• Quelques problèmes de « l’accord Paris-Berlin » expliqués à des nuls par une nulle

    Quelques problèmes de « l’accord Paris-Berlin » expliqués à des nuls par une nulle par Danielle Bleitrach

     

    Bleitrach 65

    Légende: l’opéra de Wagner, l’or du Rhin


     

    Il est évident que tous les appels à sauver l’euro, toutes les unanimités de la classe politique autour de la nécessaire rigueur et la manière plus ou moins juste à travers laquelle il faudrait plumer la volaille le citoyen de base, sont simples artifices pour nous faire avaler l’injustifiable. Il suffit de réfléchir aux problèmes que posent tous les petits arrangements entre la France et l’Allemagne depuis des mois, leur caractère ubuesque.  Le tout sans aborder le fond à savoir la nature systémique d’une crise qui n’est pas que financière mais qui est lié à l’accumulation du capital devenu mortifère et sénile. Pourtant les mécanismes financiers par lequel on tente de mettre le grand comateux sous oxygène sont intéressants parce qu’ils démontrent à chaque coup leur incapacité à sortir de l’agonie.

     

    1) Comment augmenter les profits bancaires en recommençant les petits arrangements autour de « l’endettement sans douleur ».

     

    Premier point, dès août 2007, il était aisé de comprendre en quoi les manipulations financières non seulement engendraient une véritable thrombose du crédit mais comment celle-ci allait être déplacée vers les Etats. Jusqu’à ce jour la crise avait été déplacée du centre vers la périphérie mais là c’était le cœur du système qui craquait. Si les Etats-Unis bien mal en point tenaient encore le dollar et donc la possibilité d’un certain jeu d’investissement, l’Europe qui n’avait que la ressource des remèdes néo-libéraux constitutionnellement avec l’Allemagne gardien du temple de l’orthodoxie néo-libérale n’avait même plus cette capacité d’action.  C’est dans ce contexte là qu’il faut apprécier tous les “sommets” de sauvetage de l’Euro et les exploits de notre zorro national. Pour cela prenons deux points étroitement liés, le premier est celui de ce qu’est le Fonds de stabilité censé assurer le crédit de l’euro auprès des investisseurs privés, “le marché”, le second étant le rôle de la BCE.

     

    a) Le fonds de stabilité devenu MES

     

    Le fonds de stabilité devenu mécanisme Européen de stabilité MES reste au centre. L’intituler Mécanisme est particulièrement approprié si l’on considère qu’il ne s’agit pas d’un fond réel mais d’un mécanisme de démultiplication du crédit. Un mécanisme qui a pour base : plus d’endettement contre du profit financier. Tous les sommets pour le mettre en place ont toujours abouti à un arrangement  gagnant- gagnant entre banques et Etats. En fait il ne  fait que reproduire tous les vices de la “titrisation” et des usines à gaz par lesquelles a été obtenu un endettement « sans douleur » et un profit financier pourri mais sans contrôle qui nous a mené à cette crise financière.

     

    Premier fait la capacité du fonds est démultiplié comme dans le cas des subprimes, pour une capacité d’intervention réelle disponible de 250 milliards d’euros est reconnu officiellement le chiffre de 440 milliards et on garantit 1000 milliards sur lesquels on recommence à emprunter. Les dettes des pays en difficulté sont alors comme jadis celles des ménages emprunteurs incapables de rembourser titritisées dans l’endettement de ceux que l’on considère comme solvables. Là on entre dans les mécanismes de levage, on va jusqu’à perdre la traçabilité des dettes, avec des SVP intervenant comme rehausseur de crédit, les mécanismes de levage qui financeraient auprès du privé qui revendraient les dettes à la BCE.

     

    b) Manipulations et pyramides

     

    Ce n’est pas loin de la pyramide chère à Madoff et c’est le grand vecteur de la spéculation, avec de plus en plus souvent la menace de l’arrêt de la chaîne et un nouvel appel aux Etats. Mais c’est là que le système est particulièrement tordu. La gestion de ce machin est soumise à l’épée de Damoclès des agences de notation  qui jugent des pays qui garantissent la dotation. Plus les dits pays (dont la France) étendent leur champ d’investissement  (prêts, recapitalisation, rachats de titre) plus leur notation est mise en danger et avec eux la garantie des obligations que le fonds est censé émettre.

     

    Parce qu’on vous raconte que tout cela n’est que jeu quasiment comptable et que l’avantage du système est qu’il ne donne rien tout en sauvant les pays mais le défaut de paiement est toujours bien présent et se traduit en spéculations, rumeurs du marché et augmentation du coût des prêts en fonction des alarmes et des jugements des agences de notation. Est-ce un hasard si SP a recommencé à agiter la menace à la veille du nouveau Conseil ?

     

    c) Nécessité de la souveraineté nationale

     

    Ce qu’il faut bien comprendre c’est que le transfert des dettes privées sur les Etats s’est désormais accompagné du système de manipulation comptable qui a conduit à l’effondrement de la dette privée en 2007-2008. Il suffit de suivre le jargon financier pour retrouver les mêmes termes, « crédits default swaps », « véhicules », « structures ad hoc », tout ce jargon signifiant que l’on recourt aux mêmes méthodes pourrir les conditions de l’endettement global en masquant les remboursements impossibles dans une accroissement général de l’endettement dont le privé est maître. Et pour cela on construit des pyramides financières sur lesquelles on ajoute des échelons de plus.

     

    Il n’ya que deux solutions si l’on veut en finir avec ce système, le premier serait en stricte orthodoxie financière de faire racheter la dette de chaque pays par ses résidents, faire appel à l’épargne nationale. La seconde serait de refuser de continuer à rembourser des dettes conçues dans un tel système. Si la seconde solution à ma préférence, il faut voir que même la première passe par une reconquête de la souveraineté nationale.

     

    2) La logique serait donc de modifier le traité européen dans le sens du respect des souverainetés nationales

     

    C’est exactement le contraire qui est proposé. Depuis des mois une scène de ménage tient lieu de gouvernance, celui qui roule le plus les mécaniques est celui qui cède à tous les coups.

     

    Que veut Sarkozy : l’enjeu pour lui est la possibilité pour la BCE de jouer un plus grand rôle… au Lieu de revendiquer la souveraineté nationale il veut que la BCE joue le rôle que la Banque de France jouait jadis avant les modifications de 1973, c’est-à-dire une capacité à battre monnaie et à avoir au moins les mêmes prérogatives que la FED. Il ne peut même pas en faire état réellement en France parce que cela correspond de fait à une nouvelle perte de souveraineté, résultat il s’est fait le Hérault de l’exigence allemande la règle d’or ou la sanction automatique si le budget dépasse le déficit de 3% prévu par les accords de Maastricht. Ce qui est pour la France et d’autres pays non seulement une perte de souveraineté mais le plus sûr chemin vers la récession, donc l’impossibilité de faire face à la dette.

     

    Pour ce nouvel abandon de souveraineté Sarkozy a déjà lâché des points importants, la révision du traité sans consultation populaire, l’automatisme des sanctions et même sur la cour européenne de justice sans rien avoir obtenu en échange. Et le conseil européen qui se tient aujourd’hui et demain à Bruxelles nous dira si d’abandons en abandons nous sommes encore en république ou si nous sommes passés à un autre système. Sarkozy accepte tout pour un rôle accru de la BCE qui selon lui permettrait de rompre avec le caractère délétère du mécanisme que nous venons d’analyser sur le fonds de stabilité en autorisant la BCE à avoir au moins le même pouvoir que la FED des Etats-Unis. L’Allemagne elle a quelque objectifs sur lesquels elle tient bon, elle veut que l’on poursuive dans l’indépendance de la BCE, elle veut contrôler les déficits des autres pays mais qu’il n’y ait aucun contrôle sur ses excédents, or l’un et l’autre sont liés. Elle veut une zone euro mais sans outil de gouvernance de la dite zone euro autre que le libre renard dans le libre poulailler et elle veut une règle d’or sur les déficits tout en continuant à faire échapper ses excédents à tout contrôle.

     

    Il faut être très attentif à ce qui va encore être lâché au nom de toujours plus d’intégration européenne, par exemple un droit de veto allemand au sein du Fonds de stabilité (devenu Mécanisme Européen de stabilité MES) comparable à celui des Etats-Unis au sein du FMI et contre lequel protestent nombre de pays émergents dont la Chine, et il faut bien voir la perte de souveraineté de tous les pays dont la France pris entre FMI et BCE.

     

    La nulle que je suis est au bord de l’explosion quand elle entends la dramatisation, le ton faux cul de nos élites sur le thème « il faut sauver le soldat euro » et que je sais que tout cela va se terminer par le malheur, le chagrin de millions d’individus à qui on fait avaler n’importe quoi, il me prend l’envie de saisir la fourche de 1793 et d’aller foutre dehors cette bande de faux experts et vrais escrocs…

     

    Danielle Bleitrach


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