• PEAU DOUCE OU LA PEAU DES FESSES

     PEAU DOUCE OU LA PEAU DES FESSES

    En Pologne je ramasse à la brouette

    le fric grace aux salaries payés à coup de lances pierres

     

    PEAUDOUCE OU LA PEAU DES FESSES POUR LES TRAVAILLEURS LICENCIES ET POUR CEUX QUI SUIVRONT AILLEURS

    Je viens de prendre connaissance d’un article édifiant paru dans le journal « La Voix du Nord » concernant la reconversion des salariés de l’usine Peau Douce de Linselles dans le Nord.

    Une usine rachetée par le groupe suédois SCA qui l’a ensuite transféré en Pologne avec armes et bagages,  mais sans les travailleurs de cette usine.

    Quelque chose d’une production nationale utile qui a disparu et qui permettait aux travailleurs de ce coin du Nord de vivre décemment avec  des salaires, des conventions collectives, une sécurité sociale, une retraite assurée.

    La première question que je me suis posé est alors de savoir qui était ce Groupe Suédois et je lis la chose suivante dans sa présentation : « Un palmarès impressionnant pour le groupe SCA ».

    Puis une indication qui fait apparaitre ce groupe comme méritoire en matière d’environnement et des droits de l’homme et je cite à nouveau :

    « Partout dans le monde, SCA s’est impliqué dans des initiatives de développement durable dont l’esprit reflète ses valeurs de respect, d’excellence et de responsabilité. Cette démarche a été reconnue par de nombreuses organisations écologiques et organismes gouvernementaux qui ont distingué SCA pour ses efforts en matière d’environnement et son travail pour le respect des droits de l’homme ».

    Plus loin, encore un louange : SCA a la volonté de garantir un environnement professionnel sûr et non discriminatoire pour tous ses employés. Chaque site doit, au minimum, respecter strictement toutes les lois et/ou accords collectifs applicables dans son pays d’implantation. SCA n’a de cesse d’améliorer en permanence l’hygiène et la sécurité sur les lieux de travail.

    Quand à ce qui concerne l’hygiène et la sécurité sur les lieux de travail, les travailleurs de l’Usine de Linselles en sont exclus puisqu’ils ont tous perdu leur boulot.

    Mais ce qui m’a décidé de consacrer un article à ce groupe, c’est la raison pour laquelle SCA a liquidé le site de Linselles et dans l’article que lui consacre La Voix du Nord la réponse est donnée : « Les couches pour bébés du Suédois SCA sont fabriquées depuis plus d'un an en Pologne, avec les machines que faisaient tourner les 280 salariés du site de Linselles ». Et la raison invoquée est bien une histoire de gros sous : « Les responsables syndicaux mettent la pression, mais connaissent la tradition de dialogue social des Suédois, qui ont fait le rapide et simple calcul que les marges progresseraient avec des ouvriers polonais payés quelques centaines d'euros, contre des Français à plusieurs milliers ».

    Eh bien, voilà ce qui se passe dans cette Europe libérale, la mise en concurrence des salariés, l’obligation d’accepter les conditions de travail et de salaires toujours plus bas pour garder l’emploi, et quand l’ensemble des lois d’un  pays, comme la France, oblige à maintenir un niveau de droits sociaux élevés, le capitaliste prend alors la poudre d’escampette pour s’installer là où il y a l’Eldorado du travail presque gratuit et sans contraintes sociales :  c’est le cas de la Pologne capitalisée et libéralisée.

    Alors il ne reste aux salariés concernés qu’à partir avec le meilleur plan dit social, celui d’une indemnisation et avec la nécessité de se reconvertir dans des emplois de proximité, de services par exemple, où l’on vivra avec des bas salaires et une protection sociale ajustée à ces types d’emplois, c’est ce qui est arrivé aux travailleurs de l’usine de Linselles.

    Et nous voyons là, comment les tours de passe passe se font dans ce système, pour sans arrêt, par petites touches, mais aussi par de grands coups de balai, comme à Linselles, ils réduisent le prix de la force de travail à sa plus simple expression : celui que l’on connaissait au 19eme siècle et que l’on pratique en Pologne ou ailleurs, là où les protections sociales sont inexistantes ou démantelées.

    Les travailleurs de Linselles sont aujourd’hui dans des petits boulots pour ceux qui en ont retrouvés et les autres se contentent de peu ou de rien.

    Voilà le système auquelle il faut s’attaquer : empêcher que cette Europe Libérale puisse permettre à des profiteurs de récupérer des productions, des marques, des brevets, d’exploiter et de rendre toujours plus difficiles les conditions de vie et de travail puis de déménager les productions et les outils vers  là où les travailleurs sont payés à coup de frondes.

    Les crânes d’obus qui hantent les ministères, les chevronnés de l’expertise, les think-tank qui scrutent les horizons économiques, les lobbys qui s’activent à Bruxelles pour rendre le profit toujours plus profitables n’ont pas du tout l’intention de changer la moindre rondelle de ce système pourri et il importe que les syndicalistes reprennent la main et se battent pour que le droit collectif, le droit social, la loi sociale, reprennent le dessus et il me semble nécessaire que le syndicalisme Européen soit plus actif en la matière.

    Le prix de la force de travail ne saurait souffrir de la division syndicale, ce prix doit être porté partout comme une exigence.

    Pour cela il faut établir un salaire minimum Européen et que son niveau permette de rattraper en une dizaine d’années les salaires comme par exemple ceux de la France ou de l’Allemagne.

    Il faut couper l’herbe sous le pied de ces entreprises qui mettent en concurrence les salariés pour descendre le niveau des salaires et remonter le niveau de leur profit.

    Je préconise même une loi qui ferait en sorte que lorsqu’une entreprise veut délocaliser en Europe, elle soit obligée de garder le même nombre de salariés là où elle s’installe ainsi que les droits acquis sociaux de l’entreprise qu’elle a décidé de fermer.

    Tout cela montre, tout compte  fait, le mal qu’à pu faire cette constitution européenne de 2005 auquelle Sarkozy a refusé le vote des français et auquelle les socialistes l’ont ensuite accepté.

    Le marché libre et non faussé inclus cette possibilité que le renard puisse régner en maitre dans le poulailler du marché du travail comme ils disent et le nouveau traité européen qu’Hollande vient d’accepter en rajoute en matière d’austérité et de mises en  concurrence des salariés.

    De grandes luttes seront nécessaires pour mettre fin à ce déni social que nous prépare cette Europe du capital.

    Bernard LAMIRAND


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