Le PCF fait valoir ses propositions pour que le "soutien de la France à sa filière aéronautique soit à la hauteur de l'excellence professionnelle de ses salariés et des enjeux de civilisation"
Une délégation nationale du PCF se rendra ce vendredi 19 juin au 48ème Salon de l’Aéronautique et de l’Espace au Bourget.
Alors que l’aérien est confronté à des défis technologiques et et écologiques majeurs et que les plans de restructuration dans ce secteur fragilisent sérieusement sa pérennité en France et en Europe, le PCF veut faire valoir, à l’occasion de cette manifestation internationale, une conception novatrice du développement de toute la filière.
La délégation du PCF, dont nous publions la déclaration, comptera notamment dans ses rangs Didier MIGNOT (Maire du Blanc-Mesnil), Hervé BRAMY (Secrétaire départemental du PCF et Conseiller général du Blanc-Mesnil) et Yann LE POLLOTEC (membre de l’Exécutif départemental).
Pour le développement durable, une industrie aéronautique et spatiale créatrice d’emplois et de progrès social
Dans un monde en crise rongé par le cancer des marchés financiers et face à des défis sociaux, technologiques, énergétiques et écologiques auxquels est confrontée l’humanité, notre pays a plus que jamais besoin d’une industrie aéronautique et patiale créatrice d’emplois et moteur de progrès social.
En effet, cette industrie a été et est sourced'innovations technologiques majeures dans tous les domaines.
Elle apporte, dans le cadre de coopérations européennes et internationales, la garantie de l’indépendance technologique de la France et de l'Europe qui est indispensable à la promotion d'une politique de coopération et de codéveloppement dans le monde. La force de cette industrie repose sur ses salariés, leurs compétences et leurs savoir-faire. Tout doit être fait pour les préserver et les développer.
Le transport aérien mondial continue à croître en moyenne de 4 à 5% par an. Dans toutes les activités humaines, le recours au spatial est de plus en plus important : transports, télécommunications, agriculture, météo, santé, lutte contre le réchauffement climatique… Les carnets de commandes de la plupart des grands groupes aéronautiques représentent de 4 à 8 années de travail.
D’importantes contradictions Les perspectives d’avenir de l’industrie aéronautique française et européenne sont donc grandes mais elles se conjuguent avec d’inquiétants dysfonctionnements, comme le montrent les difficultés rencontrées dans la production de l’A380, les retards de l’A400-M ou le lancement de l’A350.
La précarité, la flexibilité, l’externalisation des services et des productions, la stagnation des salaires et les délocalisations conduisent à affaiblir notre industrie aéronautique. Les plans de restructuration tels Vision 2020, Power 8 et Zéphyr sont des facteurs lourds de fragilisation de la filière aérospatiale française et européenne.
Le manque de reconnaissance, l’instabilité de l’emploi, les restructurations permanentes, les environnements de travail impersonnels en open space, les organisations du travail du type « lean » ou les « services partagés » sont autant de facteurs générateurs de démobilisation des salariés, de mal être, de souffrance et de stress et de gâchis. Même les carrières d’ingénieurs, de techniciens supérieurs et d’ouvriers hautement qualifiés sont rendues de moins en moins attractives, entraînant une crise des vocations chez les jeunes générations dont plusieurs associations d’ingénieurs s’inquiètent à juste titre.
Les raisons sont à trouver dans le fait que les directions d’entreprise ont de plus en plus de regard focalisé sur les cours de Bourse plutôt que sur les écrans de CFAO des bureaux d’études ou les lignes d’assemblage.
Remettre la gestion à l’endroit
C’est pourquoi l’emploi stable, la formation et la réévaluation des salaires devraient être au cœur de toute stratégie de développement pérenne de l’industrie aérospatiale française. Ils fondent en effet la qualité, la continuité et l’efficacité de la production et de la recherche & développement. En période de crise, la variable d’ajustement doit être la rémunération du capital privé et non la recherche et le développement, l’emploi, la formation et les salaires.
Les réserves considérables de trésorerie degroupes tels qu'EADS, Dassault, Safran, Thales ne doivent en aucun cas être captées par les actionnaires mais être, au contraire, mobilisées au bénéfice de l’investissement et du progrès social pour créer un effet d’entraînement qui est aussi leur vocation.
Dans les 10 ans qui viennent, 40% des salariés parmi les plus qualifiés de l’industrie aéronautique et spatiale vont partir en retraite.
L’heure n’est pas à supprimer des emplois, mais à mettre en œuvre un plan de formation massif des lycées aux universités en passant par les BTS, les IUT et les écoles d’ingénieur afin de poursuivre le développement du savoir-faire aéronautique et spatial que nous avons en France.
Consolider ce savoir-faire implique de combattre la précarité et d’instaurer un système de sécurité d’emploi et de formation pour tous les salariés de la branche assurant l’éradication du chômage.
Comment relever le défi
En ce début de siècle, l’industrie aéronautique est confrontée à trois défis majeurs : défi technologique avec l’irruption des matériaux composites, et des commandes électriques, défi écologique avec la réduction des gaz à effet de serre émis par les aéronefs et défi énergétique avec la préparation de l’ère de l’après pétrole. Relever ces défis implique de mobiliser, sur le long terme, de considérables ressources financières.
a) L’intervention publique
La crise financière et son impact sur le financement de l’industrie aéronautique et spatiale démontrent la supériorité de l’intervention publique sur le privé et le besoin crucial d’une grande politique industrielle publique. Seule la puissance publique, en se dégageant des contraintes de la rentabilité à court terme du capital, peut mettre en œuvre et soutenir sur la longue durée des programmes majeurs en réponse aux besoins humains.
La question de la propriété publique et du contrôle public des groupes SAFRAN, THALES, DASSAULT, EADS et des grands équipementiers est plus que jamais posée, et ce sous de nouvelles formes plus efficaces, plus sociales et plus démocratiques que les anciennes nationalisations.
Le « pacte des actionnaires » d’EADS qui prive l’État de ses moyens d’actions et interventions doit être abrogé. Le PCF propose de faire du groupe EADS le premier groupe public européen.
Air-France-KLM, dont l'État est actionnaire à hauteur de 15,7%, se doit d’acquérir des Airbus A350 plutôt que des Boeing 787 (surtout après le refus d’achat discriminatoire par les États-Unis de l’avion ravitailleur A330 MR) ; mais dans le même mouvement, EADS se doit d’offrir une solution de motorisation de l’A350 par des moteurs SNECMA-General Electric.
b) De nouveaux droits démocratiques
Cependant, la prédominance du capital public ne suffit pas. Il faut donner aux salariés de véritables pouvoirs d’intervention et de décision sur les choix stratégiques des entreprises. C’est une nécessité pour repenser nos modes de production et pour mettre en œuvre des rapports réels de coopérations, de synergies, et de complémentarité entre les entreprises et entre les salariés de la filière.
c) Une organisation de la filière partant des besoins
Le Parti communiste français s’oppose à la vente d’Aérolia et Sogerma par EADS. Il considère que ces deux filiales devraient devenir les acteurs majeurs d’un pôle français public d’aérostructure. Il est défavorable aux recompositions capitalistiques qui se préparent entre THALES et SAFRAN et leur préfère des solutions de type GIE, plus économes en coûts du capital.
Les équipementiers et leurs PME-PMI sont pris entre le marteau des donneurs d’ordres – qui transfèrent sur ces entreprises une partie du financement de leurs investissements et leur imposent des délocalisations – et l’enclume de la crise du crédit bancaire. Cette situation conduit à des fermetures d’établissements et à des délocalisations, entraînant la dislocation d’un tissu de PME-PMI qui avait fait la force de l’aéronautique française.
Les donneurs d’ordres doivent assurer des prix rémunérateurs et se portent garants devant les banques des emprunts contractés par leurs sous-traitants pour satisfaire leurs commandes. La création de fonds régionaux pour l'emploi et la formation adossée à un crédit sélectif doit permettre à l'ensemble du tissu industriel des investissements créateurs d'emplois. Les Conseils régionaux ont en la matière une responsabilité déterminante.
d) Aborder autrement les questions de financement
Le Parti communiste français souligne le rôle dévastateur de la politique de « l’euro fort » qui, couplé au dumping monétaire pratiqué par les États-Unis, est aggravé par les choix économiques de la BCE. La Zone euro a besoin d’une politique monétaire qui soit un cohérence avec l’objectif d’un développement industriel créateur d’emplois et de co-développement ; ce qui suppose une réorientation radicale des missions de la BCE et le changement de sa gouvernance.
Notre pays et l’Union européenne, pour s’affranchir de la dictature du dollar et de la spéculation sur les taux de change, doivent œuvrer pour aller vers une monnaie mondiale commune à l’abri des marchés financiers.
Le PCF préconise d’agir énergiquement auprès de la Commission européenne pour que celle-ci défende le système des avances remboursables devant l’OMC et que les crédits européens alloués à la recherche dans le domaine aérospatial par le « Programme européen cadre de recherches et développements technologiques » (PCRD) soient portés à un niveau équivalant à celui des États-Unis. La commission devrait de même favoriser des sources de financement à très faible taux auprès de la Banque européenne d’investissement (BEI) comportant des objectifs de développement de l’emploi et de formation et le renforcement du contrôle de leur utilisation.
e) Une nouvelle politique pour les programmes stratégiques et les armements aéroportés
Les programmes A400-M, Ariane 6 et Galileo doivent être poursuivis et réalisés jusqu’à leur terme. Ces programmes constituent un enjeu majeur de souveraineté technologique. Il ne peut être question de pallier le trou capacitaire dû au retard de l’A400M par l’achat ou la location de C17 américain. Le seul palliatif possible réside dans l’acquisition anticipative par l’Armée de l’air d’Airbus A330 MRT et de CASA 295.
Concernant les drônes, le PCF s’oppose à tout achat aux États-Unis ou à l'État d’Israël ; il faut au contraire travailler à une solution de coopération associant EADS, Dassault, Thales et Safran tout en agissant activement contre le commerce des armes et pour le désarmement et pour le développement d’applications civiles (drônes, A400M, …).. Il est inacceptable que la Hollande, le Royaume-Uni, le Danemark et l’Italie, membres de l’Union européenne, continuent à financer les complexes militaro-industriels américains et israéliens au travers de l’avion de combat F-35 alors que le Rafale satisfait les besoins de défense aérienne de ces pays.
Le PCF réaffirme son opposition fondamentale à la réintégration de la France dans l’OTAN en soulignant que celle-ci a de fait de très graves conséquences sur la paix dans le monde comme on le voit aujourd‘hui.
f) La coopération et le développement partagés
Les enjeux du co-développement durable et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre sont décisifs pour l’avenir du transport aérien et donc de toute l’industrie aéronautique.
Le marché et la concurrence ne sont pas les bons outils pour traiter cette question. Pire, ils constituent des éléments d’aggravation de la crise écologique. Seule la coopération, la mutualisation au niveau européen et mondial permettront à l’industrie aéronautique de devenir un acteur majeur du développement durable et de la résolution de la crise écologique.
Le Parti communiste français marque son accord avec l’agenda de l’ACARE qui fixe des objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre, de nuisances sonores et d’émission d’oxyde d’azote, à condition de l’entendre non comme de simples objectifs de Recherche technologique, mais bien comme une échéance pour l’application sur les flottes opérationnelles.
La Commission et le Parlement européens devraient dégager les moyens budgétaires nécessaires en matière de recherche et développement pour des énergies en remplacement du pétrole. En matière de contrôle aérien, l’arrêt de sa privatisation doit aller de pair avec la volonté de ne pas mettre en opposition les exigences sociales et les impératifs de sécurité.
Une autre politique au niveau national, européen et mondial
Le Parti communiste français soutient l’exigence de conserver l'industrie de l’aéronautique et du spatial parmi les secteurs clés sous contrôle public structurant une économie dynamique créatrice d’emplois en lien avec l’aménagement de nos territoires.
Promouvoir et développer en France cette filière industrielle, à l’abri des marchés financiers et de la rentabilité boursière, c’est prendre parti pour l’intérêt général, en France et dans le monde.
Le Parti communiste français fera tout pour que le soutien, en France, à cette filière soit à la hauteur de l’excellence professionnelle de ses salariés et des enjeux de civilisation actuels.