plusieurs autres ont été blessés, lors d’une attaque par Tsahal de bateaux qui tentaient d’acheminer une aide humanitaire à la population de Gaza.

    Afin d’éviter que de tels drames se reproduisent cette année et fort de ces informations sur le bien fondé de nos intentions, je vous demande, Monsieur le Président de la République, de veiller à la protection des ressortissants Français présents sur ce bateau.

    Je ne doute pas que vous aurez à cœur d’assurer la protection de vos compatriotes, ainsi que le respect du droit international.

    À l’heure où l’Organisation des Nations Unies doit examiner la question de la création d’un Etat Palestinien en septembre, cette initiative est une occasion historique pour la France de reconnaître enfin la Palestine comme Etat à part entière, comme l’ont déjà fait 112 Etats membres de l’ONU. Cette reconnaissance permettrait également de réaffirmer l’existence d’un territoire Palestinien dans les frontières de 1967, c’est-à-dire en incluant Gaza et la Cisjordanie, sans se cacher derrière un prétendu « processus de paix » qui n’est qu’un prétexte pour ne pas reconnaître l’Etat Palestinien.

    Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en l’expression de mes salutations distinguées.

    Jean-Paul LECOQ

    Député de la Seine-Maritime

    Maire de Gonfreville l’Orcher

    La page Facebook du Bateau français pour Gaza

    Le site Internet du Bateau français pour Gaza

    La lettre de Serge Grossvak adressée aux Palestiens

    PACO sur Le Post


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