• PSA : le travail n'est pas un coût mais une richesse...

     

    Tous les faiseurs d'opinions, du journal Libération au journal patronal Les Echos, donnent à lire une seule idée à penser ... celle de Philippe Varin, président du directoire de PSA Peugeot Citroën. PSA Peugeot Citroën qui espère que le plan automobile que le gouvernement va présenter fin juillet abordera la question du coût du travail en France. Philippe Varin, le président du directoire du constructeur, a fait cette déclaration au lendemain de l'annonce d'une vaste casse de l'emploi pour rupture de ses activités en toute impunité dans l'Hexagone.

    Si le patronat peut claironner haut et fort sur le "coût du travail" c'est qu'il a trouvé un écho favorable du côté de François Hollande. "Mauvaise spécialisation sectorielle, faible nombre d'entreprises exportatrices, insuffisance d'innovation" mais aussi "rigidités dans la structure des coûts du travail" : le diagnostic des causes de la "détérioration de la compétitivité" française en matière d'industrie dessinée à grands traits par François Hollande à l'ouverture de la conférence sociale laissait présager que l'abaissement du coût du travail serait la réponse salutaire pour le nouveau monarque à la désindustrialisation de la France.



    "Compétitivité équitable", c'est le sésame pour ouvrir à toutes les régressions sociales

    Le patronat et ses multiples relais mettent les bouchées doubles pour maintenir les politiques économiques et sociales dans l'étau néolibéral. Pour le Medef un seul mot d'ordre "compétitivité équitable"...

    Le patronat n'a que ce mot à la bouche, il est aussi sur toutes les lèvres de ses relais : Institut de l'entreprise, Cercle des économistes, Coe-Rexecode, réseaux plus ou moins formels du CAC 40, Gracques, etc. Comme un mantra, impératif de "réalisme" économique, il signifie "rigueur" et "austérité" sans avoir l'air d'y toucher, le propre de la guerre que mènent les néolibéraux depuis toujours...

    L'enjeu pour le Medef consiste à désamorcer par avance par avance toute intervention politique dans ce qu'il voit comme chasse gardée. Aujourd'hui tout devient simple pour le Medef qui propose de réduire les coûts salariaux, de généraliser la précarité, de transférer à la collectivité le financement de la protection sociale, de baisser les dépenses publiques et de combattre les visées régulatrices du législateur.

    Pendant que l'Uimm dénonce, non sans hypocrisie, "une protection légale des salariés qui paralyse l'embauche", Laurence Parisot dérobe une innovation de première à Philippe Varin, lui-même pilier de la métallurgie et patron-casseur de PSA Peugeot-Citroën qui vient de déclencher le premier cataclysme social et économique de grande ampleur depuis l'élection de François Hollande en voulant supprimer des milliers d'emplois en France : "En 2008, nous avons fait un grand pas en matière de flexisécurité avec l'invention de la rupture conventionnelle, il faut inventer quelque chose d'équivalent sur le plan collectif. Aujourd'hui, un plan de sauvegarde de l'emploi se déroule selon un processus qui est compliqué, couteux et anxiogène."

    En remettant en selle son projet de "contrat unique" sur le marché du travail, le Medef avance pour détruire le CDI comme norme d'emploi, là aussi au nom de la "fluidification" des embauches, peut-être, mais avant tout, bien sûr des licenciements...

    Derrière la comédie de l'affliction patronale

    Dans le débat public, les patrons jouent la carte de la dramatisation mais, en coulisses, s'activent pour se rapprocher de l'Elysée et du gouvernement Ayrault.

    Les patrons comptent sur des relations nouées depuis des années : par exemple le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a été jusqu'à très récemment vice-président du Cercle de l'industrie, un lobby rassemblant une majorité des patrons du CAC 40, créé à l'initiative de Dominique Strauss-Kahn dans les années 1990 et désormais présidé par l'incontournable Philippe Varin (PSA).

    Dans l'entourage de François Hollande, les patrons tablent sur Jean-Pierre Jouyet, l'"ami de trente ans" du président qui passe de l'Autorité des marchés financiers (AMF) au Fonds stratégique d'investissement (FSI), ainsi que sur Emmanuel Macron, jeune banquier d'affaires devenu conseiller à l'Elysée... C'est ce dernier qui, avec Jean-Louis Beffa, longtemps patron de Saint-Gobain, a organisé, le 11 juin, un discret déjeuner avec un aréopage de patrons allemands et français autour du nouveau président de la République.

    D'après le récit publié dans le Monde, cette rencontre s'est soldée par un vibrant appel pour "retrouver la compétitivité" : "Soyez le Gerhard Schröder français !" Autrement dit : "Brisez toutes les protections sociales sur le marché du travail, baissez les impôts des plus riches, instaurez la TVA sociale !"

    Cette fois, l'heure de vérité approche pour François Hollande.

    « La seule posture possible pour le gouvernement, c’est de dire qu’il n’accepte pas » 

    Nous y sommes ! PSA Peugeot-Citroën annonce aujourd’hui son intention de supprimer 8 000 postes sur ses sites français (sans compter les milliers d’emplois induits) : 3 000 emplois directs à la production d’Aulnay-sous-Bois, 1 400 à l’usine de Rennes et 3 600 dans les effectifs hors production, tous sites confondus. Le gouvernement doit instaurer un moratoire sur les plans à venir, ainsi qu’une loi interdisant les licenciements boursiers.

    Il est incompréhensible que le gouvernement n’ait pas réagi plus tôt, étant donné que la fermeture du site d’Aulnay est redoutée depuis près d’un an et que les chiffres qui circulaient ces derniers jours annonçaient déjà entre 8 000 et 10 000 suppressions de postes. Le plan de redressement de la filière automobile, qui doit être annoncé la semaine prochaine par Arnaud Montebourg, arrive selon lui « trop tard », alors qu’il y a longtemps que les organisations syndicales, comme la CGT, et le Front de Gauche ont alerté les autorités, et demandé un moratoire sur les licenciements.

    Le gouvernement doit désormais s’exprimer et dire qu’il s’oppose au plan.

    On a un Ministère du Redressement productif, et il ne dit même pas son opposition ! La seule posture possible pour le gouvernement, c’est de dire qu’il n’accepte pas. Laisser fermer l’usine d’Aulnay serait contraire à ce que dit le gouvernement sur le redressement national.

    L’Etat doit instaurer un moratoire sur l’ensemble des plans de licenciements, et que soit inscrite dans la loi l’interdiction des licenciements boursiers. La question, c’est : est-ce que les licenciements c’est pour aller produire moins cher ailleurs et faire des bénéfices ?

    Toutes les aides publiques au secteur de l’automobile doivent être remises à plat avant que l’on n’engage de nouvelles politiques industrielles, rappelons qu’il y a deux ans, l’automobile a reçu deux ou trois milliards d’euros d’aides publiques, ce qui n’a pas empêché PSA Peugeot-Citroën d’annoncer 8 000 suppressions de postes. 

    L’usine Sevelnord d’Hordain, bientôt filiale à 100% de PSA Peugeot-Citroën, serait pour sa part liquidée en 2015, d’après la CGT, même si nous n’avons pas encore l’annonce officielle.

    Philippe Varin, le patron du groupe, dit « mesurer pleinement la gravité des annonces faites aujourd'hui ainsi que le choc et l'émotion qu'elles provoquent dans l'entreprise et dans son environnement ». Selon lui, « l'ampleur et le caractère durable de la crise qui affecte l’activité de PSA en Europe rendent désormais indispensable ce projet de réorganisation ». A d’autres !

    Quel mépris pour les salariés de la part de la direction et du gouvernement précédent, qui ont nié jusqu’au dernier moment qu’un tel plan machiavélique était à l’œuvre, pour l’annoncer avec une telle brutalité aujourd’hui.

    Plus que jamais, les « actionnaires n’ont pas de patrie », à part la « patrie de l’argent ». 

    C’est désormais l’heure de vérité. Le Gouvernement doit stopper d’urgence cette « prime à la casse ».

    Il faut d’urgence inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée la proposition de loi visant à interdire les licenciements boursiers, le groupe PSA Peugeot Citroën réalisant de confortables bénéfices et ayant versé 200 millions d’euros de dividendes en 2011.

    Ce groupe qui a reçu des milliards d’aides publiques sous différentes formes et dispose d’un trésor de guerre de quelques 10 milliards d’euros traite les salariés, leurs familles, les collectivités territoriales avec le dernier des mépris. Ce qui rend les annonces de ce jour encore plus insupportables c’est la soudaine envolée de la cotation en bourse du groupe Peugeot. Si ce ne sont pas des licenciements boursiers au profit des actionnaires, cela y ressemble follement, alors que la moitié des bénéfices réalisés ces dernières années ont été versés aux actionnaires sous forme de dividendes.

    Par ailleurs, il faut mettre également en débat une loi pour accorder un droit de veto aux élus du personnel sur toutes les décisions stratégiques.

    C’est encore plus scandaleux lorsqu’on entrevoit des promoteurs immobiliers venir frapper à la porte de la ville d’Aulnay-sous-Bois, après l’annonce d’une DUP (déclaration d'utilité publique) possible par le Maire socialiste.

    Quel devenir du site ? Quels plans déjà dans les tiroirs ? Comment ne pas mettre en corrélation les projets du Grand Paris et l’implantation d’une gare avec les appétits des spéculateurs y compris ceux de PSA qui y voit un juteux marché.

    La spéculation va bon train tandis que des hommes et femmes sont en colère et pleurent sur leur avenir qui s’assombri.

    Il faut arrêter cette casse sociale et ce massacre territorial !

    Le gouvernement doit, avec l’appui du Parlement, décréter un moratoire sur ces plans de licenciements et doit examiner avec les salariés, les élus locaux, un plan de soutien à l’industrie automobile dans une vision d’avenir, cherchant la sécurisation de l’emploi , envisageant des plans de formation, un effort de recherche et d’innovation pour des solutions s’inscrivant dans la mutation écologique dont la planète a besoin. L’expérience de l’Ile Seguin avec la fermeture de Renault montre que les promesses de réindustrialisation du site ne sont que du vent.
     

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