• Pacte pour l’euro : un FMI européen ( 4 et 5 )

    Pacte pour l’euro : un FMI européen ( 4 )

    Comment la Commission Européenne est en train de faire un FMI européen.

    Episode 4 : la « démocratie » de la compétitivité.

    Le maître-mot qui définit la cohérence de cette UE du Pacte de l’Euro est « compétitivité ». Ce mot répété inlassablement sera défini dans les « objectifs » du Pacte. Mais pour donner dors et déjà un aperçu du sens de ce mot, rappelons les compliments faits à la Grèce et au Portugal dans les « Conclusions des chefs d’État ou de gouvernement du 11 mars » :

    -pour la Grèce : « mener à bien entièrement et rapidement le programme de privatisations et de valorisation du patrimoine foncier de 50 milliards d’euros qu’elle a annoncé ».

    -pour le Portugal : « En particulier, les chefs d’État ou de gouvernement, le président de la Commission et le président de la BCE accueillent favorablement et soutiennent le train de mesures d’envergure annoncé aujourd’hui par le Portugal concernant les réformes budgétaires, financières et structurelles ». Il est utile de rappeler la teneur principale des mesures prises au Portugal : gels et diminutions de salaires, suppression d’aides sociales ou encore augmentation de la TVA, mesures semblables à celles prises en Grèce : réduction des salaires des fonctionnaires, des pensions de retraite et augmentation des impôts.

    Et la démocratie dans tout ça ?

    Citons : « Ces nouveaux engagements seront ensuite intégrés aux programmes nationaux de réforme et de stabilité et relèveront du cadre de surveillance régulier, la Commission tenant un rôle central important dans le suivi de la mise en œuvre des engagements ». C’est donc la Commission, c’est-à-dire les représentants des gouvernements, donc l’organe exécutif de l’UE, qui est chargé du suivi. Rappelons qu’en matière économique, le Parlement, composé des députés que nous élisons, n’a qu’une fonction consultative.

    Vous allez dire : c’est un procès d’intention. Les gouvernements européens sont des démocraties, c’est bien connu. Oui, ce texte nous explique clairement que c’est c’est une démocratie de la compétitivité. Qu’est-ce que ça donne ? D’abord, il faut nier le vote des peuples qui se sont prononcés contre les traités qui forment la base de cette mise à jour de la doctrine européenne. Et comme cela risque de ne pas être assez claire, un peu d’ingérence directe peut aider à faire comprendre qui commande. Ainsi, alors que le parlement portugais rejetait le 4ème ( !) train de mesure que voulait imposer José Socrates, Angela Merkel intervenait directement pour juger ce parlement : « À présent, il est très important que tous ceux qui parlent au nom du Portugal disent clairement qu’ils se sentent liés par l’objectif de ce programme (« L’Humanité » du 25 mars 2011). L’ingérence directe des pays les plus puissants dans les débats des différents pays ne semble pas poser de problème à cette Europe là, qui s’approche de la démocratie censitaire (non pas « un homme, une voix », mais « un euro, une voix ») qui a cours dans tous les bons conseils d’administration du CAC 40 et du FMI. D’ailleurs, comme par hasard, quelques jours après la démission de José Socrates suite au vote négatif du parlement portugais, les marchés et les agences de notation augmentaient la pression, et faisaient franchir aux taux d’intérêt des emprunts portugais à dix ans le seuil des « 8 % pour la première fois depuis l’entrée du pays dans la zone euro » (« L’Humanité du 01 avril 2011).

    L’alliance explicite des politiques libéraux et du capital n’est plus à démontrer. C’est ça, la démocratie de la compétitivité… des capitaux. La démocratie de la compétitivité nous réserve beaucoup d’autres douceurs que nous détaillerons au fil des épisodes. Mais une surprise nous attend dans l’épisode 5 ! A suivre…

    Pacte pour l’euro : un FMI européen ( 5 )

    Comment la Commission Européenne est en train de faire un FMI européen

    Épisode 5 : l’Union Européenne taxe le capital !!

    Dans les épisodes précédents, en particulier les 2, 3 et 4, on a vu comment d’emblée les chefs d’États ou de gouvernements expliquent leur volonté de faire de l’UE un FMI des pays européens, mais avec des moyens politiques plus puissant que le FMI. Cette orientation ne fera que se confirmer et s’amplifier tout au long des différents textes dont il est question dans cette petite saga, et qui vont toujours plus loin à la fois dans les principes économiques ultralibéraux et dans les contraintes politiques, juridiques, fiscales, sociales qui seront appliquées aux États membres.

    Mais, une lueur d’espoir jaillit quand on lit, toujours dans les « Conclusions des chefs d’États ou de gouvernements de la zone euro du 11 mars 2011 », l’expression « taxer le capital ». La lueur disparaît malheureusement assez vite.

    Voici donc le passage du jour : « Les chefs d’État ou de gouvernement conviennent de la nécessité de réfléchir à l’introduction d’une taxe sur les transactions financières et de faire avancer les travaux aux niveaux de la zone euro et de l’UE ainsi que sur le plan international ». La seule mesure qui toucherait un peu au capital international consiste à « convenir d’une nécessité de réfléchir ». Le contraste avec la pression politique (voir les épisodes précédents), institutionnelle et financière est saisissant, à la limite du mépris. Quant à « faire avancer les travaux sur le plan international », c’est une manière de dire que sur la question de la taxation du capital, l’UE n’avancera pas sans un accord avec ses « concurrents » sur le grand marché mondial, stratégie dont on a vu l’efficacité quand il s’est agit des négociations sur le climat.

    Cet épisode était le dernier consacré aux grands principes des « Conclusions des chefs d’Etats ou de gouvernements de la zone euro du 11 mars 2011 ». Il est temps de rentrer dans le cœur du réacteur : le Pacte pour l’Euro. A suivre donc…


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