• RSA : «Je suis très inquiète pour les familles »

    En Saône-et-Loire, le revenu de solidarité active (RSA) a bénéficié à 12 108 habitants à la fin de l’année 2010 contre 11 277 personnes fin 2009 soit une hausse de 7,4 % en un an. Photo AFP

     Les réactions en Saône-et-Loire sont vives sur la polémique du revenu de solidarité active. La directrice de la CAF exprime ses doutes.  

    La directrice de la Caisse d’allocations familiales (CAF71), François Autret, affiche sa surprise voire son incompréhension en affirmant « qu’on mélange les choux et les carottes ». Et de son côté, l’élu chalonnais, vice-président du Conseil général de Saône-et-Loire chargé de l’insertion, Benjamin Griveaux, qualifie de « mensonge » les déclarations de Laurent Wauquiez qui a porté une offensive contre « les dérives de l’assistanat » et sur les contreparties à apporter au RSA.

    « Il y a trois types de RSA en fonction de leur public. Le premier concerne les personnes sans ressources, anciens allocataires du RMI et les bénéficiaires de l’allocation de parent isolé (API) détaille la directrice de la CAF 71, Françoise Autret précisant le chiffre d’allocataires pour cette catégorie de RSA socle en Saône-et-Loire, 8349 ménages. Une responsable qui rappelle qu’une personne au RSA perçoit 470 euros alors qu’une autre au SMIC touche environ 1000 euros. Pour un couple avec deux enfants, le montant est 980,68 euros. Le RSA est co-financé par l’État et le Conseil général et versé par la CAF et la Mutualité sociale agricole (MSA). Une nouvelle réforme a créé une deuxième RSA apportant un complément d’aides à ceux qui travaillent. Il correspond à 62 % du revenu. En Saône-et-Loire, ils sont 3759 à en bénéficier ne tirant pas de leurs revenus professionnels un seuil suffisant qui dépasse celui de la pauvreté.

    « Je ne comprends pas  où l’on veut en venir »

    Françoise Autret dit défendre les familles et ne comprend pas très bien les propositions de l’ancien ministre. « Je suis très inquiète pour les familles dit-elle. Le RSA, c’est de l’aide sociale contrairement à l’aide au logement. Bousculer tout le dispositif revient à une révolution conceptuelle du RSA, comment vont faire les familles pour payer leurs loyers, la cantine des enfants ? », s’interroge-t-elle tout en se demandant si les conséquences économiques des propos de Laurent Wauquiez ont bien été mesurées.

    Enfin, le RSA concerne aussi les jeunes de moins de 25 ans ayant travaillé deux ans dans les trois dernières années. Un dispositif actif depuis septembre 2010 dont les conditions éligibles paraissent tellement inatteignables que les candidats retenus au final restent marginaux. En Saône-et-Loire, on compte 70 bénéficiaires.

    « Il ment sur le montant  des revenus »

    « Jamais, de mémoire sous la VI e République, un ancien secrétaire d’État chargé de l’emploi a menti à ce point-là fustige l’élu socialiste, Benjamin Griveaux, indigné tout comme le député-maire de Chalon, Christophe Sirugue qui a réagi dans nos colonnes hier. « Ce n’est pas connaître la réalité du RSA, Laurent Wauquiez ment sur le montant des revenus, il ment sur les fraudeurs, c’est 2,5 % et il ment sur les étrangers qui perçoivent le RSA. C’est une tactique politique qui vise à gagner quelques voix auprès du Front national. C’est indécent de bâtir une tactique électorale en s’appuyant sur les travailleurs pauvres, les plus fragilisés. ».

    Emmanuelle Bouland


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