• Bachar al-Jaafari

    Comme attendu, hier 19 Juillet, la Russie et la Chine ont prononcé leur troisième double veto et déjoué, une fois de plus, le sempiternel projet conçu par « les ennemis de la Syrie » pour pousser le Conseil de sécurité à adopter une résolution totalement injuste lui infligeant encore plus de sanctions illégitimes en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, tandis que le Pakistan et l’Afrique du Sud se sont abstenus. Suite au vote, le délégué syrien permanent auprès des Nations Unies, le Docteur Bachar al-Jaafari, a pris la parole ; parole qui n’est sans doute pas parvenue aux syriens de l’extérieur et à ceux qui auraient pu être intéressés de l’écouter, étant donné le silence strident imposé aux médias syriens avec la complicité d’Arabsat, de Nilesat et de toutes sortes de censures concoctées par des pays arabes et occidentaux qui s’évertueraient à instaurer des libertés, notamment la liberté d’expression ! En voici une transcription non intégrale à partir d’une vidéo récupérée ce matin sur you tube.

    * * *

    Monsieur le Président… Le peuple syrien est désormais saisi d’angoisse et d’inquiétude avant chaque réunion du Conseil de sécurité autour de la Syrie, et ceci principalement en raison de ce sur quoi nous avions attiré votre attention depuis le début : la synchronisation suspecte entre ces séances du Conseil et les opérations terroristes cruelles qui ont touché un grand nombre de personnes innocentes parmi le peuple syrien ainsi que bon nombre de ses institutions, de ses cadres, de ses biens publics et privés !

    Messieurs…vous vous rappelez certainement de toutes les explosions et massacres qui ont terrorisé les habitants de plusieurs régions syriennes… pendant que le Conseil de sécurité discutait de la Syrie… C’est avec regret que nous vous rappelons qu’hier encore, le bras du terrorisme meurtrier s’en est pris à des ministres et à des dirigeants des organes de la Sécurité nationale réunis à Damas… C’est aussi avec regret que nous constatons que ce Conseil n’a nullement condamné cet acte… mais… nous adressons nos remerciements à Mr le Secrétaire général et à l’émissaire spécial Mr Kofi Annan pour leurs condamnations respectives.

    Monsieur le Président… Si un tel acte terroriste est incapable de susciter une condamnation sévère et immédiate de la part de ce Conseil… cela signifie assurément que tout ce que la communauté internationale a édifié pour lutter contre le terrorisme n’était que lettre morte… C’est là un échec qui adressera un message d’erreur aux terroristes du monde entier leur disant qu’ils sont au-delà de tout questionnement… C’est là un silence qui signifiera que soutenir une solution pacifique et éloignée de toute violence en Syrie n’est pour certains qu’un simple slogan destiné à gagner du temps, à duper l’opinion publique syrienne et internationale, et à bloquer le plan de Mr Kofi Annan ; alors que la Syrie a accueilli favorablement son plan en 6 points, la mission des observateurs internationaux et les déclarations de la Conférence de Genève du 30 juin 2012 […].

    Mais… malheureusement des pays étrangers se sont mêlés immédiatement et brutalement d’une affaire strictement syrienne pour sonner les tambours de la guerre et devenir une partie du problème en fournissant armes, finances, couverture politique, couverture médiatique, et appui logistique aux gangs armés ; en plus d’inciter à la violence et au refus du dialogue et d’adopter un paquet d’une soixantaine de sanctions illégales qui ont perturbé la vie quotidienne du peuple syrien… Sanctions qui bafouent les règles de bon voisinage ainsi que toutes les normes et les lois internationales les rendant juridiquement criminelles… Ceci, sans oublier les ruptures des relations diplomatiques avec la Syrie pour couper court à tout dialogue et à tout contact direct.

    Au nom du peuple syrien, nous disons à tous ces pays : si vous voulez imposer la loi de la jungle à d’autres et que cette décision vous semble logique, commencez donc par l’appliquer à vos pays respectifs et demandez à ceux parmi vos ressortissants et résidents, qui sympathisent sincèrement ou non avec les bandes armées et les terroristes qui sévissent en Syrie, de les accueillir et de leur offrir la liberté qu’ils convoitent et particulièrement celle de semer le désordre par les armes … tout comme la liberté de déstabiliser et de détruire le tissu national et les fondements de l’État syrien, sous prétexte d’instaurer réformes et démocratie !

    Monsieur le Président… Les rumeurs qui ont envahi dernièrement les médias à propos d’« armes chimiques » que la Syrie pourrait utiliser, ne sont que des rumeurs dénuées de tout fondement… ne sont qu’une pêche en eaux troubles… Si jamais elles pouvaient fournir une quelconque preuve, elles indiqueraient plutôt l’intention de certains de s’en servir contre les Syriens, pour en accuser ensuite les autorités syriennes et retourner l’opinion publique et le Conseil de sécurité contre ces mêmes autorités.

    Tous les Syriens veulent contribuer, sur les bases de la réconciliation et du pardon réciproque, à travailler ensemble pour reconstruire ce qui a été détruit au cours de cette crise, à aller de l’avant pour faire évoluer et consolider un État de Droit, à ramener le calme et la stabilité en lieu et place de ceux qui souhaitent l’adoption d’une résolution du Chapitre VII ou d’une intervention militaire étrangère ; ce qui permettrait à certains États de faire l’économie de leur autocritique et d’effacer de la mémoire de ce conseil toutes les catastrophes et horreurs qu’ils ont laissées après leur passage !

    Par conséquent c’est à nous les Syriens, opposants compris, de réaliser que nombre d’États qui se prétendent vivement concernés par la Syrie et son peuple ne veulent pas d’une solution pacifique qui garantirait l’unité, la stabilité et la souveraineté du pays et qui permettrait de répondre aux aspirations de notre peuple. Bien au contraire, ceux-là ne visent que l’État et le peuple syriens ainsi que leur rôle au niveau arabe, musulman et régional ; ceci en jouant sur les désaccords politiques survenus sur le terrain durant cette crise… et pire encore… en jouant sur des éléments qui pensent que ceux qui ont trahi les Arabes par les « Accords de Sykes- Picot » et la « Promesse de lord Balfour »… ont assassiné le premier ministre syrien de la Défense, le Général Youssef al-Azmeh, à la bataille de Mayssaloun… ont bombardé le parlement syrien en 1945… ont infligé une blessure encore ouverte en Palestine… ont envahi militairement L’Afghanistan, l’Irak et la Lybie… ont accordé leur soutien politique, militaire, et diplomatique à Israël pour lui assurer le Golan syrien, les territoires palestiniens et ce qui reste de territoires libanais non libérés… leur rendraient le moindre des services pour garantir autre chose que leurs propres intérêts !

    C’est à nous les Syriens de ne reconnaître qu’une seule vérité, celle qui consiste à penser que l’unique solution, qui puisse répondre aux aspirations légitimes de notre peuple, ne peut-être qu’une solution politique syrienne qui dépend de nous tous… et qui passe par le dialogue national entre nous et sous le ciel de notre patrie… entre nous tous et sous le ciel de notre patrie ! C’est à nous tous d’arriver à bâtir un État démocratique, pluraliste et équitable où tous sont égaux devant la Loi sans discrimination en fonction de l’appartenance familiale, politique ou idéologique… Un état qui offrirait à tous les mêmes chances politiques et économiques et où la compétition passerait par des élections libres et transparentes, comme cela se passe dans vos pays respectifs…

    Seuls les Syriens sont capables de protéger leur pays et de maintenir son immunité contre les ambitions géopolitiques qui menacent son existence et sa dignité… Alors, pansons nos blessures mutuelles, n’oublions pas notre Histoire commune et restons tous conscients de tout ce qui se tisse contre notre peuple, pour nous garder une patrie résistante face à tout ennemi.

    Monsieur le Président… je conclurai par une citation d’un philosophe syrien soufi qui a vécu à Damas au Xème siècle après J.-C. Il s’agit d’un conseil prodigué à ses élèves : « Mes enfants, l’homme raisonnable ne doit jamais manquer de discernement lorsqu’il contribue à écrire l’Histoire, et même celui qui aurait un problème avec le Diable ne peut en chercher la solution auprès de Lucifer ! ».

    Merci Messieurs.

    Dr Bachar al-Jaafari

    19/07/ 2012

    Article transcrit et traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal [Biologiste]

    Source : vidéo You Tube 
    كلمة الدكتور بشار الجعفري في مجلس الأمن19-7-2012
    http://www.youtube.com/watch?v=4p2tpVunSV8&feature=youtu...

    URL de cet article 17271
    http://www.legrandsoir.info/syrie-a-ceux-qui-jouent-des-tambours-de-la-guerre.html

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  • Face aux nouvelles en provenance de l’opposition syrienne, les médias sont trop passifs, ils ne contrôlent pas suffisamment les sources, écrit le «Guardian». Dans son édition du 12 juillet 2012, le quotidien britannique jette un gros pavé dans la mare de l’information consensuelle en remontant la filière. Qui est réellement, par exemple, Bassma Kodmani, la porte-parole du Conseil national syrien (CNS)? Pourquoi est-elle si proche du Groupe de Bilderberg? La même question vaut pour Radwan Ziadeh, «ministre» des Affaires étrangères du même CNS? Sait-on qu’il fait partie d’un laboratoire d’idées basé à Washington, US Institute of Peace? D’où vient l’argent qui coule à flots dans les caisses du CNS?

    Lire l’enquête de Charlie Skelton.


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  • Kofi-Annan.jpgCe dimanche 8 juillet 2012, dans un entretien au journal Le Monde (qui est l’un des diffuseurs de fausses nouvelles sur la Syrie… après avoir fait le même travail sur la Libye), Kofi Annan semble avoir comme un doute.

     

    Après avoir regretté que l’Iran n’ait pas été convié aux réunions organisées par les faiseurs de guerre (« l'Iran est un acteur. Il devrait faire partie de la solution. Il a de l'influence et nous ne pouvons pas l'ignorer »), Kofi Annan déclare : « Mais ce qui me frappe, c'est qu'autant de commentaires sont faits sur la Russie, tandis que l'Iran est moins mentionné, et que, surtout, peu de choses sont dites à propos des autres pays qui envoient des armes, de l'argent et pèsent sur la situation sur le terrain. Tous ces pays prétendent vouloir une solution pacifique, mais ils prennent des initiatives individuelles et collectives qui minent le sens même des résolutions du Conseil de sécurité. La focalisation unique sur la Russie irrite beaucoup les Russes ». C’est une façon de protester contre les forces de l’OTAN et du Golfe, qui financent, arment et poussent leurs mercenaires à des actes de guerres.

     

    Le Monde se fait alors le porte-parole de « l’opposition syrienne » en considérant que « le texte de Genève » fait trop de concessions à la Russie. Kofi Annan répond crûment : « il est regrettable que les opposants aient réagi de cette manière. Le communiqué de Genève a été élaboré par un groupe d'États dont 80 % sont membres du Groupe des amis de la Syrie [qui a appelé vendredi 6 juillet au départ de Bachar Al-Assad]. C'est pourquoi prétendre que l'opposition a été "trahie" ou "vendue" est assez bizarre. La réunion de Paris est une formidable occasion pour que les "amis" de la Syrie, dont la France, les États-Unis, le Qatar, le Koweït, la Turquie, expliquent cela à l'opposition et rétablissent les faits ».

     

    Le Monde ne renonce pas à son rêve de bombardement de la Syrie et pose à Kofi Annan cette question : « sûr de la Syrie, que reste-t-il de la "responsabilité de protéger", un principe que vous aviez contribué à élaborer, en tant que secrétaire général de l'ONU, après la Bosnie et le Rwanda ? ». Kofi Annan répond : « je vais vous dire franchement : la manière dont la "responsabilité de protéger" a été utilisée sur la Libye a créé un problème pour ce concept. Les Russes et les Chinois considèrent qu'ils ont été dupés : ils avaient adopté une résolution à l'ONU, qui a été transformée en processus de changement de régime. Ce qui, du point de vue de ces pays, n'était pas l'intention initiale. Dès que l'on discute de la Syrie, c'est "l'éléphant dans la pièce" ».

     

    Kofi Annan déclare aussi ne pas être sûr de réussir dans sa mission de trouver une solution politique, c'est-à-dire de faire cesser les affrontements. Il faut dire que quand François Hollande (en notre nom, soit dit en passant !) déclare que Bachar Al-Assad doit partir, il nie par cette seule phrase l’essence même du droit international : chaque pays choisit lui-même son gouvernement sans ingérence extérieure. Et selon les déclarations de Kofi Annan, la France fait partie de ces pays qui arment des mercenaires et les poussent à tuer !

     

    La trahison est dans les gènes : il ne faut jamais oublier qu’en 40, c’est la gauche qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain !

    D.R.

    Source : Résistance.fr

     

    Syrie : l'incroyable aveu du socialiste Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères qui n'a rien à envier à son prédécesseur UMP Alain Juppé

     

    Syrie : L’incroyable aveu de Laurent Fabius

     

    Le ministre français des Affaires étrangères qui assume un soutien officiel à la rébellion, confirme en la matière la parfaite continuité entre les deux locataires successifs de l’Elysée. Mais Laurent Fabius ne s’en tient pas là. Appelant à ce que « le tyran (soit) dégagé au plus tôt », il a précisé au micro de France Inter : «un pouvoir doit avoir un successeur ; donc il y a des discussions très précises et très difficiles».

    On se frotte les yeux : pour la première fois ouvertement, un responsable avoue que les grandes puissances entendent non seulement abattre un régime, mais choisir qui le remplacera. Le plus extraordinaire est qu’une telle déclaration soit passée quasiment inaperçue, comme s’il s’agissait d’une chose finalement très naturelle.

    Après tout, n’étaient-ce pas déjà Bruxelles, Berlin et Paris qui avaient organisé la mise à pied de l’Italien Berlusconi et du Grec Papandréou, puis nommément introduit leurs successeurs ? Plus discrètement, un double règlement européen (baptisé «pack de deux») est actuellement en discussion entre le Conseil et le parlement européens, qui permettrait de placer directement sous tutelle (et sans son aval) un pays qui se montrerait incapable d’«assainir» suffisamment ses finances publiques. La banalisation, en quelque sorte, de l’expropriation politique que subissent Grecs, Portugais et Irlandais et la petite dernière espagnole.  


    La raison d’être des empires a toujours été d’imposer leurs choix. En cette ère postmoderne, les armes, selon les circonstances, sont celles des services spéciaux ou de l’Otan ; ou bien de la BCE, de la Commission et du FMI.

     

    On n’en a décidément pas fini avec les derniers des Troïkans.

     

    Source : Article intégral sur Marianne2.fr

    Source: Sites web 12-07-2012 - 14:13 Dernière mise à jour 12-07-2012 - 14:13  

    URL article : http://jacques.tourtaux.over-blog.com.over-blog.com/article-syrie-l-incroyable-aveu-du-socialiste-laurent-fabius-ministre-francais-des-affaires-etrangeres-qu-108087646.html



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  • « Tendances de l’Orient »

    Les détails du plan états-unien contre la Syrie


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    Lors de la 3e conférence ministérielle des Amis de la Syrie,le président français, François Hollande, vient saluer la secrétaire d’Etat US, Hillary Clinton. Celle-ci tend la main, seul l’ambassadeur Robert Ford se lève.

    Les détails du plan états-unien contre la Syrie

    Par Ghaleb Kandil

    Les contours de l’escalade de la guerre des États-Unis contre l’État syrien dans les mois à venir commencent à se préciser. Il est clair que la stratégie de la guerre indirecte, imaginée par le directeur de la CIA, le général David Petraeus, lequel supervise la mobilisation des ressources matérielles, financières, militaires et de renseignement nécessaire à ce conflit, se base sur une guerre d’usure de longue durée, menée par les bandes armées.

    Les centres de recherches et d’analyses US ont procédé à une évaluation globale de la situation des oppositions syriennes divisées et sont parvenus à la conclusion qu’il s’agit d’un agrégat d’exilés et de communautés politiques en éternel conflit, qui ne représentent pas un poids important au sein de la société syrienne. Parmi cet agrégat, les Occidentaux et la Turquie misent sur les Frères musulmans.

    Les experts US reconnaissent que cette mosaïque de forces politiques a résisté à tous les efforts des États-Unis et de leurs alliés pour unifier leurs rangs, à travers d’innombrables réunions en Turquie, en France et en Égypte, sans parler des dizaines de rencontres secrètes tenues sous l’égide de la CIA. La dernière réunion du Caire n’a fait que confirmer combien l’unification était loin, et a montré que l’Occident, États-Unis en tête, la Turquie et le Qatar, soutiennent les Frères musulmans, alors que l’Arabie saoudite appuie, finance, couve et oriente les groupes salafistes-takfiristes, ainsi que quelques "notables" de l’opposition qu’elle entretient depuis des années, avec à leur tête Abdel Halim Khaddam et Rifaat al-Assad.

    Les services renseignement US ont en outre procédé à un recensement global des gangs et des groupes armés actifs à l’intérieur de la Syrie, par le biais de l’Institute for the Study of War, qui travaille pour la CIA et l’état-major des armées. Les conclusions de l’étude, publiée sur le site du think tank, montre clairement que les États-Unis parient sur la possibilité de développer les structures de ces gangs et œuvrent afin de leur assurer l’argent et les armes nécessaires d’une manière régulière. Une relation directe a été établie avec les chefs de ces groupes, à travers la mise en place d’une chambre d’opération et de planification, dirigée par des officiers de la CIA et d’autres agences de renseignement US ou de pays de l’Otan. Cette chambre d’opération est basée en Turquie. À partir de là, il apparait que les prochains mois vont connaitre une intensification des agressions contre l’État national syrien, dans le but de l’affaiblir au maximum. L’utilisation de la scène libanaise contre la Syrie fera partie des priorités. D’ailleurs, le sénateur John McCain l’a clairement dit, en appelant à la création d’une zone-tampon pour l’Armée syrienne libre, à l’issue d’une rencontre avec le chef des Forces libanaises. Et les milices du Courant du futur et des groupes salafistes libanais n’ont pas attendu longtemps avant d’obtempérer, en soustrayant le Akkar à l’autorité de l’État, à partir de jeudi 5 juillet. Des hommes armées jusqu’aux dents, portant des cagoules, érigent des barrages, isolent des villages et fouillent les habitants et les passagers des voitures, sans que personne ne leur demande des comptes.

    Toutes ces données sont confirmées par les derniers propos du président syrien Bachar al-Assad, qui a accusé dimanche Washington de soutenir les bandes rebelles pour déstabiliser la Syrie. S’exprimant dans le cadre d’une interview à la télévision publique allemande ARD, le président Assad a ajouté que "les États-Unis sont partie prenante au conflit. Ils offrent une protection et un soutien politique à ces bandes pour déstabiliser la Syrie".

    Sur le terrain, la Syrie a répondu aux menaces grandissantes de la secrétaire d’État Hillary Clinton, qui a affirmée que "l’opposition syrienne était assez forte pour lancer une offensive contre l’État", en organisant de vastes manœuvres. Ainsi, la marine syrienne a entamé des exercices de tirs réels au cours du week-end, lançant des missiles depuis la terre et la mer dans le but de "simuler un scénario de défense en cas d’attaque surprise depuis la mer", a indiqué dimanche l’agence Sana. "La marine a effectué l’exercice avec succès, repoussant une hypothétique attaque et détruisant avec une grande précision les cibles définies," a rapporté l’agence de presse.

    Le ministre de la Défense, le général Daoud Rajha, qui assistait à l’exercice, s’est félicité de "la performance exceptionnelle des forces navales qui ont démontré leur haut niveau d’entraînement au combat et leur capacité à défendre les côtes syriennes contre toute agression éventuelle."

    Selon la Sana, ces exercices font partie d’un plan d’entraînement au combat, établi par le Haut commandement de l’armée, qui prévoit d’effectuer chaque année ce type d’exercices.

    Ce plan comprend "des manœuvres militaires faisant intervenir les forces terrestres, navales et aériennes pour évaluer la préparation au combat de l’Armée syrienne arabe et connaître sa capacité à remplir son devoir dans des conditions comparables" à celles de combats réels.

    Sur le plan politique, le vice-ministre iranien aux Affaires étrangères a qualifié dimanche de "farce" l’idée de faire démissionner par la force ou de contraindre à l’exil le président Bachar al-Assad, mettant en garde contre une attaque en Syrie qu’il a jugé "stupide et catastrophique". "L’Iran approuve les plans de réforme de M. Assad et les négociations ayant pour but de le forcer à l’exil sont une farce", a déclaré Hossein Amir Abdollahian à Amman, où il a par ailleurs invité le roi Abdallah II de Jordanie au sommet du Mouvement des non-alignés en Iran.

    "Une intervention militaire en Syrie n’est pas probable et si cela devait arriver ce serait stupide. La Syrie peut se défendre seule sans l’aide de l’Iran. Toute solution non politique serait catastrophique pour l’ensemble de la région", a-t-il affirmé.

    Déclarations et prises de positions

    Michel Sleiman, président de la République libanaise
    « Le modèle libanais s’avérera bientôt le meilleur pour l’ensemble des pays de la région, car il est à la fois basé sur la démocratie et le respect de la diversité ainsi que sur l’entente. Mais il s’agit encore que les Libanais comprennent sa valeur et son importance. La politique de dissociation suivie par le gouvernement est un vieux concept qui repose sur la neutralité positive du Liban. Bien comprise, cette politique devrait permettre au Liban de traverser cette période délicate sans dommages. Les incidents qui se multiplient un peu partout ne devraient pas s’étendre, car il n’existe aucune décision, ni internationale ni interne, pour entraîner le Liban dans la tourmente. »

    Nabih Berry, président du Parlement
    « L’approbation du procès-verbal de la dernière séance législative n’est pas du ressort du bureau de la Chambre. Cela se fait au début de la prochaine séance. Le 14-Mars ne boycotte pas les réunions du bureau de la Chambre. Qu’est-ce qu’ils croient ? Que je suis Abou Kalthoum ? Il existe un règlement et je l’applique depuis 20 ans. Je ne suis au meilleur de ma forme que quand il y a des problèmes. Mon seul choix reste la Constitution, et qu’ils fassent attention ! »

    Hoshyar Zebari, ministre irakien des Affaires étrangères
    « D’un point de vue personnel, je ne pense pas que l’exemple du Yémen puisse fonctionner en Syrie. Au Yémen, ce plan était soutenu par plusieurs États, ce qui n’est pas le cas en Syrie. Nous ne pensons pas que le président syrien ou que son régime soient prêts à laisser la place si aisément, même si la pression est forte. La violence en Syrie est en partie nourrie par des combattants d’Al-Qaïda en provenance d’Irak qui passent la frontière pour perpétrer des attentats. Pendant longtemps, nous avons mis en garde le régime syrien quant au passage d’Al-Qaïda de la Syrie vers l’Irak, désormais c’est l’inverse. »

    Nabil Kaouk, vice-président du Conseil exécutif du Hezbollah
    « Certaines parties veulent changer l’identité de la Syrie et du Liban en s’acharnant sur les armes du Hezbollah. Le fait qu’ils se concentrent sur les armes de la Résistance en ce moment précis a pour but de détourner les regards de la contrebande d’armes vers la Syrie. La Résistance demeurera aussi longtemps que la menace israélienne existera. Il faut qu’elle renforce ses capacités militaires jour après jour dans le but de repousser l’occupant et une éventuelle agression israélienne. Ceux qui ignorent le danger israélien se mettent dans une position suspecte et commettent un pêché national. »

    Ahmad Jibril, secrétaire général du FPLP-Commandement général
    « J’ai discuté de la question avec les frères en Syrie, avec Hassan Nasrallah et avec les frères en Iran, et en cas d’attaque étrangère, nous ferons partie de cette bataille. J’ai rencontré récemment le secrétaire général du Hezbollah et le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Sayyed Nasrallah m’a informé personnellement qu’il prendrait part à cette bataille. J’ai été informé par les autorités iraniennes qu’elles avaient mis en garde la Turquie à plusieurs reprises de ne pas jouer avec le feu. Pour Téhéran, une intervention militaire est une ligne rouge à ne pas franchir. »

    Revue de presse

    As Safir (Quotidien libanais proche de la majorité, 6 juillet 2012)
    Daoud Rammal
    Un haut responsable estime que le problème réside actuellement au Liban dans les comportements des officiels qui agissent avec une arrière-pensée électorale, ce qui prive, souvent, l’institution militaire d’une couverture politique au niveau du pouvoir exécutif. Le président de la République, Michel Sleiman, qui est sensible au danger de la politique du laisser-aller face aux terroristes et au terrorisme, a mis le doigt sur la plaie. Lors des réunions du Conseil des ministres, il n’a pas mâché ses mots, appelant les choses par leur nom, en s’adressant à tout le monde.
    Une source non civile indique que « tout a commencé lorsque nous avons passé outre les sentiments de centaines de familles de martyrs de l’armée, tombés à Denniyé et Nahr al-Bared, en combattant les terroristes ». « Des responsables officiels ont adopté le dossier des détenus islamiques pour des raisons purement électorales, passant outre toutes les considérations humanitaires », indique la source avant d’ajouter : « Certains ont invoqué l’intérêt public pour justifier la décision illégale de libérer le détenu Chadi Mawlaoui, qui s’est déplacé dans la voiture d’un ministre avant d’être reçu par le chef du gouvernement ».
    Un ministre du Courant patriotique libre (CPL) déplore le fait que « certains font primer leurs intérêts politiques et électoraux sur l’intérêt supérieur de la nation. » « Où en sommes-nous aujourd’hui ? s’interroge le ministre. La crainte de voir un effet boule de neige est sérieuse. Nous étions devant le problème de Akkar et de Tripoli, nous avons maintenant sur les bras le phénomène Ahmad Al-Assir et, dernièrement, la tentative d’assassinat de Boutros Harb ».
    « Les politiciens assument la responsabilité de là où nous en sommes aujourd’hui, poursuit le ministre. Ils portent atteinte au prestige de l’État et placent l’institution militaire et les services de sécurité dans une situation très embarrassante, comme dans le Akkar. L’armée est la garante de la paix civile et lorsqu’elle est mêlée aux conflits politiques internes, cela veut dire que le Liban a rendez-vous avec une grande discorde, comme cela s’est produit en 1975. »

    As Safir (6 juillet 2012)
    Imad Marmal
    La réaction du général Michel Aoun montre qu’il a trouvé dans le litige sur l’affaire des journaliers ont occasion pour « décortiquer » sa relation avec ses partenaires chiites et la revoir sur des bases différentes. Ce qui prouve, aux yeux de son public et de ses adversaires, qu’il reste « souverain », « libre » et « indépendant », même si cela doit passer par une confrontation avec ses alliés. Cela lui a permis de reprendre l’initiative dans la rue chrétienne, contraignant les Kataëb et les Forces libanaises à se solidariser avec lui.
    Certains « hypocrites » vont jusqu’à dire que l’affaire des journaliers était pour Aoun un cadeau, qui lui a procuré « un prétexte légitime » pour se retirer progressivement de son alliance totale avec Amal et le Hezbollah, pour demander une renégociation des conditions du « contrat politique » qui les réunit depuis la signature du célèbre document d’entente, en février 2006.
    D’aucuns affirment que si un sondage était effectué dans la rue chrétienne aujourd’hui, il apparaitrait que la popularité de Michel Aoun a considérablement grimpé ces dernières 48 heures.
    Cependant, des milieux responsables au sein du Courant patriotique libre (CPL) assurent que les calculs électoraux n’entrent pas en compte dans les sévères prises de positions de Michel Aoun au sujet du projet de loi sur les journaliers et de la procédure de vote au Parlement. Ceux qui croient cela ne savent pas comment réfléchit le général Aoun, affirment ces milieux avant d’ajouter : « Si les considérations électorales dictaient les comportements et les choix du général Aoun, il n’aurait pas signé le document d’entente avec le Hezbollah, sachant que cette alliance entamerait sa popularité. Il ne se serait pas rangé, dès le premier jour, du côté de la Résistance pendant la guerre de juillet, sans prendre en compte les gains et les profits, alors que beaucoup misaient sur la défaite du Hezbollah dans ce conflit ».
    Ces milieux responsables expriment un fort mécontentement à l’égard de l’attitude du Hezbollah, qui a souvent agi en spectateur face aux charges dont était victime le CPL de la part d’alliés présumés. Pire, le Hezbollah était complice de l’agression contre le CPL lorsqu’il a laissé ses partisans paralyser un ministère dirigé par le parti aouniste.
    Les milieux aounistes estiment que le Hezbollah aurait dû se ranger aux côtés du CPL, même s’il devait parfois mécontenter sa base populaire, exactement comme l’a fait le courant aouniste dans l’affaire des pylônes de haute tension à Mansourié. Ces milieux reprochent aussi au Hezbollah de n’avoir pris aucune position de soutien au ministre Gébran Bassil qui a chassé l’ambassadeur d’Israël d’une conférence à Chypre. Il n’est plus permis que le Hezbollah se comporte en spectateur, tantôt de peur de glisser dans un conflit sunnite-chiite, tantôt par crainte de provoquer un désaccord inter-chiite.
    Il ne suffit plus de procéder à une évaluation des relations entre le CPL et ses deux alliés. Le problème est plus complexe et nécessite une approche totalement différente, concluent les milieux dirigeants aounistes.

    An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
    Sarkis Naoum (6 juillet 2012)
    La menace d’une révision des alliances, lancée par le ministre Gebran Bassil, après la défaite que lui ont infligée ses alliés au Parlement, en votant le projet de cadrage des journaliers d’EDL, n’est pas la première. D’autres menaces similaires avaient été proférées, quand Bassil et d’autres députés du CPL estimaient qu’ils étaient ciblés par leurs alliés qui les ont empêché, plus d’une fois, d’asséner des coups à leurs adversaires chrétiens. Cela signifie-t-il que la relation entre le Hezbollah et le CPL est définitivement rompue ?
    Ceux qui connaissent bien le Hezbollah et Michel Aoun affirment que ce dernier est un fin stratège qui ne perd jamais le Nord. Il ne permettra pas que ce différend sabote une situation qui lui a beaucoup profité. Cela est apparu dans ses propos, alors qu’il était au summum de sa colère après la « défaite » qu’il a subie, selon lesquels la Résistance est une ligne rouge et une question nationale, et qu’il ne l’abandonnera pas.
    Ces mêmes sources estiment que Gebran Bassil, qui a une grande capacité dans l’étude des dossiers et des projets, est fautif dans cette affaire, car ses comportements sont impulsifs. Ce qui le pousse à commettre des erreurs qui font du tort au CPL et à ses alliances. Ils ajoutent que le Hezbollah a une grande confiance dans le général Aoun et reste attaché à l’alliance avec lui « jusqu’au jour du jugement dernier ». Cependant, la multiplication des menaces de revoir l’alliance historique, à un moment où le Hezbollah se sent ciblés par des forces externes et internes, va pousser son leadership à faire preuve de fermeté. Il ne se taira pas, comme il avait l’habitude de le faire. Le commandement du Hezbollah ne compte pas faire le premier pas, c’est au CPL de renouer le contact. Ces mêmes personnes, qui connaissent bien les deux partis, déclarent que Gebran Bassil doit cesser de se comporter comme un héritier qui mérite de droit de prendre le flambeau après la disparition de son beau-père, et d’impliquer le CPL dans des situations inconfortables.
    Le mécontentement du Hezbollah n’est pas uniquement dirigé vers son allié chrétien mais aussi vers son partenaire chiite, qui a entendu les propos qui se devaient. Enfin, poursuivent ces mêmes sources, ceux qui parient sur l’effritement des alliances du Hezbollah pour pouvoir lui asséner un coup fatal font de mauvais calculs, car le parti reste confiant dans ses capacités et ne ressent aucun peur, en dépit de tous les événements qui se déroulent tout autour de lui.

    An Nahar (5 juillet 2012)
    Rosanna Bou Mouncef
    En dépit des secousses sécuritaires et politiques qu’a connus le Liban récemment, et le fait que de nouvelles surprises peuvent surgir quotidiennement, le temps qui s’est écoulé après les derniers incidents a favorisé un recul de l’inquiétude, grâce à l’attitude du Hezbollah et du Courant du futur face au défi que constitue le phénomène Ahmad Al-Assir. Ce climat a constitué une source de soulagement pour des sources diplomatiques à Beyrouth, qui relèvent une volonté des principaux acteurs politiques locaux d’éviter d’importer au Liban la crise syrienne. Cette impression a été confirmée par le refus du Hezbollah et du mouvement Amal de la fermeture de la route de l’aéroport et de couvrir les groupes qui se livrent à ce genre d’agissements qui ont des répercussions considérables sur la situation économique et sur la saison touristique, extrêmement importante pour le Liban.
    Malgré les divergences, les clivages et la polarisation politiques, les milieux diplomatiques ont constaté chez les acteurs politiques qu’ils rencontrent un souci de ne pas allez vers la guerre. De même que ces acteurs sont déterminés à ne pas se laisse entrainer vers une grande conflagration par n’importe quelle organisation ou mouvement. Aussi, œuvrent-ils afin de réduire les incidents inquiétants et les tensions sur le terrain. Ce facteur est susceptible d’écarter tout développement grave, comme l’ont fait craindre les événements des dix derniers jours, bien que le Liban continue d’encaisser les répercussions de la crise syrienne avec la multiplication des incidents aux frontières nord ou dans les rues de la capitale.
    Ce souci d’apaisement est salué par l’étranger et le soutien international apparait dans trois facteurs : d’abord, l’appui à la politique de dissociation de la crise syrienne adoptée par le gouvernement ; le soutien au dialogue national auquel a appelé le président de la République Michel Sleiman ; la décision du gouvernement de fournir la couverture nécessaire à l’Armée libanaise afin qu’elle s’oppose avec fermeté à toute tentative visant à provoquer des troubles aux frontières libano-syriennes ou à l’intérieur du pays. _ Des milieux libanais excluent donc la possibilité d’un soutien extérieur à une guerre au Liban. Car aucun Etat n’est disposé à financer un tel conflit, ou à armer les différentes parties, parce que tous sont occupés actuellement par d’autres dossiers et d’autres scènes régionales.

    Al Akhbar (Quotidien libanais proche de la majorité, 5 juillet 2012)
    Jean Aziz
    De nombreuses personnes dans l’entourage du général de Rabié ou ailleurs se posent la question suivante : que fait Michel Aoun ces jours-ci ? A-t-il décidé de dilapider les sacrifices qu’il a consentis, les prix qu’il a payés, les efforts qu’il a déployés, ces six dernières années ? S’est-il résigné à démolir ce qu’il a accumulé dans la stratégie pour quelques postes dans l’administration publique ? Michel Aoun éclate de son rire enfantin face à toutes ces interrogations ? Depuis la signature du document d’entente avec le Hezbollah, il s’est personnellement investi pour le défendre. Pendant la guerre de juillet 2006, il n’a pas hésité une seconde : ce sont mes partenaires. S’ils vivent, je vis avec eux. S’ils meurent, je meurs avec eux. Que se passe-t-il alors aujourd’hui ? Quelques emplois et postes modestes à l’Électricité du Liban méritent-ils de dilapider toute cette accumulation ? En fait, Michel Aoun sait que son public n’a plus d’autre recours, sauveur et forteresse, que l’État. A ces temps de réveil de la discorde au Liban, seul l’État peut les protéger. Voilà pourquoi il s’est lancé corps et âme dans le projet de réforme de l’État. Il tente, aujourd’hui, de réparer les distorsions. Son seul pari est sur son public et sur ce sayyed, qui a vaincu Israël à deux reprises, avec une poignée de gens honnêtes.

    Al Akhbar (4 juillet 2012)
    Amal Khalil
    Une source de l’hôpital universitaire Ghassan Hammoud à Saïda a laissé filtrer une information gardée secrète pendant plusieurs jours sur l’admission dans l’établissement d’un blessé, portant une longue barbe, atteint de plusieurs balles au torse, au cou, au dos et aux jambes. Il a été transporté d’un des hôpitaux de Tripoli à bord d’une ambulance. Auparavant, un haut responsable de cet établissement était entré en contact avec la direction de l’hôpital Hammoud, lui demandant de prendre soin de ce blessé sans poser de question sur son identité et sans en informer les services de sécurité libanais. Le tout accompagné de la somme de 15 000 dollars, dont l’origine n’a pas été déterminée.
    Après le décès de l’inconnu des suites de ses blessures, lundi soir, quatre personnes sont arrivées du village de Ersal (Békaa) à bord d’une ambulance du Comité médical islamique pour prendre possession de la dépouille. Un membre de la Jamaa Islamiya de Saïda accompagnait les quatre inconnus, qui étaient en contact permanent avec le président du Conseil municipal de Ersal, Ali Hojeiri.
    Cependant, la nouvelle est parvenue aux services de renseignement militaires qui ont dépêché une patrouille à l’hôpital pour empêcher que le corps ne soit transporté. Deux des personnes venues d’Ersal ont prétendu que le mort était leur cousin maternel. Ils ont fini par avouer qu’il est de nationalité syrienne et s’appelle Khaled Chamseddine, qu’il a été blessé dans des combats contre l’armée syrienne en Syrie, et qu’il avait été transporté au Liban via le village de Kaa. D’autres informations affirment que le mort est de nationalité saoudienne.
    La tentative de dissimuler l’admission du blessé a provoqué la colère du procureur du Liban-Sud, Samih el-Hage, et l’enquête tente de déterminer les raisons pour lesquelles l’identité du combattant a été cachée. Des sources de sécurité ont indiqué que cheikh Ahmed Al-Assir a rendu visite au blessé dans sa chambre d’hôpital vendredi dernier, peu de temps après son admission.

    Al Akhbar (3 juillet 2012)
    Ziad Zaatari
    Entre Hamra et Sodeco, on peut croiser des opposants syriens, ainsi qu’à Antelias. À part quelques régions qui leur sont interdites, notamment dans la banlieue sud de Beyrouth et dans la Békaa, tout le Liban leur est accessible. On ne peut pas les reconnaitre à leur apparence physique. Ils portent des barbes bien taillées et sont parfois rasés de près. Ils se déplacent en véhicules aux vitres fumées ou tout simplement en voitures de location.
    Ils se déploient dans les cafés et les restaurants, discutent de politique et de sécurité. Ils passent des transactions, font de la surenchère sur la date de la chute du régime syrien. Ils débattent de géopolitique, parlent de l’Amérique, de la Russie et de la Turquie, de la Syrie post-Assad.
    Tout cela n’est pas prohibé. Mais le fait de trouver parmi ces opposants des combattants aguerris suscitent beaucoup de questions. Surtout que les informations indiquent que des combattants impliqués dans des tueries sont venus à Beyrouth pour se « reposer », et que certains souffrent de troubles psychologiques en raison des atrocités qu’ils ont vécus.
    Dans un restaurant de Hamra, l’un d’eux raconte sa première expérience, lorsqu’il a égorgé « un collaborateur du régime ». Il explique en détail comment le mur de la peur est tombé, et ajoute que par la suite, les exécutions deviennent mécaniques, dénuées de tout sentiment.
    Ainsi, les combattants syriens sont arrivés dans la capitale. Leur périple a comporté plusieurs étapes. Au départ, il y a eu un déploiement limité dans les régions de Wadi Khaled, Ersal et Macharï el-Kaa. À ce stade, ils faisaient preuve de prudence dans leurs déplacements et travaillaient dans le secret. Ils étaient surveillés par les renseignements militaires. Leur présence aurait pu passer inaperçu si le ministre de la Défense, Fayez Ghosn, n’avait pas révélé la présence d’Al-Qaïda à Ersal.
    Dans une seconde étape, les combattants syriens se sont étendus à d’autres régions, à la faveur du soutien politique et populaire. Ils se sont installés à Tripoli. Un de leurs principaux chefs, d’obédience islamiste, a été vu se déplaçant dans la voiture d’un député, escorté par une voiture bondée d’hommes en armes.
    La troisième étape a été déclenchée par l’affaire Chadi Mawlaoui. La libération de ce militant a donné le signal que les opposants syriens jouissaient désormais d’une immunité politique. Les voilà maintenant à Beyrouth.

    Al Akhbar (2 juillet 2012)
    Mayssam Rizk
    Les Kataëb n’insistent plus à se présenter comme une « partie indissociable du 14-Mars ». Ses responsables tiennent un autre discours qui dit qu’ils ne font plus partie du noyau dur de ce mouvement, bien que les positions convergent souvent, tout en préservant leur propre vision sur de nombreux sujet. Ces responsables reconnaissent que « la nouvelle politique » a beaucoup coûté aux Kataëb à cause « du blocus médiatique, politique et financier imposé par les alliés ». Cela apparait clairement dans l’embargo imposé par les médias du 14-Mars aux activités de la famille Gemayel ». Seule la NTV continue à couvrir ces activités lorsqu’elle l’estime nécessaire. Le blocus politique et financier se traduit par des difficultés dans le travail sur le terrain dont le parti a besoin, notamment en période électorale.
    Ce « blocus » est une réponse au fait que le parti Kataëb ait choisi de se distinguer. L’apogée de cette attitude s’est traduite par le retrait de Sami Gemayel du meeting du 14-Mars pour protester contre le fait qu’un immense portrait du roi Abdallah Ben Abdel Aziz avait été installé dans le centre-ville de Beyrouth. Dans les coulisses du 14-Mars, cette attitude avait été considérée comme une « maladresse inacceptable ». Pour les responsables des Kataëb, il s’agissait, au contraire, d’une attitude en harmonie avec les prises de positions du parti, tout en sachant « qu’elle aura des répercussions négatives, notamment sur la situation financière ».
    À Bikfaya, le discours est tout aussi critique concernant le comportement du 14-Mars à l’égard des événements internes et externes. Le parti ne ressent aucun embarras dans sa politique qui consiste à trouver des dénominateurs communs avec toutes les parties.
    Avec le Hezbollah, il n’y a aucun problème de contact. Ceux-ci existent, bien que l’esclandre entre Sami Gemayel et Nawaf Moussaoui, au Parlement, les a quelque peu refroidi. Mais les contacts se poursuivent en dépit des différends politiques et idéologiques. Toutefois, reconnaitre la légalité des armes en dehors du cadre étatique est hors de question. Le parti Kataëb ne se tient pas en spectateur. Il possède une vision qu’il compte proposer au Hezbollah prochainement. L’interview du président Amine Gemayel à al-Manar illustre ce rapprochement. Avec Amal, les relations suivent le même chemin. Des responsables Kataëb assurent que les canaux sont ouverts entre les deux parties et que les ministres du mouvement leur rendent des services.
    En revanche, avec le Courant patriotique libre (CPL), il n’y a pas de rapprochement jusqu’à présent, bien que les relations personnelles existent. Mais les divergences sur les armes du Hezbollah et la crise syrienne rendent toute coopération électorale avec le CPL impossible.

    L’Orient-Le Jour (Quotidien francophone libanais proche du 14-Mars)
    Scarlett Haddad (2 juillet 2012)
    Une source sécuritaire précise que trois dossiers « chauds » pèsent sur la scène libanaise : le dossier palestinien avec le soudain réveil des camps, avec la mise en cause de l’armée ; le dossier syrien qui reste déterminant pour la situation au Liban ; et la crise politique interne qui divise le pays sur les plans politique et confessionnel.
    Au sujet du premier dossier, les autorités sont conscientes du fait que les camps palestiniens restent un terrain favorable à toutes les interventions. Il est impossible de les pacifier en profondeur et de fermer ce dossier une fois pour toutes. La diversité des factions palestiniennes ainsi que les intolérables conditions de vie dans les camps permettent à de nombreuses forces étrangères de mobiliser des groupes palestiniens « à la carte » et de les utiliser pour servir différents objectifs. Il s’agit tantôt de faire pression sur le régime syrien et tantôt de faire pression sur l’opposition et ses parrains, tantôt encore de peser sur la scène libanaise et de mettre en difficulté les autorités ou encore le Hezbollah et ses alliés en lançant l’idée d’une discorde entre sunnites et chiites.
    Au sujet du dossier syrien, il est désormais clair que la crise syrienne a pris une envergure internationale. Le monde entier y est impliqué et il n’y aura de solution que lorsque les protagonistes, ou au moins les plus importants parmi eux, notamment les Russes, les Américains, les Chinois et les Iraniens, parviendront à un accord. D’ici là, il n’y aura ni vainqueur ni vaincu et les deux camps sont condamnés à continuer à se battre. Dans ce contexte, le Liban ne peut pas constituer un élément décisif dans la crise syrienne. Même l’idée de créer une zone de libre circulation au Nord pour l’opposition syrienne ne peut plus être déterminante pour l’issue du conflit interne syrien, en sachant que les Russes et les Iraniens ne laisseront pas tomber le régime, et les Américains et leurs alliés arabes ne lâcheront pas de leur côté l’opposition, attendant le moment adéquat pour conclure un accord global. C’est pourquoi, estime la source sécuritaire, la position officielle du Liban d’empêcher une contagion syrienne est la plus sage. D’autant que les agissements de certaines parties qui prônent un appui total à l’opposition en Syrie ne font en définitive que créer un climat confessionnel, lequel affaiblit l’unité libanaise et menace la stabilité du pays, sans être forcément utile pour les développements en Syrie.
    Au sujet du troisième dossier, la source sécuritaire estime que le dialogue reste la seule voie possible pour un déblocage interne. Même s’il ne pourra pas aboutir pour l’instant à des résultats tangibles ni à régler les problèmes en suspens, il ne peut qu’assurer une certaine détente sur le terrain, indispensable, tant la tension dans la rue est grande. Le recours à la surenchère politique est délicat, le cas de cheikh Ahmad el-Assir donnant à ce sujet un exemple concluant. Le Liban reste menacé par le climat confessionnel exacerbé et seul le dialogue et une prise de conscience nationale de la gravité de la situation peuvent l’aider à dépasser ce cap délicat.

    Cumhuriet (Quotidien turc-3 juillet 2012)
    La Syrie est prête à discuter de toutes les options pour régler la crise meurtrière qui affecte le pays à condition que sa souveraineté soit garantie, mais n’acceptera aucun scénario imposé de l’étranger, a déclaré le président syrien Bachar el-Assad dans une interview accordée au journal.
    « Nous étudierons toutes les options à condition que la souveraineté de la Syrie soit respectée. Nous rejetons toute démarche visant à intervenir dans nos affaires intérieures », a indiqué M. Assad. « Nous n’accepterons rien de ce qui nous serait imposé de l’étranger. Nous prendrons nous-mêmes toute décision nécessaire en nous basant sur notre propre dynamique », a-t-il poursuivi.
    Le président syrien s’est également déclaré prêt à quitter son poste si le peuple votait contre lui. « Si le peuple ne veut pas de moi, pour ça il y a des élections. Si le peuple le souhaite, il peut me renvoyer », a souligné M. Assad. « Si je cherchais à garder à tout prix mon poste, je suivrais toutes les instructions et indications de Washington, je courrais derrière les pétrodollars et je renoncerais enfin à mes principes et à la position nationale », a-t-il expliqué.
    En outre, M. Assad a indiqué « ne prendre au sérieux aucune déclaration faite par les représentants de l’administration américaine ». « Les États-Unis sont nos ennemis dès le départ, toutes leurs déclarations et démarches sont connues d’avance. Ils sont du côté des terroristes », a lancé le président syrien.

    Jerusalem Post (Quotidien israélien-3 juillet 2012)
    Des sources militaires israéliennes affirment que le Hezbollah pourrait attaquer des navires civils en cas de nouvelle guerre avec Israël et, ainsi, bloquer les accès maritimes du pays.
    Israël considère que ses accès à la mer sont d’une importance capitale. De fait, 99 % des biens arrivant dans le pays, dont les munitions et équipements militaires, sont acheminés par voie maritime.
    Selon la marine israélienne, en cas de guerre, le Hezbollah tentera d’attaquer des navires dans un rayon de 30 km dans le but de ne pas leur permettre d’atteindre Israël. Durant la guerre de juillet 2006, le Hezbollah avait tiré un missile antinavire sur la corvette (petit navire de guerre) le INS Hanit, tuant quatre marins. Un autre missile avait coulé une autre embarcation.
    « Le Hezbollah a déjà prouvé qu’il pouvait tirer des missiles antinavire, ses capacités opérationnelles existent et il est prêt à agir », a affirmé un haut gradé de la marine israélienne. Il a mis en garde contre les retombées économiques dévastatrices si le Hezbollah réussissait à empêcher les navires marchands d’arriver dans les ports d’Ashdod et de Haïfa.
    « Les gens n’ont pas conscience de ce que veut dire le fait que 99% de ce que nous importons arrive par mer », a-t-il dit.
    Selon Israël, le Hezbollah aurait un arsenal de missiles antinavire chinois avancés, comme le C-802, guidé par radar et utilisé en 2006 contre le Hanit. Israël voit aussi d’un mauvais œil l’acquisition par la Syrie du missile russe antinavire Yakhont qui pourrait à l’avenir tomber entre les mains du Hezbollah.
    Damas a testé le missile en question qui pourrait avoir une portée de 300 km.
    « Nous suivons de près les développements en Syrie et nous saurons répondre » à une quelconque menace, a averti l’officier supérieur. L’armée israélienne a l’intention d’équiper à l’avenir ses navires d’un nouveau système de défense anti-missiles Barak-8 capable de détecter plus rapidement une attaque et ayant une portée améliorée de quelques dizaines de km.

    Yediot Aharonot (Quotidien israélien, 2 juillet 2012)
    Les États-Unis ont lancé de nouvelles accusations contre le Hezbollah, qu’ils soupçonnent d’être lié à un réseau international de trafic de drogue. Ce réseau, que Washington affirme être dirigé par un certain Ayman Saïd Joumaa, résidant en Colombie et détenteur d’un passeport libanais et de papiers d’identité colombiens, « blanchit les recettes du trafic de drogue au bénéfice de criminels et du groupe terroriste Hezbollah, par le biais du secteur financier libanais », indique le chef des programmes de sanctions du Trésor américain, David Cohen. Le Trésor américain accuse Joumaa de « diriger les opérations de collecte de fonds au profit du Hezbollah dans les deux Amériques ». Le Trésor a annoncé la mise au ban de quatre individus libanais ou libano-colombiens et de trois entreprises basées en Colombie et au Venezuela.
    Le Trésor US a également imposé des sanctions à Abbas Hussein Harb et Ibrahim Chebli accusés de trafic de drogue et de blanchiment d’argent, « en collaboration avec Joumaa ». Le ministère US accuse l’organisation dirigée par Harb en Colombie et au Venezuela d’effectuer des opérations de blanchiment d’argent au profit de Joumaa « par l’intermédiaire d’institutions financières libanaises ». Le Département du Trésor accuse en outre Chebli d’« exploiter son poste de directeur de la branche de la banque Fenicia à Abbassié pour faciliter les transferts d’argent à Joumaa et Harb ».

    Wall Street Journal (quotidien états-unien, 3 juillet 2012)
    L’organisation « Unis contre un Iran nucléaire », basée à New York, déploie des pressions sur le Trésor US afin qu’il place le système financier libanais sur la liste des Etats accusés de blanchiment d’argent, conformément aux dispositions du Patriot Act.
    De grandes sociétés financières à Wall Street et en Europe sont soumises à des pressions afin qu’elles vendent les parts de la dette et des bons du trésor libanais qu’elles détiennent. Ces pressions sont exercées par des militants qui accusent l’Iran et le Hezbollah d’utiliser le système bancaire libanais pour blanchir de l’argent et contourner les sanctions internationales. Cette campagne menace le secteur bancaire libanais, considéré comme l’un des meilleurs et des plus performants du Moyen-Orient. Suite à ces pressions, le département du Trésor a renforcé sa surveillance des banques libanaises ces derniers mois.
    Le directeur de cette organisation, Marc Wallace, a appelé les institutions financières, dans une lettre, à « vendre tous ces titres et prendre garde à ne pas soutenir d’une manière non-intentionnelle le rôle du Liban en tant que blanchisseur d’argent souverain ». « Unis contre un Iran nucléaire » a envoyé des lettres allant dans ce sens au groupe états-unien Black Stone LB, à la société internationale Fidelity, et aux banques HSBC Holdings et Dika (Allemangne). Trois sociétés : Amériprice financial (États-Unis), Banque Aktia (Finlande) et Rcity Spar Invest Kag group (Autriche), ont annoncé avoir effectivement vendu leurs parts.
    Le département du Trésor intensifie ses efforts afin d’assécher les sources de financement du Hezbollah, de l’Iran et de la Syrie. Mais il y a une crainte de causer des dommages aux alliés locaux des États-Unis si la position du Liban en temps que pôle financier régional est affectée.

    SonnetagsZeitung (quotidien suisse, 2 juillet 2012)
    Les opposants armés luttant contre l’armée gouvernementale en Syrie se servent de grenades fabriquées par le groupe militaro-industriel suisse Ruag. _ Il s’agit de grenades Offensive OHG92 et SM 6-03-1. Jeudi dernier, elles ont été photographiées au nord de la Syrie par un journaliste couvrant le conflit du côté des opposants. « Les rebelles m’ont montré leurs photos de caisses remplies de grenades de fabrication suisse. Ils affirment que les grenades de ce type sont en usage dans les combats », a indiqué le journaliste.
    De son côté, le groupe Ruag a confirmé que « les grenades prises en photo ont l’air d’avoir été fabriquées par le groupe ». Un porte-parole du groupe a affirmé que le groupe n’avait pas réalisé de livraisons directes de ses grenades.
    Une autre source a également confirmé que les combattants de l’Armée syrienne libre (ASL) étaient équipés de grenades suisses qui auraient pu être livrées en contrebande à partir de la Turquie.
    Livrer des armements dans les régions en conflit constitue une violation de la loi suisse sur les armes. Le Parlement entend examiner les informations concernant les éventuelles livraisons de grenades en Syrie.

    Source
    New Orient News (Liban)

    http://www.voltairenet.org/Les-details-du-plan-etats-unien


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  • Les Amis du peuple syrien exigent le départ d'Assad, à tout prix

    La rencontre de ce vendredi à Paris entre des pays d’Occident et arabes s’est soldée par une déclaration commune : tous exigent le départ de Bachar al Assad et sont favorables à une résolution de l’ONU sous chapitre VII, n’excluant pas le recours à la violence.

    Les pays qui se sont autoproclamés "Amis du peuple syrien" rejoignent ainsi la position des Etats-Unis et de François Hollande. Ils demandent au Conseil de sécurité de l'Onu d'adopter une résolution sous chapitre VII, pour imposer les dispositions du plan de paix de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan. C'est-à-dire que tous les moyens, y compris militaires sont envisagés.

    "Nous allons faire en sorte que l'action du Conseil de sécurité soit renforcée, ce qui signifie clairement un appel à l'adoption d'urgence d'une résolution sous chapitre VII", a dit le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, lors de la conférence de presse de clôture de la réunion. "Pour l'ensemble des participants, une évidence s'impose : Bachar al Assad doit quitter le pouvoir et le plus tôt sera le mieux", a poursuivi Laurent Fabius. En plus d'exhorter l'ONU à agir, les Amis du peuple syrien ont souhaité que les responsables et soutiens de la répression soient durement sanctionnés, l'opposition plus soutenue et l'aide humanitaire à la population renforcée.

    Une unité de façade

    Un tel projet se heurte cependant à l'opposition de la Russie et de la Chine, qui maintiennent qu'il revient aux Syriens et à eux seuls, de déterminer leur avenir. Raison pour laquelle ils refusent que des puissances étrangères exigent unilatéralement le départ d’Assad.  
    A ce propos la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, qui a assisté à la réunion, a souligné que la Russie et la Chine devraient payer le prix de leur soutien à Bachar al Assad. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a immédiatement réagit : "Nous rejetons catégoriquement la formulation selon laquelle la Russie soutient le régime de Bachar al-Assad dans la situation qui s'est formée en Syrie".

    L’autre sérieuse épine dans la résolution, est que l’opposition syrienne est parfaitement divisée. Si le CNS tente de passer pour la réponse légitime et appelle à l’intervention militaire, d’autres points de vue tentent de s’exprimer. Les divisions entre opposants se sont accrues au lors d’une réunion cette semaine au Caire, lorsqu'ils en sont venus aux mains, faute de réussir à dialoguer… Le CNS perd son assise populaire, les militants sur le terrain se sentent marginalisés et se détournent du Conseil. Le Comité de coordination pour le changement national et démocratique rassemble les partis progressistes et laïcs syriens et des kurdes. Ils refusent toute idée d'intervention militaire étrangère mais ont tenté de négocier avec le CNS, sans succès. D’un autre côté la Coalition des forces laïques et démocratiques rassemble les minorités religieuses, notamment chrétienne, qui craignent une prise de pouvoir des islamistes et d’éventuelles persécutions.


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  • Une réflexion de la commission internationale

    du Pôle de Renaissance Communiste en France

     

    clic-rouge-prcf«L’Orient compliqué » dont parlait le Général de Gaulle ne permet pas, contrairement à la non-pensée-BHL, des analyses à l’emporte pièce. Le schéma « western » n’est pas de mise, tant pis pour ceux, nos médias de masse, propriété, faut-il le rappeler de grands groupes capitalistes, et de marchands d'armes en particulier, qui ne sont capables de raisonner que de façon manichéenne : là les gentils, ici les méchants, et cela dans le but de préparer les esprits aux guerres d'agression impérialistes. Les "médias-mensonges" du type "Timisoara" ou "pouponnières du Koweït" ne doivent pas être négligés.
     
    La situation en Syrie est caractérisée par des affrontements extrêmement violents entre des  rebelles  opposés au régime Assad - l’actuel Président du pays - certains armés comme l’ « Armée Libre »  et les partisans du régime dont l’armée reste globalement fidèle à Assad. Tueries, massacres se succèdent, manipulations médiatiques et politiques aussi.

     

    De plus les deux blocs qui s’opposent ne sont pas homogènes : parmi les opposants nous trouvons des citoyens qui veulent en finir avec un régime clanique et corrompu mais aussi des terroristes d’Al-Qaïda, sans parler des agents des « services » occidentaux qui jettent de l’huile sur des feux qu'ils ont eux mêmes allumé.

     

    Parmi les soutiens au régime il y a aussi des inconditionnels, ceux qui profitent du régime et de son évolution néo-libérale, et des critiques, qui soutiennent l’indépendance de la Syrie contre les menées impérialistes plus que le régime lui-même.

     

    D’autre part, le pays est non seulement composé de courants politiques différents et opposés mais aussi de communautés religieuses qui se positionnent en fonction de ce qu’elles croient être leurs intérêts : les Alaouites (groupe minoritaire dont fait partie le « clan »Assad) ou les Chrétiens plutôt avec le régime qui se proclame laïc et qui « protège » les minorités, puisqu'il est lui-même une minorité, les sunnites majoritaires et partiellement opposés à Assad, la forte minorité Chiite et les Druzes.

     

    Enfin il faut tenir compte du fait que les tribus, leurs chefs, gardent une importance certaine dans les relations politiques inter-syriennes dans un écheveau complexe et fluctuant.

     

    N’oublions pas, par ailleurs, que le conflit syrien est surdéterminé par la géopolitique mondiale. Les USA et la France impérialiste veulent profiter de la guerre civile pour recoloniser de fait le pays, tuer toute opposition au « Grand Israël » et au « Grand Proche-Orient » voulu par Bush, et surtout, finir de couper la Russie et la Chine de l’Afrique et de la Méditerranée.

     

    Déjà la Russie a prévenu qu’elle ne reculerait pas en Syrie. Les enjeux dépassent, en effet, le cadre proche-oriental, le but pour la Trilatérale USA/Union Européenne/Japon est de briser l’élan des « BRIC », les pays émergents qui réclament leur part au soleil dans le cadre de la mondialisation capitaliste. Sans idéaliser aucun des États concernés, qui postulent à des degrés divers à des positions dominantes dans le cadre du système capitaliste, il est impossible de ne pas voir que les « BRIC » sont conjoncturellement amenés à défendre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes – une revendication plus révolutionnaire que jamais -, alors que le bloc trilatéral est porté à broyer l’indépendance de tous les peuples, à commencer par le nôtre : si bien que toute victoire de l’impérialisme « français », y compris dirigé par le « gentil » et « normal » Hollande, est d’abord une défaite pour le mouvement démocratique dans notre pays.

     

    Bien entendu, l’histoire de la Syrie conditionne aussi le présent. C’est après un long combat contre les puissances coloniales que la Syrie devient officiellement indépendante en 1946. Lutte contre l’occupation turque dure 400 ans et prend fin à la suite de la Révolte arabe et du rapport de forces crée après la Première guerre mondiale.

     

    Mais en 1920 la France impose son mandat avec son armée. C’est alors que la Syrie est démembrée en trois États: Liban, Jordanie et Syrie proprement dite. Événement qui explique l’attitude interventionniste de la Syrie à l’égard du Liban pendant des décennies. Finalement c’est en 1948, après la Deuxième guerre mondiale que la République syrienne est proclamée. Mais bien entendu les puissances impérialistes, en particulier les États-Unis tente de garder la main sur ce pays.

     

    De 1948 à 1963 toute une série de coups d’état ont lieu et le pays reste très instable, mais les progrès du panarabisme socialisant au Moyen-Orient, avec, en Egypte le nassérisme, poussent à la création du Parti Baas. Celui-ci finit par s’emparer du pouvoir en 63 mais ce n’est qu’en 1970 que Hafez el Assad, à la suite d’un nouveau coup d’état, s’empare du pouvoir. Il meurt en 2000 et son fils Bachir lui succède.

     

    Disons tout de suite que, dès l’origine, le « socialisme » dont se réclame le Baas se définit comme antimarxiste, récusant la lutte des classes : c’est en fait l’idéologie de la bourgeoisie anti-impérialiste et laïque obligée de tenir compte d’un rapport de forces mondial alors favorable au camp socialiste et au progressisme.

     

    Constatons d’ailleurs que l’orientation de plus en plus à droite, de plus en plus favorable au capital, de plus en plus favorable à l’impérialisme même, se produit simultanément que l’affaiblissement, puis la défaite du camp socialiste, avec les privatisations massives de l’économie, y compris sous la forme d’une coupe réglée clanique, le recul de la laïcité, le recul de l’indépendance nationale au profit des impérialismes.

     

    Cette situation nouvelle entraîne un mécontentement de masse parmi les peuples arabes qui luttent pour plus de justice et de libertés. Comme l’impérialisme ne supporte plus la moindre autonomie des régimes du Moyen-Orient du fait de la présence de sources d’énergie vitales pour les pays impérialistes, les États-Unis et ses alliés, malgré des contradictions internes, veulent instaurer un « nouveau » Moyen-Orient, comprendre un nouveau protectorat sur cet espace géostratégique, d’autant plus important que les USA tentent de couper la Chine de son approvisionnement en énergie, Chine qui est l’ennemi stratégique fondamental des Etats-Unis.

     

    C’est d’ailleurs la raison de l’affirmation de l’alliance Chine-Russie récemment affirmée à Pékin par les deux grands pays qui du coup s’opposent aux ingérences impérialistes en Syrie au sein de l’ONU. Surtout qu’ils ont été échaudés par l’affaire libyenne dont on n’a pas assez dit qu’elle devait beaucoup aux plans de Kadhafi de se rapprocher de la Chine.

     

    En tous les cas la conjonction de ces deux facteurs, mécontentement social profond des masses arabes et volonté de l’impérialisme de détruire les vestiges du nationalisme arabe ont créé une situation explosive dont une des expressions sont les «révolutions arabes ». Ceci étant, comme les régimes arabes bourgeois ont pourchassé, massacré, anéanti les avant-gardes progressistes et révolutionnaires arabes, les masses se sont trouvées, avec les islamistes, un porte-parole de substitution. Mais il se trouve que ce porte-parole est parfaitement compatible avec l’impérialisme. Un nouveau genre de bourgeoisie « compradore » qui veut sa part des richesses mais ne remet pas en cause le capitalisme ni la domination impérialiste.

     

    Ceci étant des contradictions peuvent apparaitre et apparaissent entre eux et l’autonomie des sujets politiques est telle que nous ne devons pas avoir une vision mécaniste des ces situations mais une vision dialectique, appréhendant les contradictions qui peuvent surgir chez nos ennemis, impérialistes ou islamistes. Mais force est de constater que ces derniers sont, en Syrie, soutenus et armés par le Qatar et l'Arabie Saoudite, donc par les Américains.

     

    Dans ce contexte, quelle attitude pour les communistes ?

     

    Soutenir les luttes des masses populaires arabes et de la région en tant qu’elles expriment leur indépendance par rapport aux ingérences impérialistes et qu’elles refusent l’appel à l’ingérence franco-américaine.

     

    Soutenir l’indépendance nationale et la souveraineté des pays concernés.

     

    Développer une ligne anti-impérialiste conséquente : ne jamais sombrer dans la métaphysique manichéenne et soutenir l’insoutenable, sachant que l'ennemi de mon ennemi n’est pas forcément mon ami....l’histoire illustre amplement l’impasse de ce genre de raisonnement primaire et antidialectique, soyons donc lucides et vigilants.

     

    Développer la solidarité de classe avec les communistes syriens, iraniens, etc.

     

    Défendre un pays contre l’agression et l’ingérence impérialiste prime sur toute autre considération, car l’impérialisme est l’ennemi principal des peuples.

     

    Mais cela ne signifie pas donner brevet de progressisme et de vertu à un régime. Nous serons, en tous les cas, au premier rang du combat contre les guerres impérialistes et aux côtés des peuples.

    Source : «CLIC ROUGE» PRCF


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  • La fête

    Dans leur immense mansuétude, après s’être octroyé le pouvoir législatif en dissolvant l’Assemblée, le pouvoir constitutionnel en invalidant de fait la nouvelle assemblée constituante, après avoir donné pleins pouvoirs à la police militaire et placé son budget au-dessus de la constitution, le Scaf a bien voulu reconnaître la victoire de Morsy aux élections.  

    Il n’y a pas de doute : c’est bien le candidat des Frères qui a remporté ce scrutin. Dans le cas contraire, il n’y aurait pas eu une semaine de tergiversations. En ce sens, les égyptiens avaient de bonnes raisons de fêter une avancée démocratique hier soir. Pour la deuxième fois de leur vie, on proclamait le résultat d’une élection non connu à l’avance. La précédente avait eu lieu pour les législatives.

    Il n’est pas sûr pour autant que ce soit les idéaux de la Révolution qui aient ainsi progressé. Mais c’était cela que voulaient croire les centaines de milliers d’égyptiens rassemblés cette nuit. Une fête populaire, très populaire, impossible à réduire à une victoire “islamiste” comme le sous-entendent certains commentateurs (voir la Une de Libé aujourd’hui). D’ailleurs étaient présents sur la place de nombreux abstentionnistes du second tour, peu amènes à l’encontre de Morsy et de son parti, contents malgré tout d’avoir échappé à l’annonce d’un retour de Moubarak-bis et à la fin certaine du processus commencé il y a un an et demi.

     

    Non, on ne psalmodiait pas le Coran sur la place, mais on chantait toutes les chansons populaires qui ont accompagné les rassemblements depuis le 25 janvier 2011, de l’hymne national à celui des Ultras, en passant par “Ya baladi” (Mon pays) de Dalida, repris en cœur par la foule. (extraits ici). On scandait encore “Du pain, la liberté et la justice sociale ! “, des exigences qui rassemblent toujours les égyptiens, et auxquelles Morsy et ses Frères devront faire face. Certes, ils pourront toujours dire qu’ils n’ont pas le pouvoir nécessaire pour réaliser les changements attendus, mais ils ont tout de même accepté un deal avec l’armée (dont nous ne connaissons pas tous les termes). La situation catastrophique du pays appelle des mesures radicales que le parti de la Justice et de la Liberté semble de toutes façons incapable de proposer.

     

    En choisissant d’associer les Frères au pouvoir – pouvoir qu’il garde en main pour l’essentiel- le Scaf a sans doute fait le calcul d’un retour à l’ordre, un ordre auquel la Confrérie appellera les égyptiens, sans trop se forcer d’ailleurs. Cette stratégie a un revers qui est, à mon avis, la seule vraie victoire de ces derniers jours. Les luttes sociales et l’opposition politique vont enfin être débarrassées du parasite permanent que constitue une organisation occulte dont les militants prennent leurs décisions ailleurs. L’armée n’ignorait pas le danger, elle qui a pris par avance des mesures permettant à la police militaire d’arrêter des civils. Une partie des gens qui étaient rassemblés hier soir auront la naïveté de faire confiance au nouveau pouvoir. Mais la majorité d’entre eux ne s’arrêteront pas en chemin : ils ont pris la parole et le mouvement de cette société est irréversible.

    Lu sur le blog de Sylvie Nony, prof au Lycée Français du Caire


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  • Un article du Parti Communiste Libanais

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    De Damas à Bâb Attabaneh et Jabal Mohsen

    Un an sur la crise syrienne

    et le danger de la guerre civile s’accentue

    La Syrie est-elle entrée dans le tunnel du non-retour, et le conflit qu’elle vit s’est-il transformé en une guerre civile, un an après la première manifestation qui eut lieu à Damas et dont le slogan était, alors, la libération de quelques prisonniers de l’opinion et la suppression de l’état de siège imposé à ce pays depuis des décennies ? Ou, pour être plus clair, la Syrie est-elle entrée dans une nouvelle phase que l’on peut appeler « irakisation », qui dérive de « balkanisation », dont la conséquence se traduit par une confrontation entre les composantes du peuple syrien sur des bases confessionnelles (malgré que le régime baasiste ne soit pas, du moins apparemment, partisan du confessionnalisme), mais aussi par des massacres atroces dont la responsabilité incombe à tous sans exception, quels que soient ceux qui les ont exécutés?

     

    Ces deux questions cruciales nous mènent à une troisième concernant le futur du Liban dans de telles conditions, surtout que notre pays est, depuis les années cinquante du XIXème siècle, très influencé par tout fait, ou méfait, confessionnel, d’une part, et, d’autre part, par tout ce qui lui vient d’un « étranger lointain » ou d’une « situation régionale proche », qui tiennent, à eux deux, les fils du jeu intérieur par le truchement d’une classe bourgeoise qui leur est inféodée et dont les leaders sont, en même temps, les émirs des taïfas qui divisent le pays.

     

    Il est vrai que ce qui se passe aujourd’hui en Syrie, que ce soit le recours du régime aux seules solutions militaires ou bien les tueries et la destruction faites sur des bases confessionnelles – solutions que les Libanais ont déjà essayées pendant plus de quinze ans et dont la majorité d’entre eux n’a pas encore oublié les atrocités qui y sont liées – n’est pas seulement lié aux mouvements qui avaient commencé il y a plus d’une année déjà et qui visaient des réformes basées sur la démocratie et la dignité humaine, à commencer par le droit au travail englouti par les politiques économiques néolibérales basées sur les directives de Dardari, ex fonctionnaire du FMI, de Rami Makhlouf ainsi que d’autres représentants de l’oligarchie financière, membres de la famille et du clan. Il est aussi en relation avec la grande ouverture du côté de la Turquie, membre à part entière de l’OTAN et qui, malgré un simulacre de mésentente avec Israël lors du massacre perpétré contre la flottille de la liberté, reste un allié à ce pays… sans oublier son rôle dans le Golfe, à travers le fameux « Accord d’Istanbul », ou dans le plan d’encerclement de la Russie afin d’empêcher ce pays de poursuivre le gazoduc Nabuko qui est présumé passer outre les zones d’influence des Etats-Unis.

     

    Ce qui se passe, donc, en Syrie est que la guerre civile est là. Une guerre contre laquelle nous avions prévenu depuis le printemps 2011. Une guerre où il n’y aura que des vaincus. Une guerre où le peuple syrien, seul, aura à payer le prix, par le fait de la recrudescence des combats sanglants et des dissensions confessionnelles. Une guerre qui permettra l’intervention militaire impérialiste, demandée par les uns, tout en facilitant aussi, pour d’autres, les possibilités d’intervention du nouveau groupe des Etats (BRICS) supervisé par la Russie ; ce groupe qui tente de s’octroyer une plus grande part du marché mondial du pétrole et du gaz en empêchant l’impérialisme étasunien de s’accaparer de ce marché, mais aussi des routes de transport de ces deux denrées. N’oublions pas d’ajouter l’importance de la découverte de nouvelles réserves dans la partie orientale de la Méditerranée (dont la dernière, il y a quelques jours, près de la ville de Haïfa) sur la situation dans la région et le rôle futur que pourraient jouer la Syrie et le Liban dans la production du gaz. Tous ces faits mettent au clair la précipitation de Washington de mettre la main sur cette région, à travers l’empressement des grandes sociétés étasuniennes à poser leur candidature pour l’exploitation de ce gaz, appuyés en cela par une diplomatie efficace et présente sur le terrain.

     

    Tout cela nous pousse à dire que la crise syrienne est sortie du cercle des solutions intérieures nationales, et la Syrie est devenue une arène internationale où se battent les groupes capitalistes, compte non tenu du peuple syrien qui continuera à payer le prix fort, surtout que les forces démocratiques et progressistes de ce pays n’ont pas su prendre les décisions nécessaires quand il aurait fallu le faire ; elles ont beaucoup hésité, au lieu de d’aller de l’avant dans la revendication des changements nécessaires, puis ont fait marche arrière après que la lutte intestine s’était soldée par des massacres confessionnels, même si certains continuent à évoquer la théorie du complot impérialiste derrière ces massacres.

     

    Que fait le régime syrien dans tout cela ?

     

    Il faut dire, une fois de plus, qu’il continue à jouer un rôle négatif dans l’approfondissement de la crise dans laquelle s’embourbe le pays, tantôt en faisant des concessions là où il ne faut pas, comme celles données aux Etats-Unis en acceptant les frontières de l’Etat palestinien telles que décrites par le projet étasunien, tantôt en refusant formellement de céder aux revendications populaires en matière des réformes devant être apportées à la Constitution et aux autres lois. Donnons quelques exemples : il est vrai que l’article 8 de la Constitution a été supprimé, mais on a gardé celui qui cumule tous les pouvoirs au mains du président de la république ; sur un autre plan, celui des politiques économiques, le régime a conservé les principes de l’économie libérale qui étaient à la base de la chute du pouvoir d’achat, mais aussi de la recrudescence de la pauvreté et du chômage… Sans oublier la faute la plus grave que le régime a commise, à savoir son consentement à internationaliser le conflit, au lieu d’écouter la voix de son peuple et sans tenir aucun compte des leçons de l’Histoire qui nous avaient appris le rôle des « commissions internationales », créées durant le conflit du Kossovo et présidée par le même Koffi Annan, dans l’intervention armée impérialiste, à la suite de massacres ayant une grande ressemblance avec celui de Houla, et tout ce qui en a découlé.

     

    La division de l’ex Yougoslavie en mini Etats confessionnels est considérée comme un retour à la balkanisation qui fut mise en œuvre à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, précédant de peu l’Accord de Sykes-Picot qui divisa aussi certains pays arabes sur des bases confessionnels, tout en jetant les fondements de l’Etat israélien. Cette balkanisation revient actuellement vers le monde arabe à partir de ce qu’on appelle le projet du « Nouveau Moyen Orient » qui concerne toute la région de l’Orient arabe (de l’Irak et du Golfe à la Palestine) et qui se profile, aujourd’hui, en Syrie et au Liban. Au Liban, surtout ; parce que notre pays vit, depuis l’agression israélienne de juillet 2006, une situation de clivage confessionnel très dangereux entre sunnites et chiites accentué par le conflit régional entre l’Iran et l’Arabie saoudite et par l’extension des fondamentalistes qui ont l’appui total, en argent et en armes, de la réaction arabe.

     

    Si nous faisons le lien entre les développements en Syrie et les combats itinérants au Liban, allant de Beyrouth au Nord et du Akkar à Tripoli, si nous considérons les informations qui circulent depuis quelque temps sur le projet d’une zone dite « de sécurité » sur les frontières nord avec la Syrie et que nous y ajoutions les tentatives de toutes les parties confessionnelles en présence (les gens du 14 mars et ceux du 8 mars) d’accumuler les armes et de préparer à la guerre, nous pouvons dire que l’avenir qu’on nous prépare est loin d’être pacifique. Ces préparatifs profitent à Israël parce qu’ils lui préparent le terrain pour réaliser les objectifs qu’il n’a pu réaliser, ni par sa guerre de 2006 ou par la résolution 1701 qui lui avait fait suite. D’ailleurs, l’absence d’une position claire et ferme de la part du gouvernement actuel ne fait que pousser en avant le projet d’une nouvelle guerre civile dont les prémices se trouvent dans le retour aux lignes de démarcation entre Bâb Attabaneh et Jabal Mohsen…

     

    Au Liban, la paix civile est, donc, en danger. Pour la préserver, il faut des décisions et des mesures que le gouvernement actuel est incapable de prendre. Il en va de même de « la table de dialogue » entre les leaders des différentes taifas. Surtout que de nombreux points d’interrogations tournent autour de la volonté des différentes factions confessionnelles d’empêcher le glissement du Liban vers le chaos.

     

    C’est pourquoi, nous pensons que les mouvements populaires et syndicales qui ont commencé pour faire face à une nouvelle guerre civile constituent un début qu’il sera nécessaire de poursuivre à travers un mouvement politique remettant en avant le slogan « A bas le régime confessionnel ». Parce que ce régime est devenu un danger permanent pour notre pays et notre peuple. Il est, donc, temps de le remplacer par un  régime démocratique et laïc mettant comme première priorité l’union  entre la résistance patriotique, visant à achever la libération de ce qui reste de notre territoire sous l’occupation israélienne, et le changement socio-économique voulu.

    Le 11 juin 2012

    http://eldiablo.over-blog.org/


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  • jeudi 7 juin 2012

    Non, cela ne fait pas la "une". pas assez de morts, sans doute, et pourtant voilà plusieurs jours que Gaza est bombardée par l’aviation israélienne. Des bombes larguées sur des populations civiles de manière barbare. Ci-dessous la lettre de notre ami gazaoui Amir Hassan, qui était de passage en France il y a quelques semaines.

    Chers amis,

    Cette nuit et comme hier, les avions militaires israéliens F16 continuent de bombarder la ville de Gaza, et en entendant ce son terrible, j’ai pensé à vous.

    Le matin à 9 heures, je dois présenter mon mémoire de fin d’étude devant les professeurs, alors si ce soir je m’échappe de la mort encore une fois, je dirai clairement demain et devant tout le monde, que c’était grâce à vous, que j’ai pu réussir, vous étiez toujours dans mon esprit, vous m’avez encouragé, vous m’avez appris que la volonté de la vie est beaucoup plus forte que les bombardements.

    Priez pour nous cette nuit, car demain je porterai vos visages dans mon mémoire, dans le vrai mémoire, mon mémoire de vie, et continuez de penser à nous, car la seule chose qui m’a fait supporter cette vie de chagrin et de souffrance, c’était l’espoir que demain, je reviendrai vous voir.

    Je vous écris parce que la station d’électricité de Gaza s’est arrêtée aujourd’hui, et si je ne pourrais plus vous écrire, c’est parce que je pense à vous, et c’est difficile de faire deux choses ensemble à la fois.

    Amitiés de Gaza, Gaza sans lumières, Gaza sous les bombardements, mais Gaza ne vous oublie pas.

    Gaza l’espoir.

    Amir Hassan

     

    CAPJPO-EuroPalestine


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  • Le dispositif de communication occidental accentue la pression médiatique sur les populations d’Europe et des États-Unis pour les contraindre à accepter une guerre au Proche-Orient. Afin de faire passer de nouveau une agression pour une intervention humanitaire, il est nécessaire de cacher les vrais enjeux et de maintenir le débat dans le registre émotionnel via des campagnes choc. Dans ce contexte, le témoignage de Mgr Philippe Tournyol du Clos est précieux. Lorsque l’on met les événements qui secouent la Syrie en perspective, il ressort que les crimes dont on accuse le gouvernement syrien ne profitent qu’aux partisans du conflit de civilisation.

    La paix en Syrie pourrait être sauvée si chacun disait la vérité. De retour à Damas en ce mois de mai 2012, il me faut bien constater qu’après une année de conflit, la réalité du terrain ne cesse de s’éloigner du tableau catastrophiste qu’en imposent les mensonges et la désinformation occidentale.

    Le mois de février a marqué un coup d’arrêt aux provocations des islamistes radicaux. Les troubles, en majorité circonscrits à Hamma et à Homs, auraient d’ailleurs été plus vite résorbés si la pression internationale n’avait freiné l’intervention de l’Armée. Les zones frontalières de la Turquie, de la Jordanie et du Liban — par lesquelles s’infiltrent les mercenaires — restent encore sensibles. Dans la capitale, ce que l’on appréhende le plus sont les voitures piégées et les attentats à la bombe, la plupart du temps, le fait de kamikazes alléchés par l’appât du gain, le désir du paradis d’Allah, ou bercés du rêve sunnite de la fin des alaouites au terme de 40 ans de règne et l’avènement de Jésus au haut du minaret, accompagné du dernier prophète Al-Mahadi pour le Jugement dernier.

    Il faut dire et redire que l’idéologie fanatique est d’importation étrangère et que la Syrie n’a jamais été confrontée à un cycle de manifestations/répression, mais à une déstabilisation sanguinaire et systématique par des aventuriers qui ne sont pas syriens. Cette information, qui va à l’encontre des journaux et des reportages télévisés, l’ex-ambassadeur de France, Éric Chevallier, n’avait eu de cesse de la faire entendre à Monsieur Juppé ; mais le ministre français refusa toujours de tenir compte de ses rapports et falsifiait sans vergogne ses analyses pour alimenter la guerre contre la Syrie [1].

    Nos lecteurs ont encore en mémoire l’invitation du Patriarche maronite à Paris, Sa Béatitude Bechara Raï, par Nicolas Sarkozy qui, s’étant renseigné sur le nombre des chrétiens au Liban et en Syrie, lui proposa de les installer en Europe. La réponse indignée et courageuse du haut prélat qui prit la défense de Bachar Al-Assad — et qui devait, selon le protocole, être décoré de la légion d’honneur — lui valut d’en recevoir l’écrin de la main sèchement tendue de l’ex-président français [2].

    Arrivée à Damas

    L’on respire à Damas un autre air qu’on voudrait nous le faire croire partout ailleurs.

    Certes, depuis quatre mois, dans la banlieue, les voitures piégées ont fait de sanglants dégâts ; plusieurs fanatiques suicidaires se sont fait exploser dans la foule d’innocentes victimes. L’on entend parfois, la nuit, des échanges de coups de feu, c’est l’armée qui veille à la protection des habitants et parvient souvent à empêcher les attentats meurtriers. Ces jours-ci, deux minibus bourrés de TNT ont explosé simultanément selon un schéma terroriste désormais classique. Toujours disposée à proximité d’une cible d’intérêt stratégique, la première charge est destinée à semer la panique et à attirer le plus grand nombre d’intervenants pour déclencher la seconde explosion. Cette fois-ci, c’était le Quartier Général du contre-espionnage syrien, où avaient été détenus les étrangers pris les armes à la main et que les salafistes projetaient de faire évader. Leur tentative échoua mais se solda par un bilan terrible : 130 morts (dont 34 chrétiens), 400 blessés et autant de logements endommagés.

    La consternation est générale, le chagrin indescriptible et les nombreuses funérailles déchirantes. Pourtant, en ce mois de Marie les églises abondamment fleuries se remplissent chaque soir et j’ai vu les mosquées bondées le vendredi à midi ; la concentration de la prière aux Omeyyades évoquait pour moi celle des coptes en Égypte ; tandis que les espaces verts sont régulièrement envahis par des familles heureuses de se retrouver pour des piqueniques qui se prolongent tard dans la nuit. Le peuple syrien est un peuple simple et enjoué. Malgré l’insécurité et les dramatiques difficultés économiques engendrées par les sanctions internationales (l’inflation de la livre syrienne, l’anéantissement total du tourisme, la croissance du chômage et la cherté grandissante des denrées de base), la vie continue normalement.

    Les chrétiens vivent en paix

    Bien que partageant avec leurs congénères l’inquiétude générale, les chrétiens avouent volontiers qu’ils ne se sont jamais sentis aussi libres par le passé. Ils attribuent ce sentiment à la pleine reconnaissance de leurs droits lors de l’accession à la présidence de la famille Assad. Certains s’estiment même mieux traités aujourd’hui qu’à l’époque où ils étaient pris entre les deux feux des partisans opposés de De Gaulle et de Vichy. Un ami damasquin évoque pour moi le souvenir de son grand-père qui, suivant une coutume alors répandue, avait échangé le sang d’une légère blessure faite à la main avec celui d’un cheikh musulman pour devenir frères de sang ; il me confie : « Les ennemis de la Syrie ont enrôlés les Frères Musulmans dans le but de détruire les relations fraternelles qui existaient depuis toujours entre les musulmans et les chrétiens. Pourtant, à ce jour, ils n’y sont pas parvenus : ils ont même provoqué une réaction contraire et rapproché comme jamais auparavant tant les communautés que les individus. »

    Petit rappel historique. La conquête de la Syrie par les arabes (636) n’a jamais été sanglante. À Damas, tandis que les chrétiens byzantins tentaient de leur résister, les chrétiens syriaques leur ouvraient les portes de la ville et leur offraient spontanément leurs services pour construire des habitations. Sait-on que pendant 70 ans, chrétiens et musulmans prièrent ensemble dans l’Église Saint Jean-Baptiste ? Quand celle-ci fut devenue trop petite, sur la demande des musulmans, elle devint la Mosquée des Omeyyades (705) que l’on admire encore aujourd’hui ; et pour dédommager les chrétiens, les musulmans leur construisirent les quatre premières églises damascènes.

    La première impression qui me frappe est donc de retrouver Damas pareille à elle-même, son charme désuet, ses souks hauts en couleurs aux effluves d’épices, l’animation égayée des ruelles de la vieille ville et sa circulation qui n’a rien à envier à celle du Caire ; dans les quartiers verdoyants des bords du Barada, les restaurants sont pleins. La seconde, c’est la dignité et la modestie du petit peuple de la rue : guère de mendicité, d’apitoiement ou de plainte de la part des pauvres qui fourmillent pourtant et cachent bien leur misère derrière leurs murs lézardés. On n’imaginerait jamais ici personne dormant dans la rue, comme à Paris.

    Sur le terrain

    L’Armée n’est intervenue que plusieurs mois après le commencement des événements. L’insurrection s’est caractérisée par une cruauté d’une sauvagerie oubliée en Syrie depuis les massacres de 1860 où 11 000 chrétiens furent assassinés par des fanatiques mahométans encouragés par les ottomans.

    Les turcs d’alors étaient pires que les salafistes d’aujourd’hui. Petite évocation historique. Qui se rappelle qu’en 1859, la maladie du ver à soie avait provoqué la disparition de sa culture tant en Chine qu’en France ? Seule la Syrie avait échappé au fléau. (Le brocart, inventé par la famille Boulad avait déjà conquis le monde). Or tous les soyeux syriens étaient chrétiens. Il n’en fallut pas plus pour que le gouvernement français du Second Empire « suggère » à l’occupant ottoman de provoquer — par musulmans exaltés interposés — les troubles sanglants que l’on sait et la persécution contre les chrétiens qui se solda par l’expatriation de tous les soyeux vers la France et le rachat à bas prix de leur production.

    Un militaire, actuellement sous les armes au sud du pays, me fait part de sa stupéfaction quand il s’est trouvé affronté à des combattants qui n’étaient pas syriens mais étrangers, et me rapporte quelques faits surprenants dont il a été témoin : « Quand nous avons commencé à nous battre, nous avons trouvé en face de nous des Libyens, des Libanais (mercenaires sunnites de Saad Hariri), des Qatari, des Saoudiens et, bien sûr, des Al Qaeda. Quand nous avons fait des prisonniers, nous avons constaté que beaucoup d’entre eux ne parlaient pas l’arabe, c’étaient des Afghans, des Français, des Turcs ». Chacun s’attend, ici, à des révélations de nature à mettre en porte-à-faux bien des pays.

    Parmi ces étrangers, me dit-il, « bon nombre d’entre eux ne savent pas où ils sont : on fait passer les Libyens par le Golan à proximité de la frontière israélienne pour leur montrer le drapeau israélien et les convaincre qu’ils sont bien sur la route de Gaza où ils vont combattre avec leurs frères musulmans… À Homs, a été arrêté un Libyen persuadé de se trouver en Irak pour combattre les Américains. »

    Près de la frontière israélienne, de nuit, des voitures télécommandées bourrées d’explosifs ont pu être interceptées, exemple parmi d’autres des interventions sporadiques de commandos qui traversent chaque jour les frontières jordanienne, israélienne, libanaise et turque.

    Homs, ville martyre

    À Homs, il est faux de dire que les alaouites centralisent dans leurs mains tous les pouvoirs ; au nombre de 24, les notable comptent 18 sunnites, 4 chrétiens et 2 alaouites.

    Homs a toujours été la ville du pays la plus peuplée de chrétiens. Ceux-ci occupaient à 98 % deux quartiers, Bustan El Diwan et Hamidieh (le Vieux Souk), où se trouvent toutes les églises et les évêchés. Le lacis de ses ruelles et les nombreux passages souterrains rouverts pour la circonstance ne permirent pas aux mercenaires d’y pénétrer avant la reprise de Baba Amro. Le spectacle qui s’offre maintenant à nos yeux est celui de la plus absolue désolation : l’église de Mar Élian est à demi détruite et Notre-Dame de la Paix saccagée (près de laquelle on a trouvé plusieurs personnes égorgées) est encore occupée par les rebelles. Les maisons, très endommagées par les combats de rue sont entièrement vidées de leurs habitants qui ont fui sans rien emporter ; le quartier d’Hamidieh constitue encore aujourd’hui le refuge inexpugnable de bandes armées indépendantes les unes des autres, fournies en armes lourdes et en subsides par le Qatar et l’Arabie Saoudite.

    Tous les chrétiens (138 000) ont pris la fuite jusqu’à Damas ou au Liban ; ceux qui n’y avaient pas de parents se sont réfugiés dans les campagnes avoisinantes, chez des amis, dans des couvents, jusqu’au Krak des Chevaliers. Un prêtre y a été tué ; un autre, blessé de trois balles dans l’abdomen, y vit encore ainsi qu’un ou deux autres, mais ses cinq évêques se sont prudemment réfugiés à Damas ou au Liban. On dit que les chrétiens amorcent un timide mouvement de retour.

    Aujourd’hui, mis à part quelques coups de feu nocturnes, la ville a retrouvé le calme. C’est le cas d’Arman, quartier où les alaouite sont aussi proportionnellement plus nombreux que dans les autres villes, où l’on peut circuler en voiture. Quant au quartier sunnite, on peut y pénétrer (même un étranger, s’il est accompagné d’un sunnite), mais c’est à ses risques et périls car les tireurs isolés ne sont pas rares. Les magasins sont fermés et les destructions impressionnantes. Je trouve étrange de n’apercevoir dans toute la ville aucune présence militaire, aucun soldat en armes. Ceux-ci se contentent d’en contrôler les accès et d’occuper des casernes, à l’extérieur.

    Les villages chrétiens de la campagne d’Homs

    Puisqu’on n’est pas éloigné de la frontière du Liban, les points de contrôle et les barrages sont nombreux, ainsi que le mouvement des véhicules de l’armée loyaliste. Du haut de ses sept ans, Jacques s’époumone auprès de moi : « Dieu protège l’armée ! » ; je le verrai ce soir prier pour elle comme il le fait chaque jour avec ses frères et sœurs. Dans le village chrétien où je passe les nuits, les grand-mères se font un devoir de porter de la nourriture aux soldats. Un habitant me confie : « Si l’armée quitte notre village, nous risquons d’être égorgés. Si la répression sauvage dont l’accusent vos médias était réelle, pourquoi les militaires seraient-ils les bienvenus dans nos villages ? ». Ils sont, j’ai pu le constater de mes yeux, sous la protection attentive des troupes fidèles au président Bachar. Pourtant, le jour de l’Ascension, une roquette est arrivée dans le jardin, heureusement sans faire de dégâts, mais l’explosion a terrifié les enfants. Le village, pour la première fois, a été la cible de trois RPG dont l’un a provoqué la mort d’un grand-père et de ses deux petits enfants (14 et 13 ans).

    La campagne jouit donc d’un calme très relatif. On entend des échanges de tirs, la nuit : c’est que nous ne sommes qu’à une quinzaine de kilomètres de la frontière libanaise. Douze personnes qui se rendaient à Kafr Nam en minibus ont été kidnappées contre rançon. Un autobus a été mitraillé sur la route. Au village, un cousin a été enlevé quelques heures, le temps de lui voler son taxi (habilité à passer la frontière libanaise). Tout cela relève d’actions isolées des bandes armées.

    Rappel des faits récents…

    On se souvient que pendant huit longs mois, les Homsiotes avaient réclamé l’intervention de l’Armée, qui se refusait à prendre le risque d’atteindre la population civile.

    Après avoir essayé sans succès de s’établir à Daraa, (près de la frontière jordanienne), puis à Idleb (près de la frontière turque) dont ils furent également délogés, les opposants au régime avaient choisi Homs pour sa proximité avec le Liban, comme Quartier Général. Dès lors, on ne compta plus les exactions et les crimes d’une férocité tout-à-fait étrangère au comportement syrien. Pour exemple, l’enlèvement de 200 alaouites, en août de l’an dernier, à fin de les égorger pour la fête de l’Aid al-Adha. En provenance du Liban, un armement sophistiqué considérable, suffisant pour approvisionner toute la rébellion, avait été stocké dans le quartier de Baba Amro autoproclamé Émirat Islamique Indépendant. De nombreux combattants y avaient d’ailleurs été enrôlés de force, sous menace d’éliminer leur famille. Parmi des atrocités sans nom, on a retrouvé les corps de 48 jeunes hommes égorgés parce qu’ils voulaient rendre les armes ; c’est ce que m’a personnellement raconté un survivant qui avait perdu dans cette circonstance son père et ses deux frères. Il faut savoir que, pour le fanatique sunnite extrémiste, égorger son ennemi manifeste sa fierté d’être en Guerre Sainte ; et c’est un acte de vertu qu’il offre aux yeux d’Allah.

    Lorsque des terroristes veulent vérifier l’identité religieuse d’un suspect, s’il se dit chrétien, ils lui font réciter le Je crois en Dieu et le laissent partir (les chouans l’exigeaient en latin). S’il se dit ismaélite, il lui est demandé de donner les généalogies qui remontent à Moïse. S’il se dit sunnite, ils exigent qu’il récite une prière dont les alaouites, eux, ont retiré un passage. Les alaouites n’ont aucune chance de s’en tirer vivant. Nombre d’entre eux ont été kidnappés sur simple présentation de leur carte d’identité ; quand des chrétiens l’ont été, c’était par erreur. Depuis les temps immémoriaux, en effet, les chrétiens vivent en paix dans les quartiers sunnites et alaouites, heureux de leur présence.

    Toujours au contact avec la population, Bachar Al-Assad (dont on sait que la mère a été l’élève d’un collège de Latakieh tenu par des religieuses) s’est rendu personnellement sur place après les événements et a promis de reconstruire les quartiers martyrs.

    Le dessous des événements

    Que l’on nous permette de revenir quelque peu sur les événements d’Homs présentés par la presse française et internationale à la honte du « barbare » Bachar El-Assad.

    9 février 2012. Après épuisement de toutes les tentatives de médiation, l’Armée loyaliste syrienne donne l’assaut à « l’Armée syrienne libre » qui s’était emparé du quartier de Baba Amro et avait pris ses habitants en otage. Lorsqu’au terme de batailles qualifiées de « répression sanguinaire » par la presse internationale, les Forces gouvernementales vinrent à bout des rebelles, une partie d’entre eux trouva refuge dans le labyrinthe du quartier chrétien, tandis que les derniers éléments armés de l’Émirat prenaient la fuite, en massacrant les chrétiens des deux villages qu’ils traversèrent avant de trouver refuge au Liban. Mais qu’advint-il des journalistes-combattants de l’émirat islamique autoproclamé ?

    Deux y trouvèrent la mort, Marie Colvin et Rémi Ochlik qui furent identifiés sur des vidéos par les ambassadeurs de France et de Pologne, en tenue de combat. Le « photographe » Paul Conroi appartenait à une agence de renseignement britannique [3] ; Édith Bouvier était entrée clandestinement en Syrie aux côtés des rebelles. Elle, qui aurait dû tomber sous le délit d’immigration illégale, osa à l’époque manipuler la compassion des téléspectateurs français en réclamant la création d’un « couloir humanitaire », se faisant la porte-parole d’Alain Juppé qui cherchait par là à exfiltrer les mercenaires de l’Armée Syrienne Libre et leurs instructeurs occidentaux. D’autres éléments laissent à imaginer que l’envoyée du Figaro Magazine travaillait pour la DGSE [4].

    La veille de l’assaut final, s’échappant nuitamment les dits journalistes gagnèrent le Liban où ils furent récupérés à un point de passage illégal par l’ambassadeur de France à Beyrouth, Denis Pietton, le même qui avait insolemment pris position contre Sa Béatitude Bchara Raï, trop bacharisé à son goût. Sous le faux prétexte de visiter les alentours de Baalbek, à l’est du Liban, le diplomate avait rejoint le nord de la Bekaa , (région frontalière limitrophe de la province de Homs) avec une équipe sécuritaire française. Là, il récupérait les exfiltrés français ; comme, en vertu de la Convention de Vienne, les voitures diplomatiques ne peuvent être perquisitionnées, le convoi ramena les agents français à l’ambassade, au nez et à la barbe de la police [5].

    La frontière évanescente du Liban

    L’Armée Nationale syrienne renforce son dispositif pour empêcher les infiltrations. Mais des combattants étrangers se regroupent toujours aux frontières turque et jordanienne ; après avoir transité par Amman, des centaines de Libyens d’Al-Qaïda takfiristes (ex-groupe islamique agressif en Libye) continuent d’affluer, tandis que plusieurs milliers d’autres sont rassemblés à Hattay (en Turquie) et encadrés par l’Armée turque ; ces jours-ci, sont arrivés en renfort plus de 5 000 Libyens.

    Les incidents se multipliant, on dit que l’Armée libanaise aurait démantelé un camp de regroupement et une base de communication sur son territoire. Pourtant les preuves prolifèrent sur la responsabilité de certains milieux libanais dans la transformation du Liban en base arrière pour frapper la Syrie et y commettre des actes de violences. En collaboration avec des ambassades occidentales, un vaste trafic d’armes a été mis en place via Tripoli (où arrivent par cargos des milliers de tonnes d’armement lourd) grâce à l’installation de bases logistiques et médiatiques notamment animées par le Courant du futur de Saad Hariri et les Forces libanaises de Samir Geagea. La tâche de ces cellules est de former et d’entraîner les groupes terroristes syriens. Tout se passe comme si, sur décision américaine, le Liban était devenu une plateforme pour agresser la Syrie [6].

    Damas, une écharde dans la chair

    Alors que la Syrie semblait trouver sa place dans le concert des nations, voici qu’un nombre inattendu de protagonistes s’intéresse à elle, pas toujours de façon cordiale ou désintéressée. L’homme de la rue se demande si une nouvelle guerre mondiale n’a pas commencé dans son pays. Et les conjectures vont bon train.

    La Russie n’a-t-elle pas besoin de la région comme débouché indispensable vers les mers libres ? Comment l’Amérique pourrait-elle supporter l’idée de son émergence au rang des puissances mondiales ? La Chine elle-même ne nourrit-elle pas le projet d’une ligne de chemin de fer en direction du Golfe et de l’Afrique ? L’acheminement du pétrole et du gaz iraniens à destination de Banyias se fait à travers l’Irak, mais les hydrocarbures du Qatar à destination d’Haïfa ne seraient-ils pas programmés pour transiter par la Syrie ? Poursuivant le plan sioniste ourdi de longue date de découpage confessionnel du Moyen-Orient, Israël considère que sa sécurité exige à n’importe quel prix la chute de Bachar, dont la force est devenue une menace. Nul n’ignore que lorsqu’il devint Premier ministre, le sunnite Saad Hariri (dont la fortune doit beaucoup aux fonds américain, saoudiens et qataris) n’était libanais que depuis huit ans. Son alliance avec l’Arabie Saoudite s’explique aisément par le fait qu’il est le fils de l’épouse que son père, Rafic, a offert en présent au roi Abdallâh. Saoudiens et Qataris sont alliés des USA qui les soutiennent à cause du pétrole mais leur tiennent la bride courte, en menaçant — par des troubles populaires qui ont déjà commencés — la stabilité de leurs trônes. On peut noter qu’il y a aussi du pétrole dans la région de Deir Ezzor, à l’est de la Syrie (où vient d’exploser un véhicule contenant 1000 kg de TNT), et beaucoup de gaz dans la région de Qara et au large des côtes de Latakieh. En fait, tout ce beau monde ne s’est-il fédéré contre la Syrie que lorsqu’elle a commencé d’émerger au niveau des grandes puissances et Washington ne provoquerait-il les changements de régime du monde arabe que pour réaliser ses objectifs géopolitiques concernant la maîtrise de l’énergie ?

    Quand — à l’appui de la Russie et de la Chine, au soutien de l’Iran et celui du Hezbollah libanais (qui menace directement Israël) — la Syrie ajoute sa puissance de feu et l’efficacité de la protection de son territoire (par des moyens électroniques capables d’intercepter toutes communications ou de mettre en panne tout appareillage électronique), Bachar devient une écharde insupportable dans la réalisation du plan sioniste de dépècement du Moyen-Orient destiné à assurer la survie d’Israël.

    Les chrétiens ne sont pas persécutés comme en Égypte

    Mon hôte me dit : « Avant le commencement des événements, nul n’aurait jamais eu l’idée de revendiquer son appartenance religieuse. On vivait tous ensemble, sans toujours savoir quelle religion l’autre pratiquait. On était syrien, et cela nous définissait. C’est en 2011 que tout a commencé de changer et que nous y avons prêté attention. »

    On pourrait presque dire que les malheurs des chrétiens relèvent des dommages collatéraux. En effet, les incidents dont ils ont été victimes ne se sont produits que dans la région d’Homs, (précédés des affrontements entre sunnites et alaouites), mais l’on n’en déplore à ce jour aucun dans les autres provinces.

    Ils sont inquiets, bien sûr, mais leur peur n’a vu le jour qu’avec le Printemps arabe et la crainte de la prise du pouvoir par les Frères musulmans. Avec l’immense majorité des Syriens, ils aiment leur Président dont on sait aujourd’hui qu’il ne tient plus au pouvoir mais, ne voulant pas céder à la pression actuelle, attend les élections de 2014 sans intention de se porter candidat. Ils jugent enfin les bandes armées fanatisées pour ce qu’elles sont, la plupart du temps, composées de jeunes délinquants entre 18 et 26 ans à peine sortis de prison. Avec tous les Syriens et comme le Président lui-même, ils désirent des réformes. Mais pas sa chute qui entraînerait immédiatement l’irakisation de la Syrie (qui a accueilli, faut-il le rappeler, plus de trois millions de réfugiés irakiens).

    Il a fallu attendre cette guerre pour que les chrétiens soient personnellement menacés par des combattants salafistes encouragés et excités chaque soir à la télévision par le « cheikh » Al Araour. Ancien officier de l’Armée syrienne, ce personnage peu recommandable a été jugé et condamné aux geôles syriennes pour ses mœurs dépravés ; mais il a pris la fuite et s’est réfugié au Qatar d’où il ne cesse d’inciter ses troupes à massacrer alaouites et chrétiens.

    Il y a, pour l’observateur, une évolution évidente des « révolutions ». Les troubles avaient commencé en Tunisie, puis ce fut le tour du Yémen, de l’Égypte et de la Libye, avec le « succès » que l’on sait. Il restait la Syrie. Pourtant il faut reconnaître ceci : si les chrétiens ne sont pas directement persécutés dans leur pays, c’est leur existence même qui est menacée de l’extérieur par les alliés du Golfe et les prises de position iniques de nations comme la France, à la remorque des États-Unis, eux-mêmes assujettis à Israël.

    Bilan des victimes, la torsion des chiffres

    Au début du mois, la presse officielle faisait état d’un Rapport de la Syrie à l’ONU daté du 21 mars qui recensait les victimes du conflit depuis le début des affrontements.

    Le nombre des victimes des rebelles s’élevait à 6 000 et se décomposait ainsi : 3 000 soldats de l’Armée régulière et 3 000 civils, (500 policiers abattus, 1 500 enlèvements et 1 000 disparus). Dans le même temps, l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme évaluait le nombre de Syriens tués à 11 000. Les rebelles — rebaptisés « déserteurs » par l’OSDH — ne comptabilisaient que 600 pertes et ne mentionnaient évidemment pas les nombreux combattants étrangers tombés en martyrs du djihad.

    Même compte tenu de la difficulté de l’exactitude en la matière, la marge entre les deux chiffres était démesurée. Mais la manipulation ne s’arrêtait pas là puisque la responsabilité des 11 000 morts devait incomber à la répression gouvernementale, les médias de masse occidentaux se faisant immédiatement l’écho indigné des chiffres de l’OSDH.

    Printemps syrien

    Il plane dans le petit peuple chrétien le sentiment qu’une renaissance doive suivre les événements actuels, leurs ennemis conjugués n’ayant obtenu d’autres résultats que des destructions partielles et celui de souder les Syriens autour de leur président ; les attentats des derniers kamikazes sont même perçus comme des combats d’arrière-garde.

    C’est sous les murs de Damas que saint Paul, futur Apôtre des Nations, a été saisi par le Christ Jésus, Lumière du Monde. Ni à Jérusalem, ni autre part.

    Et le terme singulier d’orientalité (proche d’authenticité) n’exprimerait-il pas la qualité de convivialité historique qui a toujours existé entre chrétiens et musulmans ? On sait que la Mosquée des Omeyyades abrite le crâne de saint Jean-Baptiste, que vénèrent côte-à-côte chrétiens et musulmans. Mais sait-on que beaucoup de musulmans cultivés prient le Christ ? Pèse-t-on à leur juste mesure les visites régulières du président Bachar au monastère de Notre-Dame de Sayidnaya, comme à l’humble Sanctuaire de Saint Ananie où il a lui-même demandé de l’huile bénite ? ; et sait-on que l’image miraculeuse de la Vierge de Soufanieh — devant laquelle viennent se recueillir des cheikhs musulmans — fut rapportée du Kazanska, où musulmans et chrétiens honorent depuis toujours l’icône prodigieuse de Notre-Dame de Kazan ?

    Enfin, ne faudrait-il détruire la Syrie que parce qu’elle apparaît comme le cœur d’un Islam modéré ? Pour justifier sa politique de domination, l’Occident ne veut avoir affaire qu’à l’Islam pur et dur qu’il suscite, alimente et bouffit. En opposant au monde occidental (soi-disant chrétien) un monde de barbus fanatiques, il peut justifier sa guerre pour le pétrole.

    Les politiciens font des plans. L’ultime raison d’espérer des chrétiens de Syrie — comme de tout le Proche-Orient — repose sur leur foi dans le plan du Seigneur. La terre d’Orient est gorgée d’Espérance. N’a-t-elle pas engendré au cours des siècles passés des victoires aussi fulgurantes que mystérieuses : David face à Goliath, Cirrus face à Nabuchodonosor, Gédéon face aux Madianites ? N’oublions pas que le sort du monde se joue autour du mont Moriah, à portée de canon de Damas.

    Notes

    [1] « Alain Juppé accusé par sa propre administration d’avoir falsifié les rapports sur la Syrie », Réseau Voltaire, 20 mars 2012.

    [2] « L’Église maronite s’inquiète des intentions de l’Occident » et « Le Patriarche maronite s’oppose au plan de morcellement du Machrek arabe », par Pierre Khalaf, New Orient News (Liban), Réseau Voltaire, 12 et 19 septembre 2011. « Les chrétiens d’Orient s’érigent en remparts face au nouveau colonialisme occidental. Entretien avec Mère Agnés-Mariam de la Croix », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 7 octobre 2011.

    [3] « Le « journaliste » Paul Conroy, agent opérationnel du MI6 », Réseau Voltaire, 6 mars 2012.

    [4] « Les journalistes-combattants de Baba Amr », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 3 mars 2012.

    [5] « La France exfiltre ses agents restés en Syrie », Réseau Voltaire, 1er mars 2012.

    [6] « Au Liban, le scandale vient par le gouvernement », par Pierre Khalaf, New Orient News (Liban), Réseau Voltaire, 12 mars 2012.

    © Réseau Voltaire | Damas (Syrie) | 2 juin 2012

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