• Pari réussi pour les anti-G8 au Havre

     

    Pari réussi pour les anti-G8 au Havre 

    Samedi après-midi, 6.800 manifestants ont défilé, sans incidents, dans la ville pour contester la tenue du G8, la semaine prochaine, à Deauville. Ce dimanche, ils se retrouveront à l’université pour un forum des alternatives.

    Ce samedi après-midi, une heure ou deux avant le départ de la manifestation « G8 dégage ! », organisée par 34 syndicats, associations et partis politiques, Il n’y a pas un chat sur les grandes avenues rectilignes dans le centre-ville du Havre (Seine-Maritime). Depuis des semaines, la mairie et la sous-préfecture rivalisent pour alimenter le spectre de « débordements », à l’occasion des mobilisations contestant la réunion, la semaine prochaine, des chefs des huit Etats les plus puissants du monde à Deauville (Calvados), de l’autre côté de la Seine. Quelques rares silhouettes hantent cette ville morte ; il n’y a qu’à la gare que, peu à peu, les ombres lointaines finissent par se rapprocher et constituer une foule. Avant le départ, Pierre Lebas, secrétaire de l’union locale CGT, rappelle les consignes au service d’ordre : « On avance et on est tous sur la chaussée, et pas sur les trottoirs », « on empêche ceux qui voudraient commettre des violences de rester dans le cortège. »  

    Un peu plus tard, le syndicaliste reprend le micro pour dénoncer le « zèle » des forces de police qui bloquent des bus sur le pont de Tancarville. « Il faut qu’ils les laissent passer parce que notre banderole de tête est dans un des cars », avance-t-il, dans un sourire. Illustration du délire sécuritaire : au cours de cette opération gendarmesque sur le pont de Tancarville, un militant de SUD-PTT est interpellé sans raison, mais il est relâché dans l’heure. Autre exemple de ce climat particulier : la plupart des journalistes, en particulier les photographes, trimballent des casques accrochés à leurs sacs à dos ; l’un d’eux porte même un gilet pare-balles qui le protège sans aucun doute, mais pas du ridicule tout de même…

     

    La manifestation finit par démarrer, avec sa banderole de tête, autour de laquelle se rassemblent Aurélie Trouvé (Attac), Thierry Lepaon (CGT), Annick Coupé (Solidaires), Sophie Zafari (FSU), Elisabeth Gauthier (PCF), Eric Coquerel (PG), Christine Poupin (NPA), Henri Mermé (Alternatifs), etc. Daniel Paul et Jean-Paul Lecocq, les deux députés communistes de l’agglomération, défilent au cœur du cortège, dans les rangs fournis du PCF et de la JC, juste derrière ceux du NPA…

     Le long du parcours, comme dans toute la ville, les commerces sont presque tous fermés. Afin de montrer sa sympathie pour le mouvement ou pour échapper aux hypothétiques pavés, un propriétaire a apposé sur sa vitrine, devant le rideau de fer, une série de slogans pas si farfelus, au fond : « non à la dictature de la finance », « non à l’impérialisme de la finance », « oui à la surtaxation de la world company », etc.  

    Au son des battucadas, ces orchestres de tambours et de percussions, qui donnent cette couleur altermondialiste et joyeuse, les manifestants défilent. « Faites l’amour, pas les magasins », invite une banderole. « G7, G8, G20 et G ai rien du tout », ironise un homme, avec cette toile au vent. Au camion de Sud, l’oratrice « ne remercie pas les journalistes », accusés d’avoir relayé la psychose localement. Et ajoute : « Ils contrôlent les médias, ils contrôlent l’Internet, ne les laissons pas contrôler nos têtes ! »

    Soudain, un groupe d’une trentaine très jeunes gens cagoulés surgit et tente de se greffer au tronçon de la CNT, mais les anarchistes établissent un cordon. Tout au long du parcours, ils seront encadrés par un gros service d’ordre… Ils réussiront tout de même à briser deux vitrines de banques et une poubelle, en toute fin de parcours, offrant aux flashs crépitants de la nuée de photographes casqués une représentation fugace de ce qu’ils étaient venus chercher…

    Après une boucle dans Le Havre, tout le monde revient au point de départ. Les organisateurs annoncent 6.800 manifestants. Un score tout à fait honorable aux yeux de tous, vu le climat de terreur instauré dans la ville…

     

      

    Lire aussi, les points de vue de :

    --> Mathilde Dupré, experte sur le financement du développement au CCFD

    --> Aurélie Trouvé, coprésidente d'ATTAC France

    --> Pierre Lebas, secrétaire de l'UL CGT du Havre

    Reportage de Thomas Lemahieu

     

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