Cette tactique est méprisable dans la mesure où cela fait des années que le Medef souhaite remplacer le législateur par le dialogue entre partenaires sociaux. Sauf que pour le Medef, le dialogue social se résume à ... un monologue !
Or, cette fois-ci, le Medef, s'appuyant sur un taux de chômage record, a décidé de placer la barre très haut, puisqu'il exige la mise en place : d'une flexibilité généralisée, de la capacité de licencier plus facilement et à moindre coût et de la suppression de la voie judiciaire en cas de plan social injustifié. Le tout, sans quasiment aucune contre partie.
Quelle sont les réactions des organisations syndicales ?
Du côté de la CGT et de FO, on est parfaitement clair : « Les secrétaires généraux de la CGT et de Force ouvrière (FO) ont confirmé mardi que leurs organisations ne signeraient pas un accord sur la réforme du marché du travail si le patronat maintenait ses exigences en matière de flexibilité (...) » Lire aussi le communiqué sur le site de la CGT qui appelle à manifester devant le siège du Medef.
Qu'en est-il des autres organisations ?
A la CFDT, on continue d'y croire, sans trop d'illusions, toutefois : « (...) L’objectif est de trouver un compromis qui fasse avancer les droits des salariés et notamment des plus précaires. » (...) En clair, l’heure n’est plus aux manœuvres dilatoires. « Le 10 et 11 janvier constitueront le dernier round de négociation, prévient le chef de file de la délégation. Le patronat porte désormais l’entière responsabilité d’un éventuel échec. Il doit être conscient qu’après le 11, la balle sera dans le camp du gouvernement. » À bon entendeur… »
A la CGC si on montrait les dents, on se targuait d'avoir obtenu des avancées : « (...) ou l’art patronal de freiner une négociation qui avançait vers le consensus ! Est-ce bien digne de l’urgence à relever le marché du travail de la chute où les plans sociaux successifs l’entraînent ? Cependant, la CFE-CGC a obtenu quelques avancées : un compte personnel de formation tout au long de la vie et un droit à la mobilité temporaire plutôt bien encadré...mais les enjeux sont tels que ces propositions pèsent bien peu face aux demandes réaffirmées du MEDEF de libéralisation maximale des procédures de licenciements, face à une « barémisation » indécente des indemnités et dommages et intérêt ! »
Quant à la CFTC qui ne sait toujours pas si elle pourra continuer à exister par manque de représentativité, on se persuadait d'être efficace : « (...) Même si rien de concret n’a été acté sur la lutte contre la précarité de l’emploi, les employeurs qui se montraient si inflexibles n’ont pas été totalement insensibles aux revendications des organisations syndicales exprimées les semaines précédentes. “On sent du côté du patronat plus d’ouverture, notamment sur les contrats précaires (...) »
Or, la lecture d'un communiqué du MUNCI, association professionnelle qui fédère en France les membres salariés indépendants et demandeurs d’emploi des professions informatique et des métiers du numérique, publié le 18 décembre 2012 et mis à jour le 6 janvier 2013, on apprenait que :
Information qu'apprécieront certainement l'ensemble des salariés et les adhérents à ces syndicats avides d'accords à tout prix ! Néanmoins, il faudra attendre le 11 janvier pour connaître la position officielle de ces syndicats.
En cas d'échec constaté, il reviendra au gouvernement et au parlement de faire les arbitrages entre les demandes de flexibilité et de sécurisation de millions de salariés.
L'obligation d'une participation de toutes les entreprises à une complémentaire de santé ?
Une taxation des abus de CDD de courte durée ?
Des droits rechargeables pour ceux qui alternent période de chômage et d'emploi ?
Qui toutefois, comme l'écrit Gérard Filoche : « (...) sont tous petits et limités, sinon marginaux, en regard de ce que le Medef met dans la balance en face d’eux. Il n’y a rien de « gagnant-gagnant » là dedans ! Une taxe pour les contrats courts, qu’est-ce à côté du droit fondamental de licencier sans motif ? Qu’est ce qu’une « complémentaire » santé à charge des salariés, à coté de l’acceptation de pactes de compétitivité baissant les salaires, allongeant les durées du travail et augmentant le nombre de chômeurs ? (...) »
Aujourd'hui, nul ne le sait. Par contre, ce que tout le monde sait, c'est que le Medef vient de mettre fin à l'illusion du dialogue entre partenaires sociaux et faire naître chez tous les salariés une colère qui ne sera plus canalisable à court terme par les syndicats. D'autant que si l'assouplissement des conditions de licenciements et de travail devaient être avalisée, ce seraient des milliers de salariés en plus qui devraient se retrouver au chômage pendant que ceux qui ont encore un emploi seraient fragilisés par des contrats de travail à caractère précaire !
Réhabiliter la lutte des classes en guise de compétitivité, il fallait y penser. Laurence Parisot pourra se vanter de l'avoir fait !