• Moyen Orient« La guerre civile numérique » 

    de Paul Jorion dans conversations pour demain Editions Textuel mai 2011 prix 14 €

    Internet et les nouveaux résistants !

    Les puissants de ce monde commencent à s'inquiétar car si l'existence de la toile permet à leurs différents services de noter et de surveiller les individus et de      mettre en place un énorme fichier, les citoyens avertis se méfient et commencent à installer des réseaux de résistance démocratique.

    En quelques minutes des centaines de milliers voire des millions de personnes peuvent avoir connaissance d'une information importante divulguée par des cercles      militants...

    Cette résistance internet nuit aux puissants... La "guerre" a déjà commencé

    Les nouveaux résistants !

    Méfions nous des grandes déclarations démocratiques notamment quand elles émanent de l’administration américaine. Obama a su tromper son monde pendant quelques mois : la prison de Guantanamo qui devait fermer retient aujourd’hui des prisonniers « détenus indéfiniment et sans jugement »...Les milieux d’affaires et les gouvernements qui les servent utilisent tous les moyens légaux et même illégaux pour empêcher que des informations sensibles soient divulguées au commun des mortels donc à nous.

    Paul Jorion revient très largement sur l’affaire Wikileads et les « bavures » meurtrières montrées au monde entier.  L’armée américaine a tué en Irak des « innocents » en 2007 . C’est une vérité à ne pas dévoiler, ni montrer et gare aux contrevenants : l’un est poursuivi par la justice suédoise pour tout autre chose dans le cadre « d’un coup tordu des services à l’ancienne » comme l’écrit le canard enchaîné, quant à l’informateur qui a rompu la loi du silence, il est inculpé et détenu dans des conditions « qui s’assimilent-ou en tout cas ont été assimilées-à de la torture. »

    Paul Jorion qui répond dans ce livre aux questions de Régis Meyran va fort très fort.

    Il explique comment s’organisent les nouveaux robins des bois du net qui contre-attaquent avec courage et talent malgré les menaces proférées et parfois exécutées par les « grands » de ce monde.

    Les puissants possèdent tout ou presque mais face à la coalition de ceux qui bafouent les valeurs démocratiques se lève une « armée » de « pirates » de l’informatique, aguerris. La situation serait pré révolutionnaire : le sentiment d’injustice se développe, les mensonges des gouvernants sont dénoncés dans la quasi immédiateté et avec internet, une mobilisation spontanée peut conduire à changer la donne. Personne n’a pu prévoir les bouleversements de régimes en Tunisie et en Egypte....Une situation pré-révolutionnaire peut aboutir à une libération des peuples mais rien n’est inscrit dans le marbre.

    Nous sentons un monde qui bouge, des citoyens qui s’approprient l’outil numérique pour briser les tabous et combattre l’injustice.

    Mais en face, ceux qui détiennent tous les leviers économiques et politiques sont prêts à tout pour empêcher que la soif de justice et d’égalité ne conduise à la fin de leur règne.

    Voici là des réflexions intéressantes et une argumentation solide qui nous donnent envie de mieux maîtriser le net et de participer au débat permanent et utile sur l’organisation de la résistance contre ce monde de violence et de corruption .

    Jean-François Chalot


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    Révolutions : "Internet a besoin de la télévision pour atteindre la masse critique" 

    Entretien avec Catherine Bertho- Lavenir, historienne et médiologue. Elle revient avec nous sur le lien entre médias, technologie et les révolutions. Du Printemps des Peuples et le télégraphe aux Indignés d’Espagne et Internet, en passant par les révolutions arabes.

    Est-ce-que comparer le Printemps des peuples de 1848 avec ce nouvel outil qu’était le télégraphe, et les révolutions arabes et Internet vous semble pertinent ? 

    C’est effectivement intéressant sur deux points. D’une part il y a la contagion révolutionnaire, d’autre part le débouché politique. Parce qu’on peut décider avec Tweeter ou Facebook de se rassembler, mais ce n’est pas cela qui offre un réel débouché politique et des institutions.

    En 1848, le réseau télégraphique est entre les mains de l’Etat, du ministère de l’Intérieur. Ce qui passe dessus sont donc les messages gouvernementaux et les dépêches des agences de presse, françaises et internationales, qui alimentent les journaux de province. L’information transite donc, mais comme les gouvernements en contrôlent le contenu, il n’y a pas de message républicain. Les socialistes n’ont pas accès à cette innovation et se contentent d’interpréter l’information officielle. Le télégraphe n’a donc pas directement porté le message révolutionnaire. En France en 1848, on est avant tout dans l’oralité, la réunion entre proches et les petits journaux clandestins pour faire passer le message politique.

    C’est l’émeute urbaine qui va déclencher la révolution. Emeute qui se transforme en révolution quand il y a concrétisation politique. Mais c’est vrai que l’arrivée rapide des nouvelles de révoltes en France a poussé au soulèvement d’autres pays. En ce sens, le télégraphe a aidé à la contagion de l’émeute, selon l’idée : s’ils y sont arrivés, pourquoi pas nous. Mais c’est le premier mouvement socialiste et la première internationale qui a permis de passer de l’émeute à la révolution. Même si la situation, au départ comme à l’arrivée, est très différente selon les pays européens.

    Et en ce qui concerne les révoltions arabes ?

    Avant d’arriver au média Internet, revenons à la télévision. C’est ce qui reste le média d’information central pour toucher les masses, même si elle est contrôlée facilement par le pouvoir. Sauf Al Jezeera, captée par internet ou Parabole, qui a été le média le plus important, lorsque la chaîne a décidé de couvrir au jour le jour les évènements. Parce que qui a Internet en Tunisie et en Egypte ? Les jeunes, relativement riches. C’est une avant-garde éclairée. Encore que la situation en 1848 était sensiblement la même, la base de la contestation c’étaient des étudiants, imprimeurs et petits intellectuels.

    Alors lorsqu’on dit que les révolutions arabes ne se seraient pas fait sans Internet, on surestime ce média ?

    Ce que je vois sur les usages d’Internet, c’est que ça fonctionne aujourd’hui en synergie avec les medias traditionnels. Ca rentre en résonnance avec, ça pénètre et inspire les médias classiques. Mais dans le cas des révolutions, il y a besoin du relais de la télévision pour atteindre la masse critique.

    Pourtant à l’origine, les premiers rassemblements se sont organisés sur Internet. C’est encore plus marquant avec le mouvement des Indignés en Espagne.

    Effectivement des individus non organisés, c'est-à-dire qui ne sont pas adhérents d'un parti, d'un syndicat ou d'une association, se retrouvent après un appel sur Tweeter ou Facebook. On reste dans un cadre de la relation d’individu à individu. On se regroupe autour de quelqu’un, sur une logique de partage d’affinités, d’émotions. On rassemble des amis, contacts, ceux qui ont un « profil » proche. Le sentiment d’appartenance, notamment générationnelle est déterminant. Dans un système bloqué comme en Tunisie, ou en Espagne où toute une population se sent sans alternative politique, cet usage d’internet a au moins l’intérêt de remobiliser une population tenue à l’écart du jeu politique traditionnel. Mais pour qu’il se passe quelque chose, il faudrait une concrétisation politique. Peut-être inventer quelque chose de nouveau, mais est-ce qu’on peut vraiment se passer d’un parti traditionnel…

    Démocratie réelle et prise de parole, sont les principales revendications des Indignés. Ne trouvez-vous pas ces mots d’ordres très liés avec cette génération Internet ?

    On a pu croire qu’Internet allait vraiment changer les choses, donner la parole, de manière égalitaire à de nouveaux individus. Pour la gauche, c’était l’espoir de redonner la parole aux minorités. Et pour la droite américaine, ne pas laisser les journalistes confisquer le discours public. En réalité, Internet recrée de l’institution : les blogs influents se fédèrent principalement autour des sites de la presse traditionnelle. On a remarqué qu’Internet reproduit une même logique d’écran, d’intermédiaire entre l’information et son récepteur. C’est vrai qu’Internet autorise la prise de parole de n’importe qui. Ce n’est pas ça qui fera sens dans le débat public, mais rien n’empêche d’essayer.

    Pour revenir aux indignés, je reste convaincue qu’un mouvement qui ne débouche pas sous une forme d’initiative politique organisée, s’il n’y a pas de possibilité d’institutionnalisation, reste une révolte et pas une révolution. Il n’y a pas de réponse technologique à une question qui ne l’est pas. Pour répondre à un problème politique, la réponse doit être politique.

    La technologie peut déstabiliser, détruire, mais ne construira rien de politique. Les grandes difficultés que connaissent actuellement la Tunisie et l’Egypte en sont la preuve.

    Bibliographie, F. Barbier et C. Bertho Lavenir, Histoire des médias, De Diderot à Internet, A. Colin C. Bertho Lavenir, La démocratie et les Médias, A. Colin Vient de paraître (en mai) : C. Bertho Lavenir, Voyages à vélo, Paris-Bibliothèque-Actes Sud.

    Voir aussi, Les Indignés : un mouvement né sur le Web

    Indignés de France : témoignez

    Pierric Marissal

     

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     Hadopi : des données confidentielles dans la nature?

     Un serveur de test de TMG, la société privée chargée par Hadopi de surveiller les échanges de fichiers protégés sur le Web français, a été accessible librement. Voilà aussi à quoi on s’expose lorsqu’on confie la surveillance des Français à une unique société privée.

    Et c’est un peu inquiétant. Déjà qu’il y ait une fuite, révélée vendredi dernier par le bloggeur Bluetouff. Si TMG (Trident Media Group) a assuré dans un bref communiqué lundi qu'"aucune donnée confidentielle n’a donc fuité à l’extérieur de TMG", Numérama laisse entendre l’inverse. Un Anonyme – on ose la majuscule puisque lui même se réclame du collectif d’Hacktiviste Anonymous – leur a fourni la preuve inverse. A savoir une archive contenant plus de 5000 fichiers contenant notemment des constats d’infraction : l’adresse IP, la ville, le fournisseur d’accès, la date et l’heure du constat et le nom du média protégé partagé illégalement. Si vous voulez jeter un œil aux fichiers (films et musiques) surveillés, un exemple est disponible. On ne sait pas si ces fichiers concernent expressément Hadopi, TMG travaillant également directement pour des Majors. On trouve une majorité d’œuvres américaines, mais aussi pas mal de films français : Mammuth, Mesrine, Le Petit Nicolas, Serge Gainsbourg, vie héroïque… On y trouve même une belle aberration, la surveillance du partage d’une image : un fond d’écran haute qualité de Mickael Jackson.

    Ces données étaient accessibles sur le serveur de test de manière très simple, sans cryptage ni mot de passe. Il suffisait de savoir où chercher. Ce qui pose problème étant donc les informations personnelles et précises sur les internautes surveillés. Hadopi a d’ailleurs annoncé très rapidement par la voix de son secrétaire général Eric Walter qu’ "elle prenait le problème très au sérieux", et qu’elle suspendait temporairement son interconnexion avec la plate-forme de surveillance de TMG. La chasse aux pirates est donc pour l'instant stoppée. A en croire son service de presse, la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) est d’ailleurs actuellement à Nantes, siège de la société TMG, pour une enquête qui pourrait prendre plusieurs jours. Si on ne connaît pas l’ampleur réelle ni la nature exacte des informations qui se sont échappées, Bluetouff rapporte que le logiciel utilisé par TMG pour traquer les pirates se partageant des œuvres protégées était depuis disponible au téléchargement en ligne. Ainsi qu’une liste de fausses identités, pas forcément exhaustives, qu’emploie l’entreprise sur les réseaux P2P (Peer to Peer, les réseaux où s’échangent films, musiques, jeux...) pour piéger les internautes.

    Un problème qui fait ressortir les nombreuses réticences qui se sont exprimées, lorsque l’Hadopi a annoncé confier la surveillance des réseaux P2P français à une unique entreprise privée. Car si la CNIL estime que TMG ne protège pas assez ses données confidentielles, elle pourrait empêcher l’entreprise de continuer à collecter les données personnelles et donc porter un sérieux coup à l’Hadopi.

    Pierric Marissal

     

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