• Quel lien entre Bourse et économie réelle ?

    Le constat :

    Tous les jours dans les radios et la télévision, les évolutions du CAC40 à la Bourse de Paris,  mais aussi du Nikkei à Tokyo et du Down John à New York sont martelées, commentées et interprétées comme des indicateurs économiques fondamentaux dont la vie de tout à chacun dépendrait. Que ces indicateurs   "plongent" et ce devrait être l'angoisse pour tous! Alors qu'une séance boursière euphorique serait un signal de Corne d'abondance.

    Il y a là une manipulation à la fois économique et idéologique visant à faire prendre l'intérêt des "marchés financiers", des spéculateurs et des gros actionnaires pour l'intérêt général.

    Qu'est ce que la Bourse ?

    C'est un marché où sont coté deux types de valeurs, des actions titre de propriété de parts de société   anonyme   et   des   obligations,   valeur   mobilière   représentant   une   créance   sur   un emprunteur important, grandes sociétés ou État.

    Ce que l'on appelle la séance boursière, c'est principalement un "marché de l'occasion", il s'y revend, au comptant ou à terme des titres déjà émis. Pour l'essentiel de son activité la Bourse n'est donc pas pour les entreprises une source d'apport de nouveaux capitaux. Le CAC40 est l'indice mesurant l'évolution, au jour le jour, du cours 40 principales sociétés cotées à la Bourse de Paris. Il y a donc deux comportements en Bourse: l'un vise le revenu financier, le dividende, par la détention d'actions à moyen ou long terme, l'autre vise des plus-values   par   des   différences   de   cours   à   l'achat   et   la   revente  avec   différentes techniques, permettant pour certains spéculateurs de gagner y compris quand la Bourse baisse. Les traders, opérateurs pour le compte de banques, fonds de placement, assurances, ...maniant les deux techniques pour "optimiser" le rendement financier d'un "portefeuille de titres".

    Santé de la Bourse et santé de l'économie, c'est différent.

    La course à la rentabilité a eu pour première conséquence toutes ces dernières années de majorer   la   part   des   dividendes,  et   principalement   des   dividendes   distribués   dans   la répartition des résultats des entreprises. Cette majoration s'est opérée contre les salaires, l'emploi, les qualifications et les investissements utiles. Ainsi il n'est pas rare de voir le cours de l'action d'une entreprise bondir après l'annonce de plans de licenciement, d'où l'expression devenue hélas trop fréquente de "licenciements boursiers".

    Ce n'est pas la santé de l'économie qui est le premier critère de l'ambiance boursière, mais   bien   l'importance   des   prélèvements   opérables   par   les   dividendes   et   les   plus values sur l'économie réelle.

    Quand   les   prélèvements   dus   à   la   course   à   la   rentabilité   financière   aggravent   les contradictions de l'économie (les impasses de l'austérité : endettement des États, manque de perspectives de croissance et de débouchés économiques, exacerbation des concurrences et dumping,   .....)   les   risques   sur   les   créances   et   les   perspectives   de   récession   peuvent déclencher   des   baisses   boursières.   Ces   baisses   pouvant   être   aggravées   par   des comportements spéculatifs et des fluctuations erratiques des marchés ( loin d'être la "main invisible" et rationnelle décrite par les marchés, les comportements des marchés sont de court terme et déformants obnubilés par le prisme de la rentabilité financière).

    La santé réelle des grandes entreprises....

    Pour autant la santé réelle des grandes entreprises est le plus souvent très distincte des fluctuations du cours de Bourse de leur action, ainsi il n'est pas rare que des entreprises aient  vu la valeur de leurs actions perdre de 20 à plus de 50% depuis le début de l'année. On parle ainsi de "milliards d'euros partis en fumée", voire de "débâcle boursière".

    Pour les grandes entreprises non financières cette évolution n'a rien changé. Elles disposent d'un trésor de guerre considérable, non affecté par les variations des cours de Bourse. La dernière étude de l'association des trésoriers d'entreprise (AFTE) en mai montrait que  la trésorerie d'exploitation des entreprises a atteint son plus haut niveau depuis juillet 2007, avec 170 milliards d'euros de trésorerie pour les groupes non financiers du CAC40 (13)  .
    La question posée est donc plutôt l'utilisation de ses sommes, pour l'investissement, l'emploi, la production, alors qu'elles sont aujourd'hui principalement utilisées en placements financiers et en projets dans les seuls pays émergents. La chute des cours de Bourse peut même accroître   le   rapport   dividende/valeur   de   l'action,   et   faciliter   les   mouvements   de   fusion-concentration d'entreprises, certaines d'entre elles devenant "opéables" (pouvant être la cible d'OPA), facilitées par le trésor de guerre de trésorerie et la baisse du cours des actions à racheter.

    ...et des banques

    Pour les banques, dont l'actif est principalement constitué de placements financiers et dont le passif peut être déséquilibré par la baisse de valeur des actions de la banque, elles ont aussi des trésoreries, et sont refinancées par la BCE et maintenant sont aussi éligibles pour une recapitalisation   éventuelle   au   Fonds   Européen!   Par   ailleurs   en   investissant   en   dettes publiques au cours dévalués, les filiales de type hedge funds peuvent acheter des titres de dettes grecques à 50% de leur valeur, avec une rémunération de l'ordre de 15% !

    Les conséquences pour les ménages et le monde du travail.

    Pour les ménages en France, les variations boursières n'ont que peu de conséquences. De l'ordre de 10% des ménages sont actionnaires, 20% en Europe. Il n'en va pas de même aux USA où un ménage américain sur deux a investi en actions, et où les plans de retraite par capitalisation dépendent des cours de Bourse. Cette situation montre plutôt ce qu'il ne faut pas faire !

    Les   seuls   vrais   perdants,   non   pas   des   fluctuations   boursières   mais   de   la   crise financière, sont le monde du travail (salaires emplois services publics), ainsi que les petites et moyennes entreprises qui voient les conditions du crédit se durcir pour elles, et les États mis en demeure de réduire leurs services utiles.

    13: Dernier exemple en date du 1 er  septembre 2011, le quotidien « les Echos » titre « les profits des géants du CAC 40 défient le pessimisme ambiant », avec des bénéfices en hausse de 10% à 46,2 milliards pour le 1 er semestre….


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