• Gaspillage

     
    1,3 milliard de tonnes d'aliments partent à la benne chaque année chez ceux qui ont trop pour que ceux qui n'ont rien crient famine en silence.
    Les infos de la journée sont revenues en boucle sur le sujet, pour faire prendre conscience ou pour culpabiliser ?
    La prise de conscience n'est plus si simple dans le monde d'aujourd'hui où le consommateur des pays dits "développés" est bien loin des producteurs qui le nourrissent.
    Il en est loin par la connaissance en ignorant beaucoup de ce que représente la culture, l'élevage ou la pêche. Le consommateur d'aujourd'hui n'a pour interlocuteur nourriture, le plus souvent, que l'employé(e) à bas coût qui tente d'atteindre le rayon du supermarché en slalomant entre les caddies avec son trans palette chargé de fruits toujours glacés au sortir de la chambre froide, de boîtes ou de paquets. Il est rare d'avoir en face de soi un marchand de primeur, un vrai boucher ou un épicier authentique connaissant à la fois la matière et son métier, et qui en parle. L'industrialisation de la nourriture, à la source agricole qui n'est plus paysanne comme à tous les maillons de la chaîne de transformation et de la distribution a conduit à faire de la nourriture qu'une marchandise de l'offre. Pour s'en convaincre il suffit d'observer le comportement des gens le long des étals du marché et dans les rayons d'un supermarché. Les démarches sont bien différentes, au delà du relationnel, dans le rapport aux choses. Il n'est pas rare de croiser aujourd'hui quelqu'un qui ne sait pas éplucher les bettes-cardes, ou qui n'imagine pas qu'on puisse accommoder des restes.

    C'est la béatitude journalistique face à ces problèmes qui m'exaspère aussi ; les commentateurs n'hésitent pas à annoncer qu'un français jette en moyenne 50 kilos de nourriture par ans... qu'il pourrait économiser entre 500 et 1500 euros en ne gaspillant pas... 
    C'est peut-être vrai ; et c'est encore plus grave de le présenter de la sorte.
    Pour ma part jeter de la nourriture ne peut pas exister ; au pire un fruit qui s'est gâté ou la graisse d'un pâté ! Il est vrai qu'on prend soin des légumes qu'on fait pousser, jusqu'à leur récolte et jusque dans l'assiette... et s'il reste quelques morceaux de pot-au-feu c'est avec une bonne fricassée d'oignons qu'ils finiront.
    Cette attention à ne pas gaspiller la nourriture appartient peut-être au passé, héritage d'une vieille culture paysanne qui savait préserver ses biens et sa nature.
    Les populations déracinées en ville aujourd'hui ne sont pas nécessairement coupables du gaspillage ; elles en sont plutôt les instruments et les victimes. Les instruments aux mains des capitalistes de la distribution qui n'ont d'autre loi que celle du profit et qui vont harceler la clientèle dans un déluge de produits pour lui faire consommer l'inutile... les victimes en bout de chaîne qui devront payer dans le peu de produits consommes, tout ce qui a disparu depuis le champ du producteur, les poubelles des transformateurs et de la distribution.
    Le consommateur est aussi loin physiquement des producteurs : les étiquettes des rayons fruits et légumes devraient interroger quand on y lit des provenances si lointaines que souvent le transport représente une part bien plus importante que la production dans la formation du prix. Et les consommateurs ne sont plus guère interpellés par l'arrivée des fraises en janvier...
    Affranchi de l'espace et du temps la marchandise nourriture ne fait plus le lien des mains de l'agriculteur à la table de l'ouvrier. Et c'est peut-être ce lien rompu par les profiteurs intermédiaires qui étranglent aussi bien le producteur que le consommateur, qui autorise le gaspillage.
    Juste un détail révélé benoîtement par les bavards du petit écran : toute la nourriture gaspillée permettrait de nourrir la part de la population du monde qui souffre de la faim... Insupportable et scandaleuse coïncidence !


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  • Enfants, parents, mariage... le désir et le droit.


    Tout le monde parle du mariage pour tous. Le gouvernement l’a placé parmi les urgences de ses premiers mois de travail, les médias le traitent quotidiennement sous toutes les coutures et certains évoquent un nouveau "grand" débat clivant de société, une nouvelle grande bataille opposant une droite conservatrice et rétrograde à une gauche moderne et progressiste.

    Pourtant, autour de moi, dans les discussions de quartier, ce n’est pas un sujet qui préoccupe. Tout le monde sent la précarité qui explose, les tensions sociales qui mettent en péril le vivre ensemble, et chacun écoute avec de plus en plus d’angoisse les échos des guerres un peu partout, avec ce sentiment qu’on ne nous dit pas tout, que tout est compliqué, la France alliée du Qatar en Syrie et ennemi de ce même Qatar au Mali... En tout cas, partout, ce sont toujours les mêmes qui souffrent... et ce sont les dirigeants, notamment occidentaux, qui font les pluies d’obus, les surveillances de drones et de satellites, les services secrets et le financement des mercenaires...

    Alors, comment débattre de cette question du mariage à sa juste place, sans en faire le prétexte au clivage politicien, ni le masque médiatique des urgences sociales...

    C’est un sujet ou rien ne vaut le vécu, celui qu’on partage avec des amis, celui qui est fondé non pas sur l’érudition, mais sur la fraternité qui conduit à reconnaitre les situations personnelles des autres.

    Je fais partie d’une génération pour laquelle le mariage n’était pas du tout une obligation, plutôt le symbole d’une tradition rituelle qui enfermait les sentiments dans les conventions et souvent le mensonge. Mais je sais aussi que certains se trouvent dans une situation inextricable parce que le mariage reste de fait, plus que le PACS, une forme globale de reconnaissance par la société de la réalité d’un couple, et que dans certaines situations, le non mariage peut être dramatique. Une femme a vécue pendant 20 ans avec passion avec un homme que la maladie lui enlève brutalement. Elle vieillit sans lui, et beaucoup plus tard s’informe pour demander que ses cendres soient associées à celle de son ancien compagnon. L’administration lui refuse, ils n’étaient pas mariés. 30 ans plus tard, c’est pour cette femme une insulte à la réalité de son couple, une violence incompréhensible. Ce n’est pas une question d’homosexualité, mais c’est bien une question de mariage. Comment garantir la reconnaissance d’un couple, dans les situations qui font les grandes dates de la vie d’une famille, ces cérémonies funéraires qui restent les principaux moments de retrouvailles ? Je n’ai aucune raison de refuser à un couple homosexuel cette reconnaissance là.

    Il suffit aussi de se promener pour constater que les enfants ne sont pas tous dans la situation d’être élevé par un père et une mère. Familles monoparentales, familles éclatées, adoption... des milliers d’enfants apprennent à parler de leur mère, de leur père, et trouvent les mots pour parler à celui qui les a conçu, celui qui les a élevé... Il n’y a évidemment pas qu’un modèle, et pour certains, le seul père restera le père biologique quand pour d’autres, ce sera le père du quotidien.

    Je sais aussi que la vie crée des situations particulières. Un homme qui vit en couple, a des enfants, et décide de s’installer avec un autre homme. Des cas plus rares qui conduisent à la transformation de sexe. Il faut avoir connu un proche dans cette situation pour mesurer ce qu’elle représente de difficultés, de douleurs et en même temps d’exigences personnelles. Un ami a engagé le processus de changement de sexe puis l’a stoppé sans doute parce qu’il ne trouvait pas comment définir le changement de relation avec sa femme et ses enfants. Comment juger et décider à sa place ? Comment lui donner des droits limités en tant que père s’il avait choisi d’aller au bout ?

    Ces situations que la vie a faite, nous n’avons aucune raison de les stigmatiser, et évidemment pas de les réprimer. La loi doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse... et quand elle protège les droits d’un couple, d’une filiation, elle doit permettre de s’appliquer à toutes les situations que la condition humaine crée, avec sa complexité et sa part de mystère.

    Autre chose, est le buzz médiatique et l’utilisation de ces questions par ceux qui tiennent un discours global sur la famille et le couple. Que ce soit le conservatisme souvent religieux qui refuse de regarder la réalité de la vie des hommes et des femmes, ou ce capitalisme de la séduction qui fait de l’être humain une construction "selon mon désir", qui promeut les agitations de toutes petites minorités agissantes, loin du peuple et de ses urgences.

    On lit partout, et notamment dans la presse de gauche, qu’il y aurait bientôt un nouveau droit : le "droit à l’homoparentalité". J’avoue que les bras m’en tombent ! Je ne savais pas qu’il y avait un "droit à la parentalité" tout court ! C’est un bel exemple de l’idéologie qui fabrique des représentations dont l’objet n’est plus la question concrète qu’elle est censée résoudre, mais la mobilisation autour de "valeurs" étendards pour mobiliser les forces sociales loin de leurs réalités concrètes. Et ce sont les médias qui forgent le débat sur ces valeurs dont plus personne ne sait à la fin qui elles défendent.

    Tout le monde a dans sa famille un couple qui ne pouvait pas avoir d’enfants, et cette situation souvent douloureuse, n’a aucune réponse miraculeuse. La science et la technique ont fait d’incroyables projets, mais la réalité est là. Des couples vivent l’enfer d’échecs répétés de fivettes, parfois transformés en cobaye d’experts médicaux, des milliers arrivent finalement à la réussite, sans que cela ne garantisse en rien leur couple dans la durée. D’autres sont confrontés au long stress de l’adoption, qui conduit à s’interroger devant une famille aux fins fonds de l’Afrique. Est-ce bien ou mal d’adopter loin de chez soin parce qu’on a les moyens financiers de le faire ? Là encore, chacun se débrouille comme il et elle le peut.

    Non, il n’y a aucun droit à la parentalité, ni hétéro, ni homo, car l’être humain n’est pas un produit que la science ou la société peut vous garantir, comme elle devrait garantir un emploi ou un logement. Quelque soit le désir, l’enfant est ou il n’est pas. Personne ne peut revendiquer de dire "j’ai droit à un enfant selon mon bon désir". On connait toutes les dérives que la société du spectacle a produit de ce point de vue, les manipulations génétiques pour sélectionner les donneurs, les mères porteuses devenues une alternative à la prostitution aux USA... Je veux un enfant blond avec des gènes de prix Nobel...

    Notre société est profondément malade du capitalisme. Plus elle écrase la grande masse des êtres humains, plus elle leur fait croire qu’ils sont tous individuellement surpuissants, capables de tout, que la science et le développement permettent à l’homme de dire "mon désir fait loi". Je ne sais pas ce que sera l’humanité dans dix siècles, et en dehors des romans de science-fiction, tout le monde s’en fout. Mais à l’évidence, et pour très longtemps, l’être humain doit savoir rester modeste, devant la complexité de la vie comme de la planète, et cesser de se prendre pour un dieu tout puissant. Non, il ne suffit pas de vouloir pour avoir le droit ! La liberté a des limites. "Elle consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui", et cela vaut pour l’autre dans un couple comme pour l’enfant. L’enfant est un sujet, pas un droit des parents. Et quelque soit les situations concrètes dans laquelle un enfant peut être élevé, il sait toujours qu’il a eu un père et une mère, même si la vie les a éloignés de lui.

    Je suis convaincu que la proposition de loi du gouvernement repose sur une très mauvaise base au fonds, et que le choix d’une procédure rapide en pleine crise est politiquement dramatique.

    Il suffit pour le mesurer de se demander qui a inventé cette incroyable histoire d’un livret de famille qui ne porterait plus les mentions "père" et "mère" mais "parent 1" et "parent 2"... Cette approche technocratique qui numérote même les parents et bien sûr interpelle : pourquoi pas parent 3, n’a aucun avenir. Elle a été incapable de porter un débat de société au fonds, de permettre une appropriation populaire pour trouver les mots pour dire la réalité des couples et des parents, la réalité concrète, qui n’est certes pas uniforme, mais qui n’est pas non plus le grand bazar des individualismes.

    J’espère franchement que ce projet de loi ne sera pas adopté, et que le gouvernement trouvera le cadre pour permettre un vrai débat au fonds, pour aller vers une loi porteuse d’avenir. Rien n’empêche en attendant de prendre des décisions règlementaires pour résoudre des questions pratiques de responsabilités parentales à l’école, de droit funéraire...



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  • Soyez flexible mesdames 

     


    Une offre d'emploi qui peut vous faire plaisir mesdames (voire messieurs):

    Vous êtes «une femme dynamique et motivée, ouverte à la nouveauté, aimant le plaisir intime et possédant une bonne condition physique»? Cette offre est peut-être pour vous. L’entreprise belge Soft Love propose en effet une offre d’emploi, pour devenir testeuse de sex toys, rapporte le site Essentielle.be. Il s’agit d’un contrat à temps plein, pour une durée déterminée d’un an, «renouvelable en contrat à durée indéterminée par la suite», précise l’annonce. Le poste est à pourvoir en Belgique à partir du 1er janvier. Quinzaine de godemichés par mois Reste à voir à quoi pourrait ressembler une journée de boulot. Car si aucun «diplôme ou spécialisation» n’est exigée, la «testeuse» devra faire preuve de «professionnalisme» dans sa tâche. Concrètement, «elle recevra une dizaine à une quinzaine de godemichés à tester par mois», explique Nicolas Bustin, le cofondateur du site Soft Love. 
    A elle, ensuite, de faire une «évaluation sensorielle des produits destinés à la consommation intime. Et rédiger ensuite «des rapports détaillés et comparer les produits testés à ceux qui existent sur le marché», précise l’offre.


    Evidemment c'est du sérieux, vous aurez le droit en plus à un ordinateur portable et un smartphone dernier cri pour faire vos rapports sur la qualité des objets introduits.
    Avec la flexibilité et la compétitivité tant vanté par nos amis les patrons et quitte à en avoir plein le cul, autant prendre du plaisir avec le peu qui vous reste.

    http://www.gogocamino.com/


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  • Jean-Louis a 59 ans. Chômeur depuis février 2009, il vit avec 525 € par mois. Aujourd'hui à bout, il sort de sa réserve pour témoigner...


    «En un an, j'ai envoyé 852 demandes d'emploi. J'ai reçu 51 réponses, obtenu 28 entretiens pour décrocher au final 1 job d'un mois...»

    Attablé dans ce qui lui sert à la fois de cuisine, de bureau, de pièce à survivre, Jean-Louis Dubois, un Ariégeois de 59 ans, feuillette ce fameux cahier d'écolier dans lequel il a tout consigné avec la méticulosité et l'écriture d'un premier de la classe. Ses douze inscriptions dans des agences d'intérim, ses 10 inscriptions dans des boîtes de gardiennage, des pompes funèbres. Et puis, noir sur blanc, il a noté toutes ses demandes aux employeurs potentiels qui ne condescendent que rarement à lui répondre. Noté les visites aux secrétaires à la bêtise hautaine, méprisantes souvent, véritables pare-feu qui, lorsqu'elles ne vous signifient pas d'aller voir ailleurs, jettent négligemment votre CV comme s'il s'agissait d'un papier gras en bout de bureau ou vous raccrochent au nez comme on vous foutrait une main en pleine gueule.

    À première vue comme ça, Jean-Louis est un type normal, simple, posé, à la politesse des humbles et le salut toujours amical. Un type en apparence sans histoire, et pourtant. Jean-Louis est un AZF social à lui tout seul. Un à un, les fils de son parachute social ont lâché sans qu'il ait le temps de comprendre ce qu'il lui arrivait. Un licenciement chez Tecknal à Toulouse en octobre 2005 d'abord et c'est le début de la chute vertigineuse, pas de celle dont on fait un record et la une des journaux. Pas de boulot, et c'est le fil du ménage qui lui pète à la gueule et sa vie de couple qui part en torche, puis la banque qui lève la herse de l'interdiction bancaire, EDF qui coupe le compteur et les dernières lueurs d'espoir. Sans compter les amis qui tournent les talons, la famille qui prend ses distances et les huissiers qui eux, ne vous lâchent plus. Les impayés de loyer qui s'accumulent et la rue pour seule perspective d'avenir.

    Mais Jean-Louis n'est pas de ceux qui font le siège des bureaux de l'assistance sociale. Lui, ne veut pas faire l'aumône d'une aide palliative. Lui, c'est un job qu'il revendique pour se sortir de ce merdier sans nom. Lui qui a commencé à travailler à l'âge de 16 ans parce que son père lui a appris «la valeur du travail pour être un homme digne et debout», la fameuse «méritocratie»... «J'ai fait 27 métiers dans ma vie. Avant, on vous aurait dit "vous êtes sacrément compétent, Monsieur !" Aujourd'hui, on vous traite carrément d'instable ! Mais je ne veux pas faire de bruit, car j'espère dans le lendemain. Je veux travailler. Le travail c'est un socle. Mais je n'attends pas, j'ai demandé partout, même là où les gens ne veulent pas faire. Je force les portes parfois. Je combats jusqu'à l'extrême limite de mes forces !» témoigne avec dignité Jean-Louis.

    La «limite de ses forces», c'est 17 kg perdus en 6 mois, 144 euros par mois pour se nourrir. «Des fois, je passe 5 jours sans manger» témoigne-t-il, mal à l'aise car sa pudeur en souffre, avant de se reprendre : «Je suis un petit dans ce pays mais mon but c'est de trouver du travail… c'est ce qui me sauverait.» Enfant de Pamiers, Jean-Louis se souvient de son enfance et se souriant à lui même évoque ses amis sur le banc de l'école qui aujourd'hui sont pour certains, élus à la Ville. «Je connais du monde mais je n'ai jamais osé en parlé… Des fois, y'a des gens que tu croises dans la rue la tête basse… Ils hurlent en silence.»

    (Source : La Dépêche du Midi)

    http://comite.de.prives.d-emploi.et.precaires.cgt.ales.over-blog.fr/


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  • Etrange ! Le moral des ménages français continue de se dégrader ?

    Le moral des ménages français continue de se dégrader ?

    MInce ! L'espoir né de l'élection de François Hollande serait-il retombé ?

    L'INSEE publie chaque mois un indicateur de confiance des ménages, qui, au delà du "moral" des français, permet d'anticiper aussi l'évolution de la consommation. Et on sait que la consommation des ménages est le principal moteur de la croissance économique française, loin devant les exportations !

    Et bien, cet indicateur de confiance des ménages perd un point par rapport à septembre et s'établit à 84 points. Plus gênant, c'est que depuis mai, il a perdu 7 points !

    Mai, c'était l'élection de François Hollande, suivie en juin de l'élection d'une majorité socialiste - écologiste à l'Assemblée nationale. Une perte de 7 points de confiance des ménages indique clairement que le moral des français est à la baisse. 

    L'opinion des ménages sur leur situation financière personnelle future recule de 4 points même si leur avis sur l'opportunité de faire des achats importants est stable, indique l'Insee. Ces deux soldes d'opinion restent inférieurs à leur moyenne de longue période. En clair, les français ne voient pas leurs revenus s'améliorer à la longue : ils les voient plutôt baisser ! Rien de surprenant quand le gouvernement parle d'austérité, de hausse des prix du tabac, de taxes sur les retraites, etc. ! Pour les dépenses, si les français enquêtés ne les voient pas descendre, c'est peut-être parce que beaucoup d'entre eux dépensent déjà au minimum ?

    Quant au niveau de vie futur en France en général, les ménages sont plus pessimistes qu'en septembre et le solde correspondant perd encore 3 points, soit au total une baisse de 28 points depuis juin ! "Il rejoint ainsi son minimum historique de novembre 2011", constate l'INSEE.

    28 points de chute du niveau de confiance des français sur leur niveau de vie futur depuis juin ? Ce n'est plus une chute mais un effondrement !

    Et pourtant ! La majorité parlementaire et le Président ont changé !

    Le moral des français baisse mais la popularité de François Hollande et de son premier ministre aussi !

    Rien de surprenant puisque depuis juin, la nouvelle majorité écolo-socialiste se refuse à affronter les diktats des marchés, portés par l'Europe, le Médef ou la droite ! Malgré les annonces et peut-être de la bonne volonté, ce gouvernement n'arrivera à rien s'il ne tape pas du poing sur la table et s'il continue d'accepter les règles du jeu libérales, comme il vient de le faire en ratifiant le traité européen de super austérité !

    C'est bien pour cela que les communistes n'ont pas appuyé la candidature de François Hollande aux Présidentielles et qu'ils ont mené une campagne de rassemblement autour du Front de Gauche !

    Durant des mois, nous avons mené campagne pour une rupture politique en France, pour un programme qui affronte les responsables de la crise économique, les banques et la spéculation, une politique économique qui s'appuie sur la recherche, les industries et les services publiques pour relancer l'emploi et le pouvoir d'achat en réorientant les richesses produites en France vers ces secteurs, ce que nous appelions "rendre l'argent utile" !

    Cette rupture, nous la portions au sein du Front de Gauche, avec notre candidat aux Présidentielles, Jean-Luc Mélenchon, et avec nos candidats aux Législatives, Sandrine Cocagne et Thierry Desfresnes pour notre circonscription.

    Notre programme était en effet en rupture avec trente ans de politiques libérales qui ont ouvert notre économie à la spéculation et mis en concurrence les travailleurs du monde entier, ruinant les industries européennes pour le grand bénéfice des actionnaires des groupes industriels qui se sont délocalisés dans des pays émergents.

    Aujourd'hui, l'hémorragie industrielle se poursuit : Electrolux dans les Ardennes, Sanofi, Alcatel Lucent, PSA,... ! En Belgique, c'est Ford qui veut fermer un de ses gros sites de production. Le chômage en Espagne continue de grimper (25,02 % en septembre !) malgré des cures d'austérité qui devaient tout résoudre mais qui ne conduisent qu'à détruire les droits sociaux et les services publics !

    Les discours sur la réduction de la dette, sur l'austérité, sur la compétitivité ne conduisent qu'à enrichir les plus riches et à enfoncer les peuples dans le chômage et la précarité sociale et financière.

    Englués qu'ils sont dans ces dogmes libéraux, tout aujourd'hui prouve que les engagements de François Hollande et des socialistes sur le "changement" ne pourront pas se réaliser car ce gouvernement continue d'épargner la finance et la Bourse, comme le précédent.

    La baisse continue du moral des français et de la côte de popularité de la nouvelle majorité traduisent la déception des travailleurs et leur constat de l'impuissance des socialistes à changer leur réalité économique, à créer un espoir en un avenir meilleur.

    Camarades socialistes ! Nous avons appelé à voter Hollande au second tour pour faire tomber Sarkozy et sa majorité au service des grands patrons et de l'élite financière. Nous avons voulu créer les conditions d'un changement d'air, d'une nouvelle politique.

    Maintenant, réagissez ! Il ne peut y avoir aujourd'hui de politique d'accommodement du capitalisme comme dans les années 50 ou 60 s'il n'y a pas affrontement politique avec ces élites qui profitent à fonds de la crise !

    Les spéculateurs et les banques ont peut-être l'argent mais c'est celui des richesses produites par le peuple, par les travailleurs ! Ils ont l'argent, des autres, mais nous, nous avons le nombre.

    30 % des militants socialistes ont voulu un changement d'orientation dans leur parti.

    Retrouvons nous sur le terrain social et politique, avec les syndicats, les associations et le Front de Gauche pour montrer que le peuple peut se mobiliser pour contrebalancer le poids des quelques milliers de riches profiteurs du système capitaliste !

    Ouvrons un espoir à gauche ! Montrons qu'une autre politique est possible, qu'elle peut devenir majoritaire !

    Une politique de rupture avec le libéralisme portée par une gauche combative, voilà qui redonnerait de l'espoir aux travailleurs, aux classes populaires, et créérait les conditions d'une véritable mobilisation sociale qui porterait ce changement.

    http://andree-oger-pour-deputee.over-blog.com


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  • Nadine et François [1] vivent en couple et ils ont deux jeunes enfants de 5 ans et 2 ans. François est au chômage depuis plusieurs années, il n’a plus droit à l’Allocation Spécifique Solidarité. Il n’a pas non plus droit au RSA car les ressources de Nadine sont prises en compte. Nadine a tout à sa charge : le loyer, la nourriture, les assurances, etc.

    François sombre de plus en plus dans la dépression. Inscrit à Pôle Emploi, il ne reçoit qu’un vague suivi tous les trois mois. Alors, Nadine voit leur avenir s’assombrir : ses seuls revenus suffisent de moins en moins à couvrir les dépenses de la famille, et elle doit payer des impôts car elle ne s’est pas pacsée avec François. De toute façon, la situation de François laisse davantage émerger la question de la séparation que celle d’un pacs : Séparée de François, Nadine aura droit a l’Allocation de Soutien Familial : une pension alimentaire pour chaque enfant versée par la CAF, et une bouche de moins à nourrir : celle de François ! Séparé de Nadine, François aura droit au RSA, à la CMU et aux allocations logement.

    Alors François se renseigne pour un logement : « Vous n’avez droit à un logement qu’avec des ressources ». Alors François se renseigne pour le RSA : « Vous n’avez droit au RSA que si vous quittez votre conjointe ». Ainsi, François ne peut pas quitter Nadine s’il n’a pas d’endroit où aller, et il ne peut pas trouver de logement s’il n’a pas les ressources qu’il aurait en quittant Nadine... Des disputes explosent. Et l’entourage de Nadine s’indigne contre François. Mais François se sent dans une impasse. Il répond aux offres d’emploi mais n’obtient aucune réponse. Il pense à quitter Nadine afin de cesser d’être une charge pour elle, mais il craint de rejoindre les quelques 200 000 SDF de France.

    Nadine téléphone à une assistante sociale mais le standard téléphonique fait barrage. Lorsqu’un jour, une dispute se termine avec des couverts de table qui volent jusqu’au plafond, et un couteau de cuisine qui vient se planter dans le sol, tout près des petits pieds de leur fils de 2 ans. Nadine rappelle de nouveau l’assistante sociale, mais ne pouvant la joindre, elle laisse au standardiste ce message : « je souhaite joindre une assistante sociale parce que je pense que mes enfants sont en danger ! ». L’assistante sociale contacte alors Nadine, seulement par téléphone, pour lui conseiller d’emmener ses enfants chez leur mamie si cela venait à recommencer. Nadine est désemparée.

    Elle va voir un psy pour elle-même car elle sent qu’elle va de plus en plus mal et cela se ressent à son travail. Elle emmène aussi son fils de 5 ans chez un pédopsy car elle sent que, lui aussi, ne va pas très bien : « Il est dans sa bulle » lui explique la maîtresse... Enfin, elle arrive à convaincre François de rencontrer un psychiatre. Mais Nadine doit payer au préalable une mutuelle pour François et elle doit faire l’avance des frais de plusieurs consultations car les remboursements tardent longtemps. Lorsqu’un jour, François qui s’apprêtait à aller à son rendez-vous, découvre que des frais de tenue de compte bancaire ont absorbé son dernier remboursement de sécu. Il n’a donc plus l’argent pour payer sa séance et il n’ose pas en redemander à Nadine. Alors, François abandonne la cure.

    François fini par faire une demande auprès du Centre Médico Psychologique, mais l’attente est de plusieurs mois. Nadine propose, entre temps, une psychothérapie de couple. Le psychothérapeute de couple comprend alors le désarroi de François. Il explique à Nadine que François n’est pas en capacité de travailler. Il devrait avoir droit à une aide. Le CMP finit par contacter François, mais il ne lui propose qu’un suivi mensuel alors qu’il aurait besoin d’un suivi hebdomadaire. François se résigne. « Les centres médico-psychologiques sont débordés, ils font ce qu’ils peuvent... » dénonce N. Cherkasky, psychologue clinicienne, dans le reportage « Chômage et dépression : Attention, danger ! » [2]

    "J’ai besoin de gagner ma vie, j’ai trois enfants à charge. Mon indépendance financière est, comme pour des millions de Françaises, une réalité concrète et une priorité", explique Valérie Trierweiler, (AFP, 11 Mai 2012). Lorsque votre conjoint n’est pas « normal » mais malade et dépendant de vous, que penser de cette réalité concrète, de cette priorité : lorsque vous ne trouvez pas l’aide nécessaire auprès de psychiatres ou d’assistantes sociales ? Lorsque vous n’avez pas droit à l’Allocation de Soutien Familial alors que vous êtes seul(e) à subvenir aux besoins de vos enfants, et que vous devez, en plus, assurer l’alimentation, la mutuelle, etc., pour votre conjoint malade ? Lorsque vous payez des impôts car la situation sociale, si difficile, peine à se concrétiser ? Quelle aide la société apporte-t-elle aux personnes en dépression qui ne peuvent trouver un emploi ? Quelle aide est accordée à leur famille qui ont parfois même l’interdiction, de ce fait, de mettre leurs enfants à la cantine ? [3]

    « Tout comme le chômage, la dépression est un tabou » explique l’association Apnée [4] « [C’est au chômeur de se débrouiller avec son mal-être et d’aller frapper à des portes où sa souffrance, s’il n’a pas les moyens de s’offrir un psy, ne sera pas considérée ».

    Tandis que Valérie Trierweiler pense à son indépendance financière, pourrait-elle envisager une indépendance de chaque individu à travers l’idée d’un revenu social, universel et inconditionnel ? « Il permet une répartition ambitieuse des richesses pour que chacun puisse vivre dignement. » [5]

     

    [1] Les prénoms ont été changés

    [2] actuchomage.org

    [3] actuchomage.org

    [4] [http://www.actuchomage.org/2012060621102/L-actualite-du-site/enfants-de-chomeurs-interdits-de-cantine-la-justice-saisie.html]

    [5] pourunrevenusocial.org

    http://altermonde-sans-frontiere.com


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  • Pain au chocolat et ramadan, nouveau coup d'éclat de Jean-François Copé


     
    © AFP

    Jean-François Copé a enflammé les réseaux sociaux en évoquant, pendant un meeting, l'histoire d'un garçon qui se serait fait "arracher son pain au chocolat" par des voyous essayant d'imposer par la force le jeûne musulman du ramadan.



     

    En perte de vitesse dans la course à la tête de l’UMP, Jean-François Copé a dégainé l’artillerie lourde. Après avoir évoqué le cas d’un jeune garçon agressé par des voyous parce qu’il mangeait un pain au chocolat pendant le ramadan, le politicien français est accusé de courtiser l'électorat du Front national.

    "Il est des quartiers où je peux comprendre l'exaspération de certains de nos compatriotes, père ou mère de famille rentrant du travail le soir, apprenant que leur fils s'est fait arracher son pain au chocolat par des voyous qui lui expliquent qu'on ne mange pas pendant le ramadan", a déclaré le secrétaire général de l'UMP vendredi soir lors d’un meeting à Draguignan (Var).

    La formule, fleurant bon une France éternelle prise d’assaut jusque dans ses symboles les plus anodins, a été savamment concoctée pour créer le buzz et relancer la campagne sur le flanc droit de François Fillon.

    Le meeting de Draguignan a ainsi été retransmis en direct sur www.jeanfrancoiscope.fr et la formule raccourcie pour tenir en 140 caractères sur Twitter. La petite phrase a depuis été abondamment commentée sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes ont dénoncé les appels du pied d’un Jean-François Copé aux abois en direction des électeurs du FN.


    Pain au chocolat et ramadan

    Le nouveau chantre du "racisme anti-blanc" avait déjà évoqué le cas de collégiens empêchés de goûter en paix à la sortie des écoles pour cause de ramadan dans son livre "Manifeste pour une droite décomplexée".

    "Je pense à ces parents d'élèves traumatisés parce qu'un de leurs fils, qui prenait son goûter à la sortie du collège, s'est fait arracher sa nourriture des mains par une bande de jeunes qui se prenait pour une brigade iranienne de promotion de la vertu : pas pendant le ramadan !, avait-elle ordonné", écrit-il page 41.

    La formule a depuis été re-calibrée pour plus d’impact. Les "parents d’élève" sont devenus des personnes "rentrant du travail le soir" afin de cibler plus précisément cet électorat de travailleurs populaires, que l’extrême droite présente invariablement comme exaspérés par les étrangers et les "assistés sociaux". Un pain au chocolat incarne désormais le fameux "goûter arraché" pour frapper les esprits. Le simple croissant au beurre était peut-être trop connoté symbole musulman.

    Enfin, il n’est plus question de collège ni de sortie d’écoles – sans doute parce qu’il faut remonter jusqu’en 2009 pour retrouver un mois de ramadan qui coïncide avec les périodes scolaires…

    http://www.france24.com

    "jusqu'où ira Jean-François Copé?", s'interroge SOS Racisme

    PARIS (Sipa) — "Jusqu'où ira Jean-François Copé?", s'interrogeait samedi SOS Racisme en qualifiant de "grotesques" les propos tenus la veille par le secrétaire général de l'UMP, candidat à la présidence de son parti, qui a évoqué le cas de jeunes se faisant "arracher (leur) pain au chocolat" à la sortie du collège au motif "qu'on ne mange pas pendant le ramadan".

    "Il est des quartiers où je peux comprendre l'exaspération de certains de nos compatriotes, pères ou mères de famille, rentrant du travail le soir, apprenant que leur fils s'est fait arracher son pain au chocolat à la sortie du collège par des voyous qui lui expliquent qu'on ne mange pas pendant le ramadan", a lancé le député-maire de Meaux (Seine-et-Marne), en meeting vendredi soir à Draguignan (Var).

    "Il est des familles de France qui vivent en silence leur souffrance et à qui personne ne parle jamais autrement qu'en les stigmatisant et en les traitant de tous les noms, au point qu'ils sont obligés aujourd'hui de baisser la tête et de partir, s'ils peuvent, le plus loin possible alors qu'ils sont citoyens de la République française", a-t-il ajouté.

    Jean-François Copé avait déjà suscité la controverse fin septembre en s'élevant, dans son livre "Manifeste pour une droite décomplexée", contre le "racisme anti-blanc" qui règne selon lui dans certains quartiers. Un ouvrage dans lequel il évoque également le cas de jeunes de banlieues à qui on arrache le goûter en période de ramadan.

    "C'est pathétique, le ramadan a eu lieu cette année en août, c'est-à-dire hors période scolaire", réagissait-on samedi à SOS Racisme, relevant "une agression stigmatisante tous les deux jours de la part de M. Copé".

    "Comme il s'engage sur cette voie, on va avoir ce genre de propos jusqu'aux résultats de l'élection au congrès de l'UMP, et il est prêt à tout pour gagner", accusait-on en dénonçant "une mauvaise foi sans nom" qui avait déjà pris la forme d'"une récupération d'un concept d'extrême droite".

    "Ce n'est pas à SOS Racisme de nous dire quel type de racisme il convient de combattre", écrivait vendredi sur son compte Twitter le secrétaire général de l'UMP à l'occasion de son meeting de Draguignan.

    Interrogée sur RTL, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a pour sa part vu dans ces déclarations "une volonté manifeste de Jean-François Copé d'instrumentaliser un sujet beaucoup trop important pour être instrumentalisé", à savoir "la question du vivre ensemble".

    "Il faut en prendre chacun des aspects (...), il faut se poser sérieusement la question: comment on fait pour que les Français vivent bien? (...) Le jour où il voudra s'exprimer sereinement au lieu de chercher à exploiter les peurs et les fantasmes, alors je serai prête à l'écouter", a-t-elle conclu.

    tl/sb http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/


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  • Contre la charité, par Gérard Mordillat

    Le 2 décembre 1792 Robespierre déclarait à la tribune de la Convention : "Quel est l’objet de la société ? C’est le maintient des droits imprescriptibles de l’homme. Quel est le premier de ces droits ? Celui d’exister. La première loi sociale est donc celle qui garantit à tous ses membres les moyens d’exister". Exister n’est pas un droit, c’est un fait : l’homme existe mais les conditions de son existence sont – pardon de le préciser ! – toutes entières régies et conditionnée par la société dans laquelle il vit ; il est à la fois l’acteur et le produit de cette société. Reconnaître aux hommes et aux femmes, en tant que citoyens, d’avoir des droits, c’est leur reconnaître d’abord le droit d’avoir des droits.

    Des droits égaux à celui de leurs semblables.

    Or, dans la société où nous sommes, (sans chercher à regarder plus loin que la France en 2012, mais cela vaut pour l'Europe et tout le monde occidental), chaque jour le droit d’avoir des droits est combattu par les toutes forces réactionnaires, la droite au sens large, le patronat, ses organisations, ses affidés, ses hérauts dans les médias . Les sans-droits prolifèrent ; qu’ils soient sans papiers, sans abri, sans travail, sans logement… 

    Car, si juridiquement, les citoyens ne sont privés de leurs droits qu’en matière criminelle, dans les faits, l’individu que l’accumulation des malheurs, la perte d’un emploi, d’un logement, d’une famille pousse hors de la société, se retrouve, sans droits, non techniquement, mais pratiquement.

    Incapable de faire reconnaître ses droits, de les faire accepter et appliquer à son profit, cet individu n’a plus le droit d’exister.

    Il est, mais il n’existe pas.

    Lorsqu’il a utilisé son ignoble expression "la France d’en bas", Jean-Pierre Raffarin, l’ancien Premier ministre français, a parfaitement entériné cette rupture du principe d’égalité, puisqu’il se voyait, lui, de « la France d’en haut », condescendant, penché vers le sol, la terre, la foule indistincte du peuple, des autres, étrangers à sa classe, à son clan, à son parti…

    Une fois rompu le principe d’égalité entre les citoyens, une fois vendue l’idée de deux réalités sociales et politiques, l’une supérieure à l’autre, une fois acceptée comme naturelle et inévitable la multiplication des injustices : injustice salariale, injustice fiscale, injustice sociale etc. que voit-on ?

    On voit la charité se substituer à l’égalité.
    La charité abroge l’égalité.

    La charité est fondamentalement une notion religieuse. Elle est un des cinq piliers de l'Islam et présente également dans la tradition juive et chrétienne « vendez vos biens et donnez-les en aumônes » faisait-on dire à Jésus dans l’évangile selon Luc (Lc 12-33). Mais il est évident, comme l’enseigne la sagesse des nations, que « charité bien ordonnée commence par soi-même », tant il est vrai que le geste charitable est d’abord gratifiant pour celui qui l’accomplit avant même d’atteindre celui qu’il secourt. Gratifiant dans la mesure où la charité est toujours publique et doit toujours l’être pour exprimer sa valeur sans attendre la rétribution de l’au-delà. Il faut non seulement donner mais se montrer donnant. Que ce soit dans l’Antiquité ou au XIXe siècle quand les bourgeois organisaient " la donne " en faisant aligner les pauvres devant chez eux pour leur distribuer de la soupe jusqu’au déploiement médiatique de la charité business des XXe et XXIe siècles : Téléthon, Sidathon, Pièces jaunes et autre bazar des bonnes œuvres et des grands profits…

    Cette idée de « charité » a désormais glissé le champ du religieux pour s’enraciner dans celui du politique. Ou, plus exactement, disons que le politique a investi le canal religieux pour se désengager des devoirs qui lui incombent, tout en produisant une image séduisante qui masque la réalité de ses actions ou de son inaction. Comme le disait déjà Roland Barthes, dans Mythologies, à propos de l’abbé Pierre : « j’en viens à me demander si la belle et touchante iconographie de l’abbé Pierre n’est pas l’alibi dont une bonne partie de la nation s’autorise une fois de plus pour substituer impunément les signes de la charité à la réalité de la justice ».

    La charité se vend d’abord elle-même et c’est en cela qu’elle lève un nuage de fumée devant le réel. Cyniquement, à bon compte, elle permet à peu de frais de se grandir aux yeux des autres et à ses propres yeux sans jamais toucher aux causes de sa nécessité. Ainsi, dans le réel, dans la société où nous vivons, on est passé du droit d’exister à l’existence d’aumône pour vivre, voire pour survivre. La charité ne coûte rien à ceux à qui elle devrait coûter, alors que l’application de lois sociales remettrait en cause l’injuste répartition des richesses et la criminelle inégalité qu’elle produit entre les citoyens.

     Il suffit d’ouvrir les journaux, ou tout simplement de regarder autour de soi, pour voir que les désengagements successifs de l’état - des états - l’idéologie capitaliste néo-libérale, la loi du marché, font qu'en France comme ailleurs la première des lois sociales dont parlait Robespierre, celle de garantir à tous ses membres les moyens d’exister, est vilipendée, stigmatisée, décrétée caduque, obsolète, dépassée. Mais comme il faut, ne serait-ce qu’au nom du maintien d’une paix civile, assurer un minimum de moyens aux citoyens qui sans cela ne pourraient vivre et se révolteraient, petit à petit c’est imposé la pratique d’une charité à grande échelle se substituant à la nation et à l’état.

    La charité vaut comme signal d’alerte. Les domaines où elle s’exerce sont des marqueurs du réel.
    C’est-à-dire d’où-ça-ne-va-pas.
    A partir de là, il ne faut pas confondre le symptôme et la maladie.

    « Les Restos du Cœur », cette remarquable initiative de Coluche, porte par sa réussite même (le mot « réussite » est cruel), disons par sa pérennisation et son développement la plus terrible accusation contre un système qui condamne tant et tant à s’en remettre à la générosité individuelle, alors que les moyens d’existence des uns et des autres devraient, au nom de l’égalité et de la justice, être assurés par l’état lui-même et garantis par la loi.

    A titre d’exemple de cette perversion des valeurs, de ce détournement, il faut entendre le lieu commun qui accorde aux patrons la licence de « donner » du travail.

    Donner !

    Dans notre société capitaliste néo-libérale, rien n’est donné, surtout pas le travail. Aucun employeur n’est un saint offrant son manteau à un pauvre démuni et il n'est pas nécessaire d'avoir lu Marx pour savoir que le salarié vend sa force de travail à celui qui l'emploie. Le patron est un commerçant qui achète au plus bas prix, le savoir, le métier, la technique que l’ouvrier, l’employé, le cadre, l’ingénieur lui cède. Et que cette acquisition de la force de travail offre pour particularité de rapporter plus qu'elle ne coûte. C'est indépassable plus-value. Inutile aussi d'avoir lu Marcel Mauss, pour constater que lorsqu’un employeur (du patron de PME à la multinationale) « donne » du travail, ce « don » occulte en réalité la manifestation de son pouvoir - qu’il soit financier ou industriel - l’installation d’une subordination, d’une domination d’un individu sur un autre. C’est un marché parfaitement inégalitaire que le vocabulaire voudrait draper de vertu. 

    La charité est cousue d’un drap de même tissu. C’est un leurre comme celui qu’on agite au nez des taureaux dans l’arène. Derrière il n’y a que du vide, du rien, du vent… dans la mesure où, aussi grandiose soit-il, un acte de charité ne s’attaque pas aux causes qui l’ont rendu nécessaire mais soigne, je le répète, avec les moyens du bord, les effets des catastrophes, qu’elles soient sociales, économiques ou personnelles.

    L’objection est aisée : vaudrait-il mieux ne rien faire ?
    Demeurer le spectateur aux bras croisés, indifférent aux souffrances, à la misère, au désarroi…
    Bien évidemment non.

    La réponse est nécessairement politique puisqu’il y va de la justice et du rétablissement de l’égalité entre tous. L'égalité est le concept fondamental de la République. Les révolutionnaires français (et Robespierre en premier !) l'avaient parfaitement compris, la plaçant entre la liberté et la fraternité dans la devise qu'ils nous ont transmise. Il est évident que la liberté poussée à son extrême peut conduire à l'oppression (exemple le capitalisme) et que la fraternité (on dirait aujourd'hui la solidarité) suppose de la vertu et que qu'il n'est pas prouvé que l'homme soit vertueux par nature. Il revient donc à l'Etat d'assurer le juste équilibre en la liberté à laquelle chacun aspire et la solidarité dans la répartitions des richesses de la nation ; richesses non seulement économiques mais aussi intellectuelles, culturelles, scientifiques….

    A l’idéologie libérale (du nom que veut se donner le capitalisme pour faire meilleure figure), celle qui professe que la société n’existe pas, qu’il n’y a que l’individu et sa famille, il faut opposer l’idée du droit d’exister comme un droit imprescriptible, garanti par la loi et non dépendant de la bonne ou de la mauvaise conscience individuelle. Je ne suis pas naïf, cette égalité est un idéal vers lequel nous devons tendre, pas un équarrissage pour tous, ni une utopie totalitaire. Pour dire les choses autrement : tant qu’il y aura de la charité, il y aura de l’injustice ; plus il y aura d'égalité, plus il y aura du droit, plus il y aura de la justice…

    Une fois encore, je veux l'affirmer avec force, la France n’a pas besoin de réformes, elle a besoin d’une révolution, d’une   insurrection des idées, des consciences, d'une nouvelle nuit du 4 août pour qu'à nouveau soient abolis les privilèges qui offensent la justice et l’égalité ; pour que plus personne, jamais, n’ait à tendre la main, à s’humilier, à supplier, à réclamer la charité pour exister. Vous me direz que je rêve, que ce n’est que folie, déraison mais, tant pis pour moi ou tant mieux, je crois à la puissance du rêve capable, jusqu’à la déraison, de transformer le monde.

    Version intégrale de la tribune parue dans l'Humanité des débats de ce vendredi 5 octobre.

    Gérard Mordillat, écrivain et cinéaste


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  • http://img88.imageshack.us/img88/1989/batkor.jpg

    Chaque matin, du lundi au samedi dès 9h00, à la limite de Paris et d'Ivry, entre le port au matériaux du BTP et le siège national de Leclerc, sur le parking du magasin Baktor (matériaux de construction et outillages), le long de la RN 19, une foire aux bestiaux humains se tient au vu de tous, services officiels compris.


    Chaque jour, Des dizaines de voitures de police passent et ne s'arrêtent jamais pour faire cesser ce trouble manifeste à l'ordre public.


    En moyenne entre 70 et 130 hommes, jeunes, de toutes provenances de toutes les régions de la planète (France profonde et capitale comprise) sont comme à l'étal pour le choix de ceux qui les font monter dans une de ces camionnettes anonymes pour aller bosser au black sur des chantiers où les grandes enseignes du BTP font la pluie et le beau temps.


    Comme à Fort de France sous la restauration, Gorée ou la Malaisie, comme dans les plantations et mines de l'empire colonial, comme en Bretagne ou le Limousin à la St Michel d'avant 89 où l'on tâtait le muscle et regardait les dents.


    Dernier maillon de la chaine de la sous-traitance ils seront les premiers à s'écraser au sol rompus par la fatigue, chutant des échafaudages non conformes que le nombre insuffisant de contrôleurs et d'inspecteurs du travail ne permet pas d'aller vérifier. Payés de la main à la main pour une poignée d'Euro et s'ils protestent la menace du patron de les dénoncer comme sans papier pour un grand nombre d'entre eux.


    C'est un des chemins pour aller de Paris à Évry et Emmanuel Hortevalls le sait.


    Le ministère du travail le sait, Du temps de X. Bertrand on pouvait si ce n'est admettre mais au moins saisir pourquoi il ne faisait rien. La droite, c'est la droite et le BTP y a son nid.


    Mais aujourd'hui, ce Sapin qui cache la forêt du travail au noir, à quoi sert-il à part dire que Continental avait des raisons légitimes de casser l'emploi à Clairoix ?


    Vite, vite que les esclaves et ceux qui s'ils ne font rien risquent de le devenir se révoltent.


     http://juralib.noblogs.org/files/2012/06/024.jpeg

    2010 : la révolte des eclaves du textile au Bengladesh (là où sont fabriqués nombre de vos vêtements avec entre autres marques :  JC Penney, Wal-Mart, H&M, Kohl’s, Marks & Spencer ou Carrefour.)

    http://canaille-le-rouge.over-blog.com


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  • http://gauchedecombat.files.wordpress.com/2011/09/pf_marechal_nous_voila.jpg?w=323&h=496&h=496

    Toute pratique est pratique d'une théorie

     

    Voila où mène les dérapages :


    "La sénatrice socialiste Samia Ghali, maire des 15e et 16e arrondissements de Marseille, revient sur l'évacuation contrainte par les riverains d’un camp de Roms installé dans son secteur, jeudi soir.

    Comment qualifiez-vous ce qui s’est passé dans la cité des Créneaux jeudi soir ?

    Pour moi, c’est un déménagement, pas une expulsion. Le départ des Roms s’est passé plutôt calmement, même si ce n'était pas aux habitants de le provoquer."

    (Libé 29/09)

     

    Comme le dit justement D Bleitrach dans son papier à lire ici toute affaire cessante, nous sommes devant un pogrom.


    Oui, il faut appeler un chat un chat et un pogrom un pogrom. Officiellement le premier dans la France contemporaine, pratique qui renvoi aux des ultras en Algérie dans les années 50, au saccage des "clapiers  à main d'œuvre immigrée" des plantations de Corses dans les années 80 ou à la chasse au rital sur la cote d'azur fin 19ème début 20ème siècle.


     Certaines réactions officielles donnent le frisson :


    Le vocabulaire de l'élue PS donne le frisson. Sa novlangue de la glaciation idéologique qui la conduit pousse à une titanesque colère :

    "Mais en refusant de condamner des événements comme celui d’hier soir, ne risquez-vous pas d’encourager des initiatives de ce genre, où les gens se font justice eux-mêmes ?

    Ce n’est pas parce que je ne condamne que je cautionne."

     

    Ce "ne" tout en finesse donne le "la" de la partition politique.

    Rappelons que le site est celui d'une citée populaire en destruction alors que le bâti à 32 ans (les prêt HLM qui ont permis sa construction ne sont pas encore fini d'être remboursés ce qui montre la façon dont droite et PS traitent à Marseille la question des Rom conjointement à celle de l'habita populaire : le bulldozer  et la traque : équipement anti intrusion du foncier bâti , expulsion des campements pour des familles "hors norme de la morale dominante".

     

    Là ou la pensée réactionnaire se frotte les mains c'est quand à jouer sur les tensions et la stigmatisation, les détenteurs des pouvoirs laissent voire tourne pudiquement la tête pour que les exploités sédentaires s'en prenne aux exploités mobiles : voila le lit du fascisme ordinaire.


    Par contre pour la dite socialiste il est plus facile de laisser "déménager" les "voleurs de poules" que d'empêcher d'emménager les voleurs de foncier collectif. Les second sont protégés et présents dans tous les rouages de l'arc en ciel politique marseillais. Peut-être que cela éclaire les raisons de fond.


    D'accord avec la réaction du secrétaire départemental du PCF : "la classe des riches est en train de gagner sa guerre: au lieu de renverser la table, les victimes se battent entre elles. La crise sociale s’est muée en crise de civilisation." Sauf que les leviers de la civilisation sont actionnés par le capital et la gestion de Marseille et du littoral méditerranéen en est une des expressions la plus achevée.


    Sauf aussi que ce n'est pas avec Blumollet à l'Elysée et Valls dans le rôle de jules Moch qu'on va politiquement "faire bouger les lignes".


    Peut-être que le constat fait par D. Bleitrach sure le parcours de dirigeant politique de premier plan : Les dernières élections municipales opposaient Guérini, l’élu mis en examen pour gangstérisme et Gaudin. Ces deux individus venus nus et crus à la politique payent désormais l’impôt sur les grandes fortunes sans avoir jamais fait autre chose que gérer la ville. " explique pour autre partie le laxisme des autorités. Quand dans une citée la population protège ses gosses des dérapages de certains policiers c'est la BAC, CRS, sirènes, lacrymos, quadrillages. Là, la police accompagne le "déménagement" qui accompagne les dérapages de certains habitants.


    Le titre aussi provoquant que juste donné par Danielle " Marius et Jeannette se lancent dans un pogrome" met à bon niveau l'acte, ceux qui l'ont commis, ceux qui le tolèrent voire s'en satisfont.


     Il montre aussi l'urgent besoin de convaincre, rassembler et agir contre l'engrenage fasciste qui sans réactions fortes et rapides va broyer la démocratie.

    Au fait, la citée des créneaux, combien de kilomètres à vol d'oiseau du "camp des milles" ?

    Par canaille le rouge


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