• Sur la route

    Epinay, dimanche, 1er mai 2011

    Aux enfants libyens assassinés par les tueurs d’occident Aux enfants d’Afrique et du monde

    Trois petits enfants sur la route de Tripoli C’est le printemps il fait beau ils sont partis Cueillir des branches de tamaris qui ont des fleurs roses ah oui ! Au printemps les arbres ça fleurit dans ce pays ? Malgré la connerie des gens partout ravis Qui crient vengeance qui crient vas-y ! C’est l’heure de se remplir la panse c’est midi Leurs mains ne serreront rien dans leurs doigts raidis Trois petits enfants ce sont les fils de qui ? Ah bon ! tant mieux ressers-nous un whisky

    Trois petits enfants sur la route de Lockerbie C’est l’hiver il fait froid la neige joue bleue dans leurs yeux Les mélèzes ont perdu leurs épines roses ça vaut mieux Avec les plumes des oiseaux morts un lit moelleux Est prêt et un drap suaire très joli taillé pour eux Des types ont décidé que la fête aura lieu Un peu avant la date où les sapins font feu De toutes leurs branches en hiver les arbres se sapent joyeux De flammèches blanches allez allume ! tant pis pour eux Hein ! quelle foutaise que tous leurs bons dieux

    Trois petits enfants sur la route de Benghazi C’est le printemps et les tamaris sont en fleurs ici déjà ? Les hautes tours blanches se penchent la cité moderne dans le lac se noie Les palmiers aux grands bras nus sont les seigneurs de la medina Mais les gamins ont la peau noire c’est en Afrique ce pays-là ? Pourvu qu’ils y restent le reste on ne sait pas Leurs parents sont venus du Tchad du Mali du Niger pourquoi ? Ce sont des fils d’esclaves alors basta ! Leurs mains ramassent des éclats de miroir où ils voient Pour la dernière fois leur frimousse qui mousse d’effroi

    Trois petits enfants sur la route de Gaza C’est l’hiver dans les oliviers s’ébroue le jour gris A l’intérieur de la baraque en parpaings il n’y a rien tant pis Deux trois branches ça fera un tapis aux nuances jolies Sur le feu de débris la galette de semoule cuit Le ciel enchante les bougies de la nuit De l’autre côté de leurs écrans les monstres rient Bientôt ce sera un gigantesque incendie Trois petits enfants ce sont les fils de qui ? D’un pays sans peuple ressers-nous un whisky !

    Trois petits enfants sur la route d’Ubari C’est le printemps il y a longtemps qu’ils sont partis De l’oasis entre les troupeaux de dunes la lune les suit Les longues oreilles blanches des fennecs frôlent sans bruit Leurs chevilles légères que la rosée rafraîchit Pas de danger que les maudits les poursuivent ici Au désert les cairns ont remplacé les fusils Moula-moula qui sautille à côté d’eux a dit Pas de souci ils arriveront bien avant midi Oum el Ma a préparé pour eux une maison d’oubli Au pied de chaque palmier du lac vert est enfoui Un petit éclat d’enfance ébloui.

      Posté par Neij


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