• « On est en train de tuer le service public »

     

    « On est en train de tuer le service public » 

    Reportage à Pontoise sur les effets concrets de la casse de l'Assurance maladie par le gouvernement.

    Martine*, 59 ans,  s’avance difficilement vers la porte de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) de Pontoise, bien aidée par sa béquille. Elle pousse lentement la porte pour aller déposer son dossier de l’aide à la complémentarité santé.  Cette mère de deux enfants ne le sait pas encore mais c’est sans doute une des dernières fois qu’elle se rend dans le centre.

    En raison d’une réorganisation de la Sécurité Sociale, la CPAM de Pontoise va fermer ses portes d’ici 2013 (Voir le plan). Et c’est loin d’être le seul dans le Val d’Oise. En tout six centres (ceux de Pontoise, Argenteuil-le-Val, Persan, Sarcelles-Village, Saint-Ouen l’Aumône et Villiers-le-Bel-Allende) seront touchés par les fermetures. Tandis que d’autres (ceux de Cormeilles-en-Parisis, Domont, Eaubonne, Gonesse, Montmorency, Montigny, Saint-Gratien, Sannois, Soisy et Taverny) seront remplacés par des accueils sur rendez-vous.

    Les assurés devront se déplacer loin

    Une décision qui n’arrange pas les assurés : « C’est vraiment embêtant, c’est casse-pieds », explique Martine avec rage.  Cette assurée devra alors se rendre au centre de Cergy-Pontoise - le plus proche de celui de Pontoise - même pour demander un renseignement. A cause de cette décision, Martine, qui n’a pas les moyens de prendre les transports en commun, devra marcher pratiquement 3 kilomètres pour se rendre dans un centre d’accueil au public. « Moi encore ça va, je peux marcher. Mais comment vont faire les personnes handicapées ? C’est n’importe quoi », regrette-t-elle.

    Même son de cloche du côté de Sophie* qui ne comprend pas cette décision : « C’est très mauvais. Nous allons être obligés de nous déplacer, alors qu’ici, on était tout près », indique-t-elle. Avant de remettre en cause le service public : « Tout devient de plus en plus compliqué. Déjà, auparavant, c’était difficile d’avoir un agent au téléphone. Maintenant il va falloir aller loin, c’est encore plus dur. »

    Coralie*, agent de production du centre d’Argenteuil, s’inquiète aussi pour les assurés : « Actuellement, on incite les assurés à faire le plus de choses possibles sur internet. Mais là où j’habite, à Argenteuil, beaucoup de personnes n’ont pas accès au net. Si on ajoute en plus les problèmes de déplacements liés à cette décision…A mon avis, on est en train de tuer le service public. »

    Coralie est aussi touchée par ces fermetures.  Cette mère de famille célibataire, qui a ses deux enfants en maternelle, va être mutée soit à Cergy soit à Sarcelles. Elle ne le sait pas encore. Mais une chose est sûre, elle va perdre de l’argent : « En étant mutée, je vais devoir prendre les transports en commun, comme je n’ai pas de voiture. Alors qu’avant, je me rendais à mon travail à pieds. », précise-t-elle. Avant de conclure: « Je vais devoir partir plus tôt, et je vais rentrer plus tard. Du coup, je vais avoir des frais importants pour la garde de mes enfants. Cette décision n’arrange vraiment personne.»

    * Les prénoms ont été changés

     

    • Pour aller plus loin, à lire:

    La Sécu taille dans ses effectifs (4000 postes supprimés à la CNAM en 2010)

    Racket sur les assurés sociaux

    De nouveaux coups de canifs dans la couverture santé

    Quand la sécurité sociale est dans la rue

    Thomas Djezzane

     

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