• Négociation marché du travail: pièges et mensonges !

    Négociations emploi : Accepterez-vous la « flexibilité pour tous » voulue par le Medef ?

    D'accord historique, en termes de négociations sur l'emploi, sauf coup de théâtre de dernière minute, il n'y aura pas. Il faut dire que le Medef avait dès le début plombé la négociation en exigeant la flexibilité maximale pour tous.

    flexibilite.jpg

    Slovar les Nouvelles vous a expliqué au fil de ces dernières semaines, comment le Medef s'était ingénié à plomber les négociations sur l'emploi. Après le premier constat d'échec, en décembre 2012, on s'achemine vers la fin du compromis historique souhaité par François Hollande. Car, il est clair comme nous l'écrivions que Laurence Parisot souhaite maintenant mettre la pression sur le gouvernement et sur les parlementaires en les soumettant au chantage à l'emploi ou au licenciement. 

    Cette tactique est méprisable dans la mesure où cela fait des années que le Medef souhaite remplacer le législateur par le dialogue entre partenaires sociaux. Sauf que pour le Medef, le dialogue social se résume à ... un monologue ! 
     
    Une des raisons étant que traditionnellement, les grandes négociations se déroulent au siège du Medef, autour, comme le révélait le site Atlantico, de ses propositions, toutes plus outrancières les unes que les autres. Le jeu consistant, pour les syndicats, d'essayer d'obtenir un adoucissement plus ou moins prononcé de celles-ci. 

    Or, cette fois-ci, le Medef, s'appuyant sur un taux de chômage record, a décidé de placer la barre très haut,  puisqu'il exige la mise en place : d'une flexibilité généralisée, de la capacité de licencier plus facilement et à moindre coût et de la suppression de la voie judiciaire en cas de plan social injustifié. Le tout, sans quasiment aucune contre partie. 
     
    Son argument ? : Fluidifier le marché du travail. En clair, si on rendait les licenciement plus simples et moins onéreux cela améliorerait l'embauche ! 

    Quelle sont les réactions des organisations syndicales ?

    Du côté de la CGT et de FO, on est parfaitement clair : « Les secrétaires généraux de la CGT et de Force ouvrière (FO) ont confirmé mardi que leurs organisations ne signeraient pas un accord sur la réforme du marché du travail si le patronat maintenait ses exigences en matière de flexibilité (...) » Lire aussi le communiqué sur le site de la CGT qui appelle à manifester devant le siège du Medef.

    Qu'en est-il des autres organisations ?

    A la CFDT, on continue d'y croire, sans trop d'illusions, toutefois : « (...)  L’objectif est de trouver un compromis qui fasse avancer les droits des salariés et notamment des plus précaires. » (...)  En clair, l’heure n’est plus aux manœuvres dilatoires.  « Le 10 et 11 janvier constitueront le dernier round de négociation, prévient le chef de file de la délégation. Le patronat porte désormais l’entière responsabilité d’un éventuel échec. Il doit être conscient qu’après le 11, la balle sera dans le camp du gouvernement. » À bon entendeur… » 

    A la CGC si on montrait les dents, on se targuait d'avoir obtenu des avancées  : « (...) ou l’art patronal de freiner une négociation qui avançait vers le consensus ! Est-ce bien digne de l’urgence à relever le marché du travail de la chute où les plans sociaux successifs l’entraînent ? Cependant, la CFE-CGC a obtenu quelques avancées : un compte personnel de formation tout au long de la vie et un droit à la mobilité temporaire plutôt bien encadré...mais les enjeux sont tels que ces propositions pèsent bien peu face aux demandes réaffirmées du MEDEF de libéralisation maximale des procédures de licenciements, face à une « barémisation » indécente des indemnités et dommages et intérêt ! »

    Quant à la CFTC qui ne sait toujours pas si elle pourra continuer à exister par manque de représentativité, on se persuadait d'être efficace : « (...) Même si rien de concret n’a été acté sur la lutte contre la précarité de l’emploi, les employeurs qui se montraient si inflexibles n’ont pas été totalement insensibles aux revendications des organisations syndicales exprimées les semaines précédentes. “On sent du côté du patronat plus d’ouverture, notamment sur les contrats précaires (...) »

    Or, la lecture d'un communiqué du MUNCI, association professionnelle qui fédère en France les membres salariés indépendants et demandeurs d’emploi des professions informatique et des métiers du numérique, publié le 18 décembre 2012 et mis à jour le 6 janvier 2013, on apprenait que : 
     
    « (...) Sans rien à redire, plusieurs syndicats (la CFDT, la CFTC et peut-être aussi la CFE-CGC ) sont sur le point de valider deux propositions du patronat particulièrement dangereuses pour les travailleurs : une extension du "contrat de travail intermittent" aux entreprises de -50 salariés et à de nouveaux secteurs, et surtout la création d’un "contrat de projet à durée indéterminée" (une vieille revendication du patronat jusqu’ici toujours rejetée par les syndicats de salariés). Les maigres compensations offertes en retour par le patronat sont sans commune mesure avec la PRÉCARITÉ MAXIMUM qui concernera potentiellement des MILLIONS DE SALARIÉS TRAVAILLANT EN MODE PROJET (tels que les prestataires de services), sans compter la CONCURRENCE ABUSIVE que ces contrats pourra engendrer vis à vis des CENTAINES DE MILLIERS de PROFESSIONNELS AUTONOMES (indépendants, portage salarial) qui ont fait le choix d’une FLEXIBILITÉ ASSUMÉE en contrepartie de revenus nettement plus élevés en période d’activité. Par esprit de compromission, ces syndicats vont-ils "sacrifier" de nombreux travailleurs pour tenter d’obtenir un accord "globalement équilibré" avec le patronat ?Le MUNCI entend combattre RADICALEMENT cette nouvelle flexibilité dans nos professions (…) et met en garde les syndicats de salariés contre un détournement durable et profond des travailleurs à leur égard…» 

    Information qu'apprécieront certainement l'ensemble des salariés et les adhérents à ces syndicats avides d'accords à tout prix ! Néanmoins, il faudra attendre le 11 janvier pour connaître la position officielle de ces syndicats.

    En cas d'échec constaté, il reviendra au gouvernement et au parlement de faire les arbitrages entre les demandes de flexibilité et de sécurisation de millions de salariés. 
     
    Imposeront-ils,  en contrepartie d'un assouplissement des conditions de licenciements et de généralisation d'accords compétitivité-emploi (qui faisaient partie du programme économique et social de l'ancienne majorité) ?  :

    L'obligation d'une participation de toutes les entreprises à une complémentaire de santé ? 
     
    Une taxation des abus de CDD de courte durée ? 
     
    Des droits rechargeables pour ceux qui alternent période de chômage et d'emploi ? 

    Qui toutefois, comme l'écrit Gérard Filoche : « (...) sont tous petits et limités, sinon marginaux, en regard de ce que le Medef met dans la balance en face d’eux. Il n’y a rien de « gagnant-gagnant » là dedans ! Une taxe pour les contrats courts, qu’est-ce à côté du droit fondamental de licencier sans motif ? Qu’est ce qu’une « complémentaire » santé à charge des salariés, à coté de l’acceptation de pactes de compétitivité baissant les salaires, allongeant les durées du travail et augmentant le nombre de chômeurs ? (...) »

    Aujourd'hui, nul ne le sait. Par contre, ce que tout le monde sait, c'est que le Medef vient de mettre fin à l'illusion du dialogue entre partenaires sociaux et faire naître chez tous les salariés une colère qui ne sera plus canalisable à court terme par les syndicats. D'autant que si l'assouplissement des conditions de licenciements et de travail devaient être avalisée, ce seraient des milliers de salariés en plus qui devraient se retrouver au chômage pendant que ceux qui ont encore un emploi seraient fragilisés par des contrats de travail à caractère précaire !

    Réhabiliter la lutte des classes en guise de compétitivité, il fallait y penser. Laurence Parisot pourra se vanter de l'avoir fait !

    Déclaration du Front Syndical de Classe

    Négociation marché du travail :

    pièges et mensonges !

    Pour créer des emplois, gouvernement socialiste, MEDEF, éditorialistes des grands médias et économistes médiatiques sont d'accord : les entreprises doivent être " sécurisées ", c'est-à-dire qu'elles doivent pouvoir licencier à volonté ; ce sont les "contraintes" du code du travail, les procédures juridiques et les coûts des plans sociaux qui gênent nos licencieurs !

    En gros donc, ce n'est pas leur système économique qui génère crise et misère : ce sont les garanties et droits conquis par les travailleurs au long de décades de luttes parfois sanglantes qui seraient responsables du chômage de masse !

    Et les syndicats sont priés de consentir à un accord soi-disant gagnant-gagnant comme y poussent les dirigeants de la CFDT, le recul essentiel sur les garanties encore existants étant camouflé derrière des " avancées " en matière de sécurité pour les travailleurs seulement évoquées ( extension des complémentaires santé, « portabilité » des droits en cas de changement d'entreprise, amélioration de la formation et de l'information des salariés sur la stratégie de l'entreprise, droits des chômeurs renforcés …).

    En camouflant de surcroît que derrière les acteurs de façade ce sont l'UE, les « marchés financiers » et les agences de notation qui trouvent trop rigide le marché français du travail et qui exigent sa flexibilisation !

    En réalité, l'argument selon lequel le marché français du travail serait " cadenassé ", trop rigide est un pur mensonge  :

    • les CDD intérim c'est déjà 15% des emplois (plus qu'en Allemagne)

    • le taux de rotation trimestriel de la main d'œuvre dans les entreprises de plus de 10 salariés n'a cessé d'augmenter des dernières années (de 9 à 13%)

    • les CDD de moins d'1 mois, les contrats hyper courts ont augmenté de 90% en 10 ans

    • la rupture conventionnelle a fêté aujourd'hui son millionième salarié quittant une entreprise, cette rupture conventionnelle constituant la plupart du temps un licenciement déguisé, libérant l'employeur de ses obligations et laissant le salarié sans véritable défense.

    Ce qui est donc planifié dans notre pays par le patronat, les multinationales, le gouvernement et l'UE, c'est encore plus de flexibilité et de précarité pour les travailleurs –dans le privé comme dans le public où a explosé le nombre de précaires, auxiliaires, contractuels…- non pas afin de créer des emplois et sécuriser les parcours professionnels, mais pour engranger encore plus de profits et briser toute volonté de résistance en aggravant et la précarité et la concurrence entre les salariés !

    Là réside l'enjeu de classe du soi-disant "compromis historique" c'est -à-dire la poursuite de la guerre de classe menée depuis 30 ans au profit d'une infime minorité, avec la mise en cause de toutes les conquêtes sociales issues des luttes (1936, 1945 et le programme du Conseil national de la Résistance,1968 …).

    Et ils veulent aller plus loin encore au nom de leur crise et de leur volonté d'en faire payer le prix aux travailleurs et aux couches populaires !

    Pour sauver leurs profits et leurs privilèges, pour sauver l'euro, pour sauver la construction européenne, véritable outil de leur domination et de remise en cause de la souveraineté des peuples.

    Nous devons savoir qu'il n'y a pas d'issue à la crise en acceptant de nouveaux sacrifices, le recul du pouvoir d'achat, la remise en cause du code du travail.

    Ils veulent que les syndicats avalisent une politique déjà mise en œuvre sur le terrain comme c'est le cas à Sevelnord de PSA ou chez Air France, ou encore chez Renault en Espagne fondée sur le chantage : " ou vous acceptez les reculs sociaux où nous fermons l'entreprise, ou nous délocalisons  !".

    C'est cela même la mondialisation et la concurrence dans l'union européenne : la guerre de tous contre tous au profit d'une minorité d'exploiteurs qui tirent les marrons du feu !

    C'est ce chantage qu'il faut briser par l'union dans la lutte !

    Et c'est avec tout cela qu'il faut rompre pour commencer à sortir de la crise et du marasme !

    Et pas d'autre issue que la lutte " TOUS ENSEMBLE en même temps " pour commencer à triompher de la mise en concurrence et du dumping social !

    Les organisations syndicales au pied du mur

    La CFDT par la bouche du successeur de Chérèque (récompensé pour ses bons et loyaux services en étant nommé en conseil des ministres inspecteur général de l'Inspection générale des affaires Sociales et héritant de la présidence de la boîte à idées sociale-libérale Terra Nova) fait le forcing en vue de la signature de l'accord à l'issue des réunions de ce 10 et 11 janvier et condamne par avance toute résistance authentique (" Nous ne sommes pas en guerre " dixit Laurent Berger), ce qui en clair signifie en fait le refus de tout positionnement de classe et de lutte de classes sur ce sujet comme sur d'autres (les retraites par exemple).

    La position de FO n'est pas encore fixée tandis que la CGT semble s'orienter vers un refus de signature de l'accord.

    Il reste à appeler les travailleurs à l'action et à la résistance et pour les travailleurs et les syndicats de base eux-mêmes à faire triompher dans la pratique et dans leurs propres organisations (congrès prochains de la CGT et de la FSU) les principes gagnants qui ont fait leurs preuves : le rapport de force, la résistance pied à pied, l'union sur des bases de classes dans le concret des propositions et dans les idées  !

    Le Front Syndical de Classe

    9 janvier 2013

    *******************

    On peut lire dans " Valeurs actuelles du 3 au 9 janvier " : " La perspective d'avoir à payer des indemnités exorbitantes en cas de licenciement ou de voir un plan social annulé après plusieurs années pour vice de forme a amené les entreprises à recourir à des expédients qui, en définitive, leur sont préjudiciables comme à leurs salariés. "

    La lutte des Goodyear d'Amiens –au-delà des difficultés actuelles qui montrent que rien n'est définitivement réglé- qui a empêché durant 5 ans la direction multinationale de fermer l'entreprise et entraîné la condamnation devant les tribunaux du plan social prévu, illustre l'obstacle que représente la législation actuelle à la stratégie de restructuration, de délocalisation et de liquidation industrielle.

    C'est cela que le patronat, les classes dirigeantes et la social démocratie à leur service veulent contourner avec leur " compromis historique " !

    Négociation emploi: tensions entre syndicats, Medef et gouvernement

    Négociation marché du travail : pièges et mensonges !

    Le Medef de Laurence Parisot, noeud du problème de ces négociations sur l'emploi

    Les coups de pression et les déclarations se multiplient avant le dernier round des négociations sur la flexibilité du marché du travail et la sécurisation de l'emploi. Le pessimisme domine chez les syndicats et le patronat quant à la signature d'un accord.

    Depuis le coup d'envoi des discussions, le 4 octobre, syndicats (CDFT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC) et patronat (Medef, CGPME, UPA) constatent leurs désaccords sur cette réforme cruciale visant à fluidifier le marché du travail, en offrant plus de souplesse aux entreprises et plus de protection aux salariés. Alors que chaque partie attend un "pas" du camp adverse et que les tractations s'accélèrent, un gouffre continue de les séparer.

    Selon une source proche des négociations, le nouveau projet patronal comporte quelques modifications à la marge et exclut toujours la principale revendication syndicale: la taxation des contrats courts, qui figure dans la feuille de route du gouvernement.

    Pressions gouvernementales

    Pour pousser le Medef à "lâcher" sur ce point jugé essentiel, le gouvernement a, selon cette même source citée par l'AFP, menacé d'exclure les contrats courts de l'assiette de calcul du crédit d'impôt compétitivité (CICE). Excédée par cette "ingérence", la patronne des patrons, Laurence Parisot, qui croyait jusqu'ici à un accord, a fait volte-face lundi, se déclarant "très pessimiste" en raison "de nombreux points durs" et d'"une surenchère inacceptable". "On n'est pas dans une logique de menace mais dans une logique de confiance, se défend-on au ministère du Travail. L'enjeu est de démontrer la capacité du dialogue social à être un outil de transformation, tout le monde joue gros".

    Les organisations d'employeurs, qui "ne peuvent assumer un échec, au risque d'être affaiblies pendant le reste du quinquennat", selon un représentant patronal, pourraient consentir in fine à taxer les seuls CDD liés à un surcroît d'activité, pas les contrats de remplacement, les saisonniers, l'intérim. Un geste qui pourrait satisfaire certains syndicats. Mais d'autres points durs demeurent, notamment la "déjudiciarisation" des procédures de licenciement.

    Délicat pour la CFDT

    La CFTC et la CFE-CGC, qui fustigent le "repli dogmatique" du Medef, jugent toujours ce volet inacceptable. Pour les syndicats, la balle est "dans le camp du patronat". Laurent Berger (CFDT) l'a répété vendredi: "s"il ne bouge pas, il n'y aura pas d'accord". La position du nouveau chef de la centrale réformiste est délicate: s'il revendique de n'être "ni l'allié, ni l'ami du gouvernement", la réussite du dialogue social reste son cheval de bataille. Ses exigences sont claires: la réduction des temps partiels subis, une complémentaire santé pour tous, des droits rechargeables à l'assurance-chômage et une taxe pour limiter les contrats courts.

    CGT et FO dans la rue contre le Medef

    A l'opposé, la CGT et FO ne voient pas d'inconvénient à laisser la main au gouvernement et au législateur en cas d'échec. Bernard Thibault, dont l'organisation, rejointe par FO, appelle à manifester jeudi devant le siège du Medef, s'est fixé comme "première mission" pour 2013 "de s'opposer aux velléités du Medef de déréglementer encore un peu plus le code du travail".

    La signature de Force ouvrière, longtemps attentiste, semble elle aussi s'éloigner. Pour Jean-Claude Mailly, qui se dit "pas du tout optimiste", un accord tiendrait du "miracle". Pour être entériné, ce dernier ne doit pas rencontrer l'opposition de plus de deux des cinq organisations syndicales. En cas d'échec, François Hollande se dit prêt à "assumer" seul une réforme ambitieuse.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :